La_Femme_de_France__bpt6k5522078b

ecourra à une toilette (pratique ensuite pour une sauterie) en
moire bleu pâle avec ceinture et gants d'un autre ton de bleu, assortisà
la petite toque bleue. La fillette vêtue, elle aussi, en bleu pâle (mousseline
dé soie brodée ton sur ton,froncée sur un fond bleu pâle), portera,
traduits en deux noeuds de col et de ceinture, les mêmes rappels dé
bleu plus sombre. Et son bouquet rond sera en myosotis, jacinthes ou
hortensias.
Pour un autre cortège on choisira d'autres tons. Pour la mère de la
mariée un tailleur de velours marron à jaquette longue, avec revers et
manchon en zibeline ou vison, toque assortie ; pour la soeur aînée ou
la jeune tante, une robe de satin blond avec ceinture assortie, en velours,
et pour la demoiselle d'honneur, une robe jaune primevère à minuscules
broderies, avec ceinture et gants d'un brun complémentaire.
Quant à la toilette de la mariée, tout son chicrésidedans le drapé croisé
du corsage et dans la souplesse de la jupe formant traîne.
Le problème du voile, qui chaque fois se pose est chaque fois résolu.
Un diadème de fleurs
d oranger mêlées à des
feuillages givrés est classique
autant qu'un bandeau
de petites perles fines. La
torsade de perles ou de pétales
encadre avec douceur
le visage. L'abandon total
delà fleur d'oranger comme
garniture a été si stupide
qu'il n'a pas duré* et que
les guirlandes de ces fleurs
si douces recommencent à
garnir les encolures et les
ceintures.
D'autres accessoires
comme le missel sont revenus à la mode. Il est touchant d'ailleurs
que le missel transmis de mère en fille reparaisse avec son ivoire un
peu jauni, sa nacre un peu altérée par le temps.
A propos de ce rappel du passé, on a pu lire dans certains comptés
rendus dé mariages élégants que la mariée, dans certains cas, avait, grâce
à un retour de la mode, pu porter la robe que portait sa mère, voire
sa grand'mère.
Si l'on voit le pittoresqued'une telle toilette, on en mesure aussi le
danger. Une robe qui a dormi vingt ans dans un carton a beau être
encore à la mode, elle ne peut l'être sans que l'on songe à une reconstitution.
terrain Elle force l'attention et le regard et place la cérémonie sur un
par trop mondain et sophistique.
Si la mariée doit à tout prix porter une
des toilettes maternelles,
une robe dé bal retrouvée dans une commode lui donnera le même
plaisir et ne jettera pas une ombre sur la cérémonie.
Pour les toilettes que revêt la jeune fille en route vers son voyage
de noces elles ont perdu leur caractère par trop nettement attendrissant
et qui désignait clairement le couple à la curiosité parfois, indiscrète
des employés de train et d'hôtel. Un tailleur jeune et pratique en beau
lainage rouille ou vieux bleu, ou gris mélangé ; un manteau de fourrure
en agneau des Indes ou ragondin, jeté sur le bras ; un petit feutre,
de beaux bagages sans éclat : en voilà assez pour commencer sous les
auspices du goût et de l'opportunité le voyage de la vie. En simplifiant
toilette et bagage on supprime bien des inconvénients. D'ailleurs, quel
couple ne préfèreà l'admiration, fût-elle la moins indiscrète, le tendre
agrément de passer inaperçu ?
COLINE.