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certains de ces pistes sont contradictoires. Le moment où il la
rencontre ou pas, si la rencontre se passe bien ou mal, et bien, je n’ai
pas choisi. J’ai cherché une forme romanesque qui me permet de
développer toutes les possibilités donc toutes les virtualités de
l’histoire. Ce que je voudrais vous faire observer c’est la relation
entre le font du roman, le virtuel ou bien l’histoire imaginaire, et la
forme du roman. Il faut que le lecteur sente, dans sa lecture, ce que
c’est que le virtuel, ce que c’est que l’imaginaire. Il faut voir que
toutes ces histoires sont virtuelles ; toutes ces histoires sont
potentielles. Si j’ai réussi, le lecteur devrait se demander « Ce qu’elle
vient de me raconter, ce n’est pas vrai ». Finalement, on repart sur
notre piste, qui est contrarié par l’histoire suivante et donc vient le
sentiment de difficulté à démêler le vrai du faux ce qui revient au
centre aussi des personnages. Tout le roman est fondé sur
l’imaginaire en conflit avec la réalité. Voilà. Donc ça, je crois, est très
important. Pour moi, un roman c’est d’abord choisir une forme qui
soit adapté à ce qu’on veut exprimer, ce qu’on veut éprouver au
lecteur.
Dans ce roman il y avait trois choses principales qui
m'intéressaient : le rôle de l’imagination dans l’amour, la question du
féminisme (parce que cette femme arrive dans sa cinquantaine en
route de refus de la part notamment de l’homme dont elle est
amoureuse), la question de l'âge selon les sexes - voir une femme qui
est plus vieille que l’homme passe souvent plus mal que l’inverse.
Cette question d’une femme âgée est taboue et importante : la façon
dont les femmes sont jugées plus sévèrement quand elles vieillissent
que les hommes. Je me suis appuyé beaucoup sur les statistiques, sur
des journaux que j’ai lus. Quand je travaillais sur ce sujet, j’ai vu le
commentaire d’un article issu du monde qui traitait d’un concert de
Madonna, qui à l’époque avait 55 ans. Et un journaliste disait, à
propos de son concert, « Madonna est ridicule à 55 ans de vouloir
continuer à exister ». Je me suis dit que s’il ne peut pas exister, ça
veut dire qu’elle n’a plus qu'à mourir. C’est justement que le
personnage masculin dit à la narratrice est « va mourir ». C’est une
expression assez familière et violente. Je me suis rendu compte que
c’est très courant : dès que les femmes arrivent à 50 ans, elles n’ont
plus de « valeur ». Même dans le cinéma, les femmes ne trouvent
plus de rôle avec l'âge. En général, les hommes avec des rides et les
cheveux blancs ont plus de charmes tant que c’est le contraire pour
6 | DUMAS de DEMAIN