Former des laïcs pour la responsabilité ecclésiale. Enjeux théologiques et perspectives

THéOLOGIES PRATIQUES
Catherine Chevalier
Former
des laïcs pour
la responsabilité
ecclésiale
Enjeux théologiques
et perspectives

FORMER DES LAÏCS POUR LA
RESPONSABILITÉ ECCLÉSIALE

Théologies pratiques
La collection veut favoriser l’émergence de projets pastoraux novateurs,
théologiquement fondés et culturellement adaptés. Elle s’adresse
tout particulièrement aux responsables de la pastorale, aux cadres
de l’animation catéchétique et aux formateurs. Elle veut leur fournir
des recherches et des instruments d’analyse leur permettant de mieux
comprendre culturellement et de mieux discerner théologiquement les
enjeux des situations pastorales qu’ils ont à gérer. La collection entend
aussi faire avancer les recherches méthodologiques en théologie pratique.
Directeur de la collection :
Gilles Routhier (Université Laval, Québec, Canada)
Secrétaire de la collection :
Arnaud Join-Lambert (Université catholique de Louvain, Louvain-la-
Neuve, Belgique)
Dans la même collection
Paul-André Giguère, Catéchèse et maturité de la foi.
Henri Derroitte (Dir.), Théologie, mission et catéchèse.
Jean-Yves Baziou et Marie-Hélène Lavianne (Dir.), Entre mémoire et
actions. L’émergence de théologies pratiques.
Philippe Bacq et Christoph TheobaLd (Dir.), Une nouvelle chance pour
l’Évan gile. Vers une pastorale d’engendrement.
Élaine Champagne, Reconnaître la spiritualité des tout-petits.
Joseph Famerée (Dir.), Baptême d’enfants ou baptême d’adultes ? Pour
une identité chrétienne crédible.
Fritz Lienhard, La démarche de théologie pratique.
Gwennola Rimbaut, Soutenir une démarche spirituelle en milieu hospitalier.
Analyse de dialogues vécus en aumônerie hospitalière et
réflexion théologique pour l’action pastorale.
Gilles Routhier et Marcel Viau (Dir.), Précis de théologie pratique,
2 e édition augmentée.
Étienne Grieu, Un lien si fort. Quand l’amour de Dieu se fait diaconie.
Karlijn Demasure, Arnaud Join-Lambert et Gabriel Monet (Dir.)
avec la collaboration de Marie-Rose Tannous, Vivre ensemble.
Un défi pratique pour la théologie.
Henri Derroitte, Jean-Paul Laurent et Gilles Routhier (Dir.), Un christianisme
infiniment précieux. Mélanges de théologie pratique offerts
au père André Fossion.
Arnaud Join-Lambert, Axel Liégeois et Catherine ChevaLier (Dir.),
Autorité et pouvoir dans l’agir pastoral.
François Yumba, Les patients perdus de vue dans la prise en charge du
sida. articulation entre santé, spiritualité et salut à partir de leur vécu
à Kinshasa.
Étienne Grieu, Gwennola Rimbaut et Laure BLanchon (Dir.), Qu’est-ce
qui fait vivre quand tout s’écroule, Une théologie à l’école des plus
pauvres.

Catherine ChevaLier
FORMER DES LAÏCS POUR LA
RESPONSABILITÉ ECCLÉSIALE
Enjeux théologiques et perspectives
Théologies pratiques
lumen vitae

De la même auteure
Entre doctrine et expérience croyante. La formation chrétienne des adultes
du Concile à nos jours, Lumen Vitae, coll. Les Fondamentaux n° 5,
Namur, 2014.
Avec Joël MorLet, Être catéchiste. Témoigner d’une expérience, Lumen
Vitae, coll. Pédagogie catéchétique n° 32, Namur, 2015.
© Éditions jésuites, 2017
ISBN : 978-2-87324-568-9
Dépôt légal : D/2017/0026/05
Lumen Vitae
Rue Blondeau 7, B-5000 Namur, Belgique
editionslv@editionsjesuites.com
www.editionsjesuites.com
Éditions CRER
19, rue de la Saillerie – CS 10002
F-49184 Saint-Barthélemy-d’Anjou Cedex
www.editions-crer.fr
ISBN : 978-2-85733-452-1
Dépôt légal : avril 2017
Novalis
4475, rue Frontenac, Montréal (Québec) H2H 2S2 Canada
sac@novalis.ca • novalis.ca
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Bibliothèque et Archives Canada, 2017
ISBN : 978-2-89688-453-7
Image de couverture : Mylène Auquière
Graphisme de couverture : Sabine Malfait
Imprimé en Belgique

Préface
L’émergence de nouveaux acteurs laïcs aux côtés des prêtres
dans la suite du concile Vatican II a conduit les églises locales à la
mise en œuvre de leur formation théologique et pastorale. Celle-ci
s’est cherchée à tâtons pour surmonter la pente naturelle qui consiste
à calquer cette formation de laïcs sur celle des prêtres. Une telle
logique de substitution face à la diminution du clergé est évidemment
ruineuse pour les uns comme pour les autres. C’est dans la ligne du
baptême que peuvent se former les fidèles laïcs à l’intelligence de
la foi. Nulle nécessité pour eux d’émarger à la formation de clercs.
En dépend leur spiritualité proprement baptismale dans l’exercice de
leur mission d’Église.
Catherine Chevalier diagnostique dans ce livre que leur
formation modifie sensiblement la notion de savoir théologique.
La finalité professionnalisante de l’apprentissage théologique des
fidèles l’oriente en effet vers l’analyse des situations pastorales et
la compréhension du monde, de la culture dans lesquels l’Évangile
est annoncé. La pastoralité acquiert ainsi une dimension doctrinale
comme le concile l’avait envisagé avec le discours d’ouverture du
pape Jean XXIII 1 . Il n’y a d’annonce de l’Évangile selon le Pape
qu’en tenant compte des destinataires. Ce qui est en cause dans le
kérygme évangélique est ainsi déjà à l’œuvre dans le destinataire de
sorte qu’il peut y adhérer dans un acte libre (Pierre chez Corneille en
Ac 10). La démarche conciliaire se voulait « conversation » avec le
monde selon les termes de l’encyclique Ecclesiam suam, publiée en
1964, au milieu du concile Vatican II, par le pape Paul VI : « L’Église
doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L’Église
1 Jean XXIII, « En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c’est-à-dire les
vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous
laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens
et la même portée » : AAS 54, 1962, p. 791-792 ; La Documentation Catholique
59, 1962, p. 1382-1383.

6 préface
se fait parole ; l’Église se fait message ; l’Église se fait conversation.
» Cette posture a provoqué une mutation du discours chrétien
qui mesure davantage l’urgence de donner accès à l’Évangile dans la
culture contemporaine à la fois pluraliste et complexe. Ce renouvèlement
du discours chrétien s’est produit dès avant le concile dans les
discussions préparatoires du schéma sur l’Église. Les cardinaux Béa,
Döpfner et Richaud entre autres avaient mis en lumière de manière
vigoureuse ce changement d’attitude de l’Église dans sa relation à la
société qu’avaient voulu les deux Papes qui conduisirent le concile.
L’analyse de deux parcours de formation des laïcs en France
(Angers et Paris), produite par Catherine Chevalier, manifeste les
tensions inhérentes à la modification du savoir théologique que
provoque la pastoralité de la doctrine. Le recours à l’expérience
croyante ne conduit pas à l’abandon de l’objectivité théologique.
La formation spirituelle de la personne n’est pas contradictoire avec
l’inscription du sujet dans l’institution ecclésiale. C’est la pastoralité
qui permet d’intégrer les dimensions spirituelle et théologique de
leur formation.
L’apprentissage des laïcs conduit le savoir théologique à
s’interroger sur ce que la foi fait réellement connaître de Dieu et du
monde. Le mot foi possède en effet un double sens, aussi bien l’attitude
croyante qui l’apparente alors à une vertu de foi, que le contenu
de la croyance à laquelle le sujet donne son assentiment. Ce double
sens indique que le contenu n’est justement pas accessible par la
seule expérience empirique ni par le seul raisonnement. Dieu n’est
pas dans l’ouragan ni au bout de la déduction qui conduit de l’observation
de la nature à l’idée d’un premier moteur de tout le créé.
Une attitude subjective accompagne la désignation de ce contenu.
Telle est l’équation que doit résoudre un parcours de formation de
laïcs. Si, pour les sciences expérimentales, le critère de validité qui
permet de conclure est la conformité à la méthode mise en œuvre
avec la possibilité de dupliquer le résultat obtenu, la validité d’un
témoignage est la crédibilité du témoin. Bref, à toute démarche
interprétative est associé un critère de validité qui fait consensus.
Le moment d’adhésion est constitutif de cette validité. Il n’est pas
arbitraire : les méthodes le contrôlent (historique et exégétique). Du
point de vue du contenu de la foi selon les Évangiles, il est aisé de
montrer que l’adhésion à Jésus dépasse la simple adoption d’idées le
concernant. Les disciples engagent en effet toute leur existence dans
la reconnaissance qu’il est le Messie et le Seigneur, Fils de Dieu.
Bref, la reconnaissance de la foi est une forme-de-vie (un bain) qui
prend une décision à l’égard de l’ensemble de la réalité.
Cette connaissance théologique à laquelle veut former les
parcours analysés par Catherine Chevalier mobilise donc la responsabilité
du sujet formé comme un membre de l’Église solidaire du
corps à l’image des sarments de la vigne (Jn 15). Ce sujet est un-e

préface 7
baptisé-e plongé-e dans la mort et la résurrection du Christ qui a
répondu à l’appel de Dieu. Son baptême définit la foi comme dialogale
et immédiatement ecclésiale : à l’appel de l’évêque (Crois-tu?),
il répond (Je crois). La foi se détient ainsi à la manière d’un symbole,
c’est-à-dire en partage selon le modèle de l’appel et de la réponse
qui est celui de la révélation biblique. L’immersion ecclésiale que
produit le baptême conduit l’intelligence de la foi à s’arrimer au
sentire cum ecclesia. L’expression ne désigne pas un fidéisme ecclésiastique
mais la pastoralité de la doctrine. Une intelligence de la foi
naît de la manière dont l’Église prend soin pastoralement du mystère
qui lui est confié par son Seigneur. Elle le fait dans les méandres de
l’histoire avec ses avidités et ses conflits comme dans les obscurités
du cœur humain. Mais cette intelligence théologique ne se dérobe
pas à la solidarité qu’exige la raison lorsqu’elle cherche à comprendre
l’action de Dieu.
En affrontant ces défis, les formations analysées avec acribie
dans ce livre donnent à percevoir la manière dont les églises locales
s’efforcent de mettre en œuvre les acquis conciliaires face au challenge
que lui offrent les cultures modernes.
Professeur Jean-Louis SouLetie
ICP – UR « Religion, culture et société » EA 7403

Table des sigles, abréviations et initiales
Ann. Annexe
CIPAC Centre interdiocésain de formation pastorale et catéchétique
(Lille)
CITP Cahiers internationaux de théologie pratique
CNER Centre national de l’Enseignement religieux
CNRS Centre national de la Recherche scientifique
CONER Commission nationale de l’Enseignement religieux
CUPS Certificat d’Université en Pastorale de la santé (UCO)
CUTP Certificat d’Université de théologie pratique (UCO)
DEUG Diplôme d’études universitaires générales
DUET Diplôme d’Université d’études théologiques
DUTP Diplôme d’Université de théologie pratique (UCO)
FR Formation des responsables
IC Institut catéchétique
ICP Institut catholique de Paris
IET Institut d’Études théologiques (Bruxelles)
IPR Institut de Pédagogie religieuse (Strasbourg)
ISC Institut supérieur catéchétique (ICP)
ISPC Institut supérieur de Pastorale catéchétique (ICP)
ITP Institut de Théologie pratique (UCO)
NRT Nouvelle revue théologique
OCQ Office de catéchèse du Québec
SPDC Service diocésain de pastorale catéchétique
RSR Recherches de sciences religieuses
UCL Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve)
UCO Université catholique de l’Ouest (Angers)
Documents ecclésiaux
AA Décret sur l’Apostolat des laïcs Apostolicam actuositatem
DV Constitution conciliaire sur la Révélation divine Dei verbum
DGC Directoire Général pour la Catéchèse (1997)
F & R 1 Jean-pauL ii, Lettre encyclique Fides et ratio (La Foi et la
raison)
GS Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps
Gaudium et spes
LCF Les évêques de france, Proposer la foi dans la société
actuelle. Lettre aux catholiques de France
LG Constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium
SC Constitution sur la liturgie Sacrosanctum concilium
UR Décret sur l’œcuménisme Unitatis redintegratio
1 L’encyclique est généralement référencée sous le sigle « FR ». Le choix de
l’abré viation « F & R » entend éviter la confusion avec « FR » parfois utilisé
pour désigner la Formation des responsables.

Introduction générale
La question des laïcs en mission ecclésiale
Plusieurs publications sur les laïcs en mission ecclésiale, ou
animateurs en pastorale, ont vu le jour ces dernières années dans le
monde francophone, témoignant de la place qu’occupent ces nouveaux
acteurs 1 . En France comme en Belgique, le nombre de ces
permanents laïcs est en forte croissance depuis le début des années
quatre-vingt-dix 2 . Des deux côtés de la frontière, cette question a
donné lieu, autour de l’an 2000, à la publication d’un ouvrage collectif
destiné à accompagner ce développement, avec l’encouragement
des autorités ecclésiales 3 .
Cette nouvelle réalité ecclésiale reste cependant difficile à
appréhender ; en témoignent deux thèses récentes. La première,
celle de Céline Béraud, estime que la redistribution des tâches entre
prêtres, diacres et laïcs, est l’expression de bouleversements pro-
1 Citons les plus récentes : Céline béraud, Prêtres, diacres, laïcs. Révolution
silen cieuse dans le catholicisme français, PUF, Paris, 2007 ; alphonse borras
et Gilles routhier, Les nouveaux ministères. Diversité et articulation,
Médiaspaul, Montréal, 2009 ; François Moog, La participation à l’exercice de
la charge pastorale. Une évaluation théologique du canon 517 § 2, Desclée
De Brouwer, Paris, 2010 ; Brigitte choLvy (Dir.), Des laïcs en théologie :
Pourquoi ? Pour qui ? Les quarante ans du cycle C, Bayard, Paris, 2010 ; Esprit
et Vie : Les laïcs en mission ecclésiale, Hors-série 2, novembre 2010.
2 Cf. C. béraud, Prêtres, diacres, laïcs…, op. cit., p. 4-5. En Belgique, la
crois sance du nombre de laïcs en mission ecclésiale dans cette décennie
s’explique par l’accord intervenu entre l’Église et l’État en 1996, permettant
d’attribuer à des « assistants paroissiaux » laïcs des postes de ministres du
culte rémunérés par l’État, cf. Louis-Léon christians, L’incidence civile
d’une question ecclésiologique. Le cas des assistants paroissiaux en Belgique,
dans A. borras (Dir.), Des laïcs en responsabilité pastorale. Accueillir les
nouveaux ministères, Cerf, Paris, 1998, p. 185, note 13.
3 A. borras (Dir.), Des laïcs en responsabilité…, op. cit. ; Joseph doré et
Maurice vidaL (Dir.), Des ministres pour l’Église, Cerf, coll. Documents
d’Église, Paris, 2001.

10 La question des Laïcs en mission eccLésiaLe
fonds : cette recomposition des modalités d’exercice de l’autorité au
sein de l’Église catholique manifeste que le mouvement de désinstitutionnalisation
qui traverse la société française est également à
l’œuvre au sein de l’institution ecclésiale. Céline Béraud s’interroge
également sur le peu de conflits que suscite la fragilité du statut de
ces acteurs laïcs 4 . Elle l’explique par le fait que cette expérience
professionnelle d’un genre nouveau est source d’épanouissement
personnel ; le travail à temps partiel et les missions provisoires
préservent d’un engagement total à l’égard de l’institution 5 . Ainsi,
l’acceptation de cette précarité pourrait être guidée par le désir
contemporain d’accomplissement de soi.
La thèse de François Moog sur La participation des laïcs à
la charge pastorale fait ressortir un autre contraste. L’ecclésiologue
constate chez certains auteurs, pourtant soucieux de valoriser le rôle
de ces acteurs laïcs, que la réflexion aboutit à rapprocher leur statut
de celui des clercs. Cette « cléricalisation » entraîne selon lui une disqualification
religieuse de ces laïcs et des communautés chrétiennes,
en contradiction avec la redécouverte de la vocation du peuple de
Dieu avalisée par le concile Vatican II 6 .
Ces deux exemples attirent l’attention sur la complexité du
débat qui entoure cette réalité nouvelle : il cache des enjeux qui
dépassent la question de leur statut en renvoyant, sur le plan sociologique,
à la quête d’identité qui caractérise les sujets contemporains,
et sur le plan ecclésial, au changement de mentalité qu’implique le
déploiement de la vocation baptismale.
Formation et fonction du savoir théologique
De la même façon, la recherche sur la formation de ces nouveaux
acteurs fait apparaître un autre débat, derrière le questionnement
sur leur place. Engagée moi-même dans la formation des
laïcs en mission ecclésiale avant d’entamer cette recherche, je me
suis questionnée au point de départ sur le « format » théologique de
cette formation : fallait-il envisager celle-ci comme un « baccalauréat
en théologie » en miniature, et s’assurer ainsi de couvrir toutes
les branches théologiques ? Ma surprise a été de constater que la
littérature sur la formation s’inquiétait généralement beaucoup du
4 Elle vise l’absence d’uniformité dans leur appellation et dans les pratiques, les
statistiques quasi inexistantes, leur statut canonique et professionnel précaire
(suppléance, missions provisoires, travail souvent à temps partiel, faible
salaire…). Cf. C. béraud, Prêtres, diacres, laïcs…, op. cit., p. 105-139.
5 Ibid., p. 232-241. Le caractère provisoire des missions concerne la France plus
que la Belgique, parce que les postes y sont financés par l’institution ecclésiale,
alors qu’en Belgique, bon nombre de ces postes sont financés par l’État,
cf. supra note 2.
6 Fr. Moog, La participation…, op. cit., p. 360-371. Cf. infra, p. 194.

introduction généraLe 11
dispositif pédagogique et très peu des enjeux théologiques de cette
formation. Pourquoi un tel décalage ?
Les dispositions normatives relatives à la formation des agents
pastoraux laïcs laissent apparaître, à première vue, un autre contraste :
les réflexions en la matière sont succinctes et confuses quant aux
finalités à poursuivre. L’Instruction romaine de 1997 insiste sur la
conformité doctrinale des cours impartis et sur leur climat spirituel 7 .
Ce dernier aspect est évoqué dans plusieurs documents des Églises
particulières en termes d’accompagnement spirituel, de relecture
ou de ressourcement 8 . Certains diocèses donnent également une
orientation pratique à la formation, par la référence à des stages 9 ou
par l’appel à une formation spécialisée en fonction de la mission 10 .
L’acte de formation apparaît donc tour à tour motivé par une volonté
d’assurer la loyauté institutionnelle des destinataires, par un souci de
développer leur compétence pastorale ou par le souhait d’enraciner
spirituellement leur engagement.
Les pages consacrées à la formation, dans les deux ouvrages
collectifs belge et français sur les laïcs en mission ecclésiale, sont
porteurs des mêmes hésitations. En effet, dans l’ouvrage dirigé par
Alphonse Borras, un premier article se montre soucieux de favoriser
l’intégration des savoirs tout en donnant la priorité à la préparation
de ces acteurs laïcs à l’analyse des situations pastorales 11 . Dans une
7 Instruction sur quelques questions concernant la collaboration des fidèles laïcs
au ministère des prêtres, Cité du Vatican, 15.08.97, article 13.
8 commission épiscopaLe pour Les ministères ordonnés et Les Laïcs en
mission eccLésiaLe, Les laïcs en mission ecclésiale en France : quelques
repères pour aujourd’hui, 11.01.11, p. 5 (désormais Quelques repères ) ;
Diocèse de chartres, Les laïcs en mission ecclésiale dans le diocèse de
Chartres, 08.10.10, point 8 (désormais Diocèse de Chartres) ; diocèse de
Liège, Statuts diocésains pour les animateurs pastoraux, 17.10.06, art. 6 § 2
(désormais Diocèse de Liège) ; dio cèse de tournai, Des laïcs, animateurs
en pastorale. Orientations diocésaines, 10.05.00, p. 2 (désormais Diocèse de
Tournai).
9 Statut diocésain de l’assistant paroissial, 26.04.00, modifié le 01.03.2010, art. 3
(appliqué dans tous les diocèses de Belgique, cf. note 2 de cette introduction),
art. 3 ; Diocèse de Liège, art. 5 § 7 ; archevêché de maLines-bruxeLLes, Statut
de l’animateur(-trice) pastoral(e), 13.03.09, point 1.3 (désormais Archevêché
de Malines-Bruxelles). L’Archevêché de Malines-Bruxelles a publié un
nouveau document intitulé Cadre général pour l’animateur pastoral nommé
en pastorale territoriale dans les vicariats de Bruxelles et du Brabant wallon,
entré en vigueur le 2 avril 2015. Il n’apporte pas de précisions supplémentaires
concernant la formation, c’est pourquoi il est ici fait référence au Statut de
l’animateur(-trice) pastoral(e).
10 Archevêché de Malines-Bruxelles, point 1.3 ; Diocèse de Liège, art. 3 § 1 ; Diocèse
de Chartres, point 8 ; diocèse de vaLence, Statuts des laïcs en mission
ecclésiale, art. 9 (désormais Diocèse de Valence ).
11 Philippe Weber, « Assistants paroissiaux et formation universitaire », dans
A. Borras (Dir.), Des laïcs en responsabilité..., op. cit., p. 245-258.

12 La question des Laïcs en mission eccLésiaLe
des modalités de formation proposée, cette dynamique interactive
s’appuie sur une introduction aux grandes disciplines théologiques
tandis que dans une autre modalité, conçue pour des acteurs déjà
engagés sur le terrain, le travail part des questions des participants.
Cela rend le savoir théologique facultatif et l’inscrit dans une perspective
utilitaire : il est un outil au service de la pastorale. Un second
article présente une autre ambivalence 12 . La proposition, structurée
autour de la formation à un savoir, à un savoir-faire et à un savoirêtre,
considère ce dernier comme le pôle intégrateur de la formation,
au nom de la nécessité d’assurer l’enracinement spirituel et ecclésial
de ces acteurs. Sur le plan du savoir, l’auteur envisage une introduction
aux différentes disciplines théologiques, mais il insiste surtout
sur la connaissance du monde des destinataires de l’action pastorale.
Le souci de l’inculturation retient donc plus l’attention que la formation
théologique, ce qui traduit également un désir de performance
pastorale.
Dans l’ouvrage français dirigé par Joseph Doré et Maurice
Vidal, priorité est donnée à la formation au « sens de l’Église », en
vue de préparer ces laïcs à une collaboration harmonieuse avec les
ministres ordonnés, ce qui demande « une formation théologique
adaptée mais aussi, et tout autant, une formation spirituelle 13 ». Pour
cette formation théologique, les auteurs proposent une formation
fondamentale qui permette une « réappropriation des fondements de
la foi et de la vie chrétienne », une formation spécialisée en fonction
de la mission à accomplir et l’acquisition de certains savoir-faire
pour préparer à des interventions efficientes.
Les deux ouvrages confirment qu’il y a débat sur les objectifs
en matière de formation puisque l’accent est mis selon les cas sur la
finalité pratique, sur l’intégration ecclésiale et/ou sur l’enracinement
spirituel. Mais ils montrent également que, derrière ces hésitations,
se cache un autre débat sur la fonction du savoir théologique : estil
un outil au service de l’analyse des pratiques, un moyen pour
l’inculturation de la foi – ce qui traduit également une orientation
pratique – ou doit-il structurer la foi des destinataires ? L’insistance
de l’Instruction romaine sur la conformité doctrinale s’inscrit dans
cette dernière orientation.
Relions ce constat au décalage évoqué plus haut. L’analyse de
la littérature francophone sur la formation dans les décennies qui précèdent
les années quatre-vingt-dix montre que l’intérêt pour les aspects
pédagogiques est le fruit d’une réaction contre la catéchèse héritée.
12 André minet, « La formation diocésaine des animateurs pastoraux. Quelques
points de repères », dans A. borras (Dir.), Des laïcs en responsabilité...,
op. cit., p. 259-272.
13 Joseph doré, geneviève médevieLLe, henri-Jérôme gagey, « Mettre en
œuvre les moyens appropriés », dans J. doré et M. vidaL (Dir.), Des ministres
pour l’Église, op. cit., p. 236-238.

introduction généraLe 13
La réserve à l’égard de la doctrine s’explique par l’association entre
l’enseignement des vérités de foi et l’institution ecclésiale. S’ensuit
l’élaboration d’un modèle de formation théologique qui privilégie
l’expérience et vise la formation d’acteurs soucieux de s’engager
dans une dynamique de transformation sociale et ecclésiale. L’intérêt
pour la pédagogie est la résultante de cette finalité. Cette réaction est
questionnée au fil du temps, par certains au nom d’un attachement
à la tradition et à la communion ecclésiale, mais de façon plus large
parce que le contexte socioculturel en mutation suscite un besoin de
repères et stimule la quête de développement personnel et spirituel.
Ces nouvelles requêtes ne parviennent pourtant pas à donner naissance
à un nouveau modèle de formation. C’est ce dont témoigne
l’hésitation quant aux finalités de la formation.
Cette difficulté est également attestée par l’examen des deux
pratiques étudiées dans cet ouvrage. L’analyse de la Formation des
responsables (Collège des Bernardins, Paris) fait ressortir une tension
entre la volonté de rendre chacun « responsable de sa foi » et
le désir de manifester la cohérence de la foi catholique. Ce tiraillement
se traduit dans le rapport au savoir théologique car le souhait
de mettre en relation avec le Christ y entre en concurrence avec
l’importance accordée à la cohérence doctrinale. S’ensuivent une
difficulté à faire place au questionnement existentiel des participants
et une mise en cause du caractère dialogal de la démarche, pourtant
clairement affirmé.
L’Institut de théologie pratique (Université catholique de
l’Ouest, Angers) rencontre un autre tiraillement. Si les formateurs
accordent au tronc commun de formation théologique un rôle de
fondement, les options – qui forment à des habilités pratiques –
mobilisent largement les énergies des stagiaires ; l’organisation des
validations montre la priorité donnée à l’analyse des pratiques. Cette
perspective fait du savoir théologique un outil au service de la compétence
pastorale. La valorisation de la dimension sacramentelle de
la foi et de l’Écriture comme parole adressée est plus malaisée, alors
qu’elle est souhaitée par la direction.
L’examen de ces deux démarches de formation confirme
la difficulté de faire évoluer le rapport au savoir théologique : les
formateurs souhaitent que la formation doctrinale mette en relation
avec le mystère de la foi, et pourtant leurs projets sont dominés par
une approche objective du savoir théologique. Cette impasse conduit
à se demander – c’est l’hypothèse qui sous-tend cette recherche –
si la difficulté éprouvée par les formateurs n’est pas le fruit d’une
représentation « objective » du savoir théologique. Celle-ci fait des
contenus de la foi un moyen au service de l’intégration ecclésiale
ou un outil pour l’amélioration des pratiques. Dépasser cet obstacle

14 La question des Laïcs en mission eccLésiaLe
demande de situer ce savoir dans la perspective d’une mise en relation
avec le mystère de la foi 14 .
La méthode
Ce questionnement détermine trois éléments de méthode.
Le caractère récent des formations étudiées, le débat autour du statut
des laïcs en mission ecclésiale et celui qui porte sur la formation
chrétienne des adultes demandent tout d’abord un travail à l’écoute
des pratiques, afin de dépasser les enjeux idéologiques. La complexité
des questions abordées et la pluralité de paramètres qui interviennent
orientent ensuite vers une approche systémique : l’enjeu
est de prendre en compte tous les éléments de la problématique et
d’adopter une démarche compréhensive. Enfin, la proximité entre
la théologie de la catéchèse et les questions soulevées par la formation
de ces acteurs fondent le recours à la réflexion catéchétique.
Précisons la forme que prennent ces options méthodologiques.
À l’écoute des pratiques
Le corps de ce livre repose sur l’examen approfondi de deux
démarches de formation à l’exercice de la responsabilité ecclésiale.
Le choix de ces deux projets répond à deux critères. Sur le plan
sociologique, ils ont été retenus parce qu’ils sont caractéristiques de
la réalité existante ; sur le plan théologique, parce qu’ils font écho
au débat autour de la doctrine rencontré dans la littérature sur la
formation.
En effet, la Formation des responsables, née en 1982 à l’initiative
de Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris, s’appuie
sur la méthode théologique de l’Institut d’Études théologiques des
Jésuites à Bruxelles. La démarche vise à faire de l’Écriture, lue en
dialogue avec la tradition de l’Église, « l’âme de la théologie », pour
répondre aux demandes du concile Vatican II. Ce projet est original
en ce sens qu’il conjugue une pédagogie interactive avec une priorité
accordée à la cohérence doctrinale. Cette dernière préoccupation est
peu présente dans la littérature sur la formation et pourtant attestée
14 Le présent ouvrage est une réélaboration de ma thèse de doctorat, rédigée
sous la direction d’Henri Derroitte et Jean-Louis Souletie, réalisée en cotutelle
entre l’Institut catholique de Paris et la Faculté de théologie de l’Université
catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve) et soutenue en juin 2012 : Enjeux
théologiques des parcours de formation de laïcs à la responsabilité ecclésiale.
Analyse des parcours proposés par la Formation des responsables de l’École
Cathédrale (Paris) et l’Institut de théologie pratique de l’Université catholique
de l’Ouest (Angers).

introduction généraLe 15
comme répondant à une demande croissante 15 ; cela justifie l’intérêt
d’observer cette pratique de formation.
L’Institut de théologie pratique (ITP) d’Angers est né en 2000
à partir d’une réflexion menée à l’initiative de la Faculté de théologie
de l’UCO en dialogue avec les services de formation de la Région
apostolique de l’Ouest. Il s’inscrit dans le sillage du modèle de formation
issu des «“Entretiens Vavin” sur la formation 16 », soucieux
de former des acteurs pastoraux compétents et engagés. La formation
y est organisée autour d’un tronc commun théologique – dont
une des visées est de « structurer l’acte pastoral à partir du concile
Vatican II » – et d’options à orientation pratique. Cette démarche est
porteuse des intuitions novatrices d’une génération de formateurs, ce
qui explique qu’elle ait été retenue pour cette étude 17 .
L’enquête auprès des deux projets a été menée entre mars
2008 et octobre 2009 ; elle s’est appuyée sur des temps d’observation,
sur le dépouillement de la documentation écrite disponible et de
notes de cours ainsi que sur des entretiens semi-directifs 18 . La synthèse
de ces apports permet d’entrer dans l’épaisseur des démarches
proposées, d’en pénétrer les priorités et les contradictions internes.
Nous pourrons dès lors vérifier la pertinence de l’hypothèse qui
guide cet ouvrage et proposer des pistes pour dépasser les impasses
rencontrées.
Approche systémique
Il est essentiel de confronter les pratiques étudiées à la
réflexion théorique existante pour procéder à un diagnostic des
enjeux et des défis à relever en matière de formation. Pour mettre
en lumière ces confluences, ce travail s’appuie sur l’approche sys-
15 Robert moLdo, « Les formations de laïcs dans l’Église de France entre 1970 et
1990 », dans RSR 67/3, 1993, p. 100-104. Cf. infra p. 23-24, 68.
16 « Les “Entretiens Vavin” sur la formation », dans Catéchèse 74/1, 1979,
p. 67-79.
17 Signalons que l’ITP n’a pas poursuivi ses activités après la rentrée de septembre
2012. Cette fermeture de l’ITP, annoncée en mai 2011, a pris cours à la fin du
parcours de la 6 e promotion (2010-2012). Un cycle destiné à la formation des
animateurs et adjoints en pastorale scolaire avec une organisation similaire à
celle de l’ITP a été par la suite mis sur pied.
18 L’annexe de cet ouvrage rend compte des différentes étapes de l’enquête ;
elle donne les caractéristiques des personnes interrogées et les questionnaires
utilisés dans les entretiens semi-directifs, cf. supra p. 207-216. Pour en respecter
la confidentialité, leur transcription n’est pas publiée. Le lecteur trouvera
en ligne des documents de présentation des deux institutions de forma tion
examinées dans cet ouvrage, cf. C. chevaLier (Éd.), Former des laïcs pour
la responsabilité ecclésiale. Annexes, coll. CITP, série « Documents » n° 13,
Louvain-la-Neuve/Québec/Paris, en ligne : www.pastoralis.org, décembre
2016.

16 La question des Laïcs en mission eccLésiaLe
témique développée par Denis Villepelet en catéchèse. L’option du
théologien pour cette logique de pensée est le fruit de la confrontation
à la complexité. Chacun des trois paradigmes catéchétiques qu’il
a élaborés est conçu comme un système qui fait interagir différents
champs de signification – anthropologique, ecclésiologique, pédagogique,
sociologique, catéchétique – autour d’une cohérence globale.
Dans cet ouvrage, la grille de paradigmes catéchétiques permet
de démêler les fils du débat polémique et confus qui agite la réflexion
sur la formation. Elle aide à entrer dans une compréhension des deux
projets de formation ; elle outille pour détecter les cohérences et les
tensions et offre des pistes pour comprendre la quête sous-jacente
à ces questionnements. L’utilisation du même cadre de référence
pour aborder la littérature et les projets de formation fait ressortir
les convergences qui émergent de la confrontation entre théorie et
pratique et met en évidence les questions théologiques à approfondir.
Recours à la réflexion catéchétique
Les questions posées dans la littérature catéchétique et dans
les écrits qui s’intéressent à la formation se rejoignent. C’est pourquoi
les apports de Denis Villepelet sont pertinents pour réfléchir
aux pratiques de formation. La dernière étape de l’ouvrage fait
également appel à la théologie catéchétique pour travailler les questions
épistémologiques et théologiques liées à la fonction du savoir
théologique, en particulier à plusieurs contributions du V e colloque
international de l’ISPC de février 2011 portant sur La catéchèse et
le contenu de la foi 19 .
*
* *
Terminons en précisant le plan de l’ouvrage. La première
partie pose les bases de la réflexion. Le chapitre 1 montre comment
les deux projets de formation examinés dans ce livre sont des prises
de position à l’égard du modèle de formation prôné dans la thèse de
Robert Moldo soutenue en 1982. Mais il laisse également entrevoir
que ces projets peinent à résoudre des difficultés déjà pointées par le
chercheur : c’est ce que l’ouvrage va devoir tirer au clair. Le chapitre
2 montre les atouts de l’approche systémique développée par Denis
Villepelet pour entrer dans une compréhension approfondie des pratiques
de formation. Le chapitre 3 situe l’arrière-fond historique : il
dresse le tableau des évolutions et des débats qui agitent la réflexion
francophone sur la formation chrétienne des adultes dans les cinquante
dernières années.
19 François moog et Joël moLinario (Dir.), La catéchèse et le contenu de la foi.
Actes du cinquième colloque international de l’ISPC tenu à Paris du 15 au
18 février 2011, Desclée De Brouwer, coll. Théologie à l’Université n° 22,
Paris, 2011.

introduction généraLe 17
Ces différents éléments permettent de procéder, dans une
deuxième étape, à l’examen des deux projets de formation. Le chapitre
4 analyse chacun des projets à l’aide de la grille des paradigmes
catéchétiques. À Paris comme à Angers, l’examen met au jour que
les tensions internes à chacun des projets ont pour corollaire une
difficulté à faire place à l’expérience des sujets ; il fait ressortir
que c’est le fruit d’une conception objective du savoir théologique.
Le chapitre 5 confirme ce diagnostic en étudiant le rapport que
chaque projet entretient avec ses propres options théologiques.
Il montre que chacun des deux projets reste dominé par un idéal
de maîtrise typiquement moderne qui freine son ouverture à une
approche plus relationnelle du savoir théologique.
La troisième partie ouvre des pistes pour sortir de cette
impasse. Le chapitre 6 met en lien la prétention à l’objectivité qui
anime la modernité occidentale, telle que l’analyse Denis Villepelet,
et les difficultés rencontrées par les projets. L’option du théologien
pour une raison communicationnelle et herméneutique invite à une
approche dialogale des contenus de la foi. Cette proposition se
précise dans le chapitre 7 sur base des contributions d’Emmanuel
Durand : sa vision de la doctrine comme expression des gestes
salvateurs de Dieu à notre égard permet d’en faire un appui pour la
subjectivité croyante. Le chapitre 8 présente deux autres apports – de
Jacques Gagey et de François Moog – qui confirment la pertinence
pastorale et théologique d’une articulation entre formation théologique
et configuration intérieure des sujets.

partie i
Formation chrétienne des adultes
et savoir théologique

Chapitre 1
Formation à la responsabilité ecclésiale
et structuration doctrinale
La revue Catéchèse publie en janvier 1979 un document intitulé
« Les “Entretiens Vavin” sur la formation ». Ce texte est le fruit
de deux rencontres (1976 et 1978) organisées à l’instigation de la
Commission nationale de l’Enseignement religieux (CONER) et
il est signé par plus d’une cinquantaine de personnes qui se disent
« majoritairement issus du mouvement catéchétique ». Il entend
« promouvoir un modèle de fonctionnement de l’action formatrice »
caractérisé d’une part par le choix de former des acteurs en s’appuyant
sur le dynamisme des personnes, et d’autre part par le projet
de contribuer à une transformation ecclésiale et sociale. S’ensuit
un accent mis sur la prise en charge par lui-même du groupe des
per sonnes formées, pour faire d’elles des partenaires actifs. Cette
conception de la formation comme un processus qui dynamise l’action
conduit ces formateurs à présenter celui-ci comme une « mise en
articulation » : il entend mettre en relation personne, groupe et institution
; rationalité, affectivité et activité ; conception, réalisation et
évaluation ; savoir d’expérience et savoir des experts 1 . La publication
de ce texte est l’aboutissement de plusieurs années de réflexion 2 qui
font suite à des années d’hésitation et de recherche dans le domaine
de formation des catéchistes et des adultes ; il servira de référence
pendant des décennies pour tout un groupe de formateurs dont fait
1 « Les “Entretiens Vavin” sur la formation », dans Catéchèse 74, 1979, p. 72-73.
2 Cf. Robert MoLdo, « Des “Entretiens Vavin” à l’an 2000. Un quart de siècle
de formation des laïcs dans l’Église de France », dans Ambroise binz, Robert
MoLdo, Alain-Louis roy et al., Former des adultes en Église. État des lieux,
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En lecture partielle…

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Index des noms de personnes
Adler G., 58, 61, 65, 69
Alberich E., 66, 69-70
Arendt H., 49, 155
Aristote, 49, 154, 173
Audinet J., 66, 151-153, 164, 167,
172, 183
Augustin, 170
Bachelard G., 44
Balandier G., 157
Baudrillard J., 157
Bauduin-Saint, É., 71, 77
Bellefleur-Raymond D., 69-70
Benoît XVI, 116
Béraud C., 9-10, 97, 109, 145
Biemmi E., 69-71, 73-76
Binz A., 21, 58, 64, 69-71, 77
Blondel M., 121-122
Boone E., 75
Borras A., 9, 11, 189, 191
Bosch D. J., 45-46
Bousquet Fr., 129, 176
Bouteiller J., 61
Boutinet J.-P., 71-72
Bruaire C., 122
Carette M.-H., 74
Castoriadis C., 157
Cesbron C., 100
Chapelle A., 31, 65-67, 72, 87, 119,
121, 123-124, 129, 193
Chauvet L.-M., 176, 189
Chevalier C., 15, 26, 33, 41, 57, 207
Cholvy B., 9
Christians L.-L., 9
Coffy R., 35, 102, 130-131, 137, 201
Colomb J., 59, 155, 188, 200, 206
Comte R., 23, 25, 69-70, 74
Congar Y., 170, 194
Crozier M., 85
Danten J., 71
Defois G., 156, 165
de Lubac H., 31, 120-124, 163
de Plinval B., 74
Derroitte H., 41, 71-75, 77
Dideberg D., 87
Domenach J.-M., 157
Donegani J.-M., 95
Doré J., 9, 75-76, 77, 189
Dubost A., 77
du Charlat R., 69
Duckworth R., 62
Duns Scot, 177
Duperray G., 65-66
Dupleix A., 75-76

226 index
Dupont-Fauville D., 118
Durand E., 17, 169-172, 174-178,
180-183, 187-188, 196-197,
202-203
Einstein A., 44
Fessard G., 121
Fossion A., 63-65, 73-76
Friedberg E., 85
Gagey H.-J, 12, 129, 141, 176-177
Gagey J., 17, 183-188, 196-197, 202
Gauchet M., 157
Gautier A., 26, 210
Geissler F., 65-66
Germain É., 168
Giguère P.-A., 70-71
Gilbert C., 74
Grillandini B., 71
Habermas J., 157, 160, 165
Hegel W., 122
Heidegger M., 122, 153, 157, 177
Hesse R., 68, 72
Hilaire Y.-M., 86
Husserl E., 157
Jabot M., 70
Jacques F., 48
Jean-Paul II, 124, 175
Joncheray J., 65
Kasper W., 180
Kisalu T., 41
Kowalski T., 86
Kuhn T. S., 44
Küng H., 45
Labbé Y., 177
Labelle J.-M., 65
Lacroix R., 72
Lafont G., 177
Le Bouëdec G., 36, 63, 73, 75, 99,
103-104, 108
Leclercq J.-P., 66-67
Lefèvre C., 64, 69
Legrand H., 189, 192
Le Moigne J.-L., 44
Lindbeck G., 173
Litambala Mbuli E., 73
Louzeau Fr., 120, 123-124, 163, 176
Lustiger J.-M., 14, 29, 65, 76, 86,
117, 121, 123, 129
Médevielle G., 12, 129, 176
Mercier B., 36, 73, 75-76, 103-104,
108
Minet A., 12, 75, 77
Moingt J., 176
Moldo R., 16, 22-25, 28, 31-32, 37-
39, 54-55, 58, 61-63, 65, 67-68,
76, 199
Molinario J., 16, 42, 59, 72, 106,
155, 160, 167-169, 182, 205
Moog Fr., 9-10, 16-17, 151, 160,
168, 183, 189-190, 194-195, 197,
202, 206
Morin E., 44, 48
Naslin P., 44
Nave J.-P., 71
Noblot D., 71
Ollivier B., 71
Palmyre D., 73-75, 77
Pelchat M., 70-71
Pellettier A.-M., 86

index 227
Picard C., 71
Pichon Ch., 104, 108, 143
Pie XI, 190
Pie XII, 190
Piret P., 31
Platon, 154
Pottier B., 31
Rahner K., 122
Ratzinger J., 120, 168-169
Rayssac P., 59-60
Reboul O., 54
Regan J., 70, 71
Renier L.-M., 61, 64
Riaudel O., 117-118, 135
Ricœur P., 49, 135, 155, 158, 160-
163, 165, 181, 195
Ridez L., 63-64
Rimbaut G., 77
Roullet H., 72
Routhier G., 9, 43, 62, 64, 67, 71
Roy A.-L., 21, 58
Salzmann S., 65, 69-70, 72
Sesboüé B., 105, 189, 191
Simon M., 60
Somer-Gotteland J., 62
Soublin C., 77
Stephan A., 77
Taylor Ch., 48, 50
Theobald Chr., 117, 129
Thomas d’Aquin, 122, 170, 173-175
202
Tihon P., 62
Turck J., 71
Varro R., 131
Viau M., 43, 95
Vidal M., 9, 12, 75-77, 189
Villepelet D., 16-17, 41-52, 54, 56,
70, 72, 74, 76-77, 79, 88, 92, 95,
97, 101-102, 104-105, 107, 109,
119, 141, 152-158, 160-161, 164-
165, 172, 176, 195, 200, 202-204
Vimort J., 59
Violle B., 60
Vogeleisen G., 61
Weber Ph., 11

Table des matières
Préface, par Jean-Louis SouLetie ................................................. 5
Table des sigles, abréviations et initiales ...................................... 8
introduction généraLe
La question des laïcs en mission ecclésiale .................................. 9
Formation et fonction du savoir théologique ......................... 10
La méthode ............................................................................ 14
première partie
formation chrétienne des aduLtes et savoir théoLogique
chapitre 1. Formation à la responsabilité ecclésiale
et structuration doctrinale ...................................................... 21
La thèse de Robert Moldo ...................................................... 22
La Formation des responsables .............................................. 26
L’Institut de théologie pratique (ITP) .................................... 32
chapitre 2. Les paradigmes catéchétiques de Denis Villepelet ... 41
Une approche systémique des défis de la transmission ......... 42
Approche systémique et recherche sur les pratiques
de formation ...................................................................... 54
chapitre 3. Historique de la réflexion
sur la formation chrétienne des adultes .................................. 57
Le mouvement catéchétique et la formation dans l’après
Concile .............................................................................. 59
Les pratiques formatives dans les années quatre-vingt .......... 63

230 tabLe des matières
Réflexions sur la formation entre 1990 et 2010 ..................... 67
Les formations à l’exercice de la responsabilité ecclésiale ... 73
conclusion de la première partie ................................................ 79
deuxième partie
examen de deux proJets de formation
à L’exercice de La responsabiLité eccLésiaLe
chapitre 4. Approche systémique des deux projets de formation 85
La Formation des responsables de l’École Cathédrale
(diocèse de Paris) .............................................................. 86
L’Institut de théologie pratique de l’Université catholique
de l’Ouest (Angers) .......................................................... 98
Rapport au savoir théologique
et pôle subjectif de l’identité ........................................... 111
chapitre 5. Finalité de la formation théologique
dans les deux formations ...................................................... 113
La Formation des responsables ............................................ 113
L’Institut de théologie pratique ............................................ 130
conclusion de la deuxième partie ............................................. 147
troisième partie
un nouveau rapport au savoir théoLogique
chapitre 6. Savoir théologique et rationalité des Lumières ...... 151
Un imaginaire moderne rationnel ........................................ 153
La vérité métaphorique ........................................................ 160
Entre objectivité et subjectivité ............................................ 164
chapitre 7 : Le révélé, « ce par quoi l’homme est rendu
bienheureux » ............................................................................ 167
Un Dieu qui partage sa propre vie ....................................... 169
Vérité objective et vérité intégrale ....................................... 173
Une vérité anagogique ......................................................... 180
chapitre 8 : Formation théologique et configuration intérieure . 183
La nouvelle intériorité :
« un excès de la sollicitation spirituelle » ........................ 183
Laïcs en mission ecclésiale et participation de tous
à la mission de l’Église ................................................... 189
conclusion de la troisième partie .............................................. 195

tabLe des matières 231
ConcLusion généraLe
Reprise du parcours ................................................................... 199
Ouvertures et pistes de recherche ............................................. 203
annexe
Présentation de l’enquête .......................................................... 207
Caractéristiques des personnes interrogées .......................... 208
Questionnaire type pour la Formation des responsables ..... 210
Questionnaire type pour l’ITP ............................................. 213
Bibliographie ............................................................................. 217
Index des noms de personnes .................................................... 225
Table des matières ..................................................................... 229

Les dispositions normatives, les pratiques relatives à la formation
des agents pastoraux laïcs et la littérature francophone sur
la formation sont traversées par des hésitations qui cachent
un débat sur la fonction du savoir théologique : est-il un outil
au service de l’analyse des pratiques, un moyen pour
l’inculturation de la foi ou doit-il structurer la foi des destinataires ?
Ce débat traverse la littérature francophone sur la formation dans
les décennies qui précèdent les années quatre-vingt-dix. Cette
position est questionnée au fil du temps, par certains au nom
d’un attachement à la tradition et à la communion ecclésiale,
mais de façon plus large parce que le contexte socioculturel en
mutation suscite un besoin de repères.
L’examen des deux pratiques étudiées dans cet ouvrage -
la Formation des Responsables (Collège des Bernardins,
Paris) et l’Institut de théologie pratique (Université catholique
de l’Ouest, Angers) - confirme la difficulté de faire évoluer
le rapport au savoir théologique : les formateurs souhaitent que
la formation doctrinale mette en relation avec le mystère de
la foi, et pourtant leurs projets sont marqués par une approche
« savante » du savoir théologique. Dépasser cet obstacle
demande de situer ce savoir dans la perspective d’une mise
en relation avec le mystère de la foi. La troisième partie de
cette étude ouvre des pistes en ce sens.
Catherine CHEVALIER a travaillé pour la formation
chrétienne des adultes dans le diocèse de Malines-
Bruxelles, au service de l’École de la foi, du Centre
d’études pastorales (CEP), et au sein du projet « Lire
la Bible ». Docteure en théologie (ICP-UCL) depuis
juin 2012, elle est actuellement responsable du
service de la formation au Vicariat du Brabant wallon
et formatrice au Centre Universitaire de théologie
pratique (UCL).
Illustration : Mylène Auquière
Graphisme : Sabine Malfait
9 7 8 2 8 9 6 8 8 4 5 3 7
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