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j’ai beaucoup aimée, c’est qu’il faut sortir du schéma - surtout pour
ma génération- des contes de fées dans lesquels la petite fille attend le
prince charmant, comme dans la belle aux bois dormants et des autres
histoires de ce genre ; on est dans l’imaginaire qui est vouée
fatalement à tomber. Si on n’est pas prêts à affronter ce choc avec la
réalité qui est autre. On attend trop de ce que produit notre
imagination. Là on peut être victime. C’est aussi aux femmes de
sortir du schéma préétabli mais c’est aussi sur nous pour mieux traiter
le conditionnement de la jeunesse.
J’ai vu une sorte de teste psychologique avec des petites
filles et garçons, 11 ou 12 ans, c’était un casting pour une publicité de
yaourt. On avait mis beaucoup trop de sel dans le yaourt et on a dit
aux enfants « bon, on vous filme. Vous mangez ce yaourt. C’est pour
une pub. » Alors les petits garçons ont mangé le yaourt et ont dit
« Ah ! Ce n’est pas bon » alors que les petites filles ont dit « Mm !
C’est bon ». Elles sont tellement conditionnées qu’elles ne peuvent
pas exprimer leurs émotions. C’est une des différences typiques entre
les garçons et les filles. Il y avait même une étude sociologique sur la
prise de parole dans la classe par les filles et garçons, de l’école
primaire à la faculté, et ils ont constaté dès qu’un garçon levait la
main, les filles ne parlaient plus. Des choses comme ça de
conditionnement qui fait qu’elles sont plus en retrait et moins
énergétique. J’ai une anecdote : quand ma fille était en primaire, dans
un petit village au sud de la France, à Noël les enfants ont eu des
cadeaux. Les garçons ont eu des jeux de construction de Lego et les
filles ont eu un petit chariot pour faire le ménage. Quand j’ai
interrogé la maîtresse elle m’a dit que « les filles sont toujours très
contentes d’imiter leurs mamans ». Pour toutes ses raisons je suis
féministe et je crois qu’il y a beaucoup de progrès encore à faire.
Par rapport à votre lectorat, et le lectorat en général des romans,
on estime que 70% sont des lectrices. Pensez-vous à un lectorat
en particulier quand vous rédigez ce genre de roman ou est-ce
que ça touche les hommes également et recevez-vous des retours
de leur part ?
Certains, oui. Alors c’est vrai que c’est surtout les femmes qui lisent
mes romans en particulier, mais je veux bien que les hommes lisent
mes romans. Pour mon roman « Dans ces bras-là » j’ai eu
12 | DUMAS de DEMAIN