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paysage mental, psychologique même si le produit est différent de ce
que j’ai vécu. Là je suis très sensible de l’humour. Dans tous mes
romans, je veux bien qu’il y a un moment comique même si le thème
est plus sérieux. Je pense que d’ailleurs l’humour n’est pas si drôle
que ça. C’est plus la politesse du désespoir. Et donc pour cette blague
sur les boîtes de conserves qui ont une date de péremption et le
lendemain de la date de péremption n’ont plus bon à rien,
évidemment c’est drôle mais je ne l’ai pas ressenti personnellement.
Mais cela dit c’est une expérience. Il y a une autre blague dans le
roman qui dit que « les femmes de 50 ans sont des super héroïnes
dont le superpouvoir est de devenir invisible ». C’est vraiment
quelque chose qu’on éprouve, et je peux dire que quand je vais dans
des bibliothèques ou des rencontres beaucoup de femmes me disent
qu’elles le ressentent complètement : tout d’un coup elles deviennent
invisibles et cessent d’exister dans le regard des autres. C’est
douloureux notamment car il n’y a aucune raison pour cette douleur.
Dans leurs têtes, leurs corps existent toujours telles qu’elles étaient
avant la date de péremption. C’est évidemment quelque chose que
j’ai éprouvé et que j’ai observé aussi.
Dans « Celle que vous croyez », il y a un esprit féministe. Est-ce
que vous vous voyez ainsi ?
Oui, je revendique complètement le qualificatif féministe. Alors que
c’est assez mal perçu, je l’ai constaté. Très souvent chez les
générations plus jeunes et les écrivains le féminisme est mal perçu.
J’entends beaucoup de jeunes romancières quand on leur pose la
question « Ah non non ! Je ne suis pas du tout féministe. Je ne suis
pas un injurier ». Un féministe ce n’est pas une injure ni un énorme
défaut. Pour moi c’est une qualité et une nécessité. Simplement tous
les temps qu’on entend le mot « féministe », on a l’impression - pour
beaucoup des plus jeunes - que ça ne sert plus à rien. Dans notre
civilisation, les femmes ont acquis des droits, l’égalité. D’abord ce
n’est pas vrai dans beaucoup de domaines. On le voit dans la question
de l'âge que j’ai posé avant, n’étant pas le plus important, les femmes
sont encore payées moins que les hommes. Il y a énormément de
différences qui ne sont pas considérées. Une femme n’a pas la même
représentation sociale qu’un homme dans beaucoup de milieux du
pouvoir, de la politique etc. Il y a beaucoup de chemin à faire dans le
10 | DUMAS de DEMAIN