28.05.2018 Views

L'Essentiel du Sup - édition spéciale Semaine du Management

Quels sont les 10 Grands défis de l'Enseignement en gestion ? C'est la question que pose ce numéro spécial de l'Essentiel du Sup en partenariat avec la FNEGE pour la Semaine du Management 2018. Vous n'étiez pas présent lors de cet événement ? Alors lisez ce numéro !

Quels sont les 10 Grands défis de l'Enseignement en gestion ? C'est la question que pose ce numéro spécial de l'Essentiel du Sup en partenariat avec la FNEGE pour la Semaine du Management 2018.
Vous n'étiez pas présent lors de cet événement ? Alors lisez ce numéro !

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ENTRETIEN<br />

« Il faudrait faire<br />

progresser la<br />

culture générale<br />

des diplômés »<br />

Directeur général adjoint en charge des<br />

ressources humaines <strong>du</strong> groupe Veolia,<br />

Jean-Marie Lambert recrute à ce titre des<br />

jeunes diplômés dans le monde entier.<br />

Son regard sur la formation que proposent<br />

les écoles de management françaises.<br />

Olivier Rollot : Que pensez-vous des formations en management ?<br />

Répondent-elles aux besoins d’une grande entreprise comme Veolia qui<br />

recrute plusieurs centaines de jeunes diplômés chaque année ?<br />

Jean-Marie Lambert : C’est diffi cile de généraliser car les écoles de management<br />

sont assez différentes même s’il existe chez elles une sorte de « pensée unique »,<br />

inspirée des business schools américaines. Quoi qu’il en soit, il faudrait sans doute<br />

faire progresser la culture générale des diplômés, notamment en géopolitique. Les<br />

diplômés des écoles de management gagneraient à avoir une vision plus précise de<br />

l’histoire et de l’économie de quelques grands pays. Ceux que nous embauchons ont<br />

souvent une vision très superfi cielle des pays dans lesquels ils n’ont pas fait de stage.<br />

Ils devraient également mieux connaître la vie des entreprises à partir d’exemples. Ils<br />

manquent vraiment d’une vision sociale et ressources humaines. Ce sont des options<br />

alors que tout diplômé devrait savoir ce que sont les lois sociales et comprendre les<br />

réformes <strong>du</strong> Code <strong>du</strong> travail et de la formation professionnelle. Enfi n ils sont tellement<br />

ancrés dans un modèle américain qu’ils utilisent une sorte de sabir anglais alors qu’ils<br />

devraient mieux utiliser le français !<br />

O. R : Et le côté plus positif ?<br />

J-M. L : Le point positif est bien sûr le niveau de plus en plus élevé des diplômés<br />

dans les fondamentaux des écoles de management, en particulier en fi nance<br />

et contrôle de gestion ; par ailleurs il est à noter que les meilleures écoles ont des<br />

travaux de recherche de très bonne tenue. Les diplômés sont plus ouverts car ils ont<br />

fait beaucoup de stages ont un bon niveau en langues et sont ouverts sur le monde.<br />

Mais dans un moule qui ne les habitue pas à la contradiction dès qu’on sort d’un<br />

modèle conventionnel. Ils sont plus ouverts quand on leur parle de la Bourse de<br />

Hong Kong que de l’ouvrier de la Seine Saint-Denis ! Ils sortent de très bons lycées,<br />

d’écoles parfois un peu loin <strong>du</strong> monde et leur connaissance <strong>du</strong> tissu social est d'autant<br />

plus faible que les stages ouvriers ont quasiment disparu. En revanche, on ne<br />

peut que se féliciter de leur investissement de plus en plus marqué dans l'action<br />

humanitaire. Les écoles doivent faire des efforts en matière d’enseignement de RSE<br />

(responsabilité sociale des entreprises) quand, dans les écoles d'ingénieurs, on a déjà<br />

pas mal évolué. Les d'ingénieurs sont d’ailleurs également plus ouverts sur la diversité<br />

des modèles économiques. Sans doute aussi parce que le recrutement des écoles<br />

d'ingénieurs est davantage diversifi é.<br />

O. R : Quels types de jeunes diplômés recrutez-vous ?<br />

J-M. L : Nous recevons beaucoup de candidatures spontanées et c’est notre<br />

principal vecteur pour recruter chaque année 500 à 600 jeunes cadres en<br />

Europe. Ce sont essentiellement des ingénieurs, dans la proportion de huit pour<br />

un diplômé d’école de management. ces derniers vont d'abord travailler prioritairement<br />

dans les fonctions support, mais beaucoup peuvent évoluer dans des<br />

fonctions de management opérationnel. Nous recrutons également des profi ls<br />

ayant complété leur premier diplôme par une spécialisation, essentiellement<br />

des ingénieurs qui ont obtenu en plus le diplôme d’une école de management.<br />

Dans tous les cas nous passons beaucoup par l’apprentissage, y compris dans les<br />

écoles de managements. Beaucoup commencent également par un VIE (volontariat<br />

international en entreprise), ce qui est très effi cace pour réussir une bonne intégration.<br />

Nous avons très peu de démissions chez nos jeunes cadres.<br />

O. R : Comment faites-vous pour fidéliser vos jeunes recrues ? On entend<br />

souvent des entreprises qui se plaignent de les voir partir très vite après<br />

leur embauche…<br />

J-M. L : Quand on entre chez Veolia on l’a choisi en connaissance de cause. On sait<br />

qu’on va travailler dans l’environnement, dans un bain international et on est motivé<br />

pour ça. Cela dit, alors que notre image est excellente dans les écoles d'ingénieurs,<br />

les diplômés des écoles de management rêvent plus d’entrer chez Google ou Amazon<br />

que de rejoindre des grandes entreprises de service comme la nôtre. Et notamment<br />

les femmes, alors que nous favorisons la mixité à tous les niveaux de Veolia. Et pourtant<br />

aujourd'hui nous voyons des parcours de carrière qui montrent qu’on peut devenir<br />

directeur d’une fi liale en étant diplômé à la base d’une école de management. On<br />

n’est pas pour autant strictement cantonné à l’audit et à la fi nance !<br />

O. R : En formation continue faites-vous appel à des écoles de management<br />

pour former vos cadres ?<br />

J-M. L : Nous réalisons beaucoup de formations en interne dans le cadre de notre<br />

campus d’entreprise. Pratiquement tous nos cadres sont même formés chaque<br />

année. Souvent en partenariat avec des écoles de management comme l’Essec ou<br />

l’IMD Lausanne. En revanche je ne suis pas persuadé de la pertinence <strong>du</strong> fi nancement<br />

de MBA à l’extérieur pour des cadres qui nous quittent ensuite. Ou alors cela<br />

fait effectivement partie d’un package de départ.<br />

O. R : Vous recrutez également beaucoup à l’international dans les business<br />

schools. C’est très différent de la France ?<br />

J-M. L : Non, toutes les business schools sont aujourd'hui assez proches. Jusqu’en<br />

Russie on se forme à peu près de la même façon. De plus nous avons harmonisé<br />

la gestion de nos cadres et de leurs rémunérations partout dans le monde. Quand il<br />

s’agit de recruter un DAF au Pérou nous savons quelle est la fourchette des rémunérations.<br />

D’autant que nous devons toujours commencer par examiner si nous avons<br />

un candidat potentiel en interne. Tous les recrutements de cadre sont validés par le<br />

siège et nous essayons d’être proches d’eux. Par exemple en organisant chaque<br />

année des journées d'intégration dans notre campus de Jouy-Le-Moutier, journées<br />

qui regroupent les derniers cadres recrutés dans tous nos pays. n<br />

En<br />

44 L’ESSENTIEL DU SUP | NUMÉRO SPÉCIAL | SEMAINE DU MANAGEMENT<br />

E 14659 Magazine LEssentiel-<strong>Semaine</strong><strong>Management</strong>-DI-V3.indd 44 03/05/2018 11:03

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!