Frédéric Python (INEOS) en interview - Provence Promotion

Frédéric Python (INEOS) en interview
"Face à la crise, nous avons décidé de réagir
et d’investir sur notre site de Lavéra à Martigues."
Vue aérienne du site INEOS de Lavéra
INEOS, troisième entreprise mondiale de
produits chimiques, est incontournable sur
le site de Lavéra (Martigues) où elle emploie
plus de 1 000 personnes. Lorsque la
crise en 2009 fragilise
le raffinage en créant
un déséquilibre entre
l’offre et la demande,
INEOS réagit et décide
d’investir sur ce qui est
son 2 ème plus grand site. Objectifs : être plus compétitif, pérenniser
l’outil et répondre aux impératifs réglementaires. Pour réussir,
il lui faut des appuis et des partenaires solides. INEOS fait alors
notamment appel à Provence Promotion. Frédéric Python,
directeur des services partagés d’INEOS, présente en détail le
plan d’actions ambitieux du site.
> Pouvez-vous d’abord décrire dans les grandes lignes INEOS qui, malgré son
envergure mondiale, demeure encore peu connue du grand public ?
Frédéric Python : INEOS, société privée non cotée en bourse, est présidée par Jim Ratcliff qui l’a
fondée en 1998. Sa jeune et "fabuleuse" histoire se construit par des acquisitions successives de sites
appartenant à de grands groupes chimiques tels que : ICI, Dow, Degussa, Enichem, Unilever, Solvay,
BASF, Hoechst, Union Carbide, Monsanto, BP. En 2005, INEOS reprend toutes les activités
pétrochimiques du groupe BP et les activités de raffinage des deux sites européens de Grangemouth
(Royaume Uni) et de Lavéra. A la fin 2010, INEOS totalise 17 "businesses" sur 61 sites de production
répartis dans le monde entier. Le groupe, avec 15 000 personnes et un CA de 40 milliards de dollars,
produit plus de 44 millions de tonnes de produits chimiques et 20 millions de tonnes par an de produits
raffinés (carburants). Enfin, en 2011, INEOS s’associe au géant chinois PetroChina (1) pour les
opérations de raffinage pendant que les activités chimiques du site demeurent à 100 % INEOS dans le
cadre de la société créée également en 2011 : INEOS Chemicals Lavéra.
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Frédéric Python, directeur
des services partagés
d’INEOS et PDG d’INEOS
Chemicals Lavéra
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A quels impératifs le site de Lavéra est-il confronté dès 2010 ?
Frédéric Python : D’une part, l’environnement économique du raffinage qui est difficile ; d’autre
part, les contraintes environnementales et de pérennisation du site. Ces contraintes conduisent
INEOS à rechercher des partenaires d’envergure pour s’associer à ses projets, vu l’ampleur des
investissements. A Martigues, 250 millions d’euros sont nécessaires pour :
� répondre aux investissements réglementaires concernant la réduction des émissions selon les
directives françaises et européennes ;
� mener des investissements importants en vue de pérenniser et surtout développer l’activité du
site industriel.
> Pourquoi alors se tourner vers Provence Promotion ?
Frédéric Python : Provence Promotion a apporté une aide précieuse concernant le montage de
dossiers importants pour notre activité recherche au niveau européen et français. Son soutien nous
a permis d’être efficaces dans nos démarches. Ils savent comment présenter la situation et leurs
équipes facilitent les rapports, avec les ministères par exemple. Ils nous ont aidé à nous mettre en
relation, ont facilité les contacts et nous ont conseillé. Nous avons, à cette occasion, apprécié
l’excellent accueil, la disponibilité et la compétence de Provence Promotion.
> Quel est le bilan de tous vos efforts en faveur du site ?
Frédéric Python : Un ensemble d’investissements pour effectivement environ 250 millions d’euros
qui correspondent à des mises à niveau et des améliorations pour l’environnement, la sécurité et la
pérennité de nos activités. Même si tous ces chantiers étaient déjà programmés avant, l’arrivée
de PetroChina conforte et consolide évidemment ces opérations. Nous poursuivons également
tous nos grands travaux d’arrêt (maintenance, entretien, réparation) qui représentent de 50 à
100 millions d’euros par an.
> Quels sont donc précisément les projets prévus ?
Frédéric Python : En matière de réduction des émissions à l’air, les projets sont les suivants :
� Chaudière à soufre et traitement des fumées avec le remplacement de deux anciennes unités
par une nouvelle de plus grande capacité et de meilleure technologie pour l’environnement.
Conséquence : réduction de 25 % des rejets de SO2 (dioxyde de soufre) dans les fumées.
Démarrage : début 2012 - Environ 75 millions d’euros.
� Nouvelles chaudières à gaz (à la place du fioul) qui permettent de réduire les concentrations de
polluants dans les émissions atmosphériques aux taux fixés par les directives européennes et
françaises. Démarrage : début 2014 - Environ 75 millions d’euros.
� Réduction des émissions de COV (Composés Organiques Volatils) et amélioration des rejets
aqueux avec la mise en œuvre en phase 2 (2) d’un procédé de traitement par boues activées :
une innovation radicale en matière de qualité des eaux traitées. Démarrage : septembre 2012 -
33 millions d’euros.
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En matière de pérennisation de nos installations et d’amélioration de la sécurité, les projets sont
les suivants :
� Remplacement des réacteurs de l’unité d’hydrocraquage (3) de la raffinerie - Démarrage : 2012 -
environ 40 millions d’euros.
� Différentes actions destinées à améliorer la sécurité sur le site - Démarrage : 2012 - Investissement
de plusieurs dizaines de millions d’euros.
> Vous êtes également engagés dans des projets de recherche.
Quelles sont vos perspectives sur le sujet ?
Frédéric Python : Nous travaillons autour de 2 axes d’innovation, majeurs et stratégiques :
� recherche et développement d’une nouvelle génération de catalyseurs et de nouvelles
méthodes de synthèse des catalyseurs existants ;
� conception, simulation et modifications de procédés des produits Polyéthylène/Polypropylène
(plastiques issus du pétrole) pour minimiser les consommations énergétiques, les évents
(échappements des gaz) et les émissions de carbone.
Ces recherches, qui ont débuté en juillet 2009 et devraient s’achever en juin 2012, mobilisent une
équipe de 34 chercheurs, techniciens et opérateurs dont 2 créations d’emploi en CDI (1 docteur + 1
technicien) pour un budget de 24,5 millions d’euros.
> Quelles sont les autres conséquences pour l’emploi dans la région ?
Frédéric Python : Si ces évolutions ne créent pas directement d’emplois sur le site, elles les
pérennisent. Par ailleurs, les courants d’activité très importants portés par les projets entraînent des
opportunités pour les entreprises travaillant sur ces réalisations : travaux publics, construction,
métallurgie, engineering, automatismes, électricité…
En savoir plus : http://www.ineoslavera.fr
http://www.ineos.com
(1) PetroChina est une des plus importantes sociétés chinoises (29 raffineries, 18 000 stations services). Une filiale raffinage et une
filiale commerciale produits pétroliers (chacun des actionnaires détient 50 % des activités de raffinage) ont été créées dans le cadre
de ce rapprochement. Au niveau local, l’organisation du site de Lavéra n’a pas changé. Cette association ouvre de nouvelles sources
d’approvisionnement de pétrole brut pour INEOS.
(2) Cette 2 e phase fait suite à la première, désormais opérationnelle, de 17 millions d’euros qui a permis de réduire l’impact des
rejets dans le milieu marin et des émissions d’hydrocarbures dans l’atmosphère grâce à l’installation de bacs décanteurs, de bassins
supplémentaires en cas d’orage et de séparateurs de nouvelle génération, couverts (les premiers installés en Europe).
(3) L’hydrocraquage consiste à convertir les produits pétroliers lourds en produits légers en les portant à température élevée.
Il permet d’obtenir des produits tels que le gazole ou le kérosène ou encore des bases de lubrifiants.
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