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#1257 - Numéro 1 : Éclairages sur le cinéma

#1257 : la revue de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Juin 2019 “Regards <strong>sur</strong>”<br />

La relation<br />

énergétique<br />

russo-européenne<br />

constitue la<br />

condition à la<br />

stabilité de la<br />

relation russoal<strong>le</strong>mande.<br />

premier tronçon du Nord Stream. Les autres principaux points d’arrivée du gaz<br />

russe sont la Pologne et l’Ukraine. Des États comme la Slovaquie mettent en<br />

avant la perte des revenus de transit qu’engendrerait pour eux Nord Stream 2,<br />

qui contourne <strong>le</strong>s États baltes.<br />

D’autres dénoncent éga<strong>le</strong>ment une position biaisée de la part de la Commission<br />

européenne. En s’opposant au projet South Stream – projet avorté de gazoduc<br />

paneuropéen qui aurait acheminé <strong>le</strong> gaz russe par la mer Noire –, el<strong>le</strong> a privé <strong>le</strong>s<br />

« petits » États – la Bulgarie, la Grèce et la Serbie – des revenus de transit d’un<br />

gazoduc, tandis que l’Al<strong>le</strong>magne, poumon économique de l’UE, va devenir <strong>le</strong><br />

cœur du système gazier continental.<br />

La Pologne, qui fait office de chef de fi<strong>le</strong> des opposants, a déjà refusé <strong>le</strong> doub<strong>le</strong>ment<br />

du gazoduc Yamal, qui traverse son territoire en provenance de Russie.<br />

El<strong>le</strong> espère devenir un pilier de la diversification des approvisionnements européens<br />

en misant <strong>sur</strong> <strong>le</strong> gaz naturel liquéfié (GNL) qatari, norvégien et américain,<br />

ainsi que <strong>sur</strong> <strong>le</strong> gaz norvégien acheminé par pipeline.<br />

Une stratégie d’assèchement de l’Ukraine ?<br />

La seconde opposition rencontrée par Nord Stream 2 est de nature politicomilitaire.<br />

Loca<strong>le</strong>ment, dans un contexte de relations tendues avec <strong>le</strong> voisin russe, <strong>le</strong>s pays<br />

riverains de la mer Baltique s’inquiètent d’un possib<strong>le</strong> renforcement des positions<br />

de ce dernier dans la région.<br />

Les inquiétudes se cristallisent notamment autour de l’î<strong>le</strong> de Gotland, récemment<br />

remilitarisée, et du port de Karlskrona, deux zones militaires importantes<br />

pour la Suède. Le Danemark dispose quant à lui, depuis <strong>le</strong> début 2018, d’outils<br />

législatifs pour interdire la construction du gazoduc dans ses eaux territoria<strong>le</strong>s,<br />

éga<strong>le</strong>ment pour des raisons de défense et de sécurité nationa<strong>le</strong>.<br />

Le consortium Nord Stream 2 a donc envisagé un itinéraire alternatif. Si <strong>le</strong><br />

pays ne peut empêcher <strong>le</strong> projet, il pourrait lui imposer un <strong>sur</strong>coût d’au moins<br />

750 millions d’euros en <strong>le</strong> retardant. À une échel<strong>le</strong> plus large, des États comme<br />

la Pologne dénoncent une stratégie d’assèchement par la Russie du transit<br />

ukrainien, avec à la c<strong>le</strong>f des conséquences stratégiques, dont une perte pour<br />

l’Ukraine de son <strong>le</strong>vier de négociation avec la Russie dans un contexte de conflit.<br />

La concurrence américaine du gaz de schiste<br />

Le Nord Stream 2 n’est pas seu<strong>le</strong>ment une question européenne. Il traduit aussi<br />

la compétition russo-américaine pour l’accès au marché européen.<br />

À la traditionnel<strong>le</strong> crainte américaine de voir l’influence russe s’étendre à<br />

l’ouest, s’ajoute désormais une opposition commercia<strong>le</strong> d’un pays devenu<br />

récemment exportateur d’hydrocarbures.<br />

Depuis la découverte <strong>sur</strong> <strong>le</strong>ur territoire d’abondantes réserves de gaz de<br />

schiste, nouvel<strong>le</strong> énergie carbonée, <strong>le</strong>s États-Unis sont à la recherche de<br />

débouchés et souhaitent concurrencer <strong>le</strong>s Russes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché européen<br />

en exportant <strong>le</strong>ur production sous forme de gaz naturel liquide (GNL).<br />

Les premiers mètres cubes de gaz américain ont ainsi atteint <strong>le</strong> Portugal en<br />

2016, la Pologne et la Lituanie en 2017 – ce qui a notamment permis à cette<br />

dernière de renégocier ses tarifs avec Gazprom.<br />

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