A. COSTINESCU - ALBUM 2018

les vieux maîtres peintres, en bonne
connaissance des rigueurs structurelles de
l’image, tout en s’en servant pour
impliquer les tonalités lumineuses et la
couleur vivante et farouche. Sur un
fondement bien articulé du dessin, le
peintre crée des masses de matière
chromatique ordonnées selon les principes
de la chromatologie, tenant compte des
normes qui favorisent les éclairages
disposés sur toute la superficie du tableau
ou dans des plans de perspective
horizontaux ou verticaux. Les sensations
visuelles résultant de cette osmose du
coloriage étonnamment lumineux ont
également la source dans le soi solaire de
l’artiste. Il voit avec les yeux de l’esprit les
variations de l’atmosphère du paysage en
plein jour, tandis que sa sincérité à l’égard
du motif s’insinue dans les juxtapositions
des tonalités chromatiques, dans la
métamorphose des couleurs chaudes et
froides. Il dresse la broderie des baies et
des bourgades bordant rivières,
débarcadères, ou bien esquisse dans son
esprit le contour de cadres citadins, de
bâtiments respirant le mystère, de lieux de
culte envahis d’harmonies chromatiques
sonores, tout en surprenant des ensembles
et des détails rejoints selon les indices de
sa peinture, conformément à son
expérience et à son talent.
La peinture d’Augustin Costinescu
met en évidence les modalités plastiques
par lesquelles il imprime aux couleurs
vives un éclat particulier, une pureté et
une saturation pigmentaire, les poussant
parfois à la limite de l’incandescence. Une
certaine liberté dans l’usage du pinceau,
mais aussi des gestes retenus dans
l’application des tonalités éclatantes et
vivantes mettent en exergue le
scintillement de diamant de la matière
recouvrant les composantes figuratives,
esquissées de manière cohérente, stylisées
selon la subjectivité de l’émotion directe,
mais en concordance avec l’objectivité de
son expérience acquise depuis des
décennies. La couleur, en corrélation avec
les formes, dénote les principes
stylistiques de l’expressionnisme et du
fauvisme sous le signe desquels il se place
par sa désinvolture. Il en abstrait la
substance crue, frôlant le sensitif,
devenant lui-même, identitaire et
continuateur de la voie du collorisme
roumain. Ses incessantes quêtes de
solutions plastiques sont évoquées par les
superficies ordonnatrices de la
composition, créant ainsi des perspectives
ou des zones aplaties du champ visuel.
Elles ont pris naissance de l’enchaînement
de touches et de taches en gammes de
couleurs ordonnées rythmiquement,
emportant des expressions plastiques
induites à la suite des impressions
précédant le motif.
L’attention attachée aux paires
complémentaires rouge/vert et jaune/
bleu augmente les contrastes et la
plasticité de l’image, laissant aux
mélanges, aux associations et aux
oppositions le soin de mettre en évidence
l’acuité visuelle de l’artiste, dont
l’attention insiste sur les couleurs
thermodynamiques, à effets psychologiques.
Les surfaces de perspective
sont le résultat de l’emploi, à des
registres différents, des couleurs chaudes
et froides, couronnées de l’éclatement
maximal du jaune chargé de lyrisme et de
fraîcheur. Dominante chromatique,
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