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L'Essentiel du Sup - édition spéciale Semaine du Management

Quels sont les 10 Grands défis de l'Enseignement en gestion ? C'est la question que pose ce numéro spécial de l'Essentiel du Sup en partenariat avec la FNEGE pour la Semaine du Management 2018. Vous n'étiez pas présent lors de cet événement ? Alors lisez ce numéro !

Quels sont les 10 Grands défis de l'Enseignement en gestion ? C'est la question que pose ce numéro spécial de l'Essentiel du Sup en partenariat avec la FNEGE pour la Semaine du Management 2018.
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6 e DÉFI<br />

>>><br />

un mélange de savoirs, savoir-faire et savoir-être ; nous répondons<br />

ainsi à la demande <strong>du</strong> monde économique dont les métiers<br />

se transforment, exigeant par exemple de maîtriser les "soft<br />

skills" : la capacité d’adaptation, la créativité, le leadership sont<br />

des qualités indispensables aujourd’hui ». Un constat partagé<br />

par l’IAE Caen qui, pour les valoriser, a développé des badges<br />

numériques attribués par un jury aux étudiants pour leur participation<br />

active, leur savoir-être, leur sens de la communication,<br />

leur combativité, etc. 15 badges correspondant à des compétences<br />

différentes peuvent être distribués et implémenter dans<br />

un profil LinkedIn ou intégrer à un CV. « 5 % de nos étudiants<br />

ont un badge aujourd’hui ; c’est important de reconnaître ces<br />

compétences - ce que la formation académique ne permet pas -<br />

notamment pour les entreprises », explique Patrice Georget.<br />

À chaque école ces choix d’outils digitaux. Ainsi, l’Essec a récemment<br />

expérimenté la réalité virtuelle au sein de sa « chaire <strong>du</strong><br />

Changement », une chaire de recherche sur le thème <strong>du</strong> changement<br />

en entreprises, dans les administrations et dans la société<br />

en général mais aussi un lieu d’échanges de pratique entre<br />

partenaires. Cinq mo<strong>du</strong>les sont proposés permettant aux participants<br />

de s’immerger dans l’entreprise, de l’observer et d’interagir,<br />

comme dans des jeux vidéo.<br />

: Changement de posture<br />

Le digital a pris une place prépondérante dans nos vies et, par<br />

voie de conséquence, dans l’enseignement ; pour parler le même<br />

langage que les millennials, il est même devenu indispensable.<br />

Mais ce n'est pas le seul. Depuis 2012, l’Essec a mis en place<br />

la « imagination week » pour son programme grande école,<br />

déclinée depuis dans d’autres cursus dont l’executive É<strong>du</strong>cation.<br />

Durant une semaine, les participants rencontrent des personnalités<br />

<strong>du</strong> monde de l’art, de la philosophie, etc., montent des<br />

projets collectivement, etc. L’objectif ? « Stimuler leur imagination,<br />

les confronter aux défis de demain, en faire des managers<br />

libres, créatifs et responsables », répond Vincenzo Esposito. Autre<br />

expérience menée avec les étudiants en 2 e année de master : le<br />

« byoc » (build your own cours). Etudiants et professeurs décident<br />

3 questions à Jean-Christophe Hauguel,<br />

directeur général adjoint de l’EM Normandie et coordinateur <strong>du</strong> groupe de travail<br />

« Innovations pédagogiques » au sein de la CGE<br />

À quels enjeux répond le besoin pour les<br />

écoles d’intégrer dans leur pédagogie des<br />

méthodes novatrices ?<br />

L’enjeu, c’est de passer de l’apprentissage <strong>du</strong> savoir au<br />

développement des compétences. C’est ce que permettent<br />

les nouveaux outils. Au départ, Internet n’avait<br />

pas vocation à bouleverser le monde de l’é<strong>du</strong>cation<br />

mais de fait c’est ce qui s’est passé. Ce fut d’abord un<br />

outil de stockage de toutes les connaissances possibles.<br />

L’approche alors était bien plus passive qu’aujourd’hui.<br />

Mais, avec l’avènement des générations Y et Z nées avec<br />

ces outils, le comportement par rapport à l’apprentissage<br />

a changé. C’est un élément à prendre en considération<br />

pour les écoles car cela correspond aux attentes<br />

des entreprises vis-à-vis de leurs collaborateurs. Il y a<br />

trente ans, elles embauchaient des personnes qui savaient<br />

lire un bilan, vendre, faire un plan marketing…<br />

Aujourd’hui, elles recherchent des comportements soit<br />

des capacités à travailler en équipe, à être force de proposition,<br />

à traiter de la data, à analyser, à avoir <strong>du</strong> leadership. En un mot :<br />

des leaders innovants, avec une dimension internationale et numérique. Des<br />

qualités qui s’ajoutent aux connaissances académiques. La logique de valeur<br />

ajoutée a donc changé. Avant, celle-ci s’incarnait dans une expertise dans un<br />

domaine donné et on était respecté pour cette expertise. Aujourd’hui, toutes<br />

les connaissances sont accessibles sur Internet. La valeur ajoutée, c’est la matière<br />

grise, l’innovation, la capacité à gérer un projet.<br />

© EM Normandie<br />

Comment votre école, l’EM Normandie, a-t-elle géré ce<br />

tournant ?<br />

Notre force c’est que nous n’avons pas essayé d’innover à tout prix. Avec des<br />

petits groupes d’étudiants, nous avons abordé le sujet sous un angle expérimental.<br />

C’est ainsi qu’a été conçu le programme Grande École pour des personnes<br />

en poste depuis au moins cinq ans délivré en e-learning. En formation<br />

initiale, nous avons développé la SmartEcole. Nous avons d’abord sensibilisé<br />

et formé des enseignants à l’utilisation des méthodes pédagogiques innovantes<br />

que sont les classes inversées ou la co-construction de notes pendant<br />

les cours, la mise en ligne de quiz ou de vidéos de professionnels interviewés.<br />

Nous n’avons pas développé de MOOCs car nous ne pouvions pas rassembler<br />

assez de participants ; en revanche, nous avons fait<br />

des SPOCs (small private online courses) qui sont des<br />

cours en ligne réservés à un petit groupe d’étudiants.<br />

Nous mettons à disposition un panel de séquences pédagogiques<br />

et c’est aux professeurs de se les approprier.<br />

L’école a également procédé à des investissements : pendant<br />

trois ans, nous avons fourni une tablette à chaque<br />

étudiant ; ce n’est plus nécessaire aujourd’hui - ils ont<br />

tous leur propre appareil - mais c’est dire si nous avons<br />

souhaité nous adapter à l’évolution des étudiants dans<br />

leur mode d’apprentissage. Ce qui ne veut pas dire que<br />

nous ne dispensons plus de cours classiques.<br />

Il y a donc un équilibre à trouver entre les<br />

différentes méthodes pédagogiques ?<br />

Les élèves ont besoin de séquences plus traditionnelles,<br />

ce n’est donc pas une bonne idée de supprimer les cours<br />

classiques. Et si on pensait il y a vingt ans que tout pourrait<br />

un jour se gérer en ligne sans professeurs, on se trompait.<br />

Pour autant, nous sommes encore à la Préhistoire ou au Moyen-âge en<br />

termes d’innovation pédagogique. Les outils n’auront de cesse d’évoluer mais<br />

l’é<strong>du</strong>cation continuera à jouer un rôle car les connaissances c'est une chose,<br />

ce qu’on en fait en est une autre. Même l’intelligence artificielle ne permettra<br />

pas de se substituer à l’intelligence humaine pour diriger, inciter, motiver…<br />

E<strong>du</strong>quer relève des compétences d’un professeur, ce ne peut pas être le fait<br />

d’un robot. Sans compter que certains outils suscitent de l’engouement sur une<br />

courte <strong>du</strong>rée. À l’EM Normandie, nous nous sommes un temps passionnés<br />

pour « Second Life », un programme dans lequel les utilisateurs se créent des<br />

personnages, crée un monde virtuel, etc. Des professeurs, que nous avons formés<br />

à l’outil, et des étudiants se sont créé des avatars pour interagir dans des<br />

facultés virtuelles mais le temps qu’on le mette en place, la mode était passée et<br />

nous avons fini par abandonner le projet. Il y a aujourd’hui une multitude de<br />

méthodologies et de start-up travaillant sur l’é<strong>du</strong>cation, ce n’est pas toujours<br />

facile de parier sur la bonne technologie qui résistera sur la <strong>du</strong>rée. Car les nouvelles<br />

ressources é<strong>du</strong>catives, ce ne sont pas que des gadgets, ce sont des outils<br />

importants pour donner <strong>du</strong> sens à la pédagogie et, comme je le disais plus haut,<br />

développer des compétences. Il faut d’abord établir une stratégie puis choisir<br />

les outils ad hoc pour la mettre en application. n<br />

34 L’ESSENTIEL DU SUP | NUMÉRO SPÉCIAL | SEMAINE DU MANAGEMENT<br />

E 14659 Magazine LEssentiel-<strong>Semaine</strong><strong>Management</strong>-DI-V3.indd 34 03/05/2018 11:02

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