syndicom magazine No 7 - Crée avec nous le travail de demain

syndicom
N o 7 septembre-octobre 2018
magazine
Crée
avec nous
le travail
de demain

Annonce
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contexte, nous agissons toujours selon des principes
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d’assurance, institution de prévoyance et banque.
• Les hommes et les femmes reçoivent le même
salaire pour le même travail. Notre écart salarial est
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Sommaire
4 Une fine équipe
5 Brèves
6 Du côté des employeurs
7 L’invité
8 Dossier : nouveaux jobs
16 Au cœur de nos métiers
17 Call-center : CCT étendu
22 Pas touche aux FlaM !
25 Droit au but
26 Suggestions
27 1000 mots
28 Évènements
30 Tranches de vie
31 Mots croisés
32 syndicom social
Chères lectrices, chers lecteurs,
Comment travaillerons-nous demain ? Si vraiment
5 millions d’emplois vont disparaître d’ici
2020 dans les grands pays industrialisés,
comme le Forum économique mondial nous le
prédit, sera-ce pour nous permettre d’avoir
plus de possibilité de se former, plus de temps
libre, ou les technologies numériques laisseront-elles
encore davantage de travailleurs et
de travailleuses sur le côté ? En agissant dès
maintenant, nous pouvons éviter que le travail
distribué sur les plateformes informatiques ne
génère encore davantage de précarité.
syndicom s’engage déjà aujourd’hui, au sein
des Offices paritaires de formation professionnelle,
pour contribuer avec nos membres aux
adaptations et au développement de leur profession.
Par exemple au sein de l’industrie
graphique (p. 13). En effet, qui, mieux que ceux
qui exercent déjà ces métiers, peut définir
comment la formation doit évoluer pour répondre
aux besoins de demain ?
Dans ce même esprit, nous aimerions inviter
tous nos lecteurs à participer à l’opération
« Créons notre futur ! » (p. 24). Comment le syndicat
doit-il affronter la 4e révolution industrielle
? Que peut-il faire de plus pour toi, à ta
place de travail, dans les actions qu’il mène publiquement,
sur un plan politique ? Nous attendons
tes questions, tes suggestions et tes propositions
de réponses jusqu’au 30 septembre à
l’adresse Redaction@SYNDICOM.CH. Et nous te
répondrons, pour construire ensemble le syndicat
de l’ère numérique.
4
8
22
Sylvie Fischer, réd. en chef magazine syndicom

4
Une fine équipe
Combattre jusqu’au bout
Luca Thürler (51 ans)
Né à Olten, il grandit à Coire et travaille
chez Tamedia Zurich depuis 1999 en
tant que typographe CTP Operator
(transmission directe d’originaux numérisés
selon la procédure « computer
to plate » ou CTP). Depuis deux ans, il
est vice-président de la commission
d’entreprise. Il est membre de syndicom
depuis 1991.
Marco Günther (43 ans)
Né en Allemagne, à Finsterwalde
(Brandebourg), il a appris le métier
d’électronicien en énergie et travaille
depuis 2012 chez Tamedia Zurich
comme électronicien au service technique.
Depuis deux ans, il est membre
de la commission d’entreprise. Il est
membre de syndicom depuis cette
année.
Balz Grassi (45 ans)
Né à Zurich dans une famille d’imprimeurs,
il s’est tout d’abord formé
comme mécanicien sur motos. Depuis
2000, il est employé de Tamedia Zurich
en tant que collaborateur à l’expédition.
Depuis deux ans, il est président
de la commission d’entre prise. II est
membre de syndicom depuis 2002.
Texte : Sylvie Fischer
Photo : Tom Kawara
« Plus de 90 %
des employé(e)s ont
participé aux actions
de protestation »
Il y a deux ans, le président et plusieurs
membres de la commission
d’entreprise, à Tamedia Zurich, sont
partis à la retraite et ils ont appelé de
plus jeunes à s’engager. Ce n’était
d’emblée pas une période facile, car
depuis 2016, nous n’étions plus protégés
par le contrat collectif de travail,
Tamedia s’étant retiré de l’association
patronale Viscom. Ce qui
était autrefois prévu s’agissant du
13 e salaire, des 5 semaines de vacances,
des suppléments pour le travail
en équipes ou des salaires minimaux
est encore basé sur l’ancien
CCT et défini dans un règlement
d’entreprise. Ce règlement doit toutefois
être reformulé fin avril 2019.
Nous ignorons ce qu’il deviendra ; la
seule certitude est que l’on voudra
réduire les avantages des employés et
que la négociation sera difficile.
Simultanément, les employés ont
été confrontés à plus de pression sur
le terrain et ont dû accepter de faire
deux heures de travail supplémentaire
par semaine. Il y a eu également
moins de temps libre avec l’obligation
de travailler aussi le samedi.
Beaucoup d’employés ont atteint
leurs limites.
Nous avons décidé de faire deux
actions publiques avec syndicom, la
première par le biais de casquettes
rouges que portaient les employés
des centres d’impression de Zurich,
Berne et Bussigny pour exiger le retour
du CCT, et la seconde en faisant
signer aux employés un modèle
géant de CCT, où ne manquait que la
signature des employeurs.
Plus de 90 % des employé(e)s y ont
participé. Nous avons voulu agir ainsi
car nous avions préparé nos revendications
lors d’une séance avec la
direction, qui a pris notre feuille et
nous l’a rendue en disant « la réponse
est non », sans même la lire.
Ces actions montrent à la direction
que nous sommes soutenus par
les collaborateurs touchés par ces
mesures, même lors de la seconde action
qui a eu lieu durant les vacances.
Nous en prévoyons d’autres. Nous
combattrons tant que nous n’obtiendrons
pas le retour du CCT.
Nous n’avons toujours pas de
réaction de la direction. S’il y avait
une grève d’avertissement, cela changerait
sûrement.

Brèves
Fonds de solidarité pour le GdP \ Investissements critiqués chez Publica \
Conducteurs CarPostal remboursés \ Développer la CCT Swisscom \
Conférence de la jeunesse 2018 \ Réengagements à l’ATS \
5
Un fonds de solidarité
pour le GdP
Après la faillite du Giornale del Popolo,
une association a été créée pour soutenir
les employé(e)s, collaborateurs et
collaboratrices du quotidien catholique.
Après l’appel du 25 juin dernier, la récolte
de fonds se poursuit de manière
satisfaisante. Entre-temps, une commission
(composée des syndicats syndicom,
OCST et ATG, ainsi que des représentant(e)s
de la rédaction) a élaboré
une clé de répartition pour distribuer la
somme réunie aux anciens travailleurs(euses).
Les bénéficiaires ont déjà
reçu un acompte de 5000 francs. Le
reste sera probablement versé en deux
tranches : la première fin septembre, la
seconde en janvier 2019.
La caisse de pension Publica
critiquée par des profs des EPF
La caisse de pension de la Confédération
est critiquée par 166 personnalités
des Ecoles polytechniques fédérales
(EPF) dont 128 professeurs, pour ses investissements
dans des entreprises du
secteur des énergies fossiles, nuisibles
au climat. Actuellement, 800 millions de
francs d’investissements sont concernés,
soit près de 2 % du total des investissements
(40 milliards de francs). Les
milieux scientifiques demandent d’y
mettre un terme, également en raison
des risques financiers que ce type d’investissements
présente. Publica a annoncé
une réponse pour cet automne.
Les conducteurs CarPostal
remboursés rétroactivement
Plusieurs conducteurs(trices) CarPostal
ont été remboursés de quelques centaines
à plusieurs milliers de francs,
avec leur salaire de juillet. syndicom
avait signalé que l’article de la CCT définissant
un rayon de 8 kilomètres
comme lieu de travail n’est pas autorisé.
CarPostal a accepté de payer les
suppléments de temps et frais de repas
pour les pauses prises en dehors du lieu
de travail. Le versement est rétroactif
au 1er janvier 2016 (entrée en vigueur de
la CCT). Pour l’indemnisation des temps
de déplacement et frais de véhicule lors
d’une intervention à l’extérieur, il faut
examiner de près chaque cas en particulier.
Si tu comptes le faire, écris à
sheila.winkler@syndicom.ch
Exigences pour la future
teneur de la CCT Swisscom
Les 29 info-lunchs organisés pour présenter
la CCT Swisscom 2018 ont fourni
des thèmes pour son développement.
Ils portent sur une réduction sensible
de l’actuelle semaine de 40 heures,
plus de partage de postes et de temps
partiels, la possibilité de prendre un
congé non payé pour l’ensemble du
personnel aussi, et non pour les seuls
cadres, ainsi qu’une meilleure protection
des employés dès 50 ans.
Conférence de la jeunesse
syndicom 2018
La conférence de la jeunesse syndicom
2018 se déroulera les 22 et 23 septembre
prochains à la maison des
scouts, à Berne. Elle traitera de l’égalité
et de la discrimination sur le lieu de
travail, et des moyens qu’ont les jeunes
du syndicat de se défendre et de faire
avancer une politique prônant l’égalité
des chances. En outre, les jeunes prépareront
leur contribution à la manifestation
du 22 septembre sur l’égalité
salariale et y participeront. Tu peux
t’inscrire en ligne : bit.ly/2MDJXIB
Réengagements à l’ATS
La Commission fédérale de conciliation
a révélé le résultat de son arbitrage.
Pour la première fois, les rédactrices et
rédacteurs licenciés qui ont plus de
60 ans seront réengagés aux mêmes
conditions et protégés contre le licenciement
jusqu’à l’âge de la retraite.
Le plan social a été substantiellement
amélioré et un fonds spécial pour cas
de rigueur prévu. Ceux qui ont dû baisser
leur taux d’occupation auront la
priorité si des postes sont vacants.
Agenda
Septembre
13-17
Festival BDFIL
Lausanne, Espace Romandie
Ne manquez surtout pas la rétrospective
Dave McKean (Batman Arkham
Asylum, Black Dog), invité d’honneur !
Entre autres expos – de la Route 66 au
Concombre masqué – douze artistes
donnent leur version des trois dernières
planches de L’Aéronef électrique.
8-30
Festival Images Vevey
Sur le thème Extravaganza. Hors de
l’ordinaire, la gare, les parcs, jardins,
murs et musées donneront à voir les
projets de plus de 60 artistes photographes.
Pour commencer la balade,
centre d’accueil, bar et expositions à la
salle Del Castillo (Grande Place 1).
22
Manifestation pour l’égalité
salariale
Berne, place Fédérale, 15 h
Grand rassemblement national à Berne.
Mettons la pression pour que les
choses bougent enfin ! Rassemblement
dès 13 h 30 à la Schützenmatte.
30
La lutte finale
Mézières, Théâtre du Jorat, 17 h
Dans le cadre des 50 ans de Mai 68, ce
spectacle autour de chants révolutionnaires
et rebelles intégrera chœur et
projection d’archives. Des choristes
viendront à tour de rôle évoquer leur
expérience personnelle.
Octobre
Jusqu’au 14
Je suis ton père !
Yverdon, Maison d’Ailleurs
Place Pestalozzi 14, ma-di 11 h-18 h
Les mythes fondateurs, religieux ou
politiques, auraient-ils été remplacés
par des fictions ? L’exposition aborde
notamment Star Wars.
syndicom.ch/agenda

6 Du côté des
Roland A. Müller
employeurs
est juriste et avocat. Il siège depuis 2007 à la direction de
l’Union patronale suisse, dont il est le directeur depuis 2013.
Il est aussi professeur titulaire de droit du travail et des
assurances sociales à l’Université de Zurich.
1
« Le partenariat social devrait sceller
la confiance mutuelle » : qu’entendezvous
par là ?
Par le passé, les partenaires sociaux
se retranchaient derrière des portes
fermées pour conclure des compromis
solides. Ce partenariat social
vécu était empreint de confiance et
orienté vers la recherche de solutions.
Or aujourd’hui, les syndicats
s’en sont malheureusement départis.
Pour gagner des membres, ils
cherchent de plus en plus souvent à
être placés sous les feux de l’actualité
médiatique.
2
Quelles seraient les « solutions réellement
applicables » que vous appelez
de vos vœux ?
Les partenaires sociaux au sein des
branches et des entreprises sont à
l’écoute des travailleurs et connaissent
leurs véritables besoins. Un
échange loin des guerres de tranchées
idéologiques aboutit à des solutions
pragmatiques et praticables.
Pour un partenariat social efficace, il
est indispensable que les partenaires
sociaux démontrent leur volonté de
se comprendre. Elle est décisive pour
le modèle de réussite de la Suisse.
3
Selon vous, est-ce un échec du
partenariat social lorsque les salariés
font grève pour améliorer la situation
des licenciés ? Comme à l’ATS ?
Un partenariat social, qui repose sur
la confiance et le dialogue, encaisse
un coup dur en cas de grève. Car la
grève nuit aux relations. Selon la CCT,
elle peut même constituer une violation
à la convention.
La plupart du temps, les parties
s’entendent ensuite à huis clos sur
une solution – comme cela s’est
produit dans le cas de l’ATS.
4
Quels sont les avantages des conventions
collectives de travail ?
Le pilier d’une CCT est l’obligation de
maintenir la paix du travail, qui interdit
les grèves. Les CCT présentent des
solutions à la résolution des litiges,
qui servent tant aux salariés qu’aux
employeurs.
Texte : Sina Bühler
Photo : Johanna Bossart
5
Et quelles difficultés
présentent-elles ?
Comme les CCT constituent une
atteinte à la liberté d’entreprise,
elles doivent aussi tenir compte des
intérêts des employeurs. En fin de
compte, les CCT résultent d’un partenariat
social vécu, où toutes les
parties s’asseyent autour d’une table
pour trouver des solutions.
6
Qu’est-ce qui vous dérange
chez les syndicats ?
Le fait qu’ils réclament avec insistance
des solutions de partenariat,
mais les rendent souvent difficilement
réalisables au travers des processus
politiques. J’espère qu’ils miseront
à nouveau sur le partenariat
social. Ils devraient être plus ouverts
aux nouveaux développements et ne
pas se contenter de garantir les droits
acquis. Je souhaite des syndicats forts
comme partenaires fiables, afin de
maîtriser les défis actuels dans un
partenariat social constructif.

L’invité
Lors de leur récent discours du
1er Août, de nombreux élus de droite auront certainement
insisté sur les vertus de la bonne foi,
ainsi que sur les avantages que le partenariat
social apporte à notre pays. Pourtant, ces institutions
ne se portent pas si bien que cela. On a
pu le constater lors des vagues de licenciements,
que ce soit chez Tamedia/Le Matin ou
l’ATS ou encore Nestlé. En effet, la plupart de
ces récentes suppressions d’emplois n’ont pas
été le fait d’employeurs en difficulté, obligés de
couper dans leurs effectifs pour survivre. Ce
sont plutôt des employeurs en pleine santé qui
ne visaient qu’un seul objectif : augmenter
rentabilité et dividendes, même déjà largement
supérieurs à la moyenne de leur branche. Et cela
n’a pas empêché certains de mépriser leur personnel
en le mettant devant le fait accompli,
en arguant qu’aucune alternative n’était envisageable,
puis en refusant de négocier et, après y
avoir été contraints, en abandonnant tout semblant
de bonne foi. Et si les travailleurs ont eu le
culot de se défendre, on les a sitôt accusés de
« prendre en otage » le public.
Ces pratiques choquantes provoquent une
casse sociale sans que les responsables en assument
les coûts, d’abord mis à la charge des
travailleurs concernés, puis de la collectivité.
Pour y mettre un terme, il convient donc de renforcer
les sanctions en cas de licenciements
collectifs abusifs. Actuellement, elles ne se
montent au maximum qu’à deux mois de salaire
de chaque employé congédié. Ces pénalités
doivent devenir réellement dissuasives, comme
le demande une proposition que j’avais faite au
Conseil national qui a été reprise par Mathias
Reynard (PS/VS). Inutile de dire que la droite patronale
refuse cette aggravation des sanctions,
oubliant au passage ses beaux discours sur la
bonne foi et le partenariat social.
La bonne foi, c’est pour
les beaux discours
Jean Christophe Schwaab, Dr en droit,
ancien conseiller national (PS/VD),
ancien président de la Commission des
affaires juridiques du Conseil national,
conseiller municipal en charge des
affaires sociales, travaux et services
industriels à Bourg-en-Lavaux (VD).
Né en 1979, marié, deux enfants, domicilié
à Riex. Auteur de nombreux articles
scientifiques en droit du travail.
7

Dossier
Les professions qui disparaissent et celles qui se créent
Pourquoi le travail sur plateformes informatiques précarise les employé(e)s
Comment syndicom peut dessiner le nouveau visage d’une profession :
l’exemple de l’industrie graphique
9
Nouveaux
métiers
à créer
ensemble

10 Dossier
Ainsi travaillera-t-on demain : risques et
chances de la 4e révolution industrielle
La numérisation bouleverse le monde du travail
à un rythme effréné. Les attentes envers
les employé(e)s augmentent. Pour profiter des
atouts de la transformation digitale, les conditions-cadres
doivent être adaptées afin d’éviter
la précarisation des employés.
Texte : Basil Weingartner
Photos : Bertrand Rey
Alors que les mécaniciens automobiles devaient autrefois
visser et huiler des pièces, leur travail consiste aujourd’hui
le plus souvent à connecter un câble et à lire des données.
Et lorsque la mécanique est remplacée par la technique
moderne, les profils professionnels se modifient eux aussi.
Le mécanicien automobile est ainsi devenu depuis
quelques années un mécatronicien d’automobiles. On
observe également ce phénomène dans la branche des
couvreurs. Il y a encore quelques années, ils posaient de
simples tuiles. La couverture des toits produit aujourd’hui
de l’électricité grâce aux cellules solaires qui y sont intégrées.
Par conséquent, les couvreurs sont de plus en plus
nombreux à se reconvertir en techniciens solaires. Alors
que de nouveaux profils professionnels voient le jour,
d’autres activités se transforment, voire disparaissent.
La transmission par fibre optique, par exemple, rend
les tâches des électriciens de réseau de plus en plus
complexes.
La numérisation change tout
La numérisation a tout changé. Depuis trente-trois ans,
près de 1600 boîtiers électriques, souvent pas plus grands
qu’un réfrigérateur, assuraient le fonctionnement du réseau
téléphonique en Suisse. On les trouve dans des caves
de bâtiments administratifs ou dans des maisonnettes en
béton en bordure de chaussée. Longtemps, toutes les
communications du réseau fixe étaient établies exclusivement
via les centrales extérieures à la plateforme de téléphonie
fixe de Swisscom. Or elles vont bientôt disparaître.
Cette disparition est devenue emblématique de la transformation
du monde professionnel. Pour assurer les communications
via le réseau fixe, des techniciens travaillent
dans l’ombre. Il y a dix ans, on en comptait encore 145.
Aujourd’hui, ils ne sont plus que 40. Car une nouvelle
plateforme a entre-temps été construite en parallèle à la
plateforme déjà existante. Elle permet des échanges toujours
plus nombreux. Le nouveau système transfère automatiquement
des conversations entièrement numérisées.
Mais, au lieu des 1600 centrales externes, il n’en
faudra plus que deux – et seulement 20 personnes pour
leur entretien.
L’ancien système sera remplacé ces trois à cinq prochaines
années, précise René Hirt, responsable suppléant
de l’équipe de plateforme, qui est également membre de
syndicom et représentant du personnel chez Swisscom.
Lui-même sera bientôt à la retraite, mais la transformation
technique aura des conséquences concrètes pour ses
collègues : « Les employés restants sont conscients du fait
que certains d’entre eux risquent de bientôt perdre leur
emploi. » Le personnel est informé en toute transparence.
Les jeunes suivent une reconversion professionnelle. Le
reste du personnel sera affecté un jour au démantèlement
des installations. « Mais ces travaux ne dureront pas indéfiniment
», relève le représentant du personnel, qui admet
que la transformation le préoccupe. Selon lui, il est important
de préparer les employé(e)s suffisamment tôt à cette
évolution et de les former.
Il reconnaît que son entreprise doit encore faire des
progrès. En effet, « rien ne peut arrêter la transformation
technologique. Et les changements sont toujours plus
rapides ».
Les ordinateurs apprennent à lire
L’évolution en cours chez Swisscom s’observe aussi dans
le reste du monde du travail. Les experts parlent de l’industrie
4.0. Ce terme fait référence d’une part à la numérisation,
la cause principale de la transformation. De
l’autre, il nous rappelle que nous assistons à la quatrième
révolution industrielle. L’avènement planétaire de la
technologie de l’information et de la communication
chamboule à son tour le monde du travail et la société,
après l’invention du métier à tisser mécanique en 1784,
l’introduction de la production de masse autour de 1880
et la conquête de l’électronique depuis les années 1970.
Cette quatrième révolution industrielle repose sur des
progrès technologiques réalisés dans plusieurs domaines.
L’amélioration significative des supports de stockage et
processeurs numériques crée de nouvelles possibilités
d’utilisation pour les logiciels – notamment dans les domaines
de la communication et de l’automatisation. L’intelligence
artificielle, elle aussi, se développe à une vitesse
fulgurante.
Il arrive de plus en plus souvent que les machines et les
logiciels captent et traitent de manière autonome des informations
brutes. De nombreux logiciels comprennent
aujourd’hui des informations contenues dans un texte
aussi bien qu’un enfant de 10 ans. Et les ordinateurs sont
désormais capables d’apprendre par eux-mêmes. Comme
la technologie des capteurs connaît elle aussi d’importants
progrès, les robots et les logiciels peuvent effectuer
des tâches de plus en plus complexes de façon autonome
Le nouveau
profil correspond
rarement
à celui
des emplois
supprimés.

ou semi-autonome, c’est-à-dire en collaboration avec des
humains. Jusqu’à présent, de telles applications étaient
surtout utilisées dans la production industrielle, mais le
secteur tertiaire devrait bientôt aussi en bénéficier plus
fréquemment. Par ailleurs, l’interconnexion des informations
et des objets est cruciale pour l’industrie 4.0. Les
sites de production, les produits, la logistique, le marketing,
la vente et les offres de prestations, tous ces domaines
sont interconnectés. Enfin, les processus de recherche
sont également structurés de manière plus
efficace et plus flexible. De nouvelles technologies telles
que les imprimantes 3D contribuent aussi à ces changements.
Les progrès obtenus par exemple dans le domaine des
processeurs favorisent le développement des connexions
intelligentes – et inversement. Ce mécanisme entraîne
l’accélération permanente de la numérisation.
conseille et accompagne les jeunes et les adultes dans leur
choix professionnel et leur planification de carrière. Les
compétences cognitives, analytiques et sociales revêtent
de plus en plus d’importance, affirme cette spécialiste.
Les activités créatives augmentent, les tâches répétitives
disparaissent. « Les connaissances purement factuelles
perdent de l’importance. » Les individus doivent posséder
les compétences qui manquent aux machines.
Travailler moins grâce à la productivité numérique
La productivité accrue générée par l’industrie 4.0 ne devrait
pas profiter uniquement aux employeurs et aux
investisseurs, mais à tout le monde. Cet objectif pourrait
être atteint si le temps de travail était diminué. Cette
350 000 postes ont disparu, mais 860 000 nouveaux
emplois ont été créés
La numérisation entraînera de nombreux bouleversements
dans le monde du travail. Rien que durant les vingt
dernières années, 350 000 postes de travail ont disparu,
mais 860 000 nouveaux emplois ont été créés dans le
même laps de temps. Le Conseil fédéral reconnaît que la
numérisation comporte des chances, mais aussi de nombreux
risques. Et à juste titre : le nouveau profil d’exigences
correspond rarement à celui des emplois supprimés.
On assiste à un transfert des emplois vers des
branches qui requièrent du personnel bien formé. Et
même à l’intérieur des branches existantes, les attentes
sont plus élevées envers les employé(e)s. « Pour les personnes
sans diplôme d’une école supérieure, il est de plus
en plus difficile de trouver un emploi chez nous », déclare
René Hirt, manager chez Swisscom. « Ce qui autrefois était
compliqué s’avère aujourd’hui complexe. »
« Les exigences ont augmenté – et nous ne sommes
qu’à l’aube de la transformation », confirme Vera Rentsch,
responsable du centre cantonal d’orientation professionnelle
et d’information de Berne. Cet établissement
Onze nouveaux apprentissages depuis 2003
Jusqu’à présent, les mutations technologiques n’affectent
que partiellement les places d’apprentissage en Suisse. Selon
les indications du Secrétariat d’Etat à la formation, à la
recherche et à l’innovation (SEFRI), onze nouveaux apprentissages
avec CFC ont été approuvés ces quinze dernières
années. Depuis 2009, il est par exemple possible de faire un
apprentissage de danseur/danseuse interprète. Et depuis
2014, l’apprentissage de technologue en assainissement est
venu enrichir la palette de possibilités offertes. On y apprend
à entretenir, vérifier et nettoyer des conduites, canalisations
et égouts au moyen de caméras ou robots télécommandés.
On trouve un certain lien avec la transformation technologique
dans les filières de formation « spécialiste en communication
hôtelière », « agent(e) relation client » ou « spécialiste
de la gastronomie systémique ». La transformation
numérique est par contre devenue évidente dans l’industrie
automobile. Quiconque faisait jusqu’à présent pendant
quatre ans un apprentissage de mécanicien en maintenance
d’automobile opte aujourd’hui pour un apprentissage de
mécatronicien(ne) d’automobiles. Car la mécanique sous le
capot a en grande partie cédé le pas à des logiciels.

12
Dossier
mesure contribuerait également à sauvegarder des postes
de travail. Une autre mesure utile consisterait à introduire
le droit au perfectionnement dans la loi. Pour Vera
Rentsch, il est indispensable que les employé(e)s continuent
à se former en permanence, aussi après la formation
initiale.
Il s’agit notamment d’être au clair sur l’évolution permanente
de sa profession, de reconnaître à temps les
changements à venir et de s’y préparer – ce qui implique
également d’obtenir de son employeur les moyens de se
perfectionner.
Pas de contrat, pas d’assurances, pas de protection
contre le licenciement
La numérisation ne transforme pas seulement les exigences
et les profils d’activité. De nouveaux modèles de
travail apparaissent : travailler à domicile, exclusivement
ou à temps partiel, devient la norme pour toujours plus
d’employés. Le « télétravail » peut répondre aux besoins
des individus : ils deviennent plus autonomes, échappent
au stress des grands bureaux et des pendulaires. Mais l’activité
professionnelle risque d’empiéter de plus en plus
sur la vie privée. Le législateur pourrait prescrire des
règles claires et la saisie obligatoire du temps de travail.
Toutefois, les récentes décisions du Parlement vont dans
la direction inverse. L’industrie 4.0 recèle aussi des risques
dans le domaine de la protection des données, comme
l’analyse plus précise des prestations de travail. La surveillance
sur le lieu de travail menace donc de prendre une
ampleur inédite.
La numérisation modifie les modèles d’embauche.
Les plateformes électroniques ouvrent la voie au crowdworking
: des individus travaillent à un projet commun, de
différents endroits, pendant une durée déterminée et
sans engagement fixe. De tels modèles sont déjà plus largement
répandus en Suisse que dans d’autres pays (voir
p. 15) et peuvent offrir de nouvelles libertés aux personnes
Coursier peut rimer
avec précarité.
actives. Mais ils comportent aussi un risque de précarisation.
Notamment parce qu’ils reportent les risques d’entreprise
sur les employés, par exemple dans la branche
des coursiers à vélo. De nouvelles entreprises s’imposent
ici sur le marché. Les coursiers obtiennent un plan de travail
et des mandats par le biais d’une application électronique,
mais ils doivent toutefois travailler comme indépendants.
Ils ne bénéficient ni de prestations sociales, ni
de couverture d’assurance. Et aucune protection contre le
licenciement n’existe.
Ce nouveau modèle a aussi des répercussions sur les
concurrents établis. « La concurrence bon marché me fait
souci », avoue Peter Tomasek, propriétaire d’une entreprise
de services coursiers de 60 employés à Bâle. Il reproche
à ces entreprises une concurrence déloyale. Le Tribunal
fédéral a en effet jugé l’an passé que les chauffeurs
de taxi « indépendants » d’une entreprise zurichoise, Taxi
444 AG, devaient être considérés comme des « employés
non indépendants » selon la loi sur les assurances
sociales. Pour la branche des coursiers à vélo, il n’existe
aucun jugement de ce type. Peter Tomasek espère une
prise de conscience de la concurrence. Car la concurrence
bon marché renforce encore la pression sur les marges
de bénéfice, déjà étroites. Néanmoins, la branche ne peut
pas se plaindre de manquer de travail. De plus en plus de
gens font leurs achats sur Internet. Ici aussi, la numérisation
est en plein essor.
bit.ly/2BgocKf

Dossier
Notre implication dans les nouveaux
métiers : l’exemple de l’industrie graphique
13
Les premiers Interactive Media Designers ont
achevé leur formation cet été. Dès 2019, les
technologues en impression seront rebaptisés
« technologues en médias » et leur cursus
revu. La formation professionnelle est aujourd’hui
au cœur du travail de syndicom.
Texte : Michael Moser
Photos : Bertrand Rey
Après quatre ans d’apprentissage, les premiers Interactive
Media Designers ont achevé cet été leur formation de
quatre ans et entrent dans le monde professionnel. Les Interactive
Media Designers façonnent le numérique. Autrement
dit, ils créent tout ce qui constitue au quotidien
notre monde digital. Cela va des applications aux interfaces
numériques pour les guichets ou sur un site Web, en
passant par le graphique interactif à la télévision. Ils définissent
la manière dont le monde numérique régit notre
quotidien et souvent aussi comment il fonctionne. Toutefois,
les Interactive Media Designers ne se contentent pas
uniquement de concevoir. Ils ont aussi pour tâche d’interroger
le comportement des applications et de nous en
faciliter l’utilisation. Donc ils ne façonnent pas seulement
la numérisation, mais exercent aussi, à travers leur travail,
une forte influence sur la signification concrète de la
numérisation pour nous tous et sur son impact dans notre
vie quotidienne.
Quatre nouveaux métiers pour un horaire
Comme le montre l’exemple des horaires CFF, la numérisation
– et donc le travail des Interactive Media Designers
– a déjà infiltré notre quotidien. Alors qu’on trouvait auparavant
un exemplaire imprimé des tableaux horaires dans
presque chaque ménage, nous effleurons aujourd’hui du
bout du doigt l’écran de notre smartphone pour obtenir –
en l’espace de quelques secondes – la correspondance
souhaitée, actualisée au jour le jour, y compris les retards
éventuels.
Avec syndicom, contribue à développer
ta profession !
Au sein de l’Office paritaire de formation professionnelle pour
la communication visuelle, syndicom est coresponsable
des cinq professions suivantes : interactive media designer,
poly graphe, technologue en impression/médias, opérateur(trice)
de médias imprimés et assistant(e) en médias
imprimés. Les contenus de formation sont définis et élaborés
en collaboration avec la Confédération, les cantons, les
écoles professionnelles et les organisations du monde du
travail. Grâce à un engagement syndical actif dans ce processus,
le monde du travail peut déjà être façonné dès ses
principes de base. Au travers de groupes de travail, nos
membres peuvent contribuer aux adaptations et au développement
de leur profession. Les personnes intéressées qui
souhaitent participer activement à leur évolution professionnelle
sont invitées à contacter l’auteur de cet article.
Les utilisateurs de l’application ont dû modifier une seule
fois leurs habitudes et, après s’être fait expliquer deux fois
l’application, ils la maîtrisent désormais comme s’ils
n’avaient rien connu d’autre.
Or pour les professionnels de la branche graphique, le
passage de l’horaire imprimé aux applications numériques
a nécessité quatre nouveaux métiers, de nombreuses adaptations
professionnelles, ainsi que plusieurs perfectionnements
et actualisations de logiciels. Ces cinquante dernières
années, leur vie professionnelle s’est complètement
transformée. La branche graphique s’est numérisée
comme pratiquement aucune autre branche. Alors que
jusqu’au milieu du XX e siècle, la technique de l’impression
de livres n’avait guère subi de changement fondamental
depuis son invention par Gutenberg il y a cinq cents ans, la
branche a été révolutionnée ces cinq dernières décennies.
Alors qu’à l’époque du caractère en métal, il fallait modifier
à la main chaque lettre et chaque changement d’horaire
et heure de départ nouvelle, les professionnels de
notre époque doivent savoir comment concevoir leur pro-
La branche graphique
s’est numérisée
comme pratiquement
aucune autre branche.

14
Dossier
duit de manière réactive, donc de sorte à ce qu’il s’adapte
automatiquement à tous les appareils de production numériques.
Au lieu de travailler avec du plomb, on utilise
aujourd’hui des codes et des logiciels. Il va de soi que cette
évolution a entraîné un redimensionnement des profils
professionnels et de la formation.
syndicom organise la reconversion
En collaboration avec l’association patronale, le syndicat
a accompagné tous les changements depuis le XIX e siècle
et depuis la fondation de l’Association suisse des typographes,
qui est responsable des profils professionnels de
l’industrie graphique. Ainsi, syndicom et les organisations
qui l’ont précédé ont influencé de manière déterminante
l’évolution professionnelle du compositeur typographe
au Interactive Media Designer, et cela toujours
dans le sens des professionnels qui exercent ces métiers.
Lorsque la publication assistée par ordinateur a supplanté
la composition en plomb dans les années nonante,
des centaines de personnes ont perdu leur emploi, car
leurs entreprises n’ont pas survécu au changement technologique.
Le syndicat a alors organisé la reconversion
d’environ un millier de professionnels dont le métier avait
soudain disparu du marché du travail. Ainsi, la formation
et le perfectionnement demeurent un pilier central du travail
syndical de syndicom dans la branche graphique. Aujourd’hui
encore, syndicom gère avec Helias la plateforme
de perfectionnement créée dans les années nonante pour
former ces personnes à l’ordinateur. A ce jour, même si les
cours sont comparables, les versions des programmes
comportent environ 20 chiffres de plus. Compte tenu du
transfert croissant de tâches vers le monde numérique, la
branche est confrontée une fois de plus à un changement
structurel. Le soutien à nos membres, à ce stade de la numérisation,
s’impose donc plus que jamais.
Le métier des technologues en impression subit actuellement
lui aussi des adaptations. Dès 2019, la profession
sera rebaptisée « technologue en médias » et la formation
sera davantage pluritechnologique. En d’autres termes,
un métier analogique traditionnel, qui conserve sur le papier
l’information et le design, doit continuer à être adapté
aux nouvelles réalités du monde numérique. Compte
tenu de la transformation digitale, les demandes de futurs
technologues en médias se manifestent dans de nombreux
domaines. La branche a perdu le monopole de la
diffusion d’informations. La diffusion, si possible rapide,
d’informations sous forme imprimée en quantité la plus
importante possible appartiendra bientôt au passé. Internet
est tout simplement mieux adapté à ce but. Cela ne signifie
toutefois pas la fin de l’imprimerie. Cependant,
plus personne n’imprimera à l’avenir parce qu’il le doit,
mais parce qu’il le veut. Cette évolution n’est pas négative
en soi et elle n’implique pas forcément une perte de mandats,
car elle offre aussi l’opportunité de repositionner et
de développer la profession. L’impression numérique
permet aujourd’hui d’individualiser chaque produit et
d’en faire quelque chose d’unique. Cette technique de reproduction
peut donc être exploitée au-delà de la simple
diffusion d’informations. Mettre tout en œuvre pour que
les professionnels de la branche participent activement à
son évolution est l’idée fondamentale qui justifie l’engagement
syndical dans la formation professionnelle.
L’auteur a écrit son mémoire de fin d’études sur la transformation
technologique et structurelle de la branche graphique
et sur les conséquences en découlant pour les métiers
en Suisse entre 1965 et 2015. Les personnes intéressées
peuvent s’adresser à l’auteur pour commander le mémoire :
michael.moser@syndicom.ch
bit.ly/2Mh363O
De technologue en impression à technologue en médias
Mettre tout en œuvre pour
que les professionnels de
la branche participent à
son évolution : un engagement
syndical.
Photos
Le photographe valaisan Bertrand Rey a imaginé et réalisé ce
reportage sur le thème des nouveaux métiers. Les photos
ont été réalisées avec l’entreprise d’installation de panneaux
solaires Sunwatt, au Brassus (VD) et à Plan-les-Ouates (GE),
avec les électriciens de réseaux de l’entreprise Duvoisin-
Groux, à Saint-Cergue (VD) et avec les technologues en assainissement
de l’entreprise Cand-Landi, sur un site de
Nestlé à la Claie-aux-Moines (VD). La photo de couverture,
les photos figurant en pages 8 à 14 et la petite photo reproduite
sous le sommaire ont été prises dans ce contexte.
Nous remercions toutes ces entreprises pour leur concours.
Bertrand Rey mène depuis de nombreuses années un intéressant
travail sur le portrait, individuel et de groupe, dans
la presse quotidienne (reportage), les magazines ou sur
commande. Il a notamment réalisé des portraits de vignerons
au travail pour le Musée de la Vigne et du Vin à Sierre
(VS) et un reportage sur la nouvelle antenne de l’EPFL à Sion,
Energypolis. Pour en savoir plus, rendez-vous sur son site à
l’adresse http://www.bertrandrey.com/

15
Le management au lieu de l’administration, l’informatique au lieu du divertissement :
5 millions d’emplois vont disparaître
Perspectives d’emploi selon les groupes professionnels, emplois perdus et gagnés 2015-2020, en milliers (pronostics 2016)
–4759
Bureau et administration
–1609
Production et finition
7,1
mio
–497
Bâtiment et industrie extractive
–151 Art, design, médias, divertissement et sport
–109 Droit
–40 Montage et entretien
Economie d’entreprise et finance +492
5 millions
d’emplois vont
disparaître
2
mio
Management +416
Informatique et mathématiques +405
Architecture et ingénierie +339
Vente et activités proches +303
Formation et perfectionnement +66
Source : rapport du WEF « Future of Jobs » sur 15 grands pays industrialisés et émergents avec un total de 13 millions d’employés
La société de services continue de croître...
Personnes employées, en milliers
Nous serons actifs dans plusieurs professions
Pourcentage des personnes en pour cent qui exercent plus
d’une activité professionnelle
4000
12
3500
3000
2500
2000
Prestations de service
11
10
9
8
7
6
Femmes
Total
1500
Construction et industrie
5
4
1000
3
500
Agriculture et matières premières
2
1
Hommes
0
0
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
2015
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
... et le secteur industriel s’est réduit de moitié
La Suisse a ici déjà une longueur d’avance
Changement 1960-2016,
en pour cent
Prestations de service
Construction et industrie
Agriculture
14,5
39
21,2
3,1
46,5 75,7
7,6 %
10 % 4,4 %
4,0 %
5,5 % 3,8 %
1960 2016 Suisse
UE
Source : OFS mars 2018 (nouvelle méthode de calcul dès 1991)
Source : Enquête suisse sur la population active (ESPA), Office fédéral de la statistique,
activités professionnelles multiples en Suisse, 2017
L’appel du crowd
Les plateformes numériques
servent de plus en plus
d’intermédiaires pour la
recherche de travail
Crowdworking
hebdomadaire
Crowdworking
mensuel
Crowdworking
effectué l’année
dernière
A la recherche
de crowdworking
0% 5% 10 % 15 % 20 % 25 % 30 % 35 % 40 %
Grande-Bretagne
Suède
Hollande
Allemagne
Autriche
Suisse
Source : Crowdwork en Suisse, étude en
collaboration avec le syndicat syndicom et la
fondation sovis, Berne, novembre 2017

16
Au cœur de
nos métiers
Toutes et tous à Berne
le 22 septembre !
Pour faire progresser l’égalité salariale, nos parlementaires à Berne doivent maintenant prôner autre
chose que des mesures facultatives, car elles sont insuffisantes. (© Margaretha Sommer)
L’égalité des sexes a été inscrite dans
la Constitution fédérale en 1981. Dix
ans plus tard, les femmes entraient
en grève, car l’égalité avançait à pas
d’escargot. « Femmes bras croisés, le
pays perd pied » : un demi-million de
femmes ont débrayé ! Aujourd’hui,
trente-sept ans après l’ancrage de
l’égalité dans la Constitution, nos parlementaires
à Berne débattent de la
loi sur l’égalité sans avancer : au lieu
d’introduire des contrôles salariaux
pour empêcher que les femmes
perdent chaque année 7 milliards de
francs, ils continuent de miser sur des
mesures facultatives. Mais comme
nous le constatons, ça ne suffit pas !
Les salaires doivent rester équitables
pour tous – pour les hommes et
les femmes ! Luttons contre la sousenchère
salariale et les mauvaises pratiques.
Dans la branche de l’imprimerie,
d’importantes différences salariales
subsistent entre les sexes.
C’est pourquoi nous nous rendons
ensemble à la manifestation nationale
des syndicats sur la place Fédérale à
Berne. Rejoignez-nous le 22 septembre
– avec vos collègues de travail,
vos ami(e)s et proches – et aidez-nous
à mobiliser !
Patrizia Mordini
bit.ly/2PphNzz
Préserver les mesures
d’accompagnement
Après le rejet de l’EEE, le Conseil fédéral
décidait de négocier un accord bilatéral
avec l’Union européenne, afin
de garantir aux entreprises suisses un
accès au marché sans discrimination
dans quelques secteurs économiques
importants. Cet accord incluait aussi
la libre circulation des personnes
entre les Etats membres de l’UE et la
Suisse. Le peuple suisse a accepté les
accords bilatéraux le 21 mai 2000. Les
syndicats les avaient approuvés à la
condition que la libre circulation des
personnes soit assortie d’une protection
des conditions salariales et de
travail usuelles en Suisse. Le 1 er juin
2004, le Conseil fédéral a introduit à
cet effet les mesures d’accompagnement.
Avec l’introduction de la nouvelle
CCT de branche pour l’infrastructure
de réseau, dont la déclaration de force
obligatoire a été demandée par les partenaires
sociaux auprès du Conseil
fédéral, les mesures d’accompagnement
gagnent aussi en importance
pour syndicom. Il est irréaliste et dangereux
que les mesures d’accompagnement
qui protègent les salariés
en Suisse soient affaiblies, comme le
projettent les conseillers fédéraux
Schneider- Ammann et Cassis.
Giorgio Pardini, responsable du secteur TIC
et membre du comité directeur

Plus de 3500 employés bénéficieront à l’avenir
d’une protection garantie de leurs conditions de travail.
17
Enfin : une CCT obligatoire pour
tous les call centers en Suisse
Le 8 juin, le Conseil fédéral a déclaré de force obligatoire
la CCT de branche des centres de contact et d’appels.
Il transmettra ensuite son rapport à la
commission paritaire, qui décidera
des sanctions à l’encontre de l’entreprise,
par ex. sous forme d’une peine
pécuniaire.
Tout cela vise à promouvoir une
branche d’avenir, dotée de bonnes
conditions de travail.
Le vendredi 8 juin 2018, en fin de journée,
un courriel du Secrétariat d’Etat à
l’économie (SECO) arrive inopinément
au secrétariat central de syndicom, division
conventions collectives de travail.
Notre ténacité se voit doublement
récompensée : le Conseil fédéral a approuvé
la déclaration de force obligatoire
(DFO) de la CCT de la branche des
centres de contact et d’appels élaborée
entre contactswiss, CallNet.ch et syndicom.
Elle est entrée en vigueur le
1 er juillet 2018.
Qu’est-ce que cela change ?
Depuis cette date, toutes les entreprises
en Suisse qui occupent plus de
20 personnes et fournissent des prestations
de call center pour des tiers
doivent donc s’y tenir. Hormis les
cadres et les collaborateurs et collaboratrices
avec des fonctions d’encadrement
et de supervision, tous les employé(es)
sont soumis aux dispositions
de la CCT : réglementation du taux
d’occupation, délais de résiliation
prolongés, semaine de 42 heures, salaires
minimaux, vacances jusqu’à
cinq semaines, congés payés et absences,
maintien du salaire en cas de
maladie et d’accident, plan social en
cas de licenciements en grand nombre
pour raisons économiques.
Des contrôles pour que la CCT
soit partout respectée
A présent, il est fondamental que syndicom
puisse désormais contrôler, au
nom des parties contractantes, que les
entreprises respectent la convention
collective de travail. Grâce à la décision
du Conseil fédéral, syndicom
peut aussi contrôler les entreprises
qui n’étaient pas disposées jusqu’ici à
souscrire à la CCT à travers une association
: désormais, les articles de la
CCT déclarés de force obligatoire sont
valables également pour ces entreprises.
La commission paritaire, formée
de représentants de toutes les
parties signataires, peut ainsi garantir
qu’aucune concurrence déloyale ne
puisse être exercée par le biais de la
sous-enchère salariale ou sociale.
A sa demande, l’organe d’exécution
CCT intégré à syndicom peut, en
cas de soupçon, exiger d’une entreprise
qu’elle fournisse des indications
salariales et d’autres données concernant
ses employé(e)s. Si, au vu desdites
données, l’inspecteur constate
que l’entreprise ne verse pas le salaire
minimum à tous les employé(e)s, indice
clair de non-respect de la CCT, il
se rendra sur place pour recueillir des
preuves en contrôlant les livres de
comptes et les rapports de travail.
Au début, la branche n’avait même
pas d’organisation patronale
L’organisation collective de la branche
des centres de contact et d’appels, initiée
par l’ancien Syndicat de la communication,
aura nécessité un grand
nombre de négociations. Capita/avocis
avait alors décidé de conclure une
convention collective de travail pour
ne pas entacher son image. La volonté
de négocier une CCT était aussi dans
son intérêt. En revanche, la création
d’une association patronale de branche
témoigne d’une vision à plus long
terme. Les acteurs de ce processus
sont, d’une part, Giorgio Pardini et
Daniel Münger (syndicom) et, d’autre
part, Peter Weigelt et Milo Stössel (association
patronale contactswiss.
La première convention collective
de branche entre en vigueur le 1 er septembre
2015. La couverture de la CCT
n’est toutefois pas suffisante pour en
demander la déclaration de force obligatoire.
Par la suite, un accord est
conclu avec l’organisation interprofessionnelle
CallNet.ch et son président
Dieter Fischer en vue de l’affiliation
de Callnet.ch à la CCT dès le
1 er juillet 2017. Plus rien ne s’oppose
alors à la déclaration de force obligatoire
de la CCT de branche. La publication
officielle de la demande est dès
lors préparée avec le SECO.
Des dispositions ayant force de loi
Après le rejet d’un recours déposé par
l’association du personnel Transfair,
qui a pour ainsi dire fait cavalier seul,
la déclaration de force obligatoire a
été annoncée à syndicom par ce courriel
du SECO. Elle a été confirmée la
semaine suivante par une lettre officielle
du chancelier de la Confédération
énonçant les motifs de la décision,
suivie d’une publication dans la
Feuille officielle suisse du commerce.
Pour finir, la décision du Conseil
fédéral est publiée dans la Feuille fédérale
et confère ainsi force de loi aux
dis positions de force obligatoire de la
convention collective de travail.
Daniel Hügli, secrétaire central
secteur TIC
Si la CCT n’est pas respectée, une peine pécuniaire peut être prononcée contre l’entreprise.
(© Alexander Stertzik)
bit.ly/2OOkUAQ

18
Le monde
du travail
Le nouveau système de répartition des mesures salariales
chez CarPostal revalorise les salaires les plus bas.
Le facteur pilotera-t-il
bientôt un drone ?
La branche de la logistique s’est profondément
transformée avec l’évolution
technologique et ses répercussions
sur notre façon de communiquer
et de consommer. Et cette transformation
va se poursuivre. Mais les développements
auxquels nous nous attendons
aujourd’hui pourraient bien
être dépassés avant l’heure, sous l’effet
des changements fulgurants.
Le facteur de demain pilotera-t-il
un drone ? A cette question, nous pouvons
d’ores et déjà répondre non – car
c’est l’intelligence artificielle qui s’en
chargera. Mais cette réponse ouvre
aussi de nouvelles perspectives, y compris
concernant les profils professionnels.
La numérisation et la robotisation
des emplois du secteur logistique
doivent être perçues comme une
chance de réinventer les métiers, en
collaboration avec les partenaires sociaux
et dans l’intérêt de l’ensemble
de la société. Sans cette prise de
conscience de la part des entreprises,
les générations futures risquent de se
retrouver sur le carreau si la formation
reste figée dans des standards d’un
autre temps.
Il faut aujourd’hui aménager des
espaces pour le perfectionnement
pro fessionnel tout au long de la carrière,
afin d’associer les employés aux
changements inévitables induits par
cette révolution et qui touchent tous
les acteurs de la société.
Matteo Antonini, responsable du secteur
Logistique et membre du comité directeur
Salaires plus équitables chez
PostFinance : syndicom s’entête
L’autorité de conciliation fixe l’augmentation salariale à 1 %.
PostFinance se refuse à introduire un système plus juste.
Après l’échec des négociations salariales
avec PostFinance au printemps
dernier, syndicom a fait appel à l’autorité
de conciliation. Celle-ci a fixé
l’augmentation salariale à 1 %.
L’augmentation salariale de 1 %
obtenue représente 150 % de plus que
les 0,4 % proposés par Post Finance devant
l’instance de conciliation. Pourtant,
syndicom n’est pas encore satisfait.
Il trouve regrettable que la
direction de PostFinance rejette par
principe le mécanisme de répartition
utilisé dans les autres parties du
groupe. Elle évoque des mesures salariales
individuelles, qui ont conduit
par le passé à des inégalités salariales.
Progrès attendus
PostFinance a même déclaré que le
droit à une augmentation et la discussion
sur la répartition de la masse salariale
avec les syndicats relèvent
d’« erreurs fondamentales de raisonnement
». Il semble que PostFinance
doive encore apprendre quelque chose
de la direction de La Poste à cet égard.
Résultats prometteurs
En avril, la maison mère et CarPostal
ont introduit un nouveau système de
répartition des mesures salariales
sous la pression de syndicom. Il est encore
perfectible, mais les résultats obtenus
sont prometteurs. En bref : plus
la position dans la fourchette salariale
est basse, plus l’augmentation salariale
est élevée. Les employé(e)s de
longue date ont eux aussi bénéficié
des mesures salariales. Ils n’en ont
pas été exclus comme les années précédentes
sur de nombreux sites.
Le calculateur de salaire crée
la transparence
Tout le monde connaît désormais le
pourcentage de la masse salariale disponible
dans son équipe pour des augmentations
de salaire individuelles.
Les employé(e)s peuvent ainsi discuter
sur un pied d’égalité avec leurs supérieurs
hiérarchiques, qui savent eux
aussi à quoi s’en tenir.
syndicom a reçu de nombreuses félicitations
pour le calculateur de salaire
mis en ligne sur www.syndicom.
ch/lohn18. Nous comptons toutefois
continuer à développer le système et
attendons avec plaisir vos commentaires
et suggestions.
David Roth
Le chef de PostFinance Hansruedi Köng : pas de discussion sur la répartition salariale. (© La Poste)
bit.ly/2M3kd8g

« Si je reçois les plans d’affectation au dernier moment,
je ne peux rien planifier avec ma famille. » Un employé de la distribution
19
Distribution : un sondage révèle
les difficultés du temps partiel
Sous-occupation et planification insatisfaisante chez les
facteur(trice)s et distributeur(trice)s de La Poste.
En moyenne, ce sont les employé(e)s à temps partiel qui font le plus d’heures sup’. (© La Poste)
« Je travaillerais volontiers plus longtemps.
Mais une augmentation fixe de
mon taux de travail m’a toujours été
refusée. Or je dois régulièrement fournir
du travail supplémentaire. » Ou
« J’ai choisi de travailler à temps partiel
pour consacrer plus de temps à ma
famille. Mais si je reçois les plans d’affectation
au dernier moment, je ne
peux rien planifier. » Ce type de témoignages
nous est parvenu à maintes reprises.
C’est pourquoi nous avons voulu
en savoir davantage. Nous avons
donc lancé un sondage, auquel ont
participé plus de 1000 collègues.
Les collaborateurs à 70 % font 1,5 fois
plus d’heures sup’ que ceux à 100 %
Menée auprès des distributeur(trice)s
et des facteur(trice)s dans toute la
Suisse, cette vaste enquête révèle que
la mise en œuvre du travail à temps
partiel présente des défauts dans le
domaine de la distribution. De très
nombreux collègues ont un taux d’occupation
à temps partiel qui n’est pas
respecté par La Poste. Environ trois
quarts des collègues qui ont participé
au sondage affirment recevoir des
plans d’affectation qui ne correspondent
pas à leur taux d’occupation.
De plus, ceux-ci ne sont trop souvent
communiqués que très peu de temps
avant. Un quart des distributeur(trice)s
à temps partiel n’obtiennent le plan
qu’une semaine avant, parfois même
seulement durant la semaine de travail
en cours. Par ailleurs, un tiers des distributeur(trice)s
souhaiteraient travailler
davantage pour améliorer leur
revenu, mais n’en obtiennent pas la
possibilité. Cette situation est source
d’insécurité et de stress. Pour syndicom,
une chose est claire : il faut
prendre des mesures visant à mieux
protéger le travail à temps partiel, afin
qu’il tienne ses promesses et en vaille
véritablement la peine.
Participer à améliorer la situation des
employés à temps partiel
syndicom a donc décidé de former à
cet effet des groupes de travail régionaux.
En deux ou trois séances au
maximum, nous voulons développer
des solutions pragmatiques en collaboration
avec les distributeurs et facteurs
concernés, afin de remédier à
cette situation. Les collègues qui travaillent
dans la distribution à La Poste
et qui souhaitent s’engager pour améliorer
le travail à temps partiel peuvent
s’annoncer par e-mail à matteo.antonini@syndicom.ch.
Nous nous réjouissons
de ta participation.
Le temps partiel favorise le retour à
l’emploi après une interruption de
carrière. Mais il comporte des risques.
Les employés à temps partiel sont souvent
mal protégés, leur couverture sociale
moins bonne et leurs possibilités
de perfectionnement réduites.
Christian Capacoel
bit.ly/2vy6fRA
Grève et solidarité
Les rédactions romandes de Tamedia
font preuve de courage et de solidarité
depuis la grève démarrée début juillet.
Car il faut du courage pour dire stop à
un employeur apparemment tout
puissant : contre la suppression du
quotidien Le Matin, contre le licenciement
de 41 collègues et pour une véritable
participation. Suite aux licenciements
des journalistes du quotidien
orange, la solidarité s’est développée
puisque les rédactions des autres
titres se sont ralliées à la grève, qui
reste actuellement suspendue. Les
commissions du personnel de toutes
les rédactions alémaniques et de l’unité
des services éditoriaux se sont aussi
solidarisées avec le mouvement de
grève.
La solidarité active déplaît aux
puissants. La loi instituée en France
pour sanctionner l’engagement en faveur
de migrants sans permis de séjour
le montre. Le 6 juillet, le Conseil
constitutionnel en a invalidé une partie
: les personnes qui apportent leur
aide à des migrants en situation irrégulière
sans contrepartie ne peuvent
pas être condamnées. La décision se
fonde sur le principe de « fraternité »
figurant dans la devise de l’Etat français.
La solidarité est plus indispensable
que jamais, au niveau du syndicat,
dans les entreprises et sur le plan
international, lorsqu’il s’agit de s’engager
pour des personnes en détresse.
Stephanie Vonarburg, responsable du secteur
Presse et médias électroniques et membre du CD

20
Le monde
du travail
« Au bout du compte, Tamedia s’est servi de la classe
politique pour mettre fin à la grève. » Christian Capacoel
La machine à gagner Tamedia
face à une tempête généralisée
Tamedia se distingue par son attitude impitoyable. Comme visà-vis
du Matin. Les imprimeurs veulent aussi être entendus.
Pour les grévistes des rédactions Tamedia
en Suisse romande, c’était un
moment d’espoir. Réunis en assemblée,
ils venaient d’accueillir Nuria
Gorrite, présidente du Conseil d’Etat
vaudois, et son collègue Philippe
Leuba, chef du Département de l’économie
publique, qui avaient proposé
leur médiation dans le conflit. Après
trois jours de grève menée sous la menace
des licenciements, la médiation
proposée par les représentants politiques
semblait constituer une bonne
option. Bien que les grévistes ne l’aient
pas demandée.
Les politiques se montraient très
confiants. Ils affirmèrent aux collègues
que c’était la seule chance de
trouver une solution à l’amiable. Les
grévistes ont donc accepté la médiation
et suspendu la grève, dans l’espoir
que sous l’influence des représentants
du Conseil d’Etat, Tamedia reprendrait
les négociations au lieu
d’imposer des solutions unilatérales.
Tamedia joue avec le gouvernement
vaudois
Tamedia avait promis d’annuler les
licenciements jusqu’à la fin de la médiation
et de renoncer à des représailles.
Une promesse qui n’aurait certainement
pas empêché la fermeture
ni le démantèlement, mais qui aurait
au moins permis aux collègues de toucher
leur salaire pendant un ou deux
mois de plus. Or l’entreprise s’est
montré intraitable lors des négociations.
Tout comme durant la procédure
de consultation qui avait précédé la
grève, l’éditeur a campé sur ses positions
et n’a voulu envisager aucune alternative
à la suppression du Matin,
appelé à être remplacé par une modeste
rédaction en ligne. La perte de
34 millions de francs accumulée ces
dix dernières années serait trop importante,
affirme Tamedia, qui a donné
l’impression de ne pas pouvoir se
permettre de garder Le Matin. C’est
faux. Les bénéfices de Tamedia durant
la même période s’élèvent à près
de 1,5 milliard.
L’argent ne manque pas
Par conséquent, l’argent ne manque
pas. De l’argent qui permettrait d’alimenter
un bon plan social ou de gagner
suffisamment de temps pour des
négociations, au lieu d’aggraver le
conflit de façon impitoyable. Tamedia
a quitté sans préavis la médiation initiée
par le gouvernement vaudois, affirmant
qu’il ne voyait aucune nécessité
à poursuivre la discussion. L’éditeur
a prétendu qu’il n’y avait pas d’alternative
et que la médiation n’était pas
adaptée à la branche des médias. Tamedia
essaye maintenant de valider
les licenciements et d’imposer des réductions
de salaire aux grévistes. Les
clarifications juridiques sont en cours.
Au bout du compte, on a l’impression
que Tamedia s’est servi de la classe politique
pour mettre un terme à la grève.
Les conflits se multiplient chez
Tamedia
Les rédactions bernoises du Bund et
de la Berner Zeitung, qui doivent elles
aussi s’attendre à des licenciements
en raison du regroupement des rubriques
nationales, ont fait front commun
dans une lettre. Tamedia a réagi
et a tenté de réprimer cette initiative.
Sans succès. Les collègues du Tages
Anzeiger à Zurich se rendent compte
qu’ils pourraient également être touchés.
Le 8 août, Tamedia a annoncé son
intention de supprimer 31 postes dans
les services de production zurichois et
bernois.
Les imprimeurs agissent et réclament
le retour du CCT
Les imprimeurs vont plus loin. Ils exigent
de l’éditeur qu’il se soumette à
nouveau au contrat collectif de travail
(CCT) de l’industrie graphique. Tamedia
ne veut pas en entendre parler.
Les collègues des centres d’impression
de Berne, Zurich et Bussigny
ont donc organisé dans l’entreprise
une action au cours de laquelle ils ont
arboré des casquettes rouges avec le
slogan « Sans CCT, pas de protection ».
Tamedia n’a pas réagi.
Les collaborateurs des trois centres
d’impression ont donc alerté conjointement
l’opinion publique. Ils ont organisé
des pauses de protestation et
enjoint la direction à apposer sa signature
sur un CCT symbolique géant. Les
chefs ont fait la sourde oreille. Plus de
120 collègues ont en revanche signé
les contrats symboliques, accompagnés
de leurs photographies.
Ils ont lancé un signal qui a été remarqué.
L’événement a été relayé à la télévision,
à la radio et dans plus de 30 articles
de presse, ce qui a conforté les
imprimeurs dans leur décision de médiatiser
leur combat. Tamedia a désormais
une nouvelle possibilité de démontrer
sa volonté de désamorcer le
conflit.
Christian Capacoel
L’argent de Tamedia pourrait alimenter un bon plan social. (© syndicom)
bit.ly/2MbgANG

« Si nous ne voulons pas connaître le sort des chauffeurs indiens,
nous devons contrer le modèle d’affaires Uber. » Dominik Fitze
21
Nouveaux emplois :
l’exemple des
chauffeurs indiens
La gig economy (« économie des petits
boulots ») se mondialise. Les travailleurs
y proposent leurs prestations via
des plateformes comme Uber. Présentées
comme travail indépendant, ces
offres font miroiter de bons revenus.
Mais la réalité est tout autre.
Créées à grand renfort de fonds
d’investissement, les plateformes promettent
de gagner beaucoup d’argent
en quelques heures seulement. En
Inde, Uber promettait aux chauffeurs
un revenu équivalent au salaire de la
classe moyenne. Des centaines de milliers
de citoyens ont ainsi contracté un
crédit pour acheter une voiture et un
smartphone. Mais bientôt, Uber s’est
mis à prélever plus de 30 % du chiffre
d’affaires des chauffeurs sous forme
de taxes, et les prix ont été baissés. Au
lieu des 50 francs promis, les chauffeurs
ne gagnaient plus que 5 francs
par jour. Alors qu’Uber a empoché l’an
passé 300 mio de francs de bénéfice
dans ce pays.
La résistance s’est formée. En mars
dernier, 100 000 chauffeurs Uber ont
débrayé en Inde durant plusieurs
jours. De nouvelles grèves ont eu lieu
en juin. Uber refuse pour l’heure tout
compromis. Le modèle d’affaires Uber
existe aussi en Europe et en Suisse.
C’est un défi de taille auquel nous devons
répondre en tant que syndicat si
nous ne voulons pas connaître le
même sort que les chauffeurs indiens.
Dominik Fitze, secrétaire central Jeunesse
CarPostal renonce aux clientstests
et à leurs avis inéquitables
Les clients-mystère, qui permettent le contrôle personnalisé et
caché des chauffeurs, sont un système de mesure arbitraire.
En Suisse, les chauffeurs de bus et de
cars sont particulièrement concernés
par le test caché de leurs prestations.
Depuis dix ans, CarPostal a engagé
près de 200 clients-tests, ou clientsmystère,
pour évaluer la qualité du
personnel de conduite. A l’aide d’une
liste de critères détaillés, ces personnes
jouant les clients incognito
sont rétribuées pour répondre à une
série de questions portant sur le style
de conduite, le comportement ou l’apparence
des conducteurs.
Pratique dénoncée de longue date
CarPostal renonce désormais à cette
pratique jugée fâcheuse par syndicom
et dénoncée de longue date. En effet,
les résultats de l’enquête parvenaient
souvent des semaines ou des mois
plus tard au personnel concerné, qui
n’était plus à même d’en comprendre
la signification. syndicom critiquait
aussi le caractère peu professionnel
du dépouillement statistique. Le personnel
était d’autant plus mécontent
que ce système de mesure inéquitable
et arbitraire était utilisé comme critère
pour fixer d’éventuelles augmentations
salariales individuelles.
Au printemps 2016, l’Office fédéral
des transports a lui-même introduit
un nouveau système de clients-mystère
au sein des entreprises publiques
de transport régional de plusieurs
cantons suisses (Berne, Fribourg,
Jura, Neuchâtel, Saint-Gall, Thurgovie
et les deux Appenzell). Les autres cantons
devaient y être intégrés jusqu’en
juillet. Le but était d’évaluer entre
autres la ponctualité, la propreté et
l’information aux usagers. Le syndicat
du personnel de transport avait dénoncé
cette pratique dans les gares. Il
critiquait un moyen de pression sur
les entreprises de transports publics,
à qui la Confédération et les cantons
demandent d’optimiser leurs coûts.
Employés à impliquer
Pour certains auteurs, les clients-mystère
ne sont pas un véritable outil de
management si le résultat des enquêtes
est perçu comme inéquitable
par les employés, s’ils ne sont pas impliqués
dans la démarche ou s’ils
portent sur des aspects secondaires.
D’autres les assimilent à des méthodes
de contrôle des comportements.
En Suisse, les personnes engagées
comme clients-mystère sont souvent
de faux indépendants inscrits sur des
plateformes de groupes internationaux.
Certains n’ont aucune garantie
d’être employés concrètement.
Sylvie Fischer
Les appréciations des clients-mystère avaient une incidence sur les mesures salariales. (© La Poste)
bit.ly/2vFch2K

22 Politique
Pas touche aux mesures
d’accompagnement !
La majorité bourgeoise du
Conseil fédéral joue la mauvaise
carte : l’UDC et le PLR
se servent des négociations
avec l’UE pour attaquer les
salaires et les conditions de
travail en Suisse. Or les ennemis
des salaires corrects,
des conventions collectives
de travail et des contrôles du
marché du travail ne se
trouvent pas à Bruxelles,
mais à la Bahnhofstrasse à
Zurich et au Parlement à
Berne.
Texte : Bo Humair
Photo: Schweizerisches Sozialarchiv
Une fois de plus, on nous rebat les
oreilles avec les présumées pressions
de Bruxelles, les « lignes
rouges » et le démantèlement des
mesures d’accompagnement. Or la
vérité est la suivante : la bataille sur
les mesures d’accompagnement n’a
pas grand-chose à voir avec l’UE,
mais tout à voir avec la politique intérieure
et les profits des grandes
entreprises. Car ce n’est pas à
Bruxelles que se trouvent les ennemis
des salaires corrects, des
conventions collectives de travail et
des contrôles du marché du travail
en Suisse, mais à la Bahnhofstrasse
à Zurich et au Parlement à Berne.
L’UE n’a jamais rien exigé de tel
Le ministre PLR Johann Schneider-
Ammann souhaite assouplir sur
sept points les mesures visant à protéger
les travailleurs et travailleuses
en Suisse contre la tricherie salariale
et sociale. C’est ce qui ressort
de papiers confidentiels de son département.
Prétendument à titre de
concession à l’égard de l’UE. Or
l’Union européenne n’a jamais rien
exigé de la sorte. Jusqu’au jour où le
ministre libéral des Affaires étrangères
Ignazio Cassis a jeté en pâture
les mesures d’accompagnement,
sans nécessité et contre la décision
du Conseil fédéral.
Le secrétaire d’Etat Robert Balzaretti,
chargé des négociations avec
l’Union européenne, relève que la
protection suisse des salaires n’est
pas même encore à l’agenda des négociations
sur l’accord-cadre avec
l’UE, qui devrait être conclu d’ici la
La protection
suisse des salaires
même pas encore
à l’agenda des
négociations
fin de l’année. Pour un nombre
croissant de pays de l’UE et de partis
européens, les mesures suisses
pourraient même servir d’exemple
dans la campagne électorale européenne
de 2019. Récemment, les
Etats membres de l’UE ont même
approuvé un renforcement de la directive
sur les travailleurs détachés
au sein de l’Union européenne. Elle
se rapproche désormais fortement
du principe défendu par les syndicats
de verser des salaires suisses
pour le travail réalisé en Suisse.
Le conseiller fédéral Schneider-Ammann
a néanmoins souhaité
rencontrer les employeurs, les cantons
et les syndicats pour évoquer la
révision des mesures d’accompagnement,
sous prétexte de les préserver.
Mais il a ensuite laissé
échapper que la règle des huit jours
devrait être jetée aux orties. Cette
règle exige que les travailleurs de
l’UE détachés en Suisse soient annoncés
huit jours avant aux autorités
suisses, afin que les cantons
puissent contrôler leur contrat de
travail. Cette pratique permet d’empêcher
des milliers de cas de tricherie
sur les salaires, comme l’atteste
la statistique du SECO. En l’enterrant
officiellement, Schneider-
Ammann a dévoilé ses véritables intentions
de démantèlement social
et de sous-enchère salariale. En
conséquence, l’USS a refusé de
prendre part à ces discussions.
L’affront fort et inattendu de l’USS
Schneider-Ammann enrageait. L’affront
était fort et inattendu sur la
scène politique fédérale. Car les mesures
d’accompagnement constituent
la base du compromis social
sur lequel repose la Suisse depuis le
début du siècle – et qui a lui permis
de s’enrichir.
Notre pays s’ouvrait alors à ses
voisins. Aujourd’hui, il échange
chaque jour avec eux des marchandises
et des prestations pour 1 milliard
de francs. En 2000, le peuple a
accepté les accords bilatéraux 1 et la
libre circulation des personnes. Ces
mesures ont permis d’abolir le sta-

En réalité, la nouvelle directive sur les travailleurs détachés au sein de l’Union européenne
se rapproche fortement du principe de verser des salaires suisses pour le travail réalisé en Suisse,
défendu par les syndicats. Au travers des mesures d’accompagnement, c’est tout ce qui impose
des limites à l’exploitation des travailleurs qui est aujourd’hui menacé.
23
tut indigne de saisonnier et d’autres
solutions de contingentement. Par
un démarchage agressif, la Suisse
avait attiré des centaines de milliers
de travailleurs. Mais ils n’étaient autorisés
à rester que neuf mois par
an, afin d’empêcher leur intégration.
Les familles devaient rester
dans leur pays et tout changement
d’emploi était exclu. C’était la
Suisse des baraquements, des enfants
cachés et des travailleurs sans
droits. En temps de crise, comme
celle du milieu des années septante,
un quart de million de personnes
ont été renvoyées – le chômage a été
exporté.
Sans les syndicats, pas d’accords
bilatéraux
Les syndicats, qui ont longtemps
considéré ces collègues étrangers
comme des concurrents indésirables,
ont défendu par la suite leur
égalité juridique et la libre circulation
des personnes. Sans le soutien
actif des syndicats, les accords bilatéraux
n’auraient pas abouti. En
contrepartie, le Conseil fédéral a dû
introduire des mesures d’accompagnement
visant à empêcher la pression
sur les salaires et le travail au
noir. Le peuple suisse a approuvé le
développement des accords bilatéraux
et leur élargissement aux nouveaux
pays membres de l’UE lors de
différentes votations. Et depuis
2004, les mesures d’accompagnement
ont été renforcées à quatre reprises.
Sans mesures d’accompagnement,
il n’y a plus d’accords
bilatéraux avec l’UE.
L’immigration n’est donc pas
l’enjeu principal des mesures d’accompagnement.
Abstraction faite
de quelques réfugiés, l’immigration
répond avant tout aux besoins des
employeurs. Même en période de
strict contingentement, les patrons
ont toujours obtenu tous les travailleurs
dont ils avaient besoin – si nécessaire
via des marchandages sur
les contingents ou par la corruption.
Les mesures d’accompagnement
sont plutôt un indicateur de la
manière dont le marché du travail
suisse et la société règlent les rapports
entre le capital et le travail.
C’est la paix sociale qui est en jeu
Les saisonniers n’étaient autorisés à rester que neuf mois par an. (© Schweizerisches Sozialarchiv)
C’est pourquoi l’UDC, les grandes
banques, d’innombrables grandes
entreprises, certains lobbys patronaux
et l’aile néolibérale ardente du
PLR, réunie autour de la personne
de Stefan Brupbacher, secrétaire général
de Monsieur Schneider-Ammann,
veulent supprimer les mesures
d’accompagnement. Ils savent
que cela signerait la rupture du
contrat de société suisse, autrement
dit de la paix sociale. Mais ils recherchent
volontairement la
confrontation avec les syndicats
pour leur révolution néolibérale.
Ces néolibéraux veulent maintenir
des salaires bas et des profits élevés
L’UDC a déjà clairement indiqué en
2014 ce qui la dérange dans les accords
bilatéraux. Les étrangers ? Allons
donc ! Ce sont les mesures d’accompagnement,
comme l’a admis
dans le Blick le banquier UDC Thomas
Matter : les contrôles du marché
du travail, les entraves au travail
au noir, les contrôles des partenaires
sociaux et tripartites exercés
sur le marché du travail. Matter
combat ce qui impose des limites à
l’exploitation des travailleurs.
Avenir Suisse, le thinktank des
grandes entreprises, déplore le
nombre croissant des salaires minimaux
– ces néolibéraux veulent
maintenir un segment à bas salaires
le plus juteux possible. Raison pour
laquelle Avenir Suisse a exigé le démantèlement
radical des mesures
d’accompagnement.
Ce n’étaient là que des prémices.
Brupbacher organise désormais
l’offensive de la droite avec un
certain nombre de représentants
patronaux. L’UDC s’est d’abord
plainte de la multiplication des
conventions collectives de travail.
Ensuite, Ignazio Cassis est entré
en jeu, puis a été secondé par un
Johann Schneider-Amman qui
n’avait semble-t-il pas été consulté.
Les syndicats doivent empêcher
deux choses : la rupture sociale,
mais aussi la régression nationaliste.
Le piège est d’ores et déjà
posé.
https://bit.ly/2BvO9pl

24 50 questions et 100 tentatives d’y répondre :
le projet d’avenir du magazine syndicom
Créons notre futur !
Les futurologues prédisent que les dix prochaines
années transformeront davantage le
monde que les 100 dernières années. Ils ont
probablement raison.
Mais le futur a commencé depuis longtemps.
Ensuite, le changement en cours n’a
rien d’irrémédiable – il se construit. Verrat-on
les algorithmes et les robots détruire le
travail rémunéré et donc la prospérité et la
sécurité, ou au contraire offrir plus de temps
libre, de justice sociale et de nouvelles possibilités
d’épanouissement ? Cela se décide en
ce moment même dans les conseils d’administration
et les palais gouvernementaux.
Les rapports de force économiques et politiques
décident comment nous utilisons la
technique, mais aussi les visions sociales et
notre disponibilité à mener si nécessaire de
très durs combats pour façonner le futur.
Partant de l’histoire des syndicats et du
mouvement ouvrier, nous savons que l’évolution
dépend de nous. Dans les périodes de
grands bouleversement sociaux, nous avons
exercé une forte influence. Nous avons instauré
l’AVS et d’autres assurances sociales,
imposé des horaires de travail réduits et des
vacances plus longues, développé le service
public et obtenu la protection des travailleurs
face à l’arbitraire des employeurs. Ces résultats
ont été atteints grâce à notre capacité à
nous syndiquer. Et à lancer les débats indispensables.
Créons notre futur!
Ce n’est pas différent aujourd’hui. Nous pouvons
construire le futur. Les futurologues,
mais aussi les scientifiques, les entreprises et
parfois même les politiciens appuient leur travail
pour une bonne part sur notre expertise :
sur des enquêtes portant sur les préoccupations
de la population, sur les médias sociaux
notamment.
Nous savons comment mieux organiser le
monde du travail, car nous créons la valeur
économique au jour le jour, avec notre travail.
Nous pouvons empêcher le décloisonnement
des horaires de travail, le vol des données et
les modèles de travail (à domicile) précaires.
Notre expérience nous enseigne comment
organiser la solidarité… et bien plus encore.
Nous nous appuyons sur cette expertise
pour lancer notre projet « Créons notre futur
! ». Nous comptons sur vos compétences et
sur notre intelligence collective.
Dans un premier temps, nous voulons formuler
ensemble 50 questions sur le futur et
100 réponses possibles. Par exemple : comment
le syndicat doit-il se repositionner pour
l’époque numérique ? Quelles revendications
politiques voulons-nous mettre en œuvre ?
Comment éviter de finir en algorithmes sur
deux jambes, en esclaves des données ou en
prolongements humains des robots ? Comment
obtenir plus de justice, d’autonomie et
de solidarité ? Que doit faire le syndicat pour
toi ? Que pouvons-nous faire pour l’égalité et
l’écologie ?
Nous voulons susciter un
brainstorming ouvert et collectif
sur la manière dont
nous voulons vivre et travailler.
Envoyez vos questions,
vos modèles de solutions et
arguments à Redaction@
SYNDICOM.CH.

Droit au but !
25
Questions au service juridique de syndicom
Dans notre entreprise, nous menons une grève avec l’appui
de syndicom. J’hésite à la soutenir, car j’ai lu que la grève
est interdite et je redoute donc de perdre mon emploi si j’y
participe. Des collègues de travail m’ont toutefois assuré
qu’il est permis de faire grève. Pouvez-vous me dire ce qu’il
en est réellement ?
Si je décide de participer à la grève, à quoi faut-il prendre
garde ? A quoi dois-je m’attendre ?
L’employeur peut-il prendre des mesures en cas de
participation à la grève ? On m’a dit que je devais
m’attendre à un licenciement, voire à un licenciement
immédiat .
Réponses
Le droit à la grève est ancré dans
l’art. 28 de la Constitution. La grève
constitue un droit fondamental dont
dispose tout employé. Cependant,
toute forme de grève n’est pas « autorisée
». Plusieurs conditions doivent
être remplies pour qu’une grève soit
considérée comme légale. Elle doit
être soutenue par un syndicat et
concerner les conditions de travail.
D’autre part, la grève est impossible
si la paix du travail est inscrite dans
la CCT. Elle doit aussi constituer le
dernier recours possible et ne peut
donc pas être déclarée à la légère et
sans négociations préalables.
Avant que syndicom ne décide de
soutenir une grève, il vérifie que
toutes les conditions sont remplies.
Si le syndicat soutient une grève,
les employés peuvent être certains
qu’elle est légale. Il faut toutefois
savoir que l’employeur peut refuser
de payer le salaire pour la durée de
la grève. C’est pourquoi syndicom
soutient ses membres grévistes à
l’aide du fonds de grève. L’indemnité
en cas de grève est cependant inférieure
au salaire.
On ne peut jamais complètement
exclure les licenciements, mais l’expérience
montre que cela arrive très
rarement. Si la grève est largement
suivie, le risque de « sanctions » est
d’autant plus faible. Néanmoins, en
cas de licenciements, syndicom garantit
aux membres concernés l’assistance
juridique nécessaire. Les licenciements
sont valables et mettent fin
aux rapports de travail, mais ils sont
considérés – dans la mesure où la
grève est légale – comme abusifs,
respectivement injustifiés dans le cas
de licenciements immédiats. Des indemnités
financières importantes
devraient être versées aux personnes
concernées. Dans de tels cas, syndicom
se charge de les faire valoir.
syndicom.ch/fr/service-des-membres/
magazine/

26 Loisirs
Suggestions
Santé et sécurité au travail
Le client est roi, il faut le satisfaire à
tout prix, même cassé. Toujours
mieux en toujours moins de temps.
Souriez, vous êtes filmé ! Dans un tel
contexte, il est vital de ne pas perdre
trop d’énergie.
Le cours des 1er et 2 octobre intitulé
« Comment faire aboutir ses
demandes sur son lieu de travail »
aborde la manière de les exposer
clairement et de réagir au mieux en
cas de blocage de l’interlocuteur.
Savoir comment s’organise la
protection légale de la santé des travailleurs(euses)
est indispensable
pour pouvoir agir sur son lieu de travail.
Les 25 et 26 octobre, les participants
au cours « Ménager sa santé
au travail : connaissances de base »
apprendront comment s’organise
les questions de santé et de sécurité
dans l’entreprise, le rôle que peuvent
jouer les partenaires sociaux et les
méthodes utilisées pour cerner les
risques (avec Rafaël Weissbrodt).
Pour faire pièce à une xénophobie
attisée par les démagogues de
tous bords, il faut avoir une idée
claire de la politique migratoire
suisse (libre circulation et loi sur les
étrangers), et comprendre les discriminations
qu’elle peut entraîner
pour les personnes concernées.
Les 5 et 6 novembre, Christophe
Tafelmacher (avocat) et Zoltán Doka
(Unia) exposeront l’histoire des
deux volets de la politique migratoire
ainsi que les positions et
revendications syndicales à ce sujet.
Enfin, pour ne pas oublier les
loisirs, un atelier de théorie et pratique
de la photographie numérique
est proposé par Helias les 12 et
13 novembre prochains.
Deux recueils sur la libre
circulation et les salaires
© DR
Unia vient de publier un intéressant
petit livre qui se penche sur la politique
suisse envers les travailleurs
immigrés, du statut de saisonnier,
aboli lorsque son utilité économique
fut mise en doute par l’économie
elle-même, à la libre circulation
des personnes. Alors que la
Suisse négocie avec l’Union européenne
un accord-cadre institutionnel
prévoyant un mécanisme d’arbitrage,
ce recueil, De la politique de
contingentement à la libre circulation
des personnes. Politique migratoire
des syndicats dans la course contre
les discriminations et le dumping
salarial, explique pourquoi les
mesures d’accompagnement ne
peuvent y être intégrées.
Coécrit par l’historien Stefan
Keller et par Vasco Pedrina, qui a
présidé la FOBB, le SIB, puis coprésidé
Unia, cet ouvrage montre que la
libre circulation des personnes était
appliquée en Suisse jusqu’en 1914
et que les syndicats avaient alors
une approche internationaliste.
Mais dans les années 196o, les syndicats
ont justifié des réglementations
discriminatoires, telles que le
statut de saisonnier et la politique
de contingentements.
L’optique est d’appuyer désormais
la libre circulation des personnes
accompagnée de mesures de
protection, celles-là même qui sont
actuellement attaquées par l’UDC et
les conseillers fédéraux Cassis et
Schneider-Ammann.
Le brochure de l’USS Protéger les
travailleurs et les salaires ! revendique
l’augmentation du nombre de
conventions collectives et demande
l’abrogation du quorum de 50 % des
employeurs pour les étendre. Ceux
qui pratiquent la sous-enchère salariale
doivent être exclus, grâce à un
registre professionnel, des contrats
publics et privés.
Le cinéma s’affiche à Pully,
Lausanne et Annecy
© DR
A l’occasion du 70e anniversaire de
la Cinémathèque suisse, le Musée
d’art de Pully s’associe à cette institution
nationale pour une exposition
qui propose une sélection de cent
ans d’affiches de ses collections.
Née en 1948 grâce aux membres
du Ciné-club de Lausanne, la Cinémathèque
suisse est reconnue
comme étant la 6e au monde en
termes de collections, de par l’ampleur
et la variété de celles-ci.
L’exposition, qui a lieu du 13 septembre
au 16 décembre prochains,
s’attache aux centaines de milliers
d’affiches figurant dans sa documentation.
Cet outil promotionnel
retrace les mutations du septième
art et témoigne de son histoire ainsi
que de sa place dans la société.
C’est à une figure de proue du
cinéma d’animation international
et lauréat 2018 du Prix d’honneur
du cinéma suisse, Georges Schwitzgebel,
que le festival de BD « BDFIL »
rendra hommage du 13 au 17 septembre,
au Musée historique de
Lausanne.
Dans un plan-séquence concentrique,
il redonne vie à la célèbre
Bataille de San Romano de Paolo
Uccello (Florence, Offices).
L’exposition réunit croquis, peintures
et vidéos. Elle montre comment
il décompose et recompose le
tableau, lui restituant sa temporalité,
son rythme, son animation.
Autre anniversaire, celui de la
série d’animation Et voilà le Shadok
créée par Jacques Rouxel, commentée
par Claude Piéplu. Ces désopilants
oiseaux à l’humour déjanté
sont entrés en scène pour la première
fois à la télévision française,
le 29 avril 1968 juste après le journal
télévisé. Une de leurs devises : « Je
pompe donc je suis ». Trois autres
séries ont vu le jour en 1970, 1974 et
2000. Les Shadoks pompent au Château
d’Annecy jusqu’au 15 octobre,
ne manquez pas « ShadokOrama » !
syndicom.ch/fr/service-des-membres/
offres-de-formation
A commander gratuitement à
praesidium@unia.ch
bdfil.ch/edition-2018/

1000 mots
Ruedi Widmer
27

28 Evénements En juillet et août 2018, syndicom était actif
aux côtés des travailleurs de l’industrie graphique, qui veulent à nouveau bénéficier
d’une CCT ; auprès des grévistes du Matin et des manifestants de rédactions
associées ; lors de la journée de présentation aux apprentis de Swisscom.
1
3
2
4
5

1, 2 A Zurich, l’action a été bien suivie par les collaborateurs du
centre d’impression Tamedia qui ont manifesté leur volonté
d’être soumis à la CCT. (© Christian Capacoel
3 Au centre d’impression Tamedia de Bussigny (VD), la récolte
de signatures s’est poursuivie jusqu’en début de soirée. (© syndicom)
4, 5 A Berne, les ouvriers du centre d’impression Tamedia ont eu
le plaisir de partager des grillades parallèlement à la récolte de
signatures. (© syndicom)
29
6, 7 Les grévistes et manifestants protestant contre la mort du Matin
sous forme papier et les licenciements qu’elle entraîne ont
remonté l’avenue de la Gare, à Lausanne, en tenant de multiples
pancartes et banderoles dénonçant l’attitude de l’éditeur. (© syndicom)
8, 9 Le 9 août à Berne, syndicom a pu présenter aux apprentis de Swiss com
les avantages qu’offre une adhésion. (© Alexander Egger)
6
7
8
9

30
Tranches
de vie
Van Tuan Tran
La chance d’un apprentissage tout neuf
Né en 1981 à Wittenbach (SG), Van Tuan
Tran fait tout d’abord un apprentissage
de peintre en carrosserie et travaille
trois ans dans cette branche. Il effectue
ensuite une formation interne de
conseiller en prévoyance pour Swisslife
et travaille dans cette entreprise
jusqu’en 2009. Il part alors au Vietnam,
où il a de la parenté et où il connaîtra
sa femme. De retour en Suisse, il travaille
comme temporaire au conditionnement
dans l’entreprise Sika, jusqu’au
licenciement de tous les temporaires.
En juin 2012, il rejoint Cablex en tant
qu’aide à la jonction de câble à fibres
optiques. Il entreprend en 2015 l’apprentissage
d’électricien de réseau
spécialisé en télécommunication, qu’il
vient de terminer cet été.
Texte : Sylvie Fischer
Photo : Tom Kawara
La nouvelle génération
d’apprentis bénéficiera
d’un règlement des
frais plus équitable.
Je me suis intéressé au métier d’électricien
de réseau, qui constituait
pour moi un second CFC, car il
s’agissait d’un apprentissage tout
nouveau, qui venait d’être renouvelé
il y a quatre ans. J’ai pensé que c’était
une chance de s’ouvrir des perspectives
d’emploi futures. Désormais,
les électriciens de réseau peuvent
choisir de se spécialiser dans les domaines
de l’énergie, des télécommunications
– ce que j’ai choisi – ou des
lignes de contact. On apprend à poser,
monter et entretenir des lignes
en câbles à courant faible ou fort, des
câbles de transmission de données,
et à monter et entretenir des lignes
aériennes, ce que je n’ai fait que
durant l’apprentissage. On apprend
aussi à monter des stations transformatrices
ou de couplage, des éclairages
publics ou lignes de contact
des transports publics, en bref, tout
ce qui a à voir avec le courant se fait
durant ces trois ans. Cela m’a plu
d’avoir un survol de tous les secteurs
de la branche. Ainsi, je comprends
mieux les liens qui existent entre
l’organisation de ces différents domaines.
J’ai juste été dispensé des
cours de formation générale grâce à
mon précédent apprentissage.
Aujourd’hui, je travaille dans le
domaine LWL (Licht-Wellen-Leiter/
guides d’ondes lumineuses) à la
jonction de câble à fibres optiques.
Ma tâche consiste à relier des fibres
optiques avec d’autres fibres. Il s’agit
de la technologie la plus récente
pour le transfert de données numériques,
qui permet le débit de données
le plus élevé. La diversité du domaine
des télécommunications me
plaît tout particulièrement dans mon
travail.
Je recommanderai ce métier très
intéressant à un jeune, bien qu’il soit
difficile, car on est amené à intervenir
dans toute la Suisse et parfois de
nuit, ou à l’extérieur, par tous les
temps.
Je suis membre de syndicom depuis
le début de mon apprentissage,
car je voulais améliorer la situation
des apprentis. A cette époque, les
autres travailleurs touchaient
350 francs de frais, et les apprentis
seulement 175 francs.
Nous avons travaillé trois ans
avec le syndicat. Nous sommes allés
trouver le CEO de Cablex, Daniel
Binzegger, et comme les apprentis
sont un jour par semaine aux cours
professionnels, cela me semblait
équitable qu’ils aient droit à 80 % des
frais. C’est désormais chose faite
avec la nouvelle CCT et les apprentis
en profitent dès août.
Sans l’aide de syndicom, qui a organisé
les discussions avec Cablex,
nous n’y serions pas parvenus.
D’autres points ont progressé, qu’il
s’agisse du congé paternité, des jours
fériés ou des salaires. J’ai convaincu
des collègues de se syndiquer, car si
on ne s’unit pas, on n’obtient rien.
Les apprentis reçoivent bien plus
de soutien et d’aide du syndicat que
ce qu’ils paient.
electricien-de-reseau.ch

18
Impressum
Rédaction : Sylvie Fischer, Giovanni Valerio,
Changements d’adresse : syndicom, gestion
Marc Rezzonico, Marie Chevalley
des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,
Mots-croisés Courriel : redaction@syndicom.ch Syndicom août 2018 3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17
Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser Annonces : priska.zuercher@syndicom.ch
Relecture allemand : Rieke Krüger
Commande d’abonnements : info@syndicom.ch
Illustrations, Mot dessins mystère de : portrait : Katja Leudolph Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation
Images sans © : mises à disposition
de membre. Non-membres : Fr. 50.– (Suisse),
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Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG, Berne Fr. 70.– (étranger)
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Syndicom août 2018
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DÉFINITIONS
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Editeur : syndicom – syndicat des médias
et de la communication, Monbijoustr. 33,
case postale, 3001 Berne
Le magazine syndicom paraît six fois par an.
DÉFINITIONS
Le numéro 8 paraîtra le 9 novembre 2018.
Délai rédactionnel pour le prochain numéro :
Horizontalement 1er octobre 2018. : I. Réclamation. II
Enflammé. Trace. III. Voyage en
planeur. Pause. Gomme hollandaise.
IV. Il a sa chanson. Secrétaires. V. Bois
d'eau. Mène à la baguette. Premier.
Dans le vent. VI. Terre d'eau. Parfois
de surprise. Rajout. Ligne de partage.
VII. T'appartient. Beaucoup. Âme
d'Osiris. Patron des indépendants. VIII.
Ordre chinois. Encaissés en
montagnes. IX. Travailleurs invisibles.
Provenance. X. Répartition. Garrottées.
Plein quand ça va vite.
Verticalement : 1. Vraiment acceptable
à 67 ? 2. Enveloppa. Assimilé. 3.
Justifie la peine. Unité de l'univers. 4.
Du pouce à l'auriculaire. Tellement. 5.
Particule japonaise. Mortifia. 6. Début
du duodénum. Note. 7.
Indépendantistes. Redistributif. 8.
Arrêtes. Pomme. 9. Début de fin de
messe. Quel cirque ! 10. Alimente le
four. La dette ou la rétribution. 11.
Entrée de prise. Déshabillés. Pompe
républicaine. 12. Théâtre couvert. Pas
les autres. 13. Couveuses. Freins. 14.
Horizontalement : I. Réclamation. II
Enflammé. Trace. III. Voyage en
9 VIII 10 11 12 13 14 15 planeur. Pause. Gomme hollandaise.
IV. Il a sa chanson. Secrétaires. V. Bois
IX
d'eau. Mène à la baguette. Premier.
Dans le vent. VI. Terre d'eau. Parfois
Avant Les moi. mots Pour croisés plus de 18 ans. Appuie
de surprise. Rajout. Ligne de partage. l'approbation. Le(la) gagnant(le), 15. Payiez. dont le nom paraîtra
VII. T'appartient. Beaucoup. 1 Âme
dans le prochain magazine, recevra une
d'Osiris. Patron des indépendants. VIII.
Hotelcard de notre partenaire Hotelcard.
Mot mystère :
Ordre chinois. Encaissés en
DÉFINITIONS
montagnes. IX. Travailleurs invisibles. Prière d’envoyer votre solution (le mot-
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
5
Provenance. X. Répartition. Garrottées. Horizontalement mystère : I. seulement) Réclamation. jusqu’au II 16 octobre
DÉFINITIONS
Plein quand ça va vite.
Enflammé. à Rédaction Trace. III. syndicom, Voyage en Monbijoustrasse
33, case postale, 3001 Berne.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 planeur. Pause. Gomme hollandaise.
IV. Il a sa chanson. Secrétaires. V. Bois
Horizontalement : I. Réclamation. II Verticalement : 1. Vraiment acceptable d'eau. Mène à la baguette. Premier.
Enflammé. Trace. III. Voyage en à 67 ? 2. Enveloppa. Assimilé. Dans 3. le vent. Le gagnant VI. Terre d'eau. du dernier Parfois
4
mots croisés
de surprise. Rajout. Ligne de partage.
planeur. Pause. Gomme hollandaise. Justifie la peine. Unité de l'univers. 4.
VII. T'appartient. La solution Beaucoup. du mots Âme croisés du
IV. Il a sa chanson. Secrétaires. V. Bois Du pouce à l'auriculaire. Tellement. d'Osiris. 5. Patron magazine des indépendants. syndicom VIII. 6/2018 était
d'eau. Mène à la baguette. Premier. Particule japonaise. Mortifia. 6. Début Ordre chinois. Encaissés en
« VALEUR ».
Dans le vent. VI. Terre d'eau. Parfois du duodénum. Note. montagnes. 7. IX. Travailleurs invisibles.
5
Provenance. Le X. gagnant Répartition. est Garrottées. Monsieur
de surprise. Rajout. Ligne de partage. Indépendantistes. Redistributif. 8.
Plein quand Christian ça va vite. Favre, de Riddes.
VII. T'appartient. Beaucoup. Âme Arrêtes. Pomme. 9. Début de fin de
2
d'Osiris. Patron des indépendants. VIII. messe. Quel cirque ! 10. Alimente Verticalement Il recevra
: 1. Vraiment
une carte
acceptable
cadeau de 40 francs,
Ordre chinois. Encaissés en four. La dette ou la rétribution. à 67 11. ? 2. offerte Enveloppa. par notre Assimilé. partenaire 3. Coop.
3
Justifie la peine.
montagnes. IX. Travailleurs invisibles. Entrée de prise. Déshabillés. Pompe Chaleureuses
Unité de l'univers.
félicitations
4.
!
Du pouce à l'auriculaire. Tellement. 5.
Provenance. X. Répartition. Garrottées. républicaine. 12. Théâtre couvert. Particule Pas japonaise. Mortifia. 6. Début
Plein quand ça va vite.
les autres. 13. Couveuses. Freins. du 14. duodénum. Note. 7.
Indépendantistes. Redistributif. 8.
Avant moi. Pour plus de 18 ans. Appuie
Arrêtes. Pomme. 9. Début de fin de
Verticalement : 1. Vraiment acceptable l'approbation. 15. Payiez. messe. Quel cirque ! 10. Alimente le
à 67 ? 2. Enveloppa.
1
Assimilé. 3.
four. La dette ou la rétribution. 11.
Justifie la peine. Unité de l'univers. 4.
Entrée de prise. Déshabillés. Pompe
républicaine. 12. Théâtre couvert. Pas
Du
Annonce
pouce à l'auriculaire. Tellement. 5.
les autres. 13. Couveuses. Freins. 14.
Particule japonaise. Mortifia. 6. Début
Avant moi. Pour plus de 18 ans. Appuie
du duodénum. Note. 7.
l'approbation. 15. Payiez.
1
Indépendantistes. Redistributif. 8.
Arrêtes. Pomme. 9. Début de fin de
messe. Quel cirque ! 10. Alimente le
four. La dette ou la rétribution. 11.
Entrée de prise. Déshabillés. Pompe
républicaine. 12. Théâtre couvert. Pas
les autres. Offre 13. Couveuses. spéciale
Freins. 14.
Avant moi. Pour plus de 18 ans. Appuie
l'approbation. 15. Payiez.
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Taxe annuelle CHF 10.- offerte
-4.5
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cts par litre
+41 (0)58 817 18 18 - mail@syndicom.ch
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32 Interactifs
syndicom social
En tête du hit-parade sans vendre un seul CD ! 3.8.2018
La chanson « 079 » des Bernois Lo & Leduc a battu le
record de DJ Bobo en restant vingt semaines en tête du
hit-parade helvétique. Et pourtant, les deux rappeurs ne
vendent aucun disque. Tout s’est passé sur les médias
sociaux, de smartphone à smartphone.
L’IA ne comprend pas encore le foot 15.7.2018
Goldman Sachs avait utilisé l’intelligence artificielle pour
prédire qui devait gagner la Coupe du monde 2018. Le
vainqueur aurait dû être... le Brésil. Raté !
Le post le plus lu 31.7.2018
du mois de juillet est…
Le Matin.ch: Apple franchit
un record à Wall Street 3.8.2018
Apple a marqué l’Histoire de Wall
Street jeudi en devenant la première
entreprise privée au monde à
dépasser le cap des 1000 milliards
de dollars en Bourse, une étape
couronnant plusieurs décennies de
créations qui ont révolutionné notre
rapport à la technologie.
Notre publication Facebook « Les rédactions
romandes de Tamedia se mettent en
grève », du 3 juillet, a été lue plus de
3000 fois. Merci !
Viviane Hösli @VivianeHoesli 3.8.2018
@syndicom_de
Mon père doit-il renouveler son abo au
Tagi ou s’en passer par solidarité avec
les employés de #Tamedia? Reconduire
l’abo avec un mail de protestation.
#ENOUGH18 25.7.2018
Réserve la date du 22.09.2018 et suis le
hashtag #enough18 ! Ce jour-là, grande
manifestation à Berne pour revendiquer
la tant attendue parité salariale ! Nous y
serons à tes côtés et si tu es membre,
les transports publics te seront offerts !
Sergio Ferrari @sergiooferrari 26.7.2018
Solidarité avec les licencié(e)s de l’agence de presse
TELAM ! Protestation de syndicom adressée au président
argentin.
@inside_sda @syndicom_fr @syndicom_de @CTAGlobal.
syndicom @syndicom_de 26.7.2018
Cherchons pour le 1er novembre ou à
convenir un(e) collaborateur(trice) du
service juridique à 50-60 %.
syndicom.ch/ueberuns/offen… #Stellenangebot
#job #syndicom
syndicom.ch: Le travail 31.7.2018
à temps partiel est stressant
Notre sondage (1000 participants !)
le révèle : le travail à temps partiel
exige une grande flexibilité et suscite
du stress. Les distributeur(trice)s
et les facteur(trice)s
engagés à temps partiel souffrent
de sous-occupation et d’incertitude
en matière de planification.
1918.ch « Centenaire de la Grève générale » 25.7.2018
Olten est le centre d’un grand événement théâtral plurilingue
cet été, dont le nom est 1918.CH – Centenaire de
la grève générale ! Les représentations ont lieu du 16 août
au 23 septembre 2018, dans les anciens ateliers principaux
CFF d’ Olten.
Un Google Search censuré pour 3.8.2018
la Chine ?
Le géant américain veut revenir en Chine
après huit ans d’exil et semble prêt à se
plier aux exigences des autorités chinoises.
Mais ceci est contraire à son slogan originel
« Ne soyez pas malveillants » et provoque
des conflits à l’interne.