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—Bon…, débuta l’homme, des miettes de biscuits tombant
sur sa poitrine. Pour les gens sur cette planète, il faut avoir de l’argent
pour acheter de la nourriture. Et si on n’a pas d’argent, on ne peut pas
acheter tout ça, dit-il en montrant le paysage d’emballages.
—Mais s’ils ont autant d’aliments, commença-t-il,
pourquoi ne pas en donner aux gens qui ont faim ?
—Parce qu’il faut de l’argent pour donner de la nourriture
aux autres, dit-il en croquant une bonbonnière.
—Pourquoi ?
—Parce qu’il faut de l’argent pour organiser les camions,
les travailleurs, et les cargaisons. Tout cela coute de l’argent. »
Le Petit Prince hocha la tête en regardant curieusement
l’homme énorme, qui était en train de grignoter de nouveau un petit
gâteau. « Mais…, continua-t-il. Il faut de l’argent, n’est-ce pas, pour
transporter les produits de la planète jusqu’à ici ?
—Tout à fait. répondit l’homme, essayant d’ouvrir un
sachet de chips. Mais si tu arrives à le croire, il est moins cher
d’amener tout cela ici que de le distribuer autour de leur monde. Et
comme ces gens adorent leur argent, ils veulent le garder le plus
possible.
—Et pourquoi pas utiliser l’argent pour aider ceux qui ont
faim ?
—Parce que les grands sont égoïstes, mon petit bonhomme.
Ils ont du mal à donner aux autres ce qu’ils peuvent garder pour euxmêmes.
Ils ne font que demander. Ils demandent, ils prennent, et puis,
ils jettent ce dont ils n’ont pas besoin. C’est tout. »
Cette pensée rendait le Petit Prince tellement triste. Sans
s’empêcher, il pensa à sa rose, qui aussi ne voulait que demander,
prendre, et se plaindre. Après cette petite méditation, il pensa
également à lui-même, lui qui hésitait à donner tous ce qu’il pouvait
pour le bien de celle qu’il aimait.
« Excuse-moi…, continua le grand en secouant son sachet.
Pourrais-tu me l’ouvrir ? Je n’arrive pas. »
Doucement, le Petit Prince prit le sachet et il l’ouvrit d’un
seul coup. « Et vous ? interrogea-t-il en lui remettant le paquet.
Pourquoi n’êtes-vous pas là-bas avec les autres gens ?
—Parce que…, commença l’homme, reniflant son cassecroûte
salé. Qu’est-ce que je ferais là-bas ?
—Vous pourriez travailler, suggéra le Prince.
Quatrième Édition | 55