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disperser les cendres de Victor. Qu’ils auront des enfants et que, loin d’ici, ils<br />
retrouveront le bonheur. Qu’elle l’aime tant pour ce qu’il a fait ce <strong>soir</strong>.<br />
Antonio prend le temps de ranger le fusil dans le coffre. Indifférent au brouhaha<br />
qui agite la cité, il s’éloigne tandis que l’adolescent le poursuit en tapant sur le toit<br />
de la voiture.<br />
Dans la cuisine d’un pavillon cossu de Rennemoulin, une femme enrage. Pendant<br />
un long moment, le téléphone de Rodriguez est resté occupé. Elle voudrait lui<br />
révéler le nom et l’adresse de celui qui a tué son petit Victor, lui donner toutes les<br />
preuves qu’elle a rassemblées contre lui, et lui dire que l’<strong>assassin</strong> de son fils doit<br />
crever cette nuit pour tout le mal qu’il a fait. Mais cet abruti de Portugais est déjà en<br />
ligne, et elle va renoncer. Elle se dit que, finalement, c’est peut-être mieux ainsi et<br />
que Jean-Pierre a bien de la chance, ce <strong>soir</strong>. Pourtant, elle fait une dernière tentative<br />
et, cette fois, Antonio Rodriguez décroche. Surprise, elle hésite un instant et<br />
demande : « Monsieur Rodriguez ? » Puis elle raconte tout. Quand elle a enfin<br />
terminé, elle l’entend seulement dire : « Je viens. »<br />
Antonio entrouvre la vitre de la voiture et <strong>je</strong>tte le portable sur le macadam.<br />
Quelques minutes plus tard, lorsque Christine Boulard passe à la hauteur de son<br />
mari, elle lui crache au visage et emporte la bouteille de whisky avec elle. Assommé<br />
par l’alcool, Jean-Pierre n’a pas bougé. Avant de monter, elle vérifie que la porte<br />
d’entrée est toujours ouverte.<br />
Antonio Rodriguez ne devrait plus tarder maintenant.<br />
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