JOURNAL ASMAC No 5 - octobre 2018
Energie - Oncologie Médecine pharmaceutique Financement uniforme - oui, mais
Energie -
Oncologie
Médecine pharmaceutique
Financement uniforme - oui, mais
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FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
cider elle-même. Dans cette situation, il<br />
aurait été utile que quelqu’un me présente<br />
toutes les options professionnelles. Cela<br />
doit se faire à temps, parce qu’au début,<br />
on ne le sait pas encore. Un autre point<br />
négatif que j’ai vécu était les chefs qui<br />
menaient des entretiens d’embauche avec<br />
des candidats pour des postes de médecins-assistant(e)s<br />
sans s’y préparer. L’enseignement<br />
pour les étudiants n’était pas<br />
non plus planifié. Ces aspects n’avaient<br />
aucune importance pour beaucoup de<br />
supérieurs hiérarchiques, eu égard aux<br />
autres thèmes prétendument plus importants<br />
comme la recherche.<br />
Qu’en était-il des horaires<br />
de travail et du travail à temps<br />
partiel?<br />
A l’époque, on travaillait encore par<br />
équipes pendant deux à trois semaines<br />
consécutives. Pour moi, ça ne posait pas<br />
de problème, car j’avais ensuite une semaine<br />
de congé. Mais je sais que d’autres<br />
en ont souffert. Dans le service de chirurgie<br />
cardiovasculaire, il n’y avait que peu<br />
de collaborateurs à temps partiel. Les<br />
hommes étaient majoritaires et nous parlons<br />
de la chirurgie, un domaine où les<br />
journées de travail sont particulièrement<br />
longues. L’opinion dominante était et reste<br />
que celui qui part plus tôt n’est pas un bon<br />
médecin. La situation s’est considérablement<br />
améliorée avec la convention collective<br />
de travail dans le canton de Berne.<br />
Pour un poste à plein temps, ma semaine<br />
dure 46 heures et j’ai droit à 30 jours de<br />
vacances. Actuellement, je travaille à 90%.<br />
La mentalité à la clinique pédiatrique<br />
est-elle un peu différente<br />
de celle des chirurgiens?<br />
C’est vrai, là-bas, il existe depuis un certain<br />
nombre d’années des postes à temps<br />
partiel, aussi pour les cheffes de clinique.<br />
Je me souviens toutefois encore très bien<br />
des grandes discussions lorsque deux médecins-assistantes<br />
voulaient se partager<br />
«Moi, médecin-assistant(e)…»<br />
Dans sa nouvelle série, le Journal <strong>ASMAC</strong> donne la parole<br />
à des médecins-assistant(e)s anciens et contemporains,<br />
avec différentes biographies et de toute la Suisse. L’article<br />
veut dresser une image multidimensionnelle et personnelle<br />
de la formation postgraduée et du parcours professionnel.<br />
Vous souhaitez y participer? Alors adressez-vous<br />
à marti@asmac.ch.<br />
un poste. Et les femmes, lorsqu’elles occupent<br />
une fonction de cadre, ne font de<br />
loin pas toujours preuve de compréhension<br />
pour le besoin de travailler à temps<br />
partiel.<br />
Parlons de l’administration:<br />
deux tiers du temps au bureau,<br />
un tiers au chevet des malades<br />
– une situation que vous<br />
connaissez de par votre quotidien?<br />
Je ne peux pas le chiffrer pour moi. Une<br />
chose est sûre, l’administration ne cesse<br />
de croître. Beaucoup de choses sont saisies<br />
à double voire même à triple, on veut à<br />
tout prix se protéger sur le plan juridique.<br />
Au début de mon parcours, beaucoup de<br />
travaux s’effectuaient encore sur papier,<br />
maintenant la part de l’électronique augmente,<br />
mais on continue d’imprimer les<br />
documents. Les fax qui ont presque partout<br />
disparu restent très prisés. Un autre<br />
point sont les innombrables appels téléphoniques<br />
en raison de l’incompatibilité<br />
des systèmes de saisie des données.<br />
Les patients remarquent-ils les<br />
pertes de temps qui se produisent<br />
derrière les coulisses?<br />
Oui. Les patients attentifs remarquent les<br />
doublons et la communication interne<br />
lacunaire quand cinq personnes en blouse<br />
blanche disent la même chose ou que<br />
deux se contredisent. Le flot administratif<br />
n’est cependant toujours pas considéré<br />
comme le problème le plus urgent dans les<br />
hôpitaux. Il est donc juste que l’<strong>ASMAC</strong><br />
mette le doigt là où le bât blesse avec sa<br />
campagne «Plus de médecine et moins de<br />
bureaucratie!» et tente de remédier à cette<br />
situation.<br />
Bien sûr, on ne peut pas tout changer,<br />
du moins pas tout de suite. Il est d’autant<br />
plus important de reconnaître les pistes<br />
envisageables, notamment lorsque l’on<br />
regarde en arrière et que l’on porte son<br />
regard vers l’avenir sur la future génération<br />
de médecins, et cela en premier<br />
lieu pour soi-même. Dina-Maria Jakob<br />
explique avoir réalisé un peu tard, lorsqu’elle<br />
était médecin-assistante, qu’elle<br />
n’aurait plus jamais la possibilité d’accéder<br />
à autant de domaines différents<br />
de la médecine dans sa vie professionnelle.<br />
Peut-être qu’elle aurait dû davantage<br />
questionner ses interlocuteurs professionnels<br />
pendant son parcours.<br />
Et quel constat principal<br />
tirez-vous en ce qui concerne<br />
la formation postgraduée<br />
en général?<br />
Les médecins qui consacrent toute leur<br />
passion à la médecine et s’engagent en<br />
conséquence dans la formation postgraduée<br />
doivent être reconnus et récompensés.<br />
Ils méritent autant de reconnaissance<br />
que les chercheurs. Et la médecine ne doit<br />
pas oublier que l’homme est au centre des<br />
préoccupations, et cela déjà lors de l’examen<br />
fédéral: aujourd’hui, les examens se<br />
déroulent sur des poupées ou des tablettes,<br />
à mon époque sur de vrais patients. C’est<br />
un point essentiel pour l’empathie. Il faut<br />
accorder plus de poids à la formation<br />
postgraduée, par exemple par le respect de<br />
déroulements et critères clairs. Les médecins-assistant(e)s<br />
devraient aussi apprendre<br />
à se montrer plus critiques, notamment<br />
sur les explications concernant<br />
leurs droits selon la loi sur le travail. De<br />
plus, ils devraient avoir suffisamment de<br />
capacité pour leur apprentissage personnel.<br />
Et je pense à des choses toutes simples<br />
comme la critique constructive et les compliments,<br />
ce qui devrait aller de soi, mais<br />
qui fait souvent grandement défaut entre<br />
le chevet du malade et le bureau.<br />
Ce qui nous amène à la conclusion.<br />
Pourriez-vous terminer<br />
la phrase suivante:<br />
«Moi, médecin-assistante …»?<br />
… j’ai toujours été rapide, directe et<br />
parfois même impertinente – sans réfléchir<br />
à toutes les conséquences de mes<br />
paroles.<br />
■<br />
N° 5 Octobre <strong>2018</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
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