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Christine Boulard<br />
Hier, par chance, <strong>je</strong> me suis réveillée avant lui et <strong>je</strong> me suis échappée sans un<br />
bruit. Mais ce matin, dans mon demi-sommeil, <strong>je</strong> l’entends tourner dans le lit. Il<br />
attend, se racle bruyamment la gorge et remonte la couette dans l’espoir que le bruit<br />
me réveillera. Mais <strong>je</strong> tiens bon, <strong>je</strong> ne réagis pas et garde les yeux clos. Je tente de<br />
gagner du temps dans l’espoir, sans doute inutile, qu’il renonce, ou que l’un de nos<br />
enfants vienne dans la chambre. Mais ils ne s’y risquent plus jamais le matin. Elle<br />
est finie, l’époque où ils auraient pu me sauver grâce à leur entrée intempestive pour<br />
réclamer un câlin à leur papa adoré. Ils sont trop grands maintenant, et ils<br />
descendent seuls préparer leur petit dé<strong>je</strong>uner.<br />
Depuis combien de temps Jean-Pierre patiente-t-il ainsi à guetter mon réveil ? Je<br />
sais que <strong>je</strong> n’y échapperai pas, mais <strong>je</strong> continue à faire semblant de dormir. Je l’ai<br />
senti consulter sa montre à plusieurs reprises, mais il n’ose pas me secouer et craint<br />
ma réaction. Je fais durer quelques minutes encore. Maigre vengeance car, ce<br />
dimanche matin, il ne me lâchera pas. J’ouvre les yeux, comme étonnée de le<br />
trouver encore là, et <strong>je</strong> demande :<br />
– Quelle heure est-il ?<br />
– Bientôt 9 h 30.<br />
– Déjà !<br />
Je fais mine de me lever mais il me retient par le bras, et j’abandonne. Je n’ai pas<br />
envie de gâcher mon dimanche et qu’il fasse la gueule parce qu’il n’a pas baisé. Il<br />
s’est déjà collé contre moi. Il me caresse les seins à travers la chemise de nuit, <strong>je</strong> le<br />
sens contre ma cuisse, et <strong>je</strong> me tourne vers le mur. Il n’attend que ça pour se glisser<br />
en moi. J’accompagne son mouvement en gémissant doucement, comme cela il<br />
jouira plus vite, et nous serons quittes. C’est fou comme cet homme jouit<br />
bruyamment. Je le réprimande fermement :<br />
– Les enfants !<br />
– Quoi, les enfants ?<br />
– Ils vont t’entendre.<br />
En se retirant, il murmure :<br />
– Putain, c’était bon.<br />
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