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Ce soir je vais tuer l'assassin - Jacques Expert

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J’éteins le moteur. Il s’excuse presque :<br />

– J’a<strong>vais</strong> besoin de parler. J’ai le sentiment que vous êtes le seul à qui <strong>je</strong> peux me<br />

confier.<br />

Je ne sais pas comment réagir et, heureusement, il poursuit aussitôt :<br />

– Vous saviez que Demay, l’<strong>assassin</strong> de mon fils, a été libéré hier ?<br />

– Bien sûr. J’ai même signé la pétition de Loizeau pour qu’il retourne en taule.<br />

– De vous à moi, c’est bien gentil, mais <strong>je</strong> m’en fous pas mal de cette pétition. <strong>Ce</strong><br />

n’est pas pour ça que j’ai voulu vous voir.<br />

La peur s’empare de nouveau de moi. Il va s’apercevoir que <strong>je</strong> transpire de plus<br />

en plus mais <strong>je</strong> n’ose pas essuyer mon front, car il le verrait aussitôt. Il continue de<br />

parler, comme pour lui seul :<br />

– Vous vous souvenez, monsieur Boulard, de ce que <strong>je</strong> vous ai dit ce <strong>soir</strong>-là ?<br />

– Oui.<br />

– Que j’ai promis à ma femme que j’allais <strong>tuer</strong> l’<strong>assassin</strong> de mon fils ?<br />

– Oui, <strong>je</strong> m’en souviens très bien.<br />

– Et vous savez pourquoi <strong>je</strong> vous l’ai dit ce <strong>soir</strong>-là ?<br />

La peur encore et les gouttes de sueur m’empêchent de dire autre chose que<br />

« non ».<br />

– Parce que <strong>je</strong> croyais que c’était vous, l’<strong>assassin</strong>. Je voulais vous faire peur, et<br />

ensuite <strong>je</strong> vous aurais tué.<br />

Il s’interrompt un instant, baisse les yeux et murmure dans un souffle :<br />

– Pardon, monsieur Boulard, pardon.<br />

– Moi, l’<strong>assassin</strong> de votre petit ! dis-<strong>je</strong>, indigné.<br />

– Je m’excuse. Pardonnez-moi, s’il vous plaît.<br />

Je lui donne une tape sur la cuisse.<br />

– Bien sûr, <strong>je</strong> vous pardonne. Vous étiez à bout et il vous fallait à tout prix un<br />

coupable. Mais c’est oublié maintenant. <strong>Ce</strong> n’est pas grave, croyez-moi. Le<br />

principal, c’est que le vrai coupable a été arrêté.<br />

Je profite de ses pleurs pour m’éponger discrètement le front. Surtout qu’il ne<br />

devine pas mon angoisse, pas maintenant. Putain ! Elle n’est pas croyable son<br />

histoire : si Demay n’avait pas été arrêté, il m’aurait zigouillé, ce con. Je brûle de<br />

l’envie de lui demander pourquoi il a pensé que j’étais l’<strong>assassin</strong> de son fils, mais <strong>je</strong><br />

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