Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
plus doucement possible près de la porte d’entrée. L’étui de cuir fait un bruit sec en<br />
touchant le carrelage. Puis il ouvre délicatement le tiroir, prend trois cartouches<br />
dans la boîte qui résiste un peu et les glisse dans sa poche. Il referme le tiroir<br />
toujours avec précaution. Combien de temps reste-t-il immobile dans l’entrée, à<br />
parcourir du regard l’appartement, à fixer la photo de Victor posée sur l’étagère ?<br />
Dix, quinze secondes ? Je n’ai pas bougé de mon lit, mais <strong>je</strong> le vois reculer vers la<br />
porte d’entrée et attraper les clefs sur le guéridon. Il tire la porte si doucement que<br />
<strong>je</strong> ne réalise qu’il est sorti qu’en entendant s’ouvrir le coffre de la voiture. Il y range<br />
le fusil et s’installe au volant. <strong>Ce</strong> n’est qu’éloigné de la maison que j’entends<br />
claquer la portière.<br />
Il n’est pas venu m’embrasser, sans doute de peur de me réveiller. Aurais-<strong>je</strong> eu la<br />
force alors de lui dire de rester avec moi et de s’allonger à mes côtés ? Au lieu de<br />
cela, <strong>je</strong> l’ai laissé partir sans un mot. Il est plus de minuit et demi. Faut-il vraiment<br />
qu’il m’aime pour m’offrir ce cadeau dont <strong>je</strong> ne veux plus ! Et moi, <strong>je</strong> crois que <strong>je</strong><br />
ne l’ai jamais aimé autant que ce <strong>soir</strong>...<br />
125