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premier pastis et en commander un second. Il essaie de s’intéresser à la partie de dés<br />
mais les joueurs ne lui répondent pas. Alors il retourne au comptoir, vide son verre<br />
et réclame un troisième pastis. Le patron lui demande sans doute de payer d’abord,<br />
car il pose un billet de dix euros avant d’être servi.<br />
Je l’abandonne là et <strong>je</strong> retourne d’un pas vif jusqu’à ma voiture, certain que <strong>je</strong><br />
reviendrai bientôt pour nous venger, face à face. Comme me l’a dit M. Boulard,<br />
cette ordure ne mérite pas de vivre.<br />
Avec lui, <strong>je</strong> me sens en confiance, et nous nous retrouvons régulièrement.<br />
Souvent dans son bureau, parfois, le <strong>soir</strong>, à l’endroit où Victor a été <strong>assassin</strong>é par<br />
« cette ordure de Demay », comme l’appelle M. Boulard. Nous discutons<br />
longuement et il a la gentillesse de m’écouter. Je lui raconte tout. Il me donne du<br />
courage, des conseils : « Pour l’instant, ne dis rien à ta femme, ce sera son cadeau. »<br />
Il m’explique comment opérer, mais il comprend que ce n’est pas facile de <strong>tuer</strong> un<br />
homme, même la pire des ordures, et il trouve les mots pour me parler de Victor. Le<br />
seul souvenir de mon fils disparu renforce ma détermination.<br />
Dans la <strong>soir</strong>ée, Jean-Pierre m’a appelé, il voulait savoir où j’en étais avec Demay.<br />
J’ai répondu que c’était pour ce <strong>soir</strong>. Il m’a dit que <strong>je</strong> faisais le bon choix et il m’a<br />
souhaité : « Bonne chance, Antonio. »<br />
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