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Essentiel Prépas / Juin 2019

L'Essentiel Prépas, le magazine dédié aux professeurs des classes préparatoires EC. Créée et publié par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie de l'enseignement supérieur et de la recherche.

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juin <strong>2019</strong> | N° 28<br />

<strong>Prépas</strong> économiques et commerciales<br />

paroles de profs<br />

Échanger pour (re)penser<br />

nos pratiques<br />

entretiens<br />

Stéphan Bourcieu<br />

(Burgundy School of Business)<br />

Loïck Roche (Grenoble EM)<br />

débat<br />

Où en est la réforme du bac ?<br />

Qu’attendent les étudiants<br />

de leur Grande école ?<br />

Photographie : © Inseec SBE


l’essentiel du sup prépas<br />

édito + sommaire<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Culture générale<br />

vs. Éloquence ?<br />

« Corrélation ne vaut pas causalité » nous répétait-on<br />

pendant nos études. Alors pourquoi opposer ici la culture<br />

générale et l’éloquence ? Le fait que cette dernière soit<br />

portée au pinacle au point de faire son entrée au bac<br />

– sous la forme d’un « grand oral » en 2021 – quand la<br />

culture générale est stipendiée par ceux qui voient en elle<br />

un dangereux outil de reproduction sociale, signifie-t-il<br />

que les deux cycles se rencontrent ? Le débat va en tout<br />

cas être vif dans les semaines à venir. En complément de<br />

celle de l’ENA, la ministre de l'Enseignement supérieur a<br />

annoncé la création d'une mission sur l'ouverture sociale<br />

des Grandes écoles.<br />

Thèse en 180 secondes, cours de pitch elevator, Grand oral du bac en 2021 et même<br />

une Académie dédiée, l’éloquence est à la mode dans l’enseignement supérieur. Dans<br />

le rapport de la mission parlementaire « Apprendre autrement à l’ère numérique » le<br />

député Jean-Michel Fourgous explique ainsi que « la prise de parole pour expliquer,<br />

commenter, argumenter devant un plus large public apporte une éloquence, un statut<br />

et une posture qui lui seront utiles dans sa future vie d’adulte citoyen et responsable ».<br />

Mais l’éloquence – ou du moins les facilités à l’oral à produire un raisonnement face<br />

à un jury - n’est pas facile à évaluer à l’entrée dans un établissement d’enseignement<br />

supérieur. Quant aux oraux des écoles de management, le président de l’APHEC, Alain<br />

Joyeux les considère comme « ambigus » : « Les oraux évaluent la personnalité du<br />

candidat mais aussi sa motivation alors que nos élèves ont parfois du mal à se projeter<br />

de manière précises dans l’avenir. »<br />

Parallèlement à la montée en puissance de la notion d’éloquence il est frappant de<br />

constater comment la culture générale est remise en cause. Notamment avec la<br />

volonté présidentielle d’ouvrir plus largement les Grandes écoles formant la haute<br />

fonction publique à de plus larges profils. Dans un entretien Frédéric Thiriez, en charge<br />

de la réforme de l’ENA, dit ainsi: « Notre conception très académique de l’excellence<br />

est aujourd’hui socialement discriminante. D’autres pays fonctionnent différemment,<br />

mettant en avant l’expérience, des épreuves plus pratiques ou plus scientifiques. On<br />

peut aussi imaginer un concours spécial, ouvert à certains profils de candidats avec<br />

des épreuves un peu différentes de celles du concours étudiant. »<br />

Mais par quoi remplacer un processus qui peut certes être jugé discriminant mais a<br />

le double avantage de pousser à acquérir des connaissances et des compétences<br />

qui seront utiles toute sa vie et d’être objectif ? Sur fond de versement de fonds à<br />

des intermédiaires véreux - qui soudoyaient<br />

entraîneurs et surveillants afin qu’ils accordent<br />

aux enfants de meilleurs résultats aux tests ou<br />

attestent de leurs performances sportives -, les<br />

spectaculaires dérives récentes du processus<br />

de sélection des universités américaines sont là<br />

pour nous mettre en garde : pour paraphraser<br />

Winston Churchill le concours est la pire manière<br />

de sélectionner à l’exception de toutes les autres !<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

Sommaire<br />

les essentiels du mois<br />

4 • Nouveaux campus :<br />

SKEMA frappe fort à Paris<br />

5 • Rennes SB passe au 100% en anglais<br />

• L’EM Normandie signe un accord à Dubaï<br />

6 • Audencia et Sciences Po Saint-Germain<br />

créent un double diplôme<br />

7 • Kedge BS,<br />

école de la « technologie responsable »<br />

entretiens<br />

9 • Stéphan Bourcieu<br />

(Directeur général Burgundy SB)<br />

25 • Loïck Roche<br />

(Directeur général de Grenoble EM)<br />

publi information<br />

12 • TBS : une Business School<br />

tournée vers l’avenir<br />

Dossier<br />

15 • Qu’attendent les étudiants<br />

de leur Grande école ?<br />

Paroles de profs<br />

26 • Échanger pour (re)penser nos pratiques<br />

débat<br />

32 • Où en est la réforme du bac ?<br />

« L’<strong>Essentiel</strong> du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : Audencia BS<br />

2


l’essentiel du sup prépas mars <strong>2019</strong> N° 25


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Nouveaux campus :<br />

SKEMA frappe fort à Paris<br />

Paris a décidément le vent en poupe pour les écoles de commerce.<br />

Après emlyon, EM Normandie, Kedge ou encore Grenoble EM, alors qu’on attend<br />

la présentation du tout nouveau campus de NEOMA, SKEMA a dévoilé<br />

cette semaine un campus de 30 000 m2 à Suresnes.<br />

Baptisé « Campus Grand Paris », ce nouveau<br />

bâtiment situé sur les bords de Seine<br />

à Suresnes surprend par son allure et son<br />

envergure. Plus de 30 000m2 seront mis à<br />

disposition des différentes parties prenantes de l’école<br />

au travers de 40 salles de cours, 2 amphithéâtres,<br />

un knowledge center, 2 terrasses, 3 sous-sols de<br />

parking et une résidence étudiante de plus de 200<br />

chambres. Ces nouveaux locaux, classés comme<br />

« site contemporain remarquable » de par son architecture,<br />

se substitueront totalement au campus<br />

actuel de La Défense.<br />

Plus de 120M€ d’investissements. Ce Campus Grand<br />

Paris a pour objectif principal d’assoir la marque, la<br />

visibilité et l’attractivité de SKEMA en France et à l’international.<br />

Paris étant « une ville monde, une ville de<br />

stature internationale qui est la porte d’entrée sur le<br />

continent européen », analyse sa directrice générale,<br />

Alice Guilhon. Une localisation attractive couplée à<br />

l’existence d’une résidence étudiante devrait être un<br />

atout non négligeable pour le recrutement d’étudiants<br />

internationaux.<br />

Pour transformer d’anciens locaux d’Airbus et Dassault<br />

en « vaisseau amiral de la flotte SKEMA » - son campus<br />

lillois ne fait « que » 20 000 m 2 -, l’établissement<br />

investit plus de 120M€. Un investissement immobilier<br />

très conséquent pour lequel SKEMA a contracté son<br />

premier prêt financier. Car si 20M€ ont été apportés<br />

par SKEMA, les 100M€ restants sont financés via un<br />

dispositif de crédit-bail avec un partenaire financier.<br />

L’établissement devrait ainsi être propriétaire de ses<br />

locaux dans une vingtaine d’années.<br />

Entre temps il aura eu le temps de faire la preuve d’un<br />

modèle qui joue sur le volume d’étudiants. Contrairement<br />

aux campus intra-muros, plus modestes en taille,<br />

de ses concurrents à Paris, SKEMA souhaite en effet<br />

accueillir à partir de septembre 2020 plus de 3000<br />

étudiants en formation initiale et continue. A titre de<br />

comparaison, les nouveaux locaux de Kedge, situés<br />

cours Saint-Emilion, font 3200m2 pour recevoir 800<br />

étudiants en master et surtout en formation continue<br />

à la rentrée <strong>2019</strong>.<br />

De nouveaux espaces d’apprentissage. Ce nouveau<br />

campus est l’occasion de proposer des espaces d’apprentissage<br />

adaptés aux transformations du secteur<br />

de l’enseignement supérieur et de la recherche et aux<br />

nouvelles attentes des étudiants. « Ce nouveau site est<br />

plus adapté à l’ère de la mobilité, les salles de cours<br />

se transforment en espace plus grand, plus ouvert<br />

et sans direction figée par un tableau fixé au mur. Cet<br />

espace est modulable et peut se transformer en plusieurs<br />

sous espaces très rapidement », signifie Marc<br />

Seifert, dirigeant associé de l’agence A26-Equerre et<br />

architecte en charge du projet.<br />

Ainsi, l’intérieur des locaux va être totalement transformé<br />

: finis les murs fixes, les longs couloirs et<br />

les salles sans lumières. Le nouveau campus se<br />

veut ouvert sur l’extérieur grâce aux nombreuses<br />

baies vitrées, qui donnent aussi bien sur les quais<br />

de Seine que sur le patio intérieur, et aux cloisons<br />

amovibles qui permettront de moduler les espaces<br />

selon les besoins. Il y aura des espaces adaptés aux<br />

différentes attentes et moments de vie des usagers.<br />

Cela se matérialisera par exemple par des espaces<br />

de co-working, des espaces de travail ou encore des<br />

espaces de détente comme le résume Marc Seifert :<br />

« Le fil conducteur de l’aménagement de ces nouveaux<br />

locaux, c’est l’expérience des différents utilisateurs :<br />

que ce soient les étudiants, le staff, les professeurs,<br />

les alumni ou encore les entreprises ».<br />

Juliette Berardi<br />

en bref<br />

Skema met le cap<br />

sur Cape Town<br />

En accord avec son modèle<br />

multi-campus, SKEMA va<br />

ouvrir son septième site en<br />

Afrique du Sud. Situé à Cape<br />

Town ce nouveau campus<br />

ouvrira ses portes dès janvier<br />

2020. L’investissement est<br />

bien plus modeste : 1M€<br />

pour sa phase de démarrage.<br />

Fidèle à la stratégie<br />

d’implantation glocale de<br />

SKEMA - marque globale<br />

et recrutement local -, ce<br />

nouveau site sera hébergé<br />

au sein d’un établissement<br />

incontournable en Afrique :<br />

l’Université de Stellenbosch,<br />

un partenaire de longue<br />

date de l’école. Le campus<br />

accueillera dans un premier<br />

temps les étudiants actuels<br />

de Bachelor, de programme<br />

Grande école (PGE) et<br />

de MSc et s’ouvrira dans<br />

un second temps à des<br />

étudiants internationaux.<br />

La création d’un nouveau<br />

campus à Cape Town est<br />

pour Alice Guilhon « un<br />

choix réfléchi qui résulte<br />

de la combinaison de trois<br />

critères indissociables : un<br />

écosystème académique de<br />

haut niveau, des entreprises<br />

dynamiques et un territoire<br />

favorable à l’implantation ».<br />

Premier campus français<br />

installé en Afrique du Sud,<br />

ce nouveau site a aussi pour<br />

vocation de devenir le hub<br />

africain et ainsi favoriser<br />

le développement et le<br />

rayonnement de la marque<br />

SKEMA sur le continent.<br />

© Skema BS<br />

4


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

NOMINATIONS<br />

Henry Buzy-Cazaux<br />

Directeur général de l’ISC<br />

Paris, il va quitter ses<br />

fonctions à la fin du mois<br />

d’août après deux années<br />

à sa tête. Il a en effet reçu<br />

la mission d’organiser, en<br />

liaison avec la Mairie de<br />

Paris et le gouvernement,<br />

le Congrès mondial de<br />

l’immobilier que la capitale<br />

accueillera en 2021, avec<br />

la participation de 50<br />

délégations de pays étrangers.<br />

La continuité de la direction<br />

générale est assurée par les<br />

deux directeurs généraux<br />

adjoints, Thierry Delécolle<br />

et Cyril Noirtin. Le<br />

recrutement d’un directeur<br />

général est « en cours ».<br />

Anaïs Ravet<br />

A été nommée directrice<br />

des études du Master in<br />

Management (Programme<br />

Grande Ecole) de ESCP<br />

Europe. Diplômée de<br />

Sciences Po, Anaïs Ravet<br />

a commencé sa carrière<br />

en Chine, participant au<br />

développement des Alliances<br />

françaises de 2006 à 2009.<br />

Elle rejoint la CCI Paris<br />

Ile-de-France en 2009,<br />

en charge de l’Advanced<br />

Management Programme<br />

dans la Mode et le Luxe,<br />

en coopération avec HEC<br />

Paris, l’Institut Français de la<br />

Mode (IFM) et l’Université<br />

Tsinghua. En 2016, elle<br />

est nommée directrice<br />

adjointe du département<br />

international pour la<br />

division enseignement.<br />

Rennes SB passe au 100%<br />

en anglais<br />

Jusqu’ici l’enseignement du programme Grande école (PGE) de Rennes SB<br />

ne se déroulait à 100% en anglais qu’après un premier semestre en français.<br />

Dans le cadre de la réforme de son PGE,<br />

l’école a décidé qu’il le serait dorénavant dès le début.<br />

95%<br />

de<br />

«<br />

la seule école à pouvoir<br />

notre corps professoral<br />

est aujourd'hui international.<br />

Nous sommes ainsi<br />

déployer un enseignement 100% en anglais. Mais la<br />

question de la place de l’anglais ne se pose même plus.<br />

Ce que nous voulons aujourd'hui c’est dispenser un<br />

enseignement trilingue », professe le directeur de l’école,<br />

Thomas Froehlicher qui va également permettre à ses<br />

étudiants d’avoir accès plus tôt dans leur cursus à une<br />

troisième langue d’enseignement. Avec aussi l’idée de<br />

favoriser l’obtention de double diplômes partout dans<br />

le monde. « Notre objectif est que tous nos étudiants<br />

obtiennent un double diplôme en MSc chez nous ou<br />

dans les universités partenaires », rappelle la directrice<br />

du programme Grande école (PGE), Béatrice Rabet.<br />

Mais pour développer encore plus ce sentiment d’interculturalité<br />

sur le campus même encore faut-il que toutes<br />

les nationalités s’y parlent. « Nos étudiants internationaux<br />

viennent aussi pour rencontrer des étudiants français<br />

et nous allons ouvrir les associations aux étudiants<br />

étranger des MSc pour favoriser l’interculturalité »,<br />

insiste le directeur, qui tient également à ce que ses<br />

Un étudiant de Rennes SB dans la salle des marchés de l’école.<br />

professeurs et ses étudiants de tous pays – qui pourraient<br />

bientôt passer le test de français des affaires<br />

de la CCI Paris Ile-de-France – maîtrisent également<br />

suffisamment pour bien profiter de leur séjour rennais.<br />

Rennes SB fêtera ses 30 ans en 2020. Pour l’instant<br />

concentrée sur les cinq bâtiments de son campus<br />

rennais, l’école pourrait bien s’installer également à<br />

Paris prochainement, notamment pour y délivrer des<br />

programmes en executive education.<br />

© Renne SB<br />

L’EM Normandie signe un accord à Dubaï<br />

© EM Normandie<br />

Jean-Christophe Hauguel, directeur général adjoint<br />

de l’EM Normandie, est allé conclure l’accord à Dubaï<br />

L'EM Normandie vient de signer un MoU<br />

(Memorandum of Understanding) avec<br />

Mena College of Management (MCM)<br />

situé à Dubaï aux Emirats Arabes Unis<br />

(EAU). Ce partenariat porte sur le développement<br />

de coopérations pédagogiques<br />

et des échanges d'étudiants de niveaux<br />

bachelor et master. Ensemble les deux<br />

établissements vont lancer deux BBA en<br />

4 ans (« Digital Business » et « Innovation<br />

& Entrepreneurship ») et deux Masters of<br />

science : « Data Analytics, Banking and<br />

Fintech » et « Tourism and International<br />

Events Management ».<br />

Cet accord permet à l'EM Normandie<br />

de renforcer ses liens avec le Moyen-Orient<br />

où elle travaille déjà avec l'American University<br />

in The Emirates à Dubaï, l'American<br />

University of Sharjah (AACSB), l'Institute<br />

of Management Technology à Dubaï<br />

ainsi que le College of Business Administration<br />

de Kuwait University (AACSB).<br />

5


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Audencia et Sciences Po<br />

Saint-Germain créent<br />

un double diplôme<br />

«<br />

A la rentrée <strong>2019</strong> cinq étudiants de Sciences Po Saint-Germain<br />

pourront intégrer le Programme Grande école d’Audencia et autant d’étudiants<br />

de la Grande école nantaise rejoindre le master de Sciences Po Saint-Germain.<br />

Cela s’inscrit parfaitement dans la démarche<br />

d’hybridation des compétences que nous<br />

menons à Nantes. Plébiscitée par les entreprises<br />

elle devrait encore prendre de<br />

l’ampleur avec les nouveaux profils que nous allons<br />

recevoir avec la réforme du bac », explique le directeur<br />

général d’Audencia, Christophe Germain alors<br />

que Céline Braconnier, la directrice de Sciences Po<br />

Saint Germain, – institution créée en 2013 qui diplôme<br />

cette année sa première promotion - établit : « Pour<br />

des étudiants qui avaient pu hésiter entre une école<br />

de management et Sciences Po c’est l’occasion de<br />

réaliser leurs deux objectifs. Nous recevons de plus<br />

en plus d’étudiants titulaires d’un bac S qui demandent<br />

à suivre des enseignements de mathématiques pour<br />

conserver leur niveau ».<br />

Dans le détail les étudiants parvenus au terme de leur<br />

4ème année d’études à Sciences Po Saint-Germain<br />

pourront réaliser leur 5ème année (ou 6ème année<br />

s’ils postulent à l’issue de leur 5ème année) au sein<br />

du PGE à Nantes. Les étudiants d’Audencia ayant<br />

validé une ou deux années au sein du PGE auront,<br />

quant à eux, l’occasion d’intégrer le cycle Master de<br />

Sciences Po Saint-Germain par le biais d’une voie<br />

d’accès spécifique en 4 e année. Pour obtenir un<br />

double diplôme dans les deux cas.<br />

Les étudiants souhaitant postuler à ce double-diplôme<br />

doivent déposer des dossiers de candidatures<br />

auprès de l’école concernée. Pour intégrer Audencia,<br />

ils devront passer le TOEIC (850 minimum ou équivalent<br />

TOEFL) et un entretien avec un professeur<br />

permanent d’Audencia et des professionnels du<br />

secteur. Du côté de Sciences Po Saint-Germain un<br />

jury composé d’un membre de l’établissement et d’un<br />

responsable de la spécialité et du master envisagés<br />

recevront les candidats.<br />

Nicolas Arnaud, directeur du Programme Grande école<br />

d’Audencia, et Louise Lartigot-Hervier, directrice des<br />

études second cycle de Sciences Po Saint Germain,<br />

encadrent Christophe Germain, directeur général<br />

d’Audencia, et Céline Braconnier, la directrice de<br />

Sciences Po Saint Germain lors de la signature<br />

© Audencia<br />

EM Strasbourg toujours<br />

plus « distinctive »<br />

Avec un film admissibles<br />

qui entend « bousculer<br />

les codes du secteur de<br />

l’enseignement », EM<br />

Strasbourg Business School<br />

affirme une nouvelle fois<br />

son côté « be distinctive ».<br />

Le film s’articule autour<br />

d’une composition musicale<br />

originale de l’artiste newyorkais<br />

Eli Finberg et<br />

met en scène les étudiants<br />

de l’EM Strasbourg, aux<br />

visages d’abord masqués ou<br />

visuellement déformés, dans<br />

des situations en lien avec les<br />

paroles de la composition.<br />

Toujours dans une volonté<br />

d’affirmer son identité « be<br />

distinctive » et d’encourager<br />

les étudiants et admissibles<br />

à rester eux-mêmes, l’EM<br />

Strasbourg Business School<br />

a décliné cinq nouvelles<br />

accroches dans la lignée<br />

de sa saga publicitaire<br />

« be distinctive ».<br />

Les nouvelles<br />

déclinaisons de la campagne<br />

sont diffusées depuis<br />

le mois de mai dans<br />

les principaux médias<br />

nationaux et régionaux<br />

ainsi que sur les réseaux<br />

sociaux. Une campagne<br />

d’affichage a également<br />

eu lieu dans 12 gares.


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Kedge BS, école de la<br />

« technologie responsable »<br />

Une nouvelle baseline, « Open-Minded Leadership for an Optimistic Future »<br />

et trois verbes - « Discover, Decode, Do » - pour guider l’ensemble des acteurs.<br />

Kedge se positionne toujours plus sur le management des technologies.<br />

Les écoles de management sont en chantier à<br />

Paris. Avant que Skema présente ses nouveaux<br />

locaux, avant que Neoma s’installe dans le 13 e<br />

arrondissement, Kedge a fait découvrir ses<br />

futurs locaux près de la Cour Saint-Emilion à Paris.<br />

Encore en travaux, 3000 m 2 de locaux ouvriront à la<br />

prochaine rentrée pour y recevoir des étudiants en<br />

masters et en formation continue. « Nous ne voulons<br />

pas faire du volume en bachelors mais nous concentrer<br />

sur le master et au-delà dans un bâtiment qui reçoit<br />

des entreprises et dans lequel nous profiterons aussi<br />

d’espaces partagés », explique José Milano.<br />

La pédagogie au cœur. Kedge a créé le Sulitest pour<br />

estimer la connaissance qu’ont les étudiants ou les professionnels<br />

des enjeux du développement durable. 115<br />

000 tests ont été passés à ce jour. « Aujourd'hui nous<br />

allons plus loin en le faisant passer à l’entrée puis à la<br />

sortie de l’école pour valider les connaissance de nos<br />

étudiants sujet », confie le directeur des programmes,<br />

Pascal Vidal, qui insiste également sur la volonté de<br />

l’école d’intégrer le « bien commun » dans tous les<br />

programmes pour des étudiants préoccupés à 70%<br />

par ces questions. De même tous les étudiants vont<br />

être accompagnés dans leur perfectionnement en<br />

culture générale dans le cadre du continuum classes<br />

préparatoires / Grande école.<br />

Former l’« honnête homme » du xxi e siècle. Depuis<br />

un an Kedge a amorcé un tournant vers les nouvelles<br />

technologies pour former l’« honnête homme » du<br />

xxi e siècle. « Etre fluides avec la tech cela signifie qu’en<br />

2020 tous les salariés de Kedge auront passé un certificat<br />

digital et pourront être conseils des étudiants »,<br />

valide Vincent Mangematin, le doyen du corps professoral,<br />

qui initie cette année des « Nuits de la crise »<br />

pendant lesquelles les étudiants auront à résoudre<br />

une problématique technologique urgente. Le tout en<br />

apprenant à décoder – partenariat avec Le Wagon – ou<br />

en proposant un double diplôme d’ingénieur avec Isen<br />

Yncrea sur Toulon pendant leur année de césure. « Le<br />

tout en gardant à l’esprit la dimension humaine de la<br />

tech », insiste le doyen.<br />

Une vue d’architecte des futurs locaux<br />

de Kedge à Paris près de Bercy<br />

Soft skills et création d’entreprise. Pour aller plus loin<br />

dans le développement des soft skills une plateforme<br />

va être créée pour estimer comment une expérience<br />

internationale, un stage, un cours ont permis de progresser<br />

dans les soft skills. « Il s’agit d’intégrer toute la<br />

communauté apprenante, professeur, maître de stage,<br />

professionnel, etc. dans l’évaluation avec plusieurs<br />

tiers de confiance », confie le directeur des relations<br />

entreprises et entrepreneuriat, Christophe Mouysset,<br />

qui rappelle également que « 70% des start up créées<br />

par Kedge sont toujours actives trois ans après leurs<br />

débuts ». Un excellent résultat sur lequel Kedge entend<br />

bien capitaliser aujourd'hui en créant une autre<br />

plateforme pour initier un incubateur dématérialisé.<br />

Le processus d’innovation va également se fonder<br />

sur l’Ecole de design du groupe qui va déménager de<br />

Toulon pour intégrer le campus marseillais.<br />

Pas de changement de statut en vue tant que le mode<br />

associatif permet de financer des développements qui<br />

ne « s’arrêtent jamais : croire qu’on peut passer par<br />

des phases d’investissement puis ne rien faire pendant<br />

des années n’est plus possible », insiste José Milano.<br />

EN BREF<br />

Un Master in<br />

Management<br />

pour l’Insead<br />

Il est de plus en plus difficile<br />

de ne pas être une business<br />

school globale, du master<br />

à la formation continue,<br />

notamment pour performer<br />

dans les classements. Tout<br />

juste dix ans après la London<br />

business school, l’Insead<br />

lance à son tour son Master<br />

in Management. A partit<br />

d’août 2020 de l’ordre de<br />

80 étudiants titulaires d’un<br />

bachelor ou d’un master<br />

pourront suivre un cursus<br />

100% en anglais ramassé sur<br />

10 mois entre Fontainebleau<br />

et Singapour (avec la<br />

possibilité de se rendre en<br />

plus en Chine, aux Etats-<br />

Unis ou à Abu Dhabi).<br />

Côté prix l’Insead<br />

explose les compteurs en<br />

annonçant des frais de<br />

scolarité de 47 500€.<br />

© Kedge BS<br />

7


l’essentiel du sup prépas entretien<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Stéphan Bourcieu<br />

Directeur général de Burgundy School of Business<br />

« Dans dix ans, hormis les quatre ou cinq premières,<br />

toutes les écoles pourraient avoir un tropisme clair »<br />

C’est incontestablement l’école qui<br />

monte. Dans les classements, dans<br />

les choix des élèves de classes<br />

préparatoires, dans ses implantations.<br />

Le directeur général de Burgundy<br />

School of Business (BSB), Stéphan<br />

Bourcieu, fait le point sur sa stratégie.<br />

Olivier Rollot : BSB a beaucoup évolué ces<br />

dernières années. Changement de nom,<br />

progression dans les classements comme<br />

dans les souhaits des candidats, création<br />

de la School of Wine & Spirits Business, etc.<br />

Quel regard portez-vous sur le futur des<br />

écoles de management françaises ?<br />

Stéphan Bourcieu : Déjà, le secteur est aujourd’hui<br />

à maturité, ce qui implique un besoin toujours plus important<br />

de capitaux. Surtout, dans dix ans, hormis les<br />

quatre ou cinq premières, toutes les écoles pourraient<br />

avoir un tropisme clair bien au-delà des habituels « finance,<br />

gestion, marketing ». Hormis ces écoles les plus<br />

puissantes, à très forte réputation, qui pourront rester<br />

principalement généralistes, il est probable qu’à côté<br />

nous trouvions des écoles marquées par un domaine<br />

d’excellence qui tire l’ensemble de leurs activités.<br />

O. R : BSB a pris un virage très clair vers le<br />

management des vins et spiritueux. Jusqu’où<br />

allez-vous aller dans cette voie ?<br />

S. B : C’est en effet l’expertise différenciante principale<br />

que nous développons depuis maintenant de nombreuses<br />

années, et qui nous offre un vrai poids et une<br />

vraie visibilité à l’international. L’idée est évidemment<br />

de poursuivre dans cette voie, avec une question qui<br />

se pose dorénavant : comment élargir ce périmètre ?<br />

Devons-nous nous projeter sur des univers proches<br />

comme le luxe, la gastronomie, le management de<br />

l’hospitalité ou encore le tourisme ? Ou devons-nous<br />

plutôt approfondir notre positionnement sur le vin<br />

en allant jusqu’à l’œnologie ou même, pourquoi pas,<br />

disposer d’une école d’agronomie ?<br />

Il y a également l’option de consacrer la School of Wine<br />

& Spirits Business exclusivement au management du vin,<br />

mais dans une logique de développement international,<br />

en ouvrant des campus dans les villes où se trouvent<br />

les marchés – Hong Kong, Singapour, Londres, New<br />

York – pour renforcer toujours plus notre réputation<br />

mondiale. Dans tous les cas, il est nécessaire d’investir<br />

pour poursuivre notre développement, par croissance<br />

interne ou croissance externe.<br />

© Zed Photographie<br />

Le nouveau campus<br />

lyonnais<br />

BSB va tripler la superficie de<br />

ses locaux en passant à 3000<br />

m2. Elle quitte le quartier<br />

Confluences pour s'établir<br />

à Monplaisir, dans le 8ème<br />

arrondissement, dans l’ancien<br />

centre de formation de Merck.<br />

Comme à Confluences, elle<br />

y délivrera son bachelor – en<br />

français et en anglais – mais<br />

aussi son Master Grande<br />

école (MGE) en alternance<br />

sur le M1 et le M2.<br />

9


l’essentiel du sup prépas entretien juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

© Zed Photographie<br />

Une expérience<br />

étudiante à 360°<br />

O. R : Mais BSB restera également une école<br />

généraliste ?<br />

S. B : Oui bien évidemment. Même sans avoir la taille<br />

et la réputation internationale pour rester seulement<br />

généraliste, une grande école de management se doit<br />

de rester généraliste, ne serait-ce que pour porter les<br />

accords et la structure – et continuer de s’adresser à<br />

un public qui souhaitera toujours se former aux grandes<br />

dimensions du management que sont la finance, l’entrepreneuriat<br />

ou le marketing.<br />

De facto, nous nous positionnons déjà comme le leader<br />

mondial du management du vin, mais peut-être cela<br />

ne se voit-il pas encore assez. D’ici cinq ans, l’objectif<br />

est de l’être sans discussion possible. Nous formons<br />

chaque année 150 étudiants au niveau master ou MBA<br />

spécialisé dans le vin, sans compter une cinquantaine<br />

d’élèves du Bachelor qui suit une spécialisation de<br />

3e année en œnotourisme. C’est déjà considérable,<br />

mais les effectifs ont encore vocation à augmenter.<br />

Pour être incontestables comme leaders mondiaux,<br />

nous devons aligner la qualité de l’expérience et du<br />

service aux étudiants – où nous sommes perfectibles<br />

au niveau MBA international – sur l’excellence de nos<br />

enseignements.<br />

O. R : Des accords européens sont-ils<br />

envisageables pour faire émerger des<br />

acteurs globaux ? On se souvient que vous<br />

avez été précurseurs en la matière.<br />

S. B : Oui il y a une dizaine d’années nous avons eu un<br />

grand projet d’alliance stratégique avec Oxford Brooks,<br />

mais qui finalement n’a pas abouti. Tout simplement<br />

parce que notre partenaire a vécu trop de changements<br />

de gouvernance pour que le dossier soit bien<br />

suivi. Aujourd'hui, nous poursuivons des parcours<br />

communs et faisons un peu de recherche, mais cela<br />

ne va pas plus loin.<br />

Se reposer uniquement sur les rapports de confiance<br />

entre les hommes est important mais insuffisant. Rien<br />

de pérenne ne peut se faire sans accords organisationnels<br />

et financiers solides. Nous avons renforcé nos<br />

coopérations avec quelques institutions internationales<br />

et réfléchissons à des coopérations plus approfondies<br />

pour faire émerger un acteur global.<br />

Luxe à l’italienne<br />

pour les étudiants de BSB<br />

BSB (Burgundy School of Business) vient<br />

de signer un accord de double-diplôme<br />

avec LUISS (Libera Università Internazionale<br />

degli Studi Sociali) Business School, à<br />

Rome, permettant aux élèves du MGE<br />

(Master Grande Ecole) de postuler dès l’an<br />

prochain à son Master in Fashion & Luxury<br />

Management l’un des plus réputés du<br />

secteur à l’échelle internationale. Un accès<br />

au Master in International Management<br />

sera également possible. Les élèves de<br />

BSB sélectionnés partiront à Rome sur<br />

la totalité de la 3e année du MGE et après<br />

un premier semestre de tronc commun,<br />

pourront choisir la spécialité « Fashion »<br />

Lors de ses oraux BSB<br />

propose cette année une<br />

expérience étudiante à 360°<br />

"Lead For Change", qui va<br />

leur permettre de découvrir<br />

toutes les dimensions de<br />

l’Ecole – en particulier<br />

son positionnement tourné<br />

vers l’étudiant et surtout sa<br />

vision, celle d’une école qui<br />

« accompagne ses élèves<br />

dans la construction d’un<br />

projet professionnel à impact<br />

positif, et pour donner du sens<br />

à leur vie professionnelle ».<br />

ou la spécialité « Luxury » pour leur second<br />

semestre. Comme pour toute mobilité<br />

internationale à BSB, les élèves n’auront<br />

pas de frais supplémentaires à assumer<br />

pour bénéficier de ce double-diplôme.<br />

Le Master in Fashion & Luxury Management<br />

est dispensé dans la somptueuse Villa Blanc.<br />

10


l’essentiel du sup prépas entretien juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

O. R : Vous dites que ces développements<br />

vont demander beaucoup de capitaux. Avezvous<br />

la capacité de les lever ?<br />

S. B : En tant qu’EESC (établissement d’enseignement<br />

supérieur consulaire), nous avons la capacité de lever<br />

des fonds au même titre qu’une société anonyme. C’est<br />

beaucoup plus difficile pour une association. De toute<br />

façon se pose d’abord la question de la stratégie. La<br />

levée de fonds n’a de sens que si elle sert à financer<br />

une stratégie ambitieuse. Il faut avoir des idées très<br />

claires d’où nous voulons aller et sur quoi nous voulons<br />

investir. La levée de fonds est conditionnée par cette<br />

première étape essentielle.<br />

O. R : Votre chambre de commerce et<br />

d’industrie, principal actionnaire de BSB,<br />

vous en donne-t-elle les moyens ?<br />

© Zed Photographie<br />

S. B : Nous avons la chance d’avoir des élus consulaires<br />

qui ont su donner de la liberté à l’école, pour qu’elle<br />

soit moins dépendante des vicissitudes qui peuvent<br />

toujours apparaître dans les CCI du fait des réformes<br />

successives et du caractère électif de la gouvernance.<br />

Nous avons la chance d’avoir une CCI qui a donné<br />

à l’école son indépendance juridique et financière –<br />

en apportant à l’EESC l’intégralité du patrimoine immobilier.<br />

Nos élus consulaires ont aussi accepté d’ouvrir la<br />

gouvernance puisque la CCI, bien que majoritaire dans<br />

l’EESC, ne possède que 4 sièges sur 14 au Conseil de<br />

surveillance. En outre, nous avons pu réaliser une<br />

première augmentation de capital en 2017 pour que les<br />

acteurs extérieurs membres du conseil de surveillance<br />

soient actionnaires de l’école. C’est un élément très<br />

fort de notre gouvernance.<br />

O. R : Parlons un peu de votre recrutement.<br />

Comment analysez-vous vos chiffres dans<br />

les candidatures du concours BCE post<br />

classe préparatoire cette année ?<br />

S. B : Nous progressons de 0,23 %. Certes, c’est<br />

peu, mais sur un marché en baisse de 7 %, c’est bien,<br />

d’autant que seules quatre écoles présentent un bilan<br />

positif cette année. Au-delà des recrutements, ce<br />

qui nous inquiète le plus aujourd'hui, c’est le montant<br />

auquel France Compétences, le nouvel organisme en<br />

charge de la gestion notamment de l’apprentissage,<br />

va rétribuer les écoles pour leur enseignement. Quand<br />

j’entends parler de 10 500€ par an et par contrat pour<br />

BSB, c’est clairement insuffisant pour financer nos 230<br />

apprentis. Soit nous devrons profondément repenser<br />

nos dispositifs, soit nous devrons trouver d’autres<br />

formes de financements.<br />

O. R : Votre expansion se déroule de plus en<br />

plus à Lyon. Quel développement envisagezvous<br />

pour ce deuxième campus ?<br />

S. B : Nous aurons en effet un nouveau campus lyonnais<br />

d’ici la fin de l’année. Nous tenons à y avoir une<br />

proposition différente de celle de Dijon et profiter de<br />

la proximité avec les entreprises pour y dispenser un<br />

enseignement totalement financé par elles. Le rythme<br />

sera de trois semaines en entreprise suivies d’une<br />

semaine à l’école. Nous recevrons quarante étudiants<br />

à la rentrée prochaine et voulons monter à 120 rapidement.<br />

A terme le campus de Lyon devra accueillir<br />

entre 700 et 800 élèves.<br />

Rencontrer des leaders<br />

A partir de la rentrée, les<br />

élèves qui intègreront BSB<br />

pourront profiter du cycle<br />

de conférences "Meet-Up<br />

Inspiring Leaders", avec<br />

les venues sur le campus<br />

tout au long de l’année de<br />

Guillaume Gibault (Le Slip<br />

Français), Pauline Laigneau<br />

(Gemmyo), Raphaël Enthoven<br />

(philosophe), Adrien Aumont<br />

(KissKissBankBank),<br />

Laurent Alexandre<br />

(Doctissimo) ou encore<br />

Eric Heip (ancien n°2 du<br />

RAID). Après la venue de<br />

Muhammad Yunus en février<br />

<strong>2019</strong>, c’est un autre Prix<br />

Nobel qui interviendra à BSB<br />

dès la rentrée: Alvin Roth,<br />

Prix Nobel d’Economie 2012.<br />

11


l’essentiel du sup prépas<br />

PUBLI information<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

TBS : une Business School<br />

tournée vers l’avenir<br />

Internationalisation, recherche, innovation pédagogique…<br />

Dans tous ces domaines, TBS avance à pas de géant. Une évolution qui vaut<br />

aussi pour son Programme Grande Ecole.<br />

En octobre dernier, présentant le bilan du plan stratégique<br />

2020, François Bonvalet, directeur général<br />

de TBS, annonçait que la plupart des objectifs en<br />

matière de recherche, d’innovation, d’internationalisation<br />

et de RSE étaient déjà atteints, voire dépassés.<br />

« L’école, ses étudiants, ses personnels et ses<br />

partenaires sont tournés vers l’avenir », explique-t-il.<br />

Une dynamique renforcée pour la business school<br />

toulousaine qui se donne pour mission de « former<br />

des décideurs collaboratifs, agiles et responsables »,<br />

ce qui se traduit par de nombreuses nouveautés, à<br />

l’image des deux clusters, lancés tout récemment.<br />

« Il s’agit de réunir autour d’une même thématique,<br />

les activités d’enseignement et de recherche, en<br />

lien avec les entreprises du secteur. Le premier est<br />

consacré aux mobilités notamment dans le domaine<br />

aérospatial, un sujet d’avenir riche en opportunités<br />

de carrière dans les années à venir. Le second est<br />

dédié à l’intelligence artificielle et au business analytics.<br />

Là encore, il s’agit d’une question cruciale,<br />

l’IA » étant amenée à transformer en profondeur les<br />

processus décisionnels et les organisations, avec<br />

un impact prévisible dans tous les métiers et tous<br />

les secteurs », détaille François Bonvalet.<br />

Un nouveau campus toulousain<br />

en 2024<br />

Autre volet stratégique pour la business<br />

school, le développement de l’international.<br />

Ainsi, le campus de Casablanca<br />

s’impose comme un « hub » pour toute<br />

l’Afrique subsaharienne. « Il ne s’agit pas<br />

pour TBS de multiplier les implantations,<br />

mais avant tout de nouer des partenariats,<br />

principalement en Afrique », précise<br />

le directeur général de l’école. Le<br />

campus de Barcelone, quant à lui, étudie<br />

l’opportunité d’augmenter sa capacité<br />

d’accueil et son corps professoral. Parmi<br />

les projets en cours, il en est un d’envergure<br />

: celui du nouveau campus de Toulouse,<br />

qui doit ouvrir ses portes à l’horizon<br />

2024. D’une surface totale de 31 500<br />

m², il sera implanté en centre-ville et regroupera<br />

toutes les activités de l’école aujourd’hui<br />

dispatchées sur plusieurs sites.<br />

« Ce bâtiment basse consommation sera<br />

ouvert sur le quartier, il comprendra des<br />

équipements sportifs, des zones de coworking,<br />

des espaces flexibles adaptés aux<br />

pédagogies d’aujourd’hui et de demain,<br />

un Fab Lab, des locaux dédiés aux associations<br />

», indique François Bonvalet. Un<br />

projet dont le budget s’élève à 100 millions<br />

d’euros qui devrait être finalisé en<br />

octobre prochain.<br />

PGE : un accélérateur de talents<br />

Former des profils rares, aux compétences<br />

multiples, agiles, en capacité d’évoluer<br />

dans différents métiers au fil de leur<br />

carrière… C’est l’objectif du Programme<br />

Grande Ecole (PGE) de TBS, qui passe<br />

notamment par le fait d’offrir l’opportunité<br />

à tous les étudiants d’être doublement<br />

diplômés à l’issue de leur scolarité. « Nous<br />

avons 30 partenaires (universités et business<br />

schools), en France et à l’étranger,<br />

pour délivrer ces doubles diplômes,<br />

de Sciences-Po Toulouse à Georgia State<br />

12


l’essentiel du sup prépas<br />

PUBLI information<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

« En première année, j’étais responsable<br />

des partenariats de Cheer Up, une association ayant pour<br />

but d’aider les jeunes de 15 à 29 ans atteints de cancer à<br />

réaliser des projets qui leur tiennent à cœur. »<br />

University », indique Annabel-Mauve<br />

Bonnefous, directrice du PGE. Une spécificité<br />

qui offre plus de 100 possibilités<br />

d’acquérir une double compétence, dans<br />

des domaines aussi variés que l’ingénierie<br />

culturelle, l’histoire de l’art, le management<br />

aéronautique, l’audit et la finance<br />

ou encore les sciences politiques.<br />

C’est justement vers cette spécialité que<br />

Chloé Thévenot, entrée à TBS après une<br />

Prépa, s’est orientée. « Cette opportunité<br />

faisait partie de mes motivations pour<br />

intégrer l’école, raconte cette étudiante<br />

de 23 ans. J’apprécie la transversalité<br />

et je ne souhaitais pas me spécialiser<br />

trop tôt. De plus, ce double parcours,<br />

à TBS et Sciences-Po Toulouse s’avère<br />

très complémentaire. A TBS, j’ai acquis<br />

des méthodes de travail efficaces, en matière<br />

de gestion de projet ou de création<br />

d’entreprise, et à Sciences-Po, au travers<br />

du Master Risques, Sciences, Environnement<br />

et Santé, j’ai obtenu une spécialisation.<br />

De quoi élargir le spectre de<br />

mes opportunités d’emploi, tant dans le<br />

privé que dans le public ». Si cette étudiante,<br />

qui rédige actuellement son mémoire<br />

sur le développement durable, a<br />

acquis un domaine d’expertise à Sciences-<br />

Po, ses camarades de promo peuvent aussi<br />

le faire en restant à TBS, qui propose<br />

28 Masters of Science dans des spécialités<br />

très variées.<br />

Des certificats<br />

pour acquérir les qualités<br />

du manager de demain<br />

Autre particularité de TBS destinée à<br />

faire émerger des profils rares, les certificats<br />

d’excellence, proposés aux étudiants,<br />

sans frais supplémentaires. Il s’agit<br />

de certificats que les étudiants peuvent<br />

suivre tout au long de leur scolarité. En<br />

plus des trois certificats historiques dédiés<br />

aux métiers du conseil, au Scale up<br />

et au Big Data, TBS en proposera deux<br />

nouveaux à partir de la rentrée <strong>2019</strong>. « Le<br />

premier est consacré à la RSE et le second<br />

aux soft skills, au travers de plusieurs<br />

thématiques : le leadership, le<br />

management, les compétences relationnelles<br />

et l’agilité. Autant de compétences<br />

comportementales en matière de communication,<br />

de gestion des conflits et d’organisation<br />

des équipes qu’attendent les<br />

entreprises de leurs managers », souligne<br />

Annabel-Mauve Bonnefous. Et pour favoriser<br />

l’ouverture d’esprit, l’adaptabilité<br />

et la capacité à appréhender les environnements<br />

interculturels, rien de tel qu’une<br />

expérience internationale. A TBS, elle est<br />

de six mois à 36 mois, sur un campus de<br />

l’école, au sein d’un établissement partenaire<br />

ou le temps d’un stage. Laurine Deleba,<br />

23 ans, a choisi de quitter Toulouse<br />

à l’issue de sa première année de Master,<br />

direction l’Université Laval, à Québec.<br />

« Je voulais aller le plus loin possible,<br />

pour me plonger dans une culture<br />

différente. J’ai d’ailleurs choisi de vivre<br />

dans le centre-ville de Québec, plutôt<br />

que sur le campus, pour profiter à plein<br />

Annabel Mauve-Bonnefous<br />

dirige le PGE de TBS<br />

13


l’essentiel du sup prépas<br />

PUBLI information<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

« En première année de Master, les étudiants peuvent<br />

choisir une sensibilisation métier, mais celle-ci ne les engage pas<br />

pour l’année suivante. Ils peuvent ensuite<br />

opter pour un autre domaine de spécialisation et d’expertise. »<br />

de cette expérience à l’étranger », confiet-elle.<br />

Au-delà de cette découverte d’un<br />

mode de vie différent, cette étudiante<br />

apprécie la qualité de l’enseignement de<br />

l’université québécoise. « Je suis notamment<br />

des cours en « sales force management<br />

», « strategic management » et,<br />

ce que je trouve très intéressant, en gestion<br />

de l’information en entreprise », indique<br />

encore Laurine Deleba. Des cours<br />

entièrement anglais, ce qui n’est pas pour<br />

déplaire à cette étudiante qui envisage<br />

de faire ses premiers pas professionnels<br />

dans le secteur aéronautique. « A TBS,<br />

j’ai choisi de suivre les cours en anglais,<br />

ce qui m’a bien préparé à cet échange »,<br />

assure-t-elle.<br />

S’il est un autre domaine dans lequel TBS<br />

se distingue, c’est celui de la vie associative,<br />

particulièrement dynamique. « Il y<br />

a aujourd’hui trente associations, auxquelles<br />

s’ajouteront bientôt deux nouvelles,<br />

bénéficiant d’un budget annuel<br />

total de 1, 5 millions d’euros. Chaque<br />

étudiant peut s’investir dans une ou<br />

plusieurs d’entre elles », indique Annabel-Mauve<br />

Bonnefous. Un engagement<br />

personnel particulièrement enrichissant,<br />

selon Laurine Deleba. « En première année,<br />

j’étais responsable des partenariats<br />

de Cheer Up, une association ayant pour<br />

but d’aider les jeunes de 15 à 29 ans atteints<br />

de cancer à réaliser des projets qui<br />

leur tiennent à cœur. J’ai par exemple<br />

eu l’occasion d’organiser un important<br />

événement pour nos partenaires, dans<br />

un contexte finalement très professionnel<br />

», se souvient la jeune étudiante. Un<br />

constat partagé par Chloé Thévenot. « En<br />

tant que vice-présidente de l’association<br />

de développement durable, j’ai participé<br />

à l’organisation des Assises Nationales<br />

Etudiantes du Développement Durable,<br />

une expérience qui m’a beaucoup appris<br />

et apporté plus de confiance en moi »,<br />

assure l’étudiante. Un cursus aux multiples<br />

dimensions qui, en prime, offre le<br />

droit à l’expérimentation. « En première<br />

année de Master, les étudiants peuvent<br />

choisir une sensibilisation métier, mais<br />

celle-ci ne les engage pas pour l’année<br />

suivante. Ils peuvent ensuite opter pour<br />

un autre domaine de spécialisation et<br />

d’expertise », indique Annabel-Mauve<br />

Bonnefous. Un moyen supplémentaire<br />

de respecter la singularité de chacun des<br />

étudiants et de leur offrir les moyens de<br />

faire émerger tous leurs talents.<br />

TBS en chiffres<br />

• 5 650 étudiants en formation<br />

initiale<br />

• 80 nationalités sur les<br />

différents campus<br />

• 105 enseignants-chercheurs<br />

(dont 50 % d’internationaux)<br />

• 3 accréditations<br />

internationales (Equis,<br />

AMBA, AACSB), obtenues<br />

avec les durées maximales<br />

• 5 campus (Toulouse,<br />

Barcelone, Casablanca,<br />

Paris et Londres)<br />

• Plus de 200 universités<br />

étrangères partenaires<br />

sur 52 pays (dont plus<br />

de 115 accréditées)<br />

François Bonvalet (directeur général)<br />

14


L’ESSENTiEL Du SuP PRÉPaS dOSSiER<br />

JuiN <strong>2019</strong> n° 28<br />

Qu’attendent<br />

les étudiants<br />

de leur Grande école ?<br />

© Neoma-BS David-Morganti<br />

Les programmes Grande école (PGE) des écoles<br />

de management sont en pleine mutation.<br />

Objectif : mieux répondre aux attentes d’étudiants<br />

de plus en plus internationaux, connectés<br />

et surtout sensibles au rôle sociétal de leurs<br />

institutions. tour d’horizon.<br />

15


l’essentiel du sup prépas dossier juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Pour les étudiants, réussir sa vie,<br />

c’est avant tout être « heureux et<br />

épanoui » dans son travail comme<br />

dans sa vie de famille. Les priorités qu’ils<br />

affichent dans l’idéal sont à égalité - 93 %<br />

des réponses - d’exercer un métier intéressant,<br />

d’avoir un bon équilibre entre<br />

leur vie privée et leur vie professionnelle<br />

et d’avoir les moyens de faire ce qu’il<br />

leur plait durant leur temps libre. Harris<br />

Interactive a mené l’enquête pour INSEEC<br />

U. et publié une étude intitulée « Réussir<br />

dans un monde en transition. Les étudiants<br />

et leurs attentes à l’égard de l’enseignement<br />

supérieur ». Mais les étudiants sont<br />

également 86 % à répondre que « gagner<br />

de l’argent est tout à fait prioritaire ». Et<br />

s’ils devaient choisir un établissement<br />

aujourd'hui c’est d’abord une « formation<br />

qui vous donne les clés pour évoluer tout<br />

au long de votre carrière » qui les séduirait<br />

devant « Une formation qui vous rend<br />

opérationnel rapidement sur le marché<br />

du travail ». Mais avec des différences<br />

puisque cet item n’arrive qu’en deuxième<br />

position chez les étudiants en écoles<br />

de commerce comme en BTS/DUT. De<br />

même la faculté à « faciliter des échanges<br />

universitaires ou des double-diplômes à<br />

l'étranger » joue un rôle prioritaire. Se<br />

sentant bien formés les étudiants sont à<br />

82 % confiants dans leurs études (91 %<br />

dans les Grandes écoles) mais aussi<br />

quant à leur vie personnelle et 80 % pour<br />

leur avenir professionnel (88 % dans les<br />

Grandes écoles).<br />

Jouer un rôle sociétal<br />

C’est le principal bouleversement auquel<br />

nous assistons aujourd'hui dans les<br />

business schools : pour répondre aux<br />

attentes des étudiants, la RSE (responsabilité<br />

sociale des entreprises) est devenue<br />

une priorité. Même à HEC « L’impact<br />

social et sociétal est l’un des trois axes<br />

d’expertise sur lequel nous investissons<br />

fortement à HEC, avec le digital et l’entrepreneuriat.<br />

On ne nous attend pas<br />

forcément sur ce sujet alors que c’est<br />

bien pour nous un axe stratégique majeur,<br />

relevant de la mission et de la responsabilité<br />

d’une école comme la nôtre », assure<br />

le directeur de la communication d’HEC,<br />

Philippe Oster. Kedge est allée plus loin en<br />

créant un test, le Sulitest, qui estime la<br />

connaissance qu’ont les étudiants ou les<br />

professionnels des enjeux du développement<br />

durable. 115 000 tests ont été passés<br />

Comment Inseec U.<br />

a mené l’enquête<br />

1013 étudiants âgés de 18 ans<br />

et plus, issus de formations<br />

différentes (université, IUT,<br />

écoles de commerce, écoles<br />

d’ingénieurs, etc.), ont été<br />

sollicités pour répondre à<br />

l’enquête réalisée en ligne du<br />

8 au 15 février <strong>2019</strong> pour le<br />

compte du groupe Inseec U.<br />

Les étudiants veulent<br />

connaître la finalité de<br />

leur enseignement, pas<br />

apprendre pour apprendre.<br />

© ESCP Europe<br />

16


l’essentiel du sup prépas dossier<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

© ESC Pau<br />

Les cours en amphi ont de<br />

moins en moins la cote.<br />

à ce jour. « Dans le cadre de l’évolution<br />

de notre PGE nous allons plus loin en le<br />

faisant passer à l’entrée puis à la sortie<br />

de l’école pour valider les connaissance<br />

de nos étudiants à ce sujet », confie le<br />

directeur des programmes, Pascal Vidal,<br />

qui insiste également sur la volonté de<br />

l’école d’intégrer le « bien commun » dans<br />

tous les programmes pour des étudiants<br />

préoccupés à 70 % par ces questions.<br />

Et José Milano, le directeur général de<br />

l’école, d’insister : « Notre différenciation<br />

se caractérise notamment par un<br />

engagement de longue date à former<br />

des leaders responsables, conscients<br />

des enjeux du monde et de l’impact de<br />

leurs décisions sur leur écosystème.<br />

Si l’école est aujourd’hui devenue une<br />

référence mondiale sur le développement<br />

durable et la RSE, c’est qu’elle a construit<br />

sa légitimité sur une approche virale<br />

intégrant ces notions dans la recherche,<br />

la pédagogie ou la gestion de ses campus<br />

». Plus récemment Kedge a participé<br />

au lancement de l’antenne française du<br />

réseau SDSN (Sustainable Development<br />

Solutions Network) qui a pour mission de<br />

diffuser les objectifs du développement<br />

durable portés par l’ONU.<br />

Un intérêt pour la RSE qui a toujours été<br />

d’actualité à La Rochelle BS. Et justement<br />

la rentrée <strong>2019</strong>, le master Grande<br />

école (MGE) inaugurera une nouvelle<br />

maquette pédagogique pour préparer<br />

ses étudiants à vivre dans un futur qui<br />

se prononce « VICA » (Volatile Incertain<br />

Complexe Ambigu). « Nous avons un<br />

responsable du développement durable<br />

et beaucoup d’associations d’étudiants<br />

y travaillent », se félicite son directeur,<br />

Sébastien Chantelot, qui met en avant<br />

un « projet pédagogique fondé sur les<br />

humanités » qui se consacre notamment<br />

aujourd'hui à « positionner l’humain dans<br />

la transformation digitale : s'adapter et<br />

à se réinventer continuellement, tels<br />

sont les objectifs de nos évolutions de<br />

programme ».<br />

100 % de doublediplômes<br />

dans le<br />

PGE de Neoma<br />

Jusqu’à présent le programme<br />

Grande Ecole de Neoma<br />

offrait à ses étudiants<br />

un panel de plus de 10<br />

spécialisations. Dès la<br />

rentrée 2020, le cursus<br />

opèrera une conversion de<br />

ces spécialisations en MSc.<br />

« Cette transformation, qui<br />

n’entrainera aucun frais de<br />

scolarité supplémentaire,<br />

nous permet d’offrir à<br />

l’intégralité de nos étudiants<br />

au sein du Programme<br />

Grande Ecole l’accès<br />

à un double-diplôme »,<br />

insiste la directrice du<br />

PGE, Sylvie Jean.<br />

17


l’essentiel du sup prépas dossier juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Former l’« honnête homme » du<br />

xxi e siècle<br />

Pour répondre aux attentes d’étudiants<br />

de classes préparatoires trop rapidement<br />

sevrés d’un enseignement qui a<br />

fait le sel de leurs années de prépas,<br />

l’enseignement de la culture générale<br />

revient en force dans les cursus. Dans<br />

l’esprit du continuum classes préparatoires<br />

/ Grandes écoles, Neoma a ainsi<br />

renforcé cette année l’enseignement<br />

des humanités. « En première année,<br />

un nouveau cours obligatoire sur les<br />

humanités et le management est consacré<br />

au thème du travail dont nous explorons<br />

les évolutions sur toutes les dimensions :<br />

philosophiques, ethnographiques, sociologiques,<br />

économiques... », explique sa<br />

directrice générale, Delphine Manceau qui<br />

également fait développer un « Itinéraire<br />

philosophique et artistique » construit<br />

autour de deux grandes expositions artistiques<br />

pour « faire davantage entrer<br />

l’art à l’Ecole avec des sculptures et des<br />

œuvres picturales ».<br />

Sous l’impulsion de Michel-Edouard Leclerc,<br />

le président de l’école, Neoma<br />

organise également des conférences<br />

sur la thématique de l’utilité sociale des<br />

entreprises. Avec des personnalités<br />

comme Emmanuel Faber, le PDG de<br />

Danone, ou Louis Gallois, Président du<br />

conseil de surveillance de PSA, qui sont<br />

intervenues pour cette première saison.<br />

Même réflexion du côté de l’Essec où<br />

vient d’être créé un cours – obligatoire et<br />

100 % en ligne – consacré au « leadership<br />

responsable » (comment être responsable<br />

vis à vis de ses clients, employés, de son<br />

environnement, de sa RSE) couplé à un<br />

séminaire « Comprendre et changer le<br />

monde » pour bien aborder les enjeux<br />

sociétaux.<br />

Quant à l’ESC Clermont elle a introduit en<br />

première année un ensemble d’enseignements<br />

et de projets qui capitalise sur les<br />

acquis de la classe préparatoire (sciences<br />

humaines et sociales, géopolitique, culture<br />

générale, culture économique, etc.) tout<br />

en mettant l’accent sur la transversalité<br />

des matières de « gestion » propres<br />

au programme Grande école. « Pas de<br />

rupture donc entre ces deux étapes<br />

(classe préparatoire et école), mais une<br />

montée en puissance progressive dans<br />

l’acquisition des compétences préparant<br />

aux métiers de l’entreprise au sens large,<br />

en capitalisant sur les matières et les<br />

connaissances issues des deux années<br />

de prépa. Et pourquoi et comment elles<br />

vont leur donner "l’épaisseur" du futur<br />

cadre, entrepreneur, manager ou dirigeant,<br />

demain », analyse sa directrice,<br />

Françoise Roudier.<br />

Manager les nouvelles technologies<br />

C’est une priorité pour Maxence, jeune<br />

diplômé de Neoma aujourd'hui dans une<br />

entreprise high tech : « une école de<br />

management aujourd'hui doit également<br />

former aux nouvelles technologies ».<br />

Intervenant dans un groupe de travail<br />

« Apprendre demain dans les business<br />

schools » mêlant Grandes écoles et étudiants<br />

organisé par Neoma il insiste sur<br />

cette dimension qui passe par exemple<br />

par un apprentissage du coding. « En 2015<br />

nous avons introduit l’enseignement du<br />

coding. Aujourd'hui nos étudiants savent<br />

créer des applications », proclame ainsi<br />

le directeur général de ESCP Europe,<br />

Frank Bournois, qui travaille notamment<br />

le sujet avec les équipes spécialisées<br />

de Le Wagon.<br />

Depuis un an Kedge a également amorcé<br />

un tournant vers les nouvelles technologies<br />

pour former l’« honnête homme » du<br />

xxi e siècle. « Etre fluides avec la tech cela<br />

signifie qu’en 2020 tous les salariés de<br />

Kedge auront passé un certificat digital<br />

et pourront être conseils des étudiants »,<br />

valide Vincent Mangematin, le doyen<br />

du corps professoral, qui initie cette<br />

année des « Nuits de la crise » pendant<br />

lesquelles les étudiants auront à résoudre<br />

Le « Forum des<br />

Nouveaux Mondes »<br />

de l’ESC Clermont<br />

En première année les<br />

étudiant de l’ESC Clermont<br />

suivent un « Forum des<br />

Nouveaux Mondes » :<br />

pendant 3 semaines, une<br />

dizaine d’intervenants<br />

de différentes disciplines<br />

viennent tour à tour présenter<br />

les évolutions en cours<br />

dans le monde, les grands<br />

enjeux culturels, humains,<br />

économiques, écologiques<br />

et politiques actuels.<br />

L’objectif est d’offrir aux<br />

étudiants une perspective<br />

sur leur future responsabilité<br />

d’entrepreneur social et<br />

innovant et d’introduire<br />

présenter les compétences<br />

théoriques et pratiques qui<br />

leur seront nécessaires dans<br />

leur vie professionnelle.<br />

Ils suivront ensuite un<br />

séminaire « Cultures<br />

numérique et graphique » :<br />

dans le prolongement<br />

du Forum, une semaine<br />

pour penser des formes<br />

applicatives aux<br />

problématiques évoquées<br />

durant le forum, à l’aide<br />

de divers outils autour du<br />

design et sous l’angle de<br />

l’expérience utilisateur.<br />

18


l’essentiel du sup prépas dossier juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

une problématique technologique urgente.<br />

Le tout en apprenant à décoder – également<br />

un partenariat avec Le Wagon – ou<br />

en proposant aux étudiants d’obtenir un<br />

double diplôme d’ingénieur avec Isen<br />

Yncrea sur Toulon pendant leur année<br />

de césure.<br />

Se former pour évoluer<br />

Résolument pragmatique au sein du<br />

groupe de travail « Apprendre demain<br />

dans les business schools », Marine,<br />

étudiante à Neoma, veut avant tout que<br />

« son école lui permette d’obtenir un<br />

poste et de progresser toute sa vie ».<br />

Une problématique au cœur de l’action<br />

de Vincenzo Esposito Vinzi à la tête de<br />

l’Essec : « Notre rôle est de former pour<br />

un monde incertain dans lequel 60 à<br />

80 % des métiers de 2030 n’existent pas<br />

encore. Le leader de demain doit être<br />

hybride, capable de parler à différents<br />

acteurs en créant des ponts, que ce soit<br />

entre le public et le privé, le national et<br />

l’international, l’entreprise classique et<br />

l’entrepreneuriat ».<br />

Du côté de l’Inseec SBE sa directrice,<br />

Isabelle Barth, entend professionnaliser<br />

ses étudiants petit à petit dans le cadre de<br />

son nouveau PGE : « Et les professionnaliser<br />

sans trop les spécialiser sinon il y a<br />

un risque d’obsolescence Ils doivent être<br />

capables d’apprendre et de réapprendre<br />

toute leur vie. On subit le changement quand<br />

on est incapable d’évoluer ! » Un projet qui<br />

doit répondre aux attentes d’entreprises<br />

de plus en plus demandeuses de compétences<br />

transverses et relationnelles. « Il faut<br />

savoir conduire le changement, mobiliser<br />

les équipes. A nous de transmettre à nos<br />

étudiants les compétences qui leur permettront<br />

de rester employables. Commencer<br />

un cours de comptabilité par l’histoire<br />

des nombres, parler de la Chine actuelle<br />

en racontant son histoire c’est permettre<br />

d’acquérir une pensée autonome », établit<br />

la directrice.<br />

La Rochelle BS et<br />

son « Humacité »<br />

Depuis 2005 le programme<br />

Humacité est emblématique<br />

de la volonté d’ouverture<br />

de La Rochelle BS. Quel<br />

que soit leur programme<br />

tous les étudiants d’Excelia<br />

Group partent en mission<br />

en France ou à l’étranger<br />

dans le cadre d’un projet<br />

personnel à caractère<br />

social. « Ils en reviennent<br />

transformés et acquièrent<br />

des capacités d’adaptabilité<br />

qui sont très importantes<br />

pour les entreprises »,<br />

insiste Sébastien Chantelot.<br />

100<br />

DOUBLES<br />

DIPLÔMES<br />

+ de 200<br />

UNIVERSITÉS<br />

PARTENAIRES<br />

à l’international<br />

TOP 10<br />

DES BUSINESS<br />

SCHOOLS<br />

FRANÇAISES **<br />

*<br />

INSPIRING EDUCATION<br />

INSPIRING LIFE<br />

3 ACCRÉDITATIONS INTERNATIONALES<br />

* Révélez-vous.** Classement Le Point <strong>2019</strong> • © Crédit photo : Getty Images<br />

19


l’essentiel du sup prépas dossier juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

© TBS<br />

Une Grande école c’est<br />

aussi beaucoup de moments<br />

informels pour créer un<br />

réseau utile toute sa vie.<br />

Apprendre à apprendre<br />

Pour permettre à leurs étudiants d’évoluer<br />

tout au long de leur vie, les écoles<br />

insistent sur la nécessite d’apprendre à<br />

apprendre. « Nous devons garantir à nos<br />

diplômés un renouvellement constant de<br />

leur niveau de compétence tout au long<br />

de leur vie. Le tâtonnement constructif, la<br />

possibilité d'un changement fréquent de<br />

direction doivent être possibles. A l'instar<br />

de Claude Levi-Strauss, l'apprenant est<br />

un brillant bricoleur qui fabrique son<br />

parcours », commente le directeur général<br />

de Rennes SB, Thomas Froehlicher<br />

dans le groupe de travail susnommé.<br />

Pour s’y préparer c’est avant même de<br />

débuter leurs cours « classiques » que<br />

les nouveaux étudiants du programme<br />

Grande école de l’ESC Clermont suivent<br />

un séminaire « Apprendre à apprendre ».<br />

« Pendant deux jours ils travaillent en<br />

petits groupes avec des enseignants<br />

formés sur les représentations mentales<br />

et la résolution de problèmes, la<br />

mémorisation et l'attention, avec pour<br />

objectif de comprendre l'intérêt et les<br />

méthodes d'apprentissage », commente<br />

Françoise Roudier.<br />

Un environnement dans lequel l’acquisition<br />

de « soft skills » - agilité, capacité<br />

à contextualiser, créativité, empathie,<br />

compréhension interculturelle, esprit<br />

collaboratif - est essentiel et où la culture<br />

devient particulièrement importante. « Il<br />

faut des repères philosophiques et historiques<br />

pour faire face à des situations<br />

qu’on n’anticipe pas forcément », estime<br />

Delphine Manceau.<br />

Former des profils hybrides<br />

Longtemps ce fut l’apanage des seuls<br />

ingénieurs de compléter leur cursus par<br />

un diplôme en management. Aujourd'hui<br />

de plus en plus d’étudiants d’écoles de<br />

management sont tentés d’obtenir un<br />

double diplôme d’ingénieur. C’est ce que<br />

propose par exemple ESCP Europe au<br />

travers d’un accord récent de double<br />

diplôme avec Mines ParisTech. « Tous<br />

Grenoble EM école<br />

de la géopolitique<br />

« Installer la géopolitique<br />

dans une Business School<br />

était un pari audacieux il<br />

y a 11 ans. Nous – et avec<br />

l’aide des entreprises –<br />

avions identifié la nécessité<br />

de donner une dimension<br />

géopolitique à nos élèves,<br />

voire même d’en faire une<br />

compétence indispensable<br />

de tout futur manager et<br />

dirigeant d’entreprise. »<br />

Directeur général adjoint de<br />

Grenoble EM, Jean-François<br />

Fiorina inaugurait le 13 mars<br />

dernier la onzième édition de<br />

son Festival de Géopolitique.<br />

Et insistait : « Avoir un choc<br />

culturel dans le cadre de ses<br />

études est primordial. On<br />

peut s’y préparer dès l’école<br />

à condition que la salle de<br />

classe soit internationale et<br />

que beaucoup de professeurs<br />

soient étrangers ».<br />

20


l’essentiel du sup prépas dossier juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

programmes confondus nous estimons<br />

à 20 % le nombre de nos étudiants titulaires<br />

d’un diplôme d’ingénieur ou de<br />

master d’un de nos partenaires comme<br />

le Politecnico de Turin », relève Frank<br />

Bournois. Une hybridation qui est aussi<br />

la marque d’ICN dans le cadre de l’alliance<br />

Artem qui la lie aux Mines Nancy<br />

et à son école d’art. « 20 % des cours<br />

de notre programme grande école sont<br />

déjà communs avec ceux des Mines. Tous<br />

les vendredis après-midi les étudiants<br />

des trois écoles se retrouvent autour<br />

de projets communs. Ensemble ils ont<br />

par exemple inventé une prothèse de<br />

bras en 3D et ont travaillé sur sa programmation<br />

avec le CHU de Nancy. Ils<br />

travaillent également sur des projets<br />

courts, « Artem Insight », où ce sont les<br />

étudiants qui coachent les entreprises »,<br />

détaille la directrice générale de l’ICN,<br />

Florence Legros.<br />

Autre pionnier en matière d’hybridation<br />

dans le cadre de l’« Alliance » qui la réunit<br />

à Centrale Nantes et à l’Ensa, Audencia<br />

conclut régulièrement des partenariat<br />

avec d’autres établissements. Le dernier<br />

avec Sciences Po Saint-Germain<br />

permettra aux étudiants des deux institutions<br />

d’obtenir un double diplôme. « Cela<br />

s’inscrit parfaitement dans la démarche<br />

d’hybridation des compétences que nous<br />

menons à Nantes. Plébiscitée par les<br />

entreprises elle devrait encore prendre<br />

de l’ampleur avec les nouveaux profils<br />

que nous allons recevoir avec la réforme<br />

du bac », explique le directeur général<br />

d’Audencia, Christophe Germain alors<br />

que Céline Braconnier, la directrice de<br />

Sciences Po Saint Germain établit : « Pour<br />

des étudiants qui avaient pu hésiter entre<br />

une école de management et Sciences<br />

Po c’est l’occasion de réaliser leurs deux<br />

objectifs. Nous recevons de plus en<br />

plus d’étudiants titulaires d’un bac S qui<br />

demandent à suivre des enseignements<br />

de mathématiques pour conserver leur<br />

niveau ».<br />

Expérimenter<br />

La clé est de pouvoir mettre en pratique<br />

ses connaissances et d’expérimenter.<br />

Or dans une école de management,<br />

contrairement aux écoles d’ingénieurs,<br />

il y a peu de travaux pratiques (TP). Mais<br />

l’apprentissage par l’expérience n’en est<br />

pas moins important. Il s’est historiquement<br />

fait au travers des études de cas.<br />

Au fil des années, l’apprentissage par<br />

la pratique est de plus rentré dans les<br />

projets pédagogiques des écoles. « Il<br />

peut compléter ou accompagner des<br />

projets étudiants menés dans le cadre<br />

d’associations ou de clubs. Il est donc<br />

fondamental de promouvoir l’implication<br />

de nos élèves dans des projets de terrain<br />

ambitieux. Nos étudiants vont ainsi<br />

pouvoir à la fois monter une comédie<br />

musicale dans un grand théâtre parisien,<br />

créer une entreprise dans le domaine de<br />

l’intelligence artificielle ou préparer des<br />

jeunes élèves de banlieue à un concours<br />

d’éloquence. Dans tous les cas, leur<br />

capacité créative, leur aptitude à gérer<br />

une équipe et leur professionnalisme<br />

seront au cœur de ces projets », explique<br />

le directeur général adjoint de HEC, Eloic<br />

Peyrache, qui insiste : « L’enjeu pour les<br />

écoles est alors double : assurer une<br />

forte ambition des projets menés et<br />

L’excellente maîtrise<br />

des outils digitaux fait<br />

aujourd'hui partie des<br />

compétences essentielles.<br />

© ESC Clermont<br />

21


l’essentiel du sup prépas dossier juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

© Kedge BS<br />

Travailler en petits groupes<br />

agiles dans des espaces<br />

adaptés telle est aujourd'hui<br />

la voie de travail privilégiée.<br />

gérer le bon équilibre entre l’acquisition<br />

de savoirs et la mise en pratique ».<br />

En 2013 Grenoble EM parle « business<br />

school for society ». En <strong>2019</strong> elle crée<br />

ses « Gem Hubs for society ». « C’est<br />

notre force : nous sommes les seuls à<br />

expliquer pourquoi il faut expérimenter.<br />

Dans nos laboratoires comme avec les<br />

boîtes de jeux que nous créons pour nos<br />

étudiants comme pour les entreprises »,<br />

commente son directeur général, Loïck<br />

Roche qui entend se situer « de plus en<br />

plus dans un processus de conversation<br />

et d’apprentissage » au sein de ses<br />

labs : « Aujourd'hui ce que nous devons<br />

transmettre ce sont des valeurs et des<br />

compétences par le biais de l’expérience.<br />

Ce n’est qu’ensuite qu’arrive la théorie<br />

pour mettre en place des solutions ».<br />

Un processus d’essai sur lequel on<br />

travaille également beaucoup à l’Essec<br />

comme le démontre Vincenzo Esposito<br />

Vinzi : « Les étudiants ne doivent pas<br />

seulement appliquer des recettes toutes<br />

faites. Ils sont imaginatifs et innovants ».<br />

Une semaine dite « Imagination week »<br />

permet de les confronter à des philosophes,<br />

artistes, hommes de sciences<br />

pour « stimuler leur imagination » : « On dit<br />

que les écoles forment les étudiants. Je<br />

préfère dire que les étudiants se forment<br />

et se transforment dans les écoles. Ils<br />

doivent être acteurs de leur scolarité pour<br />

intégrer un monde dans lequel on va leur<br />

demander d’avoir ce l’imagination et de<br />

s’adapter. Tout un état d’esprit à acquérir<br />

en s’appuyant sur des connaissances ».<br />

Entreprendre<br />

De l’expérimentation à la création d’entreprise<br />

il n’y a qu’un pas que de plus en plus<br />

d’étudiants franchissent dès la fin de leur<br />

cursus. En s'appuyant sur l'expérience<br />

de son incubateur TBSeeds, TBS a ainsi<br />

lancé son pôle entrepreneuriat en 2018 : le<br />

Business Starter qui regroupe l'ensemble<br />

des ressources pédagogiques et des services<br />

proposés par TBS pour promouvoir<br />

et accompagner l'entrepreneuriat. 14<br />

enseignant-chercheurs y apporteront leur<br />

concours. Et pas seulement en aidant les<br />

étudiants de TBS. Partenaire de l'INSA,<br />

TBS a contracté plusieurs accords avec<br />

des écoles d’ingénieurs toulousaines<br />

pour « assurer une véritable synergie<br />

Comprendre la<br />

Chine avec Neoma<br />

Neoma BS et l’APHEC ont<br />

créé Leaders @the Next<br />

Generation : un programme<br />

qui permettra à 20 étudiants<br />

de classes préparatoires<br />

de partir en immersion en<br />

Chine, pour deux semaines,<br />

en juillet <strong>2019</strong>. Composé<br />

de cours à distance, de<br />

conférences et visites en<br />

Chine, d’une formation en<br />

management interculturel<br />

et d’un projet de leadership<br />

pour ouvrir à la culture<br />

chinoise, le programme<br />

permettra même aux<br />

étudiants d’obtenir le niveau<br />

2 du test de chinois officiel<br />

HSK grâce à des cours<br />

intensifs de langue chinoise<br />

22


eçoit ainsi chaque année pendant un an<br />

neuf entrepreneurs diplômés de l’école.<br />

« Ils doivent apprendre à sortir de la<br />

posture du bon élève qui doit donner la<br />

bonne réponse. Avec les 15 professeurs<br />

de l’école spécialisés dans l’entrepreneuriat<br />

nous les accompagnons au moins<br />

jusqu’à leur confrontation au marché »,<br />

explique sa directrice, Maëva Tordo.<br />

Développer l'interculturalité<br />

Séjours académiques, stages, césure<br />

mais aussi vie au contact de nombreuses<br />

nationalités sur son campus en France,<br />

la dimension internationale est au cœur<br />

de l’offre des écoles de management<br />

françaises. Rennes SB a ainsi passé<br />

280 accords de partenariat dans le<br />

monde. « Les étudiants étrangers que<br />

nous recevons dans nos MSc partagent<br />

beaucoup de cours avec nos étudiants<br />

du programme Grande École qui, pour<br />

beaucoup, sont venus nous rejoindre<br />

pour profiter d’une ambiance internationale<br />

qui se ressent dès qu’on traverse la<br />

cafétéria », assure Thomas Froehlicher.<br />

De leur côté les étudiants de l’EM Strasl’essentiel<br />

du sup prépas dossier juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

entre étudiants ingénieurs et managers<br />

porteurs de projets de startups et de<br />

contribuer à la création de valeurs ».<br />

« De nombreuses initiatives, transformées<br />

en succès ont été lancées par<br />

TBS autour de l'entrepreneuriat. Il était<br />

temps, pour des raisons d'efficacité et<br />

de synergies, de les rassembler autour<br />

d'un label commun », explique François<br />

Bonvalet, le directeur général de TBS.<br />

Lancée en 2007 la Chaire entrepreneuriat<br />

d’ESCP Europe forme à la fois des futurs<br />

créateurs d’entreprise et des cadres de<br />

grands groupes tout en proposant des<br />

programmes d’accélération aux porteurs<br />

de projets. La méthode du directeur de la<br />

chaire, Sylvain Bureau : l’« art thinking » un<br />

« méthode agile pour créer de l’improbable<br />

avec certitude » : « Nous organisons des<br />

séminaires «improbables» de trois jours<br />

pendant lesquels des non artistes créent<br />

une œuvre d’art. L’enjeu pour eux est de<br />

désapprendre pour qu’ils apprennent à<br />

créer sans objectifs très précis, comme<br />

au début de la création d’une entreprise ».<br />

L’incubateur Blue Factory d’ESCP Europe<br />

Les managersingénieurs<br />

de l’ISG<br />

Le nouveau programme<br />

Grande école (PGE) de<br />

l’ISG entend en priorité<br />

« ouvrir les enseignements<br />

de gestion à l'excellence<br />

des écoles d'intelligence<br />

informatique et numérique<br />

du Groupe IONIS ». En<br />

partenariat avec l'EPITA,<br />

les étudiants auront ainsi la<br />

possibilité de se préparer à<br />

des fonctions de manageringénieur.<br />

La dimension<br />

internationale – historique<br />

– est renforcée avec la<br />

création de « Learning<br />

Expeditions » qu’il s’agisse<br />

de partir à Londres étudier les<br />

marchés de devises, à Genève<br />

pour s'initier au luxe ou à<br />

Tel-Aviv pour comprendre<br />

les enjeux du digital.<br />

Les écoles de commerce<br />

françaises implantent de<br />

plus en plus de campus<br />

à l’étranger. Ici l’EM<br />

Normandie à Oxford.<br />

© EM Normandie<br />

23


l’essentiel du sup prépas dossier juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

bourg suivent ce que l’école appelle des<br />

« CLUE » pour Cross-cultural skills / Language<br />

excellence / Uncommon opportunities<br />

/ European Leadership. « Il s’agit de leur<br />

donner des compétences interculturelles<br />

qui passent par des mises en situation<br />

comme celle que nous réalisons au sein<br />

du Parlement européen par exemple »,<br />

commente son directeur, Herbert Castéran<br />

qui se félicite aussi que 20 % de ses 3300<br />

étudiants soient étrangers.<br />

Séjourner à l’étranger<br />

Rien ne vaut évidemment un séjour à<br />

l’étranger pour développer ses capacités<br />

à travailler à l’international. Skema a choisi<br />

de créer des campus en propre. Le dernier<br />

verra le jour en 2020 en Afrique du Sud.<br />

« Nos campus deviennent de véritables<br />

hubs régionaux interconnectés au sein<br />

desquels nos étudiants ont une réponse<br />

unique à toutes leurs demandes d’expatriation.<br />

Si vous veniez un jour écouter<br />

les élèves qui viennent passer les oraux<br />

vous entendriez qu’ils ne parlent que de<br />

ça : la garantie de mobilité que nous leur<br />

offrons. Qui à part nous peut envoyer<br />

800 étudiants en mobilité aux Etats-Unis<br />

chaque année ? Et pour y vivre sur le<br />

campus de la North Carolina University<br />

au milieu et dans les mêmes conditions<br />

qu’un étudiant américain », insiste le vice<br />

dean de l’école, Patrice Houdayer.<br />

L’Edhec a en revanche fait le choix délibéré<br />

de ne pas ouvrir de campus à l’étranger.<br />

« Si nous ouvrions un campus en Chine<br />

nous ne pourrions pas y recruter les meilleurs<br />

étudiants. Ces meilleurs étudiants<br />

nous devons les convaincre de venir sur<br />

nos campus en France. Nous sommes<br />

certes implantés à Londres et à Singapour<br />

mais c’est pour y faire de la recherche<br />

en finance. Il n’y a guère que l’Insead qui<br />

ait réussi à avoir deux implantations, à<br />

Fontainebleau et Singapour, de même<br />

valeur. Harvard est une marque globale<br />

mais n’est qu’à Boston », remarque son<br />

© ICN<br />

directeur, Emmanuel Métais.<br />

La conclusion à Frank Bournois, aujourd'hui<br />

en pleine réflexion sur la remise<br />

à plat de son PGE : « Ce qui différencie<br />

le leader du manager c’est d’avoir un<br />

bagage intellectuel complet et l’expérience<br />

de la fécondité de la complexité !<br />

Nous ne sommes pas seulement là pour<br />

comprendre le monde de demain, mais<br />

pour le dessiner. Et nous croyons que<br />

l’approche européenne - diversité, interdisciplinarité<br />

et prise en compte des<br />

forces qui agissent sur l’économie (la<br />

culture et les cultures, la politique, mais<br />

aussi l’environnement, les sciences, la<br />

technologie, l’art..) - est non seulement<br />

originale par rapport à la concurrence,<br />

mais aussi véritablement soutenable<br />

dans un monde où les défis ne sont pas<br />

qu’économiques ».<br />

Olivier Rollot<br />

Audencia emmène<br />

des étudiants de<br />

prépas en Chine<br />

Du 16 au 23 mars, des<br />

étudiants de première année<br />

de classes préparatoires<br />

économiques et<br />

commerciales ont découvert<br />

la Chine et Hong Kong avec<br />

Audencia. Au programme<br />

la découverte de la culture<br />

et le monde des affaires<br />

chinois, la visite d‘entreprises<br />

comme Tencent ou Peugeot<br />

Hong-Kong puis du campus<br />

de Shenzhen Audencia<br />

Business School (SABS).<br />

Ces rencontres s’inscrivent<br />

dans la lignée de l’événement<br />

Inside Audencia, au cours<br />

duquel l’école a accueilli<br />

en France, sur son Atlantic<br />

Campus, 70 étudiants pour<br />

une immersion nantaise<br />

de 2 à 3 jours fin avril.<br />

L’hybridation des<br />

profils est au cœur du<br />

projet de l’ICN BS.<br />

24


l’essentiel du sup prépas entretien<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Loïck Roche<br />

Directeur général de Grenoble EM<br />

Grenoble EM a remis ses premiers Trophées de la paix<br />

économique : un « vrai mouvement de fond »<br />

C’est sa marque de fabrique. Grenoble<br />

EM est constamment à l’affut des<br />

tendances du management. Nouvelle<br />

illustration avec les tous nouveaux<br />

Trophées de la paix économique que<br />

Loïck Roche, directeur général de l’école,<br />

nous a décrit sur le salon VivaTech.<br />

Olivier Rollot : Grenoble EM vient de<br />

remettre ses premiers Trophées de la<br />

paix économique. Qu’attendez-vous de ce<br />

nouveau prix ?<br />

Loïck Roche : C’est un premier point d’étape après<br />

tous les travaux menés dans le cadre de notre chaire<br />

paix économique, mindfulness et bien-être au travail.<br />

Nous avons reçu 75 dossiers d’entreprises qui mettent<br />

en avant leur département personnel, leur management<br />

et leur organisation pour faire émerger des relations<br />

pacifiées plutôt que de vouloir se détruire. Il ne s’agit<br />

pas pour autant de renoncer à toute compétition mais<br />

de créer plus de valeur dans un système qu’on qualifie<br />

souvent de « coopétition ».<br />

C'est un vrai mouvement de fond avec de plus en plus<br />

de chefs d’entreprise réceptifs à l’idée d’évoluer. Qui<br />

se préoccupent d’une utilisation raisonnée des ressources<br />

naturelles dans le cadre d’une économie de<br />

la fonctionnalité. Qui veulent agir en coopération avec<br />

d’autres acteurs pour mieux travailler dans l’usage. Qui<br />

respectent leurs fournisseurs. Et en interne dans une<br />

entreprise cela signifie soutenir le meilleur argument<br />

même si ce n’est pas le sien et tout mettre en œuvre<br />

pour recruter meilleur que soi. A nous d’inculquer ces<br />

principes aux étudiants pour qu’ils portent ces valeurs.<br />

O. R : Justement. Comment allez-vous encore<br />

plus porter ces valeurs ?<br />

L. R : Nous voudrions maintenant créer une Journée<br />

de la paix économique. Cela correspond aussi à la<br />

publication de la loi Pacte qui parle du rôle sociétal de<br />

l’entreprise. Cette année ce sont déjà 750 personnes<br />

sont venues assister à la remise de nos trophées. Nous<br />

avons récompensé des entreprises, comptant 5000<br />

personnes comme de petites tailles, des collectivités<br />

comme la région Normandie ou la mairie de Kriegsheim<br />

en Alsace. En France et à l’étranger. Maintenant nous<br />

voulons faire de Grenoble un territoire de paix économique.<br />

O. R : Ces théories sont-elles applicables à<br />

l’enseignement supérieur ? Et notamment à<br />

des écoles de management qui semblent de<br />

plus en plus en confrontation ?<br />

L. R : Dans l’ouvrage « La Théorie du lotissement »<br />

que j’ai publié en 2016 j’explique comment les Grandes<br />

écoles et les instituts d’administration des entreprises<br />

(IAE) devraient eux aussi se rapprocher pour être tous<br />

plus forts. C’est comme dans le sport : il faut mieux<br />

avoir beaucoup de bonnes équipes pour avoir un beau<br />

championnat. Aux Etats-Unis en NBA ce sont les équipes<br />

les moins fortes qui sont prioritaires dans le recrutement<br />

pour rendre le championnat plus intéressant.<br />

© Grenoble EM<br />

Grenoble EM et<br />

l’Institut de leadership<br />

lancent un programme<br />

sur le leadership<br />

Après avoir connu le<br />

succès au Canada ces cinq<br />

dernières années, l’Institut<br />

de leadership s’associe<br />

avec Grenoble École de<br />

Management pour offrir à<br />

compter de novembre <strong>2019</strong><br />

à Paris son Certificat en<br />

Executive Leadership. Les<br />

participants bénéficieront<br />

de l’expertise d’intervenants<br />

autant canadiens que français<br />

et ainsi d’une vision variée<br />

du management dans ces<br />

deux marchés. Anne-<br />

Marie Couderc, Nicolas<br />

de Tavernost, Bernard<br />

Giudicelli, Maurice Lévy,<br />

Nicole Notat, Jean-Pierre<br />

Raffarin, Marie-Christine<br />

Saragosse, Jean-Dominique<br />

Senard, Najat Vallaud-<br />

Belkacem ont déjà accepté<br />

de contribuer à la formation.<br />

25


l’essentiel du sup prépas entretien<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Quand j’étais président du Chapitre des Grandes écoles<br />

de management au sein de la Conférence des grandes<br />

écoles, je ne voulais pas que nous jouions selon un<br />

rapport de force qui aboutissait à la destruction des<br />

plus petites écoles.<br />

O. R : Historiquement GEM s’est forgé<br />

son image sur le thème de l’innovation.<br />

Comment faire cohabiter innovation et paix<br />

économique ?<br />

L. R : L’innovation technologique est intrinsèque à GEM.<br />

Preuve en est par exemple le développement de nos<br />

GEM labs. Mais la technologie n’est qu’un outil. Ce qui<br />

est au centre c’est l’homme.<br />

Quand l’école a été créée en 1984 c’est parce que les<br />

entreprises constataient le manque de communication<br />

avec les écoles d'ingénieurs. D’où le développement<br />

du management des technologies et la création d’un<br />

premier double diplôme avec une école d'ingénieurs.<br />

Un concours <strong>2019</strong><br />

sous le signe de la RSE<br />

A Grenoble Ecole de Management, ce sont<br />

4500 admissibles et 700 membres de jury<br />

qui sont attendus du 27 mai au 12 juillet pour<br />

le passage d’oraux qui s’effectuent sous<br />

le signe de la responsabilité sociétale.<br />

Au programme :<br />

• Santé et bien-être par le sport : descente<br />

en rappel dans l’Ecole organisée par Gautier<br />

Supper, sportif de haut niveau et diplômé de<br />

GEM. Sans oublier la traditionnelle visite de<br />

la ville à pied, vélo ou transport en commun<br />

qui s’achève par une montée à la bastille ;<br />

• Efforts pour tendre vers le zéro déchet :<br />

c’est la fin des bouteilles d’eau à GEM<br />

pendant cette période. Carafes d’eau et<br />

thermos de café / thé pour les membres<br />

de jury et éco-cup pour les étudiants !<br />

• Pas de goodies inutiles : un bar à t-shirt<br />

en parallèle des éco-cup : les étudiants<br />

apprendront à personnaliser eux-mêmes<br />

leur t-shirt parmi 5 modèles proposés.<br />

Et pour ceux qui seront reçus les étudiants<br />

de première année du Programme<br />

Grande Ecole exploreront cette année<br />

au travers d’une approche immersive<br />

et expérimentale l’univers des débats<br />

technoscientifiques parmi 18 enjeux<br />

sociétaux et environnementaux majeurs.<br />

De même les étudiants de 3ème année du<br />

PGE pourront suivre une nouvelle filière<br />

de spécialisation intitulée « Innovation<br />

for Sustainability Transition ».<br />

O. R : Et dans vos enseignements comment<br />

portez-vous ces dimensions ?<br />

L. R : En 2013 nous parlons de « business school for<br />

society ». En <strong>2019</strong> nous créons nos « Gem Hubs for<br />

society ». C’est notre force : nous sommes les seuls<br />

à expliquer pourquoi il faut expérimenter. Dans nos<br />

laboratoires comme avec les boîtes de jeux que nous<br />

créons pour nos étudiants comme pour les entreprises.<br />

Dans l’enseignement nous nous situons de plus en plus<br />

dans un processus de conversation et d’apprentissage<br />

au sein de nos labs. Aujourd'hui ce que nous devons<br />

transmettre ce sont des valeurs et des compétences<br />

par le biais de l’expérience. Ce n’est qu’ensuite qu’arrive<br />

la théorie pour mettre en place des solutions. Si je dois<br />

décrire un coucher de soleil je peux me contenter de dire<br />

« rouge ». Mais je peux aussi parler de « rouge fatigué »<br />

comme Céline et là ça se comprend différemment.<br />

O. R : Cette année le Times Higher<br />

Education a révélé son premier classement<br />

international fondé sur l’impact sociétal des<br />

établissements d’enseignement supérieur.<br />

© Grenoble EM<br />

Pensez-vous qu’on puisse en faire autant<br />

en France pour noter les écoles de<br />

management ?<br />

L. R : Il existe des éléments mesurables sur l’engagement<br />

des écoles dans l’égalité hommes/femmes, la<br />

consommation responsable, le zéro déchet, etc. Cette<br />

année nous offrons à tous nos étudiants un livre pour<br />

apprendre à bien se nourrir. Nous faisons passer le<br />

Sulitest. Nos étudiants évoluent dans la quête de sens.<br />

O. R : Une toute autre question : avez-vous<br />

choisi le nouveau bâtiment dans lequel vous<br />

allez vous implanter à Paris ?<br />

L. R : Oui. Ce sont d’anciens locaux de la Croix Rouge,<br />

rue Didot dans le 14 ème arrondissement, dans lesquels<br />

nous nous installerons à la rentrée. Nous allons par<br />

exemple pouvoir y tester tout ce que peut apporter<br />

l’intelligence artificielle (IA) aux étudiants comme au<br />

management du campus. Les programmes de formation<br />

continue en bénéficieront tout particulièrement.<br />

O. R : Votre priorité à Paris ce sera la<br />

formation continue ?<br />

L. R : Plus qu’en m 2 la différence entre les écoles de<br />

management va s’établir sur leur capacité à investir<br />

ou pas dans la formation continue comme le font les<br />

grandes business schools américaines. Aujourd'hui nous<br />

devons passer un cap – chez GEM cela représente 15<br />

M€ pour un budget total de 63 M€ - alors que cela doit<br />

devenir au moins aussi important que les programmes<br />

de formation initiale. Nous devons doubler ce chiffre<br />

pour parvenir à un chiffre d’affaires de 100 à 120 M€ à<br />

cinq ans. Pour cela nous devons aussi nous entendre<br />

avec les entreprises pour construire ensemble des<br />

offres personnalisées.<br />

Un réseau international<br />

d’incubateurs pour<br />

Grenoble EM<br />

Grenoble EM entend<br />

aujourd'hui développer un<br />

réseau d’incubateurs à travers<br />

le monde et « proposer<br />

des points de chute aux<br />

startups en fonction de leur<br />

secteur d’activité et de leurs<br />

objectifs ». Après Grenoble<br />

et Paris, San Francisco<br />

depuis 2017, la dernière<br />

destination répertoriée est<br />

Londres. Prochaines étapes :<br />

Singapour et Tel Aviv. La<br />

première startup incubée à<br />

profiter de ce nouveau service<br />

est en ce moment même à<br />

San Francisco. IncubaGEM<br />

compte actuellement<br />

50 start-up incubées (et<br />

276 au total depuis sa<br />

création en 2011).<br />

26


l’essentiel du sup prépas<br />

paroles de profs<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Christine<br />

PIRES<br />

Professeur en<br />

CPGE ECE et<br />

ECT au Lycée<br />

Voltaire d’Orléans,<br />

Responsable<br />

de l’espagnol<br />

au Conseil<br />

d’administration<br />

de l’APHEC,<br />

Coordinatrice<br />

des Langues<br />

Vivantes au Bureau<br />

de l’APHEC<br />

Échanger pour (re)penser<br />

nos pratiques<br />

Avec 83 participants,<br />

la première journée<br />

Inter-Langues<br />

à destination<br />

des enseignants<br />

d’allemand, d’anglais<br />

et d’espagnol,<br />

conjointement<br />

organisée par l’EM<br />

Normandie, Espace<br />

<strong>Prépas</strong> et l’APHEC<br />

le 5 avril dernier,<br />

fut couronnée de<br />

succès.<br />

Les enseignants de langues forment<br />

depuis toujours le contingent le plus<br />

important, et sans doute l’un des plus<br />

dynamiques en termes d’échanges<br />

de supports pédagogiques, au sein<br />

de l’APHEC. Désireux de partager<br />

leur expérience pédagogique,<br />

mais également dans une quête<br />

permanente d’actualisation et<br />

d’approfondissement de leurs vastes<br />

domaines d’études, la demande d’un<br />

espace, d’un temps de rencontre<br />

durant l’année revenait régulièrement,<br />

au fil des rendez-vous, comme un<br />

souhait de plus en plus affirmé. En<br />

effet, faut-il le rappeler, le programme<br />

de l’enseignement des langues de la<br />

filière EC repose, pour une part, sur la<br />

rigueur de l’expression développée au<br />

travers des exercices de traduction,<br />

mais aussi, sur toute l’actualité des<br />

pays anglophones, germanophones,<br />

hispanophones. Cet aspect<br />

civilisationnel demande donc une mise<br />

à jour permanente des savoirs des<br />

enseignants et des étudiants.<br />

Née de discussions lors d’une<br />

Assemblée Générale, c’est dans le<br />

cadre du Continuum CPGE-GE — projet<br />

initié par le Président de l’APHEC, puis<br />

ardemment soutenu et développé par<br />

notre Conseil d’administration et par<br />

les Grandes Écoles — que l’idée de la<br />

participation à la formation continue<br />

des enseignants de CPGE s’est<br />

concrétisée avec l’EM Normandie au<br />

travers de l’organisation d’une journée<br />

dédiée aux langues vivantes les plus<br />

représentées dans notre association.<br />

L’EM Normandie, soucieuse de jeter<br />

des ponts entre les professeurs de<br />

classes préparatoires et ses propres<br />

enseignants, a immédiatement<br />

accepté le défi d’une organisation<br />

aussi minutieuse que complexe au<br />

vu du public multiple et varié que<br />

© Christine PIRES<br />

27


l’essentiel du sup prépas paroles de profs juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Royaume-Uni nous a ainsi proposé la<br />

genèse du référendum en revenant au<br />

travers de graphiques sur des études<br />

sociologiques très précises qui sont<br />

parfois perdues de vue lorsqu’on<br />

évoque le Brexit. Avec réactivité,<br />

Hendrik Lohse changeait encore sa<br />

présentation au dernier moment pour<br />

tenter de coller aux soubresauts de<br />

l’actualité et aux votes successifs de<br />

la Chambre des Lords, ce qui n’a pas<br />

empêché la nouvelle du sursis octroyé<br />

par l’Union européenne au Royaume-<br />

Uni de tomber précisément pendant<br />

sa conférence.<br />

Jean-Guy Bernard, directeur général de l’EM Normandie,<br />

accueille le président de l’APHEC, Alain Joyeux<br />

Carine GUIBBANI, sa directrice du<br />

développement commercial,<br />

a parfaitement orchestrée.<br />

Les mobilités<br />

européennes<br />

Partant du postulat que la Journée<br />

Inter-Langues devait avoir une<br />

partie commune et aborder des<br />

problématiques convergentes, le<br />

thème transversal de l’Europe et de<br />

ses mobilités est immédiatement<br />

apparu comme une évidence.<br />

Aussi avons-nous profité du fait que<br />

le directeur des campus d’Oxford<br />

et de Dublin de l’EM Normandie, M.<br />

Hendrik Lohse, était aux premières<br />

loges du Brexit pour l’inviter à tirer<br />

le premier et à ouvrir cette batterie<br />

de conférences. Son témoignage<br />

était doublement pertinent puisqu’il<br />

alliait l’expérience du vécu tout<br />

en s’inscrivant parfaitement dans<br />

l’échange CPGE-GE en termes<br />

d’enseignants, dans le cas présent.<br />

Faisant preuve de pédagogie, et doté<br />

d’un humour britannique totalement<br />

assimilé, cet Allemand vivant au<br />

© Christine PIRES<br />

En tant que directeur de campus,<br />

sa principale préoccupation était de<br />

connaître l’impact qu’aurait le Brexit<br />

sur la mobilité des étudiants de l’EM<br />

Normandie et plus généralement sur<br />

tous les étudiants qui verraient se<br />

compliquer l’implantation dans un<br />

pays hors Union européenne. Après<br />

une étude menée auprès d’un panel<br />

d’étudiants, le constat est plutôt<br />

encourageant : loin d’être découragés<br />

par la complexification à prévoir<br />

des démarches, les étudiants sont<br />

assez philosophes et accompliront<br />

finalement les mêmes démarches que<br />

pour partir les pays où des visas sont<br />

nécessaires. Le Brexit ne serait donc<br />

pas un frein pour nos jeunes adultes…<br />

C’est donc sur une note conclusive<br />

encourageante et optimiste que<br />

Laure Coudret-Laut, directrice<br />

de l’agence ERASMUS+, a pris la<br />

parole pour nous présenter ce<br />

programme européen qui a vu le jour<br />

en 1987 et n’a cessé de prendre de<br />

l’ampleur, même si les négociations<br />

à Bruxelles sont âprement menées<br />

pour étendre l’offre aux divers<br />

secteurs tels que l’apprentissage, la<br />

formation professionnelle, le corps<br />

28


l’essentiel du sup prépas<br />

paroles de profs<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Rédactrice en chef d’Espace <strong>Prépas</strong>, Stéphanie Ouezman, anime les débats<br />

© Christine PIRES<br />

enseignant… Avec une augmentation<br />

de 23 % en 2018 par rapport à l’année<br />

précédente, l’Union européenne<br />

envoie un signal fort quant à la<br />

mobilité de ses habitants et plus<br />

particulièrement de ses étudiants.<br />

La France profite amplement de ce<br />

programme qui a vu pratiquement<br />

doubler ses échanges entre 2008<br />

et 2015. Toutefois, et c’est bien là la<br />

limite de ce programme, Erasmus+<br />

n’est pas adapté à nos étudiants de<br />

CPGE. Avec une durée moyenne de<br />

5,6 mois à l’étranger, il est impossible<br />

à nos préparationnaires de prétendre<br />

à ce programme. Il est également<br />

apparu qu’un enseignant de classes<br />

préparatoires ne pouvait envisager un<br />

échange de poste sans risquer de ne<br />

pas retrouver le sien à son retour… de<br />

quoi décourager les plus motivés !<br />

Après cette double introduction sur<br />

les mobilités européennes, le débat<br />

s’est élargi avec une table ronde<br />

menée par Stéphanie Ouezman<br />

d’Espaces <strong>Prépas</strong> qui a distribué la<br />

parole, lancé des pistes de réflexion,<br />

ouvert le débat à d’autres champs<br />

que la mobilité des étudiants. Laure<br />

Coudret-Laut, Claire Versini, de<br />

l’Université Notre Europe et de<br />

l’Institut Jacques Delors, Hendrik<br />

Lohse et Alain Joyeux, dans son<br />

rôle de géopoliticien spécialiste de<br />

l’Europe, se sont ainsi livrés à plus<br />

d’une heure de débats et d’échanges<br />

avec la salle et ont clôturé une matinée<br />

dense et rythmée.<br />

En allemand, du Bauhaus<br />

à la politique actuelle…<br />

L’après-midi étant consacrée aux<br />

conférences disciplinaires dans<br />

la langue cible, les germanistes se<br />

sont rassemblés pour écouter leur<br />

première présentation autour de<br />

la politique actuelle de l’Allemagne.<br />

Grâce à Philippe Kohler, trésorier<br />

de l’APHEC, co-organisateur de<br />

cette journée, mais également,<br />

professeur honoraire, les enseignants<br />

d’allemand ont pu entendre un<br />

exposé esquissant brièvement ce<br />

qu’est la mission de la représentation<br />

diplomatique de l’Allemagne à Paris,<br />

suivi d’une conférence résumant la<br />

vision institutionnelle de la politique<br />

menée par Angela Merkel, sa politique<br />

29


l’essentiel du sup prépas paroles de profs juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

migratoire et son positionnement<br />

européen. Ainsi, pendant 45 minutes,<br />

M. Kolja Rieke, du service politique de<br />

l’Ambassade d’Allemagne à Paris, a<br />

exposé quelques axes d’exploitation<br />

fort utiles aux enseignants présents<br />

dont une partie du programme<br />

consiste à se tenir informés<br />

des évolutions économiques,<br />

sociologiques et politiques des pays<br />

dont ils enseignent la langue.<br />

Plus culturelle, mais ayant également<br />

un fondement civilisationnel, la<br />

seconde conférence, choisie par<br />

Marie-Pierre Briottet, responsable de<br />

l’allemand au Conseil d’administration<br />

de l’APHEC, a fait la part belle aux 100<br />

ans du Bauhaus. Ce mouvement qui,<br />

un siècle après, continue d’avoir une<br />

importance notoire en Allemagne,<br />

comme en témoigne le discours<br />

prononcé par le Président fédéral<br />

Frank-Walter Steinmeier lors de<br />

l’ouverture du jubilé.<br />

Le mouvement architectural et de<br />

design que tout un chacun connaît à<br />

travers ses constructions cubiques,<br />

ses objets du quotidien épurés avait<br />

pour objectif initial de simplifier l’habitat<br />

et les objets dans un souci de les<br />

populariser. Loin de se circonscrire à<br />

l’Allemagne, le Bauhaus, qui a inspiré<br />

tout un quartier de Tel-Aviv en 1948<br />

ou l’Ambassade des USA à Athènes,<br />

par exemple, ne se limite pas à l’aspect<br />

esthétique. En le replaçant dans son<br />

contexte d’apparition, c’est-à-dire au<br />

moment des mouvements bolchevique<br />

et spartakiste, et de l’instauration de<br />

la République de Weimar, le Bauhaus<br />

prend une dimension civilisationnelle<br />

non négligeable. Faut-il rappeler que<br />

Walter Gropius, l’architecte et urbaniste<br />

qui a créé l’École du Bauhaus, n’a<br />

sollicité que des maîtres engagés<br />

politiquement et très ancrés à gauche ?<br />

Que c’est l’arrivée du nazisme en 1933<br />

qui a mis un terme à ce mouvement ?<br />

Mis en perspective, ce mouvement<br />

architectural se voulait bien plus<br />

idéologique qu’esthétique. De quoi<br />

donner des axes de réflexion et des<br />

pistes d’étude exploitables en cours<br />

avec des étudiants, comme l’a fait<br />

Marie-Pierre Briottet dans ses classes.<br />

La complémentarité<br />

de l’anglais et de<br />

l’espagnol…<br />

Avec le continent américain, les<br />

anglicistes et les hispanistes<br />

partagent de larges pans d’histoire,<br />

de civilisation et d’actualité. Aussi,<br />

était-il logique et naturel de trouver<br />

une problématique commune qui<br />

a permis de regrouper les deux<br />

langues. C’est donc un axe transversal<br />

qui a permis à Dominique SOUCY,<br />

Maître de conférences à l’Université<br />

de Franche-Comté, d’aborder le<br />

panorama des relations américaines<br />

continentales, depuis la doctrine<br />

Monroe jusqu’aux années TRUMP.<br />

Pour préparer cette conférence au<br />

public inhabituel pour cette cubaniste<br />

plus accoutumée à des agrégatifs qu’à<br />

des enseignants de CPGE, Dominique<br />

Soucy explique : «J’ai repensé ma<br />

façon de présenter l’histoire des<br />

relations entre les USA et l’Amérique<br />

Latine pour offrir un panorama plutôt<br />

qu’un aspect précis exploité en détail.<br />

L’idée était de proposer un tableau<br />

sur lequel chacun pourrait ensuite<br />

accrocher un moment/événement/<br />

processus plus particulier ».<br />

Et en effet, sa mise en perspective<br />

historique et pragmatique a offert<br />

aux uns et aux autres un regard<br />

distancié, un regard universitaire qui<br />

contrastait avec le suivi de l’actualité<br />

— des décisions de Donald Trump aux<br />

soubresauts de la politique latinoaméricaine<br />

— qui constitue le quotidien<br />

de nos pratiques.<br />

« On n’a pas nécessairement le recul<br />

de l’histoire. Ce regard historique<br />

permet de donner du sens aux<br />

problèmes actuels traités en cours :<br />

les dreamers, l’immigration… », ainsi<br />

que le souligne Marie-Christine<br />

Capobianco, responsable de l’anglais<br />

au Conseil d’administration de l’APHEC.<br />

… avant que chacun<br />

ne retourne à ses<br />

spécificités thématiques<br />

Les anglicistes se sont ensuite<br />

intéressés, en anglais, à la politique<br />

de Theresa May et plus précisément<br />

au thème de l’immigration. Stéphane<br />

Porion, Maître de Conférences à<br />

l’Université de Tours, spécialiste<br />

d’Enoch Powell et du Powellisme, a<br />

ainsi proposé une mise en perspective<br />

historique du Brexit, les raisons qui<br />

avaient poussé David Cameron à<br />

organiser ce référendum, où lui-même<br />

avait milité pour le « Remain », ce<br />

qui l’a conduit à démissionner suite<br />

à la victoire du « Leave ». Pour la<br />

responsable de l’anglais à l’initiative de<br />

ce choix, la question du durcissement<br />

de la politique d’immigration de<br />

Theresa May lorsqu’elle était ministre<br />

de l’Intérieur était incontournable pour<br />

expliquer son actuelle intransigeance.<br />

Loin de faire doublon avec la<br />

présentation d’Hendrik Lohse le matin,<br />

riche de son vécu en tant qu’encadrant<br />

d’étudiants à l’étranger et d’expatrié,<br />

30


l’essentiel du sup prépas<br />

paroles de profs<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Stéphane Porion a, pour sa part,<br />

abordé la question sous un angle<br />

plus historique et offert une vision<br />

axée davantage sur le long terme,<br />

mettant en outre à la disposition<br />

des enseignants le verbatim de<br />

sa conférence, des références<br />

bibliographiques, des articles et<br />

vidéos utilisables en classe. Une mine<br />

d’or pour tout enseignant… »<br />

En parallèle, les hispanistes ont<br />

pu se replonger dans la Transition,<br />

thème incontournable alors que<br />

l’Espagne vient de fêter les 40 ans<br />

de sa Constitution. Denis Rodrigues,<br />

Professeur des Universités à Rennes<br />

2, a eu la lourde tâche de proposer<br />

son regard d’historien à des collègues<br />

aussi avertis qu’exigeants. Et de façon<br />

surprenante, alors que l’actualité<br />

nous incite à la préoccupation, ce<br />

spécialiste du post-franquisme<br />

explique : « Cela m’a permis d’évoquer<br />

l’histoire de l’Espagne au cours<br />

du processus de Transition et de<br />

montrer que toutes les questions qui<br />

se posaient alors étaient aujourd’hui<br />

résolues (forme de l’État, fin de<br />

l’interventionnisme étatique dans<br />

l’économie, démocratisation des<br />

institutions, disparition totale du<br />

terrorisme national – ETA, Grapo,<br />

Frap, Guerrilleros de Cristo Rey – et<br />

donc de dédramatiser la situation<br />

actuelle qui, pour être préoccupante,<br />

n’a pas grand-chose à voir avec la<br />

situation des années 1970. Cela m’a<br />

permis de montrer la solidité des<br />

institutions espagnoles et la maturité<br />

du corps électoral pourtant malmené<br />

pendant au moins dix ans par une<br />

crise économique dévastatrice, mais<br />

que l’Espagne a bien surmontée ». Une<br />

vision aussi distanciée qu’optimiste…<br />

et que les résultats des récentes<br />

élections viennent de confirmer.<br />

Vers une version 2.0 ?<br />

À défaut d’autre structure où les<br />

enseignants de CPGE peuvent se<br />

retrouver pour échanger et réfléchir à<br />

leurs pratiques, cette journée, pourtant<br />

perfectible, a connu un vif succès,<br />

salué par les collègues aussitôt<br />

demandeurs d’une seconde édition.<br />

Parfaitement inscrite dans l’esprit du<br />

Continuum, elle a permis de nombreux<br />

ponts, de nombreux échanges… Des<br />

échanges riches sur le plan intellectuel<br />

et surtout riches sur le plan humain<br />

avec des barrières qui, le temps d’une<br />

journée, sont un peu tombées, mais<br />

aussi une vision universitaire que<br />

nous n’avons pas l’habitude d’avoir.<br />

Les barrières Grande École/CPGE<br />

et les barrières CPGE/Université<br />

ainsi que l’exprime Denis Rodrigues :<br />

« Cette Journée Inter-Langues fut<br />

intéressante pour moi dans la mesure<br />

où elle a permis — comme le permettent<br />

les jurys de concours — de briser,<br />

même partiellement, l’isolement des<br />

différents corps de professeurs. Les<br />

universitaires connaissent peu ou<br />

mal le travail de nos collègues des<br />

classes préparatoires et vice-versa.<br />

Cette rencontre aura donc permis ce<br />

rapprochement et ce décloisonnement.<br />

J’en garde un très bon souvenir et ne<br />

demande qu’à intervenir à nouveau si<br />

l’occasion se présentait ».<br />

Une version 2.0 en 2020 ?<br />

© ESCP Europe<br />

31


l’essentiel du sup prépas débat juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

«<br />

Où en est la réforme<br />

du bac ?<br />

Contestée par certains, la réforme du lycée et du bac généraux voulue<br />

par Jean-Michel Blanquer n’en avance pas moins. On sait maintenant peu ou prou<br />

quelles spécialités de première ont choisi les élèves et les épreuves terminales<br />

du bac se précisent peu à peu. Il n’en reste pas moins encore beaucoup de flou.<br />

Globalement la réforme correspond<br />

à ce que j’en attendais<br />

même si, dans la mise<br />

en œuvre d’une réforme,<br />

il y a toujours des "effets de bord"<br />

qu’il s’agit de prendre en compte.<br />

Pour moi l’esprit de départ est préservé<br />

», commente Pierre Mathiot, directeur<br />

de Sciences Po Lille et auteur<br />

en 2018 du rapport qui a préfiguré la<br />

réforme en cours. Ce à quoi Philippe<br />

Watrelot, ancien président du Cercle<br />

de recherche et d’action pédagogique<br />

et professeur de sciences économiques<br />

et sociales au lycée Jean-Baptiste Corot<br />

à Savigny-sur-Orge (Essonne), lui<br />

rétorque : « Beaucoup de professeurs<br />

n’était pas forcément hostiles à la réforme<br />

au départ mais tout le monde<br />

en dénonce l’impréparation : pourquoi<br />

ne pas avoir attendu 2022 ? »<br />

16 heures de tronc<br />

commun<br />

Le « tronc commun » d’enseignement<br />

du lycée de première et terminale représente<br />

16 heures d’enseignement<br />

composées de :<br />

• langues vivantes A et B 4 h 30<br />

• français (philosophie en Tle) 4 h<br />

• histoire-géographie<br />

3 h<br />

• enseignement scientifique 2 h<br />

• enseignement moral<br />

et civique<br />

30 min<br />

• éducation physique<br />

et sportive<br />

2 h<br />

Si l’absence des maths fait débat<br />

d’autres s’interrogent : n’est-il pas<br />

risqué de proposer à tous les profils<br />

les même enseignements ? « Nous<br />

sommes critiques sur le très important<br />

tronc commun. Peut-on vraiment<br />

intéresser des profils très différents<br />

à des enseignements communs en<br />

histoire-géographie, philosophie ou<br />

encore à des enseignements scientifiques<br />

et mathématiques ? Il y a un<br />

vrai risque que certains se désintéressent<br />

et notamment des profils très<br />

scientifiques qui voudraient en apprendre<br />

rapidement davantage », s’interroge<br />

ainsi le président de la commission<br />

« Amont » de la Conférence<br />

des grandes écoles (CGE) - à ce titre<br />

en charge des questions de recrutement<br />

dans les Grandes écoles -, et directeur<br />

des Arts et Métiers, Laurent<br />

Champaney.<br />

54 heures consacrées<br />

à l’orientation, oui<br />

mais comment ?<br />

Il reste une inconnue importante<br />

sur ce que seront précisément les 54<br />

heures consacrées à l’orientation. Il<br />

est d’autant plus difficile de définir<br />

leur contour que leur mise en œuvre<br />

intervient en même temps que la régionalisation<br />

des CIO (centres d’information<br />

et d’orientation). « Pour y<br />

parvenir, il faut que les professeurs y<br />

jouent un rôle encore plus important<br />

qu’aujourd'hui. J’entends qu’une partie<br />

d'entre eux disent n'avoir pas les<br />

compétences pour le faire mais ce serait<br />

logique au fond qu'ils s'efforcent<br />

de faire pour leurs élèves ce qu'ils arrivent<br />

souvent à faire pour leurs enfants<br />

», soutient Pierre Mathiot. « On<br />

transforme l’accompagnement actuel<br />

en aide à l’orientation en demandant<br />

aux élèves de choisir de plus en plus<br />

tôt leur avenir mais y aura-t-il ensuite<br />

de passerelles. Je discute beaucoup<br />

avec mes élèves qui disent ne vraiment<br />

pas savoir comment choisir »,<br />

regrette de son côté Philippe Watrelot.<br />

32<br />

Comment s’organisent<br />

les enseignements<br />

« partagés » ?<br />

La mise en œuvre de l’enseignement<br />

commun scientifique comme<br />

des spécialités « histoire-géographie–géopolitique<br />

et sciences politiques<br />

» (HGGSP) et « humanités-littérature-philosophie<br />

» (HLP) n’est pas<br />

simple à organiser par des professeurs<br />

qui n’ont pas l’habitude de travailler<br />

ensemble… « C’est bien sûr nouveau<br />

et donc bouleversant au sens littéral<br />

du terme mais je crois que c'est une<br />

belle opportunité de regarder son métier<br />

et sa relation aux élèves d'une<br />

autre façon », assure Pierre Mathiot.<br />

Une belle ambition qui pourrait bien<br />

se fracasser sur le poids des disciplines.<br />

« Au final il y aura surtout de<br />

l’histoire-géographie en HGGSP car<br />

ce sont les professeurs ont le plus de<br />

poids. En HLP cela se fait au cas par<br />

cas avec parfois des marchandages<br />

sans fin avec les proviseurs », note<br />

Philippe Watrelot.<br />

Qu’apprend-on en<br />

spécialité HGGSP ?<br />

Selon le texte officiel,<br />

l’enseignement de spécialité<br />

« histoire-géographie,<br />

géopolitique et sciences<br />

politiques » (HGGSP) de<br />

première – on attend la<br />

publication officielle des<br />

programmes de terminale<br />

pour la fin juillet - doit<br />

donner aux élèves « des clés<br />

de compréhension du monde<br />

passé et contemporain sur le<br />

plan des relations sociales,<br />

politiques, économiques<br />

et culturelles ».


l’essentiel du sup prépas<br />

débat<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Le choc des spécialités<br />

En plus de leur tronc commun les<br />

élèves de première et terminale sont<br />

appelés à choisir un enseignement optionnel<br />

de trois heures et trois spécialités<br />

de 4 heures chacune (réduites à<br />

deux de six heures chacune en terminale)<br />

parmi les douze proposées. Ce<br />

qui a suscité et suscite toujours force<br />

débats. Notamment chez ceux qui<br />

craignent de perdre du poids dans l’affaire.<br />

« La fin des séries explique sans<br />

doute la focalisation sur les spécialités<br />

car pas mal de monde cherche<br />

encore les séries derrière les spécialités<br />

mais je note qu’il n’y a aucun débat<br />

sur le contenu du tronc commun,<br />

sur les options, les heures d’orientation<br />

ou le grand oral qui avait pourtant<br />

tant fait parler de lui au début.<br />

En fait on se focalise actuellement à<br />

presque 100 % sur 40 % du volume<br />

horaire », regrette Pierre Mathiot.<br />

Des spécialités…<br />

mais pas partout<br />

Pour les choisir encore faut-il que les<br />

spécialités soient enseignées dans son<br />

lycée. Dans l’académie de Grenoble<br />

moins de quarante lycées proposent<br />

par exemple la spécialité « Numérique<br />

et sciences informatiques » sur<br />

un total d’un peu de 122. « Dans un<br />

grands lycée on peut ouvrir la plupart<br />

des spécialités – ou avoir des<br />

accords avec des lycées proches pour<br />

les autres – mais dans beaucoup de<br />

lycées les proviseurs ont dû demander<br />

à leurs élèves de faire quatre vœux<br />

(la moyenne est de 3,6) pour laisser<br />

la porte au dialogue et à des refus<br />

s’il n’y a pas assez de demandes<br />

pour ouvrir une spécialité », établit<br />

Philippe Watrelot. Certains lycées auraient<br />

ainsi fixé des « menus de spécialités<br />

» plutôt qu’une carte ouverte.<br />

Le pourcentage de vœux de choix de<br />

spécialités qui seront finalement acceptés<br />

sera scruté.<br />

Les maths en tête<br />

Qu’apprend-on en<br />

spécialité « Humanités,<br />

littérature<br />

et philosophie »<br />

Selon le texte officiel,<br />

l’enseignement de spécialité<br />

« Humanités, littérature<br />

et philosophie » (classe de<br />

première) vise à procurer<br />

aux élèves de première et<br />

de terminale une « solide<br />

formation générale dans le<br />

domaine des lettres, de la<br />

philosophie et des sciences<br />

humaines ». Elle propose<br />

l’étude de la littérature et<br />

de la philosophie de toutes<br />

les époques par la lecture et<br />

la découverte de nombreux<br />

textes afin d’affiner la pensée<br />

et de développer la culture<br />

du lycéen. Elle s’appuie sur<br />

plusieurs grandes questions<br />

qui accompagnent l’humanité,<br />

depuis l’Antiquité jusqu’à nos<br />

jours : comment utiliser les<br />

mots, la parole et l’écriture ?<br />

Comment se représenter le<br />

monde, celui dans lequel<br />

on vit et ceux dans lesquels<br />

ont vécu et vivent d’autres<br />

hommes et femmes ? Cet<br />

enseignement « développe<br />

ainsi la capacité du lycéen à<br />

analyser des points de vue,<br />

à formuler une réflexion<br />

personnelle argumentée et<br />

à débattre sur des questions<br />

qui relèvent des enjeux<br />

majeurs de l’humanité ».<br />

Cette année 70 % des élèves de seconde<br />

ont choisi la spécialité « Mathématiques<br />

» de première selon les<br />

chiffres partiels divulgués par le<br />

ministère de l’Education. Les deux<br />

autres spécialités les plus demandées<br />

sont également très classiques<br />

puisqu’il s’agit des sciences de la vie<br />

et de la Terre (52,2 %) et de la physique-chimie<br />

(un peu plus de 50 %).<br />

En tout un peu plus d’une moitié des<br />

futurs élèves de première générale<br />

choisiraient trois spécialités scientifiques.<br />

Ce qui correspond peu ou prou<br />

au même pourcentage que ceux qui<br />

optaient jusqu’ici un bac S. « 51 % des<br />

élèves font des vœux qui, en gros, rappellent<br />

les précédentes séries du bac.<br />

Cela veut dire tout de même que près<br />

de 49 % demandant des "triplettes"<br />

qui ne correspondent pas aux ex-séries<br />

ce que je trouve être déjà une ex-<br />

Qu’apprendon<br />

en spécialité<br />

« mathématiques »<br />

Selon le texte officiel,<br />

l’enseignement de spécialité<br />

« Mathématiques » permet<br />

aux lycéens « d’explorer la<br />

puissance des mathématiques<br />

comme outil de modélisation<br />

et de représentation<br />

du monde », au travers<br />

de l’étude renforcée et<br />

approfondie des thèmes<br />

suivants : algèbre, analyse,<br />

géométrie, probabilités et<br />

statistique, algorithmique<br />

et programmation. Cet<br />

enseignement s’ouvre à<br />

l’histoire des mathématiques<br />

pour éclairer l’émergence<br />

et l’évolution des notions.<br />

Le « grand oral »<br />

L’instauration d’un « Grand oral » de 30<br />

minutes de fin de terminale doit permettre de<br />

mieux préparer les élèves à leur entrée dans<br />

l’enseignement supérieur. Selon le rapport<br />

Mathiot qui a préfiguré la réforme, il s’agit<br />

d’« apprendre à s’exprimer dans un français<br />

adapté et précis, être capable de porter une<br />

idée et d’argumenter pour la défendre ».<br />

Si ses modalités exactes ne sont pas<br />

encore indiquées on sait déjà que,<br />

dès le première dans le cadre de leurs<br />

enseignements de spécialités, les élèves<br />

choisiront un projet sur lequel ils travailleront<br />

pendant deux ans. En groupe ou seul ils<br />

traiteront un sujet - validé définitivement<br />

au début de la terminale - accompagnés<br />

par un ou plusieurs enseignants en<br />

fonction des thématiques retenues.<br />

Pour que le « grand oral » prenne sa place<br />

sa préparation et son passage doivent<br />

« respecter des principes d'égalité »<br />

insistaient les auteurs du rapport : temps<br />

dédié dans les emplois du temps, aide à la<br />

préparation spécifique de l'oral, consignes<br />

d'évaluation harmonisées... afin que cette<br />

épreuve « n'introduise pas une forme de<br />

censure social en fonction des origines<br />

des élèves ». Un certain flou règne toujours<br />

autour constate l’ancien président du Cercle<br />

de recherche et d’action pédagogique et<br />

professeur de sciences économiques et<br />

sociales au lycée Jean-Baptiste Corot<br />

à Savigny-sur-Orge (Essonne), Philippe<br />

Watrelot : « Qui doit y préparer, dans quelles<br />

heures, nous n’en savons rien. Cette épreuve<br />

n’aura le caractère antidémocratique qu’on<br />

lui prête que s’il n’y a pas de formation ».<br />

33


l’essentiel du sup prépas<br />

débat<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

cellente nouvelle », se félicite Pierre<br />

Mathiot qui note aussi que 24 % demandent<br />

l'une des nouvelles spécialités<br />

pluridisciplinaire « Humanités-littérature-philosophie<br />

», qui permet un<br />

accès à la philosophie dès la classe de<br />

1ère, et 43 % « Histoire géographie<br />

géopolitique et science politique ». Il<br />

devrait également y avoir plus d'élèves<br />

de 1ère qui suivent un enseignement<br />

de « Sciences économiques et sociales<br />

» qu’aujourd'hui.<br />

Assez de maths ou pas ?<br />

Pour se concentrer sur la seule spécialité<br />

« mathématiques » le chiffre de<br />

70 % signifie à la fois beaucoup plus de<br />

demandes qu’il n’y avait d’élèves en S<br />

mais aussi moins qu’il n’y avait d’élèves<br />

de ES. En cumulant les élèves de deux<br />

séries on parvenait en effet à environ<br />

85 % des effectifs qui suivaient un enseignement<br />

de maths au lycée. « Ce qui<br />

est bien c'est sans doute le "moins mais<br />

mieux". 70 % c'est un très chiffre intéressant<br />

car ce sont probablement des<br />

élèves qui ont envie de faire des maths.<br />

Parmi les 52 % d’élèves aujourd'hui en<br />

filière S combien sont-ils inscrits dans<br />

cette série alors qu'ils n'ont aucune<br />

intention de faire des études scientifiques<br />

ensuite? », analyse Pierre Mathiot.<br />

Mais cette spécialité n’est-elle pas<br />

trop dure justement pour les 35 % d’ex-<br />

ES ? « La teneur du programme est difficile<br />

de l’avis des professeurs de maths<br />

au point que certains ont dissuadé leurs<br />

élèves de la choisir. Il y aura sans doute<br />

beaucoup d’abandons en terminale au<br />

profit des "mathématiques complémentaires<br />

», retient Philippe Watrelot qui<br />

imagine que « la spécialité pourra être<br />

allégée comme cela a été le cas du programme<br />

de SES de 2012 ».<br />

Le président de l’Union des classes préparatoires<br />

scientifiques (UPS), Mickaël<br />

Prost résume ainsi le débat : « Le<br />

nouveau lycée formera mieux aux mathématiques<br />

les seuls élèves qui auront<br />

choisi de faire des mathématiques.<br />

C'est la principale crainte de tous ceux<br />

qui auraient souhaité la présence des<br />

mathématiques dans le tronc commun.<br />

Cela rend le choix de la spécialité mathématiques<br />

– voire l'option de terminale<br />

"mathématiques expertes" – ou<br />

a minima de l'option "mathématiques<br />

complémentaires" essentiel ».<br />

Contrôle continu :<br />

40 % de la note finale<br />

Le contrôle continu va prendre une<br />

plus grande place puisqu’il comptera<br />

pour 40 % du bac. Mais le bac<br />

sera-t-il pour autant plus simple à<br />

organiser comme c’était l’objectif ?<br />

« Pour ma part j’avais préconisé un<br />

système proche des bacs blancs actuels<br />

pour laisser de la souplesse au<br />

système. J'espère que le système ne<br />

sera pas trop complexe ni trop lourd.<br />

Par exemple si l’élève est considéré<br />

durant les épreuves comme un "candidat",<br />

notamment pour garantir le<br />

caractère national des épreuves, alors<br />

cela impliquera une organisation plus<br />

lourde », admet Pierre Mathiot. Un<br />

contrôle continu qui limite de plus la<br />

liberté pédagogique des professeurs.<br />

« Jusqu’ici nous nous mettions d’accord<br />

sur le contenu des bacs blancs.<br />

Maintenant nous allons devoir tous<br />

faire le même programme pour piocher<br />

dans une banque de sujets nationale<br />

», constate Philippe Watrelot.<br />

Comment prendre en<br />

compte les notes du<br />

bac dans la sélection ?<br />

Aujourd'hui les notes du bac ne<br />

comptent quasiment pour rien. Un<br />

autre objectif de la réforme est de<br />

rendre toute sa part au bac dans le<br />

choix des filières. A partir de 2021,<br />

elles seront prises en compte à hauteur<br />

de 80 % de l'ensemble des résultats du<br />

bac si… on « regarde le calendrier de<br />

Parcoursup pour pouvoir notamment<br />

prendre en compte les deux notes de<br />

spécialités dont les épreuves auront<br />

lieu début mai », commente Pierre<br />

Mathiot.<br />

Quelles épreuves<br />

terminales ?<br />

Au nombre de quatre les épreuves terminales<br />

du nouveau bac général sont<br />

composées de :<br />

• la philosophie (coefficient 8) ;<br />

• le « grand oral » (coefficient 10) ;<br />

• un enseignement de spécialité<br />

(coefficient 16) ;<br />

• un enseignement de spécialité<br />

(coefficient 16) ;<br />

• le français (épreuves anticipées<br />

de première) (coefficient 10).<br />

Et là aussi les débats sont vifs… « Les<br />

épreuves d’histoire-géographie du<br />

bac 2021 deviennent un ensemble incohérent,<br />

à l’image de la réforme »,<br />

dénonce un professeur d’histoire,<br />

Thibaut Poirot, dans un tribune du<br />

« Monde » : « Les élèves devaient<br />

jusqu’ici fournir un écrit long de type<br />

composition (une introduction, une<br />

problématique, un plan, une conclusion)<br />

puis une étude de documents ou<br />

un croquis, sur une durée d’épreuves<br />

variant entre trois et quatre heures<br />

suivant les séries générales. (…) Cet<br />

écrit est ramené à deux heures, soit<br />

deux fois 10 points, entre une « réponse<br />

argumentée » en une heure<br />

puis une « analyse de documents »<br />

en une heure également, donc forcément<br />

superficielle, voire infaisable ».<br />

Oui mais en l’occurrence ceux qui auront<br />

choisi la spécialité HGGSP auront<br />

une épreuve plus difficile.<br />

Qu’apprend-on en<br />

spécialité LLCE ?<br />

Selon le texte officiel,<br />

l’enseignement de spécialité<br />

« Langues, littératures et<br />

cultures étrangères » (LLCE,<br />

classe de première) s’adresse<br />

à tous les lycéens souhaitant<br />

consolider leur maîtrise d’une<br />

langue vivante étrangère<br />

(l’allemand, l’anglais,<br />

l’espagnol ou l’italien) à<br />

un niveau d’utilisateur<br />

expérimenté. Il vise à<br />

faire acquérir une culture<br />

approfondie et diverse relative<br />

à la langue étudiée. Il prépare<br />

à l’enseignement supérieur<br />

mais ne vise pas les mêmes<br />

objectifs qu’un enseignement<br />

universitaire: il s’adresse<br />

aux futurs spécialistes mais<br />

pas à eux seuls. Il cherche à<br />

« augmenter l’exposition des<br />

élèves à la langue étudiée<br />

afin qu’ils parviennent<br />

progressivement à une<br />

maîtrise assurée de la langue<br />

et à une compréhension<br />

de la culture associée ».<br />

34

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