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—Travailler ! rigola le gros. Pourquoi ? Pourquoi
travaillerais-je si je pouvais rester ici, tranquille, en profitant du
travail des autres.
—Mais qu’est-ce que vous ferez quand vous ne pourrez
même pas bouger ici, quand vous aurez du mal à respirer, quand l’eau
de cette planète deviendra trop sale qu’il sera impossible de la
boire ? »
Au lieu de lui répondre immédiatement, l’homme
titanesque le regarda avec une expression curieuse. Muet, il mit sa
main dans son sachet, et quand elle sortit, il eut une poignée de chips
écrasés entre ses doigts.
« Bon, soupira-t-il. Voilà ce que je vais faire : je vais
déménager comme l’autre fois. C’est tout simple.
—Et la planète ? demanda le Prince avec inquiétude.
—J’imagine qu’elle va rester comme elle est maintenant.
—Avec tous ces déchets ? cria-t-il. Avec cet air pollué ?
Avec l’eau trop sale à boire ?
—Bah…oui, secoua-t-il, un morceau jaune entre ses deux
premières dents.
—Et les gens de l’autre planète ? le Petit Prince demanda.
Qu’est-ce qu’ils feront ?
—Ils trouveront une autre planète, comme moi. dit-il,
tapotant son bidon saillant. Tu vois, mon petit, un jour, on pourrait
peut-être manquer d’alimentation ; mais l’univers est tellement grand,
qu’on ne manquera jamais de planètes pour nos emballages. »
Et avec ses mots, l’homme gigantesque lui offrit un large
bâtonnet. « Ceci…, dit-il, …je ne l’aime pas trop. Tu le veux ? Ou je
le jette ? »
Sombrement, le Petit Prince secoua la tête. « Non, merci,
dit-il avec une petite grimace. Je n’ai plus faim ».
56 | DUMAS de DEMAIN