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Sa question me tire de ma léthargie et <strong>je</strong> réponds :<br />
– Oui, fais réchauffer une pizza. Il en reste dans le congélateur.<br />
Antonio s’éloigne sans un mot. Ma réponse l’a surpris, <strong>je</strong> le sais. Quelques<br />
minutes plus tard, <strong>je</strong> le rejoins dans la cuisine pour lui répéter avec la même<br />
détermination :<br />
– Antonio, n’oublie jamais ce que <strong>je</strong> t’ai dit dans la voiture. Il faut que tu<br />
retrouves celui qui a tué notre fils. Tu as compris ?<br />
Comme il ne répond toujours pas, <strong>je</strong> répète :<br />
– Tu as bien compris que l’<strong>assassin</strong> de notre fils ne peut pas continuer à vivre ?<br />
Il finit par lâcher un « oui » à peine convaincant. Son regard est perdu. Il faut que<br />
j’insiste encore pour qu’il dise enfin :<br />
– Oui, <strong>je</strong> <strong>vais</strong> trouver ce fumier et <strong>je</strong> le <strong>tuer</strong>ai. Je te le promets.<br />
J’insiste encore :<br />
– Comment pourrions-nous vivre en sachant que le tueur de Victor n’est pas<br />
puni ? Tu as pensé à ça, Antonio ? Moi, j’y pense en permanence. <strong>Ce</strong> serait trop<br />
injuste. Trop cruel, tu entends ?<br />
– Oui, <strong>je</strong> comprends.<br />
– Promets-le-moi.<br />
Il n’hésite plus. Il n’a pas d’autre choix.<br />
– Je te le jure. J’aurai ce type.<br />
– Merci.<br />
Je le regarde droit dans les yeux et <strong>je</strong> dis :<br />
– Merci, mon amour.<br />
La fermeté de mon regard lui fait comprendre que maintenant <strong>je</strong> ne lâcherai<br />
jamais. Jamais.<br />
Je reprends le travail demain, <strong>je</strong> me coucherai tôt. Les cachets m’empêcheront de<br />
rester éveillée et <strong>je</strong> pourrai enfin me réfugier dans l’oubli. J’oublierai surtout que<br />
l’<strong>assassin</strong> de mon fils se couche auprès de son épouse et qu’il va lui faire l’amour.<br />
Je ferme les yeux, sachant que <strong>je</strong> <strong>vais</strong> plonger comme toutes les nuits dans des<br />
cauchemars douloureux. J’aimerais tant, maintenant, serrer mon Antonio dans mes<br />
bras avant de m’endormir. Mais <strong>je</strong> n’en ai plus le courage.<br />
Au matin, une mèche blanche est apparue au milieu de mon front. Je ne<br />
l’effacerai jamais, certaine que c’est le signe que m’a envoyé Victor, mon petit.<br />
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