#1257 - Numéro 1 : Éclairages sur le cinéma
#1257 : la revue de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
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DOSSIER<br />
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Juin 2019<br />
L’ambition du projet<br />
avait été assouvie :<br />
comment faire d’un<br />
sujet savant, a priori<br />
peu prisé du public<br />
français et présentant<br />
une majorité de<br />
contenus audiovisuels<br />
sous-titres, une<br />
source d’attraction<br />
populaire !<br />
quelques années 6 et à l’exceptionnel ouvrage de Fanny Beuré issu d’une thèse<br />
en études <strong>cinéma</strong>tographiques : That’s Entertainment! – musique, danse et représentations<br />
dans la comédie musica<strong>le</strong> hollywoodienne classique 7 .<br />
Muni de ces réf<strong>le</strong>xions, j’ai proposé en 2017 à la Philharmonie de Paris un<br />
projet d’exposition dont je serai <strong>le</strong> commissaire. Son sous-titre reprenait <strong>le</strong><br />
« slogan » d’un numéro spécial de la revue Cinéma 59, invitation alors origina<strong>le</strong><br />
à prendre <strong>le</strong> genre au sérieux, en dépit – ou à cause – de sa prétendue<br />
légèreté : Comédies musica<strong>le</strong>s, la joie de vivre du <strong>cinéma</strong>. La politique du service<br />
des expositions de la Philharmonie de Paris était jusque-là d’alterner <strong>le</strong>s manifestations<br />
dites « savantes » en <strong>le</strong>s rendant accessib<strong>le</strong>s (Paul K<strong>le</strong>e, Beethoven,<br />
Pierre Bou<strong>le</strong>z…) et cel<strong>le</strong>s dites « populaires » en <strong>le</strong>ur donnant une légitimité<br />
culturel<strong>le</strong> (Georges Brassens, John Lennon, Mi<strong>le</strong>s Davis, Serge Gainsbourg,<br />
David Bowie…). Le moment était venu de fondre <strong>le</strong>s deux approches. Il s’agissait<br />
cette fois de profiter d’un engouement (<strong>le</strong> succès planétaire de La La Land,<br />
y compris chez <strong>le</strong>s plus jeunes) pour concevoir une exposition qui contente<br />
autant <strong>le</strong>s spécialistes à l’affût d’un discours <strong>sur</strong> <strong>le</strong>ur discipline, que <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s<br />
à la recherche d’une sortie divertissante.<br />
Cette doub<strong>le</strong> optique s’est avérée stimulante pour <strong>le</strong> cinéphi<strong>le</strong>, critique, enseignant<br />
et chercheur que je suis. Le choix d’un scénographe-directeur artistique<br />
peu conventionnel, Pierre Giner, allié à la ténacité et à l’expertise des<br />
équipes de la Philharmonie, a abouti au succès de l’exposition, qui a totalisé<br />
près de 100 000 visiteurs entre mi-octobre 2018 et fin janvier 2019, avec deux<br />
à trois heures de présence par visiteur et une remarquab<strong>le</strong> représentation du<br />
jeune public (enfants, ado<strong>le</strong>scents, jeunes adultes). La réception médiatique<br />
fut massivement favorab<strong>le</strong> 8 , à l’exception notab<strong>le</strong> de l’émission radiophonique<br />
La Dispute <strong>sur</strong> France Culture, diffusée deux mois après <strong>le</strong> début de l’événement<br />
(1 er janvier 2019), déplorant que malgré ses qualités, c’était « une exposition<br />
pour <strong>le</strong>s néophytes », que la fou<strong>le</strong> trop pressante rendait diffici<strong>le</strong> l’exploration<br />
des contenus et que <strong>le</strong>s extraits présentés du chorégraphe-cinéaste Busby<br />
Berke<strong>le</strong>y « ont été vus dix mil<strong>le</strong> fois ». Cette chronique, en fait, prouvait que<br />
l’ambition du projet avait été assouvie : comment faire d’un sujet savant, a<br />
priori peu prisé du public français et présentant une majorité de contenus audiovisuels<br />
sous-titrés, une source d’attraction populaire !<br />
Dès <strong>le</strong> départ, il est apparu essentiel d’accompagner l’exposition de contenus<br />
approfondis. Mis à part <strong>le</strong>s concerts programmés simultanément, la<br />
Philharmonie de Paris a, comme de coutume, organisé avec mon concours une<br />
série de manifestations parallè<strong>le</strong>s <strong>sur</strong> <strong>le</strong> sujet, notamment un « collège » de<br />
sept conférences <strong>sur</strong> <strong>le</strong> thème « Qu’est-ce qu’une comédie musica<strong>le</strong> ? » (y compris<br />
des sujets comme <strong>le</strong>s effets spéciaux, l’origine des claquettes ou l’évolution<br />
de Bollywood) et une rencontre publique avec Patricia Ward Kelly, l’épouse et<br />
biographe de Gene Kelly.<br />
6 Jane Feuer, Mythologies du film musical [1977], traduction de Franck Le Gac, préface de Laurent<br />
Guido, postface de Marguerite Chabrol, col<strong>le</strong>ction du Labex Arts-H2H, Dijon, Presses du Réel, 2017.<br />
7 Paris, Sorbonne Université Presses, 2018.<br />
8 Cf. Le Monde, 30 octobre 2018, « À la Philharmonie, de Paris, l’essence de la comédie musica<strong>le</strong> »,<br />
par Thomas Sotinel.<br />
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