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—Parce qu’il y avait trop d’ordures ! s’écria-t-il, un petit
crachat sortant de ses lèvres. Je ne pouvais pas bouger, j’avais du mal
à respirer, et l’eau de la planète était devenue tellement sale que
c’était impossible de la boire ».
Avec ces mots amers, le Petit Prince ne pouvait pas
s’empêcher de verser une petite larme, tel qu’il se sentait triste pour
cette pauvre planète. « Mais pourquoi la planète est-elle devenue
comme cela ? » implora-t-il. « D’où venaient ces ordures si
menaçantes ? »
Le grand homme, au lieu de répondre immédiatement,
chercha de nouveau un petit délice. Il trouva une tablette de chocolat,
la déballa avidement, et jeta l’aluminium aux pieds du Prince. « Pour
être honnête, dit-il finalement, je ne sais pas.
—Comment ça ! demanda le petit bonhomme étonné.
—Eh bien…, continua l’homme pansu, …chaque semaine,
un immense vaisseau venait avec une nouvelle cargaison, et il la
versait par terre. Moi, je mangeais tout ce que je pouvais avant que la
nouvelle cargaison soit venue, mais évidemment, je ne pouvais pas
tout dévorer. Ça aurait été une tâche impossible ! »
Le Petit Prince essaya d’imaginer que cet homme
titanesque avait été un petit enfant comme lui : petit, mince, et
délicat. Il n’arrivait pas à le croire.
« Et d’où venait le vaisseau ? » demanda le petit.
—D’une autre planète, dit-il en prenant un gâteau vanillé.
« J’en suis sûr. Mais malheureusement, son nom m’échappe. »
Le Prince regarda la masse d’emballages autour de lui. « Et
pourquoi cette autre planète avait autant d’aliments » ?
« Parce ce que le peuple en avait trop ». Abaissant
gravement son manteau, il mordit un bout de sa brioche.
Les yeux du Prince grandirent en rêvant d’un monde avec
autant de nourriture. « Ce peuple ne doit jamais avoir
faim ! proclama-t-il avec joie.
—Au contraire ! » dit l’homme majestueux.
Ses yeux grandissaient à la vue d’une boîte de biscuits. « En fait, des
milliers de gens meurent de faim chaque jour. » Et pour accentuer ses
mots, il broya un de ses biscuits, ses dents faisant un fort crack !
Le Petit Prince eut du mal à formuler un mot. « Mais
comment est-ce possible ? bégaya-t-il.
54 | DUMAS de DEMAIN