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Ce soir je vais tuer l'assassin - Jacques Expert

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j’a<strong>vais</strong> retenu mes larmes, dans l’espoir, peut-être, d’un miracle.<br />

– Rentrez chez vous maintenant. Ça ne sert à rien de rester là.<br />

Il m’avait assuré qu’ils finiraient par l’avoir.<br />

– Mais il faudra être patient, monsieur Rodriguez. C’est le genre d’affaire qui<br />

demande du temps. Je suis vraiment désolé pour vous, avait-il ajouté.<br />

Puis, après un long silence :<br />

– Vous voulez qu’on vous raccompagne ?<br />

J’a<strong>vais</strong> fait non de la tête et il n’avait pas insisté. Il m’avait semblé qu’il était<br />

soulagé en sortant de la voiture. Deux policiers avaient interrompu la circulation<br />

pour me permettre de faire demi-tour. J’a<strong>vais</strong> rallumé mon portable et j’a<strong>vais</strong><br />

seulement dit à Sylvia que j’arri<strong>vais</strong>. Elle avait encore rappelé. Je l’entendais<br />

pleurer en me suppliant de lui dire ce qui se passait, mais j’a<strong>vais</strong> simplement<br />

répété : « Je viens », et j’a<strong>vais</strong> raccroché. Le téléphone avait encore sonné et <strong>je</strong><br />

n’a<strong>vais</strong> pas répondu. Notre fils était mort, à quelques centaines de mètres de chez<br />

nous. Je n’ai pas eu besoin de lui dire que Victor était mort, elle l’a aussitôt compris<br />

en me voyant approcher. Personne ne peut dissimuler sa douleur.<br />

Dès que j’étais arrivé à la maison, la veille au <strong>soir</strong>, ce n’était pas de l’inquiétude<br />

mais de la peur qui nous avait saisis, Victor n’était pas revenu de sa balade en vélo.<br />

Sylvia était déjà persuadée qu’il lui était arrivé quelque chose. Tout comme moi,<br />

elle ne voulait pas croire qu’il avait été enlevé, mais nous y pensions très fort tous<br />

les deux, c’était impossible autrement.<br />

Je n’étais pas d’accord pour qu’il sorte à la nuit tombante, et <strong>je</strong> l’a<strong>vais</strong> répété,<br />

pourtant elle m’avait désobéi. Peut-être avait-elle lu un reproche dans mon regard,<br />

car elle avait ajouté : « Victor a tellement insisté... » Je l’a<strong>vais</strong> prise dans mes bras<br />

et <strong>je</strong> l’a<strong>vais</strong> entendue murmurer : « Pardon. »<br />

– Je <strong>vais</strong> le retrouver. Il doit traîner avec des copains.<br />

Un instant, nous avions repris confiance, et j’étais parti aussitôt. J’a<strong>vais</strong> tourné<br />

dans le lotissement, puis sur les petites routes désertes, et j’a<strong>vais</strong> emprunté des<br />

chemins de terre. J’a<strong>vais</strong> hurlé son nom au milieu de nulle part. J’a<strong>vais</strong> également<br />

dérangé les Pémalloux et les Bénazzi, mais non, leurs gamins n’étaient pas sortis<br />

avec Victor. J’a<strong>vais</strong> refusé qu’ils m’aident à le chercher et <strong>je</strong> m’étais montré<br />

rassurant :<br />

– Il va prendre une sacrée rouste à son retour.<br />

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