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Essentiel prépas n°24 février 2019

HEADway Advisory édite chaque mois l'Essentiel Prépas, le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales.

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<strong>février</strong> <strong>2019</strong> | N° 24<br />

Prépas économiques et commerciales<br />

Dossier<br />

Quel impact aura la réforme<br />

du lycée sur les classes<br />

préparatoires ?<br />

entretiens<br />

Vincenzo Esposito Vinzi (Essec)<br />

Annabelle-Laure Bonnefous (TBS)<br />

Alain Joyeux (APHEC)<br />

débat<br />

Les écoles de management<br />

au vertige de la privatisation<br />

Quel impact aura<br />

la réforme du lycée sur les<br />

classes préparatoires ?<br />

Photographie : ESC Pau<br />

BSB<br />

UNE EXPÉRIENCE<br />

INTERNATIONALE<br />

177 PARTENAIRES ACADEMIQUES DANS 53 PAYS<br />

JUSQU’A 30 MOIS D’EXPERIENCE A L’INTERNATIONAL<br />

DOUBLES DIPLÔMES PRESTIGIEUX<br />

JE SUIS<br />

LA GÉNÉRATION<br />

D’UN MONDE QUI<br />

SE RÉ-INVENTE<br />

LEAD FOR CHANGE<br />

bsb-education.com


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

édito + sommaire<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

L’angoisse du lycéen<br />

au moment du choix<br />

des spécialités<br />

Je prends la spécialité « Mathématiques » et je l’accole à<br />

« Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques »<br />

et « Arts plastiques » (que j’abandonnerai sans doute, en<br />

terminale). Dans quelle filière serai-je accepté après mon<br />

bac ? Et si je mettais plutôt « mathématiques », « physiquechimie<br />

» en y ajoutant ma passion, « langues et littérature<br />

étangères » (et en plus une option « mathématiques<br />

experte » en terminale pour être très sûr de moi). Mais<br />

non je me lâche. Je prends « Sciences économiques et<br />

sociales » et « Numérique et sciences informatiques » et<br />

toujours « langues et littérature étangères ».<br />

Toute personne qui a rencontré récemment un élève de<br />

seconde – et ses parents – en plein stress alors que se<br />

profile leur choix de spécialités mesure à quel point la<br />

réforme du lycée peut être anxiogène quand le flou le plus<br />

total règne quant aux orientations futures qu’il implique.<br />

D’un côté les représentants des instances représentatives de l’enseignement supérieur<br />

(CPU, Cdefi, CGE, APLCPGE) viennent de signer en janvier <strong>2019</strong> une sorte de<br />

« charte de bonne conduite » actant leur volonté de ne pas privilégier telle ou telle<br />

combinaison de spécialités pour recruter les futurs bacheliers issus de la réforme<br />

à partir de 2021. De l’autre des sites plus ou moins officiels, comme le Horizon2021<br />

de l’Onisep, établissent déjà très clairement que les choix de spécialités impliquent<br />

forcément des orientations futures.<br />

Reste donc maintenant aux filières les plus sélectives de l’enseignement supérieur,<br />

dont au premier chef les classes préparatoires EC, à bien prendre garde à ce qu’il n’y<br />

ait pas forcément une prime aux seuls lycéens « mathématiques - physique-chimie ».<br />

Une tâche qui pourrait être d’autant plus difficile que l’anonymisation des candidatures<br />

sur Parcoursup conduira sans doute les établissements d’enseignement supérieur<br />

à privilégier les parcours en apparence les plus exemplaires.<br />

Sommaire<br />

les essentiels du mois<br />

4 • 94 % des étudiants recommandent<br />

la classe préparatoire !<br />

• L’Institut Mines Télécom BS<br />

crée une « Semaine Internationale »<br />

pour ses apprentis<br />

5 • Montpellier BS veut former<br />

des « managers responsables »<br />

• Les étudiants de ESCP Europe<br />

imaginent l’hypermarché du futur<br />

6 • Parcoursup : ce qui change en <strong>2019</strong><br />

7 • Faire payer plus cher aux étudiants<br />

étrangers. Les universités disent non !<br />

• TBS crée un triple diplôme européen<br />

publi information<br />

13 • Une pionnière des Universités<br />

européennes : ESCP Europe<br />

entretiens<br />

9 • Vincenzo Esposito Vinzi,<br />

directeur de l’ESSEC BS<br />

15 • Alain Joyeux, président de l’APHEC<br />

24 • Annabel-Mauve Bonnefous,<br />

directrice du programme Grande école<br />

(PGE) de Toulouse BS<br />

dossier<br />

18 • Quel impact aura la réforme du lycée<br />

sur les classes préparatoires ?<br />

Professeurs, proviseurs, lycéens, étudiants n’ont pas fini de stresser !<br />

débat<br />

26 • Les écoles de management au vertige<br />

de la privatisation<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

« L’<strong>Essentiel</strong> du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : élise Godmuse / olo.éditions<br />

Photo de couverture : ESC Pau<br />

2


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

3


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

l’essentiel du mois<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

94 % des étudiants<br />

recommandent la classe<br />

préparatoire !<br />

Alors qu’approche l’heure du choix sur Parcoursup<br />

pour les élèves de terminales, l’EDHEC NewGen Talent centre a interrogé<br />

plusieurs milliers d’étudiants de <strong>prépas</strong>, sur ce qu’ils y ont vraiment vécu<br />

et ce que la prépa leur a apporté au regard de leur future carrière.<br />

Intitulée Pourquoi faire une classe prépa : la vraie<br />

vie des étudiants en classes préparatoires aux<br />

grandes écoles, cette nouvelle étude de l’EDHEC<br />

NewGen Talent montre que les élèves ont majoritairement<br />

trouvé leur expérience, « enrichissante<br />

et passionnante ». Et s’ils notent le caractère plutôt<br />

individualiste de leur expérience en prépa, ils n’en<br />

ont pas moins développé un esprit de camaraderie<br />

qu’ils identifient comme une de leurs sources d’épanouissement.<br />

S’ils ont ressenti une forte pression<br />

durant ces deux années, ils considèrent que cette<br />

pression a été avant tout motivante. La « stimulation<br />

intellectuelle et l’envie de se dépasser » ont le plus<br />

contribué à leur épanouissement. Mais les élèves de<br />

<strong>prépas</strong> identifient également de nombreux apports<br />

qui leur seront utiles dans leur vie professionnelle :<br />

la capacité à repousser ses limites, la rigueur et<br />

l’organisation du travail, la combativité, la gestion<br />

des priorités et la confiance en soi.<br />

A 84 % les élèves ont exercé au moins une activité<br />

de loisir durant leurs deux années préparatoires :<br />

sports, activités bénévoles ou artistiques.<br />

EN BREF<br />

Une nouvelle directrice<br />

pour le PGE<br />

de La Rochelle BS<br />

Caroline Hermet a été<br />

nommée directrice du<br />

programme master Grande<br />

école de La Rochelle<br />

Business School<br />

(ExceliaGroup). Directrice<br />

du BBA de La Rochelle<br />

Business School depuis<br />

janvier 2015, elle a pendant<br />

30 ans successivement dirigé<br />

le programme Bachelor in<br />

Management de Toulouse<br />

Business School (de 1987<br />

à 2012) puis dirigé les<br />

programmes mastères<br />

spécialisés et Executive<br />

Education de cette même<br />

école jusqu’à son départ<br />

pour La Rochelle. Elle<br />

est diplômée de Toulouse<br />

Business School.<br />

Les principaux apports de la prépa : ce qu’ils ont appris…<br />

La capacité à repousser<br />

mes propres limites<br />

La rigeur au travail<br />

La culture générale<br />

L’organisation du travail<br />

95%<br />

95%<br />

93%<br />

93%<br />

1<br />

2<br />

La capacité à repousser<br />

mes propres limites (97%)<br />

La rigeur au travail<br />

(97%)<br />

La rigeur au travail<br />

(94%)<br />

La capacité à repousser<br />

mes propres limites (94%)<br />

Un état d’esprit combatif<br />

La gestion des priorités<br />

La maîtrise en profondeur<br />

d’un sujet<br />

La confiance en moi<br />

74%<br />

91%<br />

89%<br />

88%<br />

3<br />

4<br />

5<br />

La culture générale<br />

(96%)<br />

L’organisation du travail<br />

(94%)<br />

La gestion des priorités<br />

(93%)<br />

L’organisation du travail<br />

(91%)<br />

La culture générale<br />

(91%)<br />

Un état d’esprit combatif<br />

(90%)<br />

L’ISC lance une<br />

web-série consacrée<br />

à l’orientation<br />

Sous le titre plus que jamais<br />

d’actualité de « Désorienté » :<br />

l’ISC Paris lance une<br />

nouvelle web-série consacrée<br />

à l’orientation des lycéens<br />

et jeunes étudiants.<br />

Un format court réalisé par<br />

le service communication de<br />

l’école avec la contribution<br />

des étudiants et du<br />

personnel de l’école.<br />

« Les profils sont assez<br />

caricaturaux, c’est vraiment<br />

à prendre au second degré.<br />

Nous nous sommes inspirés<br />

des rencontres lors des<br />

entretiens de motivation des<br />

candidats pour l’écriture des<br />

textes et ce sont des étudiants<br />

volontaires qui incarnent ces<br />

personnages », expliquent<br />

Sarah Crétenet et Aurélien<br />

Elias, respectivement Content<br />

manager et Chef de projet<br />

multimédia à l’ISC Paris.<br />

Les deux premiers<br />

épisodes L’indécise et<br />

L’engagée ont été diffusés<br />

les 15 et 22 janvier dernier<br />

De nouveaux épisodes seront<br />

publiés chaque semaine,<br />

tous les mardis, jusqu’au<br />

printemps. À venir : Le<br />

vlogueur, La sportive, Le<br />

mythomane, La hipster, Le<br />

reporter, Le lycéen 2.0…<br />

L’Institut Mines Télécom BS<br />

crée une « Semaine Internationale »<br />

pour ses apprentis<br />

Sous l’impulsion d’une experte en management<br />

interculturel, Maria Akbaraly, diplômée<br />

de l’école, fondatrice et dirigeante<br />

de Core Up Coaching et Conseil, l’IMT<br />

BS créé une « Semaine Internationale »<br />

pour ses apprentis. Répartis par groupes<br />

de 25, près de 200 étudiants en apprentissage<br />

de 3 e année du programme Grande<br />

école vont suivre des ateliers explora-<br />

4<br />

toires, des mises en situation ou encore<br />

des challenges par équipe pour « déconstruire<br />

leurs idées reçues, analyser les<br />

marqueurs culturels de pays différents,<br />

prendre du recul sur la manière dont ils<br />

observent leur propre univers ». Puis, sous<br />

forme libre, chaque équipe présentera en<br />

fin de semaine son carnet de voyage regroupant<br />

ses apprentissages marquants.


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong> l’essentiel du mois<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

EN BREF<br />

McGill University<br />

partenaire de<br />

Grenoble EM<br />

La McGill University de<br />

Montréal est devenue le 6 e<br />

partenaire international du<br />

parcours transcontinental<br />

conçu par Grenoble EM. Les<br />

étudiants qui ont l’opportunité<br />

d’étudier au sein de la McGill<br />

School of Continuing Studies<br />

(SCS) se spécialiseront en<br />

International Management.<br />

À Montréal, ils suivront 4<br />

modules de cours optionnels<br />

puis un module obligatoire<br />

à GEM de septembre à<br />

décembre (1 er semestre<br />

de leur 3 e année).<br />

Les autres universités<br />

partenaires sont la Beihang<br />

University (Pékin), University<br />

of Cambridge, Simon Fraser<br />

University (Vancouver),<br />

Pace University (New-York)<br />

et Columbia (New-York).<br />

Montpellier BS veut former<br />

des « managers responsables »<br />

En septembre 2018, plus de 24 000 étudiants de Grandes écoles ont signé<br />

« Le Manifeste étudiant pour un réveil écologique ». Une initiative qui inspire<br />

aujourd’hui la refonte du programme Grande école (PGE) de Montpellier BS.<br />

Les étudiants comme les consommateurs attendent<br />

des entreprises qu’elles soient plus<br />

vertueuses. Un positionnement d’ouverture et<br />

de responsabilité sociale qui est dans l’ADN de<br />

Montpellier BS et que nous avons voulu encore plus<br />

mettre en avant », commente la directrice du PGE,<br />

Christine Bousquet. Une transmission des valeurs<br />

qui passera aussi bien par des enseignements dédiés<br />

(droit et éthique des affaires, RSE et développement<br />

durable, International business ethics, négociation<br />

interculturelle…), que des spécialisations en dernière<br />

année (« Économie sociale & Solidaire », « Gestion des<br />

richesses humaines », » Management interculturel »…)<br />

et des projets solidaires et citoyens. Tous les étudiants<br />

de première année du PGE participent par exemple aux<br />

actions d’associations locales qui interviennent dans<br />

des domaines sociaux et environnementaux. Un tout<br />

nouveau parcours de spécialisation en entrepreneuriat<br />

social sera créé à la rentrée <strong>2019</strong>.<br />

Plus flexible. Une quête du « leader responsable » qui<br />

passe d’abord par le renforcement de la flexibilité du<br />

programme. L’école offre dorénavant la possibilité aux<br />

étudiants de construire un cursus à la carte reposant sur<br />

un tronc commun fondé sur les disciplines de gestion et<br />

le développement des compétences comportementales,<br />

puis un large choix de spécialisations. Les étudiants<br />

auront également la possibilité de réaliser jusqu’à trois<br />

années complètes en échange académique international.<br />

De même « les étudiants qui ont un projet de création<br />

Les étudiants de ESCP Europe<br />

imaginent l’hypermarché du futur<br />

© Montpellier BS<br />

d’entreprise pourront plus facilement l’intégrer dans<br />

leur parcours tout en garantissant une formation<br />

académique ». Enfin les étudiants pourront suivre en<br />

dernière année des parcours de doubles diplômes<br />

aussi bien à l’étranger qu’à l’université de Montpellier<br />

ou dans l’un des 15 MSc (neuf nouveaux sont créés).<br />

Une logique de compétences. Toujours dans la<br />

même logique de former des managers responsables<br />

le programme a été restructuré autour de cinq compétences<br />

clés : la « conscience de soi et des autres »,<br />

la « capacité à définir et partager une vision », l’« imagination<br />

», la « créativité et la capacité d’innover »,<br />

la « responsabilité managériale et collective » et la<br />

« capacité d’agir et mobiliser les énergies autour d’un<br />

objectif commun ». « Cette approche permet également<br />

de redonner le sens de leur formation à des étudiants qui<br />

ont parfois perdu le fil du pourquoi de leur formation »,<br />

relève Christine Bousquet. Un livret de compétences<br />

individuel, alimenté par l’étudiant, ses professeurs,<br />

tuteurs, camarades de classe, etc. permettra à chaque<br />

étudiant de suivre sa progression.<br />

La chaire « E. Leclerc - Prospective du<br />

Commerce dans la société 4.0 » de ESCP<br />

Europe organise un jeu-concours sur<br />

« l’hypermarché du futur » avec un sujet<br />

tout trouvé : « Les Millenials et le commerce<br />

4.0 ». Ce concours donnera l’opportunité<br />

aux étudiants ESCP Europe,<br />

de tous programmes et de tous campus,<br />

« d’exprimer à travers une courte vidéo la<br />

manière dont ils réinventeraient l’hypermarché<br />

de demain en cohérence avec les<br />

nouvelles tendances de consommation ».<br />

Les étudiants, seuls ou en groupe de deux,<br />

auront presque 3 mois pour produire une<br />

vidéo de 30 à 120 secondes sur leur vision<br />

de l’hypermarché du futur.<br />

Pour regarder la vidéo teaser, cliquer ici.<br />

5<br />

De cours d’e-réputation vont même être donnés<br />

aux étudiants pour les aider à gérer leur image<br />

sur les réseaux. « On leur dit « Ne publiez rien que<br />

votre mère ne voudrait pas lire » et cela ils en ont bien<br />

conscience en bout de cursus mais aussi après des<br />

années où ils ont publié sans trop réfléchir », commente<br />

encore Christine Bousquet.


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

l’essentiel du mois<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

Parcoursup :<br />

ce qui change en <strong>2019</strong><br />

Depuis le 22 janvier, les candidats peuvent s’inscrire sur Parcoursup et choisir<br />

parmi plus de 14 000 formations. Grande nouveauté : cette année le nom, le prénom, le sexe,<br />

le lieu de résidence et la nationalité vont être anonymisés. Mais pas le nom du lycée d’origine.<br />

Suite au long tunnel décisionnel qui avait<br />

obéré l’image de la procédure en 2018,<br />

la procédure <strong>2019</strong> a été raccourcie :<br />

• les réponses des formations interviendront<br />

dès le 15 mai <strong>2019</strong> ;<br />

• les délais de réponse aux propositions d’admission<br />

seront raccourcis et simplifiés : du 15 au 19 mai, les<br />

candidats auront 5 jours pour répondre, puis à partir<br />

du 20 mai et jusqu’au 19 juillet, terme de la procédure,<br />

ils auront 3 jours ;<br />

• l’option facultative du « répondeur automatique »<br />

sera disponible dès le 25 juin. À partir de cette date,<br />

les candidats qui ont mûri leur choix d’orientation<br />

pourront demander à la plateforme de répondre à<br />

leur place aux propositions qu’ils reçoivent et ainsi<br />

« profiter sereinement de leur été ».<br />

Par ailleurs et dès le 15 mai, les candidats qui auront<br />

formulé l’ensemble de leurs vœux en filières sélectives<br />

et qui ne recevront que des réponses négatives auront<br />

la possibilité de demander des rendez-vous individuels<br />

et collectifs pour se préparer aux opportunités de la<br />

phase complémentaire.<br />

Les candidats devront indiquer s’ils ont d’autres choix<br />

de formation et/ou un projet personnel ou professionnel,<br />

hors de Parcoursup.<br />

Plus d’informations. Cette année les candidats<br />

auront accès à de nouvelles informations pour mieux<br />

faire leur choix :<br />

• le nombre de places et le nombre de vœux formulés<br />

en 2018 par les candidats de Parcoursup pour chaque<br />

formation ;<br />

• dès le 15 mai, le « rang du dernier appelé » sera<br />

affiché lorsque l’information est disponible, pour les<br />

formations afin que les candidats parviennent à mieux<br />

apprécier leur position sur la liste d’attente ;<br />

• le nombre de places proposées dans la formation<br />

pour <strong>2019</strong>, les taux de réussite selon le bac et les<br />

taux de passage en 2 e année de formation ;<br />

• le secteur géographique prioritaire de recrutement<br />

pour les licences.<br />

Par ailleurs en <strong>2019</strong> tous les futurs étudiants franciliens<br />

auront une « vocation égale à accéder toutes les<br />

formations d’Ile-de-France, sans distinction entre les<br />

trois académies concernées ».<br />

Postuler. Comme en 2018 les candidats peuvent formuler<br />

jusqu’à 10 vœux. Parmi les vœux choisis, certains<br />

peuvent être des vœux multiples. Les candidats ont<br />

jusqu’au 14 mars inclus pour formuler des vœux. Ils<br />

auront ensuite jusqu’au 3 avril inclus pour :<br />

• finaliser leur dossier avec les pièces demandées par<br />

les formations sélectionnées ;<br />

• terminer la rédaction du projet de formation motivé<br />

pour chaque vœu formulé ;<br />

• confirmer définitivement leurs vœux.<br />

Nouveauté cette année, une rubrique « Vos activités<br />

et centres d’intérêt » permettra aux candidats de faire<br />

connaître leurs activités extrascolaires, expériences ou<br />

engagements afin qu’ils soient portés à la connaissance<br />

des commissions chargées de l’examen des vœux (la<br />

saisie de ces informations est facultative).<br />

Une « fiche de suivi » - non obligatoire - sera dédiée<br />

aux candidats non-lycéens (étudiants en réorientation ;<br />

candidats en reprise d’études) pour leur permettre de<br />

valoriser leurs parcours et les démarches effectuées<br />

pour leur poursuite d’études.<br />

« Oui », « Oui-si », • « Oui - en attente d’une<br />

place ». Les dossiers sont actualisés une fois par jour<br />

chaque matin (pas au milieu de la nuit comme en 2018 !).<br />

Pour une formation non sélective (licence, 1 re année<br />

des études de santé - PACES) les candidats pourront<br />

se voir répondre :<br />

• « Oui » : le candidat a une proposition d’admission et<br />

doit y répondre dans les délais indiqués ;<br />

• « Oui-si » : il a une proposition d’admission et la formation<br />

lui demande de suivre un parcours adapté<br />

avec des dispositifs personnalisés ;<br />

• « Oui - en attente d’une place » : il est sur liste d’attente<br />

et a connaissance de sa position dans celle-ci.<br />

Pour une formation sélective, les candidats peuvent<br />

recevoir la réponse :<br />

• « Oui » : il a une proposition d’admission ;<br />

• « Oui - en attente d’une place » : il est sur liste d’attente<br />

et a connaissance de sa position sur celle-ci ;<br />

• « Non » : il est refusé dans cette formation.<br />

EN BREF<br />

Mentions « très bien » :<br />

jusqu’à 83,4 % !<br />

Le bac, bof, une mention, oui,<br />

« très bien », ah quand même.<br />

Avec l’inflation des taux de<br />

mention dans les lycées, c’est<br />

le pourcentage de mentions<br />

« très bien » qui fait référence<br />

lorsqu’on souhaite distinguer<br />

les meilleurs lycées. Et ce<br />

sont trois établissements<br />

privés qui arrivent en tête<br />

selon les chiffres publiés par<br />

Le Figaro. Avec pas moins<br />

de 83,4 % de mentions très<br />

bien en 2018, Saint-Louis de<br />

Gonzague (Franklin – Paris,<br />

photo) arrive en tête avec<br />

devant le lycée Madeleine-<br />

Danielou (Rueil Malmaison)<br />

et Stanislas (Paris.) Le<br />

premier établissement<br />

public, Henri IV (Paris)<br />

est 5 e avec près de 73 %.<br />

À quand les 100 % ?<br />

Le Comité éthique<br />

et scientifique de Parcoursup<br />

a remis le 16 janvier son<br />

premier rapport au Parlement.<br />

6


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

l’essentiel du mois<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

EN BREF<br />

• L’AACSB (Association<br />

to Advance Collegiate<br />

Schools of Business) a<br />

renouvelé l’accréditation<br />

de SKEMA Business<br />

School pour la durée<br />

maximale qui est de 5 ans.<br />

• GEM lance les « Trophées<br />

de la paix économique »<br />

dont l’objectif est de<br />

« récompenser l’intention<br />

et le cheminement<br />

vers le mieux-être, la<br />

performance durable<br />

et le bien commun ».<br />

• TBS a fêté les 10 ans<br />

de sa fondation qui<br />

a collecté 5 millions<br />

d’euros depuis 2008.<br />

Faire payer plus cher<br />

aux étudiants étrangers.<br />

Les universités disent non !<br />

Angers, Aix-Marseille, Clermont Auvergne (UCA),<br />

Lumière Lyon 2, Rennes 2, Strasbourg, Paris-Nanterre,<br />

etc. la très grande majorité<br />

des universités proclament haut et fort leur<br />

refus d’augmenter les droits de scolarité des étudiants<br />

étrangers non communautaires. La Conférence des<br />

présidents d’université demande donc une concertation<br />

en vue « d’élaborer des propositions visant à<br />

renforcer l’attractivité internationale de la France, à<br />

accroître le nombre d’étudiants internationaux accueillis<br />

et à améliorer la qualité de leur accueil. » Dans cette<br />

attente, elle « réitère sa demande de suspension de la<br />

mesure d’augmentation des droits d’inscription pour<br />

les étudiants extra-communautaires ».<br />

La plupart de ces universités ne se mettraient pas en<br />

infraction en refusant d’appliquer la hausse des frais.<br />

L’article R719-50 du Code de l’éducation précise en<br />

effet que « les décisions d’exonération sont prises<br />

par le président de l’établissement, en application de<br />

critères généraux fixés par le conseil d’administration<br />

et dans la limite des 10 % des étudiants inscrits ».<br />

© Montpellier BS<br />

TBS crée<br />

un triple diplôme européen<br />

Fruit d’une collaboration entre MIP-Politecnico<br />

di Milano (accrédité EQUIS,<br />

AMBA), la Strathclyde Business School<br />

(AACSB, EQUIS et AMBA) et Toulouse<br />

BS, le tout nouveau Global Master in Industrial<br />

Management prépare les étudiants<br />

à assurer des fonctions stratégiques dans<br />

les industries 4.0 (aéronautique, IA, automobile,<br />

énergie...) et de conseil pour accompagner<br />

le développement international<br />

de ce secteur en plein essor dans lequel<br />

les étudiants de TBS sont particulièrement<br />

recherchés.<br />

Entièrement délivré en anglais, il sera ou-<br />

vert à la rentrée prochaine aux élèves du<br />

programme Grande école de TBS. Au<br />

cours de leur année en master 1, les étudiants<br />

réaliseront leur premier semestre<br />

à Strathclyde Business School à Glasgow,<br />

puis leur deuxième semestre au Politecnico<br />

di Milano et leur année de master 2 à<br />

TBS. À l’issue de ce cursus, ils pourront<br />

obtenir le Master di primo livello in Industrial<br />

Management de MIP - Politecnico<br />

di Milano, le MSc in Industrial Management<br />

de Strathclyde Business School et<br />

le Master Grande Ecole de TBS (accompagné<br />

d’un MSc spécialisé).<br />

« Global MBA » :<br />

Stanford mène<br />

toujours la danse<br />

Le Global MBA Ranking<br />

<strong>2019</strong> que publie chque<br />

année The Financial Times<br />

est encore une fois dominé<br />

par la Graduate school of<br />

business de Stanford qui<br />

devance la Harvard business<br />

school (deux places de<br />

gagnées) et l’Insead (-1).<br />

Cinquième la CEIBS chinoise<br />

gagne encore trois places<br />

et se présente de plus en<br />

plus comme un challenger<br />

crédible des plus grandes<br />

business schools du monde.<br />

Du côté des autres business<br />

schools françaises HEC<br />

Paris se classe 20 e (-1 place)<br />

alors que respectivement<br />

aux 80 e , 93 e et 98 e places<br />

emlyon BS, l’Essec BS<br />

et Grenoble EM font leur<br />

entrée dans le classement.<br />

Innovation : Grenoble<br />

EM crée un nouvel<br />

espace d’apprentissage<br />

Grenoble Ecole de<br />

Management (GEM) et le<br />

spécialiste de l’aménagement<br />

de locaux Korus vont élaborer<br />

ensemble le « TIM Lab »<br />

(Technology Innovation<br />

Management Lab),<br />

« prototype d’un futur espace<br />

d’apprentissage dédié au<br />

management de l’innovation<br />

et de la Technologie centré<br />

sur l’intelligence collective ».<br />

« Toutes les étapes du design<br />

thinking seront scénarisées<br />

et identifiables grâce à<br />

des zones fonctionnelles<br />

aménagées dans l’espace<br />

(explorer les univers, définir<br />

le besoin, générer des idées,<br />

prototyper). Le lieu sera<br />

flexible en fonction des<br />

besoins, des sujets et du<br />

groupe de travail » explique<br />

Delphine Gatti-Urweiller,<br />

responsable des programmes<br />

Innovation de GEM.<br />

7


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

PARIS | NANTES | BEIJING | SHENZHEN<br />

PROGRAMME<br />

GRANDE ÉCOLE<br />

6 e 4 e<br />

CLASSEMENT<br />

SIGEM<br />

INSERTION<br />

PROFESSIONNELLE<br />

DEPUIS 17 ANNÉES<br />

CONSÉCUTIVES<br />

« Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons vos expériences,<br />

Parce que le talent s’exprime grâce à la culture, nous multiplions les influences,<br />

Parce que leadership et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.<br />

Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »<br />

Nicolas ARNAUD<br />

Directeur Audencia Grande École<br />

audencia.com<br />

8


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

entretien<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

Vincenzo Esposito Vinzi<br />

directeur de l’ESSEC BS<br />

« Notre rôle est de former pour un monde incertain »<br />

L’éternel challenger d’HEC entend plus<br />

que jamais préserver sa singularité<br />

dans un monde incertain qui lui convient<br />

très bien. Directeur depuis un peu plus<br />

d’un an de l’ESSEC, Vincenzo Esposito<br />

Vinzi nous trace les objectifs qu’il donne<br />

aujourd’hui à son école.<br />

Olivier Rollot : Il y a maintenant un peu plus<br />

d’un an que vous êtes directeur général de<br />

l’ESSEC. Une école que vous connaissiez<br />

bien puisque vous en étiez déjà doyen des<br />

professeurs après l’avoir intégrée en 2007.<br />

Quels objectifs lui donnez-vous aujourd’hui ?<br />

Vincenzo Esposito Vinzi : Nous vivons une période<br />

passionnante avec la quatrième révolution industrielle.<br />

Mais aussi avec beaucoup d’incertitudes sur l’avenir des<br />

emplois. Beaucoup de métiers évoluent, disparaissent ;<br />

sans parler de l’impact de l’intelligence artificielle (IA).<br />

Cela pose quantité de questions pour la formation des<br />

étudiants comme pour la formation continue. Notre<br />

rôle est de former pour un monde incertain dans<br />

lequel 60 à 80 % des métiers de 2030 n’existent pas<br />

encore. La raison d’être de l’ESSEC c’est de « donner<br />

du sens au leadership de demain ». Notre ambition est<br />

de devenir un « école-monde » aux racines françaises<br />

avec un ancrage géographique sur trois continents et<br />

un impact global.<br />

L’excellence doit être toujours là, c’est un combat de<br />

tous les jours qui ne suffit pas car sinon il y a risque de<br />

standardisation des process. Nous devons la conjuguer<br />

avec une singularité à laquelle nous tenons beaucoup.<br />

Les business schools doivent se poser la question de<br />

leurs modèles pédagogiques et du contenu de leurs<br />

formations. Le leader de demain doit être hybride,<br />

capable de parler à différents acteurs en créant des<br />

ponts, que ce soit entre le public et le privé, le national<br />

et l’international, l’entreprise classique et l’entrepreneuriat.<br />

D’où la nécessité de former de plus en plus<br />

de profils hybrides, manager et ingénieur, manager<br />

et designer, etc. avec à la clé des doubles diplômes.<br />

L’ESSEC est particulièrement bien placée pour former<br />

ces personnalités hybrides en recrutant elle-même<br />

des profils différents dès l’entrée.<br />

O. R : Quel modèle pédagogique<br />

défendez-vous ?<br />

V. E-V : Nous travaillons sur trois piliers. Les connaissances<br />

et les savoirs bien sûr mais aussi les savoir-faire<br />

et savoir-être. Ce qui va bien au-delà des soft skills. Il<br />

s’agit de transformer les savoirs en compétences et de<br />

savoir-être qui mettent la dimension humaine au cœur<br />

des pratiques managériales. Nous avons ainsi créé<br />

un cours – obligatoire et 100 % en ligne – consacré au<br />

« leadership responsable » (comment être responsable<br />

vis-à-vis de ses clients, employés, de son environnement,<br />

de sa RSE) couplé à un séminaire « Comprendre<br />

et changer le monde » pour bien aborder les enjeux<br />

© Essec BS<br />

Vincenzo Esposito Vinzi<br />

a été nommé directeur<br />

général de l’Essec<br />

fin décembre 2017.<br />

Doyen des professeurs il<br />

assurait l’intérim du poste<br />

depuis le départ de Jean-<br />

Michel Blanquer pour le<br />

ministère de l’Education.<br />

Docteur en statistiques de<br />

l’Université Federico II<br />

de Naples, titulaire d’un<br />

master en économie et<br />

gestion d’entreprise, il a été<br />

professeur de statistiques à<br />

l’Université Federico II de<br />

Naples avant de rejoindre<br />

l’Essec en 2007. En 2011 il<br />

est élu doyen des professeurs<br />

par l’ensemble du corps<br />

professoral permanent<br />

puis réélu en 2015 avec<br />

93% des voix. Membre du<br />

comité exécutif de l’ESSEC<br />

en tant que directeur<br />

général adjoint aux affaires<br />

académiques depuis 2011,<br />

il était responsable de la<br />

gestion et du développement<br />

du corps professoral.<br />

9


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong> entretien <strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

sociétaux. La société demande que nous explicitions<br />

ce que nous faisons.<br />

Les étudiants ne doivent pas seulement appliquer des<br />

recettes toutes faites. Ils sont imaginatifs et innovants.<br />

Là encore nous travaillons avec eux le sujet avec une<br />

semaine « Imagination week » pendant laquelle ils sont<br />

confrontés à des philosophes, artistes, hommes de<br />

sciences pour stimuler cette imagination. On dit que<br />

les écoles forment les étudiants. Je préfère dire que<br />

les étudiants se forment et se transforment dans les<br />

écoles. Ils doivent être acteurs de leur scolarité pour<br />

intégrer un monde dans lequel on va leur demander<br />

d’avoir de l’imagination et de s’adapter. Tout un état<br />

d’esprit à acquérir en s’appuyant sur des connaissances.<br />

O. R : Qu’est-ce que l’« école-monde » que<br />

vous évoquez ?<br />

V. E-V : Nous devons être de plus en plus un partenaire<br />

intégré. Pas seulement en créant des lieux pédagogiques<br />

mais aussi des lieux d’entrée dans les économies régionales<br />

pour tous leurs acteurs. Là où nous n’avons pas<br />

de campus il nous faut conclure des alliances fortes<br />

et structurantes. Aux États-Unis, en Europe comme<br />

en Chine nous voulons avoir des partenaires clés<br />

stratégiques pour asseoir notre légitimité. En Europe<br />

nous créons une alliance avec quatre ou cinq écoles de<br />

premier plan dans la formation professionnelle. C’est<br />

d’autant plus le moment que les nouveaux modes de<br />

formation permettent de dépasser son marché national.<br />

Nous voudrions exporter la capacité d’hybridation<br />

des compétences dont nous avons fait la preuve avec<br />

CentraleSupélec. Et pas seulement en ingénierie mais<br />

aussi en droit ou en médecine. Aux États-Unis nous<br />

avons une carte à jouer avec des écoles de premier<br />

plan à qui nous présentons notre modèle hybride.<br />

O. R : A Rabat vous avez fait évoluer votre<br />

projet. Pourquoi ?<br />

V. E-V : Nous y avons réaffirmé notre modèle de graduate<br />

school en recevant maintenant tous les étudiants de<br />

notre Global BBA à Cergy en première année afin de<br />

créer un esprit de promotion. Les étudiants marocains<br />

commencent donc leur cursus en France et peuvent<br />

suivre les deux dernières années à Rabat. Nous allons<br />

également y lancer des executive masters pour répondre<br />

aux besoins locaux spécifiques.<br />

O. R : La dimension numérique est aussi<br />

importante pour la création de cette « école<br />

monde » ?<br />

V. E-V : C’est même ce que nous appelons cinquième<br />

campus. Après Cergy, Paris, Rabat et Singapour notre<br />

« campus numérique augmenté » ne se limite pas aux<br />

MOOCs et autres SPOCs. Il s’agit pour nous de parvenir<br />

à transmettre la même expérience en ligne qu’en<br />

présentiel. Dès ce printemps nous allons remettre en<br />

formation continue un certificat « Big Data pour le business<br />

», lui-même élément d’un master « Transformation<br />

digitale ». Puis nous allons créer des salles virtuelles<br />

avec un professeur en chair et en os s’exprimant<br />

devant des écrans où seront ses étudiants. L’objectif<br />

est de délivrer toute « l’expérience ESSEC » avec une<br />

partie de gamification qui permettra de s’assurer de<br />

l’engagement de chaque apprenant. Au-delà des cours,<br />

l’expérience - « education by experience » - est cruciale.<br />

O. R : Quel impact doit avoir la recherche<br />

dans cet environnement pédagogique ?<br />

V. E-V : La recherche est très importante pour nous<br />

et doit respecter trois principes : être rigoureuse,<br />

pertinente et impactante. Nous avons un rôle éminent<br />

à jouer dans la création de savoirs. Des savoirs que<br />

nous devons disséminer dans la société. C’est tout le<br />

sens de notre investissement dans notre plateforme<br />

« ESSEC Knowledge ».<br />

En <strong>février</strong> <strong>2019</strong> nous inaugurons un « Finance Lab »<br />

pour réaffirmer qu’il y a des disciplines qui doivent<br />

être réinvesties au sein des business schools. Nous<br />

devons produire des savoirs de pointe qui vont bien<br />

au-delà des savoirs être. Avoir de l’éthique dans les<br />

entreprises « for profit » c’est possible !<br />

Le campus de l’Essec<br />

à Cergy-Pontoise<br />

Quelle hausse des<br />

frais de scolarité ?<br />

Les frais de scolarité du<br />

programme Grande école<br />

de l’Essec augmentent<br />

de 5,3 % en 2018-<strong>2019</strong><br />

pour « rester dans une<br />

fourchette raisonnable » :<br />

Toute hausse des frais de<br />

scolarité doit considérer<br />

notre ouverture sociale. Les<br />

bourses et les dispositifs<br />

d’égalité des chances<br />

représentent 11 % de notre<br />

budget, 15 M€ sur 140 ».<br />

© Essec BS<br />

10


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong> entretien <strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

O. R : La question de l’économie des<br />

business schools est au cœur de toutes les<br />

conversations. Quel est le business model de<br />

l’Essec ?<br />

V. E-V : Nous sommes et resterons une association<br />

à but non lucratif qui réinvestit tous ses résultats. Il<br />

faut rester « non profit » pour ne pas risquer de diluer<br />

la marque en cédant à la tentation d’une croissance<br />

indéfinie des effectifs. Si cette année nous ouvrons<br />

vingt places de plus aux élèves de classes préparatoires<br />

pour notre programme Grande école, c’est sans baisser<br />

en termes d’exigence. L’autre écueil est une hausse<br />

non contrôlée des frais de scolarité. Sans parler de la<br />

nécessité de garantir la qualité des services que nous<br />

rendons. C’est aussi pour cela que nous bénéficions de<br />

l’appellation d’EESPIG (établissement d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt général).<br />

O. R : Quel a été votre résultat financier cette<br />

année ?<br />

V. E-V : Nous avons terminé l’année académique 2017-<br />

2018 à l’équilibre avec même un résultat meilleur que<br />

prévu à 650 000 €. Il nous faut maintenant gérer la<br />

disparition progressive de la subvention de la CCI Paris<br />

Ile-de-France qui va passer de 7 % de notre budget à<br />

0 en 2021-2022. Il est très important pour l’ESSEC de<br />

consolider son équilibre et notamment en s’appuyant<br />

sur ses alumni et sur les entreprises pour lever des<br />

fonds afin de financer nos projets de développement.<br />

C’est aussi pour cela que nous avons créé des business<br />

units spécifiques : services aux étudiants, services aux<br />

participants et services aux entreprises pour mieux<br />

répondre à leurs besoins.<br />

O. R : Les pouvoirs publics sont-ils assez<br />

attentifs à la santé financière des business<br />

schools ?<br />

V. E-V : Les acteurs publics devraient intervenir pour<br />

nous soutenir ou du moins ne pas fragiliser le système.<br />

Or nous avons encore beaucoup d’interrogations sur<br />

la réforme de l’apprentissage et de la formation continue<br />

qui intervient cette année. Les business schools<br />

françaises portent la marque France à l’international.<br />

Cette année et pour la première fois l’ESSEC a ainsi<br />

intégré le top 10 des meilleures business schools<br />

européennes du Financial Times. Il ne faut pas nous<br />

fragiliser alors que nous avons besoin d’investir dans<br />

notre développement.<br />

O. R : Les salaires proposés aux professeurs<br />

en France ne sont pas toujours à la hauteur<br />

de ceux qu’on peut trouver à l’international.<br />

Qu’est-ce qui fait qu’on vient travailler en<br />

France ?<br />

V. E-V : L’ambiance académique, le fait d’être excellent<br />

dans certains domaines, d’être singuliers. Il ne faut pas<br />

abandonner l’exigence et la singularité pour entrer dans<br />

des processus de standardisation.<br />

O. R : Un de vos projets phares est la création<br />

de votre « Campus 2020 » pour 2023 à<br />

l’occasion des 50 ans de l’installation de<br />

l’Essec à Cergy.<br />

V. E-V : C’est un investissement de 35 M€ sont nous<br />

avons déjà obtenu 19 M€ des collectivités (5 M€ du<br />

conseil départemental, 5 M€ de la communauté d’agglomération<br />

et 9 M€ de la région Ile-de-France). Nous<br />

avons un ancrage local à préserver en nous ouvrant<br />

Classement des business<br />

schools européennes :<br />

l’Essec performe<br />

Alors que la London<br />

business school domine<br />

pour la cinquième année<br />

consécutive le Classement<br />

annuel des écoles de<br />

commerce européennes du<br />

Financial Times, l’excellente<br />

performance de l’Essec est<br />

la principale information<br />

à en retenir. En remontant<br />

de la 23 e à la 8 e place<br />

(suite à son entrée dans les<br />

classements des MBA après<br />

des années d’absence) l’école<br />

obtient en en effet là un<br />

classement qui correspond<br />

à son rang en France.<br />

© Essec BS<br />

Le campus de l’Essec<br />

à Singapour<br />

11


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong> entretien <strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

plus sur la ville de Cergy tout en étant associée à<br />

l’université cible de Cergy-Pontoise et à son campus<br />

international.<br />

Nous allons construire un nouveau centre sportif<br />

(« sports & leisure center ») qui sera consacré à de<br />

nombreux sports quand celui actuel, à l’image de ce<br />

qui se faisait dans les années 1970, l’est surtout au<br />

basket. Mais l’objectif est surtout de proposer de<br />

nouveaux modes pédagogiques, des salles virtuelles<br />

pour garder le contact avec les autres campus ou<br />

encore des espaces de co-working pour les alumni et<br />

les professeurs. L’actuelle principale tour du campus,<br />

aujourd’hui administrative, va être dédiée à la recherche<br />

pour créer une dynamique entre les professeurs et les<br />

entreprises. Nous allons créer un véritable « green<br />

campus », dans lequel les voitures disparaîtront dans<br />

des parkings souterrains, qui sera un vrai lieu de vie. Il<br />

nous faut encore trouver 16 M€ auprès des entreprises<br />

avec les alumni et la fondation ESSEC.<br />

© Essec BS<br />

O. R : La culture du don est suffisante en<br />

France pour apporter des financements<br />

complémentaires conséquents à<br />

l’enseignement supérieur ?<br />

V. E-V : Il n’y a évidemment pas la même culture du<br />

don qu’aux États-Unis. Pour obtenir des dons nous<br />

avons à présenter des projets, c’est ce qu’on appelle<br />

le « projects based fundraising », pour accroître la<br />

fierté d’appartenir à une collectivité et de répondre<br />

aux enjeux de demain.<br />

O. R : Le concours d’admission postbac<br />

Sesame, que vous présidez, passera en<br />

2020 sur la plateforme Parcoursup. Qu’estce<br />

que cela va impliquer pour vous en termes<br />

d’organisation ?<br />

V. E-V : La première décision que nous avons prise<br />

cette année a été de nous ouvrir à de nouveaux programmes<br />

pour clarifier l’offre de formation et être gage<br />

de qualité. Nous avons deux types de programme, à<br />

bac+4 et bac+5, et nous voulons clarifier la communication<br />

entre ces deux modèles pédagogiques. Sur<br />

Parcoursup nous serons une banque d’épreuves de<br />

référence pour les meilleurs programmes en 4 ou 5<br />

ans. Il nous reste maintenant à attaquer le sujet de<br />

l’adaptation du concours. Notamment avec le développement<br />

du numérique.<br />

O. R : Parlons un peu de vous. Vous avez eu<br />

la chance unique de naître dans l’un des plus<br />

beaux endroits de la planète, l’île de Capri.<br />

Comment peut-on quitter Capri ?<br />

V. E-V : J’aurais effectivement pu travailler dans le<br />

tourisme comme toute ma famille mais je voulais suivre<br />

mes passions et faire de la recherche. D’abord obtenir<br />

un doctorat en Italie puis devenir professeur<br />

de statistique à Naples. Mais là aussi c’était une vie<br />

toute tracée et je voulais une nouvelle dynamique.<br />

C’est comme celui que je suis venu un jour en France<br />

comme professeur visitant à l’ESSEC puis que j’y suis<br />

entré comme professeur de statistiques en 2007. Puis<br />

doyen du corps professoral. À ce titre j’ai participé au<br />

recrutement de Jean-Michel Blanquer. J’étais en fin de<br />

mandat quand il est parti au ministère de l’Education.<br />

Je réfléchissais à prendre une année sabbatique à<br />

l’international, sans doute aux États-Unis où j’étais<br />

déjà allé pendant 1 an en 1987, quand je me suis dit<br />

« pourquoi pas être directeur ».<br />

Le campus de l’Essec est de<br />

plus en plus international.<br />

Toujours plus !<br />

Les Grande écoles de<br />

management du haut du<br />

tableau augmentent largement<br />

leurs recrutements en classes<br />

préparatoires en <strong>2019</strong>. 20<br />

étudiants de plus à l’Essec<br />

et ESCP Europe, 20 à HEC,<br />

les trois « parisiennes »<br />

recruteront plus que jamais en<br />

classes préparatoires en <strong>2019</strong>.<br />

12


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

PUBLI information<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

Une pionnière<br />

des Universités européennes :<br />

ESCP Europe<br />

En plus d’être la pionnière mondiale des écoles de commerce (créée en 1819),<br />

ESCP Europe est aujourd’hui la seule école pan-européenne avec six campus en Europe<br />

à Berlin, Londres, Madrid, Paris, Turin et plus récemment Varsovie.<br />

« Nos campus ne sont pas les implantations étrangères<br />

d’une école française, déclare Frank Bournois,<br />

Directeur général de ESCP Europe. Nous sommes<br />

chez nous dans six pays, et notre diplôme jouit de<br />

la reconnaissance nationale dans les pays d’implantation.<br />

»<br />

Autre singularité : aucun élève, quel que soit le programme,<br />

ne peut être diplômé de l’école s’il n’a pas<br />

étudié sur au moins deux campus (trois dans le cadre<br />

du Master in Management Grande Ecole). Cette ouverture<br />

multiculturelle est naturellement complétée<br />

par des accords d’échange et des doubles-diplômes<br />

nationaux et internationaux. « Notre école européenne,<br />

à l’image du continent et de son Histoire,<br />

est naturellement ouverte sur le monde ! » ajoute<br />

Frank Bournois.<br />

Tour d’horizon des campus ESCP Europe avec leurs<br />

directeurs !<br />

à voir<br />

Vidéo de ESCP Europe, la<br />

première et la plus ancienne<br />

business school, qui fête son<br />

200 e anniversaire en <strong>2019</strong>.<br />

1<br />

1 2<br />

2<br />

Berlin<br />

« Université reconnue en Allemagne,<br />

ESCP Europe compte parmi les écoles<br />

de commerce les plus prestigieuses d’Allemagne.<br />

ESCP Europe occupe ainsi les<br />

premières places des classements nationaux<br />

et internationaux.<br />

À Berlin, ESCP Europe possède une expertise<br />

particulière dans les domaines<br />

de l’entrepreneuriat, du développement<br />

durable, de la transformation numérique<br />

ainsi que du management international.<br />

Des entreprises comme Accenture, Bain,<br />

Bayer, Coca-Cola et P&G collaborent<br />

étroitement avec le Campus et restent en<br />

contact permanent grâce à la qualité de<br />

nos professeurs, de leurs recherches et<br />

au profil d’excellence de nos étudiants et<br />

diplômés. »<br />

Professeur Andreas Kaplan<br />

Londres<br />

« ESCP Europe attire sur son campus londonien<br />

des étudiants et des professeurs<br />

de plus de 100 nationalités différentes.<br />

Situé à West Hampstead dans le nordouest<br />

de Londres, le campus britannique<br />

de ESCP Europe offre aux étudiants des<br />

installations de pointe dans un bâtiment<br />

victorien traditionnel. Les lumières de la<br />

ville et la communauté d’affaires ne sont<br />

qu’à deux pas, tandis que le quartier à la<br />

mode de West Hampstead offre une expérience<br />

culturelle typiquement britannique.<br />

Les étudiants bénéficient de nos liens<br />

étroits avec les grandes banques et entreprises<br />

internationales, et nous jouons un<br />

rôle essentiel dans la vie de nos étudiants<br />

en leur permettant d’acquérir et d’entretenir<br />

les compétences essentielles à leur<br />

future carrière. »<br />

Professeur Simon Mercado<br />

13


L’ESSEntiEL DU SUP PréPAS<br />

PuBLi iNformATioN<br />

FéVRiER <strong>2019</strong> N° 24<br />

« nos campus ne sont pas les implantations étrangères d’une école<br />

française, déclare Frank Bournois, directeur général<br />

de escp europe. nous sommes chez nous dans six pays, et notre diplôme<br />

jouit de la reconnaissance nationale dans les pays d’implantation. »<br />

3<br />

4<br />

5<br />

3<br />

madRid<br />

« Nous travaillons avec des entreprises<br />

de premier ordre comme Deloitte, EY,<br />

PwC, Ferrovial et Accenture…<br />

Le campus est situé à quelques mètres du<br />

Parc National du Monte de El Pardo. Le<br />

bâtiment principal est entouré d’un jardin<br />

de 6,000 m 2 qui comprend un beau<br />

bosquet et une prairie gazonnée. Il y a de<br />

confortables salles polyvalentes, une bibliothèque,<br />

des salles informatiques, une<br />

cafétéria et un parking.<br />

Sur le campus, la vie quotidienne est intense<br />

: cours quotidiens, séances d’information<br />

et conférences, visites d’entreprises<br />

nationales et internationales,<br />

rencontres de groupes d’étudiants, forums<br />

et bien d’autres activités ! »<br />

Professeur Javier Tafur<br />

4<br />

paRis<br />

« Le Campus de Paris / République est<br />

idéalement situé au centre de la ville, dans<br />

le 11 e arrondissement. Le bâtiment est<br />

classé monument historique. Grâce aux<br />

vastes installations du campus et à plus<br />

de 50 clubs et associations d’étudiants<br />

actifs, l’esprit d’école et de communauté<br />

règne en maître.<br />

En janvier 2017, ESCP Europe a transféré<br />

une partie de ses activités sur son deuxième<br />

site parisien situé dans le 15 e arrondissement,<br />

le nouveau Campus de Paris<br />

/ Montparnasse.<br />

Ces nouveaux locaux de l’École disposent<br />

d’infrastructures modernes et sont entièrement<br />

équipés pour offrir aux étudiants<br />

et aux participants de la formation continue<br />

la meilleure expérience possible. »<br />

Claudine Bertin<br />

5 6<br />

6<br />

tuRin<br />

« Le Campus de Turin, fondé en 2004, est<br />

un jeune campus qui a connu une croissance<br />

rapide. Avec l’enthousiasme d’une<br />

start-up, il développe l’esprit d’entreprise !<br />

Le Campus de Turin entretient de solides<br />

relations avec des grandes entreprises nationales<br />

et internationales qui participent<br />

à sa gouvernance.<br />

Ces liens étroits avec le monde des affaires<br />

sont l’une des principales caractéristiques<br />

du campus italien : plus de la<br />

moitié de ses activités se déroulent avec<br />

le monde de l’entreprise. »<br />

Professeur Francesco Rattalino<br />

VaRsoVie<br />

« Située au cœur de l’Europe, Varsovie<br />

compte parmi les 10 capitales les plus<br />

peuplées de l’Union européenne.<br />

Le campus de Varsovie est situé dans<br />

les locaux de l’Université Kozminski<br />

(KU), la seule école de commerce d’Europe<br />

centrale et orientale triplement accréditée<br />

(AACSB, EQUIS, AMBA). Le<br />

campus moderne comprend des amphithéâtres,<br />

des salles de classe, des installations<br />

informatiques, une bibliothèque,<br />

des salles d’étude, des salles de réunion,<br />

un gymnase, une librairie et des cantines<br />

scolaires. »<br />

Professeur Léon Laulusa DGA ESCP<br />

Europe et Directeur de Varsovie<br />

14


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

entretien<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

Alain Joyeux<br />

président de l’APHEC<br />

« Nous pourrions recevoir tous les candidats<br />

n’ayant pas abandonné les maths au lycée »<br />

Quels candidats accepter, comment<br />

préserver la diversité des profils en<br />

CIGE EC, comment toujours recruter<br />

de bons élèves en maths pour les<br />

Grandes écoles, quid d’une éventuelle<br />

anonymisation des candidatures, les<br />

<strong>prépas</strong> EC se posent beaucoup de<br />

questions. Éléments de réponses avec<br />

le président de l’APHEC, Alain Joyeux.<br />

Olivier Rollot : La réforme du lycée et<br />

du bac est maintenant lancée. Quelles<br />

implications peut-elle avoir pour les classes<br />

préparatoires ?<br />

Alain Joyeux : Nous n’avons pas encore d’idée précise.<br />

La ministre de l’Enseignement supérieur, de la<br />

Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, nous a<br />

reçus pour évoquer le sujet. La Direction générale de<br />

l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle<br />

(DGESIP) et l’Inspection générale vont donner un avis<br />

et piloter le sujet d’ici le printemps.<br />

Les Grandes écoles de management ne sont en tout<br />

cas pas demandeuses d’une révolution. Elles sont très<br />

satisfaites des profils issus de nos classes préparatoires.<br />

Ce qui n’exclut pas les évolutions et ajustements<br />

pour se conformer à la réforme du lycée. Avec Alice<br />

Guilhon, la présidente du Chapitre des Grandes écoles<br />

de management au sein de la Conférence des grandes<br />

écoles, nous avons d’ailleurs remis à la ministre un<br />

document allant dans ce sens.<br />

Du côté de l’APHEC il y a des limites qu’on ne peut<br />

pas dépasser : éventuelles suppressions de postes,<br />

mutations forcées, fragilisation des disciplines, mais<br />

aussi atteinte à notre vivier de recrutement dans les<br />

lycées. Il nous tarde de dialoguer avec nos interlocuteurs<br />

de nos deux ministères de tutelle alors que la<br />

réforme du bac n’a pas été conçue en pensant aux<br />

classes préparatoires.<br />

O. R : C’est la question que se posent beaucoup<br />

de parents et de lycéens dès cette année :<br />

quelles spécialités faudra-t-il choisir pour<br />

intégrer une classe préparatoire économique<br />

et commerciale en 2021 ?<br />

A. J : Les conférences représentatives de l’enseignement<br />

supérieur et l’APLCPGE (Association des proviseurs<br />

de lycées à classes préparatoires aux Grandes écoles)<br />

viennent de signer une charte pour s’interdire de ne<br />

recruter qu’en fonction de certaines spécialités du futur<br />

bac. Ainsi un candidat pourrait en théorie postuler dans<br />

toutes les filières quelle que soit la spécialité qu’il aurait<br />

choisie au lycée.<br />

Notre position est aujourd’hui de dire que nous pourrions<br />

recevoir tous les candidats pour peu qu’ils aient suivi au<br />

moins une année une spécialité maths en première et<br />

terminale. Il n’est pas envisageable d’abandonner les ma-<br />

État des lieux<br />

Les classes préparatoires<br />

« économiques et<br />

commerciales » (EC) se<br />

divisent aujourd’hui en deux<br />

voies générales : ECS pour<br />

les actuels titulaires d’un<br />

bac S, ECE pour les actuels<br />

titulaires d’un bac ES. À<br />

ces deux voies, s’ajoute<br />

pour les bacheliers STMG<br />

une voie technologique<br />

ECT. Toutes ces classes<br />

sont caractérisées par une<br />

forte interdisciplinarité,<br />

loin de tout formatage :<br />

les étudiants y suivent<br />

tous des enseignements<br />

de mathématiques, de<br />

deux langues vivantes,<br />

de culture générale et de<br />

géopolitique — pour ceux<br />

qui viennent de voie S —<br />

et, d’économie, sociologie<br />

et histoire pour ceux qui<br />

viennent d’une voie ES.<br />

© 00<br />

15


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong> entretien <strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

thématiques dès la fin de la seconde et d’intégrer ensuite<br />

une classe préparatoire EC. Pas plus que de s’inscrire en<br />

médecine sans avoir fait des maths et des SVT.<br />

Notre conseil aux lycéens et parents qui s’interrogent<br />

en seconde cette année est de choisir une spécialité<br />

mathématiques et d’y associer celle qu’ils préfèrent, que<br />

ce soit « histoire géographie, géopolitique et sciences<br />

politiques », « sciences économiques et sociales » ou<br />

même « arts ». Aujourd’hui nous sélectionnons en EC des<br />

bacheliers S qui ont suivi des cours de mathématiques<br />

à haute dose mais peu d’histoire-géographie et cela<br />

ne pose aucun problème. Les Grandes écoles veulent<br />

de la diversité et proposeront toujours des épreuves<br />

de maths de niveaux différents dans leurs concours.<br />

Quant aux lycéens qui voudraient intégrer une école de<br />

management via une CPGE sans avoir suivi du tout de<br />

spécialité en mathématiques en première et terminale,<br />

ils devraient logiquement passer par une classe préparatoire<br />

littéraire et passer ensuite le concours BEL.<br />

Les contenus en CPGE littéraires pourraient d’ailleurs<br />

être ajustés pour accueillir un plus grand nombre de<br />

ce type de public.<br />

O. R : Mais peut-on maintenir deux filières,<br />

ECS et ECE, quand il n’y aura plus qu’un seul<br />

bac général ?<br />

A. J : Certains candidats n’auront suivi la spécialité maths<br />

qu’en première, d’autres en terminale et vice-versa.<br />

Dans certains lycées ils auront pu suivre un niveau<br />

« maths experts ». Cela devrait permettre aux lycées<br />

de continuer à sélectionner les dossiers de façon à<br />

maintenir un double profil.<br />

Mais il ne devrait plus y avoir les appellations ECS et<br />

ECE. Il devrait y avoir une prépa EC avec des options :<br />

soit mathématiques à un niveau élevé et géopolitique,<br />

soit mathématiques à un niveau modéré et ESH (économie,<br />

sociologie et histoire du monde contemporain).On<br />

peut même envisager une modularité en fonction des<br />

établissements et de leurs viviers de recrutement pour<br />

ne pas figer ces couplages. D’autres contenus peuvent<br />

aussi être introduits pour mieux identifier les profils<br />

fournis aux écoles. Une possible fin de l’interclassement<br />

aux concours pour garantir la diversité et l’équilibre des<br />

profils et des options choisies n’est pas taboue même<br />

si le sujet reste à débattre entre les écoles.<br />

O. R : Quelle appréciation portez-vous<br />

sur cette réforme ? N’est-elle pas un peu<br />

précipitée ?<br />

A. J : Le bac actuel était à bout de souffle et une réforme<br />

était nécessaire. Nous aurions simplement préféré que<br />

la réforme englobe l’enseignement supérieur. Maintenant<br />

nous devons nous adapter. Les programmes sont en<br />

train d’être publiés par le ministère de l’Education et<br />

les formations de spécialité en mathématiques seront<br />

plus ambitieuses qu’aujourd’hui. Ce qui répond à une<br />

demande que nous faisons depuis longtemps.<br />

Nous espérons surtout que les familles vont être bien<br />

informées quant aux types de parcours qui risquent<br />

de se recréer avec le choix des spécialités. Il faut<br />

absolument éviter de favoriser les trop bien informés<br />

vis-à-vis des autres. De toute manière, en CPGE EC,<br />

nous serons souples car nous voulons absolument<br />

maintenir un large vivier de recrutement. Ainsi, un<br />

bachelier qui aurait fait des maths mais ni spécialité<br />

HHGGSP ni spécialité SES pourra sans problème candidater<br />

dans nos classes et y trouver sa place.<br />

O. R : Avec cette multitude de choix de<br />

spécialités, vous allez être amenés<br />

à recevoir des profils beaucoup plus<br />

hétérogènes. Comment allez-vous<br />

procéder pour les amener tous à un niveau<br />

comparable pour passer les concours ?<br />

A. J : Comme c’est autorisé depuis 2013, nous aurons<br />

certainement à utiliser plus qu’avant les khôlles pour<br />

faire des moments de remédiation et d’individualisation.<br />

En mathématiques comme dans les autres disciplines<br />

d’ailleurs.<br />

La rentrée des nouveaux<br />

étudiants à Audencia<br />

Le continuum<br />

La constitution depuis<br />

deux ans d’un groupe de<br />

continuum entre l’APHEC<br />

— rassemblant 1 500<br />

professeurs de CPGE de<br />

toutes les disciplines — et<br />

l’ensemble des Grandes<br />

Écoles de management<br />

a permis d’assurer une<br />

meilleure cohérence<br />

pédagogique et académique<br />

pour une filière qui se<br />

déroule bien en cinq ans.<br />

© Audencia BS<br />

16


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong> entretien <strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

O. R : Y aura-t-il des passerelles possibles<br />

entre les couplages d’options ?<br />

A. J : On peut éventuellement l’envisager en fin de<br />

première année mais ce sera très à la marge car cela<br />

voudrait dire que certains n’auraient fait de la géopolitique<br />

ou de l’ESH qu’une seule année. Mais ce n’est<br />

pas un problème insoluble. Là encore, il nous faudra<br />

être souples.<br />

O. R : Autre sujet : Parcoursup. Êtesvous<br />

satisfait des changements qui vont<br />

intervenir pour l’édition <strong>2019</strong> ?<br />

A. J : Les nouveaux délais de réponse vont nous permettre<br />

d’avoir une visibilité sur nos effectifs dès fin juillet.<br />

Il reste un élément que n’a pas tranché le ministre sur<br />

l’anonymat des candidatures. Nous sommes pour notre<br />

part opposés à ce que l’anonymat aille au-delà du nom<br />

du candidat. Nous souhaitons continuer à connaître le<br />

genre des candidats pour recruter plus de filles. Cacher<br />

le nom du lycée d’origine nous pose un problème car<br />

c’est un élément qui permet de bien lire les dossiers.<br />

Nous sommes toujours attentifs à recruter de bons<br />

candidats sur tous les territoires. Notamment pour que<br />

tous les lycées continuent à informer leurs élèves sur<br />

la possibilité d’intégrer une classe préparatoire. Il faut<br />

nous faire confiance pour recruter nos élèves ! Même si<br />

nous aurons à notre disposition l’avis des professeurs<br />

sur le projet d’orientation de leurs élèves, anonymiser<br />

le nom des lycées pourrait aller à l’encontre du but<br />

recherché. Notre interêt est en effet de susciter des<br />

candidatures en provenance de tous les lycées.<br />

O. R : Une procédure, que le ministère<br />

a nommé « répondeur automatique »,<br />

permettra cette année aux candidats d’être<br />

immédiatement orientés dans la filière qu’ils<br />

privilégient après la fin des épreuves du bac.<br />

Cela répond bien à vos demandes d’avancer<br />

les choix des élèves ?<br />

A. J : En 2018 des élèves sont restés pendant des<br />

semaines en listes d’attente en classes préparatoires<br />

et ont fini par faire d’autres choix pour se rassurer.<br />

In fine nous avons des effectifs comparables mais<br />

l’attente a été longue. Il sera également utile pour les<br />

candidats de savoir jusqu’où les établissements sont<br />

allés dans leur liste de candidats en 2018. Nous nous y<br />

étions opposés en 2018 car il n’y avait pas d’éléments<br />

de comparaison fiables puisque c’était la première<br />

année de Parcoursup. Il faut néanmoins éviter tout<br />

élément qui pourrait nuire à la confiance des candidats<br />

vis-à-vis des établissements qui auraient recruté<br />

en 2018 jusqu’au dernier rang. Il sera nécessaire de<br />

contextualiser les informations données pour éviter<br />

de fausses interprétations.<br />

O. R : À côté de ces nouveautés un autre<br />

dossier que l’APHEC porte avance bien.<br />

Celui du continuum classes préparatoires /<br />

Grandes écoles. Comment allez-vous encore<br />

le faire progresser ?<br />

A. J : L’EM Normandie a par exemple organisé une<br />

journée de formation en management à laquelle ont<br />

assisté 30 de nos professeurs. À Rennes SB une<br />

journée sera consacrée aux mathématiques. Aux<br />

Data à l’Inseec pour les professeurs d’ECT, etc. Cela<br />

permet de réunir professeurs de <strong>prépas</strong>, de grande<br />

école et universitaires sur un même campus. Comme<br />

le Festival de géopolitique de Grenoble EM permet à<br />

beaucoup de nos professeurs d’intervenir aux côtés<br />

de leurs collègues français et étrangers universitaires<br />

ou enseignant à l’école.<br />

Nous allons continuer et amplifier notre action. Nous<br />

avons d’excellents retours des lycées qui ont créé des<br />

périodes d’immersions en entreprises ou en associations<br />

en fin de première année. Quant aux écoles, citons<br />

Skema, Audencia, Kedge (entre autres), elles font de<br />

plus en plus appel à des professeurs de <strong>prépas</strong> pour<br />

donner des cycles de cours.<br />

L’autre action que nous avons menée en 2018 a été le<br />

lancement du MOOC De la Prépa aux Grandes Écoles<br />

de Commerce : le bon parcours pour moi ? avec ESCP<br />

Europe et Skema. Il est de plus en plus consulté par<br />

des lycéens, étudiants, parents ou professeurs qui<br />

veulent en savoir plus sur nos classes préparatoires<br />

économiques et commerciales. Enfin, sur le modèle<br />

de Skema à Raleigh, Neoma est en train de monter un<br />

partenariat en Chine pour permettre à des étudiants<br />

de prépa d’y faire un séjour d’études pendant l’été.<br />

O. R : Décidément les Grandes écoles de<br />

management apprécient toujours plus vos<br />

élèves !<br />

A. J : Les 70 places supplémentaires qu’ont ouvertes<br />

cette année les plus grandes écoles sont une marque<br />

de confiance. Pour autant le solde des ouvertures et<br />

fermetures de classes préparatoires depuis cinq ans<br />

est nul. La volonté des meilleures de recruter plus se<br />

fait donc au détriment des écoles plus bas dans les<br />

classements. C’est bien dommage alors que certaines<br />

régions restent sous dotées en classes préparatoires<br />

et qu’il faudrait irriguer tout le territoire. C’est pourquoi<br />

nous demandons absolument que soit étudiée<br />

l’ouverture de nouvelles classes, notamment dans<br />

les régions sous-dotées. J’ai formulé cette demande<br />

directement à la ministre Frédérique Vidal le 18 janvier<br />

dernier. Certes, il reste des places vacantes en CPGE…<br />

mais à l’université aussi ! Même dans les universités<br />

parisiennes, certaines formations sont remplies à<br />

moins de la moitié de leurs capacités.<br />

Seulement une voie<br />

d’entrée dans les<br />

Grandes écoles ?<br />

La question mérite d’être<br />

posée et Alain Joyeux y<br />

répond ainsi : « La réforme<br />

du lycée ne doit pas aboutir à<br />

une réduction de notre vivier<br />

de recrutement. Au contraire !<br />

Sur le modèle de PSL<br />

(Paris Sciences et Lettres)<br />

elles peuvent également<br />

permettre d’intégrer des<br />

licences et masters sélectifs<br />

à l’université. Et pourquoi<br />

ne pas ouvrir les admissions<br />

sur titre en troisième année<br />

des meilleurs bachelors à<br />

des élèves de prépa n’ayant<br />

pas réussi à intégrer par le<br />

concours une Grande école<br />

leur convenant. Nous devons<br />

réfléchir à un élargissement<br />

de nos débouchés ».<br />

17


L’ESSEntiEL DU SUP PréPAS<br />

DoSSier<br />

FéVRiER <strong>2019</strong> N° 24<br />

Quel impact aura<br />

la réforme du lycée<br />

sur les classes<br />

préparatoires ?<br />

© Shutterstock / Rawpixel<br />

D’ici quelques semaines les élèves de seconde<br />

vont devoir choisir leurs spécialités de première.<br />

L’angoisse est palpable dans les familles alors<br />

que les professeurs de classes préparatoires<br />

s’interrogent : en quoi ces premiers choix vont-ils<br />

influer à l’avenir les choix de filières ?<br />

18


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong> dossier <strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

En ouvrant de larges choix de spécialités<br />

en première et terminale, la<br />

réforme du lycée va inciter les élèves<br />

à construire leur propre parcours. En choisissant<br />

parmi trois spécialités en première<br />

et deux en terminale parmi « arts », « langues,<br />

littératures et cultures étrangères »,<br />

« mathématiques » ou encore « numérique<br />

et sciences informatiques » ils vont peu à<br />

peu se construire un parcours singulier.<br />

Et forcément impactant pour leur avenir.<br />

Le ministère de l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de l’Innovation a beau<br />

insister pour que ces choix ne soient pas<br />

déterminants - et a fait signer une charte<br />

pour les perspectives d’orientation vers<br />

l’enseignement supérieur en ce sens aux<br />

principaux acteurs -, personne n’imagine<br />

qu’on puisse oublier les mathématiques<br />

pendant deux ans et ensuite choisir des<br />

études dans lesquelles ces dernières<br />

jouent un rôle important avec de bonnes<br />

chances de réussite. Même si tous les<br />

élèves suivront dorénavant un enseignement<br />

scientifique jusqu’en terminale, la<br />

question de la place des mathématiques<br />

est centrale tant elle semble une spécialité<br />

obligatoire pour tous ceux qui veulent<br />

intégrer les meilleures filières. Mais avec<br />

quelle autre spécialité ?<br />

Promouvoir la diversité<br />

des profils<br />

Les représentants des instances représentatives<br />

de l’enseignement supérieur<br />

(CPU, Cdefi, CGE, APLCPGE) ont signé<br />

en janvier <strong>2019</strong> une sorte de « charte de<br />

bonne conduite » actant leur volonté de ne<br />

pas privilégier telle ou telle combinaison<br />

de spécialités pour recruter les futurs<br />

bacheliers issus de la réforme à partir<br />

de 2021. Ceux-ci s’engagent notamment<br />

à « promouvoir la diversité des parcours<br />

scolaires, le décloisonnement des disciplines<br />

et l’égale valeur des enseignements<br />

de spécialité et des filières d’enseignement<br />

». « Nous nous sommes engagés<br />

collectivement à prendre en compte<br />

l’esprit de la réforme du lycée et du bac<br />

général dans nos futurs recrutements<br />

postbac en écoles ou en classe préparatoires.<br />

Nous ne nous focaliserons pas<br />

sur la seule combinaison de spécialités<br />

mathématiques et physique-chimie. Les<br />

écoles ont d’ailleurs déjà largement élargi<br />

leur base de recrutement en recrutant<br />

des profils différents. Alors que nous<br />

pratiquons de plus en plus l’enseignement<br />

par projets, recruter des profils<br />

différents a un effet gagnant pour tout le<br />

monde », souligne Laurent Champaney,<br />

directeur des Arts et Métiers ParisTech et<br />

président de la commission « amont » de<br />

la Conférence des grandes écoles (CGE)<br />

qui est à ce titre en charge des questions<br />

de recrutement dans les Grandes écoles.<br />

Un sujet qui va beaucoup plus loin pour<br />

le directeur de cabinet de la ministre de<br />

l’Enseignement supérieur, de la Recherche<br />

et de l’Innovation, Philippe Baptiste, lors<br />

du débat organisé pendant le dernier<br />

congrès de l’APLCPGE qui se tenait le 26<br />

janvier au sein du lycée Louis-Le-Grand :<br />

« Les voies traditionnelles d’excellence<br />

que sont les classes préparatoire sont<br />

Que prévoit la charte ?<br />

Les signataires de la Charte pour<br />

les perspectives d’orientation vers<br />

l’enseignement supérieur, s’engagent à :<br />

• accompagner les établissements scolaires<br />

et d’enseignement supérieur pour favoriser<br />

la bonne compréhension des enjeux<br />

associés à une orientation progressive des<br />

lycéens, en particulier les plus jeunes ;<br />

• favoriser la construction progressive de<br />

parcours choisis au lycée et promouvoir<br />

la diversité des parcours scolaires,<br />

le décloisonnement des disciplines et<br />

l’égale valeur des enseignements de<br />

spécialité et des filières d’enseignement ;<br />

• développer des dispositifs pour<br />

accompagner la réussite de lycéens<br />

qui sont motivés pour s’engager<br />

dans une voie de formation, même<br />

lorsque leurs études secondaires n’y<br />

conduisaient pas spécifiquement ;<br />

• mettre en place des temps d’information<br />

et de formation associant les équipes de<br />

direction et les équipes pédagogique et<br />

éducative de l’enseignement secondaire<br />

et supérieur, pour faciliter l’information<br />

des lycéens et de leurs familles.<br />

19


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

dossier<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

La rentrée des nouveaux étudiants à Skema.<br />

challengées par de nouvelles voies comme<br />

l’EPFL en Suisse qui reçoit aujourd’hui<br />

35 % d’élèves français. Il y a dix ou quinze<br />

ans, ils seraient allés sans se questionner<br />

en classe préparatoire ». Ce à quoi le<br />

directeur de Centrale Lyon, Frank Debouck<br />

lui rétorquait que « les Grandes<br />

écoles françaises comme les classes<br />

préparatoires reçoivent de plus en plus<br />

d’étudiants étrangers ».<br />

Le casse-tête des spécialités<br />

On voit mal aujourd’hui comment les<br />

fameux « attendus » de Parcoursup<br />

pourraient ne pas prendre en compte<br />

le niveau en maths à l’entrée en médecine<br />

ou en classes préparatoires.<br />

Inspecteur général en charge des classes<br />

préparatoires, Olivier Sidokpohou était<br />

formel lors de ce même débat : « On fera<br />

forcément des mathématiques et de la<br />

physique pour entrer en classe préparatoire<br />

scientifique. On ne peut pas passer<br />

un trimestre entier de première année<br />

de classe préparatoire les remettre à<br />

niveau en maths les élèves si l’ambition<br />

est d’entrer à l’École polytechnique. Je<br />

n’imagine pas qu’on veuille abaisser le<br />

niveau en CPGE avec le nouveau bac ».<br />

Du côté des classes préparatoires économiques<br />

et commerciales (EC) le président<br />

de l’APHEC, Alain Joyeux estime : « Nous<br />

pourrions recevoir tous les candidats<br />

pour peu qu’ils aient suivi au moins une<br />

année une spécialité maths en première<br />

et terminale. Il n’est pas envisageable<br />

d’abandonner les mathématiques dès<br />

© Skema BS<br />

la fin de la seconde et d’intégrer ensuite<br />

une classe préparatoire EC. Pas plus que<br />

de s’inscrire en médecine sans avoir fait<br />

des maths et des SVT ». Il conseille donc<br />

aux lycéens et parents qui s’interrogent<br />

en seconde cette année de « choisir une<br />

spécialité mathématiques et d’y associer<br />

celle qu’ils préfèrent, que ce soit « histoire<br />

géographie, géopolitique et sciences<br />

politiques », « sciences économiques et<br />

sociales » ou même « arts » ». Aujourd’hui<br />

on sélectionne en EC des bacheliers S qui<br />

ont suivi des cours de mathématiques à<br />

haute dose mais peu d’histoire-géographie<br />

Parcoursup et anonymisation<br />

C’est paradoxal quand des établissements<br />

comme Sciences Po se détournent des<br />

épreuves écrites dans leur concours<br />

– anonyme – pour privilégier les oraux.<br />

C’est compliqué lorsqu’on mesure que le<br />

ministère de l’Enseignement supérieur, de<br />

la Recherche et de l’Innovation n’y tenait<br />

pas et que les représentants des filières<br />

sélectives s’y opposaient formellement. Le<br />

débat sur l’anonymisation des candidatures<br />

sur Parcoursup pourrait bien trouver son<br />

épilogue dès cette année selon Le Figaro.<br />

Rappelons les faits : dans un avis rendu le<br />

21 janvier dernier, le Défenseur des droits,<br />

Jacques Toubon estime que « le recours au<br />

critère du lycée d’origine pour départager les<br />

candidats peut être assimilé à une pratique<br />

discriminatoire s’il aboutit à exclure des<br />

candidats sur ce fondement ». Souhaitant<br />

« plus de mobilité et de mixité sociale », il se<br />

dit donc « favorable à l’idée d’anonymiser les<br />

candidatures déposées dans Parcoursup<br />

afin que le lieu de résidence ne soit pas<br />

visible ». Si la Conférence des présidents<br />

d’université n’a pas d’avis officiel sur la<br />

question et « souligne les divergences de<br />

points de vue au sein de ses membres »,<br />

sa vice-présidente, Christine Gangloff-<br />

Ziegler, n’en considère pas moins que<br />

« l’anonymisation n’est pas un souci en soi si<br />

l’on pense qu’il existe des biais inconscients.<br />

Cela pourrait être un test, notamment pour<br />

voir si certaines populations seraient mieux<br />

représentées dans les effectifs étudiants »<br />

Nom, prénom, sexe, lieu de résidence<br />

et nationalité seraient ainsi anonymisés.<br />

Mais pas le nom du lycée d’origine. Une<br />

idée qui était particulièrement mal venue<br />

selon l’APLCPGE et son président et<br />

Des épreuves de<br />

mathématiques de<br />

niveaux différenciés<br />

Dans un document présenté<br />

récemment à la ministre de<br />

l’Enseignement supérieur par<br />

Alice Guilhon, présidente du<br />

Chapitre des Grande écoles<br />

de management au sein de la<br />

CGE et directrice de Skema,<br />

il est proposé que, comme<br />

aujourd’hui « les écoles<br />

proposent aux concours des<br />

épreuves de mathématiques<br />

de niveaux différenciés ».<br />

proviseur du lycée Louis-Le-Grand, Jean<br />

Bastianelli qui estime que « cette mesure<br />

ne ferait que répondre à la pression de<br />

quelques politiques qui pensent faire bien<br />

alors qu’en fait les élèves ne sont pas<br />

défavorisés. Quels que soient leur lycée<br />

d’origine nous nous appliquons à regarder<br />

tous les dossiers ! » Et d’analyser : « Cela<br />

aurait une influence sur l’harmonisation<br />

des notes en lycée qui serait alors<br />

déterminante sur les filières demandées.<br />

Ce n’est pas souhaitable. D’autant qu’un<br />

certain nombre d’établissement ont<br />

recours à des épreuves écrites et orales<br />

qui ne sont forcément pas anonymes ! »<br />

Au travers du recrutement y a implicitement<br />

une notion de contrat rappellent les<br />

proviseurs : l’élève choisit son établissement<br />

et vice-versa. « On ne pilote pas à l’aveugle.<br />

Bien au contraire il faut connaître le<br />

lycée d’origine de chaque élève pour<br />

l’accompagner. Si les taux d‘accès en CPGE<br />

des boursiers en classes préparatoires<br />

progressent c’est grâce par exemple aux<br />

Cordées de la réussite pour lesquelles<br />

il nous faut des éléments. » Dans les<br />

bulletins scolaires il y a des informations<br />

indirectes qui apparaissent. Des rubriques<br />

à expression libre qui sont importantes avec<br />

les appréciations, projet de motivation qui<br />

fait une part réelle au parcours. Il existe<br />

de nombreux salons, JPO qui font que des<br />

rencontres ont lieu. L’APLCPGE demande<br />

donc « la création d’un Observatoire des<br />

orientations et des parcours pour de ne<br />

pas piloter à l’aveugle ». Sans répondre<br />

précisément sur le sujet le directeur de<br />

cabinet de la ministre, Philippe Baptiste<br />

préconise lors de ce même débat« un<br />

examen des dossiers approfondi même<br />

si la question de l’anonymisation doit être<br />

traitée ». Cela semble avoir été fait.<br />

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l’essentiel du sup <strong>prépas</strong> dossier <strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

et cela ne pose aucun problème. Sans<br />

parler de l’intégration des élèves issus<br />

de classe préparatoires littéraire. « Nous<br />

recrutons des élèves issus de classe<br />

préparatoires littéraires qui n’ont pas<br />

fait de mathématiques depuis la seconde<br />

et ils réussissent même si ce n’est pas<br />

toujours facile. Nous ne recrutons pas que<br />

des étudiants qui ont fait énormément de<br />

maths », insiste également Eloic Peyrache,<br />

le directeur général adjoint d’HEC Paris.<br />

Quelles spécialités pour quelles<br />

filières ?<br />

« Pourquoi n’y aurait-il qu’une seule voie<br />

d’excellence ? Choisir informatique en<br />

plus des mathématiques pourquoi ce ne<br />

serait pas aussi bien que mathématiques<br />

et physique ? Il faut ouvrir le champ des<br />

possibilités ! », insiste Philippe Baptiste.<br />

Alors que le MESRI ne veut plus voir les<br />

meilleures classes préparatoires littéraires<br />

ne recruter que des bacheliers S<br />

comme c’est le cas aujourd’hui, la place<br />

des SVT pose particulièrement problème<br />

dans la mesure où seules deux spécialités<br />

sont autorisées en terminale. « Nous<br />

craignons que ce soit la discipline qui<br />

Chaque lycée libre<br />

de ses options<br />

Dans le document remis au<br />

MESRI précité, l’APHEC<br />

et la CGE proposent que<br />

chaque lycée soit libre des<br />

options qu’il propose :<br />

a. Mathématiques à niveau<br />

élevé — HGGMC<br />

(Histoire, Géographie<br />

et Géopolitique du<br />

monde contemporain) ;<br />

b. Mathématiques à niveau<br />

élevé — ESH (Économie,<br />

Sociologie et Histoire du<br />

monde contemporain) ;<br />

c. Mathématiques à niveau<br />

modéré — HGG ;<br />

d. Mathématiques à niveau<br />

modéré — ESH.<br />

à Lire<br />

Le document officiel<br />

En route vers le bac<br />

2021 et les Nouveaux<br />

programmes des voies<br />

générale et technologique<br />

en seconde et première. Le<br />

site de l’Onisep Horizon<br />

2021 donne des pistes<br />

d’orientation selon les choix<br />

de spécialités en première.<br />

souffre le plus », s’inquiète le proviseur du<br />

lycée du Parc à Lyon, Pascal Charpentier.<br />

Un sujet qui préoccupe bien sûr tout<br />

particulièrement le directeur général de<br />

Agro ParisTech, Serge Trystram : « Cela<br />

paraît difficile de recruter des élèves<br />

n’ayant jamais fait de biologie en BCPST<br />

mais nous recrutons déjà beaucoup<br />

plus largement aujourd’hui. Je ne vois<br />

pas pour autant de problème majeur de<br />

recruter des élèves ayant opté pour des<br />

combinaisons scientifiques autres. Les<br />

écoles devront s’adapter plus ou moins<br />

fortement en fonction des <strong>prépas</strong> ».<br />

Faire Agro ParisTech sans avoir suivi<br />

d’enseignement de SVT en terminale<br />

pourrait donc devenir très banal.<br />

Le retour en grâce de la physique que<br />

semble dessiner la réforme en réjouit en<br />

tout cas plus d’uns . C’est le cas de Frank<br />

Debouck : « Je suis très content de voir<br />

la physique reprendre des couleurs dans<br />

le cadre de la réforme. Le socle scientifique<br />

solide que donnent les classes<br />

préparatoires garantit la valeur de nos<br />

formations. Mais c’est effectivement<br />

plus simple de ne prendre qu’une seule<br />

© Neoma BS<br />

Les écoles de management – ici Neoma BS - recherchent des profils très différents.<br />

21


L’ESSEntiEL DU SUP PréPAS<br />

DoSSier<br />

FéVRiER <strong>2019</strong> N° 24<br />

« tranche » d’élèves, du même niveau tout<br />

en étant géographiquement éclatée, que<br />

de choisir plus largement comme nous<br />

y pousse la réforme ». Et on ne parle<br />

encore que des spécialités. On imagine<br />

que le choix des options de terminale<br />

aura également un impact. Opter pour<br />

« Mathématiques expertes » sera-t-elle<br />

une option obligatoire pour entrer dans<br />

les meilleures classes préparatoires<br />

scientifiques ou même EC ?<br />

Quel avenir pour les <strong>prépas</strong> ?<br />

Des <strong>prépas</strong> BCPSt qui risquent d’avoir<br />

du mal à recruter assez d’élèves ayant<br />

choisi la spécialité SVt en terminale,<br />

des <strong>prépas</strong> scientifiques auxquelles on<br />

demande de ne pas forcément recruter<br />

en fonction de leurs propres intitulés mais<br />

surtout des <strong>prépas</strong> EC dont la dichotomie<br />

ECS-ECE perd son sens à l’heure de la<br />

fin des filières ES/S, les classes préparatoires<br />

s’interrogent sur leur avenir.<br />

Pascal Charpentier se veut rassurant :<br />

« On est certains que les acronymes<br />

ECS et ECE vont disparaître mais pas les<br />

filières correspondant ». Dans cet esprit<br />

il pourrait donc voir naître une prépa EC<br />

avec des options : soit mathématiques<br />

à un niveau élevé et géopolitique, soit<br />

mathématiques à un niveau modéré et<br />

ESH (économie, sociologie et histoire du<br />

monde contemporain). « On peut même<br />

envisager une modularité en fonction<br />

des établissements et de leurs viviers<br />

de recrutement pour ne pas figer ces<br />

couplages. Une possible fin de l’interclassement<br />

aux concours pour garantir<br />

la diversité et l’équilibre des profils et<br />

des options choisies n’est pas taboue<br />

même si le sujet reste à débattre entre<br />

les écoles », estime Alain Joyeux. « Le<br />

problème c’est de ne pas se retrouver<br />

essentiellement avec des étudiants qui<br />

passent tous l’examen le plus facile en<br />

mathématiques pour maximiser leurs<br />

chances de réussite. Pour l’éviter faudra-t-il<br />

établir des quotas ? », s’interroge<br />

encore Eloic Peyrache. Autant de sujets<br />

sur lesquels Olivier Sidokpohou botte en<br />

Maintenir des exigences<br />

en mathématiques<br />

Dans le document qu’ils ont<br />

remis remis au ministère de<br />

l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de<br />

l’Innovation, Alice Guilhon,<br />

et Alain Joyeux insistent<br />

pour qu’on maintienne des<br />

exigences en mathématiques<br />

qui « expliquent largement<br />

la domination des Grandes<br />

Écoles françaises dans les<br />

classements internationaux,<br />

notamment dans le domaine<br />

financier. Si d’aventure il y<br />

avait fusion pure et simple<br />

des actuelles voies ECE et<br />

ECS, nous courrions le risque<br />

d’une « moyennisation » de<br />

tous les champs disciplinaires<br />

qui se traduirait alors non<br />

seulement par une réduction<br />

du vivier de recrutement en<br />

CPGE, mais aussi par une<br />

forte baisse de l’attractivité<br />

de la filière CPGE-GE et<br />

du niveau de formation.<br />

Les mathématiques doivent<br />

être vues comme une<br />

matière fondamentale<br />

mais non exclusive ».<br />

Un débat de haut vol<br />

L’APLCPGE (Association des<br />

proviseurs de lycées à classes<br />

préparatoires aux Grandes<br />

écoles) avait organisé le<br />

26 janvier à Paris un débat au<br />

sein du lycée Louis-Le-Grand<br />

sur un sujet absolument<br />

crucial pour les classe<br />

préparatoires : « Nouvelles<br />

spécialités et <strong>prépas</strong> quelles<br />

liaisons ? ». Animé par le<br />

proviseur du lycée Du Parc à<br />

Lyon, Philippe Charpentier,<br />

le débat réunissait le directeur<br />

de cabinet de Frédérique<br />

Vidal, Philippe Baptiste,<br />

l’inspecteur général en charge<br />

des classes préparatoires,<br />

Olivier Sidokpohou, le<br />

directeur de Centrale Lyon,<br />

Frank Debouck, celui d’Agro<br />

ParisTech, Gilles Trystram<br />

et le directeur adjoint<br />

d’HEC, Eloic Peyrache.<br />

© ESCP Europe<br />

Les élèves de classes préparatoires débattent<br />

lors de la journée « Continuum » en octobre 2018 à ESCP Europe.<br />

touche : « il y aura en temps voulu une<br />

réflexion sur le contenu des programmes<br />

de classes préparatoires mais nous attendons<br />

au moins que les programmes<br />

de terminale soient parus ».<br />

Beaucoup de questions restent donc en<br />

suspens alors que la réforme du lycée,<br />

puis du bac, est largement entrée en<br />

vigueur. il reste maintenant bien moins<br />

de deux années à l’ensemble des établissements<br />

d’enseignement supérieur - et<br />

singulièrement des classes préparatoires<br />

EC - pour s’en emparer et apporter des<br />

réponses aux futurs candidats qui se<br />

demandent d’ores et déjà quelle spécialités<br />

choisir.<br />

Olivier Rollot<br />

22


L’ESSEntiEL DU SUP PréPAS DoSSier FéVRiER <strong>2019</strong> N° 24<br />

tronc commun et spécialités<br />

En première et en terminale, tous les élèves<br />

suivront un ensemble d’enseignements<br />

communs représentant plus de 50 %<br />

du temps scolaire : français en 1ère et<br />

philosophie en terminale, enseignement<br />

scientifique en voie générale et<br />

enseignement mathématique en voie<br />

technologique ainsi qu’histoire-géographie,<br />

enseignement moral et civique, langue<br />

vivante A et langue vivante B, éducation<br />

physique et sportive pour tous.<br />

Si sept spécialités sont implantées<br />

dans la très grande majorité des lycées<br />

(mathématiques, physique-chimie, sciences<br />

et vie de la terre, sciences économiques et<br />

sociales, histoire-géographie–géopolitique<br />

et sciences politiques, humanitéslittérature-philosophie,<br />

langues-littératurecultures<br />

étrangères), cinq font seulement<br />

« l’objet d’implantations académiques<br />

par bassin de formation »: langues et<br />

cultures de l’Antiquité, numérique et<br />

sciences informatiques, arts, sciences<br />

de l’ingénieur, biologie–écologie.<br />

L’enseignement délivré dans les<br />

spécialités st résumé ainsi :<br />

• En arts sont ouvertes les spécialités « Arts<br />

du cirque », « Arts plastiques », « Cinémaaudiovisuel<br />

», « Danse », « Histoire des<br />

arts », « Musique », et « théâtre »<br />

• La spécialité « Histoire-géographie,<br />

géopolitique et sciences politiques »<br />

« propose des clés de compréhension<br />

du monde contemporain par l’étude de<br />

différents enjeux politiques, sociaux<br />

et économiques majeurs ».<br />

• La spécialité « Humanités, littérature<br />

et philosophie » propose « l’étude de la<br />

littérature et de la philosophie de toutes les<br />

époques par la lecture et la découverte de<br />

nombreux textes afin d’affiner la pensée<br />

et de développer la culture du lycéen ».<br />

• La spécialité « Langues, littératures<br />

et cultures étrangères » (classe de<br />

première) « s’adresse à tous les lycéens<br />

souhaitant consolider leur maîtrise d’une<br />

langue vivante étrangère (l’allemand,<br />

l’anglais, l’espagnol ou l’italien) à un<br />

niveau d’utilisateur expérimenté ».<br />

• La spécialité « Mathématiques » « permet<br />

aux lycéens d’explorer la puissance<br />

des mathématiques comme outil de<br />

modélisation et de représentation du<br />

monde, au travers de l’étude renforcée<br />

et approfondie des thèmes suivants :<br />

algèbre, analyse, géométrie, probabilités<br />

et statistique, algorithmique et<br />

programmation. (…) Les interactions avec<br />

d’autres enseignements de spécialité tels<br />

que physique-chimie, sciences de la vie et<br />

de la terre, sciences de l’ingénieur, sciences<br />

économiques et sociales sont valorisées.<br />

• La spécialité « Numérique et sciences<br />

informatiques » propose aux lycéens<br />

de « découvrir des notions en lien,<br />

entre autres, avec l’histoire de<br />

l’informatique, la représentation et le<br />

traitement de données, les interactions<br />

homme-machine, les algorithmes, le<br />

langage et la programmation ».<br />

• La spécialité « Physique-chimie »<br />

propose aux lycéens « d’explorer le réel,<br />

du microscopique au macroscopique,<br />

en étudiant l’organisation et les<br />

transformations de la matière, le<br />

mouvement et les interactions,<br />

les conversions et transferts<br />

d’énergie, les ondes et signaux ».<br />

• La spécialité « Sciences de l’ingénieur »<br />

propose aux lycéens de « découvrir les<br />

notions scientifiques et technologiques<br />

au travers de trois grandes thématiques :<br />

les territoires et les produits intelligents,<br />

la mobilité des personnes et des biens ;<br />

l’humain assisté, réparé, augmenté ;<br />

l’éco-design et le prototypage de<br />

produits innovants ». Elle s’articule avec<br />

les apports des autres enseignements<br />

scientifiques du cycle terminal.<br />

• La spécialité « Sciences économiques<br />

et sociales » « renforce et approfondit la<br />

maîtrise par les lycéens des concepts,<br />

méthodes et problématiques essentiels<br />

de la science économique, de la sociologie<br />

et de la science politique. Elle éclaire les<br />

grands enjeux économiques, sociaux et<br />

politiques des sociétés contemporaines ».<br />

• La spécialité « Sciences de la vie et<br />

de la terre » propose aux lycéens<br />

« d’approfondir des notions en liens<br />

avec les thèmes suivant : la terre,<br />

la vie et l’organisation du vivant ; les<br />

enjeux planétaires contemporains ;<br />

le corps humain et la santé. »<br />

• La spécialité « Biologie-écologie »,<br />

est proposée seulement dans les<br />

lycées agricoles. Elle vise notammen<br />

à « participer à la construction d’une<br />

culture scientifique solide ».


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

entretien<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

Annabel-Mauve Bonnefous<br />

directrice du programme Grande école (PGE) de Toulouse BS<br />

« Le programme Grande école<br />

de Toulouse BS est robuste »<br />

Elle vient de prendre la direction d’un<br />

programme Grande école de Toulouse<br />

BS (TBS) qui a quelque peu été chahuté<br />

en 2018 en ne parvenant pas à recruter<br />

autant d’élèves de <strong>prépas</strong> que les<br />

années précédentes. Confiante dans<br />

la qualité de son programme, Annabel-<br />

Mauve Bonnefous entend aujourd’hui<br />

mieux le faire connaître tout en<br />

aménageant le passage des oraux.<br />

Olivier Rollot : En plus de celle des<br />

programmes MSc et Mastères spécialisés,<br />

que vous dirigiez depuis juin 2018, vous avez<br />

pris la direction du programme Grande école<br />

de TBS. Comment abordez vous ce nouveau<br />

challenge vous qui venez plutôt de l’univers<br />

de l’Executive Education, notamment à HEC ?<br />

Annabel-Mauve Bonnefous : Avec enthousiasme<br />

car j’ai moi-même suivi le cursus d’une Grande école.<br />

Je cherche d’ailleurs à faire participer activement les<br />

étudiants aux évolutions de leur école. Leurs idées<br />

sont extrêmement précieuses. De plus, j’ai reçu un<br />

excellent accueil du corps professoral et des équipes.<br />

Nous partageons la même ambition et nos expériences<br />

professionnelles sont très complémentaires. Nous<br />

nous enrichissons mutuellement au quotidien, c’est<br />

une belle aventure humaine.<br />

O. R : Votre principal souci va être de<br />

redonner de l’allant à un programme Grande<br />

école qui est loin d’avoir fait le plein en<br />

2018…<br />

A-M. B : Ce n’est pas le contenu du programme qui a<br />

posé problème, il est robuste et d’excellente qualité. Les<br />

étudiants qui le choisissent sont assurés d’avoir une<br />

belle carrière professionnelle et d’être plébiscités par les<br />

entreprises. Il faut mieux communiquer sur ses forces :<br />

l’apprentissage par des missions réelles de conduite de<br />

projet et de conseil en entreprise, l’importance de la vie<br />

associative dans le développement des compétences, les<br />

nombreuses opportunités de double diplôme en France<br />

et à l’étranger, le parcours multi-campus…<br />

O. R : Vous n’envisagez donc pas une réforme<br />

du PGE ?<br />

A-M. B : Elle a déjà été faite récemment et bien pensée.<br />

Je m’inscris plutôt dans un processus d’amélioration<br />

continue où les professeurs, les entreprises et les<br />

étudiants cisèlent ensemble chaque année la « pierre<br />

précieuse ». L’année prochaine, nous inaugurons le<br />

« certificat Soft Skills » ; un apprentissage progressif<br />

du management collaboratif, du leadership et de l’agilité<br />

sur les trois années du PGE.<br />

Nous allons également expérimenter trois idées apportées<br />

par nos étudiants : certaines associations<br />

étudiantes vont contribuer aux cours dispensés – c’est<br />

déjà le cas sur les outils digitaux mais nous irons plus<br />

loin, sur le développement personnel par exemple -, des<br />

cadres supérieurs viendront présenter leur métier dès<br />

la première année, et nous développerons un certificat<br />

« Responsabilité sociétale du manager ».<br />

© 00<br />

Bernard Ramanantsoa<br />

conseille Toulouse BS<br />

L’ancien directeur général<br />

de HEC rejoint le « comité<br />

de réflexion stratégique<br />

de Toulouse BS. Présidé<br />

par Alain Costes (ancien<br />

directeur du LAAS-CNRS,<br />

ancien président de l’Institut<br />

national polytechnique de<br />

Toulouse et ancien directeur<br />

de la Technologie au<br />

ministère de la Recherche)<br />

ce comité a pour mission<br />

« d’alerter l’École sur les<br />

défis futurs » et de servir<br />

de « sounding board »<br />

(organe de réflexion) sur ses<br />

initiatives stratégiques.<br />

24


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong> entretien <strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

O. R : Comment allez-vous faire pour recruter<br />

plus d’élèves issus de classes préparatoires<br />

en <strong>2019</strong> ?<br />

A-M. B : Aller à leur rencontre lors de la préparation<br />

des oraux dans leurs <strong>prépas</strong> et lors de la période des<br />

admissibles pour les accompagner, leur donner des<br />

conseils et leur montrer que choisir TBS est un gage<br />

d’une belle expérience étudiante, d’un double diplôme<br />

triplement accrédité et d’une vie professionnelle en<br />

accord avec leurs envies et leurs valeurs.<br />

O. R : Ça c’est la partie académique de<br />

l’accueil. Mais vous n’êtes pas sans savoir<br />

qu’il y a une autre partie, plus festive, qui<br />

joue également un rôle important dans les<br />

choix des préparationnaires. Et justement<br />

l’année dernière il semble que TBS ait<br />

quelque peu raté cette partie. Qu’allez-vous<br />

faire cette année ?<br />

A-M. B : J’ai rencontré un certain nombre d’étudiants<br />

« admisseurs » de 2018 pour parler de cette période.<br />

Ils avaient effectivement ressenti une certaine baisse<br />

d’énergie. Ce n’est pas le cas cette année où nous<br />

sommes déjà tous impatients que la période commence !<br />

Je partage avec mon équipe le souhait d’ouvrir le champ<br />

des possibles et de donner aux étudiants « admisseurs »<br />

une place prépondérante dans les choix et la mise en<br />

œuvre de la période des admissibles.<br />

Le mot d’ordre est qu’à chaque fois qu’une personne de<br />

TBS - étudiants, administratif ou professeurs – propose<br />

une idée, même la plus étonnante, nous répondions :<br />

« Pourquoi pas ? » et que nous étudions sa faisabilité<br />

et sa pertinence par rapport aux objectifs.<br />

O. R : Vous vous rendez déjà régulièrement<br />

dans des classes préparatoires pour<br />

rencontrer les élèves ?<br />

A-M. B : Bien sûr. Nous aidons même les préparationnaires<br />

à s’entraîner aux oraux. TBS propose<br />

également une conférence : « Evaluer rapidement le<br />

profil psychologique de vos jurys ». Nous leur montrons<br />

comment comprendre les attentes de chaque membre<br />

du jury. Cette capacité d’observation, d’analyse et<br />

d’ajustement à l’autre est d’ailleurs la première brique<br />

du « certificat Soft Skills ».<br />

O. R : Allez-vous faire évoluer la façon dont<br />

vous faites passer les oraux ? Je rappelle que<br />

les candidats doivent commenter un texte<br />

issu d’un journal en introduction à vos oraux.<br />

A-M. B : Nous allons conserver ce mode d’introduction<br />

à l’entretien, qui est un marqueur fort de l’identité de<br />

TBS. La nouveauté sera que nous leur donnerons accès<br />

à la liste des textes dès l’annonce de leur admissibilité,<br />

alors qu’ils n’avaient que 20 minutes de préparation juste<br />

avant leur oral l’année dernière. L’objectif est de réduire<br />

le stress des candidats et de valoriser la profondeur<br />

du raisonnement plutôt que la rapidité, à<br />

l’ère d’une intelligence artificielle (IA) qui<br />

ira toujours plus vite que l’humain.<br />

Autre nouveauté : parmi ces articles de<br />

presse, nous allons en proposer cinq<br />

entièrement inventés et se déroulant en<br />

2040, pour imaginer le monde dans l’esprit<br />

des thématiques liées à TBS : RSE,<br />

intelligence artificielle, mobilités, etc. Un<br />

exercice prospectif stimulant pour les<br />

audacieux et qui permet de réfléchir aux<br />

problématiques sociétales auxquelles<br />

nous devons répondre dès à présent.<br />

O. R : Vous allez dans tous les<br />

types de classes préparatoires ?<br />

A-M. B : Je rencontre des <strong>prépas</strong> EC mais<br />

aussi des classes préparatoires technologiques<br />

et littéraires. À ces dernières,<br />

je veux montrer que nous prenons en compte leur<br />

culture et leurs besoins. Le parcours de ces étudiants<br />

a beaucoup de pertinence vis-à-vis des métiers du<br />

management. L’étude de la philosophie, par exemple,<br />

est essentielle pour devenir un grand manager, qui est<br />

confronté quotidiennement aux questions de justice,<br />

de vérité et de reconnaissance.<br />

O. R : Comment entendez-vous faire<br />

progresser la question du continuum classes<br />

préparatoires / Grandes écoles ?<br />

A-M. B : Je reprends avec d’autant plus de vigueur le<br />

flambeau de ce continuum au sein de TBS que je suis<br />

une fervente partisane des classes préparatoires. La<br />

classe préparatoire permet de façonner des aptitudes<br />

essentielles telles que la persévérance, la résilience, la<br />

vitesse d’exécution alliée à la qualité du travail. Autant<br />

de qualités que les entreprises valorisent aujourd’hui.<br />

Je participe à un groupe de travail sur le continuum et<br />

nous avons de belles réalisations à mener ensemble.<br />

O. R : Une dernière question. Comment<br />

définiriez-vous l’identité de TBS ? Quelles<br />

sont ses spécificités ?<br />

A-M. B : Je pense que les valeurs de TBS expriment<br />

bien son identité : audace, excellence, ouverture, responsabilité<br />

et agilité. TBS est une école engagée pour<br />

ses étudiants, ses territoires et la planète en général.<br />

Nous sommes fiers de nos étudiants et de leurs impacts<br />

dans le monde professionnel. TBS, c’est aussi l’école<br />

qui regarde vers l’avenir avec une expertise reconnue<br />

dans le domaine de l’aéronautique, de l’intelligence<br />

artificielle (IA) et du big data. Enfin, comment oublier<br />

la convivialité propre au Sud-Ouest ! Au-delà d’une<br />

formation, TBS offre un cadre de vie, du lien social et<br />

de la douceur de vivre.<br />

25<br />

TBS a inauguré<br />

son « Kube »<br />

Le nouveau Learning<br />

Lab de TBS, The Kube<br />

(Knowledge Universal Brain<br />

Education), a été inauguré<br />

le 10 janvier dernier.<br />

« Préfigurant les nouveaux<br />

espaces d’apprentissage du<br />

futur campus de TBS », il<br />

accueillera collaborateurs,<br />

étudiants et publics externes.<br />

Son animation sera coprogrammée<br />

par la direction<br />

« Pédagogie et Innovation »<br />

et les étudiants de TBS.<br />

Situé à proximité directe<br />

de la cafétéria, cœur de<br />

vie étudiante, The Kube<br />

est équipé de matériels<br />

innovants et d’équipements<br />

technologiques. Surfaces<br />

inscriptibles, estrades et<br />

zones de travail en groupes,<br />

systèmes vidéo et audio de<br />

dernière génération, outils de<br />

retransmission audiovisuelle<br />

multi-caméras et de captation<br />

sonore permettant d’animer<br />

des ateliers en live entre<br />

les divers campus de TBS<br />

(Barcelone, Casablanca,<br />

Londres, Paris, Toulouse).


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong> débat <strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

Les écoles de<br />

management au vertige<br />

de la privatisation<br />

Privées d’une grande partie de leurs moyens par l’État, les chambres de commerce<br />

et d’industrie sont peu à peu obligées de trouver de nouveaux moyens pour financer<br />

leurs écoles, et notamment de management. C’est tout un pan de l’enseignement<br />

supérieur français qui vit ainsi une profonde mutation. Non sans débats.<br />

Aux prises avec une concurrence<br />

internationale de plus<br />

en plus forte, les Grandes<br />

écoles de management sont<br />

confrontées à un véritable mur d’investissements<br />

: digitalisation, nouveaux campus<br />

connectés, pédagogiques interactives,<br />

services aux étudiants s’ajoutent aux investissements<br />

traditionnels dans la recherche,<br />

la marque et les services supports.<br />

Cela alors que les investisseurs<br />

privés regardent l’enseignement supérieur<br />

avec les yeux de Chimène comme<br />

en témoigne le montant auquel aurait été<br />

estimé le groupe Inseec U. (Inseec BS,<br />

Esce et EBS en ce qui concerne les écoles<br />

de management) : 900 millions d’euros !<br />

Cinq catégories<br />

Au sein des Grandes écoles de management<br />

cohabitent aujourd’hui aussi bien des<br />

écoles « publiques » dépendant d’universités<br />

et de grands ministères (EM Strasbourg<br />

ou Institut Mines Télécom business<br />

school) que des « consulaires », c’est-àdire<br />

possédant toujours un statut de service<br />

d’une CCI (ESC Pau), des EESC<br />

(établissement d’enseignement supérieur<br />

consulaire) ayant changé de statut tout en<br />

restant majoritairement détenues par leur<br />

CCI (Neoma, Grenoble EM, HEC, etc.),<br />

des associations (Skema, EM Normandie,<br />

Kedge, etc.) ou encore des entreprises<br />

(Esce). « Le statut associatif est le plus<br />

avantageux pour les écoles aujourd’hui.<br />

Dans les EESC les chambres de commerce<br />

et d’industrie gardent la majorité<br />

mais ne donnent plus d’argent. Dans<br />

une association on ne paye pas d’impôts<br />

sur les sociétés et on réinvestit tous ses<br />

bénéfices tout en ayant les mains libres<br />

pour être réactifs. Nous devons être indépendants,<br />

pas avoir une gouvernance<br />

trop lourde alors que nous ne dégageons<br />

pas des marges importantes », commente<br />

la directrice générale de Skema et présidente<br />

du Chapitre des écoles de management<br />

de la Conférence des grandes écoles,<br />

Alice Guilhon.<br />

Mais qui dit statut associatif ne veut pas<br />

forcément dire ne relevant pas d’une société<br />

anonyme (SA), qui peut posséder la<br />

marque ou l’immobilier, alors que les associations<br />

ne disposent pas de capitaux<br />

longs. Face aux investissements à consentir,<br />

l’éducation supérieure a en effet un besoin<br />

croissant de capitaux longs. C’est là<br />

l’une des motivations clé de la création<br />

du statut d’EESC inspiré du modèle de la<br />

société à objet sportif qui, comme toute<br />

société, présente un capital. Le tout dans<br />

un cadre très encadré : les CCI doivent<br />

conserver 51 % du capital, le versement<br />

Emlyon est la première école de management issue des chambres<br />

de commerce et d’industrie à devenir une société anonyme.<br />

des dividendes n’est pas possible et aucun<br />

autre actionnaire ne peut dépasser les 33%<br />

du capital. Autant d’éléments qui, s’ils ne<br />

le bloquent pas, limitent les attraits de l’investissement.<br />

On évoque justement une<br />

évolution du statut d’EESC plus à même<br />

de faire entrer des actionnaires extérieurs<br />

en leur laissant une place plus large. « Il<br />

me semble préférable qu’on permette aux<br />

EESC de donner des dividendes plutôt<br />

que de rejoindre un statut purement capitalistique<br />

qui pourrait nous faire perdre<br />

notre mission de service public », commente<br />

François Bonvalet, directeur général<br />

de Toulouse BS qui vient justement<br />

d’obtenir que, dans le cadre de son statut<br />

d’EESC, la CCI de Toulouse monte<br />

au capital de l’école pour un montant de<br />

27 M€, autant en bâtiments qu’en capital.<br />

L’école sera ainsi valorisée à hauteur de<br />

50 M€. Du côté de emlyon on parle aujourd’hui<br />

de 110 millions d’euros. Et HEC<br />

vaudrait le double.<br />

© Emlyon<br />

26


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

débat<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

© HEC Paris BS<br />

Comment trouver de<br />

nouveaux financements ?<br />

Challengées dans leur économie les<br />

écoles de management françaises se sont<br />

lancées dans une course au développement<br />

qui est passée aussi bien par le développement<br />

de la formation continue (HEC<br />

étant le modèle en la matière), le développement<br />

international (Skema par ses campus,<br />

Rennes SB par son recrutement se<br />

distinguent) mais aussi et surtout par la<br />

recherche d’une « taille critique » qui fait<br />

naître des écoles d’une taille remarquable<br />

au regard des standards internationaux<br />

comme Kedge ou Neoma. Dans le numéro<br />

spécial consacré aux « Dix grands<br />

défis de l’enseignement et de la recherche<br />

en gestion », publié par HEADway et la<br />

Fnege (Fondation nationale pour l’enseignement<br />

de la gestion des entreprises) en<br />

mai 2018, le directeur général de Kedge,<br />

José Milano explique ainsi sa stratégie :<br />

« Nos partenaires, tel que la CCI, nous<br />

demandent d’être rentables et d’avoir des<br />

surplus pour pouvoir investir. Mais comment<br />

absorber les coûts ? Pas de réponse<br />

évidente à cette question. La nôtre, c’est<br />

pour l’instant d’être en capacité d’industrialiser<br />

la formation tout en personnalisant<br />

notre pédagogie et d’être dans une<br />

logique d’efficacité. Nous sommes au début<br />

de ce processus, nous cherchons des<br />

solutions sans pouvoir évaluer un seuil<br />

critique en termes de taille. On observe<br />

ce qui se fait ailleurs : ici, faire rentrer<br />

des partenaires financiers, là, racheter<br />

des écoles comme à l’Inseec à la seule<br />

différence que nous sommes un établissement<br />

de recherche ; nous devons trouver<br />

une voie intermédiaire : financer l’enseignement<br />

supérieur tout en préservant<br />

la qualité de la recherche. Combien de<br />

temps notre modèle va tenir ? Je ne sais<br />

pas mais on aura certainement besoin<br />

de procéder à des ajustements dans les<br />

années à venir ».<br />

Emlyon change de modèle<br />

Emlyon BS entend aujourd’hui aller plus<br />

loin après avoir créé une société anonyme<br />

(SA) pour gérer son association et son immobilier.<br />

Il sera donc possible pour un<br />

actionnaire d’apporter du capital et d’en<br />

sortir s’il le souhaite. « Pourquoi ne pas<br />

faire appel à des actionnaires privés intéressés<br />

par notre vision ? Avoir comme<br />

actionnaire une CCI ne garantit pas plus<br />

son désintéressement qu’une entreprise<br />

qui s’engage sur le long terme », explique<br />

l’actuel président du directoire, Bernard<br />

Belletante quand Tawhid Chtioui, qui<br />

lui succédera en avril prochain, assure :<br />

« C’est une logique financière que nous<br />

vivons déjà avec nos partenaires qui nous<br />

aident à nous développer à Shanghai ou<br />

Casablanca ». S’il entend faire « subsister<br />

l’association pour les programmes<br />

sociaux ou le doctorat » ce dernier « ne<br />

sait pas qu’elle sera la structure idéale<br />

pour les investisseurs » tout en reconnaissant<br />

tout l’intérêt des avantages financiers<br />

qu’apporte le statut associatif.<br />

Privé le groupe Inseec U. l’est depuis<br />

longtemps tout en conservant des écoles<br />

associatives en son sein. « Nous fonctionnons<br />

comme une entreprise : nous créons<br />

des écoles quand nous constatons un besoin<br />

sur le marché de l’éducation (émergence<br />

de nouveaux métiers qui nécessitent<br />

des formations adaptées en amont<br />

et en aval), ce qui demande beaucoup<br />

d’agilité, 20 % de nos programmes sont<br />

HEC restera un EESC (établissement d’enseignement supérieur consulaire)<br />

tout en étant détenue par une holding de la CCI Paris Ile-de-France.<br />

modifiés chaque année », explique Catherine<br />

Lespine, la présidente de Inseec U<br />

dans le même numéro spécial d’HEADway<br />

et la Fnege. Après une croissance<br />

interne le groupe passe à une croissance<br />

externe en 2016 en achetant les écoles du<br />

groupe Laureate Education (ESCE, EBS,<br />

ECE Paris et IFG). « Nous créons ainsi<br />

une nouvelle plateforme d’enseignement<br />

supérieur multidisciplinaire mais<br />

ce n’est pas un conglomérat d’écoles. Il<br />

y a derrière cette stratégie un projet pédagogique<br />

avec, par exemple, des programmes<br />

passerelles, des doubles cursus,<br />

des actions communes. Les destins<br />

de nos 16 écoles sont liés, chacune garde<br />

sa marque mais nous défendons des valeurs<br />

globales que sont la pluridisciplinarité,<br />

l’harmonie, l’employabilité… »,<br />

précise Catherine Lespine.<br />

900 millions<br />

Selon Les Echos le groupe<br />

Inseec U. (Inseec BS, ECE,<br />

Esce, EBS, Sup de Pub,<br />

etc.) aurait été valorisé aux<br />

alentours de 900 millions<br />

d’euros (15 fois son résulta).<br />

La banque Rothschild<br />

& Cie avait été désignée<br />

pour trouver de nouveaux<br />

actionnaires et plusieurs<br />

offres auraient été faites entre<br />

850 et 900 millions d’euros,<br />

l’association Inseec et BPI<br />

France (aujourd’hui à hauteur<br />

de 10 %) restant actionnaires.<br />

Le fonds français Apax<br />

Partners en était l’actionnaire<br />

principal depuis 2013<br />

avec un investissement<br />

initial de 200 M€.<br />

Créé en 1975 à Bordeaux, le<br />

groupe Inseec a développé<br />

peu à peu des marques autour<br />

de sa première appellation<br />

avant de racheter Sup de<br />

Pub en 1996. En 2010<br />

l’International University<br />

of Monaco la rejoint puis<br />

le groupe ESC Chambéry<br />

en 2012 et Crea Genève en<br />

2014. Mais c’est surtout en<br />

2016 que le groupe change<br />

de dimension avec le<br />

rachat des écoles du groupe<br />

Laureate France (Esce,<br />

EBS, ECE, IFG, CEPC).<br />

27


l’essentiel du sup <strong>prépas</strong><br />

débat<br />

<strong>février</strong> <strong>2019</strong> N° 24<br />

Est-il risqué<br />

de privatiser ?<br />

Dans une tribune (« La privatisation<br />

des écoles de commerce, une réforme<br />

à double tranchant »), publiée sur le site<br />

de La Tribune, deux professeurs de l’Essec,<br />

Marc Guyot et Radu Vranceanu, remarquent<br />

: « Des segments comportant<br />

des éléments de service public ou d’externalités<br />

positives pour la population<br />

comme la santé ou l’éducation ne peuvent<br />

être privatisés sans s’assurer des conséquences<br />

sur l’accès des citoyens à ce service<br />

(…) Si l’évolution de l’EM Lyon en<br />

société anonyme pilotée par le profit est<br />

suivie, la dynamique du secteur va devenir<br />

une dynamique classique de concurrence<br />

entre entreprises de services où la<br />

différenciation par la réputation et la<br />

qualité est le facteur clef de succès ». Et<br />

de rappeler que « dans le reste du monde,<br />

la grande majorité des écoles de très haut<br />

niveau, même lorsqu’elles sont indépendantes<br />

des universités, comme la London<br />

Business School, sont des organisations<br />

non-profit de type fondation ». Et de s’interroger<br />

: « Il est fort probable que des investisseurs<br />

privés, basés sur la rentabilité,<br />

cessent de financer de la recherche<br />

de pointe qui fait la marque de fabrique<br />

des meilleures écoles, si celle-ci est estimée<br />

non rentable ».<br />

Un point de vue qui rejoint celui du directeur<br />

de l’Essec, Vincenzo esposot Vinzi :<br />

« Nous sommes et resterons une association<br />

à but non lucratif qui réinvestit tous<br />

ses résultats. Il faut rester « non profit »<br />

pour ne pas risquer de diluer la marque<br />

en cédant à la tentation d’une croissance<br />

indéfinie des effectifs. L’autre écueil est<br />

une hausse non contrôlée des frais de<br />

scolarité. Sans parler de la nécessité de<br />

garantir la qualité des services que nous<br />

rendons. C’est aussi pour cela que nous<br />

bénéficions de l’appellation d’EESPIG ».<br />

Mais la question ne se joue-t-elle pas ailleurs<br />

que sur les statuts qui ne sont que<br />

des moyens ? Certains pensent que l’enjeu<br />

fondamental est l’objectif qui porte l’institution<br />

avec une ligne de partage entre<br />

ce qui relève du « for profit » et du « non<br />

profit ». Pourtant, rien n’est moins clair<br />

ici. « On trouve des institutions privées<br />

Burgundy Business school a été le premier EESC à s’ouvrir à des actionnaires.<br />

et associatives soutenues par des capitaux<br />

de fonds d’investissement comme<br />

le Groupe Inseec, ou encore des écoles<br />

associatives privées indépendantes sans<br />

histoire consulaire qui sont des EESPIG<br />

comme l’ISC. Si les écoles en format sociétés<br />

sont peu nombreuses, on peut facilement<br />

multiplier les exemples de celles<br />

dans ce statut rendant un service éducatif<br />

exemplaire », analyse Sébastien Vivier<br />

Lirimont, fondateur et directeur du<br />

cabinet HEADway qui rappelle que « la<br />

France a su développer de très nombreux<br />

services dits publics en les déléguant à<br />

des acteurs privés qui rendent un service<br />

efficace et de qualité » : « C’est là<br />

peut-être une source d’inspiration pour<br />

une réponse pertinente à ce débat : l’enjeu<br />

est celui de la régulation des acteurs<br />

et d’une gouvernance adaptée qui doit<br />

être trouvée et non de règles de capital<br />

ou de majorité. Les débats passionnés<br />

sur les statuts et la structure actionnariale<br />

ne pourront jamais faire disparaître<br />

une double réalité : l’enseignement supérieur<br />

français est une source essentielle<br />

de compétitivité et il a besoin de beaucoup<br />

plus de moyens pour continuer à<br />

se développer. Et ce n’est certainement<br />

pas l’État qui pourra apporter les capitaux<br />

nécessaires ».<br />

Olivier Rollot<br />

Et HEC ?<br />

Le président de la Chambre<br />

de commerce et d’industrie<br />

Paris Ile-de-France,<br />

Didier Kling, entend bien<br />

conserver les « pépites » de<br />

l’enseignement supérieur<br />

qu’elle possède – HEC, ESCP<br />

Europe, Essec, Ferrandi,<br />

Esiee, etc. - en son sein.<br />

Une nouvelle holding verra<br />

le jour en <strong>2019</strong> pour les<br />

réunir dans le cadre d’une<br />

mission d’intérêt général et<br />

de leurs statuts d’EESC.<br />

L’EESPIG<br />

À la différence de l’EESC,<br />

l’EESPIG (établissement<br />

d’enseignement supérieur<br />

privé d’intérêt général)<br />

n’est pas un statut juridique<br />

mais un label donné par<br />

l’État qui permet aux<br />

associations clairement<br />

non lucratives d’obtenir<br />

des financements publics.<br />

© BSB<br />

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