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L'Essentiel du Sup - édition spéciale Semaine du Management

Quels sont les 10 Grands défis de l'Enseignement en gestion ? C'est la question que pose ce numéro spécial de l'Essentiel du Sup en partenariat avec la FNEGE pour la Semaine du Management 2018. Vous n'étiez pas présent lors de cet événement ? Alors lisez ce numéro !

Quels sont les 10 Grands défis de l'Enseignement en gestion ? C'est la question que pose ce numéro spécial de l'Essentiel du Sup en partenariat avec la FNEGE pour la Semaine du Management 2018.
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WePlan et écrivaine. « En utilisant les technologies un professeur<br />

peut enseigner indivi<strong>du</strong>ellement plutôt qu’à la classe », estime<br />

James Crabtree, professeur à l’université de Singapour. Ce que<br />

défend également Jörg Dräger pour la Fondation Bertelsmann<br />

en estimant que « c’est toute la différence entre une é<strong>du</strong>cation<br />

fondée sur un tableau noir central, que nous avons fini par adopter,<br />

et celle qu’on donnait auparavant à des enfants de tous âges<br />

mêlés dans la même classe qui se formaient indivi<strong>du</strong>ellement<br />

avec leur propre cahier de connaissance ».<br />

Autant de questions qui viennent rappeler que le premier<br />

challenge est de répondre à la demande massive d’é<strong>du</strong>cation<br />

dans le monde. « Avec l’hétérogénéité des classes, la nécessité<br />

de psychologues, de matériel, etc. chaque élève coûte 2,5 fois<br />

plus cher à é<strong>du</strong>quer aux États-Unis qu’il y a trente ans », établit<br />

Jörg Dräger, qui ne voit pas comment on pourrait être « efficace<br />

pour répondre à ces demandes sans un recours massif aux<br />

nouvelles technologies ». Mais faut-il créer ses propres technologies<br />

ou utiliser celles des grands acteurs comme Google, qui<br />

s’améliorent à mesure que de plus en plus d’utilisateurs les<br />

adoptent ? Une question que pose James Crabtree devant le<br />

« coût exorbitant des nouvelles technologies », sans se poser les<br />

questions qu’on se pose souvent en Europe sur l’appropriation<br />

des data par les grands acteurs <strong>du</strong> web.<br />

: Développer les bonnes compétences<br />

5 e DÉFI<br />

À la suite de la publication fin mars 2018 <strong>du</strong> « Rapport sur<br />

l’intelligence artificielle » (IA) <strong>du</strong> mathématicien et médaillé Fields<br />

Cédric Villani, un programme national pour l’IA va être initié en<br />

France. Coordonné par l’Inria (Institut national de recherche en<br />

informatique et en automatique), il va s’appuyer sur un réseau de<br />

quatre ou cinq instituts spécialisés pour former de plus en plus de<br />

jeunes à ces nouveaux défis tout en développant une recherche<br />

de pointe. Mais aussi utiliser au mieux les technologies digitales,<br />

au sens large, pour mieux enseigner à des étudiants dont on<br />

redoute qu’ils tombent sinon dans les griffes des GAFAM (Google,<br />

Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ou de leurs équivalents<br />

chinois, les BATX (Bai<strong>du</strong>, Alibaba, Tencent, Huawei et Xiaomi).<br />

Deux grands défis pour notre enseignement supérieur alors qu’un<br />

autre rapport, celui de François Taddei sur la « Société apprenante<br />

» met en avant une autre intelligence : collective celle-là.<br />

Dans son rapport, Cédric Villani propose de multiplier par trois le<br />

nombre de personnes formées en IA à horizon 3 ans. Selon lui<br />

« les formations en mathématiques et en informatique existantes,<br />

qui rassemblent les briques de base utiles à l’intelligence artificielle,<br />

devraient s’orienter naturellement vers l’enseignement de<br />

l’intelligence artificielle ». C’est le cas pour les écoles d’ingénieurs<br />

qui, déjà, mettent sur pied des formations spécifiques sur ce<br />

sujet. L'École polytechnique et Google France viennent ainsi de<br />

créer une chaire internationale d'enseignement et de recherche<br />

dans le domaine de l'intelligence artificielle qui a « vocation<br />

à renforcer l'écosystème d'excellence en France en IA, en attirant<br />

les talents internationaux et en formant les chercheurs et<br />

innovateurs de demain. » Le nouveau programme de niveau<br />

master Artificial Intelligence and Advanced Visual Computing de<br />

l'X bénéficiera de son soutien. « Cette chaire nous permettra de<br />

tirer profit de l'excellence française en matière de formation par<br />

la recherche et de double compétence informatique-mathématiques,<br />

pour faire émerger une génération de jeunes talents qui<br />

créeront les métiers numériques de demain », assure Paule Cani,<br />

professeure à l'École polytechnique et porteuse de la chaire.<br />

Cédric Villani insiste également pour la formation de spécialistes<br />

hybrides. « Nous allons intensifier nos liens avec les écoles d'ingénieurs<br />

pour avoir de plus en plus d’étudiants double diplômes<br />

pour anticiper les besoins des entreprises », relève justement le<br />

directeur d’ESCP Europe, Frank Bournois, qui a été le premier à<br />

intro<strong>du</strong>ire le coding dans l’enseignement de ses étudiants. Même<br />

réflexion <strong>du</strong> côté de Skema BS, qui développe avec Microsoft<br />

une nouvelle gamme de parcours hybrides alliant technologie<br />

et management en formation initiale et continue. « Nous devons<br />

apporter une remise à niveau à nos étudiants sur le plan technologique<br />

mais aussi recruter des étudiants qui manifestent un<br />

vrai intérêt pour cette évolution », analyse sa directrice générale,<br />

Alice Guilhon, quand Bernard Belletante estime s’interroge :<br />

« Dans un an et demi IBM va lancer un calculateur qui traitera<br />

à la seconde 10 puissance 19 opérations. C’est-à-dire la vitesse<br />

<strong>du</strong> cerveau ! On ne peut plus raisonner, on ne peut plus travailler<br />

de la même manière. Comment former des jeunes qui auront<br />

accès dans une dizaine d’années à des milliards d’objets connectés<br />

? » Une problématique qui passe également par des alliances<br />

entre écoles d’ingénieurs et de management comme celles que<br />

lancent l’Efrei Paris et l’Essca et qui débouche sur la création<br />

d’un bachelor commun et <strong>du</strong> premier double diplôme manager<br />

/ ingénieur des écoles postbac. « Nos métiers, le marketing, la<br />

comptabilité, la finance, deviennent de plus en plus technologiques<br />

et nous devons attirer et former des jeunes qui ont en eux<br />

ces deux dimensions », remarque le directeur général de l’Essca,<br />

Samir Ayoub.<br />

Mais encore faut-il former les enfants dès le plus jeune âge<br />

« Les besoins de formation en IA ne pourront être remplis qu’à<br />

l’aide d’un renforcement considérable de notre système é<strong>du</strong>catif<br />

en mathématiques et informatique » insiste Cédric Villani. Il<br />

demande donc - il en parlait déjà dans son précédent rapport<br />

sur l’enseignement des mathématiques -, la mise en place d’un<br />

enseignement d’algorithmique dès le cours préparatoire. Un long<br />

chemin en vue que d’autres prennent déjà. En s’appuyant sur ses<br />

800 millions d’internautes, le président chinois, Xi Jinping, entend<br />

« faire de la Chine une cyber-superpuissance capable, d'ici une<br />

dizaine d'années, d'être le leader mondial en intelligence artificielle<br />

(IA), informatique quantique, semi-con<strong>du</strong>cteurs et réseaux<br />

mobiles 5G ». Que pèseront face à lui et ses BATX, face aux<br />

GAFAM, le 1,5 milliard d’euros qu’a prévu de mobiliser Emmanuel<br />

Macron pendant son quinquennat pour développer l’IA en<br />

France ?<br />

>>><br />

→→<br />

Comment former les<br />

cadres qui manquent<br />

au numérique ?<br />

Alors que toutes entreprises<br />

sont en pleine mutation<br />

numérique, les entreprises <strong>du</strong><br />

secteur, et notamment celles<br />

qui sont regroupées dans<br />

leur syndicat professionnel,<br />

le Syntec Numérique, ne<br />

savent plus comment trouver<br />

tous les cadres dont elles<br />

ont besoin. « Nous créons<br />

en moyenne 11 000 emplois<br />

nets par an et recrutons<br />

chaque année 40000 cadres<br />

quand l’in<strong>du</strong>strie en recrute<br />

26000, la banque-assurances<br />

13 000 ou encore le commerce<br />

18 000. Le numérique est un<br />

secteur qui tire la croissance<br />

de toute l’économie », assure<br />

le président de Syntec<br />

Numérique, Godefroy de<br />

Bentzmann, qui s’attend à<br />

une croissance de +3,6 % en<br />

2018 et revendique 19 000<br />

créations nettes d’emplois<br />

en 2016. « Chaque année il<br />

nous manque 10 000 diplômés<br />

dans la branche, dont une<br />

majorité d’ingénieurs »,<br />

confirme le délégué général<br />

de l’association Talents <strong>du</strong><br />

numérique (ex Pasc@line)<br />

qui réunit entreprises et<br />

établissements <strong>du</strong> numérique.<br />

Créer des « EdTech » françaises et européennes<br />

Les défis liés au digital devraient idéalement reposer sur le développement<br />

d’« EdTech » françaises. Aujourd'hui, 90 % des investissements dans le<br />

monde viennent des États-Unis et de Chine. « On estime qu’on y a investi<br />

3,5 milliards d’euros ces trois dernières années sur un marché de l’é<strong>du</strong>cation<br />

de 180 milliards d’euros. C’est à la fois peu et beaucoup en progression avec des<br />

besoins considérables en Chine – 250 millions de personnes à former – et aux<br />

États-Unis le besoin de pro<strong>du</strong>ire un enseignement moins coûteux », commente<br />

Marie-Christine Levet, co-fondatrice <strong>du</strong> premier fond d’investissement<br />

européen dédié à l’é<strong>du</strong>cation et la formation, E<strong>du</strong>capital. Un sujet tellement<br />

sensible pour Neoma BS qu’elle crée un incubateur d’EdTech « Nous voulons<br />

devenir un lieu d’expérimentation avec un accélérateur d’entreprises<br />

EdTech pour tester les avancées technologiques et les nouvelles approches<br />

pédagogiques. Toutes les composantes de l’apprentissage peuvent être repensées<br />

avec des salles mo<strong>du</strong>lables et des espaces de co-working ouverts vers les<br />

start-up », explique sa directrice générale, Delphine Manceau, dont l’école<br />

va également devenir éditrice de cas virtuels qui seront diffusés, d’ici un an,<br />

par la Centrale de cas et de médias pédagogiques. En tout l’Observatoire<br />

des start-up de la EdTech liste aujourd'hui plus de 300 start-up en France.<br />

« Beaucoup sont sous financées et vivent d’appels à projets ministériels pour<br />

lesquels elles tordent leur modèle initial », constate Marie-Christine Levet<br />

dont le fonds dispose aujourd'hui de 47 millions d’euros qui vont être<br />

investis dans 15 à 20 sociétés pour « leur assurer de la pérennité et sélectionner<br />

une quinzaine de champions européens pour ne pas laisser Google et<br />

Apple s’emparer de tout le marché… ». n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | NUMÉRO SPÉCIAL | SEMAINE DU MANAGEMENT<br />

29<br />

E 14659 Magazine LEssentiel-<strong>Semaine</strong><strong>Management</strong>-DI-V3.indd 29 03/05/2018 11:02

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