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»Proclame donc ces merveilles, écris les choses que tu as ainsi apprises et dis les« Hildegarde, Liber Scivias Hildegarde de Bingen Docteur de l‘Eglise Visionnaire Guérisseuse Prophétesse
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»Proclame donc ces merveilles, écris les<br />
choses que tu as ainsi apprises et dis les«<br />
Hildegarde, Liber Scivias<br />
Hildegarde de Bingen<br />
Docteur de l‘Eglise<br />
Visionnaire<br />
Guérisseuse<br />
Prophétesse
Biographie<br />
Pour moi, Hildegarde est une forte figure<br />
prophétique, une fenêtre sur le ciel, qui invite à<br />
la transcendance. Elle nous enseigne que<br />
l‘amour de Dieu, l‘amour de la création, l‘amour<br />
de l‘humanité, et l‘amour de l‘Eglise<br />
appartiennent à Tous. Les critiques d‘Hildegarde<br />
étaient toujours constructives et enracinées<br />
dans son amour pour l‘Eglise et ont aidé à<br />
reconstruire l‘Eglise. Son dévouement<br />
passionné pressait instamment tous les<br />
chrétiens, le clergé et les religieux à être<br />
crédibles. Sainte Hildegarde est un mentor et un<br />
compagnon pour moi.<br />
Clementia Killewald OSB †<br />
Abbesse, Abbaye de Ste Hildegarde<br />
1098<br />
ca. 1106<br />
1112<br />
1136<br />
1141–1151<br />
1147/1148<br />
1150<br />
1147–1179<br />
1158<br />
1158–1170/1<br />
1158–1173<br />
1163<br />
1165<br />
1173<br />
1174/1175<br />
1178/1179<br />
1179<br />
1180–1190<br />
1227<br />
1632<br />
1802<br />
1904<br />
2012<br />
Hildegarde est née dans le Haut-Rhin<br />
(région au sud-ouest de Mayence)<br />
Hildegarde est placée sous la protection de<br />
Jutta de Sponheim pour son éducation<br />
Hildegarde rentre dans les ordres cloîtrés<br />
du Disibodenberg<br />
Mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde est<br />
élue abbesse<br />
Travail sur son premier livre Liber Scivias,<br />
composition de chants et d‘un drame musical<br />
La Pape Eugène III confirme les visions<br />
d‘Hildegarde comme un don<br />
Déménagement au nouveau monastère du<br />
Rupertsberg près de Bingen<br />
Importante correspondance avec les papes, les<br />
évêques …<br />
Acte de propriété du Rupertsberg<br />
Prêche publique à Mayence, Trèves, Cologne et<br />
autres lieux<br />
Travail sur ses oeuvres Liber Vitae Meritorum,<br />
Physica et Causa et Curae et Liber Divinorum<br />
Operum<br />
Rencontre avec l‘Empereur Frédérique<br />
Barberousse à Ingelheim<br />
Hildegarde fonde un second monastère à<br />
Eibingen, duquel elle est aussi l‘abbesse<br />
Mort de Volmar son secrétaire<br />
Le moine Geoffroy commence à écrire la vie<br />
d‘Hildegarde<br />
Hildegarde rentre en conflit avec le diocèse de<br />
Mayence<br />
Hildegarde meurt le 17 septembre<br />
Le moine Théodoric complète la Vie<br />
d‘Hildegarde<br />
Première pétition pour sa canonisation<br />
Le monastère du Rupertsberg est détruit<br />
pendant la Guerre de Trente Ans<br />
Dissolution du monastère d‘Eibingen durant la<br />
Sécularisation<br />
L‘abbaye de Ste Hildegarde est de nouveau<br />
fondée<br />
Canonisation et Proclamation d‘Hildegarde<br />
comme Docteur de l‘Eglise
Le Douzième siècle<br />
Hildegarde est née à un moment de grands bouleversements<br />
et de changements de grande envergure. De<br />
nouvelles terres arables sont nécessaires, des villages et<br />
des villes se développent. Les gens deviennent plus<br />
mobiles. De nouvelles méthodes en agriculture et la<br />
spécialisation de l’artisanat et du commerce facilitent un<br />
meilleur approvisionnement du peuple. Les biens sont<br />
transportés sur de longues distances. Les Guildes, une<br />
nouvelle forme de société, ont vu le jour. L’usage des pièces<br />
de monnaie remplace graduellement le troc. La documentation<br />
écrite prend dans la vie de tous les jours une<br />
place beaucoup plus grande.<br />
Pour moi Hildegarde de Bingen est une femme qui a<br />
été capable de réaliser ses talents, et de les<br />
concrétiser de manière spéciale, ce qui requérait un<br />
formidable courage et une profonde foi en Dieu,<br />
mais aussi de confiance en elle-même. Si elle était<br />
en vie aujourd‘hui, elle serait peut-être une brillante<br />
scientifique où Mère Téresa, ou encore les deux<br />
ensembles. Elle faisait preuve de curiosité pour le<br />
monde qui l‘entourait et qu‘elle voulait comprendre,<br />
et preuve de dévouement pour les infirmes, et pour<br />
ceux qui étaient dans le besoin. Elle se réjouissait<br />
de la création de Dieu, mais était sévère pour qui ne<br />
la respectait et ne l‘honorait pas.<br />
Margarethe von Trotta<br />
La vie culturelle de cette ère est caractérisée par une<br />
floraison de l’art roman, avec une période gothique qui<br />
commence en France. Les premières Universités sont<br />
fondées à Paris et à Bologne, à une époque où l’accès à une<br />
éducation plus importante est toujours le privilège des<br />
monastères. Les croisades accélèrent la rencontre de<br />
différentes cultures. Ecrire en grec et en arabe (par exemple<br />
en philosophie et en médecine) enrichit le monde<br />
occidental.<br />
L’Eglise aussi est en mutation. En 1054 Rome et Byzance se<br />
séparent. La chrétienté est maintenant divisée entre<br />
l’Eglise d’Orient et d’Occident. La querelle des Investitures<br />
entre le Pape et l’Empereur fait rage au sujet du droit de<br />
nommer des évêques. La première croisade se met en route<br />
pour la Terre Sainte en 1096. Des conditions internes<br />
déplorables (la simonie, le clergé marié, la morale déclinante<br />
et l’excessive richesse) présentent une menace pour<br />
l’Eglise. Ceci mène à un changement de pensée dans l’Eglise<br />
et à un désir de réforme : la réforme grégorienne, la<br />
fondation de nouveaux ordres, les prêcheurs<br />
itinérants, la secte des Cathares, sont autant<br />
de réactions aux manquements de l’Eglise.<br />
Lorsqu’elle a 14 ans, les parents d’Hildegarde<br />
l’engagent dans une vie monastique. C’est une<br />
chose difficile à imaginer aujourd’hui, mais il<br />
faut savoir qu’à l’époque d’Hildegarde c’était un<br />
privilège. Avoir l’autorisation d’entrer au<br />
monastère était une opportunité ouverte<br />
seulement à un petit nombre - plus souvent<br />
des membres de la noblesse - Une vie au<br />
monastère offrait l’opportunité d’une excellente<br />
éducation et d’une poursuite de formation.
Les sites<br />
Disibodenberg<br />
Hildegarde a commencé sa vie au<br />
Disibodenberg le 1 novembre 1112. Les<br />
femmes de l’Hermitage suivaient une<br />
stricte vie monastique en accord avec la<br />
règle de Saint Benoît. Hildegarde a reçu la base et la vaste<br />
éducation monastique de son mentor, Jutta de Sponheim. Elle a<br />
appris à lire, écrire et chanter, acquis une connaissance<br />
approfondie des écritures, mais elle a aussi étroitement étudié<br />
la nature, en particulier les herbes et les plantes. Au<br />
Disibodenberg, elle écrit son premier livre, Liber Scivias. En<br />
1147/48 le Pape Eugène III résida à Trèves et entendit parler<br />
d’Hildegarde. Il fit examiner ses dons de visions par une<br />
commission et les confirma.<br />
La canonisation d‘Hildegarde de Bingen est un<br />
développement significatif pour l‘Eglise universelle.<br />
Je me réjouis profondément que cette personne<br />
étonnante, qui est déjà tenue en haute estime dans<br />
notre pays, ait maintenant reçu cette<br />
reconnaissance supplémentaire. L‘abbaye de Sainte<br />
Hildegarde à Eibingen est devenue un important<br />
lieu de pélerinage et un Centre Hildegarde en<br />
Allemagne. Je suis reconnaissant que la<br />
vénération de Sainte Hildegarde dans un ordre<br />
bénédictin, à l‘abbaye de Ste Hildegarde et dans le<br />
diocèse de Mayence, Trèves et Limbourg, porte des<br />
fruits si abondants.<br />
Robert Zollitsch<br />
Archevêque em. de Fribourg<br />
Dans une lettre, il lui déclare qu’elle peut continuer à les écrire.<br />
Pour Hildegarde ce fut une approbation, un encouragement et une<br />
stimulation. Pour tous ceux qui l’entouraient, ce fut la preuve<br />
définitive que l’élue du Disibodenberg était réellement une<br />
«trompette de Dieu». Durant cette période, Hildegarde a également<br />
poursuivi son intention de fonder son propre monastère.<br />
Rupertsberg<br />
Hildegarde achète des terres au<br />
Rupertsberg, près de Bingen et avec ses<br />
religieuses construit un monastère basé<br />
sur ses propres conceptions. Elles<br />
déménagent entre 1147 et 1151. Une chartre au nom de Henry,<br />
Archevêque de Mayence, datée du 1 mai 1152, nous renseigne<br />
sur la consécration de l’église. Il y eut une discorde avec l’abbé<br />
du Disibodenberg concernant l’indépendance du Rupertsberg<br />
et ses possessions. Hildegarde fit usage de toutes ses bonnes<br />
relations et reçu les Actes avec lesquels elle put sauvegarder en<br />
grande partie l’indépendance de son monastère. Pendant la<br />
Guerre de Trente ans, en 1632, le Rupertsberg fut détruit.<br />
Eibingen<br />
La renommée d’Hildegarde attira beaucoup de<br />
monde à demander une admission au Rupertsberg.<br />
Bientôt le monastère fut trop petit. Elle acheta<br />
un monastère vacant à Eibingen. Il fut<br />
consacré en 1165. Hildegarde devint ainsi<br />
abbesse de ce second monastère et<br />
traversait le Rhin trois fois par semaine pour visiter<br />
les sœurs à Eibingen. En 1802, en raison de la<br />
Sécularisation, le monastère fut dissout. Toutes les<br />
possessions furent perdues. En 1831 l’église du<br />
monastère devint l’église paroissiale de Eibingen.<br />
Nouvelle fondation de l’abbaye<br />
de Ste Hildegarde<br />
En 1904, après quatre ans de travaux, 14<br />
religieuses de l’abbaye St Gabriel à Prague,<br />
déménagent dans le nouveau monastère<br />
construit au-dessus du Rhin. Le monastère est<br />
confirmé avec tous les statuts d’une abbaye et<br />
est doté de tous les droits et privilèges de<br />
l’ancien monastère d’Hildegarde. Il est exempt<br />
de l’autorité de l’Episcopat local et est placé<br />
directement sous la juridiction du Saint Siège.<br />
La communauté de l’abbaye de Sainte Hildegarde<br />
considère l’étude et le soin de l’héritage<br />
d’Hildegarde comme une préoccupation majeure<br />
Elle le transmet aux contemporains comme un<br />
message pertinent et intemporel.
Ses Œuvres<br />
Hildegarde possédait un esprit universel éminent qui laissa un<br />
travail important et très diversifié. C’était une religieuse mais<br />
également une scientifique, une théologienne, une philo sophe,<br />
une musicienne et une poète, une physicienne,<br />
particulièrement compétente dans les méthodes de guérisons<br />
naturelles. Tout son travail consistait à diriger les hommes<br />
vers Dieu et à les encourager à une vie de foi.<br />
Les 7 ouvrages les plus importants d’Hildegarde de Bingen<br />
L‘enseignement d‘<strong>hildegard</strong>e a pour objectif de<br />
guider les hommes sur le chemin du salut, en leur<br />
montrant que par amour, Dieu a déjà tracé Son<br />
chemin vers eux : lors de la création, par<br />
l‘incarnation, et tout au long de notre histoire. Pour<br />
moi donc, c‘est d‘abord et avant toute chose, un<br />
challenge intellectuel que de saisir sa doctrine par<br />
rapport à Dieu, à l‘homme et au monde, dans le<br />
contexte philosophique et théologique du XII ème<br />
siècle ; et ainsi de le rendre accessible à nos<br />
contemporains. En même temps, elle est mon<br />
mentor dans la conduite de ma vie, parce qu‘elle<br />
m‘apprend à trouver le juste équilibre pour moi<br />
même ; ce qui est en fait le moyen de mener chaque<br />
être humain au bonheur.<br />
Maura Zátonyi OSB<br />
Abbaye de Ste Hildegarde<br />
LIBER SCIVIAS –<br />
Connais les Chemins (1141–1151)<br />
Dans la première œuvre théologique d’Hildegarde, dans<br />
laquelle elle transcrit ses visions et qui propage sa renommée<br />
tout au cours de sa vie, elle parle d’abord du chemin de Dieu<br />
pour l’homme dans la création, de la rédemption et du cours de<br />
l’histoire. Elle parle ensuite des chemins qui mènent à Dieu.<br />
LIBER VITAE MERITORUM –<br />
Le Livres des Mérites de la Vie (1158–1163)<br />
Le second travail principal d’Hildegarde révèle dans un<br />
dialogue dramatique entre les 35 vices et vertus, l’inséparable<br />
corrélation entre le cosmos, l’histoire du salut et la conduite<br />
morale humaine. Il devient clair que les décisions personnelles<br />
ont un impact dans la lutte cosmique entre le bien et le mal.<br />
LIBER DIVINORUM OPERUM –<br />
Le Livre des Œuvres Divines (1163–1170)<br />
La dernière œuvre d’Hildegarde tâche de donner une définition<br />
de la relation de Dieu avec le monde et les hommes. Là encore<br />
ses principaux thèmes et préoccupations sont résumés au<br />
moyen d’un faisceau d’images élaborées.<br />
CAUSAE ET CURAE –<br />
Les Causes et les Remèdes (des maladies) (1150–11158)<br />
Dans ce livre, Hildegarde décrit une multitude de maladies,<br />
leurs causes et leurs symptômes pour ensuite donner des<br />
instructions de traitement qui utilisent des méthodes naturelles.<br />
Une valeur particulière est donnée aux conseils sur les<br />
préventions des maladies, pour garder une bonne santé et<br />
mener une vie modérée.<br />
PHYSICA –<br />
Le Livre des Subtilités des Créatures Divines (1150–1158)<br />
Cette œuvre décrit en 9 chapitres les pouvoirs de la nature et<br />
leurs effets sur les gens en bonne santé ou malades; les<br />
herbes, les éléments, les arbres, les pierres précieuses, les<br />
poissons, les oiseaux, les animaux terrestres, les reptiles et les<br />
métaux. Maintes et maintes fois, Hildegarde souligne le fait<br />
que les choses visibles de la nature pointent le fait d’une<br />
réalité invisible.<br />
SYMPHONIAE –<br />
La Symphonie des Harmonies Terrestres (1151–1170)<br />
Ce livre contient 77 chants et poèmes pour lesquels Hildegarde<br />
a composé à la fois la musique et les paroles, ainsi qu’une sorte<br />
d’opéra dramatique «Ordo Virtutum» (l’Ordre des Vertus) qui a<br />
été réalisé pour la première fois lors de la consécration de<br />
l’église monastique du Rupertsberg.<br />
EPISTOLAE –<br />
Lettres (1147–1179)<br />
Cette collection de lettres est la somme de 390 lettres<br />
d’Hildegarde, adressées à ses contemporains, célèbres ou<br />
moins connus. On y trouve des messages personnels mais<br />
aussi plus universels. Hildegarde se révèle être un témoin<br />
attentif et une observatrice des problèmes de son temps et<br />
vilipende le clergé et les administrateurs séculiers avec une<br />
vraie prise de conscience de sa mission prophétique.
La Bénédictine<br />
Le rythme de vie bénédictin très ordonné, et bien équilibré,<br />
dans l’espace, dans le temps et dans la vie en communauté, a<br />
pénétré toute l’existence d’Hildegarde. Les piliers de la vie<br />
spirituelle — prière et travail, études et lectures spirituelles,<br />
solitude et vie en commun — imprègne toute sa pensée et son<br />
action, et ont été à la racine de toute son œuvre et de son<br />
ministère. La vie d’Hildegarde et tout son quotidien, comme<br />
tous les moines et moniales, a été défini par les Ecritures.<br />
Dans le monastère, la liturgie régule le rythme de la journée.<br />
Les temps de prière ponctuent les différentes tâches. Cela<br />
favorise le calme et la concentration et nous aide à<br />
considérer toutes choses devant Dieu et dans son regard, et<br />
ainsi, de se focaliser sur l’essentiel. Ainsi donc, toute chose<br />
devient connectée et intimement liée à Dieu.<br />
Pour Hildegarde, le canon des valeurs bénédictines — l’amour<br />
de Dieu et des hommes, l’attention et l’empressement à<br />
écouter, le respect et l’hospitalité, la compassion et la<br />
bienveillance, la liberté et la constance, la paix et la<br />
responsabilité, l’oubli de soi et la modération, la gratitude et<br />
l’humilité — est le pilier sur lequel elle s’appuie, et la source<br />
même de ce qu’elle effectue. Dans ce sens elle est une réelle<br />
sainte bénédictine.<br />
Sainte Hildegarde a été profondément formée par<br />
la pensée bénédictine. De cela, elle a tiré de la<br />
force pour sa mission de prophète. De là est<br />
enracinée sa force pour proclamer sa foi - il y a<br />
900 ans comme aujourd‘hui. Pour moi, c‘est un<br />
don de la grâce de Dieu que de tous les papes, il<br />
(Benoît XVI) soit le premier à porter le nom de<br />
notre ordre de frères bénédictins, et proclame<br />
Hildegarde comme Docteur de l‘Eglise.<br />
Edeltraud Forster OSB<br />
Abbesse em. de l‘abbaye de Ste Hildegarde<br />
« La première lueur du jour représente les paroles de<br />
l‘enseignement apostolique, et l‘aurore signifie le<br />
commencement de cette règle de vie qui a germé dans le<br />
désert et les grottes après cet enseignement; le soleil<br />
indique la voie distincte et bien tracée ensuite par mon<br />
serviteur Benoît, que j‘ai fait passer par un feu ardent, en lui<br />
apprenant à honorer (…). En effet ce Benoît est un autre<br />
Moïse. »<br />
Hildegarde, Liber Scivias, 5ème Vision, IIème partie<br />
Depuis que Saint Benoît a écrit cette Règle dans la crainte<br />
de Dieu, dans la charité, l‘amour et la grâce, rien ne doit<br />
être ni ajouté ni retiré à celle-ci, puisqu‘il n‘y<br />
manque rien, depuis que ce fut écrit et présenté<br />
à la perfection par le concours du Saint<br />
Esprit.<br />
Hildegarde, Explications de la Règle de Saint Benoît, II.3<br />
Edeltraud Forster OSB, Abbesse em.<br />
et Clementia Killewald OSB †, Abbesse,<br />
Les 38ème et 39ème successeurs des<br />
Sainte Hildegarde
La Visionnaire<br />
Le mot « vision » est dérivé du latin « videre » — voir. D’un<br />
point de vue biblique, voir, signifie beaucoup plus qu’une<br />
perception simplement extérieure de la réalité. Cela signifie<br />
plutôt un discernement aimant, l’accès à une compréhension<br />
de l’essentiel et, en fin de compte, une vision intuitive et<br />
une connaissance de Dieu. Sainte Hildegarde était une<br />
bénédictine tellement familière de la Bible, qu’elle étudiait<br />
quotidiennement. Dans la prière et la contemplation, elle<br />
a reçu ce qu’elle appelle elle-même comme « une connaissance<br />
des Ecritures ». En conséquence, ses œuvres sont une large<br />
interprétation holistique des écritures dans une vision de<br />
forme allégorique. Ce qui est vraiment spécifique à propos<br />
des visions d’Hildegarde, c’est qu’elles commencent presque<br />
toutes par les mots « et vidi », et cela peut être expliqué en<br />
cinq points:<br />
Qu‘est ce qui est intrinsèquement la fonction<br />
première de chacun et de tous les chrétiens — bien<br />
que pour la plupart le chemin ne soit pas<br />
spectaculaire — et qui a été particulièrement<br />
accordé à la prophète du Rhin?: le don et la tâche<br />
de ne pas devenir obsédé par les beautés et les<br />
difficultés de la vie de tous les jours, de ne pas<br />
être confiné par des horizons limités, de ne pas<br />
être absorbé par les demandes majeures ou<br />
mineures d‘un lieu ou d‘un moment, mais de voir<br />
plus loin que le bout de son nez, au-delà de notre<br />
existence propre, et afin d‘apercevoir le monde<br />
dans sa totalité et dans toute son histoire.<br />
Stephan Ackermann<br />
Evêque de Trèves<br />
p Quand enfant déjà, Hildegarde a été appelée par Dieu à une<br />
voie spéciale et a vécu toute sa vie dans une profonde<br />
proximité avec son Créateur.<br />
p Dans son travail quotidien des Ecritures, à la lumière de la<br />
Foi, avec comme arrière-plan l’éducation universelle des<br />
secrets de Dieu.<br />
p Le fait qu’elle ait vu intérieurement et sans interruption<br />
de nouvelles images visionnaires.<br />
p Qu’elle les ait écrites à la demande de Dieu.<br />
p Et ensuite interprétées théologiquement et<br />
spirituellement.<br />
« En tout cas, les visions que j‘ai vues, ce n‘est pas dans des<br />
songes, ni en dormant, ni dans le délire, ni par les yeux du<br />
corps ni par les oreilles de l‘homme extérieur, ni dans des<br />
lieux cachés que je les ai perçues, mais c‘est en étant<br />
éveillée, avec toute mon attention, avec les yeux et les<br />
oreilles de l‘homme intérieur, en des lieux découverts, que,<br />
selon la volonté de Dieu, je les ai reçues. Comment cela se<br />
fait-il ? Il est difficile à un homme de chair de le découvrir »<br />
Hildegarde, Liber Scivias<br />
« Et écris-le en te fondant non pas sur le langage de<br />
l‘homme, non pas sur l‘intelligence de l‘invention<br />
humaine, non pas sur la volonté humaine<br />
d‘organisation, mais en te fondant sur le fait que tu<br />
vois et entend cela d‘en haut, dans le ciel, dans les<br />
merveilles de Dieu. »<br />
Hildegarde, Liber Scivias
La Théologienne<br />
Hildegarde de Bingen est la plus importante femme théologienne<br />
et écrivain de la chrétienté avant le 16ème siècle. Elle est au<br />
même niveau que les plus grands penseurs théologiens de son<br />
époque. Dans ses écrits vastes et différents, Hildegarde est<br />
surtout préoccupée par une interprétation authentique des<br />
Ecritures. Son principal souci est de diriger les hommes<br />
sur le chemin du Salut. La relation entre Dieu, l‘homme et le<br />
monde est au centre de son concept théologique. L‘homme<br />
en tant que créature de Dieu, dans toute la création et avec la<br />
responsabilité de ce dernier, est au cœur de ses pensées et<br />
de ses visions. Chaque personne est sans cesse appelée à être<br />
sensible à sa responsabilité devant Dieu, dans sa vie, ses<br />
pensées et ses actions.<br />
Comme théologienne, je suis fascinée par<br />
l‘individualité avec laquelle Hildegarde interprète la<br />
Bible. Je suis particulièrement impressionnée par<br />
sa lecture de la Genèse: contrairement à ses<br />
contemporains, pour Hildegarde, la création d‘Eve<br />
en second n‘est pas une lacune, mais un avantage<br />
pour les femmes, car Eve, à la différence d‘Adam<br />
pour qui Dieu a eu besoin de deux mesures (argile<br />
et souffle), est entièrement humaine depuis le<br />
début. Je m‘inspire volontiers des dialogues<br />
créatifs d‘Hildegarde avec la Bible. En tant que<br />
femme avec des responsabilités dans la gestion de<br />
l‘Eglise catholique, je suis fascinée par Hildegarde:<br />
elle a su avec réalisme évaluer ses opportunités et<br />
ses limites dans une église dominée par des<br />
hommes. Hildegarde n‘était pas une révolutionnaire<br />
mais une excellente stratège, tacticienne et<br />
politicienne. Elle connaissait et acceptait les<br />
conventions et les règles — mais en même temps ne<br />
se laissait pas détourner de ses buts. »<br />
Hildegard Gosebrink<br />
Théologienne et Biographe d‘Hildegarde<br />
« Le Père, le Fils et L‘Esprit Saint n‘existent pas l‘un sans<br />
l‘autre, mais ils accomplissent tous ensemble leur action (…).<br />
Ces trois personnes de la vraie Trinité existent de façon<br />
inséparable dans la majesté de leur divinité, et il n‘y a pas de<br />
séparation entre elles (…). Comprends donc, ô homme, qu‘il y a<br />
un Dieu en trois personnes. Mais toi, dans la stupidité de ton<br />
esprit, tu penses que Dieu n‘est pas assez puissant pour qu‘il<br />
lui soit possible d‘exister pleinement en trois personnes, mais<br />
qu‘il peut à grand-peine exister en une seule (…). Mais le Père<br />
n‘est pas sans le Fils, ni le Fils sans le Père, ni le Père et le Fils<br />
sans l‘Esprit Saint, ni l‘Esprit Saint sans eux: car ces Trois<br />
personnes sont inséparables dans l‘Unité de la Divinité. »<br />
Hildegarde, Liber Scivias, 2ème vision, IIème partie<br />
« L‘homme, dans la structure du monde, est pour ainsi dire en son<br />
centre. Il a plus de puissance que les autres créatures qui demeurent<br />
cependant dans la même structure, il est grand de par l‘énergie<br />
de l‘âme. La tête levée et les pieds bien calés, il est capable de<br />
mouvoir les éléments d‘en haut comme ceux d‘en bas. Les œuvres<br />
de ses deux mains pénètrent le tout, parce qu‘il a, par l‘énergie de<br />
l‘homme intérieur, la possibilité de mettre ce<br />
pouvoir en œuvre. Le corps est plus<br />
grand que le cœur; les énergies de<br />
l‘âme dépassent en puissance<br />
celles du corps. Le cœur est<br />
caché au fond du corps : le<br />
corps est entouré des<br />
énergies de l‘âme, qui<br />
s‘étendent sur l‘orbe<br />
de la terre entière. »<br />
Hildegarde, Liber Divinorum Operum, 2ème vision
La Sage<br />
L’homme et sa vie sont au centre des pensées et des actions<br />
d’Hildegarde. Par pur amour, Dieu a créé l’Homme à son image,<br />
une créature libre. La réponse de l’homme à cet amour consiste à<br />
devenir toujours plus ajustée aux ordres sages et modérés du<br />
cosmos dans toutes ses actions et ses relations. Pour Hildegarde<br />
la vie ne peut avoir de succès que si nous structurons avec<br />
sérieux le monde, autour de la vénération de Dieu, du respect de<br />
soi, des uns des autres, et de la création.<br />
« Quand Dieu considéra l‘homme, il lui plut beaucoup : ne l‘avaitil<br />
pas créé à sa ressemblance et selon la texture de son image?<br />
A l‘homme de proclamer par l‘instrument de sa voix de raison la<br />
totalité des merveilles divines ! C‘est que l‘homme est la totalité<br />
de l‘œuvre divine, et Dieu est connu par l‘homme, puisque Dieu a<br />
créé pour lui toutes les créatures, et puisqu‘il lui a accordé, dans<br />
le baiser du véritable amour, et par la raison, de le célébrer et de<br />
le louer. «<br />
Hildegarde, Liber Divinorum Operum, 4ème vision<br />
Hildegarde est une personnalité plus grande<br />
que nature qui m‘impressionne et<br />
m‘encourage. Bien que visionnaire, elle a fait<br />
son propre chemin, gardant les pieds<br />
fermement ancrés au sol. L‘exemple<br />
d‘Hildegarde de Bingen montre comment la<br />
franchise et la largeur d‘esprit, inspire la foi en<br />
Dieu et la volonté de servir les autres. Ses<br />
œuvres sont une source d‘inspiration d‘une<br />
vitalité intemporelle.<br />
« Car j‘ai tout arrangé quand j‘ai parcouru le cercle du ciel, ainsi<br />
je parlais par la bouche de Salomon de l‘amour du Créateur<br />
pour sa créature et de la créature pour son Créateur: comment<br />
le Créateur a orné la créature en la faisant parce qu‘il l‘aimait<br />
beaucoup; et comment la créature a demandé un baiser au<br />
Créateur en lui obéissant, puisqu‘elle lui obéissait en tout. La<br />
créature a reçu un baiser du Créateur quand Dieu lui a donné<br />
tout le nécessaire. J‘assimile l‘amour du Créateur pour sa<br />
créature et réciproquement, à l‘amour et à la fidélité par<br />
laquelle Dieu a uni l‘homme et la femme, pour qu‘il en naisse<br />
des enfants, comme toute créature est née de Dieu. «<br />
Hildegarde, Liber Vitae Meritorum, 5ème partie<br />
Malu Dreyer<br />
Premier Ministre de la Rhénanie — Palatinat
La Prophétesse<br />
Hildegarde se considérait comme un instrument de Dieu et<br />
voulait continuellement montrer à l’humanité le chemin<br />
qui mène à Dieu. Elle n’était jamais fatiguée de rappeler<br />
Dieu à ses contemporains et de les exhorter à retrouver la<br />
voie du Salut. Ces avertissements restent également<br />
valides pour nous aujourd’hui. Il s’agissait de vivre la vie<br />
chrétienne de manière cohérente. Tout, que ce soit le ciel<br />
ou la terre, la foi et la raison, la création toute entière dans<br />
ses multiples facettes et possibilités, représente pour elle<br />
le miroir de l’amour de Dieu. Ils sont en même temps un<br />
cadeau et une mission. Nul ne peut abdiquer ses<br />
responsabilités.<br />
« La prophétesse se fait enseignante! Une Docteur<br />
de l‘Eglise. Qu‘est-ce que cela signifie? Qu‘elle n‘a<br />
pas seulement présenté l‘enseignement de l‘Eglise,<br />
mais qu‘elle a plutôt enseigné à l‘Eglise … Rien ne<br />
nous caractérise plus que notre manque de passion<br />
pour Dieu. Précisément cela caractérise la vie<br />
d‘Hildegarde ... Le renouvellement de l‘Eglise — on<br />
parle beaucoup de cela de nos jours — comment<br />
peut-on le réussir ? Seulement en retournant à la<br />
source, à l‘Evangile. Nous n‘avons pas besoin<br />
d‘emprunter des programmes extrinsèques.<br />
L‘Evangile est un programme suffisant. Hildegarde<br />
vit, pense, prie et écrit avec les Ecritures ... Ce qui<br />
surprend et impressionne chez Hildegarde, est sa<br />
largeur d‘esprit: sa philosophie et son étude de la<br />
nature, l‘art de guérir en s‘appuyant sur une<br />
médecine holistique. Hildegarde n‘est pas<br />
seulement concernée par l‘Eglise, par les combats<br />
au sein de l‘Eglise. Elle est concernée par la<br />
création, par le cosmos, par la préservation de<br />
l‘univers. Comme si nous lisions un journal<br />
moderne sur l‘environnement. La crise de<br />
l‘environnement est une crise de l‘humanité.<br />
L‘homme a oublié de qui il est redevable pour luimême<br />
et pour le monde. Quiconque parle de la<br />
nature ne doit pas oublier de mentionner Dieu. Ou,<br />
en fin de compte, il sera perplexe face au monde et<br />
ne se comprendra pas lui-même. »<br />
« Et j‘ai entendu la grande voix des éléments du monde<br />
dire à cet homme: « Nous ne pouvons poursuivre notre<br />
course et assurer notre fonction, car les hommes, par<br />
leurs œuvres perverses, nous font tourner comme une<br />
roue de moulin. Nous sentons l‘infection et la faim de<br />
toute justice. »<br />
« Mais l‘Homme répondit: (...) Les vents sont enroués à<br />
force d‘infection et l‘air vomit des saletés, parce que les<br />
hommes n‘ouvrent pas la bouche pour dire la vérité. La<br />
verdure aussi a séché à cause de l‘injuste superstition<br />
des foules perverses qui règlent leurs affaires selon leur<br />
plaisir et disent: « Ne me voyez-vous pas à travers le jour<br />
et la nuit? Ne me voyez-vous pas quand vous semez, et<br />
que la semence, arrosée par la pluie, pousse? Toute<br />
créature tend vers son Créateur et comprend clairement<br />
que lui seul l‘a faite, mais l‘homme est rebelle, il divise<br />
son Créateur en nombreuses créatures »<br />
Hildegarde, Liber Vitae Meritorum, 3ème partie<br />
Franz Kamphaus<br />
Evêque em. de la province de Limbourg<br />
de
La Guérisseuse<br />
A l’époque médiévale, les monastères étaient aussi des<br />
centres pour le traitement et la guérison des maladies. Au<br />
Disibodenberg, Hildegarde avait déjà acquis un savoir-faire<br />
considérable en soignant les malades et en utilisant les<br />
herbes médicinales. Le salut et la guérison sont inséparables<br />
pour elle. Les humains tombent malades lorsqu’ils abandonnent<br />
la relation originelle et harmonieuse avec Dieu et le monde<br />
qui les entoure. C’est pourquoi, une manière de vivre,<br />
sérieuse, modérée et recentrée sur les valeurs, est la meilleure<br />
prévention contre les maladies du corps et de l’âme.<br />
Il n‘est pas aisé de s‘approcher de la personne de<br />
Sainte Hildegarde. Elle se décrit fréquemment<br />
comme une femme simple et non instruite. Mais en<br />
réalité, elle est une des femmes les plus<br />
importantes du Moyen Age: elle est médecin,<br />
compositrice, auteur d‘ouvrages célèbres à propos<br />
du monde et de l‘humanité; elle connaît la Bible et<br />
les pères de l‘Eglise, elle est aussi bien versée dans<br />
l‘étude de la nature de son temps, qu‘en médecine<br />
ou en agriculture. Par-dessus tout, elle est<br />
renommée pour ses visions. Nous admirons cette<br />
prophétesse allemande, comme nous l’appelons.<br />
Néanmoins, elle restera toujours inconnue et nous<br />
devrons donc faire un effort immense pour<br />
comprendre sa pensée. Ce sera alors une tâche<br />
continue que de mieux saisir sa signification en<br />
tant que Docteur de l‘Eglise pour notre époque.<br />
Karl Kardinal Lehmann<br />
Evêque em. de Mayence<br />
« De même que le corps de l‘homme n‘est jamais sans<br />
agir et ne s‘arrête jamais de pratiquer quelque activité,<br />
de même aussi son âme, du fait de sa nature, a une<br />
fonction dont parfois elle se détourne, frappée de dégoût<br />
pour son corps, comme si elle s‘endormait: de même<br />
qu‘une roue de moulin dont une partie a été abîmée par<br />
une inondation cesse parfois son travail. Et ainsi l‘âme se<br />
trouve dans un repos silencieux, aussi longtemps que le<br />
corps est brimé et opprimé par un sentiment de honte ou<br />
par quelque crainte. Puis elle reprend des forces,<br />
retrouve son activité et se rétablit. Et alors l‘homme se<br />
trouve en quelque sorte renouvelé, comme s‘il avait un<br />
nouveau caractère. »<br />
Hildegarde, Causae et Curae<br />
« Et la terre fournissait sa verdeur, selon l‘espèce et la<br />
nature et les mœurs et tout l‘environnement de l‘homme.<br />
En effet, la terre, avec ses plantes utiles, offre un<br />
panorama des fonctions spirituelles de l‘homme; mais<br />
avec ses plantes inutiles, elle fait apparaître ses<br />
fonctions mauvaises et diaboliques. »<br />
Hildegarde, Physica, Préface<br />
Le Forum D‘Hildegarde<br />
Jardin médicinal de<br />
Rochusberg à Bingen
La Conseillère<br />
Un total de 390 lettres aux papes, évêques et monastères, aux<br />
ordres séculiers, à des nobles et des gens ordinaires, ont été<br />
transmises. Elles sont la preuve d’un souci d’admonestation, d’une<br />
grande prévoyance, d’une intrépide franchise et d’un humour<br />
rafraichissant, ainsi que d’une application personnelle et d’un effort<br />
d’influence évident pour les questions (ecclesio) politiques. Elles<br />
nous permettent de pénétrer immédiatement et avec perspicacité<br />
dans la personnalité d’Hildegarde, et résume inimitablement,<br />
brièvement et succinctement sa pensée et ses œuvres.<br />
« O roi, il est très nécessaire que tu sois prudent en toutes<br />
occasions. Je te vois, en effet, en vision mystique, vivant en toutes<br />
sortes de troubles et contrariétés aux yeux de Dieu; mais pourtant<br />
tu auras, pour le temps de ton règne, ce qu‘il convient pour les<br />
affaires terrestres. Prends donc garde que le Souverain Roi ne te<br />
renverse à terre par suite de l‘aveuglement de tes yeux qui ne<br />
voient pas droitement comment tu tiens dans ta main le sceptre de<br />
ton règne. Soit donc tel que la grâce de Dieu ne te manque pas. »<br />
Hildegarde, Lettres, Hildegarde au Roi des Romains (plus tard l‘Empereur Barberousse)<br />
Sainte Hildegarde est une figure prophétique<br />
majeure de l‘Eglise: vigoureuse, courageuse, et dans<br />
le vrai sens du terme, un leader pour nous mener sur<br />
les chemins de Dieu. Dans ses œuvres, Hildegarde<br />
nous fait une revue d‘ensemble sur la définition de la<br />
relation de Dieu, du monde et de l‘homme — et ce qui<br />
est entièrement nouveau — d‘un langage<br />
métaphorique. Elle a proclamé la foi à une époque où<br />
— comme aujourd‘hui — les gens ont de plus en plus<br />
oublié Dieu. Elle a vécu comme elle a enseigné, a été<br />
crédible et absolument authentique. Sa théologie est<br />
« enracinée » et orientée vers la vie. A cet égard<br />
notamment, elle se montre vraiment bénédictine. Je<br />
suis convaincue qu‘avec son aide, nous pourrions<br />
parvenir, à notre époque, une fois encore, à remplir<br />
les gens d‘enthousiasme pour Dieu, et à vivre une<br />
vie de disciple forte et déterminée.<br />
« Vos langues sont muettes dans la voix qui résonne de la<br />
trompette de Dieu, vous qui n‘aimez pas la Sainte rationalité qui<br />
tient comme les étoiles le cercle de la révolution circulaire. La<br />
trompette de Dieu, c‘est la justice de Dieu, que vous deviez ruminer<br />
avec grand soin (...). Mais à cause de l‘obstination de votre volonté<br />
propre, vous ne le faites pas. C‘est parce que vous appartenez à la<br />
nuit qui exhale l‘obscurité, que vous êtes un peuple indolent, qui de<br />
mauvaise grâce, ne marche pas dans la lumière (...). A la place, vous<br />
préférez faire ce que votre chair vous demande (...). Mais vous êtes<br />
terrassés et vous n‘êtes pas un soutien pour l‘Eglise, mais à la<br />
place, fuyant dans les cavernes de votre luxure, et à cause de votre<br />
répugnante opulence, de votre avarice, et autres vanités, vous<br />
n‘enseignez pas à vos subordonnés, ni ne les laissez-vous<br />
demander des instructions (...). »<br />
Hildegarde, Lettres, au clergé de l‘Eglise de Cologne<br />
Philippa Rath OSB<br />
Abbaye de Sainte Hildegarde
La Compositrice<br />
Hildegarde a composé 77 mélodies, ainsi qu’un drame musical.<br />
Prises ensemble, ses œuvres musicales constituent un large<br />
corpus de musique médiévale. Les chants furent essentiellement<br />
écrits pour un usage liturgique. Les thèmes principaux des<br />
écrits d’Hildegarde sont encore une fois capturés dans les mots,<br />
et en tant que tel, sont un synopsis de son œuvre spirituelle et<br />
théologique.<br />
« C‘est que les louanges de jubilations, proclamées dans la<br />
simplicité de l‘unanimité et de la charité, conduisent les fidèles<br />
à cette unanimité dans laquelle il n‘y a pas de discorde,<br />
lorsqu‘elles font en sorte que ceux qui sont sur terre aspirent,<br />
par le cœur et les lèvres, à la récompense d‘en haut. »<br />
Hildegarde, Liber Scivias, 13ème vision de la 3ème partie<br />
« Le corps est le vêtement de l‘âme et la voix de l‘âme est vie,<br />
aussi il faut que le corps chante les louanges de Dieu avec<br />
l‘âme, grâce à la voix (...). Puisqu‘en écoutant les cantiques,<br />
l‘homme soupire souvent et gémit au souvenir de l‘harmonie<br />
céleste, le prophète, connaissant toute la profondeur de la<br />
nature spirituelle et sachant que l‘âme est musique par<br />
essence (...). »<br />
Hildegarde, Lettres, Lettre aux prélats de Mayence<br />
« L‘amour abonde en tout, / s‘exhaussant de l‘abîme jusqu‘audelà<br />
des étoiles,/amour d‘extrême amour, en tout, / car il a<br />
donné / au Roi suprême / un baiser de paix. »<br />
Hildegarde, Symphonies<br />
Dans ses chants, Hildegarde loue, dans de<br />
nombreuses variations, les mystères de Dieu, la<br />
création, le mystère de l‘incarnation et les<br />
merveilles de la totalité du cosmos. Elle fait ceci<br />
dans le langage visuel unique, qu‘apporte la<br />
musique. Ses compositions sont axées sur le<br />
Chant Grégorien: ces mélodies antiques, qui<br />
appartiennent à la vielle tradition du<br />
christianisme; continuez alors cela dans un style<br />
totalement nouveau, avec un registre de gammes<br />
insoupçonné. Ainsi, la totalité du cosmos, lequel<br />
depuis le commencement a été rempli du son de<br />
la musique, est pour elle, symphonique.<br />
« O toi branche si caressante/de l‘arbre de Jessé,<br />
ô que ta vertu est grande!/Car la divinité a posé son regard<br />
sur la plus belle des filles,/comme l‘aigle fixe le soleil.<br />
Lorsque le Père céleste vit l‘éclat de la Vierge,<br />
il voulut que son Verbe y prit chair. »<br />
Hildegarde, Symphonies<br />
Christiane Rath OSB<br />
Abbaye de Ste Hildegarde<br />
Ècoutez la musique de Sainte Hildeg<br />
au www.abtei-st-<strong>hildegard</strong>.de<br />
Antienne<br />
»O aeterne Deus«<br />
Antienne<br />
»O magne Pater«
La Sainte<br />
Dieu a créé l‘homme et habite dans son âme: c‘est<br />
pourquoi l‘âme vient du ciel et le corps est-il formé<br />
des éléments de la terre. Le cadeau de la création<br />
est la sphère de ma vie et c‘est le royaume dans<br />
lequel je peux faire l‘expérience de Dieu invisible.<br />
Tel un laboureur pour la cause de Dieu, j‘ai une<br />
mission dans la course du temps. Avec l‘aide de<br />
Dieu, puissé-je faire un bon travail.<br />
Sainte Hildegarde, Docteur de l‘Eglise, priez pour<br />
nous, faites que nous puissions être conscients de<br />
notre dignité et de notre mission — glorifiant Dieu<br />
en toutes choses — et que nous puissions avec son<br />
Fils et l‘Eglise (son Corps très Saint) trouver notre<br />
chemin de retour dans le cœur du Père.<br />
Hiltrud Gutjahr OSB<br />
Abbaye de Ste Hildegarde<br />
Même de son vivant, Hildegarde de Bingen fut vénérée par<br />
ses contemporains comme une Sainte et une «prophète du<br />
peuple germain». Après sa mort le 17 septembre 1179, son<br />
tombeau devint un lieu de pèlerinage, spécialement pour les<br />
malades, qui espéraient trouver le soulagement de leur<br />
souffrance et le remède à leur maladie.<br />
L’abbesse et le couvent du monastère du Rupertsberg<br />
adressèrent une pétition pour la canonisation de leur<br />
abbesse fondatrice dès 1127. Le Pape Grégoire IX initia le<br />
procès et envoya une commission d’évaluation à Bingen<br />
dont le compte rendu fut envoyé à Rome en 1233. Comme<br />
l’exposé des témoins ne correspondait pas aux exigences<br />
formelles, le Pape envoya une nouvelle commission en<br />
1237. On peut présumer que cette commission n’a jamais<br />
effectué ce travail et le procès de canonisation ne vit jamais<br />
le jour. D’autres initiatives furent également infructueuses,<br />
les dernières étant celles de la Conférence des évêques<br />
allemands de 1979 et 1987. Toutefois, Hildegarde fut<br />
considérée comme Sainte par le peuple, bien au-delà des<br />
frontières de l’Allemagne.<br />
Après que la nouvelle édition des œuvres principales<br />
d’Hildegarde fut complétée, le Pape Benoît XVI donna deux<br />
catéchèses sur Hildegarde. Il l’a reconnu comme une « très<br />
grande Prophète particulièrement importante pour notre<br />
époque. » Peu de temps après, le 25 décembre 2010,<br />
l’abbesse et le couvent de l’abbaye de Sainte Hildegarde,<br />
déposèrent une autre pétition pour la canonisation de leur<br />
sainte patronne, et pour sa nomination en tant que Docteur<br />
de l’Eglise. Le pape Benoît XVI réinitialisa le procès et<br />
reconnu comme miracle le fait qu’ Hildegarde ait été<br />
vénérée comme une Sainte par le peuple depuis plus de 850<br />
ans. Le 10 mai 2012, il mit son nom dans la martyrologie de<br />
l’Eglise Universelle. Le 7 octobre de la même année, elle fut<br />
formellement proclamée Docteur de l’Eglise à Rome.
Une Docteur de l‘Eglise<br />
Chez Sainte Hildegarde de Bingen, il existe une<br />
merveilleuse harmonie entre l’enseignement et la vie<br />
quotidienne.<br />
Avec une sensibilité et une sagesse prophétique aigües,<br />
Hildegarde concentra son attention sur la Révélation. Sa<br />
recherche se développe à partir des pages bibliques dans<br />
lesquelles, par phrases successives, elle reste fermement<br />
ancrée. L’étendue de sa vision mystique, ne se limitait pas<br />
au traitement de questions individuelles mais visait à offrir<br />
une synthèse globale de la foi chrétienne. C’est pourquoi<br />
dans ses visions et ses réflexions ultérieures, elle présente<br />
un recueil de l’Histoire du Salut, du début de l’univers<br />
jusqu’au Jugement Dernier.<br />
L’éminente doctrine d’Hildegarde fait écho à l’enseignement<br />
des apôtres, des Pères de l’Eglise et des écrits de son<br />
temps, tout en trouvant un point de référence constant<br />
dans la Règle de Saint Benoît. La liturgie monastique et<br />
l’intériorisation des Ecritures sacrées sont au centre de sa<br />
pensée, qui se concentrant sur le mystère de l’Incarnation,<br />
s’exprime dans une profonde unité de style et de contenu<br />
intérieur qui traverse tous ses écrits.<br />
Extraits de la Lettre Apostolique du Pape Benoît XV pour la proclamation De Sainte Hildegarde de Bingen comme Docteur de<br />
l‘Eglise, à Rome, le 7 octobre 2012<br />
Sainte Hildegarde de Bingen, une importante<br />
figure féminine du XIIème siècle, apporta sa<br />
précieuse contribution au développement de<br />
l‘Eglise de son époque, en faisant plein usage<br />
des dons que Dieu lui avait accordés. Ce<br />
faisant, elle s‘est avérée être une femme d‘une<br />
vive intelligence, d‘une profonde sensibilité et<br />
d‘une autorité spirituelle reconnue. Le<br />
Seigneur lui accorda un esprit de prophète et<br />
une profonde capacité à lire les signes des<br />
temps. Hildegarde montra un amour prononcé<br />
de la création et se dévoua à la médecine, à la<br />
poésie et à la musique. Par-dessus tout, elle<br />
maintint toujours un très puissant et fidèle<br />
amour au Christ et à son Eglise.<br />
Cérémonie de la<br />
Proclamation de<br />
Ste Hildegarde<br />
comme Docteur de<br />
l‘Eglise, Le 7<br />
octobre 2012<br />
Pape Benoît XVI, le 7 octobre 2012
Pour voux au magasin du monastère<br />
Abbaye de Ste Hildegarde<br />
Copy manuscrite:<br />
www.abtei-st-<strong>hildegard</strong>.de / www.keb.bistumlimburg.de. | www.keb.bistumlimburg.de<br />
Éditeur : Institution Éducative Diocésaine• Domplatz 3 • 60311 Frankfurt<br />
Idée et Conception: Claudia Hülshörster • Eva Knoellinger-Acker • Kerstin Meinhardt • Johannes<br />
Oberbandscheid • Philippa Rath OSB<br />
Disposition et Réalisation: Meinhardt Verlag und Agentur • © Idstein, Mai 2014<br />
Traducteur: Marie-Béatrice Servignat<br />
Les citations d‘<strong>hildegard</strong>e sont prises dans la nouvelle édition complète (allemande) de son oeuvre.<br />
Crédits photos et illustrations<br />
Couverture: Sculpture en bronze de Karlheinz Oswald © Kerstin Meinhardt<br />
Miniatures des pages 2, 3, 6, 8, 10, 13: codex du Scivias, Rupertsberg, original perdu en 1945: parchemin,<br />
Monastère du Rupertsberg, c.1165-1175; facsimile fait main, parchemin 1927-33, Abbaye de<br />
Ste Hildegarde, Rudesheim/Eibingen, © Abbaye de Ste Hildegarde<br />
p. 4: Abbaye de Ste Hildegarde © Kerstin Meinhardt Gravures: Abbaye de Ste Hildegarde<br />
p.5: „Hildegardis“, gravure sur bois, Chronique du Monde de Schedel, Nürnberg, 1493<br />
p.6: petite photo: © Abbaye de Ste Hildegarde<br />
p.7: Statue en céramique de Christophora Janssen OSB © Kerstin Meinhardt<br />
Miniatures des pages 9, 11, 12: Lucca Codex (Liber Divinorum Operum), parchemin avec 10 couleurs,<br />
Miniatures, Monastère du Rupertsberg, c. 1220/30, Lucca, Biblioteca Statale, Codex 1942, photo:<br />
Abbaye de Ste Hildegarde<br />
p.11: petite photo: Jardin médicinal, Forum d‘ Hildegarde à Bingen<br />
p.12: petite photo : Hildegarde et le roi Frédérique, église monastique, Abbaye de Ste Hildegarde, ©<br />
Kerstin Meinhardt<br />
p.14: Eglise paroissiale et lieu de pélerinage de Ste Hildegarde, © Kerstin Meinhardt<br />
p. 15: “S. Hildegardis Prophetissa”, église monastique, abbaye de Ste Hildegarde, © Kerstin Meinhardt<br />
photos prises le 7 octobre 2012: à gauche: © picture alliance/abaca, à droite : © Jessica<br />
Kraemer<br />
Le magasin du monastère<br />
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Horaires d’ouverture:<br />
Lundi à Samedi de 9h30 à 17h<br />
Du premier mars au 23 décembre également le dimanche<br />
et jours fériés de 14h à 17h