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&
Gëmme<strong>de</strong>
fc(femme <strong>de</strong><br />
<strong>France</strong><br />
fois par an y passer tous mes loisirs.<br />
Pour moi, c'est le paradis, je connais<br />
toutes les grottes <strong>de</strong>s environs si intéressantes.<br />
Avez-vous vu le squelette<br />
<strong>de</strong> Moustiers ? Je reviens du Mas-d'Azil,<br />
connaissez-vous ? Pas intéressant au<br />
point <strong>de</strong> vue préhistorique, mais la<br />
plus gran<strong>de</strong> grotte <strong>de</strong> <strong>France</strong>. Si. cela<br />
vous intéresse, Chère Arpète, visitez<br />
les émerveillée grottes <strong>de</strong>s Ëyzïes, vous en serez<br />
et sur place vous trouverez<br />
<strong>de</strong>s silex taillés datant <strong>de</strong> 50.000 ans<br />
et plus.<br />
EVVIVA L'ITALIÀ.<br />
Soyez toujours coquettement habillées<br />
et vous serez sûres <strong>de</strong> plaire à votre<br />
entourage. Le Cours <strong>de</strong> Coupe <strong>de</strong> l'Académie<br />
<strong>de</strong> la <strong>Femme</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>, 43, rue<br />
<strong>de</strong> Dunkerque, Paris, 10B, vous permettra<br />
<strong>de</strong> réaliser, à peu <strong>de</strong> frais, dé jolies robes<br />
et <strong>de</strong>s manteaux élégants. Pour tous<br />
renseignements, téléphonez à Trudàine<br />
09-94 ou écrivez à l'adresse ci-<strong>de</strong>ssus.<br />
K 1537. —<br />
Lointaine Tanagra, dans<br />
une lettre que j'aime, vous me dites :<br />
« Et <strong>de</strong> l'amour, Lou, qu'en faites-vous ?<br />
Hélas! l'amour à joué malignement à<br />
cache-càche avec moi. Trop fière pour<br />
m'èssouffler à sa poursuite, je lui ai<br />
trouvé <strong>de</strong> beaux suppléants :<br />
l'amitié,<br />
la maternité scolaire; les voyages, là<br />
chère liberté. Et puis, si je n'ai pas<br />
trouvé l'amour dans ce bois d'où je<br />
reviens en ce jour <strong>de</strong> congé, mon bois<br />
était beau tout <strong>de</strong> même avec ses<br />
riches couleurs automnales :<br />
lés bruns,<br />
les ors, les grenats transfigurés par les<br />
<strong>de</strong>rniers rayons. L'amour est encombrant,<br />
il veut toute la place, il m'aurait<br />
caché ces <strong>de</strong>rnières visions <strong>de</strong> beauté<br />
et l'éclair chatoyant <strong>de</strong> ce plumage<br />
d'oiseau. Au retour, un livre <strong>de</strong> poèmes<br />
dont je suis curieuse m'attend et je<br />
dis, avec une pointe <strong>de</strong> mélancolie,<br />
peut-être : « <strong>La</strong> vie est bonne tout <strong>de</strong><br />
même... » — Oui, <strong>La</strong>,Madonna, j'aime<br />
Ecrit sur le sable, <strong>de</strong> mon amie Andrée,<br />
mais qui êtes-vous ? Je déplore, moi<br />
aussi, Les Affinités, que le prix Renée<br />
Vivien ne soit pas donné avec plus<br />
<strong>de</strong> compétence et <strong>de</strong> justice. Lou.<br />
K 1539. — Songes et silence (K 1208).<br />
Oui, parlons un peu du sensible et<br />
délicat Marchand d'oiseaux, <strong>de</strong> R. Brasillach<br />
et du livre admirable d'Abel<br />
Bonnard, tes Modérés, et celui non moins<br />
admirable d'Alphonse Séché, Réflexions<br />
sur la force. Les avez-vous lus, chère<br />
Abeille ?<br />
— <strong>La</strong> Traviata (K 1238).<br />
Vous pouvez me compter parmi celles<br />
qui regrettent la Argentina. Je n'ai<br />
pas manqué un <strong>de</strong> ses récitals <strong>de</strong>puis<br />
ses mo<strong>de</strong>stes débuts à l'Olympia jusqu'aux<br />
triomphales soirées <strong>de</strong>s Champs-<br />
Elysées ou <strong>de</strong> l'Opéra. C'était une<br />
merveilleuse artiste. Elle avait le génie<br />
<strong>de</strong> la danse joint à un prodigieux sens<br />
Pour une élégante réunion, cette jolie<br />
coiffure réalisée aux Salons <strong>de</strong> l'Académie<br />
<strong>de</strong> Beauté <strong>de</strong> <strong>La</strong> <strong>Femme</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>France</strong>... (Pro-Photo.)<br />
coque; voilà mon succès ! En pâtisserie :<br />
là tàrtè âUx pommes fait ramper<br />
l'humanité à mes pieds I Est-ce vrai,<br />
Josette et Jean ? MAÏ-MOUNA,<br />
Seule l'électrolyse médicale détruit<br />
pour toujours là racine <strong>de</strong>s poils durcis<br />
par dépilatoires. Résultat garanti,<br />
Afme Allian (diplômée), 11, rue <strong>de</strong> :<br />
l'Etoile, Paris. Maison fondée en 1921.<br />
K 1541. — <strong>La</strong> Bécasse (1039). Comme<br />
c'est exact ce que vous dites au sujet<br />
<strong>de</strong> Willy :<br />
il faut vivre dans l'intimité<br />
pour juger, et encore!<br />
—- Cigarette<br />
(1080). Vous êtes <strong>de</strong> parti pris et vous<br />
exagérez èh disant que l'on supporte<br />
avec lé sourire <strong>de</strong> voir lès chiens faire<br />
leurs besoins dans là rue, et qu'on s;e<br />
récrie d'Un àir dégoûté lorsqu'un petit<br />
enfant en fait autant, Pour ma part,<br />
je n'ai jamais constaté ce que vous<br />
affirmez, plutôt un regard amusé<br />
<strong>de</strong>vant le petit <strong>de</strong>rrière que le gosse<br />
met à l'air sans souci <strong>de</strong>s gens qui passent<br />
; moi, j'envie là maman, qui essuie<br />
et remet là culotte en placé. — Bouquet<br />
d'anémones (1094). Pas <strong>de</strong> vacances<br />
sans compagnon aimé :<br />
toutes les merveilles<br />
du mon<strong>de</strong> que l'on admire<br />
seule donnent un tel cafard, que l'on<br />
se sent étreinte <strong>de</strong> tristesse. — Une<br />
Liégeoise (1118). Se marier selon son<br />
coeur, oui, mais selon son tempérament 1<br />
Il ne se révèle souvent qu'après le<br />
mariage. — Arnica (1137). Il y à <strong>de</strong>s<br />
enfants qui se font servir et choyer par<br />
leurs vieux parents, sans jamais penser<br />
que ce <strong>de</strong>vrait être le contraire.<br />
SANS NOM.<br />
Robe en tweed moucheté. Les boutons,<br />
la ceinture, le col et les revers <strong>de</strong>s<br />
manches sont en daim marron. Les<br />
emmanchures sont montées par dès<br />
découpes. Un pli creux piqué <strong>de</strong><br />
chaque côté élargit la jupe <strong>de</strong>vant.<br />
Métrage :<br />
2m75 en l40.<br />
du rvthme. Sa vue me transportait<br />
d'enthousiasme et l'annonce <strong>de</strong> sa<br />
mort m'a profondément émue.<br />
CAVALIER D'EKEBU.<br />
Lysiannc. — Ecrivez-moi au sujet <strong>de</strong>s<br />
livres qui vous intéressent, je vous donnerai<br />
<strong>de</strong>s suggestions. — Si les selles <strong>de</strong><br />
votre petite fille ne sont pas régulières,<br />
voici le remè<strong>de</strong> : une cuillerée à café <strong>de</strong><br />
sirop du docteur Manceau, c'est souverain.<br />
EDELWEISS.<br />
K 1540. — Merci à VArpète en sucre<br />
(850). El Patali (714). Jtfme Dupont (730).<br />
Vallée <strong>de</strong> la Meuse (773). Miel extra-fin,<br />
Chevalier d'Ekebu (non, aimable Abeille,<br />
l'U. R. S. S. ne me verra pas !) —<br />
Fermière aux poulets (K 1172). Oui,<br />
Tête <strong>de</strong> bois, Rose près du soir, notre<br />
jolie Poucctte Sim-Viva est adorable<br />
dans Martha, je suis avec vous impatiente<br />
<strong>de</strong> l'admirer dans un autre film.<br />
Vous aussi, n'est-ce pas, chère Andalouse<br />
? — Cigarette. Je vous approuve<br />
et préfère entendre notre Ninon Vallin,<br />
par exemple, chanter dans une église<br />
où les applaudissements ne viendront<br />
pas briser tout le charme goûté avec<br />
une émotion intense 1<br />
— Andrija. Merci<br />
pourmon numéro <strong>de</strong> chant au programme!<br />
— Jean May en. J'accepte notes et Robe d'après-midi en crêpe noir. Uni<br />
même photos ! Mais je vous inviteà conter<br />
vous-même en ruche cette intéres-<br />
<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la jupe. Galon doré au bord<br />
groupe <strong>de</strong> go<strong>de</strong>ts est placé sur le<br />
i<br />
santecroisière ; commentvoulez-vousque<br />
je fasse du décolleté et sur la découpe du1<br />
passerchez nos soeurs un courant<br />
bas <strong>de</strong>s manches.<br />
émotif non ressenti par moi-même ? —<br />
Crapotu... en cuisine : les oeufs à la Métrage : 4"25 en I mètre.<br />
— 3<br />
F 7679. — Pour mon album tout<br />
neuf, qui voudra m'envoyer <strong>de</strong>s timbres<br />
postes <strong>de</strong> tous pays? Je remercierai<br />
par ce que l'on voudra bien me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r.<br />
Et vous aurez en plus, je vous l'assure,<br />
la reconnaissance bien vive d'<br />
ÏSAURETTE.<br />
F 7680. —-<br />
Betiiha. Je fais appel à<br />
Votre complaisance ; étant obligée <strong>de</strong><br />
recevoir souvent et <strong>de</strong> varier naturellement<br />
mes menus, ce qui n'est pas toujours<br />
facile èh brousse, il me serait infiniment<br />
agréable <strong>de</strong> servir à mes invités,<br />
le jour <strong>de</strong> Noël, un repas froid, copieux,<br />
où il n'y aurait ni mayonnaise, ni gelée.<br />
Est-ce possible et pouvez-vous me donner<br />
en Ruche quelques idées et recettes?<br />
En échange Une belle photo <strong>de</strong> l'Afrique<br />
équàtoriàle si cela vous intéresse.—D'autre<br />
part, si quelques Abeilles aimables<br />
veulent me tirer d'embarras en m'indiquànt<br />
également différentsplats froids,<br />
je les remercierai en leur envoyant<br />
photos du pays : paysages, sujets, ou<br />
timbres à leur choix. Pas <strong>de</strong> direct.<br />
KOLONGO.<br />
Pour ca<strong>de</strong>aux: miniatures-ivoire.aquarelles,nus,fleurs.Ecr.<br />
à Pastorà, au journ.<br />
F 7681. — Des anciennes <strong>Femme</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>France</strong> 1931 à 33, feraient-elles plaisir<br />
à' quelqu'un ? Le roman et le tourisme<br />
féminin, quelques courriers, ont été<br />
détachés. Timbre pour réponse. Ecrire<br />
par direct, à L'ABEILLE G. M. A.<br />
F 7682. — Voici pour les gourmettes<br />
la recette<strong>de</strong>s QuenellesNantua.Se procurer<br />
d'excellentes quenelles <strong>de</strong> brochet.<br />
Pour 12 quenelles, il faut une trentaine<br />
<strong>de</strong> belles écrevisses. Cuire ces <strong>de</strong>rnières<br />
au court-bouillon très relevé. Enlever<br />
les queues délicatement, lès réserver.<br />
Piler les carapaces avec environ 100 gr.<br />
<strong>de</strong> beurre très fin. Les faire bouillir avec<br />
<strong>de</strong> l'eau légèrement salée : il faut que<br />
les carapaces baignent. Les laisser cuire<br />
un quart d'heure. Puis, fairerefroidir. Le<br />
beurre vient à la surface. Le prélever.<br />
11 servira à la confection <strong>de</strong> la sauce<br />
blanche. Passer au tamis l'eau qui a<br />
fait cuire les écrevisses. Le beurre d'écrevisses<br />
étant terminé, préparer la<br />
sauce blanche. <strong>La</strong> mouiller moitié avec<br />
du lait, moitié avec <strong>de</strong> l'eau qui a servi<br />
à cuire les carapaces. Quand elle est<br />
prête, y ajouter <strong>de</strong>s champignons <strong>de</strong><br />
couche frais, préalablement cuits dans<br />
du beurre, et les morceaux <strong>de</strong> queues<br />
d'écrevisses, <strong>de</strong>s tranches <strong>de</strong> langouste<br />
à volonté, le beurre d'écrevisses par<br />
petits morceaux et <strong>de</strong> la crème très<br />
fraîche; un peu épaisse. Pocher les quenelles<br />
10 minutes dans l'eau bouillante,<br />
les poser délicatement dans le plat à<br />
servir qui doit être très chaud. Arroser<br />
lés quenelles avecla sauce Nantuaet placer<br />
sur le tout <strong>de</strong> belles tranches <strong>de</strong><br />
truffes. SONGES ET SILENCES.<br />
F. 9760. — Merci, charmante Abeille,<br />
<strong>de</strong> vos délicieuses recettes. A mon tour,<br />
je viensvous donner le moyen <strong>de</strong> régaler<br />
grands et petits. Prenez <strong>de</strong>s biscottes<br />
Paquot, que vous trouverez dans toutes<br />
les bonnes boulangeries, ou 25, rué du<br />
Général-Foy, Paris, saupoudrez-les <strong>de</strong><br />
sucre cristallisé et passez-les au four,<br />
c'est exquis avec le thé. (Expéditions<br />
franco Paris et banlieue par 6 boites<br />
à 1<br />
fr. 75 ; province par 12 boîtes à<br />
1 fr. 90).<br />
F 7683. —<br />
Je serais très reconnais-<br />
santé à qui me donnera le moyen<br />
néantir d^à-<br />
ces vilaines bêtes, les «<br />
tarêts, »<br />
qui rongent les bois <strong>de</strong>s meubles..^Au<br />
secours, amies, ou tout mon mobilier<br />
va y passer 111 Remercierai par!cartes<br />
postales du joli pays queJ'habite sa ce<br />
moment.<br />
TRSBIIARRS.
&&èmme<strong>de</strong> <strong>France</strong><br />
452. Spirou. <strong>La</strong> naissance matinale <strong>de</strong> cette<br />
personne là fait rétrogra<strong>de</strong>r d'un<br />
îogiquement,<br />
jour. Astro-<br />
elle appartient au dimanche<br />
(Soleil) et à la constellation zodiacale du Lion<br />
gouvernée par Jupiter. Ce quantième du mois<br />
d'août est un <strong>de</strong>s meilleurs du mois, car il<br />
accordé <strong>de</strong>s satisfactions matérielles et sentimentales.<br />
D'ailleurs, lé Lion étant le trône du<br />
Soleil, il annonce toujours fortune et position<br />
élevée, selon le milieu bien entendu. L'arcàne<br />
qui correspond à ce thème présage : entreprises<br />
heureuses, stabilisation <strong>de</strong> là fortune, réalisation<br />
<strong>de</strong>s espérances. <strong>La</strong> santé est bonne et<br />
met per-<br />
une belle longévité; Un voyage pourrait<br />
amener un changement <strong>de</strong> situation heureux et<br />
absolument fortuit. Jour favorable : dimanche.<br />
Chiffre : 1. Pério<strong>de</strong>s importantes : 57 et 76 ans.<br />
453, Rayon d'Azur. Saturne est le maître du<br />
jour <strong>de</strong> votre naissance et votre constellation<br />
zodiacale,les Poissons, est gouvernée par Jupiter.<br />
Cette naissance vous confère <strong>de</strong>s goûts artistiques,<br />
un esprit scientifique et pratique, l'amour<br />
,<br />
<strong>de</strong>s plaisirs matériels <strong>de</strong> ; -<br />
l'ambition et une certaine<br />
opinion <strong>de</strong> votre valeur. Bien qu'assez<br />
sûre <strong>de</strong> vous-même, vous avez <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong><br />
découragement dont vous triomphez rapi<strong>de</strong>ment.<br />
L'ârcane qui correspond à cette naissance<br />
présage un accroissement <strong>de</strong> fortune par le<br />
mérite et le travail. Les Poissons donnent beaucoup<br />
d'instabilité dans la situation, mais accor<strong>de</strong>nt<br />
en général une fin <strong>de</strong> vie heureuse. Jour<br />
favorable : jeudi. Couleur : bleu. Parfum : giroflée.<br />
Chiffre 5. Pierres : chrysolithe, corail.<br />
454. Une petite Mauricienne. C'est le Soleil<br />
qui régit le jour <strong>de</strong> votre naissance (dimanche)<br />
et vous appartenez à la constellation zodiacale<br />
du Taureau gouvernée par Mercure, ce qui vous<br />
donne <strong>de</strong> la vitalité, plus <strong>de</strong> satisfactions matérielles<br />
que sentimentales, une certaine chance,<br />
<strong>de</strong> l'audace, <strong>de</strong> l'allant, plus d'entêtement<br />
<strong>de</strong><br />
que<br />
volonté réelle, <strong>de</strong>s impressions violentes et<br />
mobiles, le désir <strong>de</strong> dominer ou <strong>de</strong> protéger.<br />
Le Taureau amène souvent <strong>de</strong>s luttes dans le<br />
domaine sentimental, un chagrin se rattachant<br />
au mariage. Le Soleil, qui a présidé à votre<br />
naissance comme maître du jour, est propice à<br />
tout ce qui est du domaine matériel, mais il<br />
plutôt<br />
est<br />
maléfique aux affections, aux questions<br />
sentimentales. Jour favorable : vendredi. Couleur<br />
: vert. Parfum : rose ou verveine. Chiffre 6.<br />
Pierres : émerau<strong>de</strong>, aigue-marine, corail rose.<br />
Harmonies avec les personnes nées du 22 août<br />
au 22 septembreet du 21 décembre au 20janvier.<br />
455. Sous les Gémeaux. Astrologie. Vous êtes<br />
née en effet un dimanche (Soleil), sous la constellation<br />
<strong>de</strong>s Gémeaux gouvernée par Mercure.<br />
Cette naissance octroie du bon sens, le besoin<br />
<strong>de</strong> se rendre utile et <strong>de</strong> protéger, une belle longévité.<br />
En 1937, votre signe <strong>de</strong> nativité passe<br />
dans une maison solaire qui permet un revirement<br />
heureux et qui accor<strong>de</strong> <strong>de</strong>s appuis susceptibles<br />
d'ai<strong>de</strong>r le sujet à se révéler. Il y a<br />
chance d'amour et d'union dans la secon<strong>de</strong><br />
moitié <strong>de</strong> 1937, pour vous ou pour votre maison.<br />
Jour favorable : mercredi. Couleurs : gris<br />
argent, bleu-gris. Parfum : muguet. Chiffre<br />
Pierres : 5.<br />
: béryl, chrysoprase. Harmonies avec<br />
lès personnes nées du 22 septembre au 21 octobre<br />
et du 20 janvier au 18 février.<br />
Tournant <strong>de</strong> la fortune, tous les dix ans.<br />
Numérologie. Les chiffres qui régissent votre<br />
<strong>de</strong>stinée sont le 6, le 8 et le 19.<br />
Le 6 donne l'existence tranquille, la sûreté<br />
dans les affaires, mais non point dans les affaires<br />
qu'on dirige. C'est le chiffre <strong>de</strong> l'employé du<br />
haut en bas <strong>de</strong> l'échelle sociale.<br />
Le 8 accor<strong>de</strong> un jugement rassis qui permet<br />
<strong>de</strong> mener à bien les entreprises. C'est un chiffre<br />
dont l'influence se fait rarement sentir dans la<br />
jeunesse, mais qui promet une vieillesse longue,<br />
heureuse, entourée d'estime et d'affection.<br />
Le 19 est un nombre excellent ; il présage la<br />
fortune, non seulement par le travail, mais<br />
aussi par la chance. Il accor<strong>de</strong> le bonheur matériel,<br />
la paix et là sécurité au foyer, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />
joies familiales.<br />
456. Raymy. Pour la question santé, j'aurais<br />
aimé que vous m'indiquiez la daté <strong>de</strong> lanaissance,<br />
car, dans ce domaine, l'astrologie donné plus<br />
<strong>de</strong> précisions que la numérologie.<br />
Les chiffres qui régissent cette <strong>de</strong>stinée sont :<br />
5, 7 et 19, trois nombres excellents:<br />
Le 5 octroie <strong>de</strong> l'audace, <strong>de</strong> l'initiative, le<br />
goût dès aventurés. Il permet une élévation<br />
constante et une belle évolution morale. Au<br />
point <strong>de</strong> vue santé, il prédispose aux rhumatismes<br />
et aux calculs.<br />
Le 7 présage là réussite, lé succès par le travail,<br />
l'activité, la maîtrise <strong>de</strong> soi. Il préserve<br />
dans les moments difficiles.<br />
Le 19, confère le bonheur matériel, là paix<br />
et la sécurité au foyer.<br />
Ne connaissant que le mois <strong>de</strong> la naissance<br />
(février), je ne sais si la personne qui vous intéresse<br />
est sous l'influence du Verseau ou <strong>de</strong>s<br />
Poissons. Le premier expose aux"maladies <strong>de</strong><br />
langueur, <strong>de</strong>s nerfs moteurs et à l'épaississemeht<br />
du sang ; les Poissons, aux maladies <strong>de</strong> la<br />
peau, aux troubles ganglionnaires et à l'obésité<br />
prématurée.<br />
457. 393. J'aime qu'on m'aime. Votre écriture<br />
ferme dit que vous n'êtes pas dépourvue<br />
d'énergie, mais vous n'avez pas eu l'occasion<br />
<strong>de</strong> l'exprimer; il y a par conséquent en vous<br />
beaucoup <strong>de</strong> terrain inexploité et il ne dépend<br />
que <strong>de</strong> vous <strong>de</strong> le faire rapporter en <strong>de</strong>venant<br />
plus active au lieu <strong>de</strong> rester passive. Je né<br />
veux pas dire « inactive » au sens matériel,<br />
mais psyçniquement : c'est votre esprit, votre<br />
âme qui sont inagissants, ce que vous constaterez<br />
si vous vous examinez objectivement.<br />
Vous êtes au fond très consciente dé votre<br />
valeur et vous savez que vous pouvez produire<br />
et réussir ce que vous faites ; il faut seulement<br />
le vouloir énergiquement et mettre en oeuvre<br />
vos facultés créatrices. Vous êtes en effet extrêmement<br />
sensible et avez, <strong>de</strong> ce fait, beaucoup<br />
d'intuition ; ne la laissez pas se perdre, captez<br />
les idées qui vous viennent et voyez s'il est possible<br />
<strong>de</strong> les réaliser pratiquement. L'esprit<br />
pratique ne vous manque pas. Vous avez <strong>de</strong><br />
l'imagination, certes, mais elle est suffisamment<br />
bridée. N'atten<strong>de</strong>z donc plus que les changements<br />
prédits soient le fait <strong>de</strong>s circonstances<br />
extérieures, mais faites en sorte qu'ils<br />
duisent se pro-<br />
en résultant <strong>de</strong> votre nouvelle-manière<br />
d'être et <strong>de</strong> voir. Ne soyez surtout pas pessimiste.<br />
459. Franchise. Chère lectrice, vous n'avez<br />
pas indiqué l'âse <strong>de</strong>s personnes intéressées,<br />
c'est un élément très important qui manque et<br />
le développement <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s s'en ressent. Vous<br />
êtes visiblement jeune ; votre écriture rapi<strong>de</strong><br />
vous révèle très vive, active, peu patiente et<br />
«cpéditive. Eminemment femme, il y a en vous<br />
<strong>de</strong> la virilité qui se manifeste sous forme <strong>de</strong><br />
décision prompte (souvent trop, parce qu'irréfléchie)<br />
et d'énergie morale. Les finales massuées<br />
disent que vous êtes parfois violente, ce que<br />
vous avez fréquemment lieu <strong>de</strong> regretter dans<br />
votre for intérieur, car votre orgueil vous empêche<br />
<strong>de</strong> le dire, ce qui serait pourtant préférable<br />
pour éviter <strong>de</strong>s mésententes. N'en est-il<br />
pas ainsi ? Si oui, tâchez <strong>de</strong> vaincre cet orgueil<br />
qui ne pourrait que nuire à votre bonheur.<br />
Vous recevez certainement plus <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>nces<br />
que vous n'en faites car votre écriture vous<br />
dépeint très fermée. Il émane <strong>de</strong> vous un puissant<br />
magnétisme que vous émettez savamment,<br />
en étant très consciente ; il n'opère cependant<br />
comme il le pourrait en raison <strong>de</strong> votre nervosité<br />
459 bts. Enigme. L'écriture accélérée <strong>de</strong> «<br />
G »<br />
le dépeint très actif et impulsif en raison <strong>de</strong> son<br />
inclinaison. C'est une belle intelligence, extrêmement<br />
réceptive et assimilatrice. <strong>La</strong> sensibilité<br />
est vive dans tous les domaines (intellectuel<br />
et moral>. Je ne le vois pas aussi énigmatique<br />
que vous <strong>de</strong>vez le trouver d'après le<br />
pseudo ; instable, oui. Le scripteur a horreur<br />
<strong>de</strong> la monotonie ; il a besoin d'être distrait et<br />
se plaît dans les milieux où régnent l'entrain et<br />
la gaieté. Sa signature le révèle très vif et même<br />
combattit ; il n'attaque pas, étant courtois,<br />
— 4 —<br />
mais se défend âprenient s'il est pris à parti.<br />
C'est une intéressante personnalité, très vibrante,<br />
pleine d'imprévus ; ses aspects sont si<br />
variés que je comprends votre difficulté à le<br />
lire. Très absorbant, votre correspondant élèçtrise<br />
l'ambiance et la remplit <strong>de</strong> lui-même : il<br />
faut donc être passive en sa présence et l'inr<br />
fluencer... silencieusement ; sa sensibilité est<br />
telle qu'on y parvient ; c'est là, je crois, la clé<br />
<strong>de</strong> l'énigme. Il est très distingué et <strong>de</strong> goûts<br />
recherchés.<br />
459 ter. Compliquée.L'indication <strong>de</strong> l'âge m'eût<br />
été très utile.<br />
«<br />
S » est visiblement en retard<br />
vu l'abondance <strong>de</strong>s fautes. Si son tracé est toujours<br />
aussi engorgé et pesant, il serait bon <strong>de</strong> la<br />
faire examiner par un docteur pour le fonctionnement<br />
<strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s endocrines qui n'est<br />
tainement cer-<br />
pas normal. <strong>La</strong> signature<br />
qu'elle sait s'appliquer prouve<br />
quand bon lui semble ;<br />
le lasso du T témoigne <strong>de</strong> savoir-faire. Simone<br />
a une nature très affective et c'est par la force<br />
d'amour qu'on peut l'inciter à agir dans le sens<br />
voulu ; je la vois à cet égard très malléable et<br />
pouvant largement récompenser ceux qui se<br />
donneront la peine <strong>de</strong> l'eduquer. Les blancs<br />
un peu exagérés entre les mots disent qu'elle<br />
ne se sent pas en harmonie avec son milieu, il<br />
incompréhension<br />
y a<br />
mutuelle. Essayez <strong>de</strong> lui<br />
suggérer tout ce que vous atten<strong>de</strong>z et espérez _<br />
d'elle, vous verrez qu'elle s'épanouira et. <strong>de</strong>viendra<br />
semblable à la représentation que vous lui<br />
ferez d'elle-même.<br />
Stello.<br />
Le Professeur Stello ne répond plus que par<br />
lettre particulière. Chaque consultation à partir<br />
<strong>de</strong> 20 francs, à joindre en mandat-poste à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />
(Etranger en sus : 2 francs.)
Il ne faut pasdire^fontaine"...<br />
Si 1<br />
on écoutait la sagesse <strong>de</strong>s nations, la vie <strong>de</strong>viendrait impossible.<br />
Il ne faudrait, à l'entendre, ni vendre la peau <strong>de</strong> l'ours avant <strong>de</strong><br />
l'avoir tué, ce qui reviendrait à interdire, en Bourse, toute opération<br />
à terme ; ni promettre plus dé beurré que <strong>de</strong><br />
pain* ce qui serait là négation <strong>de</strong> la politique ; ni mettre là chafrUé<br />
<strong>de</strong>vant lés boeufs, système qui pourtant <strong>de</strong>meura en honneur dans là<br />
construction automobile jusqu'à la naissance dés premières voitures à<br />
traction avant ; ni battre une femme, même avec une fleur, cfe qui est<br />
un encouragement implicite à l'emploi du bâton, Bref, ori se <strong>de</strong>mandé<br />
eh quel domaine notre activité pourrait s'éxércer. Lés proverbes n'ont<br />
aucun respect.dé là liberté individuelle. Au nom dés immortels principes<br />
dés droits dé l'homme, je revendiqué là faculté dé mettre* s'il<br />
m'en prend là fantaisie, tous mes oeufs dans lé même panier, dé manger<br />
mon blé en herbe* <strong>de</strong> jeter lé manche après Jà epgnéë, d'avoir lés<br />
yeux plus gros que lé ventre, et même d'évèillêr lé chat qui dort, surtout<br />
s'il dort dans mon fauteuil...Enfin, rien né m'empêchera <strong>de</strong> dire*<br />
s'il me<br />
plaît* à la fontaine du Palais-Royal que je ne boirai pas dé son<br />
eàù. Bien que je né sois pas ivrogne* je préfère lé jus d'orangé.<br />
Ce n est pas, au <strong>de</strong>meurant* la seule fontaine <strong>de</strong> Paris où j'aie la<br />
ferme intention <strong>de</strong> ne jamais tremper mes lèvres. J'ai remarqué en<br />
effet que l'on<strong>de</strong> la plus pure est toujours troublée* sinon par un agneau,<br />
du moins par <strong>de</strong>s boîtes à sardines. Malgré lés soins attentifs du service<br />
dés promena<strong>de</strong>s et plantations, on ne saurait imaginer quel attrait<br />
exercent lés vasques publiques sur lés objets hétéroclites dont les passants<br />
peuvent avoir besoin dé se débarrasser. Si l'eau qui court pouvait<br />
parler, comme dit là chanson <strong>de</strong> Miarka, ou plutôt, car l'eau qui court
<strong>La</strong> mariée et son cortège<br />
DEPUIS longtemps nous n'avions pas parlé <strong>de</strong>s mariées et <strong>de</strong> leur<br />
cortège. Bien que les cortèges soient <strong>de</strong> plus en plus restreints,<br />
les mariages <strong>de</strong> plus en plus simples, et les mariées <strong>de</strong> moins<br />
en moins disposées à gaspiller en frais <strong>de</strong> cérémonie un argent<br />
qui le len<strong>de</strong>main pourra se transformer en aspirateurs et en petites<br />
cuillers, une poésie traditionnelle continue à planer sur le mariage.<br />
Ce n'est tout <strong>de</strong> même pas un jour comme tous les autres. Et même<br />
pour mainte épousée c'est le seul jour qui gar<strong>de</strong> une grâce symbolique<br />
et son pouvoir d illusions. Ne privons, à cause <strong>de</strong> ces privées, aucune<br />
<strong>de</strong> leurs soeurs d'une possibilité <strong>de</strong> rêve. Cueillons pour elles, dès<br />
aujourd hui, les roses <strong>de</strong> la fête et contribuons à la rendre encore plus<br />
séduisante.<br />
Sur les robes <strong>de</strong> mariées on a tout dit quand on a dit qu'elles doivent<br />
représenter autant <strong>de</strong> distinction que <strong>de</strong> suavité, sans toutefois, par<br />
incompréhensionvraie <strong>de</strong> ceci et <strong>de</strong> cela, tomber dans une exagération<br />
contraire.<br />
Que j'eusse une fille à marier et j'aimerais fort peu que, sous couleur<br />
d être mo<strong>de</strong>ste, elle se déguisât en nonne pour monter à l'autel. Foin<br />
<strong>de</strong> ces capuchons, <strong>de</strong> ces cagoules, <strong>de</strong> ces cor<strong>de</strong>lières, <strong>de</strong> ces sandales,<br />
<strong>de</strong> tout cet appareil qui me paraît beaucoup plus sacrilège que respectueux<br />
et beaucoup plus cafard que chaste.<br />
Une mariée entre dans le siècle, elle n'entre pas dans un monastère<br />
;<br />
elle commence une vie <strong>de</strong> femme et non pas une vie <strong>de</strong> théâtre.<br />
Sa robe doit être sagement inspirée <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> en cours, ce qui d'ailleurs<br />
lui permettra <strong>de</strong> l'utiliser ensuite sans craindre le ridicule. Par<br />
chance, la mo<strong>de</strong> actuelle est assez diverse pour combler toutes sortes<br />
d'aspirations et parer toutes sortes <strong>de</strong> silhouettes.<br />
L'influence grecque avec ses plissés délicats, le retour triomphal <strong>de</strong><br />
la <strong>de</strong>ntelle, le goût généralisé pour les robes sobres, droites, mais allongées<br />
dans le dos, autant <strong>de</strong> ressources. Le satin blanc, ajusté en princesse<br />
laissant la taille assez souple, mais soulignant le buste et les hanches<br />
par <strong>de</strong>s nervures, voilà qui est excellent. <strong>La</strong> traîne élargie par <strong>de</strong>s<br />
plissés soleil donne le style nécessaire à cette robe si simple. A telle<br />
robe, tel cortège.<br />
Le tailleur <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntelle<br />
à jupe longue<br />
est seyant pour la<br />
mère <strong>de</strong> la mariée,<br />
autant que le velours<br />
<strong>de</strong> rayonne<br />
dans un ton à la<br />
mo<strong>de</strong>, soit cassis,<br />
soit fumée, soit<br />
arbois. <strong>La</strong> <strong>de</strong>moiselle<br />
d'honneur<br />
(une seule suffit, et<br />
s'il en est <strong>de</strong>ux,elles<br />
seront habillées <strong>de</strong><br />
la même façon)<br />
— 6
ecourra à une toilette (pratique ensuite pour une sauterie) en<br />
moire bleu pâle avec ceinture et gants d'un autre ton <strong>de</strong> bleu, assortisà<br />
la petite toque bleue. <strong>La</strong> fillette vêtue, elle aussi, en bleu pâle (mousseline<br />
dé soie brodée ton sur ton,froncée sur un fond bleu pâle), portera,<br />
traduits en <strong>de</strong>ux noeuds <strong>de</strong> col et <strong>de</strong> ceinture, les mêmes rappels dé<br />
bleu plus sombre. Et son bouquet rond sera en myosotis, jacinthes ou<br />
hortensias.<br />
Pour un autre cortège on choisira d'autres tons. Pour la mère <strong>de</strong> la<br />
mariée un tailleur <strong>de</strong> velours marron à jaquette longue, avec revers et<br />
manchon en zibeline ou vison, toque assortie ; pour la soeur aînée ou<br />
la jeune tante, une robe <strong>de</strong> satin blond avec ceinture assortie, en velours,<br />
et pour la <strong>de</strong>moiselle d'honneur, une robe jaune primevère à minuscules<br />
bro<strong>de</strong>ries, avec ceinture et gants d'un brun complémentaire.<br />
Quant à la toilette <strong>de</strong> la mariée, tout son chicrési<strong>de</strong>dans le drapé croisé<br />
du corsage et dans la souplesse <strong>de</strong> la jupe formant traîne.<br />
Le problème du voile, qui chaque fois se pose est chaque fois résolu.<br />
Un diadème <strong>de</strong> fleurs<br />
d oranger mêlées à <strong>de</strong>s<br />
feuillages givrés est classique<br />
autant qu'un ban<strong>de</strong>au<br />
<strong>de</strong> petites perles fines. <strong>La</strong><br />
torsa<strong>de</strong> <strong>de</strong> perles ou <strong>de</strong> pétales<br />
encadre avec douceur<br />
le visage. L'abandon total<br />
<strong>de</strong>là fleur d'oranger comme<br />
garniture a été si stupi<strong>de</strong><br />
qu'il n'a pas duré* et que<br />
les guirlan<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ces fleurs<br />
si douces recommencent à<br />
garnir les encolures et les<br />
ceintures.<br />
D'autres accessoires<br />
comme le missel sont revenus à la mo<strong>de</strong>. Il est touchant d'ailleurs<br />
que le missel transmis <strong>de</strong> mère en fille reparaisse avec son ivoire un<br />
peu jauni, sa nacre un peu altérée par le temps.<br />
A propos <strong>de</strong> ce rappel du passé, on a pu lire dans certains comptés<br />
rendus dé mariages élégants que la mariée, dans certains cas, avait, grâce<br />
à un retour <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>, pu porter la robe que portait sa mère, voire<br />
sa grand'mère.<br />
Si l'on voit le pittoresqued'une telle toilette, on en mesure aussi le<br />
danger. Une robe qui a dormi vingt ans dans un carton a beau être<br />
encore à la mo<strong>de</strong>, elle ne peut l'être sans que l'on songe à une reconstitution.<br />
terrain Elle force l'attention et le regard et place la cérémonie sur un<br />
par trop mondain et sophistique.<br />
Si la mariée doit à tout prix porter une<br />
<strong>de</strong>s toilettes maternelles,<br />
une robe dé bal retrouvée dans une commo<strong>de</strong> lui donnera le même<br />
plaisir et ne jettera pas une ombre sur la cérémonie.<br />
Pour les toilettes que revêt la jeune fille en route vers son voyage<br />
<strong>de</strong> noces elles ont perdu leur caractère par trop nettement attendrissant<br />
et qui désignait clairement le couple à la curiosité parfois, indiscrète<br />
<strong>de</strong>s employés <strong>de</strong> train et d'hôtel. Un tailleur jeune et pratique en beau<br />
lainage rouille ou vieux bleu, ou gris mélangé ; un manteau <strong>de</strong> fourrure<br />
en agneau <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s ou ragondin, jeté sur le bras ; un petit feutre,<br />
<strong>de</strong> beaux bagages sans éclat : en voilà assez pour commencer sous les<br />
auspices du goût et <strong>de</strong> l'opportunité le voyage <strong>de</strong> la vie. En simplifiant<br />
toilette et bagage on supprime bien <strong>de</strong>s inconvénients. D'ailleurs, quel<br />
couple ne préfèreà l'admiration, fût-elle la moins indiscrète, le tendre<br />
agrément <strong>de</strong> passer inaperçu ?<br />
COLINE.
&(?êmmé<strong>de</strong> <strong>France</strong><br />
UNE PARISIENNE EN OCÉANIE<br />
LE<br />
DESCENDANT DU GRAND PIRATÉ<br />
DEPUIS que nous sommes arrivés à<br />
Tahiti, où cependant les beaux<br />
hommes sont nombreux, nous n'avons<br />
vraiment tien vu <strong>de</strong> plus<br />
parfait que Téano. Il est si « costaud<br />
». si bien musclé, que, dès qu'il travaille,<br />
il- a l'air <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s « poses piàS"<br />
tiques ».<br />
Une vraie" statué en mouvement.<br />
Je pense au Musée du Louvre et à la salle<br />
<strong>de</strong>s Antiques...<br />
Téano est <strong>de</strong>venu pour nous un camara<strong>de</strong>,<br />
Pierre et riioi l'avons adopté. Il parle<br />
bien français, à du tact, grimpé aux cocotiers,<br />
lance le harpon, Sait toutes les pêches,<br />
enfin c'est un as qui nous initie aux plaisirs<br />
<strong>de</strong> la vie tahitienne.<br />
L'autre jour, je pars à Papeete, .au', ravitaillement,<br />
et pendant que j'achetais dés<br />
conserves américaines et australiennes (qui<br />
m'expliquera comment elles peuvent, malgré<br />
la douane, valoir la moitié dé celles<br />
<strong>de</strong> chez nous?) je vois arriver une aimable<br />
rentière française, née à Tahiti, pour laquelle<br />
nous avions une lettre d'introduction,<br />
à notre arrivée.<br />
•—<br />
Bonjour, petite Madame, je suis bien<br />
contente <strong>de</strong> vous rencontrer. Il paraît que<br />
vous et votre mari vous êtes très liés avec<br />
Frascani. Vous savez que c'est un vrai<br />
brigand, <strong>de</strong>scendant du grand pirate Frascani?<br />
Je tiens à vous mettre en gar<strong>de</strong>.<br />
Attention... attention...<br />
Frascani? Mais je<br />
—-- ne connais pas.<br />
— Mais si; voyons, Téario, Téano Frascani.<br />
Il est Tahitien mais a aussi du sang<br />
italien dans les veines. Son grand-père a<br />
été le plus grand flibustier du Pacifique !<br />
Il faisait même la frau<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'opium.<br />
Deux jours plus tard, après avoir offert<br />
à Téano quelques petits punches, nous<br />
avons lancé la première pointe :<br />
— Par ton grand-père, Téano, tu dois<br />
en connaître <strong>de</strong> belles histoires !<br />
Téano a souri :<br />
— Pour cela, c'était un vrai type. A<br />
un moment, il possédait plus <strong>de</strong> terres qu'un<br />
roi. Tenez, <strong>de</strong> cette montagne jusqu'à<br />
l'autre vallée, tout était à lui. Dommage<br />
que ses enfants, dont mon père, aient<br />
tout vendu, morceau par morceau.<br />
— Mais comment avait-il gagné tout<br />
cela?<br />
— Le grand outil, pour lui, c'était son<br />
Dateau. il naviguait<br />
d'une île à l'autre<br />
et faisait, suivant l'occasion,<br />
les perles, la<br />
nacre ou l'opium.<br />
— Dis donc, c'était<br />
un peu un brigand,<br />
ton grand-père?<br />
— Peut-être, mais<br />
un brigand courageux,<br />
pieux et honnête.<br />
Ce n'est pas<br />
lui qui se serait servi<br />
du nom du Bon Dieu<br />
pour rouler les indigènes.<br />
— Raconte.<br />
— Alors je vous<br />
dirai, comme exemple,<br />
l'histoire <strong>de</strong> la<br />
grosse perle <strong>de</strong> Mangaréva.<br />
Autrefois,<br />
c'était une coutume,<br />
lorsqu'on commençait<br />
la plonge, la première<br />
perle trouvée était donnée au roi. Rien<br />
à faire pour les organisateurs ou pour les marchands.<br />
Aussi, chaque fois que c'était possible,<br />
mon grand-père aimait bien être là.<br />
Le roi et lui y trouvaient, chacun, leur<br />
profit.<br />
Voici qu'une fois on sort <strong>de</strong> la première<br />
huître ouverte une perle, niais là, une perle !<br />
quelque chose <strong>de</strong> merveilleux, grosse, ron<strong>de</strong>,<br />
rosée,. parfaite, une lune en miniature...<br />
Les acheteurs en avaient pâli, mais ils<br />
n'ignoraient pas que la coutume était là,<br />
et que plus un homme n'aurait voulu<br />
plpnger si on avait chapardé où truqué<br />
« la part du roi ».<br />
Mon grand-père savait se déci<strong>de</strong>r. A la<br />
minute même' il a dit au grand chef :<br />
— Je connais quelqu'un qui cherche<br />
une perle <strong>de</strong> ce genre et je peux te l'acheter<br />
cher. Cinquante mille francs, cela va?<br />
Bien sur, le vieux Frascani savait qu'il<br />
en aurait plus <strong>de</strong> cent mille à Papeete, mais<br />
tout <strong>de</strong> même, pour Mangareva, il offrait<br />
une bonne somme. C'est qu'il sentait tous<br />
les autres eh appétit"et marchait vite et dur<br />
pour gagner.<br />
— Roi, puisque nous sommes d'accord,<br />
tu vas me jurer <strong>de</strong> ne la vendre à personne<br />
d'autre qu'à moi, ta perle. Elle m'appartient,<br />
à partir <strong>de</strong> maintenant ; il ne me<br />
reste qu'à te la payer, je file à Papeete<br />
chercher ton or et te l'apporterai aussi vite<br />
que les vents le permettront ; car, bien sûr,<br />
je n'ai pas avec moi une aussi grosse somme.<br />
Le roi jure.<br />
Mon grand-père file à toutes voiles,<br />
emprunte et revient en hâte avec son grand<br />
sac <strong>de</strong> louis d'or.<br />
— Roi, donne-moi ma perle, voici ton<br />
or.<br />
—<br />
Je n'ai plus <strong>de</strong> perle.<br />
— Tu as osé la vendre?<br />
— Je n'ai jamais manqué à un serinent.<br />
— Alors on te l'a volée?<br />
— Non, Je l'ai donnée au Bon Dieu.<br />
C'est le Père <strong>de</strong> la Mission qui l'enverra<br />
loin peur la couronne du Pape. Ainsi mon<br />
peuple et moi serons robustes et heureux<br />
longtemps.<br />
Pierre et moi, nous nous exclamons :<br />
— Celle-là, par exemple, elle est forte.<br />
Encouragé, Téano nous affirme :<br />
— Et ce qu'il y en a eu <strong>de</strong>s histoiresdu<br />
même genre, toujours pour ce pauvre Bon<br />
Dieu et ce pauvre pape Connaissez-vous<br />
le !<br />
coup <strong>de</strong> la Goélette <strong>de</strong>s Marquises?<br />
« C'était au temps où la nacre marchait<br />
ferme. Mon grand-père était occupé faire un beau chargement <strong>de</strong> nacre à<br />
Nukahiva, le tout acheté à bon compte.<br />
« Arrive une belle goélette, pimpante, bien<br />
gréée. Quelques heures après, arrêt <strong>de</strong>s<br />
livraisons, arrêt du chargement. On refuse<br />
<strong>de</strong> continuer à livrer la nacre choisie, on ne<br />
peut plus travailler pour Frascani. Il y a<br />
mieux à faire ; avant tout, il faut charger<br />
la goélette qui vient d'arriver. Il convient<br />
que la nacre soit parfaite et que le bateau<br />
soit bourré, <strong>de</strong> la cale aux ponts. C'est<br />
pour le pape qui se fait construire une<br />
église aux murs <strong>de</strong> nacre. Ce don apportera<br />
mille bénédictions, mille bonheurs à<br />
toute l'île. Et, merveille, une fois son chargement<br />
déposé, la belle goélette reviendra<br />
et sera offerte, en remerciement, aux travailleurs<br />
<strong>de</strong> l'île !<br />
«Comment lutter? Rien àdire, rien à faire,<br />
mon aïeul le savait trop bien et est reparti,<br />
sans cargaison. Comme les indigènes ont<br />
travaillé pour rien, tout un mois, ils ont<br />
mangé <strong>de</strong>s ignames. Nul ne sait où la goélette<br />
inconnue a emporté son énorme chargement.<br />
Et inutile <strong>de</strong> vous dire, n'est-ce<br />
pas* que l'on n'en a jamais plus entendu<br />
parler?<br />
Téano voit notre jubilation et s'irrite :<br />
— Vous trouvez cela propre, vous autres?<br />
Nous lui expliquons que nous sommes<br />
indignés, dégoûtés, mais qu'il raconte bien,<br />
que nous adorons les histoires et que c'est<br />
tout <strong>de</strong> même amusant...<br />
Il finit par rire avec nous et conclut :<br />
-— Le meilleur <strong>de</strong> tout, encore, c'était<br />
l'opium. Dans un pays comme ici, où il<br />
existe tant <strong>de</strong> Chinois, il en faut, n'est-ce<br />
pas? S'il manque <strong>de</strong> drogue, un Chinois<br />
donne n'importe quel prix pour s'en procurer.<br />
Alors, c'est véritable profit. Seulement,<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>z si Frascani a jamais livré<br />
autre chose que du vrai, pas comme ces<br />
voleurs qui donnaient dés paquets <strong>de</strong><br />
n'importe quoi et empochaient l'argent,<br />
sûrs que le «<br />
roulé » ne pouvait pas aller<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r justice.<br />
«<br />
Au commencement, personne ne se méfiait<br />
et tout allait bien. Mais bientôt il a<br />
fallu<br />
trouver constamment <strong>de</strong> nouvelles<br />
« combines », comme vous dites. Les caisses<br />
à double fond n'ont pu servir qu'une année.<br />
Le mieux était quand Frascani s'en venait<br />
tout doucement, en faisant le tour <strong>de</strong> l'île<br />
avant d'entrer au port. Il arrivait à Papeete,<br />
le sourire aux lèvres, son bateau délesté,<br />
car il avait jeté sa cargaison à là mer,<br />
dans <strong>de</strong> bonnes petites caisses bien combinées<br />
et bien nageantes. Les indigènes qui<br />
guettaient <strong>de</strong> leurs pirogues tout en péchant,<br />
cueillaient tout, district par district.<br />
Ici j'interviens :<br />
— Ce qui m'étonne dans ces caisses<br />
flottantes, c'est l'aveuglement <strong>de</strong>s douaniers.<br />
Ils <strong>de</strong>vaient être « <strong>de</strong> mèche », car<br />
après quelques voyages où l'on n'avait rien<br />
trouvé à reprocher à Frascani, on <strong>de</strong>vait<br />
bien se douter <strong>de</strong> quelque chose, guetter<br />
l'arrivée <strong>de</strong> la goélette et voir...<br />
Téano sourit finement :<br />
.<br />
— C'est si loin maintenant que je peux<br />
bien vous dévoiler la ruse. Vous comprenez<br />
bien qu'elles ne venaient pas tout <strong>de</strong> suite<br />
à la surface <strong>de</strong> l'eau, les caissettes ! A chacune<br />
était attaché un gros sac <strong>de</strong> sel qui<br />
les maintenaienten profon<strong>de</strong>ur. Mais quand<br />
le sel, doucement, avait fondu, elles remontaient<br />
bien, gentiment à fleur d'eau et les<br />
piroguiers guetteurs faisaient leur moisson<br />
en toute tranquillité.<br />
— Quelle idée ingénieuse !<br />
— Mon grand-père en avait plus d'une<br />
dans son sac. Rien ne vaut le fameux coup<br />
<strong>de</strong> grand «<br />
Tamara (*) ».<br />
« Voici mon grand-père qui, avec tous ses<br />
<strong>de</strong>rniers trucs éventés,' arrive un jour au<br />
port avec une cargaison <strong>de</strong> choix... Rien<br />
que du Bénarès. Mais spécialement surveillé,<br />
il ne savait comment faire pour<br />
le débarquer. Personne ne peut monter<br />
à bord, tout homme <strong>de</strong>scendant du bateau<br />
est fouillé. Jour et nuit, un douanier veille<br />
sur le quai.<br />
(Lire la suite page 20.)<br />
(1) Tamara : repas.
LES HORMONES VIVANTES<br />
"(femme <strong>de</strong> "<strong>France</strong>
LA CARRIERE DE DORIS HART<br />
Par Vicki BAUM, traduit <strong>de</strong> 1 allemand par<br />
D. DÈCOURDËMANCHÉ. (Stock.)<br />
C'EST une oeuvre d'une belle plénitu<strong>de</strong><br />
et bien supérieure au roman précé<strong>de</strong>mment<br />
traduit <strong>de</strong> Mme Vicki „<br />
Baum : Sàit-on jamais? Il y a, dé<br />
Sait-on jamais? à Doris Hart,<br />
toute la distance qui sépare un roman plus<br />
ou moins habile d'un grand livre. L'auteur<br />
<strong>de</strong> Grànd-Hôtël et <strong>de</strong> <strong>La</strong>c-aux-Dames témoigné,<br />
dans Doris Hart, <strong>de</strong> l'extraordinaire<br />
variété <strong>de</strong> ressourcés qui n'appartient qu'aux<br />
écrivains dé premier ordre.<br />
<strong>La</strong> Carrière <strong>de</strong> Doris Hart prend la chanteuse<br />
dans l'obscurité et ne l'abandonne que<br />
dans là mort, une fois dépassé le sommet <strong>de</strong><br />
la gloire. Toute la courbe d'une <strong>de</strong>stinée<br />
exceptionnelle s'y inscrit à travers une durée<br />
d'environ dix ans. Ce roman n'est pas le<br />
premier qu'on ait écrit sur une ve<strong>de</strong>tte <strong>de</strong><br />
théâtre, mais il est probablement le chefd'oeuvre<br />
du genre. Qu'il aurait plu à Edmond<br />
<strong>de</strong> Goncourt ! Il sort exactement <strong>de</strong> sa formulé.<br />
Ohle <strong>de</strong>vine tout bourré <strong>de</strong> « documents<br />
humains », mais plein d'une animation, d'une<br />
vie, dont l'auteur <strong>de</strong> <strong>La</strong> Faustin n'avait<br />
malheureusement pas reçu le dOh.<br />
Au début du récit, Doris Hart, jeune<br />
Alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne famille, est serveuse <strong>de</strong><br />
restaurant à New-York et occupe ses heures<br />
<strong>de</strong> loisir tantôt à poser pour un sculpteur<br />
cubiste d'origine russe, Nemiroff, dont elle<br />
est la maîtresse par intermittences et qu'elle<br />
aime sans oser lé lui dire, tantôt à prendre<br />
<strong>de</strong>s leçons <strong>de</strong> chant. Juddy, la femme d'un<br />
riche banquier, Franklin O. Bryant, se met<br />
en tête, en bonne snob qu'elle est, <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r<br />
à Nemiroff une statue pour son jardin,<br />
d'où une visite <strong>de</strong> Bryant à l'atelier<br />
du sculpteur, d'où l'embrasement <strong>de</strong> Bryant<br />
pour Doris. Pendant un voyage <strong>de</strong> Juddy<br />
en Europe, Franklin obtient que Doris<br />
vienne passer un week-end chez lui et participe<br />
à une petite fête dont il faut lire la<br />
<strong>de</strong>scription dans le roman <strong>de</strong> Mme Vicky<br />
Baum pour prendre une idée <strong>de</strong> la grossièreté<br />
<strong>de</strong> moeurs <strong>de</strong> certains milieux américains<br />
qu'on imaginerait raffinés. Précisément ce<br />
soir-là, Nemiroff s'aperçoit qu'il aime Doris.<br />
Il se met à sa recherche, la découvre dans<br />
les bras <strong>de</strong> Franklin, ou presque, et lui tire<br />
<strong>de</strong>ux coups <strong>de</strong> revolver. Il est condamné à<br />
douze mois <strong>de</strong> prison.<br />
Définitivement attachée à lui par cette<br />
infortune insigne, Doris se jure <strong>de</strong> n'appartenir<br />
jamais à un autre et <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une<br />
gran<strong>de</strong> chanteuse pour faire son bonheur le<br />
jour où il sortira <strong>de</strong> prison. Mais comment<br />
<strong>de</strong>venirunegran<strong>de</strong>chanteuse? Sonprofesseur,<br />
une vieille Italienne, n'a pas la science qu'il<br />
faudrait. Par bonheur, le père- <strong>de</strong> Franklin,<br />
le vieux Bryant, lui verse une soli<strong>de</strong> pension<br />
en dédommagement du préjudice que lui<br />
a causé son fils. Elle pourra donc être<br />
l'élève <strong>de</strong> l'illustrissime ténor italien Delmonte,<br />
dont la puissante personnalité, le<br />
caractère tyrannique et l'entourage pittoresque<br />
fournissent à Mme Vicki Baum l'occasion<br />
<strong>de</strong> se montrer portraitiste et peintre<br />
<strong>de</strong> moeurs hors <strong>de</strong> pair.<br />
Pour <strong>de</strong>venir l'élève <strong>de</strong> Delmonte, Doris<br />
a dû en passer par les exigences <strong>de</strong> son secrétaire.<br />
Il importe peu pour elle. Rien ne<br />
l'arrêtera dans sa recherche forcenée <strong>de</strong> la<br />
fortune. L'amour et les caresses <strong>de</strong>s hommes<br />
sont sans effet sur elle. Elle n'a que Nemiroff<br />
en tête —<br />
Nemiroff et le chant, Nemiroff et<br />
la gloire...<br />
MadameVicki Baum, photographiée <strong>de</strong>vant l'église<br />
Saint-Vincent <strong>de</strong> Paul, lors d'un <strong>de</strong> ses récents<br />
à Paris. (Photo Harlingue.)<br />
passages<br />
Étape par étape, Mmc Vicki Bàum nous<br />
fait suivre toute l'ascension <strong>de</strong> Doris jusqu'à<br />
son engagementau Metropolitan Opéra<br />
<strong>de</strong> New-York. Ascension qui ne va pas sans<br />
difficultés ni sans « coups durs » — non plus<br />
que sans compromissions et humiliations<br />
diverses. Tour à tour chanteuse d'opéra et<br />
d'opérette, Doris parcourt l'Europe et l'Afrique<br />
du Nord, repasse aux Etats-Unis,<br />
revient <strong>de</strong> ce côté-ci <strong>de</strong> l'eau, et comme,<br />
entre temps, la crise est survenue et que le<br />
vieux Bryant a dû cesser <strong>de</strong> lui verser sa<br />
pension, on imagine ses traverses... Et<br />
toujours elle aime Nemiroff dont elle espère<br />
toujours qu'il sera gracié. Dé temps en<br />
temps, elle va le voir dans sa prison.<br />
Mmc Vicki Baum nous décrit <strong>de</strong> façon<br />
saisissante l'insensible dégradation morale<br />
du prisonnier. Son caractère <strong>de</strong>meure capricieux<br />
et c'est pourquoi sa libération tar<strong>de</strong><br />
tant. Doris ne se décourage pas. A Paris,<br />
elle a pourtant fait la connaissance d'un<br />
jeune musicien français qui est <strong>de</strong>venu<br />
son amant et qui, seul, réussirait à lui faire<br />
oublier Nemiroff si quelqu'un pouvait lui<br />
faire oublier Nemiroff. Le vieux Bryant,<br />
qu'elle a revu et qui est en train <strong>de</strong> refaire<br />
fortune, s'est épris d'elle comme tout le<br />
mon<strong>de</strong> : il lui propose même <strong>de</strong> l'épouser.<br />
C'est un homme charmant que le vieux<br />
Bryant. Quant à son fils, il a sombré dans<br />
l'ivrognerie, ce qui n'a pas empêché Doris<br />
Hart <strong>de</strong> l'admettre à je ne sais quel titre<br />
dans une troupe dont elle fait partie...<br />
Enfin, elle est engagée au Metropolitan<br />
Opéra en même temps que son vieux maître<br />
Delmonte Sa santé décline, elle souffre d'une<br />
maladie <strong>de</strong> coeur consécutive à son ancienne<br />
blessure. Aussi, quand Nemiroff sort enfin<br />
<strong>de</strong> prison, s'empressent-ils <strong>de</strong> réaliser leur<br />
rêve : aller vivre dans une île en plein Océan<br />
Pacifique pour s'y aimer jusqu'à la mort.<br />
De fait, Doris meurt bientôt d'un arrêt du<br />
coeur, contre la poitrine du cher Nemiroff...<br />
Ici s'achève la carrière <strong>de</strong> Doris Hart.<br />
<strong>La</strong> trame en est variée et acci<strong>de</strong>ntée, et<br />
le romanesque n'en est pas absent, mais on<br />
ne s'en plaint pas, car ce romanesque,<br />
d'ailleurs inhérent au sujet, n'exclut pas<br />
l'humaine et profon<strong>de</strong>, et souvent amère<br />
vérité <strong>de</strong>s sentiments, <strong>de</strong>s caractères, <strong>de</strong>s<br />
situations, <strong>de</strong>s mille traits dont se compose<br />
cette «<br />
histoire comique », comme aurait dit<br />
Anatole <strong>France</strong>.<br />
André Billy.<br />
M —<br />
L'ACHETEUSE.<br />
-<br />
LA RABOUILLEUSE<br />
DEUX reprises. A l'Odéon, L'Acheteuse,<br />
trois actes <strong>de</strong> Steve Passeur. A là<br />
Comédie-Française, <strong>La</strong> Rabouilleuse,<br />
quatre tableaux d'Emile<br />
Fàbfe, d'après Balzac. D'un côté le<br />
meilleur succès d'un jeune auteur expressionniste.<br />
De l'autre, le meilleur succès également<br />
d'un vieil auteur réaliste, lui-même<br />
nullement en mesure <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s<br />
types à la fois réels et originaux mais à qui<br />
Balzac a fourni <strong>de</strong>s personnages, leur milieu<br />
et l'enchaînement <strong>de</strong>s circonstances<br />
bâtir<br />
pour<br />
une pièce soli<strong>de</strong>. Tl serait vain, d'ailleurs,<br />
<strong>de</strong> reprocher à Fabre les retranchements<br />
qu'il apporta au Ménage <strong>de</strong> Garçon<br />
d'où est tirée <strong>La</strong> Rabouilleuse. Le théâtre<br />
n'a jamais su contenir ces immenses panoramas<br />
<strong>de</strong>s romans <strong>de</strong> Balzac qui n'a trouvé<br />
d'imitateur à son échelle que l'Américain<br />
Sinclair Lewis. Le cinéma qui a popularisé<br />
l'oeuvre <strong>de</strong> Sinclair Lewis se chargera sans<br />
doute d'en faire autant pour Balzac.<br />
Il est peu probable que le cinéma puisse<br />
s'emparer <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> Steve Passeur. Il<br />
marque trop <strong>de</strong> dédain pour la. logique <strong>de</strong>s<br />
circonstances et <strong>de</strong>s caractères avec une série<br />
d'artifices brutaux, en donnant comme<br />
ressort d'action <strong>de</strong> toutes ses pièces la haine<br />
dans l'amour, la haine génératrice<strong>de</strong> l'amour.<br />
Conception psychologique assez courte. Pourtant,<br />
il y met une sorte d'obstination rageuse<br />
à froid dont il tire <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> surprise<br />
et <strong>de</strong> sensation.<br />
L'Acheteuse montre une vieille fille<br />
tendre qui s'empare d'un joli garçon<br />
aux abois, l'achète, et, sachant qu'elle<br />
n'est pas aimée, se fait un jeu <strong>de</strong> l'humilier<br />
jusqu'au moment où ce mari étrange, habitué<br />
malgré, tout à cette méchante épouse et<br />
à sa servitu<strong>de</strong>, s'éva<strong>de</strong>, soudain libéré par<br />
<strong>de</strong> l'argent. Alors, la méchante femme se<br />
tue. 11 y a au moins <strong>de</strong>ux renversements<br />
<strong>de</strong> situation par acte et le <strong>de</strong>rnier acte est<br />
la situation du premier prise à rebours. Deux<br />
excellents acteurs ont humanisé ce Guignol<br />
tragique. Simone, qui joue à la fois la méchanceté<br />
et la douleur amoureuses en gran<strong>de</strong><br />
artiste, et Jean Max, qui incarne le veule et<br />
brutal mâle acheté, humilié, enchaîné et,<br />
dans sa répugnante passivité, parvient à un<br />
réalisme pittoresque.<br />
Les pièces à situation forte, si artificielles<br />
qu'elles soient, jouées par <strong>de</strong> bons<br />
comédiens, peuvent éveiller l'intérêt. Bien<br />
joué, Paul Hervieu est ainsi <strong>de</strong>venu le<br />
grand dramaturge <strong>de</strong> 1900, avec son affreux<br />
théâtre mécanique à situations. Cela peut-il<br />
donner <strong>de</strong> l'espoir à Passeur ?<br />
Dans <strong>La</strong> Rabouilleuse, il reste, <strong>de</strong> Balzac,<br />
<strong>de</strong>s caractères, l'atmosphère d'une gran<strong>de</strong><br />
époque et une situation, la rivalité d'une<br />
basse aventurière <strong>de</strong> province et d'un soudard,<br />
Flore Brazier, le colonel Bridau aux<br />
prises dans une intrigue d'argent et d'amour.<br />
Fabre a changé le dénouement <strong>de</strong> Balzac.<br />
C'est la Rabouilleuse qui vient à bout du<br />
<strong>de</strong>mi-sol<strong>de</strong>, meurtrière <strong>de</strong> son amant. Cette<br />
fin <strong>de</strong> mélo, qui satisfait peut-être le public,<br />
Balzac ne l'aurait pas acceptée.<br />
Alexandre et Marie Marquet jouent avec<br />
le relief qui convient ce fragment <strong>de</strong> film<br />
balzacien, construit à la Sardou, pour qui<br />
Balzac était un dieu.<br />
Clau<strong>de</strong> Berton.
Comment profiter<br />
<strong>de</strong>s vacances hivernales.<br />
Joies et peines<br />
du ski<br />
DEPUIS quelques semaines déjà la neige<br />
couvre les montagnes. Peu à peu,<br />
elle <strong>de</strong>scend, nivelle bosses et<br />
replis <strong>de</strong>s hauts pâturages, blanchit<br />
les forêts, s'accumule dans les<br />
ruelles <strong>de</strong>s villages. Il est temps <strong>de</strong> songer<br />
au ski.<br />
Nombre d'entre vous sont skieuses exercées.<br />
Entreprendre un virage ne signifie<br />
plus forcément le terminer dans un inextricable<br />
enchevêtrement <strong>de</strong> skis, <strong>de</strong> jambes,<br />
<strong>de</strong> bras, <strong>de</strong> bâtons, tandis que retentissent<br />
les cris impérieux : «<br />
Piste.l. Piste », <strong>de</strong>s<br />
skieurs vous frôlant et se retenant d'exprimer<br />
à voix haute leur commisération amusée,<br />
en voyant que.J'étrange araignée qui<br />
obstrue la moitié du : passage est une jeune<br />
et charmante femme.<br />
Jusqu'ici, sans doute, avez-vous surtout<br />
suivi les pentes durcies avoisinant téléphériques<br />
et monte-pentes. Excellente métho<strong>de</strong><br />
d'entraînement mais qui vous a fait goûter<br />
une faible partie <strong>de</strong>s joies du ski. Faire du<br />
ski, c'est parcourir la montagne toute<br />
entière : forêts, déserts blancs <strong>de</strong>s hauts<br />
alpages, crêtes ourlées <strong>de</strong> corniches. Vaste<br />
mon<strong>de</strong> auprès duquel les pistes jalonnées<br />
et étiquetées <strong>de</strong> la basse montagne semblent<br />
bien petites, à peine plus gran<strong>de</strong>s que la<br />
patinoire où tournent les couples dans la<br />
musique du haut-parleur.<br />
Cette exploration <strong>de</strong> l'Alpe vous donnera<br />
plus <strong>de</strong> joies, vous coûtera plus <strong>de</strong> peines<br />
aussi, que le parcours répété d'une piste<br />
familière. Avec <strong>de</strong>ux, trois amies, vous serez<br />
seules, pendant <strong>de</strong>s heures, exception faite<br />
<strong>de</strong> la fugitive rencontre <strong>de</strong> quelque caravane.<br />
Pendant <strong>de</strong>s heures, vous monterez<br />
dans la forêt d'abord, puis dans la succession<br />
<strong>de</strong>s conques pleines d'ombre ou luisantes<br />
<strong>de</strong> soleil, où apparaissent les taches<br />
brunes <strong>de</strong>s chalets isolés, à <strong>de</strong>mi enfouis<br />
sous la neige. <strong>La</strong> <strong>de</strong>rnière arête, durcie par<br />
le vent, vous obligera peut-être à laisser<br />
vos skis plantés dans la neige, puis à monter<br />
avec l'appui <strong>de</strong>s cannes, frappant du<br />
pied à chaque pas le sol gelé pour ne pas<br />
glisser. Une fois en haut, même si le sommet<br />
atteint n'a qu'une médiocre altitu<strong>de</strong>, vous<br />
dominerez le mon<strong>de</strong> blanc, vous serez chez<br />
les dieux, avec vos meilleurs amis : le soleil,<br />
la neige et toutes les cimes <strong>de</strong>s alentours.<br />
Pour jouir <strong>de</strong> cette vie libre et sportive,<br />
votre équipement sera moins simplifié que<br />
le vêtement habituel <strong>de</strong>s skieuses <strong>de</strong> <strong>de</strong>scente<br />
pure. Le fin pull-over ou le mouchoir<br />
bariolé reliant le pantalon à un collier <strong>de</strong><br />
perles <strong>de</strong> bois, costumes ordinaires sur la<br />
piste, seront renforcés par une vareuse <strong>de</strong><br />
drap ou une windjack. Un chapeau garantissant<br />
<strong>de</strong> la neige et du soleil, dés moufles<br />
<strong>de</strong> laine et <strong>de</strong> toile, un foulard ou mieux une<br />
cagoule protégeant le cou et les oreilles du<br />
vent, prendront place dans votre sac. Vous<br />
n'oublierez pas <strong>de</strong>s peaux <strong>de</strong> phoque, un<br />
nécessaire <strong>de</strong> réparation pour les skis et<br />
quelques provisions. N'exagérez pas Ces<br />
<strong>de</strong>rnières : <strong>de</strong>s biscottes, du chocolat, une<br />
poignée <strong>de</strong> fruits secs, <strong>de</strong>ux oranges suffisent<br />
amplement, n'encombrent pas et pèsent peu.<br />
L'exercice du ski s'accommo<strong>de</strong>mal <strong>de</strong> repas<br />
trop copieux.<br />
Le choix <strong>de</strong> l'itinéraire peut avoir une<br />
réelle ^ influence sur la joie retirée <strong>de</strong> la promena<strong>de</strong>.<br />
Trois ou quatre heures <strong>de</strong> <strong>de</strong>scente,<br />
à skis, sur <strong>de</strong> la croûte cassante, puis<br />
à pied dans un sentier caillouteux et vergla;<br />
é, en songeant que la montée s'est faite<br />
entièrement sur une neige excellente, révéleront<br />
très vite les défauts <strong>de</strong> caractère <strong>de</strong>s<br />
membres <strong>de</strong> la caravane... les<br />
vôtres y<br />
compris. Ayez donc soin, pour conserver<br />
une parfaite égalité d'humeur, <strong>de</strong> choisir<br />
le moins bon chemin pour l'itinéraire <strong>de</strong><br />
montée et <strong>de</strong> tracer la piste <strong>de</strong> <strong>de</strong>scente sur<br />
la neige la meilleure.<br />
Le ski <strong>de</strong> tourisme en moyenne montagne<br />
peut se pratiquer par tous les temps.<br />
Fait-il beau ?<br />
Vous partez pour les sommets<br />
lointains. Le ciel est couvert, il neige.<br />
Evitez alors les alpages déserts où fait rage<br />
la tourmente, suivez les ail es <strong>de</strong> la forêt.<br />
Le vent y est nul, la neige tombe sans bruit,<br />
couvrant les branches <strong>de</strong>s sapins qui se<br />
débarrassent parfois, d'un large balancement,<br />
<strong>de</strong> leur manteau trop lourd, couvrant<br />
la trace étrange du lièvre, comme celle <strong>de</strong><br />
l'écureuil et du renard, couvrant aussi<br />
votre propre piste. Qu'importe! routes et<br />
sentiers montrent leur ligne blanche à travers<br />
les arbres, la forêt vous protège du vent,<br />
<strong>de</strong> la poudrerie aveuglante et <strong>de</strong>s avalanches.<br />
Vous déjeunez, assises sur une pile <strong>de</strong> bois<br />
fraîchement coupé, à peine abritées par les<br />
branches d'un grand sapin. Le soir, vous<br />
revenez, par cette route ou par une autre,<br />
retrouvant au village les skieuses <strong>de</strong> piste<br />
qui, redoutant la neige lour<strong>de</strong>... et peut-être<br />
aussi le manque <strong>de</strong> spectateurs, ont passé<br />
à l'hôtel, à s'ennuyer, une <strong>de</strong>s journées <strong>de</strong><br />
leurs vacances.<br />
Jalek. f<br />
P.-S. —<br />
Notre collaboratriceest à la disposition<br />
<strong>de</strong>s lectrices <strong>de</strong> <strong>La</strong> <strong>Femme</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> pour leur<br />
fournir, par lettre, <strong>de</strong>s renseignements détaillés<br />
sur toutes questions concernant villégiatures,<br />
voyages, sports en plein air. Dire très exactement<br />
le genre <strong>de</strong> station recherché, les goûts particuliers,<br />
la durée possible du séjour ou du voyage,<br />
l'époque choisie et la somme à dépenser. Joindre<br />
trois francs en timbres pour frais <strong>de</strong> correspondance.<br />
Un délai <strong>de</strong> dix à quinze jours est nécessaire<br />
pour les réponses par lettre.<br />
LA TENDRE ENNEMIE<br />
ON ne saurait refuser à M"16 Simone<br />
Berriau le mérite <strong>de</strong> la persévérance.<br />
Les échecs <strong>de</strong> Divine et<br />
A'Itto tie lui ont pas fait perdre<br />
l'ambition <strong>de</strong> voir son nom briller<br />
Un jour au firmament cinématographique.<br />
Je ne crois pas que ses espérances se réalisent<br />
encore cette fois. Du moins a-t-ellë<br />
donné à Max Ophûls l'occasion <strong>de</strong> racheter<br />
son échec <strong>de</strong> Là Signora <strong>de</strong> Tutti et <strong>de</strong><br />
Divine.<br />
Sans valoir Liebelei, <strong>La</strong> Tendre Ennemie<br />
constitue un effort honorable pour sortir<br />
<strong>de</strong>s chemins trop fréquentés. Certes, les histoires<br />
<strong>de</strong> doubles, <strong>de</strong> fantômes, <strong>de</strong> revenants<br />
ne nous ont pas manqué ces temps-ci, mais.<br />
Trois Jours chez les Vivants, Peter Ibbetson<br />
nous venaient d'Amérique, et Fantôme à<br />
vendre d'Angleterre. <strong>La</strong> Tendre Ennemie<br />
a le mérite d'avoir été réalisé en <strong>France</strong><br />
d'aprèsune pièce qui, sous le titre L'Ennemie,<br />
a connu un joli succès. L'auteur, M. André-<br />
Paul Antoine, a modifié son oeuvre; il a<br />
réécrit les dialogues et la soumission aux lois<br />
du cinéma dont il fait preuve mérite d'être<br />
donnée en exemple à tous les auteurs dramatiques<br />
qui traitent avec con<strong>de</strong>scendance un<br />
art cent fois plus vivant cependant que l'art<br />
théâtral.<br />
L'originalité <strong>de</strong> la Tendre Ennemie rési<strong>de</strong><br />
bien davantage dans son postulat que dans<br />
son action : celle-ci est, à vrai dire^ fort<br />
banale ; il s'agit une fois <strong>de</strong> plus d'une jeune<br />
fille qui aime un jeune aviateur, tandis que<br />
sa famille veut lui faire épouser un homme<br />
riche et d'âge mûr. L'amour triomphera<br />
grâce à la compile té <strong>de</strong> trois « revenants »<br />
qui se trouvent réunis dans la maison où<br />
l'on célèbre les fiançailles. L'un est le père<br />
<strong>de</strong> la jeune fille, l'autre l'amant <strong>de</strong> sa mère<br />
et le <strong>de</strong>rnier un amoureux <strong>de</strong> celle-ci qui,<br />
jadis, se suicida pour elle.<br />
Les trois hommes évoquent le passé et<br />
nous voyons s'animer <strong>de</strong>vant nous l'histoire<br />
<strong>de</strong> cette petite bourgeoise et <strong>de</strong> son mari<br />
qui ne songeait qu'à assurer son bonheur<br />
matériel. Elle l'abandonnera pour suivre<br />
un séduisant dompteur ; mais l'un et l'autre,<br />
à cause d'elle, disparaîtront prématurément.<br />
Quant au troisième larron, il a précédé les<br />
<strong>de</strong>ux autres dans le coeur <strong>de</strong> la « tendre<br />
.<br />
ennemie ». Comme il n'a pu l'enlever avant<br />
son mariage, il a préféré mourir.<br />
Mêler ces récits rétrospectifs aux scènes<br />
contemporaines, faire évoluer ces trois morts<br />
provisoirement réincarnés, parmi les personnages<br />
vivants, leur permettre d'intervenir<br />
dans l'action, autant <strong>de</strong> difficultés<br />
qu'il n'était pas aisé <strong>de</strong> surmonter. Max<br />
Ophûls a montré beaucoup d'adresse dans<br />
ce jeu. Il a su créer l'atmosphère très habilement<br />
par <strong>de</strong>s procédés empruntés d'ailleurs<br />
pour la plupart à L'Homme Invisible. On<br />
pourrait lui reprocher pourtant certaines<br />
gaucheries, comme ces petits gestes ridicules<br />
que font nos fantômes quand ils veulent se<br />
déplacer, certains traits laborieux, comme<br />
les discours <strong>de</strong> l'oncle Emile, certaines longueurs<br />
qui ralentissent le mouvement,<br />
toujours trop lent.<br />
A vrai dire, une fois le premier effet <strong>de</strong><br />
surprise passé, on sait très bien ce qui va<br />
arriver ; aussi s'intéresse-t-on davantage à la<br />
façon dont elle est racontée qu'à l'histoire<br />
elle-même. On aurait aimé que les trois habitants<br />
<strong>de</strong> l'au-<strong>de</strong>là aient à résoudre un problème<br />
plus compliqué que celui <strong>de</strong> rompre<br />
d'absur<strong>de</strong>s fiançailles... G. Charensol.
PULL-OVER A COL DOUBLE<br />
(TAILLE 42-44).<br />
Matériaux:250gr.<strong>de</strong> laineFufeoréaJu Bon Pasteur;<br />
20 grammes a angora blanc ; 3 aig, dé 2 mm. <strong>de</strong> diamètre<br />
; 2 aig. <strong>de</strong> I<br />
mm. 1/2 <strong>de</strong> diam. (col) ;<br />
1 crochet<br />
<strong>de</strong> 5 mm. ; aiguille à 1 tapisserie ;<br />
I patron ;<br />
fil à bâtir.<br />
Points employés.— Côtes doubles : * 2 m. endroit,<br />
2 m. envers, *.<br />
Point jersey :<br />
* I<br />
rang endroit, 1<br />
rang envers, * etc.<br />
Côtes jersey :<br />
* 3 rangs à l'envers sur l'endroit ;<br />
5 rangs a endroit 1 sur l'endroit, * etc.<br />
Chevrons :<br />
Lés chevrons se font avant Tàssémblàgë.<br />
Un les exécute en bâtissant Une forte chaînette à là<br />
place marquée, et en recouvrant cette chaînette d'un<br />
point dé feston plat très régulier.<br />
.Exécution.<br />
—,<br />
Devant<br />
: Commencer par lé bas.<br />
Monter. 11« mailles avec les aiguilles dé 2 mm. Faire<br />
7 cm. dé côtes doublés.<br />
Augmentations <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssous dé bras :<br />
Tricoter sur 23<br />
<strong>de</strong>jhauteur, cm.<br />
au point jersey, en ajoutant une maillé<br />
^droite et a gauche tous lés 6 rangs pour gagner<br />
16 mailles a droite et 16 mailles à gauche et en avoir :<br />
I lO T 51 = 150;<br />
Haut du <strong>de</strong>vant :<br />
Ier côté : Emmanchures et décolleté :<br />
I ravailler sur la moitié <strong>de</strong>s maillés que l'on possè<strong>de</strong>,<br />
soit 75 m. en faisant ceci : côté emmanchure, rabattre*<br />
tous les <strong>de</strong>ux rangs, une fois 4 m., une fois<br />
tois.2 3 m., <strong>de</strong>ux<br />
m. et cinq fois 1<br />
m., soit<br />
bord 16 m. en 18 rangs.<br />
sera ensuite vertical. Du côté du décolleté, rabat-<br />
Le<br />
tre tous les 2 rangs, sur l'envers, trois fois 3 m., une<br />
fois l m. et onze fois une maille, soit 22 m. en trente<br />
rangs. 11 reste 37 mailles. Les tricoter tout droit jusqua<br />
IH cm. dé hauteur totale d'emmanchure.<br />
Epaule : Rabattre en quatre fois, soit : une fois 10 m-<br />
et trois lois 9 m.<br />
Haut du <strong>de</strong>vant, 2e côté : Reprendre lès 75 m. laissées<br />
au repos et faire lé 2e côté, comme le Iercôté, en vis-à-vis.<br />
Dos. '— Commencer par le bas. Monter 106 m"<br />
Avec lés aig. <strong>de</strong> 2 mm., faire 7 cm. <strong>de</strong> côtes doublés.<br />
Augmentations <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> bras<br />
_<br />
: Tricoter au point<br />
jersey sur 21 cm. <strong>de</strong> hauteur seulement, en ajoutant<br />
une m. adroite et à gauche tous les 7 rangs, pour<br />
fnlnï ?4 —<br />
nnroite el '2 m' à feauche et en *voir :<br />
\Emmanchures : Rabattre* au commencement <strong>de</strong><br />
chaque aiguille : une fois fois 3 nv, <strong>de</strong>ux fois 2 m., quatre<br />
II une m., soit 11 m. <strong>de</strong> chaque côté,<br />
reste en 14 rangs.<br />
: 130 — 22 = 108 mailles. Tricoter tout droit<br />
jusqu à 17 cm. <strong>de</strong> hauteur totale d'emmanchures.<br />
Epaules . Rabattre trois fois II<br />
épaule,<br />
m. pour<br />
soit 33 chaque<br />
m. par épaulé et 42 m. pour la largeur<br />
d encolure.<br />
MANCHE.<br />
— Commencer par lé bas. Monter 50 m.<br />
Faire 9 cm. dé côtes doubles.<br />
Augmentations <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> manche : Tricoter<br />
40 cm., en ajoutant une maille à droite et a gauche<br />
tous les 7 rangs, pour gagner 23 m. <strong>de</strong> chaque côté,<br />
et en avoir : 50 + 46 = 96.<br />
Haut <strong>de</strong> manche : Tricoter sur 19 cm. <strong>de</strong> hauteur»<br />
en rabattant I m. au commencement <strong>de</strong> chaque rang,<br />
pendant 12 cm. Ensuite, une m. <strong>de</strong> chaque côté au<br />
commencement d'un rang, tous les 2 rangs et 3 rangs,<br />
jusqu'à ce qu'il reste 30 m. Rabattre tout droit.<br />
Grand col<br />
:<br />
Commencer par une pointe. Monter<br />
5 mailles en laine foncée, avec les aig. <strong>de</strong> I<br />
mm.<br />
j/2.<br />
Augmentations : Travailler au point <strong>de</strong> côtes jersey,<br />
en ajoutant une maille au même côté, tous les trois<br />
rangs, pour<br />
hauteur.<br />
former le biais du bas, jusqu'à 8 cm. <strong>de</strong><br />
Premier oeillet :<br />
Du côté du bord vertical, faire 1 oeillet<br />
à 4 m. dil bord en rabattant 2 m. que l'on remonte<br />
au rang suivant. Continuer en faisant lés aug. jusqu'à<br />
ce que l'on ait un biais <strong>de</strong> II cm., et 7 cm. <strong>de</strong> largeur<br />
totale. Travailler sur les 7 cm., pendant une hauteur<br />
<strong>de</strong> 42 cm*<br />
Diminutions :<br />
Faire les dim. à raison d'une m. tous<br />
lès trois'rangs, du même côté que les aug.<br />
Deuxième oeillet : Faire le 2e oeillet, vis-à-vis du<br />
lCT oeillet et continuer jusqu'à ce qu'il reste 3 m.<br />
battre.<br />
Ra-<br />
Petit col : En laine angora, même point que pour le<br />
frand col, avec oeillets ; faire les aug. tous les 2 et<br />
rangs* pour aveir un biais <strong>de</strong> 11<br />
cm., et 6 cm*, <strong>de</strong><br />
largeur seulement. Faire les dim. dans lés mêmes<br />
proportions.<br />
Chevrons : Passer un bâti ; <strong>de</strong> chaque côté du haut<br />
du <strong>de</strong>vant, pour marquer l'emplacement <strong>de</strong>s 8 chevrons,<br />
la pointe du chevron du bas se trouvant à 18 cm.<br />
au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s côtés, et l'écart entre cette pointe et lé<br />
bord du <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> bras étant <strong>de</strong> 11 11<br />
cm. y aura<br />
un écart <strong>de</strong> 2 cm. 1/2 environ entre chaque chevron.<br />
Ceci fait, exécuter autant <strong>de</strong> chaînettes en laine,<br />
avec la laine doublée, en donnant à chaque chaînette<br />
la longueur voulue. Bâtir chaque chaînette à sa<br />
et la recouvrir, place<br />
avec la laine et I aig. à tapisserie, d'un<br />
point <strong>de</strong> feston plat, bien régulier.<br />
Assemblage :<br />
Faire les cortures d'épaules. Faire<br />
quatre ou cinq petits plis dans le haut <strong>de</strong> chaque manche,<br />
pour les bien épauler, tout en ramenant l'ensemble<br />
du haut dé manche à la dimension dé chaque emmanchure.<br />
Monter le haut dés manches. Faire les coutures <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> manche. Fairs une pince <strong>de</strong> 2 cm. <strong>de</strong> chaque<br />
côté du <strong>de</strong>vant, en haut <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> bras. Faire les<br />
coutures <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> bras. Coudre le grand col<br />
autour du décolleté, les pointes en bas. Coudre le<br />
petit col, à l'intérieur; faire une cor<strong>de</strong>lière en angora,<br />
la passer dans les oeillets, la nouer <strong>de</strong>vant et la terminer<br />
f>ar un gland à chaque extrémité. Rabattre légèrement<br />
e grand col sur lui-même, à la hauteur <strong>de</strong>s épaules.<br />
18<br />
Nous adressons franco<br />
<strong>de</strong> port et emballage pour<br />
la <strong>France</strong> :<br />
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Paris (X°).<br />
LE VERRE BRISÉ<br />
Dans une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières ruches, Ràra Avis,<br />
répondant à Miss Néant, lui fait remarquer que*<br />
pour elle, la casse d'un verre blanc est un signe<br />
néfaste, et elle me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> mon avis.<br />
C'est poser la un problème général qui mérite<br />
un examen attentif. Comme je vous l'ai déjà dit,<br />
c'est à chacun <strong>de</strong> nous <strong>de</strong> se faire* dans le domaine<br />
<strong>de</strong>s ihtersignes, <strong>de</strong>s présages, sa clef personnelle*<br />
Ce que tel acte signifie pour l'une a un sens différent<br />
pour l'autre, et l'on ne peut, dans les courtes<br />
étu<strong>de</strong>s que je donne ici, qu'indiquerle sens général.<br />
Ainsi, quand je dis « casser du verre blanc<br />
porte bonheur»,je <strong>de</strong>vrais être plus précis et spécU<br />
fier ; pour la plupart <strong>de</strong>s personnes le fait <strong>de</strong> casser<br />
du verre blanc est faste.<br />
Voilà, me dira-t-on, qui réduit singulièrement la<br />
valeur <strong>de</strong>s règles occultistes.<br />
Sans doute. Mais croyez-vous que les mé<strong>de</strong>cins<br />
aient plus <strong>de</strong> rigueur dans leurs diagnostics? Ne<br />
sont-ils pas constamment déroutés par <strong>de</strong>s contradictions<br />
cliniques? Ils savent bien que toutes<br />
les connaissances livresques ne vaudront jamais<br />
une intuition sûre.<br />
Touteequi est humain (et je dirai même mieux:<br />
vivant), « se sent » plus qu'il ne se décrit, échappe<br />
moins à l'instinct qu'au raisonnement.<br />
DEUX LÉGENDES BOUDDHIQUES<br />
Voici <strong>de</strong>ux légen<strong>de</strong>s bouddhiques, que j'emprunte<br />
à M. René Grousset, et qui vous renseigneront<br />
plus sur l'esprit véritable du bouddhisme<br />
que nombre <strong>de</strong> gros et rébarbatifs traités.<br />
Il faut d'abord savoir que les légen<strong>de</strong>s indiennes<br />
prêtent au Bouddha Gautama d'innombrables<br />
existences antérieures à sa venue sur la terre, au<br />
cours <strong>de</strong>squelles il s'incarna dans les corps <strong>de</strong><br />
divers animaux.<br />
Ainsi, une fois, il fut le Roi <strong>de</strong>s Éléphants, un<br />
éléphant blanc à six défenses.<br />
Il était fidèle à son épouse. Dans le troupeau,<br />
une jeune éléphante fut tellement jalouse <strong>de</strong> celleci<br />
qu'elle se laissa mourir <strong>de</strong> faim. Et elle renaquit<br />
dans le corps d'une reine <strong>de</strong> Bénarès. Cette reine<br />
envoya un chasseur tuer l'éléphant-roi pour s'emparer<br />
<strong>de</strong> ses défenses.<br />
Le chasseur se déguisa en ermite, s'approcha <strong>de</strong><br />
la bête et lui décocha une flèche empoisonnée.<br />
Si gran<strong>de</strong> fut la douleur du futur Bouddha qu'il<br />
eut la tentation <strong>de</strong> tuer son ennemi. Mais il se<br />
ressaisit, éloigna son troupeau, et avant que <strong>de</strong><br />
mourir, arracha lui-même ses six défenses pour<br />
les offrir à son bourreau.<br />
Dans une autre avatara (existence antérieure)<br />
le Bouddha était le Roi <strong>de</strong>s Cerfs. Il gouvernait<br />
un troupeau <strong>de</strong> cinq cents cerfs. Un roi <strong>de</strong> Bénarès<br />
envoya <strong>de</strong>s rabatteurs qui cernèrent la har<strong>de</strong>.<br />
Le roi <strong>de</strong>s cerfs se rendit auprès <strong>de</strong> lui et négocia<br />
la libération <strong>de</strong>s captifs. Il l'obtint à condition<br />
d'envoyer chaque année un cerf aux bouchers <strong>de</strong><br />
Bénarès.<br />
Une certaine année le sort désigna une biche<br />
qui allait mettre bas. Elle alla trouver le roi <strong>de</strong>s<br />
cerfs et lui dit : « Attends seulement que mon<br />
petit soit né, et je m'offrirai sans regret. »<br />
Saisi <strong>de</strong> compassion, le roi <strong>de</strong>s cerfs se substitua<br />
à la biche, et alla s'offrir à sa place au roi <strong>de</strong><br />
Bénarès. Celui-ci,touché <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong> bonté,<br />
renonça alors au tribut annuel.<br />
PIERRE MARIEL.<br />
PIERRE MARIEL remercie les nombreuses lectrices<br />
qui veulent bien lui écrire et s'excuse <strong>de</strong><br />
ne pouvoir répondre qu'aux lettres accompagnées<br />
d'un mandat-poste <strong>de</strong> 20 francs.
&
^Ç&nme<strong>de</strong> <strong>France</strong><br />
Genève à l'époque <strong>de</strong> Madame <strong>de</strong> Staël.<br />
Le coeur tumultueux<br />
<strong>de</strong> Madame <strong>de</strong> Staël<br />
AH ÇA I<br />
ma chère, s'emporte Benjamin, est-ce que vous me<br />
croyez incapable <strong>de</strong> juger ce qui peut ou doit se faire?<br />
Croyez-vousqu'il me plaise que cette personne aille partout<br />
colporter que j'ai épousé une maritorne, sans grâce et sans<br />
mérite? En un mot, Charlotte, la première <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que je<br />
vous fais, allez-vous me la refuser? Voulez-vous, oui ou non,<br />
m'accompagner chez M,n 0 <strong>de</strong> Staël ?<br />
— Mais... oui... mon ami, oui, bien sûr...<br />
XX<br />
Mme <strong>de</strong> Staël a cédé aux conseils <strong>de</strong> ses meilleurs amis : elle<br />
n'a rien fait pour rappeler Benjamin Constant, on lui a démontré<br />
que cette tactique était <strong>de</strong> toute la plus habile et que les bons<br />
résultats <strong>de</strong> cette apparente froi<strong>de</strong>ur ne pouvaient tar<strong>de</strong>r à se<br />
faire sentir pour elle.<br />
Elle a fait crédit à ceux qui disent l'aimer, mais elle commence<br />
à s'impatienter.<br />
Benjamin est bien long à lui revenir. Est-il possible, vraiment,<br />
qu'il puisse, loin d'elle, sans lettres, sans nouvelles, trouver un<br />
intérêt quelconque à la vie? Elle ne peut le croire et, cependant,<br />
elle s'affole <strong>de</strong> ce silence qui s'épaissit entre eux.<br />
Tant pis ! elle ne peut plus résister ! Vainement, elle a essayé,<br />
en dérivatif, <strong>de</strong> déployer son inlassable activité. Les tragédies <strong>de</strong><br />
Racine qu'elle adore — elle y voit le reflet brûlant <strong>de</strong> son coeur<br />
— ne sont pas parvenues à dissiper sa constante préoccupation.<br />
Malgré les compliments, les adulations <strong>de</strong> tous, elle se sent<br />
seule, misérable, privée d'une part d'elle-même. Il faut qu'elle<br />
revoie Benjamin Constant. Elle va lui écrire. Il répétera encore<br />
qu'elle n'a pas <strong>de</strong> dignité! Qu'importe! Il le lui a dit, il le lui<br />
a écrit :<br />
— Parmi tant <strong>de</strong> sublimes qualités que j'admire, il y a,<br />
chez vous, un coin que je n'aime pas : c'est ce manque <strong>de</strong> fierté...<br />
Elle soupire amèrement. Quand on aime, où est la fierté ?<br />
Est-ce ou'i! en montrait beaucoup, lui, le censeur d'aujourd'hui,<br />
quand il pleurait d'amour à ses pieds, quand elle le repoussait et<br />
qu'il insistait, avec la sombre énergie du désespoir,<br />
daignât pour qu'elle<br />
abaisser un regard sur lui.<br />
Que les temps sont changés !<br />
Elle a déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> rompre la lour<strong>de</strong> trêve et <strong>de</strong> lui écrire. Elle<br />
n'en dira rien à personne, mais il faut qu'elle le revoiebientôt,<br />
sans quoi, elle le sent, elle ne pourrait plus vivre.<br />
A ce moment, on lui apporte un billet <strong>de</strong> Beniamin. Oui,<br />
c'est cette écriture, haute et si lisible, qu'elle affectionne. Elle<br />
s'empare <strong>de</strong> 1a lettre, éblouie. One dit-il ?<br />
Ce Si sont <strong>de</strong> sombres, <strong>de</strong> douteuses paroles :<br />
« vous voulez être renseignée sur mon compte, voulez-vous<br />
venir à fiéeheron ? Je vous v attends, en oran<strong>de</strong> impatience...<br />
Sécheron est »<br />
un petit pavs, tout proche <strong>de</strong> Coppet. Elle<br />
s'y rendre. Elle<br />
va<br />
fait préparer sa berline et part, sans rien dire<br />
à personne.<br />
Son coeur exulte. Elle ne veut retenir ni l'étrangeté <strong>de</strong><br />
ren<strong>de</strong>z-vous, ni l'incorrection ee<br />
qui fait qu'on la dérange, au lieu<br />
<strong>de</strong> venir à elle. Une chose, une seule, importe : elle va le revoir,<br />
lui expliquer qu'il eut tort <strong>de</strong> se froisser <strong>de</strong> son refus : seule,<br />
les circonstances extérieures l'empêchent <strong>de</strong> porter son nom,<br />
mais n'est-elle pas la compagne dé son esprit, celle <strong>de</strong> son coeur ?<br />
Elle est à l-'âuberge. Elle <strong>de</strong>mandé M. Constant. On la fait<br />
attendre. Elle se sent pâlir d'émotion.<br />
<strong>La</strong> porte s'ouvre : une femme <strong>de</strong> quelques années plus jeune<br />
qu'elle, éclatante et blon<strong>de</strong>, grasse et souriante, s'avance àu<strong>de</strong>vant<br />
d'elle.<br />
Germaine <strong>de</strong> Staël s'étonne, mais sans s'inquiéter :<br />
— M. Benjamin Constant ne vient-il pas, madame? C'est<br />
lui que j'ai <strong>de</strong>mandé... vous <strong>de</strong>vez vous tromper...<br />
Là paisible Alleman<strong>de</strong> sourit <strong>de</strong> ses yeux bleus sans malice :<br />
— Mais non, madame, je ne me trompe pas. Je suis Mme Constant...<br />
J'ai voulu vous présenter mes <strong>de</strong>voirs et vous dire là<br />
gran<strong>de</strong> admiration que j'ai pour vos ouvrages... Vous êtes la<br />
femme la plus illustre du inon<strong>de</strong>.<br />
Mme dé Staël ne l'entend pas. Elle s'est arrêtée sur là première<br />
phrase :<br />
— Alors, dit-elle, lentement, avec effort. Benjamin... Benjamin...<br />
il serait...<br />
— Il est mon mari <strong>de</strong>puis dix jours, dit paisiblement Charlotte<br />
qui trouve que cette Mme <strong>de</strong> Staël, pour urie femme supérieure,<br />
ne comprend pas très vite. Je vais l'appeler, madame... Il<br />
a tenu à ce que je sois la première à vous saluer, niais maintenant<br />
que là connaissance est faite... Beniamin ! Beniamin !<br />
11 entre â cet appel : c'est pour entendre le cri désespéré <strong>de</strong><br />
l'auteur <strong>de</strong> Corinne, pour la voir, pâle comme une mourante,<br />
chanceler et le fixer avec une expression d'ineon-cience douloureuse...<br />
Il là reçoit dans ses bras, à l'étonnement <strong>de</strong> Charlotte.<br />
Charlotte ! Pour l'instant, il s'en soucie assez peu:<br />
— Vous le voyez, lui dit-il<br />
emploierait pour une chambrière, — et son ton est celui au'il<br />
— vous lé vovez. elle s'évanouit.<br />
Deman<strong>de</strong>z <strong>de</strong> l'eàu fraîche, un cordial... Ouvrez la fenêtre...<br />
Hâtez-vous, vovons... <strong>La</strong> malheureuse souffre!<br />
Subfugnée, Charlotte obéit.<br />
Mais Germaine dé Staël se ranime. Elle passe une main<br />
ésrarée sur son visage. Elle revoit près du sien le visage <strong>de</strong><br />
Ben'nmin Constant.<br />
D'un saut, elle s'êlôisrne <strong>de</strong>.<br />
lui.<br />
— Germaine, eommenee-t-il. humblement... c'est vous qui<br />
m'avez conduit à cette extrémité, avec votre orgueil inhumain,<br />
avec votre extraordinaire vanité... Vous m'avez sacrifié à Un nom,<br />
souvenez-vous-en!<br />
— Mais... qui est votre femme? <strong>de</strong>man<strong>de</strong> M"" <strong>de</strong> Staël.<br />
— <strong>La</strong> comtesse Charlotte <strong>de</strong> Har<strong>de</strong>nbersr, Daronne <strong>de</strong><br />
Marenholtz, elle appartient à une <strong>de</strong>s plus vieilles familles <strong>de</strong><br />
l'empire allemand.. Elle n'a pas hésité à prendre mon nom,<br />
mo<strong>de</strong>ste, inconnu... Elle m'aime, elle, sans calculs, sans faux<br />
orgueil...<br />
Icî, Charlotte croit venu le moment <strong>de</strong> donner la mesure <strong>de</strong><br />
son esprit :<br />
— C'est que, vovez-vous, dit-elle à Germaine, Benjamin est<br />
si bon... il est tellement bon...<br />
Mm" <strong>de</strong> Staël intre l'insignifiante personne et une douleur<br />
nouvelle l'envahit: ainsi, celle oui â pris sa place dans 1e coeur<br />
<strong>de</strong> Beniamin, cet homme si distingué, ce talent si brillant, c'est<br />
cette orétaure dont la sottise transparaît dans les moindres propos,<br />
dans le sourire nuïet en un tel moment, dans cette assurance<br />
ridicule : la bonté <strong>de</strong> Ben'amin... alors au'il vient <strong>de</strong><br />
lui infliger la plus cruelle insulte nu'un homme ptiîsse oser<br />
envers la femme ou'il a aimée! Sa bonté!<br />
Des larmes coulent <strong>de</strong>s veux <strong>de</strong> Mme <strong>de</strong> Staël. <strong>La</strong> rage les<br />
provonne, plus peut-être encore que le chagrin.<br />
Ouelle honte, nuand les ennemis <strong>de</strong> sa gloire sauront que<br />
Beniamin Constant, cet ami inséparable, s'est marié. Ta laissée<br />
prmr épouser une femme aussi peu douée sous le rapport <strong>de</strong> l'intelligence!<br />
Elle <strong>de</strong>vine les pamphlets, les ironies, les cruautés <strong>de</strong><br />
toutes sortes par quoi ses ennemis vont saluer la stupéfiante<br />
nouvelle. Se peut-il que ce soit à lui qu'elle doive ce regain <strong>de</strong><br />
peine? Beniamin. l'ami <strong>de</strong> toute sa jeunesse, celui que son père<br />
avait traité si filîalement,. l'homme que ses enfants ont aimé en<br />
second père, celui dont elle a fait admettre' la continuelle présence<br />
à ses côtés; à force <strong>de</strong> tact, <strong>de</strong> mesure et <strong>de</strong> véritable<br />
dignité. Le mon<strong>de</strong> a admis cette liaison, bien qu'elle ne fût<br />
pas sanctionnée par un mariage public. Les <strong>de</strong>ux noms glorieux<br />
<strong>de</strong> l'auteur <strong>de</strong> Corinne et <strong>de</strong> l'auteur â'Adolfihe étaient unis, elle<br />
avait pensé qu'ils le resteraient éternellement.<br />
Et cette femme stupi<strong>de</strong> est maintenant entre eux : la postérité<br />
connaîtra l'humiliation infligée à l'amie dont le dévouement ne<br />
faillit jamais, à celle sans qui, probablement, Benjamin Constant<br />
n'eut jamais rien produit <strong>de</strong> remarquable, incapable qu'il<br />
fût, avant <strong>de</strong> la connaître, <strong>de</strong> terminer un ouvrage entrepris.<br />
— Oui, répète Charlotte, avec son sourire qu'elle croit engageant,<br />
ï[ est bon, trop bon, mon Benjamin... C'est parce qu'il<br />
a voulu nous ménager, toutes les <strong>de</strong>ux, qu'il eut l'idée <strong>de</strong> cette<br />
rencontre ici...<br />
— ai —
^"femme <strong>de</strong><br />
"fronce<br />
C'en est trop! Ce possessif, cette explication ont le don <strong>de</strong><br />
rendre à Mme <strong>de</strong> Staël toute sa virulence.<br />
Elle se dresse face à l'épouse <strong>de</strong> fraîche date et, la toisant<br />
<strong>de</strong>s pieds à la tête, elle clame :<br />
— Votre « »<br />
Benjamin est un être faible, saus courage et<br />
sans fidélité. En se mariant avec vous, il a commis une action<br />
basse et, en nous mettant ainsi en présence, une véritable vilenie.<br />
Aucun homme <strong>de</strong>, coeur n'aurait osé aller si loin dans le cynisme<br />
et dans le mépris <strong>de</strong> ce qu'on doit à l'honneur. Vous ne comprenez<br />
donc pas qu'en nous réunissant ici, comme vous le dites, il<br />
nous offense aussi gravement l'une, que l'autre : vous, l'épouse<br />
légitime qu'il n'a prise que par dépit, parce qu'il se. croyait<br />
dédaigné... pour se venger mesquinement... moi, l'âmie infatigable<br />
<strong>de</strong> quinze années, la compagne <strong>de</strong>s jours <strong>de</strong> doute, <strong>de</strong><br />
malheur, d'exil, la conseillère qu'il quitte à regret, qu'il n'a pas<br />
osé prévenir, qu'il à trahi lâchement, dans l'ombre* la fuite et le<br />
silence.<br />
A ces paroles véhémentes, les <strong>de</strong>ux époux se sont tus. Charlotte,<br />
malgré toute sa simplicité, subit l'ascendant exceptionnel<br />
<strong>de</strong> Mm" <strong>de</strong> Staël. Benjamin, à cette voix si forte sur son<br />
coeur et sur ses pensées, rentre en lui-même...<br />
Tardivement, il juge tout ce que sa conduite à <strong>de</strong> scandaleux<br />
et <strong>de</strong> cruel. Il comprend aussi qu'il aime encore Germaine <strong>de</strong><br />
Staël d'amour, d'amitié! Il ne sait plus, mais il est certain<br />
que sa douleur, son indignation lui sont affreusement pénibles<br />
et qu'il s'en veut dé les avoir causées.<br />
Et, tout à coup, <strong>de</strong>vant les <strong>de</strong>ux femmes stupéfaites, il éclate<br />
en sanglots :<br />
— Germaine, dit-il, vous avez raison, oui, je ne suis qu'un<br />
misérable et qu'un lâche... J'ai mal agi envers vous <strong>de</strong>ux, et<br />
cependant l'une et l'autre vous m'êtes chères... Toute ma vie,<br />
j'ai rêvé <strong>de</strong> douceur, <strong>de</strong> tendresse, <strong>de</strong> refuge...<br />
— Je serai cela, Benjamin, jette Charlotte bouleversée. Vous<br />
êtes si bon, Benjamin, je le disais bien...<br />
M <strong>de</strong> Staël la foudroie du regard :<br />
—<br />
Le refuge, l'asile, ai-je jamais été autre chose, Benjamin?<br />
Rappelez-vous...<br />
Il courbe le front. Il évoque les heures les plus calmes <strong>de</strong><br />
leur amitié : <strong>de</strong> quel charme incomparable étaient empreintes<br />
certaines <strong>de</strong> leurs entrevues. Il associe plusieîurs <strong>de</strong> leurs<br />
conversations au ciel dé Coppet, à cette nature si belle, si pompeuse<br />
et si rayonnante. Oui, c'était le bonheur, alors... Pourquoi<br />
ne l'â-t-il pas mieux compris? Par la pensée, il revit.les prestigieux<br />
triomphes <strong>de</strong> son amie. Il se rappelle ce parterre d'admirateurs<br />
éminents, jjes princes, <strong>de</strong>s rois, <strong>de</strong>s reines, <strong>de</strong>s grands<br />
hommes... Est-ce que, pour cette femme incomparable, les règles<br />
<strong>de</strong> là commune bienséance ne pouvaient pas s'élargir? N'avaitril<br />
pas lieu d'être fier qu'elle l'eût, simplement, associé à sa vie,<br />
même dans l'ombre? Pourquoi a-t-il voulu la contraindre à changer<br />
pour lui le nom glorieux qu'elle a, seule, illustré?<br />
Cruelle ironie du <strong>de</strong>stin ! C'est à cet instant, alors que l'irréparable<br />
est accompli qu'il trouve admissible le refus <strong>de</strong> Mme <strong>de</strong><br />
Staël !<br />
Tl se donne tous.les ,torts, dans la gran<strong>de</strong> querelle qui les a,<br />
si atrocement, divisés.<br />
— Germaine,, dit-il, pardonnez-moi... Vous êtes, tellement,<br />
plus gran<strong>de</strong> que tnoi...<br />
Elle est anéantie- Son coeur lui fait mal. Elle se sent brisée.<br />
Elle regar<strong>de</strong> Beniamin effondré, la fa<strong>de</strong> Charlotte qui l'implore<br />
d'un sourire crispant. Que faire? Que souhaiter, maintenant?<br />
;-.•.<br />
— Tout au moins,.,-dit-elle, tenez cette union secrète... Qu'on<br />
ignore, encore un peu <strong>de</strong> temps, ce mariage déconcertant... Promettez-moi<br />
le silence à ce sujet?<br />
— Je le jure! dît Beniamin, trop heureux <strong>de</strong> consentir à une<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> M <strong>de</strong> Staël.<br />
Charlotte voudrait bien protester, mais les yeux <strong>de</strong> Mm« <strong>de</strong><br />
Staël lui en imposent :<br />
— Ce sera comme Benjamin le voudra, dit-elle. DU moment<br />
qu'il est auprès <strong>de</strong> moi, le reste m'importe peu!<br />
Sur cette <strong>de</strong>rnière cruauté inconsciente, Mme <strong>de</strong> Staël regagne<br />
sa berline. Elle était venue avec une telle espérance ! Elle<br />
repart mala<strong>de</strong>, vieillie, presque inconsciente...<br />
.XXI<br />
Les intimes <strong>de</strong> M <strong>de</strong> Staël ont observé les ravages d'une<br />
mortelle douleur sur ce visage si passionnément mobile. On<br />
l'interroge : son âme ..<strong>de</strong> tous temps eut une transparence cristalline,<br />
elle ne peut dissimuler la conduite <strong>de</strong> Benjamin Constant.<br />
Une houle d'indignation secoue Coppet et tous ceux qui s'y<br />
trouvent en ce moment s'insurgent contre le mal qu'on a fait<br />
à la maîtresse du lieu.<br />
Parmi les hôtes <strong>de</strong> marque qui sont là, il y a Mme Récamier,<br />
l'amie ai tendre, si sûre <strong>de</strong> Mm <strong>de</strong> Staël. <strong>La</strong> divine Juliette est<br />
hors d'elle-même. Comment Benjamin Constant a-t-il osé commettre<br />
cette sorte <strong>de</strong> sacrilège?<br />
11 y a aussi le jeune M. <strong>de</strong> Barante, le fils du préfet <strong>de</strong><br />
Genève, qui admire passionnément l'auteur <strong>de</strong> Corinne.<br />
Ce jeune homme est extrêmement séduisant, il a une grâce<br />
aimable, beaucoup <strong>de</strong> coeur, une sensibilité juvénile et sincère<br />
qui plai<strong>de</strong> en sa faveur.<br />
M. <strong>de</strong> Barante est indigné <strong>de</strong> la conduite <strong>de</strong> Benjamin Constant<br />
qu'il n'aimait guère, parce que cet homme singulier qui<br />
avait toujours l'air <strong>de</strong> se moquer <strong>de</strong>s gens, n'inspirait que<br />
rarement la sympathie.<br />
M. <strong>de</strong> Barante écrit à celle qu'il appelle Corinne, comme son<br />
immortelle héroïne, <strong>de</strong>s lettres pleines <strong>de</strong> respectueux enthousiasme.<br />
Et, très vite, la nouvelle, comme une traînée <strong>de</strong> poudre<br />
se répand : le jeune Barante est éperdument épris <strong>de</strong> Mme <strong>de</strong><br />
Staël qui; par son extrême coquetterie, encourage le bénévole<br />
soupirant dans sa déraison.<br />
Le préfet dé^ Genève, par ses sympathies, est entièrement<br />
acquis à Napoléon et à ses volontés. Il espère beaucoup <strong>de</strong> la<br />
bonté impériale pour l'avancement dé son fils.<br />
Pour lui, M <strong>de</strong> Staël que l'empereur a publiquement traité<br />
d'intrigante, <strong>de</strong> bas-bleu et <strong>de</strong> méchante femme est une indésirable.<br />
De Genève, il exerce sur elle Une surveillance serrée. Il<br />
sait ce qui se passe à Coppet, il paie pour être renseigné sur<br />
les agissements, les déplacements et les réceptions <strong>de</strong> Mlne<br />
Staël.<br />
C'est d'un très mauvais oeil qu'il a vu son fils se rendre à<br />
Coppet. Quand il apprend par la rumeur publique <strong>de</strong> quelle<br />
passion on prétend Prosper Barante accablé, le père s'indigne.<br />
Comment, son fils paierait <strong>de</strong> tout son avenir les inconséquences<br />
<strong>de</strong> cette femme dangereuse?<br />
II va s'y opposer <strong>de</strong> toutes ses forces.<br />
Pour cela, afin <strong>de</strong> déconsidérer le plus possible Germaine <strong>de</strong><br />
Staël, il divulgue ce que son service d'espionnage lui a tout <strong>de</strong><br />
suite enseigné : à savoir le mo3'en dont Benjamin Constant s'est<br />
avisé pour s'échapper <strong>de</strong>s filets <strong>de</strong> cette sombre enchanteresse.<br />
Bien vite, M. <strong>de</strong> Barante envoie à Paris la relation du mariage<br />
secret <strong>de</strong> Benjamin, <strong>de</strong> la rencontre à Sécheron, <strong>de</strong>s supplications<br />
dé Mme <strong>de</strong> Staël, du silence imposé par elle à ceux qui lui<br />
ont infligé ce a camouflet moral ».<br />
Le retentissement du scandale est énorme. Rien ne peut donner<br />
une idée <strong>de</strong> la douleur <strong>de</strong> Germaine <strong>de</strong> Staël. Paris fait <strong>de</strong>s<br />
gorges chau<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la séparation Staël-Benjamin Constant. Des<br />
pamphlets, <strong>de</strong>s caricatures infamants commentent l'événement.<br />
Napoléon s'en égaie publiquement.<br />
Le jeune Prosper <strong>de</strong> Barante, qui sait d'où vient le mal,<br />
écrit à son père avec reproche : pourquoi avoir ainsi terni une<br />
<strong>de</strong>s plus certaines gloires littéraires françaises? Comment a-t-on<br />
cru à <strong>de</strong>s relations coupables entre Mme <strong>de</strong> Staël et lui ? Etait-ce<br />
à son père, à son meilleur ami, <strong>de</strong> le condamner sans même<br />
l'entendre, <strong>de</strong> ruiner dans l'opinion du mon<strong>de</strong> une femme qui<br />
n'eut pour lui que <strong>de</strong>s bontés?<br />
Le préfet <strong>de</strong> Genève n'est pas convaincu : pour lui, Mme <strong>de</strong><br />
Staël n'est qu'une aventurière et son fils doit, au plus tôt, quitter<br />
Coppet :<br />
« Vous <strong>de</strong>vez, écrit-il, vous détacher <strong>de</strong> cette femme qui<br />
empoisonne ma vie et tourmente la vôtre. Tout est croyable,<br />
tout est possible, dans l'horrible démence où cette femme<br />
conduit ceux qui s'attachent à elle. Je n'écrirai pas <strong>de</strong>s lettres<br />
<strong>de</strong> roman à M <strong>de</strong> Staël, pour la prier d'être généreuse et <strong>de</strong><br />
cesser <strong>de</strong> nous tourmenter tous les <strong>de</strong>ux, mais tout ce que je<br />
pourrai faire pour briser <strong>de</strong>s chaînes aussi dures que les.siennes,<br />
sovez bien sûr, Prosper, que je le ferai... »<br />
(A suivre.)<br />
HUBERTE HÉBERT.<br />
<strong>de</strong><br />
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