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Comment profiter
des vacances hivernales.
Joies et peines
du ski
DEPUIS quelques semaines déjà la neige
couvre les montagnes. Peu à peu,
elle descend, nivelle bosses et
replis des hauts pâturages, blanchit
les forêts, s'accumule dans les
ruelles des villages. Il est temps de songer
au ski.
Nombre d'entre vous sont skieuses exercées.
Entreprendre un virage ne signifie
plus forcément le terminer dans un inextricable
enchevêtrement de skis, de jambes,
de bras, de bâtons, tandis que retentissent
les cris impérieux : «
Piste.l. Piste », des
skieurs vous frôlant et se retenant d'exprimer
à voix haute leur commisération amusée,
en voyant que.J'étrange araignée qui
obstrue la moitié du : passage est une jeune
et charmante femme.
Jusqu'ici, sans doute, avez-vous surtout
suivi les pentes durcies avoisinant téléphériques
et monte-pentes. Excellente méthode
d'entraînement mais qui vous a fait goûter
une faible partie des joies du ski. Faire du
ski, c'est parcourir la montagne toute
entière : forêts, déserts blancs des hauts
alpages, crêtes ourlées de corniches. Vaste
monde auprès duquel les pistes jalonnées
et étiquetées de la basse montagne semblent
bien petites, à peine plus grandes que la
patinoire où tournent les couples dans la
musique du haut-parleur.
Cette exploration de l'Alpe vous donnera
plus de joies, vous coûtera plus de peines
aussi, que le parcours répété d'une piste
familière. Avec deux, trois amies, vous serez
seules, pendant des heures, exception faite
de la fugitive rencontre de quelque caravane.
Pendant des heures, vous monterez
dans la forêt d'abord, puis dans la succession
des conques pleines d'ombre ou luisantes
de soleil, où apparaissent les taches
brunes des chalets isolés, à demi enfouis
sous la neige. La dernière arête, durcie par
le vent, vous obligera peut-être à laisser
vos skis plantés dans la neige, puis à monter
avec l'appui des cannes, frappant du
pied à chaque pas le sol gelé pour ne pas
glisser. Une fois en haut, même si le sommet
atteint n'a qu'une médiocre altitude, vous
dominerez le monde blanc, vous serez chez
les dieux, avec vos meilleurs amis : le soleil,
la neige et toutes les cimes des alentours.
Pour jouir de cette vie libre et sportive,
votre équipement sera moins simplifié que
le vêtement habituel des skieuses de descente
pure. Le fin pull-over ou le mouchoir
bariolé reliant le pantalon à un collier de
perles de bois, costumes ordinaires sur la
piste, seront renforcés par une vareuse de
drap ou une windjack. Un chapeau garantissant
de la neige et du soleil, dés moufles
de laine et de toile, un foulard ou mieux une
cagoule protégeant le cou et les oreilles du
vent, prendront place dans votre sac. Vous
n'oublierez pas des peaux de phoque, un
nécessaire de réparation pour les skis et
quelques provisions. N'exagérez pas Ces
dernières : des biscottes, du chocolat, une
poignée de fruits secs, deux oranges suffisent
amplement, n'encombrent pas et pèsent peu.
L'exercice du ski s'accommodemal de repas
trop copieux.
Le choix de l'itinéraire peut avoir une
réelle ^ influence sur la joie retirée de la promenade.
Trois ou quatre heures de descente,
à skis, sur de la croûte cassante, puis
à pied dans un sentier caillouteux et vergla;
é, en songeant que la montée s'est faite
entièrement sur une neige excellente, révéleront
très vite les défauts de caractère des
membres de la caravane... les
vôtres y
compris. Ayez donc soin, pour conserver
une parfaite égalité d'humeur, de choisir
le moins bon chemin pour l'itinéraire de
montée et de tracer la piste de descente sur
la neige la meilleure.
Le ski de tourisme en moyenne montagne
peut se pratiquer par tous les temps.
Fait-il beau ?
Vous partez pour les sommets
lointains. Le ciel est couvert, il neige.
Evitez alors les alpages déserts où fait rage
la tourmente, suivez les ail es de la forêt.
Le vent y est nul, la neige tombe sans bruit,
couvrant les branches des sapins qui se
débarrassent parfois, d'un large balancement,
de leur manteau trop lourd, couvrant
la trace étrange du lièvre, comme celle de
l'écureuil et du renard, couvrant aussi
votre propre piste. Qu'importe! routes et
sentiers montrent leur ligne blanche à travers
les arbres, la forêt vous protège du vent,
de la poudrerie aveuglante et des avalanches.
Vous déjeunez, assises sur une pile de bois
fraîchement coupé, à peine abritées par les
branches d'un grand sapin. Le soir, vous
revenez, par cette route ou par une autre,
retrouvant au village les skieuses de piste
qui, redoutant la neige lourde... et peut-être
aussi le manque de spectateurs, ont passé
à l'hôtel, à s'ennuyer, une des journées de
leurs vacances.
Jalek. f
P.-S. —
Notre collaboratriceest à la disposition
des lectrices de La Femme de France pour leur
fournir, par lettre, des renseignements détaillés
sur toutes questions concernant villégiatures,
voyages, sports en plein air. Dire très exactement
le genre de station recherché, les goûts particuliers,
la durée possible du séjour ou du voyage,
l'époque choisie et la somme à dépenser. Joindre
trois francs en timbres pour frais de correspondance.
Un délai de dix à quinze jours est nécessaire
pour les réponses par lettre.
LA TENDRE ENNEMIE
ON ne saurait refuser à M"16 Simone
Berriau le mérite de la persévérance.
Les échecs de Divine et
A'Itto tie lui ont pas fait perdre
l'ambition de voir son nom briller
Un jour au firmament cinématographique.
Je ne crois pas que ses espérances se réalisent
encore cette fois. Du moins a-t-ellë
donné à Max Ophûls l'occasion de racheter
son échec de Là Signora de Tutti et de
Divine.
Sans valoir Liebelei, La Tendre Ennemie
constitue un effort honorable pour sortir
des chemins trop fréquentés. Certes, les histoires
de doubles, de fantômes, de revenants
ne nous ont pas manqué ces temps-ci, mais.
Trois Jours chez les Vivants, Peter Ibbetson
nous venaient d'Amérique, et Fantôme à
vendre d'Angleterre. La Tendre Ennemie
a le mérite d'avoir été réalisé en France
d'aprèsune pièce qui, sous le titre L'Ennemie,
a connu un joli succès. L'auteur, M. André-
Paul Antoine, a modifié son oeuvre; il a
réécrit les dialogues et la soumission aux lois
du cinéma dont il fait preuve mérite d'être
donnée en exemple à tous les auteurs dramatiques
qui traitent avec condescendance un
art cent fois plus vivant cependant que l'art
théâtral.
L'originalité de la Tendre Ennemie réside
bien davantage dans son postulat que dans
son action : celle-ci est, à vrai dire^ fort
banale ; il s'agit une fois de plus d'une jeune
fille qui aime un jeune aviateur, tandis que
sa famille veut lui faire épouser un homme
riche et d'âge mûr. L'amour triomphera
grâce à la compile té de trois « revenants »
qui se trouvent réunis dans la maison où
l'on célèbre les fiançailles. L'un est le père
de la jeune fille, l'autre l'amant de sa mère
et le dernier un amoureux de celle-ci qui,
jadis, se suicida pour elle.
Les trois hommes évoquent le passé et
nous voyons s'animer devant nous l'histoire
de cette petite bourgeoise et de son mari
qui ne songeait qu'à assurer son bonheur
matériel. Elle l'abandonnera pour suivre
un séduisant dompteur ; mais l'un et l'autre,
à cause d'elle, disparaîtront prématurément.
Quant au troisième larron, il a précédé les
deux autres dans le coeur de la « tendre
.
ennemie ». Comme il n'a pu l'enlever avant
son mariage, il a préféré mourir.
Mêler ces récits rétrospectifs aux scènes
contemporaines, faire évoluer ces trois morts
provisoirement réincarnés, parmi les personnages
vivants, leur permettre d'intervenir
dans l'action, autant de difficultés
qu'il n'était pas aisé de surmonter. Max
Ophûls a montré beaucoup d'adresse dans
ce jeu. Il a su créer l'atmosphère très habilement
par des procédés empruntés d'ailleurs
pour la plupart à L'Homme Invisible. On
pourrait lui reprocher pourtant certaines
gaucheries, comme ces petits gestes ridicules
que font nos fantômes quand ils veulent se
déplacer, certains traits laborieux, comme
les discours de l'oncle Emile, certaines longueurs
qui ralentissent le mouvement,
toujours trop lent.
A vrai dire, une fois le premier effet de
surprise passé, on sait très bien ce qui va
arriver ; aussi s'intéresse-t-on davantage à la
façon dont elle est racontée qu'à l'histoire
elle-même. On aurait aimé que les trois habitants
de l'au-delà aient à résoudre un problème
plus compliqué que celui de rompre
d'absurdes fiançailles... G. Charensol.