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dire qu’ils ne sont pas coupables, mais nos prisons sont engorgées et il faut faire de<br />
la place. Dites-vous qu’il est même exceptionnel qu’un chauffard reste aussi<br />
longtemps sous les verrous.<br />
Toujours aussi sûr de lui, il avait ajouté :<br />
– Qu’il soit resté trois mois en prison démontre que son dossier est solide. Je<br />
vous garantis qu’il n’échappera pas à la justice des hommes ! Croyez-moi, <strong>je</strong> suis<br />
un vieux routier de ce genre d’affaire et il en faudrait plus pour me déstabiliser.<br />
Nous étions repartis calmés de la gendarmerie. La libération de Demay était<br />
normale, selon les usages habituels de la justice. Le commandant a seulement eu un<br />
regret :<br />
– Nous aurions dû vous en aviser au début de l’instruction. Je bats ma coulpe,<br />
monsieur et madame Rodriguez. Courage !<br />
Dans la voiture, Antonio avait ajouté pour moi seule :<br />
– Ils n’auraient pas dû le libérer. Il va le regretter.<br />
Je n’a<strong>vais</strong> pas relevé, à quoi bon : j’a<strong>vais</strong> compris le sens de ses mots. J’a<strong>vais</strong><br />
seulement posé la main sur sa cuisse et, le <strong>soir</strong> même, après être allé le chercher à la<br />
cave, il avait nettoyé son fusil sur la table de la cuisine.<br />
Jamais, donc, <strong>je</strong> n’a<strong>vais</strong> osé parler de mes doutes au commandant Peyrot. Je<br />
sentais qu’Antonio allait bientôt accomplir la promesse que <strong>je</strong> lui a<strong>vais</strong> arrachée et<br />
j’a<strong>vais</strong> besoin d’être convaincue. Mais hier, dès que <strong>je</strong> suis entrée dans son bureau,<br />
<strong>je</strong> n’ai pas hésité à lui demander :<br />
– Et si Demay n’était pas l’<strong>assassin</strong> de mon fils, commandant ?<br />
Je craignais sa réaction, mais le commandant Peyrot n’a pas bronché et il s’est<br />
contenté de répondre :<br />
– C’est impossible, madame Rodriguez.<br />
Il m’a dit de prendre place et a demandé qu’on lui apporte le dossier. Pendant<br />
plus d’une heure, il m’a démontré que Demay ne pouvait être que l’<strong>assassin</strong> de<br />
notre fils. Il semblait si sûr de ses conclusions que <strong>je</strong> me suis laissé convaincre.<br />
L’alcool, les traces relevées sur la voiture, même si, a-t-il reconnu, les expertises<br />
n’étaient pas totalement affirmatives. Surtout, a-t-il ajouté :<br />
– Nous disposons de ses aveux.<br />
Il m’a regardée droit dans les yeux.<br />
– Vous étiez présente, madame Rodriguez, le matin où Demay est passé aux<br />
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