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L'Essentiel du Sup - édition spéciale Semaine du Management

Quels sont les 10 Grands défis de l'Enseignement en gestion ? C'est la question que pose ce numéro spécial de l'Essentiel du Sup en partenariat avec la FNEGE pour la Semaine du Management 2018. Vous n'étiez pas présent lors de cet événement ? Alors lisez ce numéro !

Quels sont les 10 Grands défis de l'Enseignement en gestion ? C'est la question que pose ce numéro spécial de l'Essentiel du Sup en partenariat avec la FNEGE pour la Semaine du Management 2018.
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3 e DÉFI<br />

3 questions à Bernard Ramanantsoa, directeur général honoraire d’HEC<br />

Il y a quelques semaines vous vous êtes<br />

interrogé sur Xerfi Canal sur la santé<br />

financière des écoles de management. Vous<br />

pensez toujours qu’elles sont au « bord <strong>du</strong><br />

gouffre » ?<br />

Soyons précis : je maintiens que si les écoles veulent pouvoir<br />

investir pour être aux standards internationaux, et<br />

notamment en recherche, elles vont cruellement manquer<br />

de moyens. Je souhaitais tirer la sonnette d’alarme,<br />

notamment vis-à-vis des tutelles : avec les moyens qu’ont<br />

aujourd'hui nos écoles il va leur être de plus en plus<br />

difficile d’être ce qu’on appelle des research institutions.<br />

Bien sûr, elles vont continuer à dire qu’« elles font de la<br />

recherche » mais cela ne compte que si cette recherche<br />

répond aux standards internationaux. Et vouloir changer<br />

les critères pour prétendre rester une research school<br />

est un vœu pieux qui ne trompe pas grand monde dans le secteur ; malgré<br />

quelques interventions au sein de l’EFMD ou de l’AACSB, on ne change pas<br />

comme ça des règles <strong>du</strong> jeu mondiales !<br />

Faute de moyens, on va forcément vers une segmentation entre<br />

des « research institutions » et des « teaching institutions » ?<br />

Oui, et ça n’a rien de gênant en soi. Ce n’est pas une honte d’être une teaching<br />

school et je ne comprends pas pourquoi il y a un embarras à assumer ce statut.<br />

Pourquoi, les écoles de « milieu de tableau » ne revendiquent-elles pas plus<br />

d’être des vecteurs <strong>du</strong> développement de leurs régions, de leurs métropoles ?<br />

Elles pourraient même solliciter plus de subventions de ces collectivités. Et<br />

puis, on peut gagner beaucoup d’argent en étant une teaching school, ne serait-ce<br />

qu’en n’ayant pas à rémunérer des enseignants-chercheurs aux standards<br />

internationaux. Regardez d’ailleurs le nombre croissant des écoles qui<br />

intéressent les fonds d’investissement !<br />

Non, ce qui est beaucoup plus embarrassant, c’est le nombre très limité de<br />

vraies research schools en France. Faut-il rappeler qu’on n‘est une research<br />

institution que si, et seulement si, on peut revendiquer des publications reconnues<br />

mondialement et si la culture de l’Institution est une culture « orientée<br />

recherche » ? Tout le monde en convient : il n’y a, en France, aujourd’hui,<br />

en comptant l’Insead, que deux/trois institutions, qui peuvent revendiquer<br />

ce statut ! Je trouve cela très ennuyeux. C’est la recherche pro<strong>du</strong>ite qui fait<br />

© HEC<br />

la notoriété internationale d’une école. Une école gagne<br />

beaucoup en réputation quand les professeurs <strong>du</strong><br />

monde entier en disent <strong>du</strong> bien : et ils en disent <strong>du</strong> bien<br />

quand ils connaissent les publications de cette école. Si<br />

on connaît aussi bien HEC dans le monde aujourd'hui<br />

c’est grâce à sa recherche. Plus globalement, il est navrant<br />

que notre pays n’investisse pas plus en recherche :<br />

je continue à dire que nous obérons notre compétitivité<br />

future ! D’où mon cri d’alarme : il faut plus de research<br />

institutions et donc beaucoup plus de moyens. Toutes<br />

les business schools vous diront manquer de moyens,<br />

mais c’est une question d’échelle. Vous constaterez que,<br />

quel que soit le continent, les meilleures, les research<br />

schools, continuent à recruter les meilleurs chercheurs,<br />

parfois à prix d’or. La recherche reste à leurs yeux « la<br />

mère de toutes les batailles » !<br />

Les entreprises françaises financent-elles assez les écoles de<br />

management ?<br />

Il y a toute une gamme de liens possibles avec les entreprises : prendre<br />

des stagiaires, financer des bourses, permettre aux enseignants d’écrire<br />

des cas, entretenir des relations très privilégiées de counseling avec des<br />

professeurs, la participation à des comités d’orientation, et puis, bien sûr<br />

le financement de la recherche. Sur ce dernier point, le modèle idéal, pour<br />

moi, c’est celui qui existe dans les grandes business schools américaines<br />

où les entreprises financent de manière désintéressée la recherche sans<br />

jamais demander si cela va leur faire gagner des parts de marché. Si on<br />

excepte l’Insead, HEC, au travers de sa Fondation, il n’y a pas beaucoup<br />

d’autres écoles françaises ni beaucoup d’entreprises qui arrivent à appliquer<br />

ce modèle.<br />

Aux États-Unis les entreprises qui fondent des chaires apportent <strong>du</strong> capital<br />

et ne peuvent donc plus se retirer ensuite. C’est incontestablement le<br />

meilleur moyen, sur le long terme, de financer de la recherche. En France,<br />

cette pratique est beaucoup plus rare. Quelques entreprises offrent ce que<br />

les Anglo-Saxons appellent des fellowships, c’est-à-dire des financements<br />

limités dans le temps et nombreuses sont celles qui attendent un retour<br />

plus immédiat, en espérant, par exemple, <strong>du</strong> counselling en échange ; c’est<br />

inconcevable pour un professeur dans la culture anglo-saxonne. n<br />

>>> partie de grands groupes qu’être indépendantes. C’est le<br />

cas de l’ISC Paris comme l’explique son directeur, Henry Buzy-Cazaux<br />

: « Nous sommes une association indépendante de tout<br />

groupe, qui doit s’attacher à développer ses pro<strong>du</strong>its d’exploitation.<br />

Nous ne bénéfi cions d’aucun soutien vis-à-vis <strong>du</strong>quel nous serions<br />

dépendants ». Comme d’autres écoles associatives, l’ISC Paris tient<br />

à cette indépendance qui ne veut pas dire splendide isolement<br />

assure encore Henry Buzy-Cazaux : « Ce que je souhaite c’est que<br />

nous gardions notre indépendance tout en concluant des alliances<br />

avec d’autres écoles comparables à la nôtre ».<br />

L’Inseec Business School fait quant à elle partie d’un large groupe,<br />

Inseec U., qui compte également une école d'ingénieurs, l’ECE,<br />

ou encore une école spécialisée dans la création, le digital et la<br />

communication, CREA GENEVE. Autant de synergies possibles<br />

explique son directeur, Rémy Challe : « Inseec U. est un formidable<br />

écosystème pour créer des passerelles entre les écoles et les disciplines.<br />

Nous avons ainsi créé un parcours dédié à l’entrepreneuriat<br />

digital, la "Start-up Factory", en partenariat avec l’ECE ». Chaque<br />

année une trentaine d’étudiants de l’Inseec BS et de l’école d’ingénieurs<br />

ECE suivent ainsi un programme commun pour concrétiser<br />

leur projet de création de start-up, en profi tant des campus internationaux<br />

<strong>du</strong> groupe. Des synergies bienvenues alors qu’on parle de<br />

plus en plus d’interdisciplinarité. n<br />

O. R<br />

ESCP Europe possède<br />

des statuts différents<br />

pour chacune de ses<br />

implantations en Europe.<br />

Ici Londres.<br />

© DR<br />

22 L’ESSENTIEL DU SUP | NUMÉRO SPÉCIAL | SEMAINE DU MANAGEMENT<br />

E 14659 Magazine LEssentiel-<strong>Semaine</strong><strong>Management</strong>-DI-V3.indd 22 03/05/2018 11:01

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