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The Red Bulletin Juillet 2019

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FRANCE<br />

JUILLET <strong>2019</strong><br />

HORS DU COMMUN<br />

Votre magazine<br />

offert chaque<br />

mois avec<br />

UNE VISION<br />

DU SURF<br />

40 ans d’immersion<br />

avec le photographe<br />

Brian Bielmann


ÉDITORIAL<br />

PAS LÀ POUR DES<br />

LIKES SUR INSTA<br />

Repos, escapades, fiestas, grillades, sport, rencontres…<br />

Un bon break estival peut aussi être l’occasion de déconnecter,<br />

de lâcher vos prothèses smartphoniennes pour n’emmagasiner<br />

que du vrai. Du réel, du concret : voilà votre<br />

programme pour le mois. Celles et ceux qui prennent leurs<br />

quartiers d’été dans ce numéro carburent au vrai. Brian<br />

Bielmann d’abord, à qui nous devons notre photo de une,<br />

a documenté la réalité du surf, ses plus belles vagues et<br />

ses plus majestueux héros, dont certains regrettés.<br />

CONTRIBUTEURS<br />

NOS ÉQUIPIERS<br />

BRIAN<br />

BIELMANN<br />

Le surf fait fantasmer et pour<br />

connaître sa réalité, ses exploits,<br />

joies et drames, le photographe<br />

Brian Bielmann est certainement<br />

la personne à interroger. Depuis<br />

40 ans, il documente la pureté d’un<br />

sport sur lequel glissent tant de<br />

légendes. Voir des talents du surf<br />

émerger, exploser, et parfois, disparaître<br />

dramatiquement, c’est aussi<br />

cela l’histoire de Bielmann. Il partage<br />

ses photos et souvenirs dans<br />

un portfolio magistral page 22.<br />

Pas le genre de scène que vous observez depuis votre bagnole dans les<br />

bouchons. Quand Perrine Fages quitte son bureau chez beIN, au Qatar,<br />

pour s’entraîner à vélo page 42, entre réalité et mirage...<br />

Au Qatar ou à Oman, sur son vélo, Perrine Fages n’est<br />

pas là pour des likes sur Insta, mais bien pour exploiter au<br />

max ces lieux rares d’entraînement et de performance.<br />

Et sur la scène du <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot, si la baston est<br />

réelle, seuls les punchlines frappent. Artik, en spécialiste,<br />

explique les bienfaits des battles d’impro. Authentique !<br />

Lisez plus !<br />

Votre Rédaction<br />

DOM<br />

DAHER<br />

Des œuvres de l’artiste Richard<br />

Serra dans l’infini désert du Qatar,<br />

une cycliste hyper performante<br />

qui travaille 40 heures semaine en<br />

tant que juriste et roule 40 autres<br />

heures pour se préparer à une<br />

épreuve dans le sultanat d’Oman.<br />

Le photographe Dom Daher a bourlingué,<br />

mais pour documenter le<br />

quotidien rare de la Française<br />

Perrine Fages, entre job et performance,<br />

il a été bluffé par une vie<br />

et des lieux peu communs. Page 42<br />

BRIAN BIELMANN (COUVERTURE)<br />

4 THE RED BULLETIN


SOMMAIRE<br />

juillet<br />

66<br />

REPORTAGES<br />

22 Regardez le surf<br />

Avant le numérique, YouTube et autres Instagram, l’Américain<br />

Brian Bielmann nous transmettait l’image du surf.<br />

34 Leur dernier mot<br />

Le 12 juillet à Marseille, les pros de l’impro et de la rime qui tue<br />

s’affronteront lors de la finale du <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot. À voir !<br />

42 Le cas Perrine<br />

Le passe-temps préféré de Perrine Fages ? Les courses à vélo<br />

ultra-distance. Le farniente, c’est bon pour les autres.<br />

54 Secret Cinema<br />

Dans ce spot tenu secret de Londres, vous ne venez pas juste mater<br />

Star Wars ou Blade Runner. Vous faites carrément partie du film.<br />

62 Nouveau souffle<br />

Du jazz en boîte de nuit ? La compositrice et saxophoniste anglaise<br />

Nubya Garcia le passe en mode sound system et au-delà.<br />

66 Il sait pourquoi<br />

Pourquoi l’Américain Mike McCastle se farcit ses douze travaux<br />

d’Hercule ? Parce qu’il a toujours une bonne raison en tête.<br />

CAMERON BAIRD, SECRET CINEMA/AL OVERDRIVE, DOM DAHER<br />

42<br />

6 THE RED BULLETIN


54<br />

BULLEVARD<br />

Un mode de vie<br />

hors du commun<br />

8 Fumée rose, moteurs et talons :<br />

place aux sisters de l’asphalte<br />

12 Quand Dâm-Funk balance une<br />

leçon de disco aux kids japonais<br />

14 Cet aquarium écolo s’autogère<br />

et fait pousser votre herbe…<br />

16 Ce que Tayla Parx a appris en<br />

créant des succès pour les autres<br />

18 Ne demandez plus votre steak<br />

bien cuit, mais bien imprimé !<br />

20 Des Ramones à Zhané, ces titres<br />

qui mettent bien Karen O<br />

GUIDE<br />

Voir. Avoir. Faire.<br />

80 Voyage : que faire vers Coachella<br />

sans passer par le festoche<br />

84 Fitness : les conseils du pilote<br />

moto enduro Wade Young<br />

86 Agenda : ne ratez rien !<br />

88 <strong>Red</strong> Bull TV : restez branchés<br />

90 Matos : qu’emporter avec vous<br />

pour la micro-aventure ?<br />

96 Ours : ils et elles font le TRB<br />

98 Makes you fly : pas cap d’y aller<br />

THE RED BULLETIN 7


Caramel<br />

Curves<br />

SŒURS DE<br />

L'ASPHALTE<br />

À la Nouvelle-Orléans,<br />

ces femmes font vrombir<br />

la culture motarde.<br />

L a fumée rose dans<br />

les rues de la Nouvelle-<br />

Orléans annonce la présence<br />

en force du Caramel<br />

Curves Motorcycle Club.<br />

À sa création en 2005, les<br />

treize membres du club<br />

exclusivement féminin<br />

entendent i nspirer d’autres<br />

femmes à vivre leur passion<br />

via une visibilité locale renforcée.<br />

2005 est aussi l’année<br />

de l’ouragan Katrina,<br />

qui les oblige à fuir la<br />

Nouvelle- Orléans. En 2006,<br />

alors que la ville entame sa<br />

reconstruction, le Caramel<br />

Curves Motorcycle Club est<br />

de retour et devient, outre<br />

un espace de socialisation,<br />

un lieu où ses membres<br />

peuvent se reconstruire.<br />

« Conduire une moto, être<br />

bien sapée, c’est à la<br />

AKASHA RABUT LOU BOYD


9


B U L L E V A R D<br />

Les victimes de Katrina ont trouvé chez les Caramel Curves un lieu de guérison.<br />

portée de tout le monde,<br />

mais l’essentiel pour nous est<br />

de montrer que les femmes<br />

peuvent être unies, lance<br />

Shanika Beatty, alias Tru,<br />

l’une des deux membres<br />

fondatrices restantes, avec<br />

Nakosha Smith, surnommée<br />

Coco. C’est bon d’avoir des<br />

personnes sur qui compter et<br />

que l’on peut appeler en cas<br />

de pépin. Nous nous soutenons<br />

quel que soit le coup<br />

dur, décès dans nos familles,<br />

divorces, et j’en passe. Avec<br />

les Caramel Curves, vous avez<br />

toujours une sœur que vous<br />

pouvez appeler. On est là<br />

les unes pour les autres. »<br />

Le nom du groupe veut<br />

avant tout affirmer sa différence<br />

avec les autres clubs<br />

de motards aux États-Unis.<br />

« Caramel fait référence à<br />

nos origines afro-américaines<br />

et notre douceur, Curves au<br />

fait que nous négocions<br />

les virages mieux que les<br />

hommes, explique Tru. Nous<br />

ne voulions pas être noyées<br />

dans un grand rassemblement<br />

masculin ; l’émancipation<br />

féminine a toujours été notre<br />

moteur. » Talons aiguilles et<br />

(parfois) vestes à paillettes,<br />

« DANS NOTRE<br />

CLUB, IL Y A<br />

TOUJOURS UNE<br />

SŒUR QUE<br />

VOUS POUVEZ<br />

APPELER. »<br />

Les bases : talons aiguilles et jantes roses.<br />

enfourchant d’énormes<br />

Suzuki Hayabusas, Gixxers et<br />

autres Can-Am Spyders aux<br />

jantes roses brossées pour<br />

certaines, les Caramel Curves<br />

ne passent pas inaperçues en<br />

ville. Notamment lorsqu’elles<br />

exécutent leur fameux burn<br />

(la moto accélère sur place<br />

pour produire un max de<br />

fumée) ou des wheelings,<br />

l’atmosphère se teinte de rose.<br />

« Un jour, en faisant un<br />

burn, j’ai produit de la fumée<br />

rose. Les filles ont adoré,<br />

explique Tru. C’est vite<br />

devenu l’une de nos signa-<br />

tures. Et puis un jour, une des<br />

filles a mis une crête rose sur<br />

son casque, et nous l’avons<br />

toutes imitée. L’idée d’un style<br />

partagé a ainsi vu le jour et<br />

accentué l’unité du groupe.<br />

On aspire simplement à être<br />

ensemble. »<br />

L’univers de la moto est<br />

dominé par les hommes,<br />

aussi lorsqu’elles sillonnent<br />

ensemble les rues, elles ont<br />

conscience d'apporter plus<br />

qu’un simple défilé en tenues<br />

de gala et la composition<br />

même de leur crew est un<br />

message fort.<br />

« Nous sommes toutes<br />

patronnes d’entreprises ou<br />

femmes d’affaires ; nous étions<br />

des bikeuses confirmées avant<br />

de rejoindre le groupe, mais<br />

l’union fait la force, insiste<br />

Tru. Je suis mère, femme et<br />

fille, et dirige deux entreprises.<br />

Mais sur ma moto, mon<br />

esprit se libère, je me détends.<br />

C’est un peu ma thérapie.<br />

Je m’occupe de moi. »<br />

Aujourd’hui, les Caramel<br />

Curves sont en pleine expansion<br />

: le groupe accueillera<br />

bientôt deux nouvelles<br />

recrues, sans compter les<br />

90 000 fans qui les suivent<br />

dans le monde à travers les<br />

réseaux sociaux<br />

« Nous souhaitons écrire de<br />

nouvelles pages en créant des<br />

clubs Curves dans le monde<br />

entier, poursuit Tru, des clubs<br />

pas seulement ouverts aux<br />

Afro-Américaines mais où<br />

toutes les nationalités et<br />

toutes les origines ethniques<br />

seront les bienvenues. Voir sur<br />

toute la planète des groupes<br />

de femmes comme le nôtre<br />

serait un vrai kif ! »<br />

Facebook : @caramelcurves<br />

AKASHA RABUT LOU BOYD<br />

10 THE RED BULLETIN


COPYRIGHT © <strong>2019</strong> MNA, INC. ALL RIGHTS RESERVED.<br />

N’ATTENDEZ PAS QUE L’AVENTURE VIENNE À VOUS.<br />

ALLEZ LA CHERCHER !<br />

WHAT ARE YOU BUILDING FOR?<br />

BFGOODRICHTIRES.COM


B U L L E V A R D<br />

Tokyo, Japon<br />

DISCO FEVER<br />

Aux platines, c’est Dâm-Funk, un chanteur,<br />

producteur et DJ américain – et véritable<br />

groove machine. Ici, en avril, il enseignait<br />

aux kids du <strong>Red</strong> Bull Music Festival de Tokyo<br />

ce que la fièvre du disco signifiait dans les<br />

années 70 : faire du patin à fond sur des<br />

beats enflammés – ha ha ha stayin’ alive !<br />

(Bon, il faut imaginer les kids et les patins…)<br />

Instagram : @damfunk<br />

12 THE RED BULLETIN


YUSUKE KASHIWAZAKI/RED BULL CONTENT POOL<br />

THE RED BULLETIN 13


B U L L E V A R D<br />

EcoGarden<br />

UN BOCAL,<br />

C’EST LA VIE<br />

Loin d’être un simple<br />

aquarium, ce microécosystème<br />

pourrait<br />

assurer de façon durable<br />

et esthétique nos<br />

besoins en nourriture.<br />

H amza Qadoumi<br />

entend révolutionner la<br />

culture vivrière et la rendre<br />

durable. À 24 ans, cet ingénieur<br />

suédois est conscient<br />

que notre planète fait face à<br />

une demande de nourriture<br />

sans cesse croissante due à<br />

l’augmentation de la population<br />

conjuguée à une pénurie<br />

de terres fertiles et arables.<br />

Qadoumi, dans sa quête<br />

d’alternatives, a préféré<br />

ÉCHANGE DE BONS<br />

PROCÉDÉS<br />

Les plantes filtrent<br />

l’eau, fournissant un<br />

habitat propre pour<br />

les poissons…<br />

réhabiliter des méthodes<br />

anciennes plutôt que de chercher<br />

des concepts modernes.<br />

L’aquaponie est une technique<br />

agricole jadis utilisée<br />

par les Aztèques dans les<br />

marais poissonneux des chinampas,<br />

ou jardins flottants.<br />

Le principe est simple : les<br />

poissons sont nourris, leurs<br />

excréments servent de nutriments<br />

aux plantes qui à leur<br />

tour nettoient l’habitat des<br />

poissons et nourrissent les<br />

hommes. À grande échelle,<br />

l’aquaponie pourrait réduire<br />

fortement notre empreinte<br />

carbone car son besoin en eau<br />

est de 90 % inférieur à celui<br />

de l’agriculture traditionnelle<br />

pour un rendement jusqu’à<br />

six fois supérieur.<br />

L’idée de Qadoumi est<br />

d’adapter l’aquaponie à<br />

l’échelle du particulier. Miaquarium<br />

et mi-serre miniature,<br />

son EcoGarden exploite<br />

la symbiose entre les poissons<br />

et les plantes pour créer un<br />

écosystème autosuffisant. Les<br />

herbes et les plants de basilic<br />

ou de cresson poussent toute<br />

l’année sans terre fertile. Une<br />

application permet de gérer<br />

l’appareil, nourrir les poissons<br />

à distance et se connecter<br />

à d’autres écojardiniers.<br />

D’après Qadoumi, son<br />

EcoGarden ouvrira à tous<br />

l’accès à une nourriture durable.<br />

« Notre gestion désastreuse<br />

des ressources vient<br />

de notre perte de lien avec la<br />

culture de la terre », expliquet-il.<br />

Par chance, notre poisson<br />

rouge la cultivera pour nous.<br />

ecobloom.se<br />

… dont les excréments<br />

constituent<br />

des nutriments<br />

pour les<br />

plantes.<br />

L’appli permet de nourrir les poissons<br />

à distance et d’échanger des<br />

infos avec d’autres écojardiniers.<br />

DAVID LAGERHOLM, ECOBLOOM.SE FLORIAN OBKIRCHER<br />

14 THE RED BULLETIN


ALPHATAURI.COM


B U L L E V A R D<br />

Tayla Parx<br />

« SI JE NE<br />

CROIS PAS<br />

EN MOI, QUI<br />

LE FERA ?»<br />

En composant des tubes pour<br />

d’autres et en devenant elle-même<br />

une pop star, la singulière artiste<br />

américaine de 25 ans a un peu<br />

percé le secret du succès.<br />

L orsque des stars<br />

comme Janelle Monáe,<br />

Anderson .Paak et Christina<br />

Aguilera sont en panne d’inspiration,<br />

elles font appel à<br />

Tayla Parx. L’actrice native de<br />

Dallas – en 2007, elle incarne<br />

Little Inez dans la comédie<br />

musicale Hairspray, aux côtés<br />

de John Travolta – devenue<br />

auteure- compositrice est à<br />

l’origine de quelques gros<br />

tubes écrits pour d’autres.<br />

Rien que l’an dernier, Tayla<br />

Parx a co-signé quatre des dix<br />

top singles américains, dont le<br />

numéro un mondial d’Ariana<br />

Grande, Thank U, Next (et le<br />

suivant 7 Rings, également<br />

numéro un). À présent, c’est<br />

à son tour d’être dans la<br />

lumière.<br />

À l’occasion de la sortie<br />

récente de son premier album,<br />

We Need to Talk, nous avons<br />

pris Parx au pied de la lettre<br />

en l’invitant à en parler.<br />

Cette surdouée de 25 ans<br />

explique à <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

en quoi l’écoute est le secret<br />

de sa créativité et comment<br />

elle s’affirme en présence<br />

de ces idoles.<br />

the red bulletin : Auteurecompositrice<br />

semble être un<br />

rôle ingrat : on œuvre au<br />

succès d’autrui sans aucune<br />

reconnaissance. Alors, pourquoi<br />

le faire ?<br />

tayla parx : Vous savez,<br />

j’écris pas mal de chansons<br />

et je ne peux pas toutes les<br />

chanter.<br />

Plus de 200 par an, dit-on…<br />

Je n’y peux rien. J’ai besoin de<br />

libérer le flot de musique qu’il<br />

y a en moi.<br />

Qu’est-ce qui nourrit votre<br />

créativité ?<br />

Les expériences des autres.<br />

Quand ma propre imagination<br />

me fait défaut, les conversations<br />

avec mon entourage et<br />

ma fantaisie prennent le relais.<br />

Garder le cœur et l’esprit<br />

ouverts permet d’alimenter<br />

constamment la créativité et<br />

l’inspiration. Quand je me<br />

sens moins inspirée, j’éprouve<br />

le besoin d’en parler.<br />

Craignez-vous de céder<br />

votre chanson la plus aboutie<br />

à quelqu’un d’autre ?<br />

Comme 7 Rings pour Ariana<br />

Grande ?<br />

Non. Les choses n’arrivent pas<br />

par hasard. Si une autre super<br />

star en avait hérité, la chanson<br />

aurait eu un impact différent<br />

parce qu’elle était destinée à<br />

cette artiste en particulier.<br />

C’est comme si une autre que<br />

Beyoncé avait chanté Crazy<br />

in Love, son tube de 2003, la<br />

chanson n’aurait probablement<br />

pas autant cartonné.<br />

Qu’est-ce qui vous a poussé<br />

à interpréter vos morceaux ?<br />

De nos jours, le public<br />

demande de l’originalité en<br />

musique. Jusque là, j’avais<br />

imaginé un univers pour<br />

d’autres ; à présent, j’en<br />

invente un inédit qui me<br />

ressemble.<br />

Y a-t-il encore un créneau<br />

pour de la pop originale<br />

aujourd’hui ?<br />

C’est comme en amour : allezvous<br />

offrir à votre chérie le<br />

même bouquet de fleurs pendant<br />

dix ans ? L’emmener<br />

dîner toujours dans le même<br />

resto ? Non. Il y a mille et une<br />

façons de dire « je t’aime ».<br />

Pour moi, être originale se<br />

situe moins dans ce que l’on<br />

fait que dans la manière de<br />

le faire.<br />

Et comment cela se traduit-il<br />

en musique ?<br />

En mêlant deux univers que<br />

vous n’auriez jamais imaginés<br />

ensemble. Lil Wayne l’a fait<br />

en associant hip-hop et rock.<br />

Run-DMC l’avait précédé mais<br />

à sa manière. Dans mon cas,<br />

j’essaie de brouiller les frontières<br />

censées séparer la pop<br />

du R’n’B et du hip-hop. En les<br />

mélangeant cela devient plus<br />

intéressant.<br />

Comment gère-t-on l’admiration<br />

qu’on a pour ses<br />

modèles ?<br />

C’est dingue. Imaginez devoir<br />

dire à votre idole : « Je n’aime<br />

pas » ou « Je voudrais que tu<br />

le fasses ainsi. » Dans ce cas,<br />

il faut garder en tête que<br />

vous êtes là pour ajouter une<br />

dimension que nul autre ne<br />

peut apporter. Et cela vous<br />

conforte dans l’idée que vos<br />

propositions comptent.<br />

Une posture osée. Comment<br />

arrive-t-on à ce niveau de<br />

confiance ?<br />

Je suis une jeune femme<br />

noire, je pars donc avec un<br />

handicap. De plus, je n’ai pas<br />

de famille dans l’industrie musicale,<br />

je dois donc travailler<br />

trois fois plus que les autres.<br />

Bref, si je ne crois pas en moi,<br />

qui le fera ?<br />

Le premier album de<br />

Tayla Parx, We Need to Talk,<br />

est dans les bacs ;<br />

taylaparx.com<br />

MADELEINE DALLA FLORIAN OBKIRCHER<br />

16 THE RED BULLETIN


« J’AI BESOIN<br />

DE LIBÉRER<br />

LE FLOT<br />

DE MUSIQUE<br />

EN MOI. »<br />

THE RED BULLETIN 17


B U L L E V A R D<br />

DEVENIR VÉGÉTARIEN<br />

RÉDUIRAIT NOTRE<br />

EMPREINTE CARBONE<br />

DE 73 %.<br />

Novameat<br />

TON STEAK ?<br />

IMPRIMÉ !<br />

Une entreprise imprime en 3D<br />

de la « viande » à base de riz<br />

et de petit pois. Une solution<br />

pour sauver le monde ?<br />

La lutte pour la sauvegarde<br />

de l’environnement<br />

s’intensifie et<br />

nous avons plus que jamais<br />

besoin d’idées innovantes. Des<br />

chercheurs affirment qu’en<br />

adoptant un régime végétarien,<br />

notre empreinte carbone<br />

diminuerait jusqu’à 73 % et<br />

l’utilisation des terres arables<br />

jusqu’à 75 % à l’échelle mondiale<br />

(l’équivalent de l’Australie,<br />

de l’Europe et des États-<br />

Unis réunis).<br />

C’est en étudiant la fabrication<br />

d’organes artificiels que<br />

Giuseppe Scionti, ingénieur et<br />

fondateur de la start-up espagnole<br />

Novameat, découvre<br />

une alternative à la consommation<br />

de viande. « Je reproduisais<br />

des parties du corps<br />

humain en développant des<br />

tissus et des organes. Et en<br />

développant une oreille prototype<br />

ayant l’aspect et le tissu<br />

d’une vraie, l’idée m’est venue<br />

d’appliquer cette technique<br />

pour produire des steaks végétaux<br />

avec le goût, la texture,<br />

l’aspect et les propriétés nutritionnelles<br />

de la viande. »<br />

Pour se faire, une pâte<br />

beige à base de protéines de<br />

riz, de petits pois et d’algues<br />

marines est fabriquée puis<br />

conditionnée pour l’impression<br />

3D qui produit le « steak »<br />

dans sa forme finale. « Les<br />

protéines servant à recréer les<br />

fibres musculaires sont ensuite<br />

placées à un niveau micro<br />

par extrusion, poursuit<br />

Scionti. L’imprimante recrée<br />

la texture musculaire et le tissu<br />

animal, le goût et l’aspect. »<br />

Après avoir mis au point<br />

son steak végétal à faible<br />

impact carbone, Novameat<br />

travaille à présent à sa saveur<br />

avec des chefs cuisiniers et<br />

étudie la possibilité de l’adapter<br />

aux besoins des consommateurs,<br />

en jouant sur la teneur<br />

en protéines, nutriments<br />

et vitamines. « Au final, ce<br />

produit pourra intéresser les<br />

sportifs ou les agences spatiales,<br />

précise Scionti. Voire<br />

les organisations humanitaires<br />

luttant contre la malnutrition<br />

dans le monde. »<br />

novameat.com<br />

Un des steaks imprimés en 3D de Novameat.<br />

LOU BOYD CHRISTINA LOCK<br />

18 THE RED BULLETIN


Skullcandy partenaire majeur de <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot <strong>2019</strong>


B U L L E V A R D<br />

Karen O<br />

« LE SON DES<br />

RAMONES ?<br />

IRRÉSISTIBLE »<br />

L’emblématique chanteuse<br />

des Yeah Yeah Yeahs et les<br />

quatre titres qui l’apaisent.<br />

E n avril 2003 sortait l’un<br />

des premiers albums les plus<br />

excitants de l’histoire du rock.<br />

Oscillant entre riffs de guitare<br />

tapageurs et new wave énergique,<br />

Fever To Tell du trio newyorkais<br />

Yeah Yeah Yeahs est le<br />

catalyseur de la vague dance<br />

punk de la décennie et transforme<br />

Karen O – née d’une mère<br />

sud-coréenne et d’un père polonais<br />

– en icône culturelle. Lux<br />

Prima, son second opus en solo<br />

en collaboration avec le producteur<br />

Danger Mouse, évoque le<br />

climat sociopolitique actuel<br />

et offre ses morceaux en guise<br />

d’échappatoire. « La musique<br />

est la meilleure façon de tout<br />

affronter », confie O, 40 ans.<br />

Voici quatre titres qui la<br />

requinquent les jours sans.<br />

THE RAMONES<br />

JUDY IS A PUNK (1976)<br />

« Les Ramones étaient un groupe<br />

très charismatique, unique en son<br />

genre, dont la musique est tout<br />

simplement irrésistible. L’écouter<br />

me stimule et me donne envie de<br />

bondir et de me trémousser<br />

comme une ado. C’est simple et<br />

revigorant, et les paroles font<br />

mouche. Judy Is A Punk est le<br />

genre de morceau qui me stimule<br />

quelle que soit la situation ou<br />

mon humeur. »<br />

STEVIE WONDER<br />

A PLACE IN THE SUN (1966)<br />

« Ce titre du jeune Stevie Wonder<br />

m’évoque un lieu chaleureux et<br />

joyeux. Sa pureté et sa beauté<br />

créent en moi une sensation de<br />

bien-être. J’ai rencontré Stevie<br />

quand j’étais enceinte (de son fils<br />

Django, 3 ans aujourd’hui, ndlr).<br />

Comme j’étais très intimidée, je<br />

lui ai dit : “Pouvez-vous mettre<br />

la main sur mon ventre et bénir<br />

mon enfant ?” Il l’a fait, depuis<br />

j’en espère des merveilles. »<br />

MOSES SUMNEY<br />

DOOMED (2017)<br />

« La chanson est triste, mais<br />

même les chansons tristes font<br />

parfois du bien. Et celle-ci est<br />

vraiment apaisante. Elle a un côté<br />

sublime que je n’avais pas entendu<br />

depuis de très nombreuses<br />

années. Et la tristesse qu’elle<br />

porte est allégée par la magnifique<br />

voix de Moses. C’est léger<br />

et mélancolique en même temps…<br />

Voilà que je n’arrive plus à décrire<br />

une musique. »<br />

ZHANÉ<br />

HEY, MR DJ (1993)<br />

« Ce morceau du duo hip-hop est<br />

très relax, et en même temps il<br />

me donne envie de danser. Je fréquente<br />

peu les discothèques en<br />

ce moment, alors à chaque fois<br />

quand je rends visite à des amis,<br />

on se débrouille toujours pour<br />

monter le son et danser. Danser<br />

fait partie de ma vie. Nous avons<br />

tous besoin d’une musique qui<br />

adoucit les mœurs, surtout par<br />

les temps qui courent. »<br />

ELIOT LEE HAZEL FLORIAN OBKIRCHER<br />

20 THE RED BULLETIN


Brian Bielmann, le légendaire photographe<br />

de surf, revient sur les clichés incontournables<br />

de ses quarante ans de carrière.<br />

Faites que cette<br />

photo soit nette !<br />

Le Californien Nathan Fletcher<br />

n’aurait jamais dû rider cette<br />

vague, c’était de la folie pure.<br />

Je me revois encore agenouillé<br />

face à mon ordinateur, priant<br />

pour que la photo soit nette.<br />

Et elle l’était ! J’ai sauté de joie<br />

quand je l’ai vue. J’étais tellement<br />

content. Cette photo est entrée<br />

dans l’histoire du surf.<br />

22


L’esprit du surf<br />

Les réflexions de Bielmann<br />

sur l’œuvre de sa vie : la quête<br />

de la vague parfaite et la<br />

redéfinition d’une forme d’art.<br />

Quand il commence les photos de surf en 1978, Brian<br />

Bielmann ne s’imagine pas devenir une légende avec<br />

plus de 150 couvertures de magazines à son actif et un<br />

style en constante évolution. C’est pourtant exactement<br />

ce qui s’est passé. Plongé dans les clichés de son<br />

portfolio devenu culte, Bielmann admet qu’il ne se voit<br />

pas comme un photographe sportif. « Pour moi, le surf<br />

n’est pas un sport, mais plutôt une forme d’art. Et je<br />

me suis d’ailleurs toujours considéré comme un artiste.<br />

La différence est visible dans mon travail. »<br />

Bielmann a une histoire associée à chacune de ses<br />

photos les plus marquantes. Et c’est ainsi qu’il nous<br />

livre sans le vouloir un genre d’historique à la première<br />

personne où s’entremêlent le surf et tout un pan<br />

de la photographie. « Il y a tellement de choses qui ont<br />

changé depuis que je me suis lancé là-dedans, dit-il en<br />

se remémorant une époque où jet-skis, grosses vagues<br />

et autres cartes SD n’existaient pas. Avant, on ramait<br />

et on avait 36 chances de faire une bonne photo, pas<br />

une de plus. Maintenant, on peut mitrailler autant<br />

qu’on veut, avec l’autofocus en prime. Mais le but reste<br />

le même : prendre des photos qui font rêver. »<br />

Précurseur dans l’âme pour avoir contribué à l’avènement<br />

de la photographie de surf numérique et<br />

popularisé les prises de vue sous-marines, Bielmann<br />

avec son côté traditionnel, se moque bien des tendances<br />

(« j’utilise rarement de fisheye, ça n’a jamais<br />

été mon truc »). Plus que toute autre chose, il use de<br />

son talent pour jouer avec la lumière, la composition<br />

et l’aspect spectaculaire des vagues. Et ces décennies<br />

à côtoyer les plus grands surfeurs lui ont permis de<br />

capturer des moments révélateurs de l’esprit du surf.<br />

Penché sur ses plus beaux clichés, Bielmann a la<br />

gorge nouée quand on l’interroge sur le sens de son<br />

œuvre. « C’est comme un album de famille, auquel<br />

tout le monde du surf aurait contribué. J’ai commencé<br />

à prendre des photos pour passer plus de temps<br />

sur ma planche… Et au final, ça a changé ma vie. »<br />

brianbielmann.com<br />

Avec le recul, Bielmann peut le dire :<br />

« Tout ça a changé ma vie. »<br />

PORTRAIT: TERI ANN LINN<br />

24 THE RED BULLETIN


Entre deux<br />

mondes<br />

L’Hawaïen Andy Irons et moi<br />

étions restés sur place après<br />

une compétition. On a fait<br />

quelques photos sous l’eau<br />

pour le plaisir. En les regardant<br />

plus tard, je les ai vues<br />

sous un autre angle. Sur<br />

celle-ci, intitulée Heaven<br />

Knows d’après la chanson<br />

de Robert Plant, on dirait<br />

qu’Andy est en train de passer<br />

d’un monde à l’autre.<br />

Quand les ennemis<br />

deviennent amis<br />

Un souvenir plein de joie : le jour<br />

où Andy Irons et Kelly Slater (à droite)<br />

ont mis leur éternelle rivalité au placard<br />

et sont devenus amis. Je suis sûr<br />

que cette journée en Indonésie reste<br />

un beau souvenir pour Kelly. Andy<br />

nous a quittés cinq ans plus tard.<br />

THE RED BULLETIN 25


26 THE RED BULLETIN


Au cœur de<br />

l’action<br />

Voilà le Californien Kolohe<br />

Andino lors d’un voyage<br />

avec <strong>Red</strong> Bull aux îles<br />

Mentawaï, en Indonésie,<br />

il y a huit ans environ.<br />

J’étais sur un bateau pour<br />

prendre des photos et j’ai<br />

réussi de justesse à passer<br />

par-dessus la vague.<br />

Qu’est-ce que ça me<br />

manque, ces trips !<br />

THE RED BULLETIN 27


Surf, drogues et rock’n’roll<br />

Il s’agit d’une photo que j’ai prise pour le magazine<br />

Surfer au début des années 80. On y voit<br />

le surfeur hawaïen Tim Fretz, plus connu sous<br />

le nom de Taz. C’était un type un peu taré qui<br />

a vécu comme il surfait : vite et intensément.<br />

Taz a ouvert la voie des airs. Il est mort jeune<br />

d’une overdose. C’était vraiment triste de<br />

le voir gâcher un tel talent.<br />

Des gosses<br />

devenus stars<br />

Ici, Zeke Lau (tout à gauche) et<br />

les frères Florence (de gauche à<br />

droite : Nathan, Ivan et John<br />

John), tous originaires d’Hawaï,<br />

manifestent contre un projet de<br />

construction (finalement abandonné)<br />

de centre commercial.<br />

Depuis, ces enfants sont devenus<br />

des stars du surf, et John<br />

John est considéré à juste titre<br />

comme le meilleur au monde.<br />

28 THE RED BULLETIN


Les débuts<br />

avec Kelly<br />

Une photo du jeune Kelly Slater,<br />

à quatorze ans, prise à l’aube de ma<br />

carrière. Je bossais pour Quiksilver<br />

à l’époque. C’est un style qui a<br />

rapidement été repris par d’autres<br />

photographes et d’autres marques.<br />

THE RED BULLETIN 29


Une photo,<br />

deux mystères<br />

Il s’agit d’une photo du surfeur<br />

californien Nic Lamb que j’ai<br />

prise du haut de la falaise, au<br />

Jaws Festival de Maui en 2015.<br />

Cette image reste un grand<br />

mystère : on ne sait ni d’où il<br />

sort, ni où il va disparaître.<br />

31


Rayon de soleil<br />

On était en train d’attendre la lumière parfaite, et là, une bande<br />

d’Australiens est arrivée et a tout foutu en l’air en à peine quelques<br />

secondes. Je devais faire le portrait d’Andy Irons pour le magazine<br />

Transworld Surf. On avait tout organisé pour faire des photos dans<br />

la véranda de la Billabong Hawaii House au coucher du soleil. Mais<br />

c’était compter sans ce groupe d’Australiens. Ils se sont assis juste<br />

à côté de nous avec leurs bières. J’étais en panique. Il ne me restait<br />

que dix minutes, donc il fallait que j’improvise. Et puis, le miracle a<br />

eu lieu : un rayon de soleil a traversé l’une des fenêtres et a éclairé<br />

Andy d’une lumière sublime. J’ai fait dix prises et c’était fini. C’est<br />

cette photo qui a fait la couverture de Transworld Surf à la mort<br />

d’Andy en novembre 2010. Il avait 32 ans.<br />

32 THE RED BULLETIN


La photo qui m’émeut le plus<br />

C’est ma préférée de toutes. Andy Irons a le regard tourné vers Pipeline, un célèbre spot de<br />

surf sur la côte nord d’Oahu, une île d’Hawaï. Après sa mort, j’ai appelé cette photo When<br />

Doves Cry, en l’honneur de la chanson de Prince. Des magazines du monde entier ont utilisé<br />

cette image. Elle représente plus pour moi que n’importe quelle autre de mes photos.<br />

Quand la<br />

vague frappe<br />

Une photo de chute<br />

sous-marine. Je ne me<br />

souviens plus du nom<br />

du surfeur. Le magazine<br />

Transworld Surf a<br />

affirmé qu’il s’agissait<br />

d’Andy Irons et depuis,<br />

tout le monde dit la<br />

même chose. J’ai tout<br />

juste réussi à le regarder<br />

dans les yeux<br />

avant qu’il ne se fasse<br />

emporter par la vague.<br />

THE RED BULLETIN 33


Le pouvoir de la<br />

rime improvisée :<br />

Pyromic (gauche)<br />

parviendra-t-il<br />

à déstabiliser<br />

Doc Brrown ?


RED BULL<br />

DERNIER MOT<br />

« Les livres sont<br />

des munitions<br />

pour le pistolet<br />

à rimes »<br />

Texte SMAËL BOUAICI<br />

SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL<br />

35


Maître du battle rap<br />

depuis les années 90,<br />

Artik a largement<br />

démontré qu’il était<br />

un improvisateur hors<br />

pair en remportant<br />

les fameux concours<br />

End of <strong>The</strong> Weak.<br />

Désormais consultant<br />

pour les battles d'impro<br />

<strong>Red</strong> Bull Dernier Mot,<br />

il sera dans le jury de<br />

la finale <strong>2019</strong> qui se<br />

déroulera à Marseille le<br />

12 juillet. Nous l'avons<br />

retrouvé dans un bar<br />

près de la Défense pour<br />

lui demander comment<br />

l'impro rap a changé sa<br />

vie et l'a aidé à forger<br />

son caractère.<br />

the red bulletin : Vous travaillez chez<br />

Apple : est-ce que le fait d’être un as de<br />

la répartie vous aide dans votre boulot ?<br />

artik : Oui, parce que je suis souvent<br />

amené à délivrer des formations devant<br />

des groupes de personnes sur un sujet<br />

que je maîtrise à peine, avec des informations<br />

qui tombent au compte-gouttes.<br />

L’improvisation, au-delà de rimer, c’est<br />

lire le contexte autour de soi et pouvoir<br />

s’en servir.<br />

Tout le monde a connu ce moment où,<br />

après une dispute, on se dit : « J’aurais<br />

dû lui répondre ça ! » L’impro peut-elle<br />

aider dans ces situations ?<br />

Le principe même de l’improvisation, c’est<br />

d’avoir un coup d’avance. Quand on te dit<br />

un mot, ça doit déclencher plein d’autres<br />

mots dans ta tête. Alors dans une dispute<br />

ou dans une discussion où vous voulez<br />

que votre avis soit pris en compte, l’impro<br />

va être très utile. Si vous arrivez à prévoir<br />

ce que l’autre va dire, et à lui répondre<br />

avant, vous pouvez fermer les portes et<br />

remporter la conversation comme un<br />

battle. L’impro est un outil artistique mais<br />

qui va beaucoup plus loin que ça.<br />

Est-ce que cette pratique peut aider les<br />

gens qui se sentent timides en société ?<br />

Pour quelqu’un qui doit parler en public,<br />

si vous maîtrisez à l’avance ce que vous<br />

avez à dire, vous buterez moins sur les<br />

mots et structurerez mieux vos idées. Et<br />

surtout, vous aurez moins peur de passer<br />

pour un idiot. J’étais agoraphobe, et les<br />

battles de hip-hop m’ont permis de dépasser<br />

ce trouble. Si vous devenez fort dans<br />

vos propos, les autres ne pensent pas à<br />

qui vous êtes. Et ça soulage, parce que<br />

l’agoraphobie, c’est de croire que tout<br />

le monde vous domine. Mais quand les<br />

gens se taisent et écoutent, vous devenez<br />

plus fort qu’eux.<br />

SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL<br />

36 THE RED BULLETIN


« L’impro est un<br />

outil artistique,<br />

mais qui va<br />

beaucoup plus<br />

loin que ça. »


L’arène de l’impro.<br />

Le Trianon, lors de<br />

la finale du <strong>Red</strong><br />

Bull Derniet Mot à<br />

Paris l’an dernier.<br />

« J’avais l’impression<br />

d’être spectateur<br />

de ma propre rime,<br />

c’était dingue. »


SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL, LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL<br />

À VOUS DE JOUER !<br />

LES 5 TIPS D’ARTIK POUR<br />

DEVENIR UN PRO DE L’IMPRO<br />

1 - L’entraînement, la répétition<br />

de l’exercice. Il faut le faire de<br />

manière quasi journalière, c’est<br />

ce qui apporte les automatismes.<br />

2 - Se défaire du stress. C’est le<br />

stress qui empêche le cerveau<br />

d’arriver correctement au bout<br />

de la rime. Il faut être le plus zen<br />

possible pour voir venir et être<br />

capable de programmer ses<br />

attaques.<br />

3 - Écouter beaucoup de hip-hop<br />

avant une battle pour entendre<br />

la langue française décortiquée<br />

pour le rap et s’imprégner des<br />

formules et des constructions<br />

rythmiques qui viendront plus<br />

facilement en tête. Avant un<br />

clash, j’écoutais même de vieilles<br />

cassettes d’impro !<br />

4 - Observer autour de soi.<br />

Pendant la compétition, il faut<br />

toujours être aux aguets, regarder<br />

ce qui se passe, parce que<br />

tout peut servir. La rime que vous<br />

n’aurez pas, il faudra peut-être<br />

aller la chercher dans la foule.<br />

5 - Ne pas se formaliser des<br />

attaques de l’adversaire. Le moment<br />

où vous êtes énervé doit<br />

durer moins de dix secondes, et<br />

il ne faut pas vouloir absolument<br />

rendre coup pour coup. Si l’adversaire<br />

vous a vexé, n’essayez pas<br />

de le vexer : essayez de le battre.<br />

À quel âge peut-on commencer ?<br />

Je fais toujours le lien avec l’écriture,<br />

parce que l’impro, ça ne vient pas sans<br />

avoir écrit un peu de rap avant. À partir<br />

du moment où l’on sait écrire et parler,<br />

on peut commencer à tester le rap et<br />

l’improvisation.<br />

Est-ce que les relations avec vos<br />

proches ont évolué après votre succès<br />

dans les battles de rap ?<br />

Lors des rassemblements dans le quartier,<br />

j’ai toujours été un peu taquin, avec le<br />

sens de la formule. C’est plutôt moi qui<br />

ai changé. J’ai commencé à avoir moins<br />

peur et j’ai développé une assurance,<br />

qui, peut-être au sommet de ma carrière<br />

quand je gagnais les battles, a pu être<br />

perçue comme un manque d’humilité.<br />

Durant ces battles, est-ce qu’il y a eu<br />

des moments où vous vous êtes dit que<br />

votre cerveau avait réagi de manière<br />

extraordinaire ?<br />

Oui, plusieurs fois. La plus remarquée,<br />

c’était pendant une épreuve de freestyle<br />

bag pour End of the Weak. Il fallait improviser<br />

sur un objet qu’on ne connaissait pas<br />

à l’avance. Quand je l’ai sorti du sac, il<br />

m’est tombé des mains. Le temps de le<br />

ramasser, j’ai construit ma rime et le nom<br />

de l’objet – un gant squelette – est sorti au<br />

moment où je le levais. Ça s’est joué en<br />

deux mesures. « Tu peux me le ramasser je<br />

te le dis gars / Qu’est-ce que c’est, un gant<br />

avec des os en forme de doigts. » Quand<br />

Maras, vainqueur<br />

de l’édition 2018<br />

du <strong>Red</strong> Bull<br />

Dernier Mot.<br />

j’ai vu l’objet, j’ai su que ça allait rimer<br />

avec doigt, mais je ne savais pas comment<br />

j’allais placer « gants » et « os ». Et c’est arrivé<br />

en même temps que le geste. J’avais<br />

l’impression d’être spectateur de ma<br />

propre rime, c’était dingue. Quand on<br />

prend du temps à construire, les gens vous<br />

voient mettre en place une mécanique.<br />

Mais quand le mot semble sortir en même<br />

temps que l’objet, ça devient de la magie.<br />

Qu’est-ce qui se passe dans la tête des<br />

protagonistes quand on dévoile les<br />

mots sur lesquels il va falloir improviser<br />

en battle ?<br />

Quand l’indice, le mot ou l’objet sort, et<br />

que ce n’est pas encore parti, il y a tous les<br />

scénarios possibles qui tournent dans la<br />

tête de l’improvisateur. Celui qui dit qu’il<br />

attend le dernier moment est un menteur.<br />

Quand le mot arrive, on est déjà en train<br />

de l’orchestrer. On n’a pas toujours la<br />

bonne idée au moment opportun, mais<br />

le cerveau est déjà en train de cogiter.<br />

Inventer des rimes, est-ce que c’est un<br />

état d’esprit permanent ?<br />

À l’époque où je pratiquais beaucoup,<br />

c’était une gymnastique constante. Dès<br />

que le corps est occupé, l’esprit vagabonde.<br />

Je travaillais au McDonald’s à<br />

cette période, en cuisine, et je répétais les<br />

mêmes gestes. Comme je ne pensais plus<br />

à ce que mes mains faisaient, ma tête était<br />

concentrée à fabriquer des rimes toute<br />

la journée.<br />

THE RED BULLETIN 39


« Quand je<br />

travaillais au<br />

McDonald’s, ma<br />

tête fabriquait<br />

des rimes toute<br />

la journée. »<br />

Au job ou sur scène, la rime se joue<br />

partout. Ici, Maras clashe Doc Brrown.<br />

40 THE RED BULLETIN


RED BULL DERNIER MOT<br />

QUAND L’IMPRO ENVAHIT MARSEILLE<br />

Le 12 juillet, les meilleurs improvisateurs<br />

de France ont rendezvous<br />

à Marseille pour s’échanger<br />

des punchlines lors d’une joute<br />

verbale sans filet.<br />

« Si <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot avait<br />

existé à l’époque, j’y aurais participé<br />

sans hésiter, affirme Artik,<br />

consultant et membre du jury<br />

de la finale <strong>2019</strong>. Parce que c’est<br />

le concours de battle rap le plus<br />

complet : freestyle, impro,<br />

clash… Cette compétition révèle<br />

à la fois les qualités d’improvisateur<br />

et les qualités de clasheur.<br />

C’est vraiment le meilleur de<br />

tous. »<br />

Né en 2017, <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot<br />

est l’adaptation française de <strong>Red</strong><br />

Bull Batalla de los Gallos (trad.<br />

la bataille des coqs), un battle<br />

lancé en 2005 et devenu un<br />

phénomène international dans<br />

le monde hispanophone avec<br />

des dizaines de milliers de spectateurs<br />

pour la finale mondiale<br />

chaque année et des millions<br />

d’autres en live streaming.<br />

À travers différentes épreuves,<br />

<strong>Red</strong> Bull Dernier Mot est un<br />

concours qui mixe battle de rap,<br />

impro, prose, poésie et présence<br />

scénique. Les MC’s doivent improviser<br />

sans préparation sur<br />

des thèmes imposés en direct<br />

Res Turner, à<br />

gauche, envoie de<br />

la punchline, tandis<br />

que Maras anticipe<br />

sa prochaine rime.<br />

au dernier moment via un mot<br />

ou une image, projetés sur grand<br />

écran. Après le Bataclan et le<br />

Trianon à Paris, c’est donc le<br />

Théâtre Silvain de la cité phocéenne<br />

qui accueillera la finale<br />

le 12 juillet, où s’affronteront les<br />

seize meilleurs MC’s sélectionnés.<br />

Pour participer, rendez-vous<br />

sur l’appli <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot :<br />

sélectionnez un beat, placez les<br />

mots imposés dans une impro<br />

et envoyez votre vidéo.<br />

Le jury visionnera l’intégralité<br />

des prestations et retiendra les<br />

seize concurrents qui s’affronteront<br />

pour succéder à Maras,<br />

vainqueur en 2018, et Res Turner,<br />

champion 2017, sous les yeux<br />

d’Artik, qui ne tiendra pas sur sa<br />

chaise. « Quand je suis juge au<br />

<strong>Red</strong> Bull Dernier Mot, dans ma<br />

tête, je fais toutes les épreuves.<br />

Généralement, je m’en sors<br />

bien ! » Un conseil de pro aux<br />

candidats ? « Se mettre le public<br />

dans la poche. Avec le public derrière<br />

soi, on est optimisé, il nous<br />

pousse à sortir le meilleur de<br />

nous-mêmes. Et ne jamais perdre<br />

espoir. On l’a vu lors de la finale<br />

l’année dernière : il suffit d’une<br />

rime éblouissante pour effacer le<br />

reste d’un battle. À tout moment,<br />

il peut y avoir une fulgurance<br />

qui remet tout en cause. »<br />

« Si tu es subtil et<br />

drôle dans tes rimes,<br />

tout passe. »<br />

Quelles sont les limites d’une attaque<br />

en battle d’improvisation ?<br />

Le physique, les vêtements, la démarche,<br />

les histoires inventées, tout ça, c’est normal,<br />

c’est notre matière première. La<br />

limite, pour moi, c’est quand ça devient<br />

personnel. Quand l’adversaire frappe là<br />

où ça fait mal dans la vraie vie. Il faut être<br />

plus fort que l’autre, mais pas forcément<br />

le tuer. Ça ne sert à rien de lui dire que<br />

c’est une merde de manière brute. J’ai vu<br />

des clashs qui auraient pu partir en vrille<br />

à l’époque où le battle rap était moins<br />

connu et cantonné à des petites salles.<br />

À mes débuts, j’ai parfois joué dans des<br />

coupe-gorges où une rime qui ne passait<br />

pas, c’était un risque de bagarre. Mais si<br />

tu es subtil et drôle dans tes rimes, tout<br />

passe. De toute façon, en battle, si vous<br />

faites une rime à laquelle vous ne croyez<br />

pas, ça ne fera rire personne. Il faut être<br />

son premier fan.<br />

Existe-t-il des techniques pour clasher<br />

avec finesse ?<br />

Les comparaisons et les métaphores fonctionnent<br />

bien. Si vous comparez l’adversaire<br />

à un animal, et qu’il lui ressemble<br />

vraiment, ça marche, comme les références<br />

pop connues de tous. Mais c’est<br />

difficile : on doit déjà trouver des rimes<br />

et du sens, et seuls les meilleurs arrivent<br />

à placer des figures de style. Il est primordial<br />

aussi de réagir sur l’instant et retourner<br />

contre lui ce que l’adversaire vient de<br />

dire. Et il n’est pas conseillé d’avoir un<br />

schéma trop établi. Il faut laisser ouvert<br />

le champ des possibles.<br />

LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL<br />

Quelles sont les qualités nécessaires<br />

pour se lancer dans l’impro ?<br />

Il faut du vocabulaire. Quand j’enseignais<br />

le rap en MJC, je disais à mes élèves de<br />

lire beaucoup. Les livres sont des munitions<br />

pour le pistolet à rimes. Chercher<br />

ses mots, c’est un signe de faiblesse. Il<br />

faut aussi avoir un esprit de compétition,<br />

être sportif dans l’âme. Je ne l’étais pas<br />

du tout, mais c’est devenu une nécessité.<br />

Je n’y allais pas pour gagner, mais pour<br />

me persuader que j’étais fort.<br />

redbullderniermot.com<br />

41


L’odyssée<br />

de Perrine Fages<br />

Dans la galaxie de l’ultra distance, il y a PERRINE FAGES,<br />

genre hors-norme, femme inspirante. Nous avons suivi la<br />

Française au Qatar où elle travaille et s’entraîne, puis à<br />

Oman, sur son vélo, dans le dur, lors du Biking Man.<br />

Texte PATRICIA OUDIT<br />

Photos DOM DAHER<br />

Il y a rarement Perrine en<br />

la demeure. Trop occupée<br />

à s’entraîner, à parcourir<br />

le monde à vélo…<br />

42


« Lors de ma première<br />

sortie de 180 km à vélo,<br />

j’ai cru mourir ! »<br />

Zekreet, à 90 km de Doha.<br />

Un désert où Perrine Fages<br />

adore venir s’entraîner sur<br />

ce Gravel qu’elle maîtrise<br />

encore mal.


une enfilade de monolithes bruns que<br />

l’on dirait sortis tout droit de 2001 : l’odyssée<br />

de l’espace. En réalité, des sculptures de<br />

Richard Serra. Posées comme des apparitions<br />

dans le désert qatari, à 90 km au C’est<br />

nord de Doha. Un endroit propice aux rencontres du troisième<br />

type. Parce que Perrine Fages n’est pas ordinaire.<br />

Inclassable. Comme Zekreet, ce spot off road où elle aime<br />

venir pédaler ou courir, quand le soleil se lève et inonde le<br />

désert de ses chauds reflets. Son Gravel (monture hybride<br />

entre vélo de route, VTT et cyclosport) dans le coffre, elle<br />

vient faire une dernière révision de sa prochaine course<br />

qui contient des sections du même nom, c’est-à-dire, en<br />

bon français, des graviers, et sur lesquelles elle avoue et<br />

assume ne pas être à l’aise. « Jamais fait de VTT de ma vie,<br />

en Gravel, dans les descentes, je pleure ! »<br />

Perrine se lève souvent à 5 heures du matin pour tailler<br />

la route sur la Dukhan Highway, une six voies presque<br />

déserte en ce vendredi de prière, bordée par le cameldrome,<br />

où les robots maniant la cravache ont remplacé<br />

les enfants sur le dos des dromadaires, les droits de<br />

l’homme ont gagné sur ce point-là. Cela rappelle à Perrine<br />

deux choses : qu’elle aussi fut cavalière, sur des chevaux,<br />

trois ans en équipe de France junior de concours complet,<br />

et qu’elle aurait rêvé d’être défenseure des droits<br />

humains. Mais une fac de droit à Montpellier, une licence<br />

en Espagne, une maîtrise au Canada, et un doctorat en<br />

droit européen de la concurrence plus tard, son destin<br />

prend un autre virage. « Mon diplôme en poche, j’ai<br />

frappé à toutes les portes des organisations, ONU en tête,<br />

mais elles sont toutes restées fermées. J’ai dit très bien, je<br />

ne sauverai pas le monde… » À défaut, elle le parcourra.<br />

En attendant, ce sera école d’avocat à Versailles, huit ans<br />

passés à Paris dans un cabinet d’avocat américain. Le<br />

sport, à elle révélé lors de ses voyages étudiants, apparaît<br />

comme une échappatoire à la vie de sédentaire qu’elle<br />

subit et déteste. « Je voulais être en forme pour faire de la<br />

montagne. Alors j’ai commencé à courir, à faire des marathons<br />

: le vendredi soir, à l’heure de partir en week-end,<br />

mes patrons ne m’ont jamais vue autrement qu’avec un<br />

sac sur le dos … » Peu à peu, le petit ami d’alors s’évapore,<br />

à ce rythme-là, le sport impose un peu le célibat.<br />

45


Mains manucurées entre les cocottes, rester coquette : mitaines roses,<br />

cuissard assorti au maillot.<br />

Pourquoi vient-elle là, vit-elle là ? Après l’échappée<br />

dans la désertique Zekreet, c’est dans cette Doha,<br />

cité de bien des délires architecturaux, où l’eau<br />

turquoise à 22 °C n’accueille personne, pas plus que les<br />

trottoirs bordant les routes à quatre voies, que nous<br />

avons encore suivi Perrine. Depuis quatre ans, la jeune<br />

femme qui en a 39, y travaille comme juriste chez beIN<br />

Sport. Perrine, nous l’avions croisée il y a un an, dans la<br />

brume corse. Son maillot rose flashy tranchant sur le<br />

noir de l’asphalte. Sur le circuit Biking Man déjà (voir<br />

encadré page 51). Elle avait fini 2 e femme en 51 heures<br />

et 7 minutes de course, avalant les 700 km et 13 000 m<br />

de dénivelé sans moufeter. Trouvant le temps de nous<br />

en consacrer dans un bistrot de Bastia, après deux jours<br />

sans sommeil. Nous avions noté ses ongles impeccables,<br />

ses jambes tannées et fuselées par 14 000 km annuels,<br />

son sourire éclatant, légèrement goguenard.<br />

À Doha, chemise blanche sur pantalon noir, elle nous<br />

invite à la suivre jusqu’à son bureau où trônent moult<br />

coupes et médailles, trophées remportés lors de ses<br />

courses, triathlons, marathons, course de vélo longue<br />

distance. « Je suis venue au vélo il y a un an pour m’entraîner<br />

en ultra- distance dans le but de faire un Iron Man<br />

(un triathlon extrême, ndlr). Lors de ma première sortie<br />

de 180 km, moi qui n’avais jamais fait de vélo aussi longtemps,<br />

j’ai cru mourir !» Au mur, un planning de voyage<br />

dont elle détaille le flux tendu : « Tous les quinze jours,<br />

je m’organise un trip vélo, soit sur un week-end, là, vous<br />

voyez, j’ai la Turquie ou la Géorgie, à seulement 3,5 heures<br />

d’avion, soit sur quatre ou cinq jours : j’ai la chance d’avoir<br />

dix semaines de vacances. Le Qatar, ce n’est pas un<br />

hasard !» Sur le planning encore, il y a l’Ouganda. « Ce<br />

voyage m’a bouleversée. Tout ce que j’avais étudié en<br />

matière de droits de l’Homme notamment était sous mes<br />

Ici, vivre dans un palace<br />

coûte moins cher que de<br />

louer un appart.<br />

yeux et je le découvrais sur mon petit vélo… » On lui<br />

demande d’où lui vient cette énergie phénoménale, auraitelle<br />

bu, petite, la potion magique d’Astérix ? Elle sourit,<br />

botte en touche, n’a pas l’air de trouver cela anormal.<br />

Le soir, Perrine décide d’aller courir. On se demande<br />

si elle n’est pas la seule à se livrer à une activité sportive<br />

dans une ville où nous n’avons croisé aucun cycliste et<br />

encore moins de joggeurs. « Je vais vous emmener au<br />

seul endroit où l’on peut courir ici, à la corniche. Quand<br />

je veux faire du vélo, je vais à La Perle, le quartier des<br />

expatriés, le QG des cyclistes. On peut y faire une boucle<br />

de 20 km. » Un genre de Beverly Hills local que l’on<br />

croirait conçu pour tourner un épisode de Desperate<br />

Housewives. Ici, elle n’a pas de chez elle. Vit à l’hôtel.<br />

Même un palace avec salle de gym et bassin olympique<br />

coûte moins cher que de louer un appartement. À force,<br />

on lui fait des prix. Un choix stratégique. « Comme il n’y<br />

a pas grand-chose à faire et que je n’ai aucune obligation<br />

domestique, tout mon budget est consacré à mes courses<br />

et mes voyages. Le boulot, c’est 7-15 heures non-stop,<br />

pas de pause déjeuner. Je bosse, et après je suis libre.<br />

Ça me laisse du temps pour nager entre 17 et 18 heures,<br />

et le soir, je fais du renforcement musculaire avec deux<br />

coaches trois à quatre fois par semaine. Le soir, coucher<br />

à 23 heures. » Si l’on additionne, cela donne un mois à<br />

360 ° : 300 km de vélo + 50 km de course à pied + 10 km<br />

de natation. » Une drôle de vie. « Au début, j’en avais<br />

honte. Maintenant, j’assume. J’aime l’idée que j’ai deux<br />

valises. Et trois vélos ! »<br />

Perrine n’y voit rien que du pratique, rien de sacrificiel.<br />

Sans sponsor, hormis quelques équipements offerts<br />

par Rapha (dont le fameux maillot rose flashy) et 44 € de<br />

produits nutrition, elle se paie tout elle-même, les salaires<br />

d’ici lui permettent cette liberté qu’elle ne pourrait<br />

connaître ailleurs. Dans son emploi du temps bien réglé,<br />

le jeudi, quand elle n’est pas partie, est dévolu à la<br />

culture : expos, ciné. Avec quelques amis, même si le<br />

cercle est restreint, souvent entre expatriés, exclusivement<br />

dans la communauté sportive. « La première année,<br />

je me suis sentie très seule. Ça s’est amélioré depuis, je me<br />

suis fait quelques potes qataris, mais on n’est jamais invités<br />

chez eux. C’est ce sentiment d’isolement qui me fera<br />

un jour partir d’ici. » Dans sa chambre spacieuse, dont elle<br />

change régulièrement mais toujours avec accès piscine,<br />

une petite ambiance atelier : vélos tout carbone, pompes,<br />

recharges pour lumières, chaussures, casques et cuissards.<br />

Le matériel de base d’une ultra-cycliste. Dans le<br />

hall au luxe doré du palace, en cuissard et chaussures<br />

à cale-pied, madame Fages, il est vrai, détone un brin.<br />

« Les employés qui me connaissent tous me prennent<br />

pour une sorte de gentille folle. La plupart me suivent<br />

sur les réseaux sociaux, m’encouragent. » Et quand<br />

Perrine reste coincée, si, si, dans ses chaussures de vélo,<br />

les gens de la maintenance de l’hôtel accourent pour la<br />

désincarcérer. Et parfois aussi, lui réparer son hometrainer<br />

qui trône sur son balcon.<br />

La vie de famille, elle n’a pas encore fait une croix<br />

dessus, il est encore temps de faire la rencontre, d’avoir<br />

46 THE RED BULLETIN


Session running sur<br />

la corniche de Doha,<br />

un des rares endroits<br />

où l’on peut courir dans<br />

la capitale qatarie.<br />

Avec l’un de ses coaches, dans la salle de gym de l’hôtel où elle vit.<br />

Perrine s’y entraîne trois à quatre fois par semaine.<br />

Dans son bureau où elle est chargée des contrats juridiques de la chaîne<br />

beIN Sport. Derrière elle trônent moult trophées.<br />

THE RED BULLETIN 47


À Oman, la veille du Biking Man.<br />

Sur son vélo de contre-la-montre,<br />

la cycliste a vraiment l’air de<br />

s’amuser… pour l’instant !


Juste avant le CP 2, tableau<br />

biblique d’un campement<br />

nomade, bientôt camouflé par<br />

de violents vents de sable…<br />

des enfants. « Ce qui me rassure, c’est que je sais que je<br />

peux vivre et travailler n’importe où… Après, une relation<br />

c’est beaucoup de contraintes… »<br />

Le soir, au restaurant de l’hôtel, la veille de s’envoler<br />

pour Mascate, la capitale d’Oman pour le Biking<br />

Man du même nom, à une heure et demi d’avion,<br />

Perrine stresse un peu. En étudiant la carte du tracé sur<br />

son ordinateur, les interminables langues de bitume sur<br />

lesquelles il lui faudra rouler vraisemblablement de nuit<br />

comme de jour, dans le chaud et le froid, elle se souvient<br />

du gros épouvantail : cette montée infernale du Djebel<br />

Shams, le point culminant du pays (3 009 m), l’un des<br />

cols les plus durs au monde. Pour avoir couru Oman l’an<br />

dernier, elle en a encore un petit goût de frustration dans<br />

la bouche : « Je m’étais inscrite pour préparer l’Enduro-<br />

Man (nous y reviendrons, ndlr) parce qu’il fallait que je<br />

bouffe du kilomètre. Oman, c’est un pays que j’adore,<br />

où je vais souvent pour faire de la montagne, parce qu’ici<br />

au Qatar, c’est plat. Une copine voulait participer et on<br />

a décidé de le faire en équipe. Mais elle ne s’était pas<br />

entraînée. Elle a jeté l’éponge à la moitié. J’ai fini seule,<br />

donc pas classée. Et dégoûtée. Mais j’ai eu au passage une<br />

véritable révélation : pendant que ma partenaire vivait<br />

l’enfer, je roulais seule sous la lune du désert, le bruit<br />

des vagues… Et ce milieu composé de gens tellement<br />

intéressants, qui ont tous des histoires de fou… » Voilà<br />

pourquoi Perrine qui, bon fond d’endurance aidant, progresse<br />

vite à vélo, décide de signer à nouveau. Et aussi<br />

parce que le format lui plaît. « C’est une course intelligente<br />

qui permet à chacun de faire sa stratégie, de découvrir<br />

la diversité d’un pays à son rythme. Et où, malgré le<br />

cadre, il y a de l’aventure : sur l’épreuve de Taïwan, j’ai<br />

cassé mon vélo, je me suis perdue. C’était fantastique ! »<br />

Dans le monde de l’ultra, la notion de bonheur est<br />

étrange. Incompréhensible. Entre-temps, Perrine, jamais<br />

rassasiée, l’avait cherché et trouvé dans une quête<br />

ultime, en août dernier. Dans cet EnduroMan, triathlon<br />

extrême (voir palmarès page 52), reprenant le record à<br />

Marine Leleu, l’Insta-runneuse de dix ans sa cadette. Une<br />

course épique où, à sa première tentative, l’athlète s’était<br />

brûlée au 2 e degré à cause du maillot qu’elle avait eu le<br />

« À Taïwan, j’ai cassé<br />

mon vélo, me suis perdue.<br />

C’était fantastique ! »<br />

THE RED BULLETIN 49


Djebel Shams, sommet<br />

d’Oman. Un pied à terre<br />

dans 19 ° quand on a un<br />

vélo de contre-la-montre :<br />

pas vraiment anormal.


Biking Man<br />

Créé en 2017, ce circuit<br />

d’exploration cycliste<br />

sans assistance est<br />

composé de six<br />

épreuves à travers le<br />

monde (Oman, Corse,<br />

Laos, Pérou, Portugal,<br />

Taïwan). Axel Carion,<br />

son organisateur, vise<br />

trois types de public :<br />

« Ceux qui jouent le<br />

chrono, ceux qui<br />

tentent la place et<br />

ceux qui veulent<br />

finir. »<br />

bikingman.com<br />

Oman<br />

DÉPART<br />

Barka<br />

ARRIVÉE<br />

Mascate<br />

51


À bout de souffle, de<br />

cuisses, Perrine mange<br />

son pain noir dans la<br />

seule mais impitoyable<br />

ascension de la course.<br />

Arche gagnée<br />

Sommets himalayens,<br />

marathons, triathlons,<br />

Iron Man, Biking Man…<br />

Perrine est une<br />

stakhanoviste de<br />

l’ultra- distance. Son<br />

plus gros exploit à ce<br />

jour : avoir battu le<br />

record de l’EnduroMan<br />

ou Woman plutôt,<br />

aussi connu sous le<br />

nom de Arch 2 Arc.<br />

Soit 140 km de course<br />

à pied de Londres<br />

(sous Marble Arch)<br />

à Douvres, 34 km de<br />

natation (traversée<br />

de la Manche, jusqu’à<br />

Calais) et 289 km<br />

de vélo jusqu’à Paris<br />

(arrivée sous l’Arc<br />

de Triomphe). En<br />

août dernier, Perrine<br />

bouclait le tout en<br />

67 heures et 21 minutes.<br />

On ne comptait<br />

alors que 34 finishers.<br />

tort d’enfiler sous sa combinaison. Elle souviendra<br />

à jamais du « type en slip » qui valide sa traversée de la<br />

Manche, « les gens en train de bronzer sur la plage de<br />

Calais, et moi qui pleure en disant : “Je ne suis pas une<br />

nageuse !” » Improbable, mais elle a bien vu un yack<br />

à vélo sur la Côte d’Opale. Tout est donc possible.<br />

Mascate, veille du départ du Biking Man Oman.<br />

Au check du matériel où tout le monde s’étonne<br />

qu’elle ait choisi un vélo de contre-la-montre pour<br />

faire la boucle de 1 000 km (et 7 200 m de dénivelé),<br />

Perrine répond stratégie : « Le parcours est majoritairement<br />

plat. Je sais que je vais en baver dans le Djebel<br />

Shams. Mais que je pourrai réparer plus facilement en cas<br />

de souci mécanique. C’est un choix, il n’y a pas de vélo<br />

parfait pour cette course. » La nuit sera courte, comme<br />

l’heure de départ : trois heures du matin. Sommeil bref<br />

mais réparateur, Perrine dort peu mais généralement bien.<br />

En duo avec l’un des aînés de la course, Jacques Barge, dans les longues<br />

et belles lignes droites serties dans les vallées.<br />

52 THE RED BULLETIN


Chute, ambulance. Clavicule cassée après un soleil en bas du col.<br />

Game over. Mais ce n'est que partie remise.<br />

« La fracture du cycliste.<br />

Je peux faire partie du<br />

clan maintenant ! »<br />

Son maillot rose fluo flashe dans la nuit, on ne voit qu’elle,<br />

non loin du regard de killer de Rodney Soncco, le futur<br />

vainqueur de l’épreuve en, tenez-vous bien aux cocottes de<br />

frein, 38 heures et 17 minutes. Elle, elle vise les 54 heures,<br />

soit une allure de 20 km/h. Dans son bureau de Doha,<br />

Perrine nous avait avoué qu’elle avait fini l’année 2018<br />

sur l’Ultra- Trail d’Oman en décembre, un peu fatiguée.<br />

Et puis, janvier, encore des courses à pied de 100 km, des<br />

trips vélo de cinq jours… « Pas eu le temps de consacrer<br />

un entraînement suffisant, 300 km par semaine, ce n’est<br />

pas assez. Et l’année dernière, je n’ai fait que nager. »<br />

Trop tard pour y penser sur la ligne. AC/DC, au son<br />

de TNT, c’est parti. Axel Carion l’organisateur du circuit,<br />

évidemment ultra-cycliste de toute son âme, est aux<br />

anges. Le peloton s’étire dans la tiédeur de la nuit. Montagnes<br />

ocres, palmeraies, villages blancs et roses. Le jour<br />

vient de se lever sur Oman. Beau pays. Vallonné, fauxplats<br />

qui cassent les jambes d’emblée. Si Perrine se retournait,<br />

elle verrait se découper des pics marbrés en ombres<br />

chinoises. Rapidement, la cycliste en rose joue au contrela-montre,<br />

50 km/h aérodynamiques en compagnie d’un<br />

des aînés de la course, Jacques Barge, 67 ans, comme un<br />

pied de nez aux critiques de la veille. À la pause, Perrine<br />

remet en place son cuissard, la coquette veut éviter les<br />

doubles marques disgracieuses de bronzage, et parle de<br />

cette douleur qui s’éteint vite : il suffit d’être concentrée.<br />

Dormir ? Peut-être quelques minutes. Le temps d’un de<br />

ces power naps, siestes expresses : en Corse, elle avait bien<br />

réussi à s’endormir près des tombes d’un cimetière, roulée<br />

en boule dans sa couverture de survie. Tout est décidément<br />

possible avec Perrine.<br />

Djebel Shams. Un geai bleu roi passe au-dessus de<br />

nos têtes, mais de la petite falaise, c’est le rose flashy du<br />

maillot de Perrine que l’on attend. Il est 15 h 40, Rodney<br />

Soncco redescend déjà, deux heures seulement pour<br />

avaler les 26 km d’ascension, quand ses poursuivants<br />

sont à peine montés. Sous le cagnard des 31 °C de ce<br />

mois de février, des hallucinations se font jour. L’on croit<br />

voir du rose partout. Enfin, le seul, le vrai apparaît. Elle<br />

roule tant qu’elle peut, mais au plus fort des 19 ° de la<br />

pente, où même les plus affûtés des grimpeurs zigzaguent,<br />

Perrine met un pied à terre. Maudit son vélo<br />

de contre-la-montre. Pleure de rage. Cramée. Loin d’être<br />

la seule. 20 h 20, elle arrive au CP1, km 357, un bon tiers<br />

de la course dans la musette, en compagnie de Stéven<br />

Le Hyaric, aventurier connu pour sa traversée à vélo de<br />

l’Himalaya. Les cale-pieds usés à force d’avoir marché<br />

dessus, mais la jeune femme, malgré tout heureuse de<br />

sa journée, reste optimiste : il n’y a rien que le Tape, le<br />

fameux adhésif, ne répare. Deux heures de repos par<br />

10 °C, puis c’est reparti. Descente dans la nuit froide.<br />

Mais elle aime ça, les descentes.<br />

Trois heures du matin. Un texto. « Hello, ça va ? J’ai<br />

eu un petit accident. » On commence à les connaître, les<br />

euphémismes de la dure au mal. Un de ces dos d’âne,<br />

si fréquents dans le pays, sur le plat, en bas du Djebel<br />

Shams, vient de ruiner les espoirs de la cycliste. Soleil<br />

au-dessus du guidon. Stéven est resté, en bon copain<br />

ange-gardien. On les retrouve tous deux sur des marches,<br />

recouverts d’une couverture de survie (décidément) pour<br />

se protéger du froid. L’ambulance appelée, nous filons<br />

plein pot dans les rues désertes de Barka, direction l’hôpital,<br />

au son du muezzin. Le verdict tombera plus tard :<br />

clavicule cassée. « La fracture du cycliste. Je peux faire<br />

partie du clan maintenant ! », plaisante-t-elle, malgré son<br />

énorme déception. À croire qu’Oman loge en son sein<br />

une malédiction. Sa course n’aura duré que 24 heures.<br />

Perrine restera sur le parcours, l’épaule dans une attelle,<br />

dans notre voiture, à l’abri de la tempête de sable juste<br />

avant le CP 2 km 757, et sa mer émeraude. Elle ne s’immiscera<br />

pas entre les flancs ocres du Wadi Maih, qui font<br />

des trente derniers kilomètres une pure magie. Ne finira<br />

pas. Oui, cela aussi peut se passer avec Perrine.<br />

De retour à Doha, les regrets sont vite oubliés.<br />

Quelques jours seulement après s’être fracturé la clavicule,<br />

la jeune femme nous envoyait une photo : elle,<br />

allongée dans une salle de gym en pleine séance d’abdos,<br />

le bras en écharpe. « Propension à récupérer très vite » :<br />

elle nous avait prévenus. Prête à repartir vers de nouvelles<br />

aventures au Pakistan, à courir le long du glacier<br />

Hopper dans la vallée de Hunza, à oser pédaler dans un<br />

pays où faire du vélo quand on est une femme est une<br />

révolte réprimée. À rêver d’une route perchée à 5 800 m,<br />

sur une zone militaire entre le Pakistan et l’Inde, de passer<br />

par le Chemin des Pèlerins au Tibet pour y accéder.<br />

Tout un symbole. Sûrement, à terme, arrêter les courses.<br />

Prouver qu’en sillonnant librement le monde, affranchie<br />

des tracas féminins du quotidien, sans chez-soi véritable,<br />

avec le courage de n’écouter que ses envies, malgré les<br />

blessures, les brûlures, que oui, tout est possible.<br />

Instagram : @perrinefage<br />

Merci à Oman Air pour son soutien logistique.<br />

THE RED BULLETIN 53


À l’heure d’internet et<br />

des spoilers, comment<br />

réussir à surprendre<br />

son public ? SECRET<br />

CINEMA vous ouvre<br />

(presque) ses portes...<br />

Texte TOM GUISE


L’Empire contre-attaque,<br />

Printworks (2015)<br />

« Nous ne voulions pas que le public<br />

apprenne l’existence du X-Wing, raconte<br />

Andrea Moccia, l’un des producteurs du<br />

Secret Cinema. Il a donc décollé d’un endroit<br />

gardé secret, a tiré un mini feu d’artifice<br />

dans l’énorme structure, s’est posé, et<br />

Luke Skywalker en est sorti. Je n’ai jamais<br />

vu tant de quinquas aussi heureux. »<br />

SECRET CINEMA/MIKE MASSARO<br />

C’ÉTAIT UN<br />

SECRET<br />

55


Àl’intérieur d’un entrepôt gigantesque<br />

de 6000 m², dans un<br />

lieu (tenu secret) à Londres,<br />

l’agitation est à son comble. On<br />

termine fébrilement un décor<br />

gigantesque qui ressemble à…<br />

Les comédiens répètent au<br />

milieu d’une reconstitution<br />

surprenante des ruelles de… Un homme qui<br />

ressemble étrangement à Daniel Craig se<br />

promène au milieu d’eux, scrutant son environnement<br />

d’un regard sombre. Il est suivi de<br />

près par Barbara Broccoli, productrice des derniers<br />

films de la série des James Bond. Cette<br />

scène a pu se produire ou non ; nous ne pouvons<br />

pas vraiment vous le dire, car la première<br />

règle du Secret Cinema est de ne rien dire à<br />

personne.<br />

La seconde règle : s’immerger. C’est ce que<br />

font des centaines de milliers de personnes<br />

depuis une douzaine années, avec la naissance<br />

de Secret Cinema. En payant votre billet,<br />

vous faites la promesse de garder le secret.<br />

On vous dit comment vous habiller et où vous<br />

rendre à une heure et un jour précis. Il est<br />

interdit d’apporter son smartphone et de<br />

prendre des photos. Vous vivrez l’une des<br />

expériences les plus incroyables de votre vie.<br />

En 2012, Andrea Moccia assistait à Secret<br />

Cinema presents <strong>The</strong> Shawshank <strong>Red</strong>emption.<br />

Il fut convoqué dans une bibliothèque puis<br />

conduit vers une salle d’audience improvisée.<br />

« Le juge m’a condamné pour un crime que<br />

je n’avais pas commis, se souvient-il. Les<br />

policiers m’ont embarqué dans un fourgon<br />

aux vitres noircies qui m’a emmené dans<br />

une école transformée en prison où d’autres<br />

membres du public me criaient dessus. On<br />

m’a déshabillé, mis un uniforme de prison et<br />

enfermé dans une cellule. Je suis parti cette<br />

nuit-là en me disant que ces gens-là étaient<br />

complètement fous, et qu’il fallait absolument<br />

que je travaille avec eux. » Il est aujourd’hui<br />

l’un des producteurs de Secret Cinema. « La<br />

première production sur laquelle j’ai bossé<br />

était Brazil, dit Moccia. Le premier jour,<br />

j’entre dans l’immeuble transformé et je<br />

me retrouve coincé dans un ascenseur avec<br />

Terry Gilliam (le réalisateur, ndlr). Ce fut<br />

mon baptême du feu. »<br />

C’est une expression appropriée pour tous<br />

ceux qui font l’expérience de leur premier<br />

Secret Cinema – une aventure de six heures<br />

où vous pénétrez l’univers d’un film reconstitué<br />

avec un récit qui se déroule jusqu’à ce qu’il<br />

atteigne son point culminant : le moment où<br />

le film commence. L’année dernière, lorsque<br />

Secret Cinema adapte Roméo + Juliette tourné<br />

en 1996 par Baz Luhrmann, et recrée le<br />

paysage de Verona Beach pour 5 000 spectateurs<br />

chaque soir, avec des chorales, des voitures<br />

de police et un bal masqué au manoir<br />

Capulet, le cinéaste décrit l’expérience comme<br />

« une toute nouvelle forme d’expression artistique<br />

». Cet art fait appel à ce que Secret<br />

Cinema appelle des « moments miroirs » alors<br />

que des comédiens reconstituent des scènes en<br />

parfaite synchronisation avec l’action à l’écran.<br />

Le public a auparavant la possibilité de rencontrer<br />

ces personnages dans leur aventure.<br />

Pour un événement de la taille de<br />

Roméo + Juliette, Susan Kulkarni, responsable<br />

des costumes, comptait sur une équipe de<br />

trente personnes travaillant avec environ<br />

700 costumes. « Les acteurs se changent plusieurs<br />

fois dans la soirée, on déguise le personnel<br />

du bar, la sécurité et même l’équipe de<br />

nettoyage, parce qu’une personne dont les<br />

habits détonent avec le reste suffit à rompre le<br />

charme. » Kulkarni doit aussi tenir compte de<br />

l’apparence du public. Après que le spectateur<br />

a acheté son billet, on lui assigne un personnage<br />

et on lui propose des suggestions d’habillement.<br />

« Pour Les Évadés, nous avons eu besoin<br />

de 1 200 uniformes de prison. J’ai trouvé un<br />

type qui possédait des uniformes de prison<br />

norvégiens des années 40 dans son garage.<br />

Le public se sentait partie intégrante de cet<br />

Brazil, Croydon<br />

(2013)<br />

« Le héros a dû sauter<br />

d’une tour en rappel<br />

avec d’énormes ailes,<br />

mais il semblait voler,<br />

dit Susan Kulkarni, la<br />

responsable des costumes.<br />

Nous n’avons<br />

eu que quelques jours<br />

pour créer les ailes. »<br />

SECRET CINEMA/HANSON LEATHERBY<br />

56 THE RED BULLETIN


La première règle<br />

de Secret Cinema est<br />

de ne rien dire. La<br />

seconde : s’immerger.<br />

Docteur Folamour, Printworks (2016)<br />

Après L’Empire contre-attaque, l’adaptation de la satire de<br />

Stanley Kubrick a ramené le concept du secret quant au<br />

film choisi. La projection a eu lieu dans le centre de crise,<br />

pour un public en uniforme militaire. « L’idée était de créer<br />

un sommet, dit Riggall, fondateur de Secret Cinema. Afin<br />

que le spectateur se sente comme un dirigeant du monde. »


univers parce qu’il portait une véritable tenue<br />

d’époque. » En 2009 lorsque Kulkarni se joint<br />

à Secret Cinema, c’est pour une représentation<br />

unique du film des Marx Brothers, Une nuit<br />

à l’opéra. « On avait des costumes pour la première<br />

fois. J’étais seule, j’avais deux jours pour<br />

habiller quarante personnes, se souvient-elle.<br />

Un grande type est venu demander son costume.<br />

J’ai composé une tenue et comme je n’ai<br />

pas paniqué, j’ai reçu un appel pour rejoindre<br />

la compagnie. » Le grand type, c’était Fabien<br />

Riggall, le fondateur de Secret Cinema.<br />

L’idée est venue à Riggall alors qu’il était<br />

enfant et vivait au Maroc, dans les<br />

années 80. « J’avais onze ans. Je suis<br />

allé dans un cinéma miteux de Casablanca<br />

sans savoir ce qu’on y présentait.<br />

C’était Il était une fois en Amérique de Sergio<br />

Leone, un film dément avec une bande sonore<br />

épique d’Ennio Morricone. Le protagoniste,<br />

Noodles, était amoureux de Deborah, interprétée<br />

par Jennifer Connelly. Je me suis laissé<br />

transporter et je suis devenu Noodles. »<br />

En 2003, Riggall lance un festival de courts<br />

métrages, Future Shorts. « Un ami avait un<br />

bunker souterrain. J’y ai organisé une soirée :<br />

douze courts métrages, un DJ set. » L’idée a<br />

évolué vers Future Cinema qui présentait<br />

des longs métrages dont le film d’horreur<br />

Nosferatu de 1922 au club SeOne de Londres.<br />

« Nous n’avons révélé ni le titre du film ni le<br />

lieu ; je pensais que ça ne se vendrait pas,<br />

mais on a reçu 400 personnes. » Il teste une<br />

adaptation immersive de Metropolis de Fritz<br />

Lang. « Le concept ? Comment rendre cela<br />

plus réel. Nous voulions jouer avec le mystère.<br />

» En 2007, place à Secret Cinema, avec<br />

« Paranoid Park de Gus Van Sant qui raconte<br />

l’histoire d’un skateur accusé de meurtre.<br />

Nous l’avons fait dans des tunnels sous le pont<br />

de Londres, remplis de rampes et de halfpipes<br />

et le public est devenu la communauté<br />

de skateboardeurs dans cette cachette, avec<br />

des enquêtes policières mises en scène ».<br />

L’ampleur et l’ingéniosité des événements<br />

grandissent d’année en année : Alien, Lawrence<br />

d’Arabie, SOS Fantômes. Ils se font connaître<br />

grâce au bouche-à-oreille et les participants<br />

gardent farouchement le secret. « Je pense<br />

qu’il y a un réel désir d’échapper à une existence<br />

vide de sens où tout le monde est visible<br />

« Les gens veulent vivre<br />

des expériences qui les<br />

transportent ailleurs<br />

et les dépassent. »<br />

58 THE RED BULLETIN


SECRET CINEMA/HANSON LEATHERBY<br />

28 jours plus tard, Printworks (2016)<br />

Les participants devaient se présenter à l’hôpital<br />

en blouse pour une vaccination de routine, mais<br />

ils se sont réveillés dans une reconstitution détaillée<br />

du film d’horreur zombie de Danny Boyle<br />

réalisé en 2002, avec de la nourriture et des cocktails<br />

et dans une rave gorgée de sang. Les « patients<br />

» ont regardé le film depuis un lit d’hôpital.<br />

THE RED BULLETIN 59


et tout est prévisible, dit Riggall. Dans un<br />

monde accro à l’information, cette idée du<br />

secret est cruciale, on ne peut ni cliquer pour<br />

le trouver, ni le télécharger. »<br />

L’engagement du public est fondamental.<br />

« La première fois qu’on a vraiment demandé<br />

au public de participer, ce fut pour Lawrence<br />

d’Arabie en 2010, dit Kulkarni. Nous avons<br />

reconstitué un souk. Les spectateurs devaient<br />

apporter des objets à troquer, les échanges<br />

ont même commencé dans le métro, avant<br />

leur arrivée. Nous avions des tentes de<br />

bédouins, des chameaux et des chevaux. »<br />

En 2014, Secret Cinema réalise son projet<br />

le plus ambitieux avec Retour vers le<br />

futur : une reconstitution de Hill Valley,<br />

la ville du film. « Les spectateurs pouvaient<br />

s’écrire des lettres, les facteurs les<br />

distribuaient dans l’établissement, raconte<br />

Kulkarni. Chaque maison disposait d’un<br />

téléphone pour appeler les autres maisons. »<br />

Mais l’ampleur du projet s’avère trop importante<br />

; le spectacle n’est pas prêt à temps et la<br />

première soirée est annulée. Une catastrophe<br />

vite rattrapée. Le spectacle reçoit finalement<br />

des critiques dithyrambiques et bénéficie<br />

même d’une intervention divine. Un soir,<br />

à 23 heures, un orage inattendu s’abat sur<br />

la ville. « Tous les costumes étaient trempés,<br />

dit Kulkarni. Nous avons dû trouver un<br />

moyen pour nettoyer et sécher 600 costumes<br />

en douze heures. Une cabine entière a été<br />

surchauffée et on y a tout mis à sécher. » Si<br />

Retour vers le futur fut une leçon d’ambition<br />

non tempérée, rien n’en a paru ; l’année suivante,<br />

Secret Cinema passe un cran au-dessus<br />

avec L’Empire contre-attaque. « Il a fallu un<br />

an de discussion avec huit représentants de<br />

Lucasfilm à la société de production Bad<br />

Robot, de Disney à la Fox, explique Riggall.<br />

Roméo +<br />

Juliette,<br />

Gunnersbury<br />

Park (2018)<br />

Lié au thème de la violence<br />

chez les jeunes,<br />

le spectacle a travaillé<br />

avec l’association caritative<br />

MAC-UK. « Nous<br />

avons fait venir Loki,<br />

rappeur et activiste,<br />

pour sensibiliser les<br />

gens aux attaques au<br />

couteau », dit Bennett.<br />

Retour vers le futur,<br />

Printworks (2014)<br />

« Un article de l’Evening Standard<br />

affirme que nous avons modifié la<br />

façon dont les gens s’habillaient cet<br />

été-là, et que les femmes se sont<br />

mises à porter des robes années 50,<br />

dit Kulkarni. Coïncidence ou effet<br />

subliminal ? C’est génial de penser<br />

qu’un événement culturel va influencer<br />

ce que les gens portent. »<br />

Kathy Kennedy, la présidente de Lucasfilm,<br />

nous a soutenus. En tant que productrice<br />

exécutive de Retour vers le futur, elle a été<br />

impressionnée par ce que nous faisions.<br />

Nous avons trouvé une vieille usine à journaux<br />

pour construire Star Wars. »<br />

« C’était une ancienne imprimerie<br />

impropre à une représentation avec des spectateurs,<br />

poursuit Moccia au sujet de l’édifice<br />

qui est maintenant la boîte de nuit Printworks<br />

à Londres. Nous l’avons transformée pour<br />

trois productions : L’Empire contre-attaque,<br />

Docteur Folamour et 28 jours plus tard. »<br />

« Je voulais construire un gigantesque<br />

Secret Cinema permanent, dit Riggall. Nous<br />

y avons investi beaucoup de travail et beaucoup<br />

d’argent, mais je connais les gars qui ont<br />

créé Printworks, et ils sont bien. » Pour lui, la<br />

contribution de Secret Cinema aux bâtiments<br />

qu’il habite dans le cadre d’une utilisation<br />

temporaire est positive. « J’aime l’idée que des<br />

gens en train de danser sur le set d’un DJ, en<br />

pleine nuit, se disent : “Mince, c’est pas ici que<br />

le X-Wing est passé au-dessus de ma tête ?” »<br />

Après le succès foudroyant de L’Empire<br />

contre-attaque, de nouveaux horizons<br />

s’ouvrent. Comme pour Blade Runner, présenté<br />

l’an dernier, qui comprend la construction<br />

d’un Los Angeles du futur avec un système<br />

de pluie intérieur pour 86 soirées.<br />

« Nous avions une énorme piscine sous le<br />

plancher reliée à un système en circuit fermé<br />

qui récoltait l’eau pour la pomper vers le<br />

plafond, explique Moccia. Voir tout le monde<br />

ouvrir son parapluie, sous les néons, c’était<br />

comme être à Shibuya par une nuit pluvieuse.<br />

» Chaque membre de Secret Cinema<br />

a son moment préféré. Pour Bennett, initialement<br />

un DJ devenu le responsable de la<br />

SECRET CINEMA/CAMILLA GREENWELL, © 1996 TWENTIETH CENTURY FOX FILM CORPORATION. ALL RIGHTS RESERVED<br />

60 THE RED BULLETIN


musique, c’était « en 2015. Quand nous<br />

sommes allés au camp de réfugiés de Calais.<br />

C’était la semaine où le petit Alan Kurdi<br />

(Syrien âgé de trois ans, ndlr) a été retrouvé<br />

mort sur une plage de Turquie. Fabien a<br />

insisté pour que nous organisions une manifestation<br />

culturelle pour dénoncer le mauvais<br />

traitement des habitants du camp. Nous avons<br />

emmené Afrikan Boy, un rappeur londonien<br />

d’origine nigériane qui thématise la politique<br />

mondiale et l’immigration dans ses chansons.<br />

Nous avons monté un écran et présenté un<br />

film de Bollywood aux familles du camp. »<br />

« Ils étaient des milliers à ne pas avoir de<br />

maison et à penser ne pas avoir d’avenir. Le<br />

film a eu un impact positif sur eux, cela leur<br />

a redonné de l’espoir. Par la suite, nous avons<br />

collecté des fonds pour développer le projet.<br />

Sauf qu’avec les attentats de Paris et Manchester,<br />

le paysage politique a changé. »<br />

SECRET CINEMA/LUKE DYSON/FRASER GILLESPIE<br />

La sensibilisation aux questions sociales<br />

est peut-être la qualité la plus originale<br />

de Secret Cinema : « Cette année, avec<br />

Casino Royale, le James Bond, nous travaillons<br />

avec Calm, une association de bienfaisance<br />

qui sensibilise les gens à la santé<br />

mentale et au suicide masculin. Le film est<br />

très ouvert sur ce que vit 007 et il est intéressant<br />

de permettre que cela fasse partie de<br />

l’histoire. Un seul geste peut changer votre vie<br />

et parfois, on doit son salut à la culture. Pour<br />

moi, c’était le cinéma. Il est important de<br />

créer des expériences qui peuvent devenir un<br />

vecteur de changement. » Casino Royale est<br />

le premier Secret Cinema pour lequel Riggall<br />

a délégué le contrôle, passant les rênes au<br />

metteur en scène Angus Jackson. « Ce sera<br />

notre plus grand spectacle en salle, deux fois<br />

plus grand que Blade Runner, annonce Jackson.<br />

1 500 personnes par nuit, cinquante<br />

artistes. » C’est aussi le début d’un partenariat<br />

plus étroit avec les créateurs de films. « Quand<br />

il a réalisé Casino Royale, il nous a expliqué<br />

qu’il regardait dans l’objectif de la caméra en<br />

se demandant si ça avait l’air authentique. Et<br />

quand ça l’était, il filmait. »<br />

Jackson, astucieusement, ne révèle rien<br />

du spectacle qui sera programmé sur plusieurs<br />

dizaines de dates entre le 6 juin et le<br />

22 septembre. Il mentionne tout de même que<br />

Sébastien Foucan, fondateur du freerunning,<br />

jouera le rôle du poseur de bombe Mollaka<br />

dans la scène d’ouverture de Casino Royale<br />

« On arrive à un point<br />

où les spectateurs sont<br />

les comédiens. »<br />

Moulin Rouge, Printworks<br />

(2017)<br />

« Les acteurs et l’équipe étaient<br />

comme une famille, dit Moccia. Les<br />

attentats à la bombe de Manchester<br />

et l’attaque terroriste de Westminster<br />

ont eu lieu pendant les<br />

représentations. On a fait chanter<br />

le public pendant <strong>The</strong> Show Must<br />

Go On. C’était très émouvant.<br />

J’en ai les larmes aux yeux. »<br />

Mademoiselle,<br />

Troxy (2017)<br />

« On a eu la salle à<br />

5 heures du matin, le<br />

spectacle avait lieu le<br />

soir même, dit Bennett.<br />

Suivant à la lettre le<br />

récit de l’oncle tyrannique<br />

où personne n’a le<br />

droit de parler, les spectateurs<br />

ont fait vœu de<br />

silence. Ils ont adoré. »<br />

à Madagascar, et il promet que chaque spectateur<br />

aura la possibilité de vivre son fantasme<br />

james- bondesque. « Spielberg dit que nous<br />

allons au cinéma pour voir des gens faire les<br />

choix que nous ne ferions pas dans la vraie<br />

vie. Nous, nous mettons ces choix entre les<br />

mains du public. On arrive à un point où les<br />

spectateurs sont les interprètes. C’est ça, un<br />

spectacle Secret Cinema. »<br />

Fabien Riggall, le fondateur et maître du<br />

secret, est très ouvert sur certains projets. Il<br />

l’imagine à l’échelle mondiale. « Nous avons<br />

fait des teasers à Berlin et New York. Je pense<br />

que les gens, partout dans le monde, veulent<br />

vivre des expériences mystérieuses. Aux États-<br />

Unis, le cinéma fait partie intégrante de la<br />

culture du pays. Exporter ces expériences dans<br />

un pays où des villes entières se transforment<br />

au moment de la fête d’Halloween peut être<br />

passionnant. Et comment traduire ça dans<br />

les endroits où l’on ne parle pas anglais ? »<br />

Quant aux films qu’il aimerait encore<br />

monter : « Titanic. La richesse de ce monde<br />

pourrait être énorme. La question est de<br />

savoir comment le construire, le couler et<br />

le remettre en place tous les soirs. J’ai toujours<br />

voulu faire un Secret Cinema dans un<br />

train aussi. Et E.T., pour que tout le monde<br />

se rende dans une forêt en BMX, soit attaché<br />

à des câbles, survole l’écran, et disparaisse<br />

à jamais. » Riggall plaisante sûrement, mais<br />

il y a un projet qu’il prend au sérieux : « Il était<br />

une fois en Amérique, sous le pont de Brooklyn.<br />

Transformer un quartier de Brooklyn<br />

en New York de la prohibition, avec Morricone<br />

et un orchestre live. Je vais certainement<br />

proposer cela au maire de New York. À mon<br />

avis, c’est possible… »<br />

tickets.secretcinema.org<br />

THE RED BULLETIN 61


NUBYA GARCIA<br />

Nouveau<br />

souffle<br />

Cette saxophoniste de jazz<br />

canalise la culture sound<br />

system pour les foules des<br />

festivals et les dancefloors.<br />

Texte LOU BOYD<br />

Photo ADAM JALLOH<br />

Lors du passage de Nubya Garcia au<br />

Village Underground de Londres en mars<br />

dernier, le concert affichait complet, la<br />

queue de fans faisait le tour du bâtiment.<br />

La musicienne de 28 ans originaire de<br />

Camden dans le nord de la capitale anglaise<br />

n’est ni une DJ de renom ni une artiste<br />

indie connue (l’apanage de cette salle<br />

de mille places), c’est une saxophoniste de<br />

jazz, un genre considéré par certains<br />

comme « difficile » et peu accessible. Et<br />

bien que sa musique nous fasse danser,<br />

Garcia ne craint pas d’emprunter des avenues<br />

modales et improvisées. La compositrice<br />

a pour instrument privilégié le saxophone<br />

ténor ; elle est l’une des chefs de<br />

file de la scène jazz internationale actuelle<br />

et fait partie d’une génération de<br />

jeunes artistes qui jouent une musique<br />

bien différente des standards surjoués<br />

que l’on entend dans les clubs poussiéreux.<br />

Ses compostions épousent parfaitement<br />

les attentes groovy des dancefloors<br />

moites des boîtes de nuit. « Mon univers<br />

musical tourne autour de la musique<br />

dance et la culture du sound system,<br />

précise Garcia. On a oublié qu’à l’origine,<br />

le jazz était une musique pour danser. »<br />

Garcia raconte comment elle canalise<br />

l’énergie de la culture des clubs dans ses<br />

concerts et ce que cela fait d’être l’une<br />

des nouvelles artistes les plus en vue sur<br />

une scène en pleine renaissance…<br />

the red bulletin : Est-ce que jouer de<br />

la musique a toujours constitué une<br />

part importante de votre vie ?<br />

nubya garcia : D’aussi loin que je me<br />

souvienne. J’ai commencé à jouer du<br />

saxophone ténor à l’âge de dix ans mais je<br />

lisais la musique dès mes cinq ans. Avant<br />

le saxo, c’était le piano, le violon, l’alto…<br />

Je n’ai jamais eu l’intention de faire de la<br />

musique pour toujours, c’est juste arrivé.<br />

Camden est plus connu pour sa scène<br />

indie-rock. Était-ce inhabituel dans ce<br />

quartier d’être une adolescente qui<br />

joue du jazz ?<br />

Bien sûr. Je n’étais pas attirée par la musique<br />

indie quand j’étais enfant mais je ne<br />

m’intéressais pas non plus à la musique à<br />

succès ni à la pop. Nous avions plein de<br />

vieux disques à la maison mais mes goûts<br />

musicaux venaient des disques de ma<br />

mère et des concerts auxquels j’assistais.<br />

Mes frères et sœurs plus âgés étaient aussi<br />

musiciens. Nous avons grandi avec notre<br />

propre énergie musicale.<br />

« On emporte<br />

toujours un peu des<br />

saveurs de ce que<br />

l’on écoute. »<br />

62 THE RED BULLETIN


Coup d’anche : la fusion<br />

dancefloor contagieuse<br />

de Garcia convaincra<br />

tous les jazzophobes.


Nubya Garcia<br />

Il y a tellement d’influences et de styles<br />

différents qui imprègnent le jazz en<br />

ce moment, de l’afrobeat au grime et<br />

à la bass music. Comment vos goûts<br />

personnels ont-ils façonné votre son ?<br />

On emporte toujours un petit peu des<br />

saveurs de ce que l’on écoute. La culture<br />

du sound system britannique et de la<br />

bass constituent l’épine dorsale de ce que<br />

j’écoute, mais d’autres influences comme<br />

le grime, le dancehall, le dub et la house<br />

traversent aussi l’univers du jazz. Nous<br />

commençons à entrelacer les différents<br />

types de musique que nous aimons de<br />

toutes les façons possibles. C’est dans<br />

notre son, c’est dans le type de salles et<br />

de festivals où nous jouons. Les organisateurs<br />

nous approchent pour notre énergie.<br />

Même le public qui assiste à nos<br />

concerts est mélangé ! C’est une progression<br />

naturelle qui m’encourage à croire<br />

qu’il y a une place pour nous et notre son.<br />

« D’autres influences<br />

comme le grime et le<br />

dancehall traversent<br />

l’univers du jazz. »<br />

Vous jouez dans beaucoup de festivals<br />

de musique grand public qui n’ont pas<br />

l’habitude de présenter des concerts de<br />

jazz. Vous attendiez-vous à ce que votre<br />

carrière mène à ces opportunités ?<br />

Non, pas du tout. Quand j’étais jeune,<br />

il y avait des clubs de jazz où j’avais hâte<br />

d’aller jouer comme le Ronnie Scott (à<br />

Londres, du nom de son fondateur, un saxophoniste<br />

ténor anglais, ndlr) et il y avait<br />

des festivals de jazz, mais c’est tout ce que<br />

j’imaginais vraiment. Maintenant, c’est un<br />

espace totalement illimité et une période<br />

phénoménale pour la musique live.<br />

Vous avez perfectionné votre art au<br />

sein d’un groupe de jeunes musiciens<br />

de jazz aux vues similaires dont certains<br />

sont maintenant des artistes<br />

à succès comme vous.<br />

Nous avons tous appris la musique à la<br />

Roundhouse (Centre des arts de la scène<br />

à Camden, ndlr) et à Tomorrow’s Warriors<br />

(un programme innovateur pour les jeunes<br />

musiciens de jazz, ndlr). Il y a plusieurs<br />

petites enclaves de jazz à travers la ville<br />

mais New Cross dans le sud-est de<br />

Londres est l’endroit où nous nous<br />

sommes tous fait les dents. Nous avons<br />

donné des concerts dans le coin, nous<br />

avons traîné et écouté de la musique,<br />

et nous nous sommes produits avec<br />

nos groupes respectifs.<br />

Et maintenant vous remplissez des<br />

salles immenses. Avez-vous senti que<br />

le jazz devenait plus populaire ces<br />

dernières années ?<br />

Je le remarque quand je remplis les salles<br />

où j’espérais autrefois avoir l’occasion de<br />

jouer. Je le sens aussi au fait que d’autres<br />

personnes de notre groupe y parviennent.<br />

Moses Boyd a rempli Islington Assembly<br />

Hall, Sheila Maurice-Grey a sorti son EP<br />

avec Kokoroko (un groupe d’afrobeat britannique,<br />

ndlr), et l’EP de <strong>The</strong>on Cross<br />

s’est vendu en un éclair. C’est de la folie.<br />

Est-ce que le jazz est resté une scène<br />

interconnectée, où les musiciens<br />

n’hésitent pas à collaborer ?<br />

Je suppose que oui ! En tant que musiciens,<br />

nous avons tous de petits groupes<br />

d’amis avec qui nous jouons, puis nous<br />

rencontrons plus de gens et jouons aussi<br />

avec eux. Cela devient un bel écosystème<br />

de formations à qui faire appel. C’est vraiment<br />

encourageant et réconfortant de<br />

voir que nous jouons encore tous avec les<br />

groupes des autres et que nous faisons<br />

aussi nos propres trucs.<br />

Au croisement des arts : Nubya Garcia a participé à un album inspiré par Basquiat.<br />

Votre jazz perce désormais aux USA...<br />

Tout cela semble irréel. Après avoir joué<br />

au SXSW Music Festival, je ferai une tournée<br />

à travers les États-Unis plus tard cette<br />

année et j’ai de gros projets secrets pour<br />

l’été. Ce n’est que lorsque j’ai eu l’occasion<br />

de m’arrêter et de repenser à ces moments<br />

cruciaux que j’ai réalisé que je<br />

voyage à travers le monde en faisant<br />

ce que j’aime. C’est si beau que ce style<br />

musical continue de se répandre.<br />

Nubya Garcia jouera au Nice Jazz Festival<br />

le 16 juillet ; nubyagarcia.com<br />

GETTY IMAGES<br />

64 THE RED BULLETIN


<strong>Red</strong> Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658<br />

FINALE DU BATTLE D’IMPRO<br />

12/07 - MARSEILLE<br />

THÉÂTRE SILVAIN<br />

INFOS ET BILLETTERIE SUR REDBULL.COM/DERNIERMOT


LA PUISSANCE<br />

DU POURQUOI<br />

Avec ses techniques peu orthodoxes, MIKE MCCASTLE<br />

a entraîné des athlètes comme Colin O’Brady (le premier<br />

homme à traverser l’Antarctique en solo sans assistance)<br />

à décupler leur potentiel. Ses propres records,<br />

inspirés des douze travaux d’Hercule, sont des voyages<br />

ahurissants au-delà des limites de la force mentale.<br />

Texte MAUREEN O’HAGAN<br />

Photos CAMERON BAIRD<br />

C’est uniquement par<br />

l’entraînement que<br />

McCastle, 32 ans, a<br />

réalisé de nombreux<br />

records du monde,<br />

comme porter un pneu<br />

de 115 kg sur 20 km<br />

66


Le muscle et l’esprit.<br />

McCastle aborde ses<br />

exploits d’homme fort<br />

avec beaucoup de<br />

philosophie.


S’IL Y A BIEN UNE CHOSE QUI<br />

FAIT RUGIR MIKE MCCASTLE,<br />

C’EST D’ENTENDRE LES GENS<br />

LUI DIRE : « TU ES FOU, MON<br />

GARS ! » OU BIEN « C’EST UN<br />

TRUC DE DINGUE ! »<br />

« Je n’ai pas du tout la même vision des<br />

choses », explique calmement ce détenteur<br />

de plusieurs records du monde, tout<br />

juste âgé de 32 ans.<br />

Non, ce n’était pas dingue d’essayer de<br />

battre le record du nombre de tractions<br />

en 24 heures, même s’il a atterri à l’hôpital.<br />

Ce n’était pas dingue de tirer un camion<br />

de deux tonnes sur 35 km à travers<br />

la vallée de la Mort. Ce n’était pas dingue<br />

de grimper encore et encore une corde<br />

de 6 mètres pour simuler l’ascension de<br />

l’Everest. Il n’a pas non plus trouvé<br />

dingue qu’un inconnu maigre comme un<br />

clou, du nom de Colin O’Brady, lui demande<br />

de l’entraîner pour une traversée<br />

de l’Antarctique en solo, trek pendant<br />

lequel il prévoyait de tirer un traîneau<br />

transportant plus du double de son poids<br />

en nourriture et en équipement. Peu importe<br />

que des hommes avant lui y aient<br />

laissé leur peau et qu’on ait longtemps cru<br />

cette aventure impossible. « Compte sur<br />

moi ! », a répondu Mike McCastle.<br />

Pour Mike McCastle, ces morceaux de<br />

bravoure le renvoient à sa mission de vie,<br />

ses Douze Travaux. Un hommage aux<br />

Douze Travaux d’Hercule. Le plus grand<br />

héros de la mythologie… « Un gars costaud<br />

tire un gros camion… et alors ? »,<br />

pensez-vous peut-être. Mais en y regardant<br />

à deux fois, vous verrez McCastle<br />

sous un autre angle. Il y a certes l’homme<br />

qui apparaît devant vous : montagne de<br />

muscles de 1,89 m et 98 kilos. Mais aussi<br />

la personne qu’il est au fond de lui. Et<br />

Colin O’Brady l’a lui-même appris : ce sont<br />

de « parfaits opposés ». Il y a en lui quelque<br />

chose de plus simple et plus insaisissable,<br />

quelque chose de complètement subjectif<br />

et pourtant d’une profonde universalité.<br />

C’est ce qui permet de répondre à la fameuse<br />

question : pourquoi ?<br />

Avant le projet des Douze Travaux,<br />

une curiosité le travaillait.<br />

« J’avais entendu des histoires de<br />

personnes ayant réalisé des choses extraordinaires<br />

lorsque d’autres vies<br />

étaient en jeu, raconte Mike. Et je voulais<br />

me mettre à l’épreuve et tester jusqu’où<br />

je serais prêt à souffrir pour quelqu’un. »<br />

Le sacrifice est inhérent à la philosophie<br />

de l’armée américaine. Mike McCastle<br />

s’engage dans la Navy après le lycée et y<br />

passe la majeure partie des onze années<br />

qui suivent comme contrôleur aérien. Il y<br />

est également entraîneur mental et physique<br />

dans un programme développé par<br />

les Navy SEALs, ce qui l’amène à concrétiser<br />

son idée autrement.<br />

Le programme, intitulé SEAL+SWCC<br />

Scout Team, est créé à la suite du<br />

11 septembre afin de remédier à un problème<br />

fâcheux : on estimait alors que 80 %<br />

des élèves abandonnaient avant de décrocher<br />

leur trident SEAL. L’entraînement<br />

physique est reconnu pour sa grande difficulté,<br />

mais les recrues potentielles sont<br />

particulièrement affûtées. Elles veulent<br />

vraiment devenir des SEALs..Alors pourquoi<br />

tant d’élèves abandonnent-ils ?<br />

La raison est biologique. Dans les moments<br />

de peur et de stress, l’amygdale<br />

(dans le cerveau) prend le dessus. Elle se<br />

charge notamment d’identifier les menaces<br />

et de vous sortir de situations périlleuses.<br />

Face à un tigre, cela peut s’avérer pratique.<br />

Mais d’un point de vue physiologique, le<br />

corps réagit de la même manière face à un<br />

tigre ou à un niveau de concentration extrême,<br />

comme durant la formation SEAL.<br />

Le rythme cardiaque enregistre des pics<br />

élevés, le champ de vision se rétrécit, on<br />

souffre de pertes d’audition. Le cerveau<br />

conscient, qui permet de focaliser sur la<br />

formation de Navy SEAL, s’éteint. Or, le<br />

69


Les contrées boisées<br />

aux alentours de<br />

Portland (état de<br />

l’Oregon, USA), sont<br />

les terrains de jeu<br />

favoris de McCastle.<br />

cerveau reptilien n’a que faire des objectifs.<br />

Il est en mode survie : danger, amygdale,<br />

fuite. « Cela se produit en une fraction<br />

de seconde et ne laisse aucune place<br />

à la pensée consciente », souligne Mike<br />

McCastle. Quand l’élève recouvre son<br />

calme, il réalise qu’il vient d’abandonner<br />

son rêve. Un constat dévastateur, au point<br />

que la NAVY se sente concernée par le<br />

bien-être de certains élèves.<br />

Une association, la Scout Team, propose<br />

des outils psychologiques et physiques<br />

pour surmonter les périodes de<br />

stress intense. Les candidats sont alors en<br />

mesure d’améliorer leurs résultats. L’un<br />

de ces outils consiste à ne pas se focaliser<br />

sur la souffrance à venir, mais sur la raison<br />

pour laquelle l’élève veut avant tout<br />

devenir un SEAL : pour servir.<br />

Ce qui nous ramène aux interrogations<br />

de Mike McCastle concernant<br />

la puissance du sacrifice. En décembre<br />

2013, il se lance dans une course<br />

de 50 km dans le but de lever des fonds en<br />

faveur de la recherche sur les cancers pédiatriques.<br />

La veste de 18 kilos qu’il porte<br />

sur le dos symbolise le poids d’un enfant<br />

aux prises avec la maladie. Cette course<br />

très rude l’a complètement laminé. Mais<br />

mentalement, « c’était extraordinaire. Une<br />

porte s’ouvrait devant moi. J’étais capable<br />

de dépasser ce que je pensais être mes<br />

limites, et il n’était même pas vraiment<br />

question de moi », souligne McCastle.<br />

Un autre événement majeur s’est produit<br />

avant cette course. En 2012, sa candidature<br />

chez les SEALs est acceptée et ses<br />

chances de réussite semblent élevées.<br />

McCastle est alors au top de sa forme, cela<br />

fait des années qu’il tire son épingle du jeu<br />

à chaque test d’évaluation physique de la<br />

Navy. Il connaît l’importance de l’amygdale<br />

et peut compter sur ses années d’expérience<br />

dans le contrôle aérien, un secteur<br />

où la gestion du stress est primordiale.<br />

McCastle est passé maître dans la technique<br />

de l’auto-régulation mentale, qui le<br />

met dans des états proches de la transe :<br />

« La vision périphérique s’élargit, l’esprit<br />

devient clair, les mots se font plus précis,<br />

car le cerveau fait le tri. Et vous êtes d’un<br />

calme olympien. » Après deux semaines de<br />

formation, il participe à une course dans<br />

le sable le long du lac Michigan. Soudain,<br />

un trou devant lui. « Vingt gars ont sauté<br />

et ont poursuivi leur chemin. J’ai sauté à<br />

mon tour, et mes genoux ont lâché. » Mais<br />

il continue. Il veut devenir un SEAL.<br />

L’après-midi, ses genoux sont comme<br />

des cantaloups. Il se rend à la séance de<br />

natation. Et pour la première fois de sa<br />

vie. Son esprit ne contrôle pas son corps.<br />

La douleur transperce ses jambes. « Je me<br />

suis presque noyé. Il a fallu me sortir de<br />

l’eau. » Le ménisque droit et le ligament<br />

croisé antérieur gauche sont déchirés :<br />

un saut mal réceptionné devait-il anéantir<br />

les chances de McCastle chez les SEALs ?<br />

Il tombe dans une profonde dépression.<br />

« À l’époque, je me voyais comme un athlète<br />

costaud et performant. Le problème<br />

lorsque vous vous attachez à une image,<br />

c’est qu’à la seconde où cette image<br />

70


MCCASTLE EST MAÎTRE DU<br />

CLOISONNEMENT MENTAL.<br />

IL SAIT ENTRER EN TRANSE.


S’IL A UN BUT ET UNE RAISON,<br />

UN « POURQUOI » ASSEZ FORT,<br />

IL SE DIT QUE C’EST POSSIBLE.<br />

disparaît, vous n’êtes plus rien. » McCastle<br />

s’en retourne à son poste de contrôleur<br />

aérien, mais au fond de lui, il est dévasté.<br />

Il prend quinze kilos et commence à boire<br />

pour soulager ses douleurs. Sans sa force<br />

physique, il ne vaut rien, pense-t-il.<br />

Jusqu’à ce qu’il se redéfinisse un objectif.<br />

C’est ainsi que l’idée d’une course pour<br />

sensibiliser le grand public aux cancers<br />

pédiatriques lui est venue. Plus tard, il<br />

apprend qu’un vétéran a établi le record<br />

du nombre de tractions en 24 heures. Il<br />

se met en tête de le battre. À l’époque,<br />

il ne peut pas faire dix tractions d’affilée.<br />

Mais avec un objectif et une raison valable,<br />

il se dit que c’est possible. Il choisit<br />

de dédier ses efforts à une organisation<br />

qui aide les vétérans blessés au combat.<br />

Un matin de juillet 2014, dans un<br />

parc public. Le jour commence à<br />

peine mais les premiers passants<br />

vont et viennent. Mike en est déjà à 1 200<br />

tractions, il sent la peau de ses mains se<br />

décoller des paumes. Un copain lui nettoie<br />

ses plaies, les enduit de magnésie,<br />

et Mike continue. Le tendon du biceps<br />

se rompt. Il persévère. Son urine commence<br />

à ressembler à « du whisky irlandais<br />

». Il continue. Dix-sept heures plus<br />

tard, traction n° 3 202, il n’est plus capable<br />

d’agripper la barre. Il rate le record<br />

d’environ 800 tractions.<br />

Voilà le problème avec l’amygdale :<br />

parfois, vous êtes réellement face à un<br />

tigre. Mike McCastle est hospitalisé pour<br />

une rhabdomyolyse, syndrome susceptible<br />

d’entraîner la mort et causé par une<br />

sollicitation telle des muscles qu’ils commencent<br />

à relâcher des toxines. Son échec<br />

spectaculaire fait les gros titres. Mike Mc-<br />

Castle se dit qu’il est un loser. Un dégonflé.<br />

Un imposteur. Il a honte. Comment<br />

motiver des gars de la Navy de faire de la<br />

callisthénie alors qu’il s’envoie lui-même<br />

à l’hosto ? « Mon monde s’écroulait. »<br />

Pendant sa deuxième journée d’hospitalisation,<br />

il reçoit la visite d’un adolescent.<br />

Le garçon doit subir une opération<br />

chirurgicale susceptible de mettre sa vie<br />

en jeu. Il se déplace en fauteuil roulant,<br />

mais arrive le sourire aux lèvres, car il<br />

veut serrer la main de Mike McCastle.<br />

« Il s’en fichait que je n’aie pas battu le<br />

record, se rappelle Mike McCastle. Il voulait<br />

simplement me dire à quel point je<br />

l’avais inspiré par les efforts que j’avais<br />

fournis pour une bonne cause. » En cet<br />

instant, les choses sont claires. Tout<br />

d’abord, les mots qui sortent de la bouche<br />

de Mike McCastle ont le pouvoir de réconforter<br />

ce garçon ou de le démoraliser.<br />

Et ensuite, « même au plus bas, je pouvais<br />

toujours influencer positivement d’autres<br />

personnes. Je pouvais toujours être un<br />

leader et inspirer des gens ». Ce garçon<br />

devant lui, qui ne détient aucun record,<br />

l’a inspiré, lui.<br />

Il y a tellement de choses que vous ne<br />

pouvez pas contrôler dans la vie, mais<br />

Mike McCastle a réalisé que l’on a toujours<br />

le contrôle d’une chose. « J’ai le<br />

choix de réagir à ces épreuves de manière<br />

constructive, et non destructive. » Il lui a<br />

fallu du temps et du courage pour analyser<br />

ce qui s’était passé lors de sa tentative<br />

de record de tractions, pourquoi il l’avait<br />

fait et pourquoi il avait continué.<br />

« Je le faisais pour sensibiliser le grand<br />

public à la situation des vétérans blessés<br />

au combat, précise-t-il. Mais si vous<br />

décortiquez ce qui s’est passé, c’est juste<br />

l’histoire d’un gamin qui essayait de retrouver<br />

une image positive de lui-même,<br />

une image perdue. Avec le recul, c’était<br />

très égoïste, et c’était surtout très dangereux.<br />

» La raison n’était pas la bonne.<br />

Bien que sa première<br />

tentative ait échoué,<br />

McCastle a par la<br />

suite battu le record<br />

de tractions en 24h.


Dans la mythologie romaine,<br />

Hercule est un demi-dieu qui a tué<br />

sa femme et ses enfants après que<br />

Junon, reine des dieux, l’a rendu fou.<br />

Pour expier ses crimes, Hercule se met au<br />

service du roi Eurysthée pendant douze<br />

ans et réalise toute une série d’exploits<br />

incroyables : les Douze Travaux.<br />

Aux yeux de Mike McCastle, cette histoire<br />

évoque un voyage à la découverte de<br />

soi, une lutte acharnée pour se rapprocher<br />

de sa véritable identité. Car au final,<br />

ce n’est pas sa force qui a permis à Hercule<br />

de vaincre, c’est sa détermination.<br />

Cette poignée de main avec un adolescent<br />

à l’hôpital fait germer une idée en<br />

lui : il veut, lui aussi, avoir ses Douze<br />

Travaux. Réaliser une série d’exploits<br />

incroyables dans l’optique de repousser<br />

les limites des performances humaines.<br />

Chacun de ses exploits serait dédié à une<br />

cause particulière. L’objectif n’étant pas<br />

de battre des records, même s’il est sur le<br />

point d’en pulvériser certains, mais de se<br />

concentrer sur quelque chose d’extérieur<br />

et de sensibiliser le grand public à une<br />

cause importante.<br />

Cette fois, il a un « pourquoi » solide,<br />

et valable. En repoussant ses propres<br />

limites, Mike McCastle pourrait peut-être<br />

inspirer quelqu’un à courir 5 km, à faire<br />

Avec ses Travaux,<br />

il veut sensibiliser<br />

le public à une cause :<br />

anciens combattants<br />

blessés ou maladie<br />

de Parkinson.<br />

73


Pour ses douze travaux, McCastle a grimpé à la corde pendant 27 heures, assez pour atteindre l’Everest.<br />

face à la maladie ou à surmonter ses<br />

doutes. « Pour moi, l’histoire d’Hercule,<br />

c’est celle de chaque être humain sur<br />

Terre », explique-t-il.<br />

La course et les tractions seraient les<br />

tâches n° 1 et 2. Pour la tâche n° 3, il a<br />

décidé de retourner un pneu de 115 kilos<br />

sur 20 km et de récolter des fonds en<br />

faveur du Wounded Warrior Project. Le<br />

pneu symbolisait le fardeau physique<br />

et psychologique que ces hommes et ces<br />

femmes devaient supporter. Six mois<br />

d’entraînement ont été nécessaires.<br />

Mais la veille de l’événement, une<br />

autre épreuve l’attend. Sa sœur<br />

l’appelle pour lui dire que leur<br />

père vient de mourir. Raymond McCastle<br />

souffrait de la maladie de Parkinson depuis<br />

des années. Sa mort n’est donc pas<br />

inattendue, mais c’était tout de même un<br />

choc. Il aurait été parfaitement raisonnable<br />

de vouloir décaler l’événement.<br />

En effet, le cerveau reptilien est parfois<br />

raisonnable. Mais Mike McCastle pense<br />

à ce que le vieil homme lui aurait dit : ce<br />

sont tes plans, tes aspirations, mon garçon.<br />

Alors à 4 heures du matin, par un<br />

temps froid, humide et triste de décembre<br />

2014, Mike McCastle s’attaque à ce fameux<br />

pneu. Plonger sous le caoutchouc, soulever<br />

le pneu de terre et le pousser. Plonger.<br />

Soulever. Pousser.<br />

Si vous aviez été là, vous auriez été<br />

émerveillé par la manière dont un<br />

homme peut soulever un pneu plus de<br />

mille fois et continuer encore et toujours.<br />

Mais vous auriez regardé cet homme et<br />

vous seriez dit qu’en fait, c’est un<br />

monstre. Vous n’auriez pas vu ce qui se<br />

passait dans sa tête, c’est-à-dire à peu près<br />

la même chose que pour vous lorsque<br />

vous relevez un gros challenge. La peur.<br />

Le doute. L’auto-flagellation. Des souvenirs<br />

douloureux qui refont surface. Les<br />

souvenirs d’une enfance difficile. Les attaques<br />

de harceleurs sans merci. Plonger.<br />

Soulever. Pousser.<br />

Mike McCastle pense à son père : cet<br />

Afro-Américain stoïque et costaud, originaire<br />

de Louisiane et vétéran de l’Air<br />

Force, qui dirigeait une usine de boîtes<br />

de soda. Il voyait à quel point la maladie<br />

de Parkinson l’avait privé de sa force,<br />

de sa voix, et même de sa vivacité d’esprit.<br />

Plonger. Soulever. Pousser. Il pense<br />

à sa mère, une immigrante philippine<br />

tellement déterminée qu’elle a réussi à<br />

« TROUVE UN SENS DANS TOUT<br />

CE QUE TU FAIS. » C’EST CE QUE<br />

SON PÈRE LUI AURAIT DIT.<br />

intégrer l’Air Force à la quarantaine, alors<br />

qu’elle était mère de deux enfants. Et<br />

dont la discipline de fer étouffait même<br />

le jeune Mike. Après la séparation de ses<br />

parents, Mike McCastle a pris soin de son<br />

père : il s’assurait qu’il se rasait, qu’il se<br />

nourrissait correctement, qu’il se lavait…<br />

Il se souvient l’avoir retrouvé un jour sur<br />

le sol, en grave hypoglycémie du fait qu’il<br />

était incapable de mettre les aliments<br />

dans sa bouche. Dans un élan de panique,<br />

Mike McCastle quitte à ce moment-là<br />

l’équipe de basket, parce qu’il ne veut pas<br />

que cela se reproduise. Mais par la suite,<br />

il n’en ressent que de la honte. Il pense à<br />

la manière dont il a finalement quitté son<br />

père pour rejoindre la Navy. Un dégonflé,<br />

se dit-il. Un loser.<br />

Plonger. Soulever. Pousser. Alors que<br />

la souffrance physique et l’anxiété le lessivent,<br />

la carapace commence à se fissurer.<br />

Raymond McCastle était un homme<br />

peu disert, plus intéressé par les idées<br />

que par les biens matériels.<br />

Enfant, Mike McCastle se souvient que<br />

son père lui lisait les Dialogues de Platon,<br />

lui parler de trouver un sens à la vie grâce<br />

à la logothérapie de Viktor Frankl ou les<br />

écrits de Nietzsche. Trouve un sens à tout<br />

ce que tu fais. C’est ce que son père lui<br />

aurait dit. Voilà comment, et pourquoi,<br />

nous sommes capables de relever des<br />

défis : parce que nous servons une cause<br />

plus grande que nous.<br />

Alors qu’il continue à retourner son<br />

pneu, il le sent devenir plus léger. Est-ce<br />

la maladie de Parkinson ? Les combats<br />

74 THE RED BULLETIN


Mike utilise un masque<br />

d’altitude pour son<br />

prochain exploit :<br />

grimper au sommet du<br />

mont Whitney aux USA<br />

en portant un poids de<br />

70 kilos. Rien que ça !


« PARFOIS, LES RÉPONSES<br />

LES PLUS PROFONDES<br />

VIENNENT DE SOI-MÊME. »


McCastle s’entraîne<br />

dans le parc forestier<br />

de Portland en portant<br />

des cordes et un<br />

sac rempli de 38 kilos<br />

de sable.<br />

qu’il a menés tout au long de sa vie ?<br />

Il ne peut rien y faire aujourd’hui. « J’ai<br />

laissé filer les choses auxquelles je n’avais<br />

pas besoin de me raccrocher », expliquet-il.<br />

Dix heures plus tard, il réalise ce qui<br />

est considéré comme son premier record<br />

du monde, même si aucun organe officiel<br />

n’était présent. Il avale un énorme steak,<br />

avant de se traîner chez lui puis dans son<br />

lit. Dès lors, Mike McCastle est tout entier<br />

dévoué à ses Douze Travaux. En mai 2015,<br />

il grimpe une corde pendant 27 heures<br />

pour simuler l’ascension du mont Everest,<br />

afin de sensibiliser le grand public à la<br />

recherche sur la maladie de Parkinson et<br />

récolter des fonds. En septembre 2015, il<br />

réitère avec les tractions, une fois encore<br />

en l’honneur des vétérans blessés au combat.<br />

Cette fois-ci, il réalise 5 804 tractions<br />

sans blessure grave, tout en portant un<br />

poids de quinze kilos.<br />

En mai 2016, Mike McCastle loue<br />

un camion Ford F-150, il emporte<br />

70 litres d’eau et se met en route<br />

vers la vallée de la Mort. Son objectif :<br />

attirer l’attention du grand public sur le<br />

suicide chez les vétérans. À l’époque, on<br />

estime que 22 vétérans se donnent la<br />

mort chaque jour. Certains d’entre eux<br />

faisaient partie de ses amis. Le désert<br />

était le symbole de leur morosité. Mike<br />

McCastle avait prévu d’attacher un harnais<br />

à sa poitrine, d’installer une courroie<br />

et de tirer le camion sur 35 km.<br />

« Je voyais cela comme l’occasion de<br />

réaliser ma propre introspection, racontet-il.<br />

Les réponses les plus profondes<br />

viennent parfois de soi-même. » Les<br />

heures passent et la température grimpe.<br />

Seul dans le désert, Mike McCastle fait<br />

alors l’expérience d’une solitude écrasante,<br />

telle qu’il ne l’a jamais connue.<br />

Chaque cellule de son corps lui hurle<br />

d’abandonner. Mais de temps en temps,<br />

il lève les yeux et voit les feux arrière<br />

d’un inconnu : l’espoir. Au bout de<br />

19 heures, il atteint son but.<br />

En 2018, Mike McCastle est physiquement<br />

épuisé, mais prêt pour un nouveau<br />

type de challenge. Alors qu’il étudie la psychologie<br />

à l’université et travaille en tant<br />

qu’entraîneur à Portland (Oregon), il reçoit<br />

un e-mail de sollicitation de la part d’un<br />

certain Colin O’Brady.<br />

Aujourd’hui, son nom est associé au<br />

record de la traversée de l’Antarctique en<br />

54 jours, lors d’un périple que Colin<br />

O’Brady a lui-même baptisé <strong>The</strong> Impossible<br />

First. Mais à l’époque, il n’est pas connu.<br />

Après s’être jaugés mutuellement pendant<br />

deux minutes, Colin O’Brady sait que<br />

Mike McCastle est le coach qu’il lui faut.<br />

Le programme élaboré par Mike McCastle<br />

tient en trois éléments clés : la force, l’endurance<br />

et la concentration mentale. Selon<br />

Colin O’Brady, c’est d’ailleurs le mental, la<br />

concentration maximale, qui « fait la différence<br />

entre échec et réussite ».<br />

Jamais Colin O’Brady, athlète professionnel,<br />

n’a vécu une telle expérience.<br />

Mike lui demande par exemple de faire la<br />

planche avec ses deux mains dans des seaux<br />

de glace, puis de rester en position de squat,<br />

les deux pieds dans des seaux de glace. En<br />

même temps, il doit construire des Lego,<br />

faire des dizaines de nœuds, ou encore<br />

résoudre des problèmes mathématiques.<br />

Puis, les pieds gelés, il fait des tests d’équilibre,<br />

d’agilité, etc. Mike McCastle consigne<br />

chaque erreur de Colin O’Brady, même la<br />

plus insignifiante.<br />

« Pendant tous ces exercices, Colin devait<br />

se focaliser sur une seule chose : contrôler<br />

sa respiration », précise Mike McCastle.<br />

Si vous contrôlez votre respiration, vous<br />

contrôlez votre esprit. Et dans les moments<br />

de stress intense, cela peut vous aider à<br />

rester en vie. Comme lorsque vous essayez<br />

de monter une tente par – 20 °C. Lorsque<br />

les fonctions de motricité fine sont ralenties<br />

par vos mains gelées. Lorsque le cerveau est<br />

sonné et que le corps doit lutter contre des<br />

vents à 130 km/h.<br />

Si Colin O’Brady parvient à être en<br />

transe pendant ces exercices, il peut retarder<br />

le temps de réaction du cerveau reptilien.<br />

Et s’il est capable de garder l’esprit<br />

clair un peu plus longtemps, cela peut littéralement<br />

lui sauver la vie. « Une fois arrivé<br />

en Antarctique, raconte Colin O’Brady, je<br />

me suis rendu compte à quel point ce type<br />

était génial. »<br />

Plusieurs fois par semaine, Mike<br />

McCastle se rend au Forest Park<br />

de Portland, l’une des plus grandes<br />

forêts urbaines des États-Unis. Dans la<br />

brume et la fraîcheur de l’air, sous une<br />

canopée d’arbres couverts de mousse qui<br />

s’élèvent à plus de 60 mètres, il se sent<br />

chez lui. Alors que la piste commence à<br />

monter, il accumule les pauses afin de<br />

remplir le sac qu’il porte sur ses épaules<br />

avec 38 kilos de sable au total. Il s’entraîne<br />

pour sa prochaine tâche : escalader<br />

le mont Whitney, le plus haut sommet<br />

des États-Unis, en dehors de l’Alaska. Il<br />

prévoit de porter un haltère de 75 kilos<br />

afin d’allier force et endurance. Pourquoi<br />

? Pour faire connaître la maladie de<br />

Parkinson. Cet haltère symbolise le poids<br />

que ces hommes et ces femmes portent<br />

lors de leur combat contre la maladie.<br />

Jusqu’au sommet, il le jure : « Je porterai<br />

ce fardeau. »<br />

Instagram : @mikemccastle<br />

77


guide<br />

au programme<br />

LES ABDOS D'UN<br />

PILOTE D'ENDURO<br />

Le pilote Young Wade<br />

vous dit comment être<br />

d'attaque au guidon.<br />

PAGE 84<br />

NE RESTEZ PAS<br />

CHEZ VOUS<br />

Grimper, glisser,<br />

descendre ou danser...<br />

Vous avez le choix !<br />

PAGE 86<br />

ESSENTIELS DE LA<br />

MICRO-AVENTURE<br />

Un Allemand qui vous<br />

conseille du matériel<br />

pour crapahuter. Top !<br />

PAGE 90<br />

DAN KRAUSS<br />

ON NE TE VOIT PLUS<br />

À COACHELLA ?<br />

Dans la région du festival,<br />

il y a plein d’autres choses<br />

(mieux) à faire. Nos plans<br />

pour sortir des sentiers<br />

battus, grimper un coup,<br />

et se régaler les yeux.<br />

PAGE 80<br />

THE RED BULLETIN 79


G U I D E<br />

Faire.<br />

La déco du Sands Hotel Spa est signée Martyn Lawrence Bullard.<br />

VALLÉE CALIFORNIENNE<br />

AU-DELÀ DE COACHELLA<br />

De ce coin des States, on connaît surtout son festival de musique branché,<br />

mais cette somptueuse vallée désertique a bien plus à offrir. Aventures<br />

outdoor, sessions de grimpe ou flâneries vintage : faites votre choix.<br />

LA EAST VALLEY<br />

EN 24 HEURES<br />

Envie d’une journée sportive ?<br />

Vous êtes au bon endroit. Louez<br />

un court ou prenez une leçon à<br />

l’Indian Wells Tennis Garden,<br />

l’impressionnant club de tennis,<br />

propriété de Larry Ellison et<br />

rendez- vous annuel de l’Open<br />

BNP Paribas. Côté golf, les parcours<br />

pullulent dans la région,<br />

mais pour un parcours links, le<br />

Pete Dye Stadium Course à PGA<br />

West, à la Quinta compte ici parmi<br />

les plus exigeants. Si vous êtes<br />

plus sports mécaniques, l’un des<br />

deux centres d’essais BMW se<br />

trouve à 15 km à l’est d’Indio et<br />

propose différentes formules, une<br />

heure en Série M haute perfor-<br />

Prenez un bain de son dans l’Integratron.<br />

80 THE RED BULLETIN


voyage<br />

SANDS HOTEL AND SPA, CARL RICE, WINNY DEFRAGO, MARK DAVIDSON LIZBETH SCORDO<br />

Installations d’art à Bombay Beach.<br />

Sunnyland : ex-repère hivernal des célébrités.<br />

mance, une journée moto toutterrain<br />

ou encore une leçon de<br />

cascade en Mini. Le tout bien<br />

encadré.<br />

Se loger<br />

Le célèbre designer Martyn<br />

Lawrence Bullard a signé la décoration<br />

intérieure des deux étages<br />

de l’hôtel Sands Hotel & Spa :<br />

touche marocaine, lits à baldaquin<br />

autour de la piscine,<br />

chambres en marbre de Carrare et<br />

verres en cristal vintage. Les<br />

quarante- cinq hectares du vaste<br />

complexe du Quinta Resort &<br />

Club débordent d’activités : tennis,<br />

golf, remise en forme, plus de<br />

quarante piscines (à essayer,<br />

toutes !), spa et restaurants.<br />

Se restaurer<br />

À Indian Wells, l’Eureka sert dans<br />

un décor industriel moderne, des<br />

burgers gourmets (le bison, un<br />

must), un grand choix de bières<br />

artisanales et des bourbons. À<br />

Sands, <strong>The</strong> Pink Cabana prépare<br />

en continu des plats méditerranéens<br />

à base de produits fermiers<br />

et d’excellents cocktails.<br />

Sortir<br />

À Indio, au Neil’s Lounge, le karaoké<br />

western est au menu tous<br />

les soirs. Au cœur de la vieille ville<br />

de La Quinta, la brasserie Quinta<br />

Brewing Co. propose ses propres<br />

mousses dont une brune à base de<br />

grains de café torréfiés sur place,<br />

des pressions et des concerts.<br />

PALM SPRINGS<br />

EN UN WEEK END PROLONGÉ<br />

Il ne s’agit pas d’une résurrection,<br />

l’emblématique adresse de ce coin<br />

du désert n’a jamais disparu mais<br />

s’est sans cesse réinventée. La<br />

ville profite de son âge d’or au milieu<br />

du siècle, attirant amateurs<br />

d’architecture et de design en<br />

quête de pièces rares dans les<br />

nombreuses boutiques vintage.<br />

Flânez dans les quartiers comme<br />

Vista Las Palmas et admirez ses<br />

bijoux architecturaux tels que les<br />

anciennes demeures de Dean<br />

Martinou de Marilyn Monroe.<br />

Ou visitez le manoir Sunnylands<br />

imaginé par Quincy Jones à proximité<br />

de Rancho Mirage, autrefois<br />

lieu de villégiature hivernal du<br />

milliardaire Annenberg. Prenez<br />

de la hauteur (1 800 m) grâce au<br />

tram aérien de Palm Springs, une<br />

merveille de modernité, qui vous<br />

dépose en un clin d’œil au Mont<br />

San Jacinto State Park : l’endroit<br />

offre des vues imprenables de la<br />

vallée et 75 km de sentiers dont<br />

une piste de 20 km menant au<br />

sommet, le deuxième plus haut<br />

de la Californie du Sud. Quinze<br />

minutes plus au nord, titiller les<br />

dunes de sable en louant un 4×4<br />

chez Off Road Rentals. Indian<br />

Canyons offre une myriade de<br />

randonnées, dont une à travers le<br />

canyon Andreas et son immense<br />

oasis de palmiers… Enfin, ne<br />

manquez pas la biennale Desert X<br />

qui organise souvent des expos<br />

dans la vallée, comme dernièrement<br />

ces installations à ciel<br />

ouvert soucieuses de l’environnement.<br />

Se loger<br />

À une encablure de l’artère principale,<br />

la boutique Holiday House<br />

expose dans des espaces décorés<br />

avec audace une impressionnante<br />

collection d’œuvres d’art dont des<br />

pièces de Roy Lichtenstein et<br />

Herb Ritts. Les allées luxuriantes<br />

du vaste Parker Palm Springs, un<br />

hôtel huppé aux accents kitsch,<br />

mènent à des piscines à l’abri des<br />

regards, de chics bars à cocktails,<br />

des terrains de pétanque et des<br />

feux extérieurs. Réservez une<br />

villa pour une expérience de luxe<br />

pur. Après plusieurs années de<br />

THE RED BULLETIN 81


G U I D E<br />

Faire.<br />

Objets du séjour : art et musique dans la Coachella Valley.<br />

travaux, l’ancienne Villa Royale<br />

est désormais un havre de paix<br />

tendance où fontaines espagnoles<br />

et mosaïques marocaines côtoient<br />

peintures murales et portraits de<br />

Debbie Harry.<br />

Se restaurer<br />

Le Counter Reformation avec son<br />

confessionnal est un plaisant bar<br />

à vin de l’hôtel Parker, ses petites<br />

assiettes comptent parmi les<br />

meilleures de la ville, tandis que<br />

la cuisine créative d’inspiration<br />

américaine et vietnamienne<br />

Rooster and the Pig vaut l’attente.<br />

Pour les amateurs de valeurs<br />

sûres, les escargots et le ris de<br />

veau du Vallauris, resto français<br />

ouvert depuis quarante ans,<br />

régaleront vos papilles dans un<br />

splendide patio.<br />

Sortir<br />

La clientèle du Melvyn’s, un<br />

piano- bar classique actif depuis<br />

1975, est aussi variée que les airs<br />

de ses crooners, mettez-vous dans<br />

l’ambiance avec un martini géant.<br />

Le Seymour’s, bar jouxtant le chic<br />

grill M. Lyons, débite des cocktails<br />

originaux dans un carré de<br />

mouchoir. Enfin, le Dead or Alive,<br />

bar à vin et à bière sert un choix<br />

obscur des deux aux jeunes<br />

cadres du coin.<br />

JOSHUA TREE<br />

EN UNE SEMAINE<br />

Avec ses branches tordues<br />

constellées de petites têtes vertes<br />

hirsutes, l’arbre de Joshua est le<br />

parfait emblème du parc national<br />

éponyme qui, outre ses impressionnantes<br />

formations rocheuses,<br />

et ses sentiers sinueux bordés de<br />

fleurs sauvages et de jardins de<br />

cactus insolites, a pour voisin une<br />

communauté d’artistes. Camper<br />

et explorer le parc remplirait aisément<br />

la semaine. Mais nous vous<br />

conseillons néanmoins d’alterner<br />

lieux marquants du parc et curiosités<br />

de la région. L’ascension<br />

du mont Ryan (305 m d’altitude<br />

en 2,5 km) vous gratifiera au<br />

sommet d’une vue imprenable sur<br />

le parc tout en constituant une<br />

bonne séance de sport empiétant<br />

peu sur votre journée. Pour un<br />

trek plus long et moins fréquenté,<br />

empruntez le Boy Scout Trail,<br />

25 km à travers le désert. Forêts<br />

de genévriers et de Joshua, blocs<br />

de roche et pistes rocailleuses<br />

constituent un bon échantillon<br />

topographique du parc. Le long<br />

du Skull Rock Trail où l’un des<br />

rochers évoque un crâne humain,<br />

d’où le nom, les amateurs de<br />

grimpe trouveront un large choix<br />

de blocs. Le rocher Iron Door<br />

Cave et le Tidal Wave, très appréciés<br />

des grimpeurs, se trouvent<br />

également à proximité. Mais rien<br />

de tel qu’une voiture pour circuler<br />

facilement dans le parc (l’accès<br />

au parc coûte 30 dollars et est<br />

valable une semaine), et pousser<br />

jusqu’à Keys View, point de vue<br />

idéal pour admirer deux sommets,<br />

la vallée Coachella, la<br />

Sublime intérieur milieu du siècle au Sunnylands.<br />

voyage<br />

Salton Sea et même distinguer la<br />

faille de San Andreas. Pensez à<br />

faire un crochet par Cholla Cactus<br />

Garden près de l’entrée sud pour<br />

alimenter Instagram. À l’extérieur<br />

du parc, les activités atypiques<br />

abondent, comme la séance d’immersion<br />

sonore produite par un<br />

bol de cristal à l’intérieur de<br />

l’étonnant Integratron, un dôme<br />

censé avoir été construit sur un<br />

vortex géométrique avec l’aide<br />

d’extraterrestres (sic). Visitez le<br />

Joshua Tree Outdoor Museum,<br />

ce sont cinq hectares dédiés à des<br />

sculptures à grande échelle en<br />

matériaux de récupération de<br />

feu Noah Purifoy.<br />

Se loger<br />

Le parc et ses innombrables campings<br />

restent une alternative aux<br />

locations allant du chalet tout<br />

confort au gîte de luxe. Non loin<br />

de là, Pioneertown, « ville »<br />

construite à l’origine pour servir<br />

de décor aux tournages de western,<br />

la plupart des bâtiments<br />

n’étant que des façades, contrairement<br />

au Motel du même nom<br />

et ses chambres rénovées dans<br />

un style rustique.<br />

Se restaurer<br />

Tout près, le Pappy & Harriet’s,<br />

Mecque de la musique live,<br />

propose un parfait mélange hiphop<br />

et honky-tonk, un barbecue<br />

génial et une scène intimiste qui,<br />

ces dernières années, a accueilli<br />

entre autres Lorde et Paul Mc-<br />

Cartney. Au centre de Joshua<br />

Tree, le Pie for the People<br />

propose des pizzas à la newyorkaise<br />

avec des garnitures<br />

comme le pesto aux graines de<br />

citrouille. Chez La Copine, les<br />

plats de saison sont riches en<br />

légumes et ses beignets addictifs.<br />

Sortir<br />

Le Joshua Tree Saloon ne<br />

manque ni de caractère ni de<br />

personnalités avec sa clientèle<br />

éclectique d’habitués qui<br />

viennent se ressourcer dans ce<br />

lieu à l’allure de point d’eau<br />

devant l’entrée principale du<br />

parc. Le Landers Brew est apprécié<br />

pour ses bières artisanales<br />

et ses chiens très amicaux.<br />

GOLDENVOICE, KEN HAYDEN PHOTOGRAPHY LIZBETH SCORDO<br />

82 THE RED BULLETIN


G U I D E<br />

Faire.<br />

WADE YOUNG<br />

SOLIDE COMME<br />

UN PRO DE L’ENDURO<br />

Seuls les plus coriaces survivent aux épreuves de hard enduro.<br />

Expert en la matière, le Sud-Africain Wade Young nous explique<br />

comment s’y préparer. Des conseils que vous pourrez mettre<br />

en pratique au Lesotho grâce à Destination <strong>Red</strong> Bull.<br />

Wade Young, 23 ans, dit tout<br />

sur la préparation physique.<br />

Comme son nom l’indique,<br />

le hard enduro<br />

s’adresse aux costauds.<br />

À 23 ans, Wade Young le bien<br />

nommé s’y est imposé en s’illustrant<br />

dans de nombreuses<br />

courses dont il est devenu le<br />

plus jeune vainqueur de l’histoire<br />

comme lors de la Roof of<br />

Africa en 2012. Le secret de<br />

son succès ? « Le mental, et une<br />

sangle abdominale en béton »,<br />

explique le Sud-Africain que<br />

vous rencontrerez en exclusivité<br />

avec Destination <strong>Red</strong> Bull<br />

(ci-contre). Il vous livre ses<br />

trucs pour tenir la distance.<br />

Conseil n° 1 : S’entraîner<br />

sur un deux-roues<br />

La condition physique est cruciale,<br />

surtout pour les rallyes<br />

de plusieurs jours. Avant une<br />

course, je m’entraîne au moins<br />

huit heures par jour : je passe<br />

quatre heures sur un vélo et<br />

quatre autres sur une moto.<br />

Bien sûr, je pourrais courir<br />

aussi, mais plus je passe de<br />

temps sur un deux-roues,<br />

mieux je me prépare aux<br />

obstacles et aux surprises que<br />

la course nous réserve.<br />

Conseil n° 2 : Gardez<br />

l’équilibre<br />

La musculation ne me profite<br />

guère car je suis fort de<br />

nature. En salle, je privilégie<br />

le renforcement. Une sangle<br />

abdominale solide facilite<br />

l’absorption des chocs, permanents<br />

sur les pistes enduro, et<br />

l’équilibre sur la moto. Mais<br />

l’équilibre, c’est aussi prendre<br />

du bon temps avec ses potes,<br />

écouter de la musique (de la<br />

deep house de préférence) ou<br />

aller à la pêche. Le dimanche,<br />

je mets de côté mon régime<br />

sans glucides et mange ce qui<br />

me fait plaisir.<br />

Conseil n° 3 : Ménagez la<br />

roue arrière<br />

Rouler toujours à pleine puissance<br />

n’entame pas seulement<br />

la machine, mais aussi votre<br />

énergie. Un conseil, ne vous<br />

battez pas contre votre moto<br />

et ménagez votre roue arrière.<br />

Cela peut pénaliser sur une<br />

courte distance, mais en hard<br />

enduro, mieux vaut ménager<br />

l’adhérence et votre énergie<br />

pour aller au bout.<br />

Conseil n° 4 : Parlez-vous<br />

tout haut<br />

Quand je suis bien physiquement,<br />

je le suis aussi mentalement.<br />

Cependant, ma concentration<br />

baisse inévitablement<br />

au bout de quelques heures.<br />

Dès que je m’en rends compte,<br />

je me parle à moi-même. Je<br />

me motive à coups d’injonctions<br />

telles que : « Tu peux le<br />

faire ! » Le bruit du moteur<br />

couvre ma voix, et personne<br />

ne m’entend. Ça m’aide à me<br />

recentrer.<br />

Conseil n° 5 : Imaginez<br />

l’agonie de vos<br />

adversaires<br />

Quand j’atteins mes limites<br />

physiques, je pense à mes<br />

adversaires. Je me dis qu’ils<br />

doivent ressentir la même<br />

chose, qu’ils galèrent au moins<br />

autant que moi, car après<br />

tout ils font face aux mêmes<br />

difficultés. Cette pensée me<br />

redonne la niaque, l’envie de<br />

prouver à tous que je suis le<br />

plus résistant !<br />

84 THE RED BULLETIN


fitness<br />

DESTINATION<br />

RED BULL<br />

UN ROYAUME<br />

DE LA MOTO<br />

Destination <strong>Red</strong> Bull :<br />

une expérience de rêve<br />

auprès des athlètes,<br />

comme au Lesotho pour<br />

une aventure en enduro.<br />

« Je me parle à<br />

moi-même. Le<br />

bruit du moteur<br />

couvre ma voix,<br />

personne ne<br />

m’entend. »<br />

Ici à l’entraînement à<br />

Antalya (Turquie), Wade<br />

Young entend des voix.<br />

LUKASZ NAZDRACZEW/RED BULL CONTENT POOL, ALFRED JÜRGEN WESTERMEYER/RED BULL CONTENT POOL NINA TREML BLAGOVESTA BAKARDJIEVA<br />

VOTRE VOYAGE<br />

Du 25 novembre au 2 décembre,<br />

vous explorerez à moto la nature<br />

spectaculaire de l’Afrique du Sud<br />

et le royaume montagneux du<br />

Lesotho en sillonnant le célèbre<br />

tracé du rallye Roof of Africa<br />

(quatre participants max) avec<br />

comme guide expert, Alfie Cox,<br />

légende de l’enduro. Au menu : nuitées<br />

le long du parcours, rencontre<br />

avec la superstar de la discipline<br />

Wade Young, mise à<br />

disposition d’une KTM 1090 Adventure<br />

R, un véhicule d’accompagnement<br />

pour les bagages et un<br />

safari dans le parc Gwahumbe.<br />

VOTRE GUIDE DE VOYAGE<br />

Né en 1963, Alfie Cox est un as<br />

de l’enduro. Pilote usine de KTM<br />

pendant des années, le Sud-<br />

Africain compte neuf Roof of<br />

Africa à son palmarès. Rares sont<br />

les courses où cet homme à la<br />

moustache n’a pas brillé. Ses huit<br />

participations au Dakar lui vaudront<br />

trois podiums. Et en 1995, il<br />

remporte le premier <strong>Red</strong> Bull Hare<br />

Scramble à Erzberg (Autriche).<br />

Plus d’informations<br />

et réservation sur<br />

destination.redbull.com<br />

THE RED BULLETIN 85


Faire.<br />

6<br />

juillet<br />

<strong>Red</strong> Bull 400<br />

La course la plus déjantée revient<br />

pour la troisième fois sur le tremplin<br />

olympique de Courchevel ! 400 m<br />

de course sur une piste inclinée à<br />

35 °, voilà ce qui attend les concurrent(e)s<br />

de cette épreuve mythique.<br />

En relais ou solo, leur but sera d’atteindre<br />

le sommet le plus vite possible<br />

pour tenter de se qualifier<br />

pour la grande finale. Une finale qui<br />

se déroulera, pour la première fois,<br />

de nuit, sur le tremplin éclairé !<br />

Prêts à relever le défi ?<br />

Courchevel ; redbull.com<br />

G U I D E<br />

12<br />

juin / juillet<br />

28 5 3<br />

au 30 juin<br />

Paddle mania<br />

PromoPaddle organise la première<br />

édition du Pornichet<br />

Paddle Trophy, événement fun et<br />

convivial autour de la pratique du<br />

paddle. Les grands noms de la<br />

discipline s’affronteront lors des<br />

deux épreuves de la Coupe de<br />

France, plage des Libraires. Ce<br />

sera aussi l’occasion de s’essayer<br />

à ce sport avec des centaines<br />

de planches et pagaies mises à<br />

disposition du grand public.<br />

Pornichet ;<br />

pornichetpaddletrophy.com<br />

au 14 juillet<br />

COUPE DU MONDE VTT UCI<br />

Les Gets… is back ! Pour la première fois depuis 18 ans,<br />

la Coupe du Monde de VTT fait son grand retour aux Gets, en<br />

France. Mais ce n’est pas tout, la station a été retenue pour<br />

accueillir les finales de la Coupe du Monde et les Championnats<br />

du monde entre <strong>2019</strong> et 2022. Les athlètes ont donc rendezvous<br />

dans LE spot français de référence. Pour plus d'infos, RDV<br />

sur leur site (échéances, épreuves, animations, exposants<br />

hébergement, athlètes, partenaires, médias, volontaires…).<br />

au 7 juillet<br />

Tous câblés<br />

Rendez-vous à Saint-Viaud pour<br />

le Championnats de France de<br />

Wakeboard & Wakeskate Câble.<br />

Au programme : entraînements<br />

officiels, qualifications, food<br />

trucks, set up DJ, démonstration<br />

de skate, trampoline… Un événement<br />

familial et sportif durant<br />

lequel le public pourra admirer<br />

les performances d’une centaine<br />

de riders professionnels.<br />

Saint-Viaud ;<br />

Infos sur le Facebook de Ride’n<br />

Rose Loire Atlantique<br />

Les Gets ; worldcuplesgets.com<br />

au 8 juillet<br />

Astropolis<br />

Le festival brestois fête son quart<br />

de siècle ! 25 ans d’aventures<br />

bariolées et de danse passionnée<br />

à célébrer ensemble autour d’une<br />

programmation défricheuse et<br />

exigeante, entre artistes légendaires<br />

et avant-gardistes, lives<br />

explosifs et shows uniques. Pour<br />

l’occasion, le <strong>Red</strong> Bull Music<br />

Boom Bus débarque au Manoir de<br />

Keroual pour y tisser une bulle de<br />

fraîcheur et de moves intimistes.<br />

Brest ;<br />

astropolis.org/astro25/<br />

BORIS BEYER/RED BULL CONTENT POOL, ALEXIS BERG/RED BULL CONTENT POOL<br />

86 THE RED BULLETIN


G U I D E<br />

Voir.<br />

juillet<br />

TOUT CE<br />

QUI ROULE<br />

Parmi les temps forts<br />

sur Reb Bull TV ce mois-ci,<br />

la plus convoitée des<br />

compétitions d’enduro<br />

au monde, du skate hybride<br />

en Allemagne et du motocross<br />

pur et dur…<br />

REGARDEZ<br />

RED BULL TV<br />

PARTOUT<br />

<strong>Red</strong> Bull TV est une chaîne de<br />

télévision connectée : où que<br />

vous soyez dans le monde,<br />

vous pouvez avoir accès aux<br />

programmes, en direct ou en<br />

différé. Le plein de contenus<br />

originaux, forts et créatifs.<br />

Vivez l’expérience sur redbull.tv<br />

11<br />

Callaghan : faire<br />

mieux que sixième<br />

cette année.<br />

juin AVANT-PREMIÈRE<br />

DANS LA ROUE DE<br />

GREG CALLAGHAN<br />

Après avoir suivi les aventures du pilote VTT américain Curtis<br />

Keene lors des saisons précédentes, On Track zoome sur l’Irlandais<br />

Greg Callaghan, candidat au titre de l’Enduro World Series,<br />

une première pour son pays. Présenté par les auteurs de la série<br />

Fast Life sur la Coupe du Monde VTT UCI, ce programme<br />

retrace l’irrésistible ascension de Callaghan.<br />

29<br />

juin EN DIRECT<br />

RED BULL ROLLER<br />

COASTER MUNICH MASH<br />

Rendez-vous au parc olympique de Munich pour la<br />

deuxième édition de cette épreuve mixant skateboard<br />

de park et street sur un parcours slopestyle.<br />

En jeu, le titre de skateur le plus polyvalent.<br />

12<br />

juillet AVANT-PREMIÈRE<br />

MX NATION, SAISON 5<br />

Le championnat de motocross Lucas Oil Pro est l’un<br />

des sommets de la discipline. Avec la série en six épisodes<br />

MX Nation, entrez dans les coulisses de cette<br />

intense compétition pour découvrir entre autres<br />

comment les pilotes gèrent la pression.<br />

FLO HAGENA/RED BULL CONTENT POOL<br />

88 THE RED BULLETIN


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TRBMAG


CONSEIL N° 1 : Rangez malin<br />

« Gourde, trépied, portemonnaie,<br />

lunettes… Tout doit<br />

être facilement accessible. »<br />

HANWAG FERRATA II<br />

OFFREZ-VOUS DU<br />

GRIP<br />

La semelle intermédiaire en<br />

polyuréthane de la Ferrata<br />

amortit chacun de vos pas.<br />

Son revêtement en thermoplastique<br />

robuste et confortable<br />

vous assure légèreté<br />

et confort même sur terrain<br />

difficile.<br />

319,99 ¤ ; hanwag.com


G U I D E<br />

TOUT ÉQUIPÉ<br />

Le « micro-aventurier » Christo Foerster nous livre sept conseils pour<br />

vivre d’inoubliables expériences dans la nature. Nous vous indiquons ici<br />

l’équipement qui y contribuera grandement. C’est parti !<br />

Texte WOLFGANG WIESER<br />

PRIMUS LITE+<br />

RÉDUISEZ VOTRE CUISINE<br />

Petit mais malin : la cartouche à gaz (100 g)<br />

et le brûleur se rangent dans un récipient en<br />

alu anodisé résistant et compact. Pour un<br />

poids total de 390 g. Le plus : la casserole se<br />

fixe facilement et solidement au brûleur via<br />

un mécanisme de verrouillage breveté.<br />

129,95 ¤ ; primus.eu<br />

VESTE THERMOBALL À<br />

CAPUCHE THE NORTH FACE<br />

NE LAISSEZ PAS LE FROID<br />

VOUS SURPRENDRE<br />

Légère, facile à ranger et efficace contre les<br />

rigueurs du temps. La doudoune <strong>The</strong>rmoball<br />

à capuche combine isolation extrême et légèreté<br />

avec sa forme d’entonnoir innovante.<br />

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PROFITEZ DE LA VUE<br />

Ces lunettes de soleil préservent votre perspective<br />

en toutes circonstances. La teinte<br />

des verres s’adapte au niveau de luminosité.<br />

Le plus : les coussinets nasaux malléables<br />

s’ajustent pour plus de confort.<br />

59,95 ¤ ; alpina-sports.com<br />

BARTSCH<br />

CONSEIL N° 2 :<br />

Mangez chaud<br />

« L’alpiniste Conrad<br />

Anker ne jure que par la<br />

semoule de couscous.<br />

Rien de plus simple pour<br />

manger chaud en pleine<br />

nature. Faites chauffer<br />

un peu d’eau sans même<br />

la faire bouillir, versezla<br />

sur la graine, mélangez,<br />

c’est prêt. »<br />

APEX WALL<br />

BACKPACK<br />

AÉREZ VOTRE DOS<br />

Dix-huit compartiments et<br />

des canaux de ventilation 3D<br />

permettent à l’air de circuler<br />

dans le dos. Résultat : vous<br />

transpirez moins et fini les<br />

coups de froid. Disponible en<br />

deux tailles (32 ou 38 l) .<br />

150 et 160 ¤ ; salewa.com<br />

Le sac à dos<br />

Apex est résistant<br />

et confortable.<br />

Une<br />

option à ne<br />

pas négliger.<br />

THE RED BULLETIN 91


G U I D E<br />

CONSEIL N° 3 : Portez de<br />

bonnes chaussures<br />

« Pour choper un train après une<br />

rando, des chaussures hybrides<br />

m’ont permis de piquer un sprint.<br />

Difficile en pompes de rando... »<br />

DYNAFIT ALPINE PRO<br />

TRACEZ VOTRE<br />

ROUTE<br />

Si vous êtes du genre « plus<br />

c’est long, plus c’est bon », alors<br />

c’est elle qu’il vous faut. Semelle<br />

intermédiaire comprimée en<br />

EVA double densité, talon renforcé<br />

et plaque de carbone<br />

protectrice entre la semelle intermédiaire<br />

et la semelle extérieure<br />

dompteront tous vos<br />

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BURTON PORTAL LITE<br />

APPRENEZ À AIMER LA PLUIE<br />

Cette veste prouve à nouveau qu’on peut<br />

profiter du grand air même quand il pleut…<br />

Elle vous gardera au sec et au chaud. Et sa<br />

coupe près du corps vous donnera fière<br />

allure. On en viendrait presque à souhaiter<br />

qu’il pleuve. 110 ¤ ; burton.com<br />

CONSEIL N° 4 : Dormez sous la tente<br />

« Je préfère dormir à la belle étoile sur un tapis<br />

iso ou un hamac. Mais quand il y a du monde, la<br />

tente offre une intimité appréciable, à condition<br />

qu’elle reste simple et légère. »<br />

FJÄLLRÄVEN ABISKO<br />

TRAIL TIGHTS<br />

AÉREZ VOTRE FOULÉE<br />

Ce collant de rando est idéal pour les journées<br />

chaudes. Un tissu respirant offre une<br />

aération au niveau de la taille, de l’entrejambe<br />

et à l’arrière des cuisses. Bien-être<br />

garanti. 159,95 ¤ ; fjallraven.fr<br />

Duo pour un solo :<br />

sac de couchage et<br />

tente monoplace.<br />

JACK WOLFSKIN EXOLIGHT I<br />

ISOLEZ-VOUS<br />

Seul pour un ou deux jours ? Cette tente<br />

monoplace (215 cm de long, 60 cm de large,<br />

100 cm de haut) sera une compagne fiable<br />

pour vos aventures en solo et se combine<br />

idéalement avec un sac de couchage à zip<br />

circulaire. 339,95 ¤ (tente), 199,95 ¤<br />

(sac de couchage) ; jack-wolfskin.com<br />

MARCEL PABST<br />

92 THE RED BULLETIN


THULE CAPSTONE<br />

TOUT À PORTÉE DE<br />

LA MAIN<br />

Ce sac à dos a été testé en<br />

situation pendant l’équivalent<br />

d’une randonnée autour du<br />

globe. En plus d’être extrêmement<br />

robuste et polyvalent,<br />

il offre des accès par le haut,<br />

le bas, le côté gauche et le<br />

côté droit.<br />

149,95 ¤ (modèle 40 l) ;<br />

thule.com<br />

CONSEIL N° 5 : Jamais sans lunettes<br />

« Après avoir égaré deux paires de<br />

lunettes de soleil dans l’eau, j’ai opté pour<br />

un modèle léger et flottant. Je ne suis pas<br />

fan de lunettes, mais sur l’eau, à la neige<br />

et en altitude, les protections visuelles<br />

sont tout simplement indispensables. »


G U I D E<br />

CONSEIL N° 6 : Oubliez le smartphone<br />

« Je déteste avoir à systématiquement consulter mon smartphone<br />

pour vérifier l’itinéraire. Avec la montre GPS, un coup<br />

d’œil suffit. Utilité maximale pour dispersion minimale. »<br />

SUUNTO 9 BARO<br />

RESTEZ EN MODE VEILLE<br />

Cette montre vous indique la voie, suit votre<br />

entraînement, contrôle votre pouls en permanence<br />

et deviendra vite le compagnon<br />

indispensable et fiable qui ne manquera<br />

pas de vous alerter en temps et en heure<br />

en cas d’orage. 599 ¤ ; suunto.com<br />

Une semelle en<br />

caoutchouc pour<br />

un excellent grip.<br />

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fibres mérinos naturelles enroulées autour<br />

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aux odeurs et confortable. Avec un<br />

design original signé Damon Watters.<br />

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Presque aussi agréable que marcher pieds<br />

nus, la protection en plus. La semelle extérieure<br />

flexible en caoutchouc de 4 mm offre<br />

une bonne adhérence, quelle que soit la météo<br />

; la semelle intermédiaire en PU donne,<br />

elle, l’impression de marcher sur un nuage.<br />

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Cette lampe brille à souhait.<br />

Une application permet de<br />

configurer les fonctions selon<br />

vos besoins. En mode boost,<br />

elle éclaire les nuits les plus<br />

noires : 750 lumens donnent<br />

une visibilité allant jusqu’à<br />

300 mètres.<br />

149,90 ¤ ; ledlenser.com<br />

CONSEIL N° 7 : Devenez une source<br />

de lumière<br />

« Dès que j’éteins ma lampe torche, je<br />

deviens invisible dans le noir et me fonds<br />

dans la forêt. Mais si un plus gros animal<br />

venait à s’approcher, rassurez-vous,<br />

la torche se laisse rallumer aussitôt. »<br />

CHRISTO FOERSTER<br />

est parti à la découverte de<br />

la « micro-aventure ». Qu’estce<br />

qu’une micro-aventure ?<br />

C’est une expérience qui dure<br />

entre 8 et 72 heures, dont<br />

voiture et avion sont bannis et<br />

où la nuit se fait à la belle étoile.<br />

Le nouveau livre de l’aventurier<br />

allemand vient de paraître aux<br />

éditions Harper Collins : Raus<br />

Und Machen (trad. L’aventure<br />

commence ICI).<br />

94 THE RED BULLETIN


HORS DU COMMUN<br />

Le 25 juillet avec et le 1 er août avec<br />

dans une sélection de points de vente et en abonnement<br />

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THE RED<br />

BULLETIN<br />

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<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

est actuellement<br />

distribué dans sept<br />

pays. Ben Stokes, une<br />

star du cricket, reçoit<br />

notre édition anglaise<br />

en Inde.<br />

Le plein d’histoires<br />

hors du commun sur<br />

redbulletin.com<br />

Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris<br />

part à la réalisation de <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />

SO PRESS n’est pas responsable des textes,<br />

photos, illustrations et dessins qui engagent<br />

la seule responsabilité des auteurs.<br />

MENTIONS LÉGALES<br />

Rédacteur en chef<br />

Alexander Macheck<br />

Rédacteurs en chef adjoints<br />

Waltraud Hable, Andreas Rottenschlager<br />

Directeur créatif<br />

Erik Turek<br />

Directeurs artistiques<br />

Kasimir Reimann (DC adjoint),<br />

Miles English, Tara Thompson<br />

Directeur photos<br />

Fritz Schuster<br />

Directeurs photos adjoints<br />

Marion Batty, Rudi Übelhör<br />

Responsable de la production<br />

Marion Lukas-Wildmann<br />

Managing Editor<br />

Ulrich Corazza<br />

Rédaction<br />

Christian Eberle-Abasolo, Jakob Hübner,<br />

Arek Piatek, Nina Treml, Stefan Wagner<br />

Maquette<br />

Marion Bernert-Thomann, Martina de<br />

Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz<br />

Booking photos<br />

Susie Forman, Ellen Haas,<br />

Eva Kerschbaum, Tahira Mirza<br />

Directeur global Media Sales<br />

Gerhard Riedler<br />

Directeur Asset Sales<br />

Alfred Vrej Minassian<br />

Coordination ventes internationales<br />

Stefanie Krallinger<br />

Directeur commercial & Publishing Management<br />

Stefan Ebner<br />

Publishing Management<br />

Sara Varming (Dir.), Bernhard Schmied,<br />

Melissa Stutz, Mia Wienerberger<br />

Communication B2B<br />

Katrin Siegl, Christoph Rietner<br />

Directeur créatif global<br />

Markus Kietreiber<br />

Solutions créatives<br />

Eva Locker (Dir.), Verena Schörkhuber,<br />

Edith Zöchling-Marchart<br />

Maquette commerciale Peter Knehtl (Dir.),<br />

Sasha Bunch, Simone Fischer, Martina Maier<br />

Emplacements publicitaires<br />

Manuela Brandstätter, Monika Spitaler<br />

Production<br />

Walter O. Sádaba, Friedrich Indich,<br />

Sabine Wessig<br />

Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.),<br />

Claudia Heis, Nenad Isailovi c, ̀<br />

Maximilian Kment, Josef Mühlbacher<br />

Fabrication Veronika Felder<br />

Office Management<br />

Yvonne Tremmel (Dir.), Alexander Peham<br />

Informatique Michael Thaler<br />

Abonnements et distribution<br />

Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger<br />

(Distribution), Nicole Glaser (Distribution),<br />

Yoldaş Yarar (Abonnements)<br />

Siège de la rédaction<br />

Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche<br />

Téléphone +43 (0)1 90221-28800,<br />

Fax +43 (0)1 90221-28809<br />

Web redbulletin.com<br />

Direction générale<br />

<strong>Red</strong> Bull Media House GmbH,<br />

Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15,<br />

5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i,<br />

Landesgericht Salzburg, ATU63611700<br />

Directeur de la publication<br />

Andreas Kornhofer<br />

Directeurs généraux<br />

Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier,<br />

Dietmar Otti, Christopher Reindl<br />

THE RED BULLETIN<br />

France, ISSN 2225-4722<br />

Country Editor<br />

Pierre-Henri Camy<br />

Country Coordinator<br />

Christine Vitel<br />

Country Project Management<br />

Alessandra Ballabeni,<br />

alessandra.ballabeni@redbull.com<br />

Contributions,<br />

traductions, révision<br />

Étienne Bonamy, Frédéric & Susanne<br />

Fortas, Suzanne Kříženecký, Claire<br />

Schieffer, Jean-Pascal Vachon,<br />

Gwendolyn de Vries<br />

Abonnements<br />

Prix : 18 €, 12 numéros/an<br />

getredbulletin.com<br />

Siège de la rédaction<br />

29 rue Cardinet, 75017 Paris<br />

+33 (0)1 40 13 57 00<br />

Impression<br />

Prinovis Ltd. & Co. KG,<br />

90471 Nuremberg<br />

Publicité<br />

PROFIL<br />

134 bis rue du Point du jour<br />

92100 Boulogne<br />

+33 (0)1 46 94 84 24<br />

Thierry Rémond,<br />

tremond@profil-1830.com<br />

Elisabeth Sirand-Girouard,<br />

egirouard@profil-1830.com<br />

Arnaud Lietveaux,<br />

alietveaux@profil-1830.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Allemagne, ISSN 2079-4258<br />

Country Editor<br />

David Mayer<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Natascha Djodat<br />

Publicité<br />

Matej Anusic,<br />

matej.anusic@redbull.com<br />

Thomas Keihl,<br />

thomas.keihl@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Autriche, ISSN 1995-8838<br />

Country Editor<br />

Christian Eberle-Abasolo<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Publishing Management<br />

Bernhard Schmied<br />

Directeurs Media Sales<br />

Peter Strutz, Mario Filipovic<br />

Coordination ventes<br />

Thomas Hutterer<br />

Publicité<br />

anzeigen@at.redbulletin.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Mexique, ISSN 2308-5924<br />

Country Editor<br />

Luis Alejandro Serrano<br />

Rédactrice adjointe<br />

Inmaculada Sánchez Trejo<br />

Secrétaire de rédaction<br />

Marco Payán<br />

Relecture<br />

Alma Rosa Guerrero<br />

Country Project Management<br />

Giovana Mollona<br />

Publicité<br />

Humberto Amaya Bernard,<br />

humberto.amayabernard@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Royaume-Uni, ISSN 2308-5894<br />

Country Editor<br />

Tom Guise<br />

Rédacteur associé<br />

Lou Boyd<br />

Rédacteur musical<br />

Florian Obkircher<br />

Directeur Secrétariat de rédaction<br />

Davydd Chong<br />

Secrétaire de rédaction<br />

Nick Mee<br />

Publishing Manager<br />

Ollie Stretton<br />

Publicité<br />

Mark Bishop,<br />

mark.bishop@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Suisse, ISSN 2308-5886<br />

Country Editor<br />

Arek Piatek<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Meike Koch<br />

Publicité<br />

Marcel Bannwart (D-CH),<br />

marcel.bannwart@redbull.com<br />

Christian Bürgi (W-CH),<br />

christian.buergi@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN USA,<br />

ISSN 2308-586X<br />

Rédacteur en chef<br />

Peter Flax<br />

Rédactrice adjointe<br />

Nora O’Donnell<br />

Éditeur en chef<br />

David Caplan<br />

Directrice de publication<br />

Cheryl Angelheart<br />

Publicité<br />

Todd Peters, todd.peters@redbull.com<br />

Dave Szych, dave.szych@redbull.com<br />

Tanya Foster, tanya.foster@redbull.com<br />

96 THE RED BULLETIN


*Le bon choix pour s’élever - Millet©Clément Hudry<br />

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Pour finir en beauté<br />

Rêve azur<br />

L’aventurier canadien Will Gadd, 53 ans, fut le premier à venir à bout des chutes du Niagara<br />

gelées. En revanche, il ne s’était jamais aventuré dans un moulin de glacier (énorme puits taillé<br />

par les eaux de fonte). Une immersion à l’intérieur de la calotte glaciaire du Groenland pour<br />

comprendre les effets du réchauffement climatique sur la disparition des glaciers.<br />

Le prochain<br />

THE RED BULLETIN<br />

n° 90 disponible<br />

dès le 25 juillet<br />

<strong>2019</strong><br />

CHRISTIAN PONDELLA/RED BULL CONTENT POOL DAVID MAYER<br />

98 THE RED BULLETIN


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