#1257 - Numéro 1 : Éclairages sur le cinéma
#1257 : la revue de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Juin 2019<br />
DOSSIER<br />
L’emprise de<br />
l’État demeure<br />
forte, via son<br />
contrô<strong>le</strong> par ses<br />
deux ministères<br />
de tutel<strong>le</strong>, <strong>le</strong><br />
ministère de<br />
l’Information et<br />
<strong>le</strong> ministère de<br />
l’Économie et des<br />
Finances.<br />
au début du programme après en avoir parfois occupé la dernière partie, el<strong>le</strong>s<br />
peuvent faire l’objet de programmes continus, agrémentés de dessins animés,<br />
mêlant des sujets plus courts à des films documentaires plus aboutis.<br />
De France-Actualités aux Actualités françaises : une histoire d’entreprise<br />
La réorganisation des actualités à partir de 1940 dans l’Hexagone illustre la<br />
mainmise du régime de Vichy comme cel<strong>le</strong> de l’occupant nazi. Alors que <strong>le</strong>s<br />
opérateurs de la France libre ont beaucoup filmé <strong>le</strong> général de Gaul<strong>le</strong>, c’est sa<br />
« dimension velléitaire et tardive » vis-à-vis de la presse filmée, à la différence<br />
de la radio, qui doit être retenue. A contrario, <strong>le</strong> Comité de libération du <strong>cinéma</strong><br />
français (CLCF), représentatif de la résistance <strong>cinéma</strong>tographique, fort de la<br />
présence de membres et sympathisants communistes, se hâte de reprendre en<br />
main France-Actualités, <strong>le</strong> journal germano-vichyste, transformé en août 1944<br />
en France-Libre-Actualités. Ce journal filmé se retrouve être <strong>le</strong> grand bénéficiaire<br />
des arbitrages du gouvernement provisoire en faveur du monopo<strong>le</strong> de la presse<br />
filmée.<br />
Issue de France-Libre-Actualités en décembre 1945, l’entreprise rebaptisée<br />
Les Actualités françaises voit son monopo<strong>le</strong> s’achever en janvier 1946 2 .<br />
À partir de cette date, et comme auparavant, d’autres sociétés proposent des<br />
séquences d’actualités : Pathé, Gaumont, Éclair. Il n’en demeure pas moins que<br />
l’emprise de l’État demeure forte, via son contrô<strong>le</strong> par ses deux ministères de<br />
tutel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> ministère de l’Information et <strong>le</strong> ministère de l’Économie et des Finances.<br />
Un temps envisagée comme société coopérative de production, el<strong>le</strong><br />
devient société anonyme au capital contrôlé à 55 % par l’État et à 45 % par<br />
l’UGC, el<strong>le</strong>-même détenue à 99,9 % par l’État et constituant son réseau de distribution<br />
privilégié. Entre 1945 et 1963, la société est dirigée par Roger Spiri-<br />
Mercanton, sympathisant communiste, qui a participé au film La Libération<br />
de Paris. Lui succède Georges-Louis Rebattet, proche du pouvoir gaulliste, qui<br />
demeure à la tête des Actualités françaises jusqu’à <strong>le</strong>ur liquidation, en 1969.<br />
La direction ne fabrique toutefois pas <strong>le</strong> journal, et l’on aurait tort de lier de<br />
manière automatique l’orientation politique des dirigeants et cel<strong>le</strong> du journal<br />
lui-même. Le processus de fabrication apparaît davantage déterminant.<br />
Les sujets sont choisis en fonction des informations tirées de la presse quotidienne<br />
distribuée chaque matin. À ce titre, il n’y a pas de réel<strong>le</strong> innovation.<br />
Plusieurs acteurs interviennent : <strong>le</strong>s rédacteurs en chef, Philippe Este (1945-<br />
1964), Pierre Poutays et son adjoint, Bernard Labaume, son successeur en<br />
1967, qui ne sont pas connus pour être des gaullistes invétérés. Un représentant<br />
du ministère de l’Information supervise chaque semaine <strong>le</strong> montage et la<br />
rédaction des commentaires relatifs aux sujets politiques. Une réunion hebdomadaire<br />
se dérou<strong>le</strong> au siège du ministère de l’Information ; y sont conviés<br />
<strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s des différentes firmes d’actualités conduits à présenter <strong>le</strong>urs<br />
journaux. Pour <strong>le</strong> reste, prévaut une relative liberté rédactionnel<strong>le</strong>. Quant aux<br />
opérateurs, ils se répartissent, pour une demi-douzaine d’entre eux, en personnels<br />
de la maison, comme <strong>le</strong>s monteurs, tandis que d’autres passent d’une<br />
2 Les paragraphes qui suivent doivent tout aux travaux en cours de Franck Mazuet, doctorant en histoire<br />
à l’université Paris 1, dont la thèse est consacrée à l’histoire des Actualités françaises.<br />
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