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L'Essentiel du Sup - édition spéciale Semaine du Management

Quels sont les 10 Grands défis de l'Enseignement en gestion ? C'est la question que pose ce numéro spécial de l'Essentiel du Sup en partenariat avec la FNEGE pour la Semaine du Management 2018. Vous n'étiez pas présent lors de cet événement ? Alors lisez ce numéro !

Quels sont les 10 Grands défis de l'Enseignement en gestion ? C'est la question que pose ce numéro spécial de l'Essentiel du Sup en partenariat avec la FNEGE pour la Semaine du Management 2018.
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2 e DÉFI<br />

© Steve-Murez<br />

: Une discipline récente<br />

« L’enseignement de la gestion a longtemps été rejeté par le<br />

monde universitaire dans de nombreux pays. En France, il a<br />

fallu créer des écoles de commerce bien avant que les universités<br />

n’acceptent d’ouvrir des IAE puis des facultés de gestion »,<br />

explique Thomas Durand, auteur avec Stéphanie Dameron de<br />

« The Future of <strong>Management</strong> E<strong>du</strong>cation » (Palgrave Macmillan).<br />

Peu à peu, le MBA (master of business administration) émerge<br />

et la Harvard BS devient la « Mecque » <strong>du</strong> management. La<br />

Fondation nationale pour l'enseignement de la gestion des entreprises<br />

est créée en 1968 pour développer l’enseignement de la<br />

gestion dans l’enseignement supérieur. La première revue de<br />

recherche dans le domaine, la « Revue française de gestion », a<br />

quant à elle été créée en 1975. Il faudra attendre le début des<br />

années 70 pour que l’enseignement et la recherche en gestion<br />

se développent vraiment en France et 1976 pour que soit créée,<br />

en gestion, l’agrégation des universités. Et encore aujourd'hui<br />

la gestion reste une nouvelle venue parmi les disciplines traditionnelles.<br />

« Nous avons le sentiment de ne pas être forcément<br />

considérés comme une science alors que le management est au<br />

carrefour des sciences sociales. Notre discipline dialogue avec<br />

l’économie, la sociologie, l’anthropologie, la psychologie, l’histoire,<br />

etc. », regrette Véronique Perret, professeure de gestion de<br />

l’université Paris-Dauphine.<br />

Pourtant ce n’est pas faute d’avoir ren<strong>du</strong> les sciences de<br />

gestion de plus en plus rigoureuses. « En 1959, deux rapports,<br />

de la Carnegie Foundation et de la Ford Foundation, disent que<br />

cela suffit de raconter de belles anecdotes qui ne font pas une<br />

science. Qu’il faut "solidifier" les contenus <strong>du</strong> management par<br />

de la "vraie" recherche. Soixante ans plus tard, nous en voyons<br />

tous les effets, bons et moins bons », rappelle Thomas Durand.<br />

Après les années 60 et 70 où les futurs enseignants de gestion<br />

ont été envoyés aux États-Unis pour y faire leur doctorat, la<br />

culture des business schools américaines s’est transformée. « Au<br />

fur et à mesure des décennies, on y adopte une posture de plus<br />

en plus "positiviste", essentiellement en testant des hypothèses<br />

sur échantillons statistiques. On assiste à une "scientifisation"<br />

des revues de recherche », constate Thomas Durand, qui se<br />

demande si « rigueur rime toujours avec pertinence ? ».<br />

: À quoi doit servir la recherche en<br />

management ?<br />

La question qui se pose pour le grand public, comme pour bon<br />

nombre de dirigeants d’entreprise, est celle de l’utilité de la<br />

recherche en management : est-elle in fine utile aux managers,<br />

aux entreprises, à la société tout entière ? « La réponse est<br />

heureusement : "Oui ! Aux trois, mon Général !" » répond sans<br />

hésiter Bernard Ramanantsoa pour lequel « la gestion passive<br />

en finance, la finance comportementale, la diversification sont<br />

des exemples classiques où la recherche en management a<br />

d’ores et déjà permis de mieux cerner les problématiques pertinentes,<br />

d’apporter des réponses définitives ou parfois encore<br />

partielles, mais en tout état de cause de mieux comprendre les<br />

phénomènes à l’œuvre ». Et d’insister : « L’exigence de rigueur<br />

intrinsèque à toute démarche de recherche permet de prendre<br />

<strong>du</strong> recul par rapport aux idées toutes faites ou aux affirmations<br />

approximatives, mais souvent péremptoires, qui envahissent le<br />

monde des entreprises comme toute notre société ».<br />

Un point de vue qui ne convainc pas forcément Jean-Philippe<br />

Denis, rédacteur en chef de « La revue française de gestion »<br />

et professeur à l’Université Paris Sud-Paris Saclay, qui a publié<br />

en 2017 avec la Fnege une étude intitulée « Les ressources des<br />

écoles de management : la nouvelle donne » : « Nous >>><br />

avons été frappés par l’uniformité <strong>du</strong> discours de toutes<br />

→→<br />

Un classement<br />

des revues<br />

scientifiques en<br />

sciences de gestion<br />

Pour aider les écoles de<br />

management à estimer<br />

la qualité des recherches<br />

de leurs professeurs, le<br />

Collège des Associations<br />

Scientifiques de la Fnege<br />

publie depuis 2013 un<br />

Classement des revues<br />

scientifiques en sciences<br />

de gestion. Il complète<br />

une liste que publiait le<br />

CNRS mais comprenait<br />

essentiellement des revues<br />

économiques et certaines<br />

revues en sciences de<br />

gestion.<br />

hine<br />

3 questions à Carole Drucker-Godard, présidente de la<br />

Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion (CEFDG)<br />

Vous pensez faire évoluer les critères<br />

d’évaluation de la CEFDG ?<br />

Nous y travaillons mais il est encore trop tôt pour en<br />

parler. La recherche doit de toute façon rester un critère<br />

d’évaluation très rigoureux - notamment pour<br />

l’obtention <strong>du</strong> grade de master - mais on peut élargir<br />

notre champ de vision. Ce n’est pas un bon débat<br />

d’opposer la recherche et l’enseignement, d’opposer<br />

des écoles qui devraient être des « teaching schools »<br />

à d’autres, plus élitistes, qui seraient des « research<br />

schools ». À partir <strong>du</strong> moment où nous donnons le<br />

grade de master - notamment à partir de 0,5 publication<br />

par an et par professeur permanent publiant (le<br />

critère <strong>du</strong> HCERES) - la recherche est avérée.<br />

Nous sommes attentifs à ce que les écoles aient des<br />

positionnements distinctifs. Notamment, pour certaines,<br />

en étant très ancrées sur leur territoire. Une<br />

école doit raconter une histoire forte tout en présentant<br />

des diplômes cohérents avec son positionnement et sa stratégie.<br />

Vous mesurez la dimension internationale des écoles dans<br />

vos évaluations ?<br />

Nous nous efforçons de valider l’envergure internationale et les modalités<br />

d’échanges de chacune des écoles que nous évaluons. Nous vérifions que<br />

l’étudiant part à l’étranger avec un contrat d’études et qu’il a des points<br />

réguliers avec l’équipe pédagogique. Quand il s’agit d’un campus de l’école<br />

© DR<br />

à l’étranger les mêmes règles doivent s’appliquer qu’en<br />

France mais si c’est un partenariat il faut être vigilant.<br />

C’est pour cela qu’il faut très bien connaître ses partenaires<br />

étrangers, veiller à leur qualité, aux retours des<br />

étudiants, plutôt que de signer des partenariats à tout<br />

va. Nous insistons donc sur cette dimension <strong>du</strong> choix<br />

des partenaires, souvent accrédités d’ailleurs, mais les<br />

écoles sont très conscientes de cela.<br />

Vous vous intéressez à ce que font les<br />

grands accréditeurs internationaux, l’EFMD<br />

et l’AACSB ?<br />

C’est important de connaître les autres méthodes<br />

d’évaluation même si dans ce cas il s’agit d’accréditations.<br />

Si nous nous comparons au processus de<br />

l’AACSB, nous constatons par exemple que nous donnons<br />

plus de place à l’histoire de l’école. Le tout en<br />

gardant bien sûr aussi en tête des critères objectifs et<br />

quantifiables pour assurer une vraie équité. Nous regardons si les écoles ont<br />

ou pas obtenu ces accréditations internationales, elles le précisent d’ellesmêmes<br />

d’ailleurs mais ce n’est pas un critère. Pas plus que le fait que l’école<br />

soit ou pas un EESPIG (établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt<br />

général). En résumé, la CEFDG est bienveillante pour toutes les écoles<br />

tout en garantissant la rigueur et l’équité de ses évaluations. Qui que vous<br />

soyez. Ce n’est pas parce que vous êtes une « très Grande École » que tout<br />

vous est acquis ! n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | NUMÉRO SPÉCIAL | SEMAINE DU MANAGEMENT<br />

15<br />

E 14659 Magazine LEssentiel-<strong>Semaine</strong><strong>Management</strong>-DI-V3.indd 15 03/05/2018 11:01

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