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2000 ans après… oser encore y croire

La christianisation est en recul en Europe. Un écart s’est progressivement installé entre les structures ecclésiastiques et le monde contemporain. Il faut, de toute urgence, dire autrement la foi chrétienne, se rapprocher des pratiques des origines, regarder le monde avec plus d’indulgence et concevoir le rôle du clergé de manière plus intégrée à la société. Gérard Bénéteau offre ici une série de propositions bien précises qu’il articule autour de citations évangéliques : accueil des pauvres, morale sexuelle plus tolérante, rapports clairs entre le politique et la religion, statut du prêtre, place des femmes dans l’Église, œcuménisme... Au point de départ de tout, la résurrection du Christ, qui module notre vie aujourd’hui et après notre mort.

La christianisation est en recul en Europe. Un écart s’est progressivement installé entre les structures ecclésiastiques et le monde contemporain. Il faut, de toute urgence, dire autrement la foi chrétienne, se rapprocher des pratiques des origines, regarder le monde avec plus d’indulgence et concevoir le rôle du clergé de manière plus intégrée à la société.
Gérard Bénéteau offre ici une série de propositions bien précises qu’il articule autour de citations évangéliques : accueil des pauvres, morale sexuelle plus tolérante, rapports clairs entre le politique et la religion, statut du prêtre, place des femmes dans l’Église, œcuménisme...
Au point de départ de tout, la résurrection du Christ, qui module notre vie aujourd’hui et après notre mort.

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Gérard Bénéteau<br />

<strong>2000</strong> <strong>ans</strong><br />

<strong>après…</strong><br />

Oser <strong>encore</strong> y <strong>croire</strong>


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong>


Gérard Bénéteau<br />

<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

Oser <strong>encore</strong> y <strong>croire</strong><br />

« Béthanie »


Directeur de collection : Charles Delhez, s.j.<br />

© 2016, Éditions jésuites<br />

Belgique : 7, rue Blondeau • 5000 Namur<br />

France : 14, rue d’Assas • 75006 Paris<br />

info@editionsjesuites.com<br />

www.editionsjesuites.com<br />

Dépôt légal : D.2016, 4323.23<br />

ISBN : 978-2-87356-712-5<br />

Imprimé en Belgique


Avec ma gratitude au talentueux, généreux et bienveillant<br />

Bernard Maris victime du fanatisme à Charlie Hebdo le 7 janvier<br />

2015 et dont les obsèques ont été célébrées, le 15, en la<br />

chapelle Notre-Dame de Roqueville.


Pour François… et les autres<br />

M<br />

es réflexions et propositions s’adressent bien sûr aux<br />

responsables hiérarchiques de l’Église catholique — en<br />

premier lieu au pape François qui exprime son souhait de recueillir<br />

l’avis des fidèles —, mais aussi à tous ceux qui s’y sentent<br />

responsables.<br />

Je les dois à tous ceux que, depuis 40 <strong>ans</strong>, j’ai accueillis pour<br />

préparer un baptême ou que j’ai accompagnés lors de la perte<br />

d’un proche.<br />

Je pense en particulier à ceux qui s’éloignent d’une Église avec<br />

laquelle ils ont cheminé un moment, les autres qui n’y trouvent<br />

pas accueil et compréhension et aussi ceux, tellement nombreux,<br />

pour lesquels le message évangélique n’est plus audible :<br />

vous qui avez cru… autrefois ; et qui, au nom de cette foi,<br />

vous êtes engagés à Emmaüs, au Secours catholique, à Médecins<br />

s<strong>ans</strong> frontières […], et qui, ici, ou ailleurs, participez à des combats<br />

pour un monde plus juste et plus fraternel ;<br />

7


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

vous qui avez été bouleversés par le message évangélique et qui<br />

ne l’avez pas retrouvé d<strong>ans</strong> les paroles et les actes des croyants ;<br />

vous qui « décrochez » faute de trouver une paroisse qui parle<br />

<strong>encore</strong> une langue que vous (et vos enfants) puissent entendre…<br />

et comprendre ;<br />

vous qui êtes passés par des écoles de curés et de bonnes sœurs<br />

(qui n’avez pas tous été violés que je sache ; qui n’avez pas non<br />

plus tous été traînés au petit matin d<strong>ans</strong> des chapelles glaciales)<br />

et qui vous rappelez <strong>encore</strong> que vos éducateurs croyaient en vous<br />

plus que vous n’y croyiez vous-mêmes et qu’ils vous répétaient<br />

qu’il n’y a pas de bonheur autrement que partagé ;<br />

vous qui confiez aujourd’hui votre enfant à l’Enseignement<br />

catholique, non pour le mettre d<strong>ans</strong> une réserve d’excellence,<br />

mais parce que vous pensez que, là, ses difficultés seront mieux<br />

comprises et que, là, on lui apprendra à mieux comprendre les<br />

difficultés des autres ;<br />

vous qui, à Télérama et ailleurs, aviez salué l’audace de l’Office<br />

catholique du cinéma donnant en 1968 son prix à « Théorème »<br />

de Pasolini et vous tous les artistes <strong>encore</strong> inspirés par un Dieu<br />

qui prend le risque de la rencontre avec l’homme ;<br />

vous qui n’avez pu choisir ce que vous êtes, ou qui avez raté<br />

une étape majeure de vos choix de vie et qui, pour autant, auriez<br />

aimé demeurer membres de l’Église à part entière ; ou qui, pire,<br />

ne pouvez pas être baptisés pour n’avoir pas vécu en chrétiens,<br />

avant même que vous ayez eu l’envie de l’être ;<br />

vous qui, s<strong>ans</strong> vraiment y <strong>croire</strong>, mais en y croyant quand<br />

même un peu, osez, un jour de grande détresse, allumer une<br />

bougie d<strong>ans</strong> l’anonymat d’une église ;<br />

vous les incroyants et agnostiques de tous poils qui, autrefois,<br />

interpelliez notre incapacité à mettre en pratique les valeurs dont<br />

nous nous réclamons…


Avant-propos<br />

« Nous avons cru. Des siècles durant, nous n’avons pu vivre<br />

s<strong>ans</strong> en appeler à Dieu. Cette relation n’était pas abstraite,<br />

elle façonnait notre rapport au monde, elle orientait l’espace<br />

et scandait le temps, produisait mille effets sur notre corps,<br />

notre alimentation, notre sommeil. S<strong>ans</strong> même y penser,<br />

nous placions les mystères bibliques au principe de<br />

notre existence quotidienne comme à la racine de l’histoire<br />

humaine. Aujourd’hui, cela paraît fou. Car la religion a beau<br />

se rappeler à notre souvenir, nous refusons de la prendre au<br />

sérieux. Nous voulons à toute force réduire l’élan spirituel à<br />

une pure chimère qui occulterait les vrais enjeux politiques,<br />

économiques… Nous croyons à tout, sauf à la foi. »<br />

Jean Birnbaum, directeur du Monde des livres, août 2014<br />

9


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

À<br />

chacune de mes visites au vieux port de Marseille, j’aime<br />

aller relire, au milieu du quai, la plaque qui rappelle<br />

l’arrivée des marins crétois qui fondèrent la cité. Pour célébrer<br />

ce moment important de la civilisation méditerranéenne, on a<br />

préféré, à un rappel monumental, une simple inscription au sol,<br />

placée là comme l’empreinte des premiers pas des navigateurs.<br />

Il y est dit que les citoyens de Phocée débarquèrent ici « vers<br />

600 <strong>ans</strong> av. Jésus-Christ ».<br />

Pour la première fois, l’an passé, je me suis demandé combien<br />

de temps <strong>encore</strong> serait pertinente cette datation faisant mémoire<br />

de celui dont la seule référence historique revient à Flavius<br />

Josèphe : écrivant sur les conflits entre Rome et Jérusalem au<br />

premier siècle, celui-ci relate qu’un homme — que lui n’appelle<br />

pas « Christ » —, accusé devant Pilate par des chefs de la nation<br />

juive, fut crucifié sur son ordre.<br />

Une telle interrogation ne me serait jamais venue à l’esprit<br />

au sortir de l’univers de l’ouest de la France où j’ai grandi d<strong>ans</strong><br />

l’après-guerre. En en temps où aucun pape n’avait <strong>encore</strong> eu<br />

l’idée de s’appeler François, où peu s’étonnaient de l’obligation<br />

faite aux femmes d’avoir la tête couverte d<strong>ans</strong> les églises et où<br />

certaines religieuses hantaient nos rues d<strong>ans</strong> des tenues qui, pour<br />

certaines, n’avaient pas grand-chose à envier à une burqa.<br />

D<strong>ans</strong> mon environnement immédiat (d<strong>ans</strong> ma famille, à<br />

l’école en semaine, à l’église le dimanche, et même au cinéma<br />

paroissial avec les films qui vont avec), je ne fréquentais guère<br />

que des chrétiens. « Les autres » l’avaient été autrefois, ou leurs<br />

parents, ou leurs grands-parents. Et même avec ceux que l’on<br />

appelait les « anticléricaux », l’histoire, comme la culture et le<br />

vocabulaire qui vont avec, étaient plus ou moins communs.<br />

Quand, à 6 <strong>ans</strong>, j’ai dit à mes parents que je voulais être prêtre,<br />

ils n’en ont pas été plus étonnés : il y avait déjà des religieux d<strong>ans</strong><br />

la famille.<br />

10


avant-propos<br />

Je ne le suis devenu qu’à 29 <strong>ans</strong>, après quelques détours.<br />

Premiers détours, prélude à beaucoup d’autres : rencontres,<br />

événements (rarement choisis), épreuves (et les engagements<br />

qu’elles ont suscités) qui ne cessent de bousculer les certitudes<br />

de mes premières années.<br />

Car d<strong>ans</strong> le monde « protégé » (60 <strong>ans</strong> plus tard, je m’interroge<br />

sur la pertinence de ce qualificatif) où j’ai vécu mon adolescence<br />

d’après-guerre, je n’étais pas particulièrement préparé à<br />

avoir vingt <strong>ans</strong> d<strong>ans</strong> les années soixante. Un moment où l’Église<br />

— à travers le Concile Vatican II — et les sociétés occidentales<br />

— à travers des remises en question agitées dont mai 68<br />

est le paroxysme à la française — vivaient des évolutions de<br />

toutes natures. Des évolutions qui m’ont, alors, plus troublé<br />

qu’enthousiasmé.<br />

Rien ne me prédisposait à devenir, vingt <strong>ans</strong> plus tard, pasteur<br />

d’une église au cœur du quartier « branché » des Halles, au plus<br />

fort du drame du Sida.<br />

Ces responsabilités, d<strong>ans</strong> ces circonstances, accélérèrent les<br />

mues en cours.<br />

Comme celles permises par l’esprit d’ouverture de la Congrégation<br />

de l’Oratoire, que j’avais rejointe après cinq <strong>ans</strong> de<br />

séminaire : d<strong>ans</strong> ses écoles prestigieuses, celle-ci avait accueilli,<br />

et plus ou moins formé, La Fontaine, Malebranche, La Bruyère,<br />

Montesquieu […] et, plus récemment, Philippe Noiret (qui<br />

aimait le rappeler), Polnareff… et Mesrine !<br />

Et, après mes études d’histoire d<strong>ans</strong> les universités agitées des<br />

années 70, je passerai mes premières années d’enseignement d<strong>ans</strong><br />

le grand internat oratorien de Saint-Martin à Pontoise, où se<br />

vivaient, d<strong>ans</strong> un environnement de verdure très british, des<br />

temps plus insouciants qu’aujourd’hui.<br />

Autant de plongées d<strong>ans</strong> des mondes inconnus pour moi<br />

auxquelles s’ajoute la découverte de complexités personnelles<br />

dont je prends progressivement conscience. Je réalise alors l’écart<br />

11


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

grandissant entre les difficultés de nos itinéraires de vie et les<br />

affirmations péremptoires de l’Église.<br />

Et ne tarderont pas à suivre mes interrogations sur la façon<br />

étrange — parfois inquiétante — dont celle-ci fonctionne en<br />

interne.<br />

Tout cela, sur fond de pluralité religieuse développant des<br />

confrontations au cœur même de la France des cathédrales.<br />

Autant de raisons amenant beaucoup aujourd’hui à renoncer<br />

à toute croyance, ou quelques-uns à vivre en camp retranché.<br />

Pour ma part, je n’ai jamais songé à abandonner le navire,<br />

ni mon service de matelot, sur ce qui ressemble de plus en plus<br />

au Titanic : ce Titanic dont on dit que les musiciens jouaient,<br />

sur le pont, « Je crois en Toi, mon Dieu » pendant que le bateau<br />

s’enfonçait d<strong>ans</strong> la mer.<br />

Cette image s’est imposée à moi en comparant certains<br />

reportages des foules massées Place Saint-Pierre, avec la pratique<br />

religieuse en grand déclin d<strong>ans</strong> la plupart des communautés de<br />

notre vieux continent : autour de moi, famille, amis, jeunes des<br />

écoles où je suis présent ne cachent pas, pour la plupart, qu’ils<br />

sont maintenant « bien loin de tout ça ».<br />

Je m’interroge souvent sur ce dont discutent nos capitaines<br />

quand ils se réunissent en conclaves, synodes et autres « assemblées<br />

plénières ». Les échos, plus ou moins feutrés, qui nous en parviennent,<br />

ne semblent pas traduire d’inquiétudes extrêmes.<br />

Certes, je partage leur conviction que le message évangélique<br />

peut <strong>encore</strong> donner sens, et pour longtemps, à la vie de plus<br />

d’un. Reste que le nombre de ceux qui, d<strong>ans</strong> le monde occidental,<br />

disent <strong>encore</strong> leur foi au Christ ressuscité, et au royaume de<br />

fraternité qu’il nous ouvre, est en chute libre. Quant à celui de<br />

ceux qui se rassemblent chaque dimanche, « le jour du Seigneur »,<br />

pour proclamer et célébrer cette foi, il se réduira bientôt à une<br />

peau de chagrin. S<strong>ans</strong> parler de ceux, plus ou moins croyants et<br />

exceptionnellement pratiquants, qui ne voient plus en l’Église<br />

12


avant-propos<br />

qu’une institution sclérosée incapable de s’adapter aux réalités<br />

d’aujourd’hui et de s’amender, de façon crédible, de ses erreurs<br />

d’hier.<br />

C’est du moins ce que j’en vois, d’où je suis.<br />

Je sais, d’aucuns, autour de moi, parlent volontiers de « signes<br />

de renouveau ».<br />

Un « renouveau » dont témoignent des communautés<br />

nouvelles qui proclament, chantent, voire d<strong>ans</strong>ent, leur foi<br />

enthousiaste. Leurs adeptes ne doutent pas un instant de leur<br />

capacité à vaincre « la culture de mort » qui, selon eux (reprenant<br />

les mots de Jean-Paul II), aurait saisi nos contemporains. Ces<br />

communautés sont les forces vives de rassemblements inédits,<br />

dont les reportages médiatiques viennent à point rajeunir l’image<br />

du pratiquant moyen.<br />

Un « renouveau » dont témoignent ces prêtres africains qui,<br />

après nous avoir pardonnés de leur avoir prêché l’Évangile d<strong>ans</strong><br />

les pas des colonisateurs, viennent maintenant, par leur jeunesse<br />

et par les rythmes de leurs célébrations, ranimer nos assemblées<br />

dominicales moribondes.<br />

Un « renouveau » dont témoigne à chaque nuit pascale un<br />

nombre exceptionnel de baptêmes de jeunes et d’adultes.<br />

Un « renouveau » dont témoigne cette quête de spirituel qui<br />

conduit tant de pèlerins sur les routes de Saint-Jacques-de-<br />

Compostelle…<br />

Et puis, il y aura aussi les bénéfices à venir de la « nouvelle<br />

évangélisation ».<br />

Avec « les groupes Alpha » où la Bonne Nouvelle se partage,<br />

comme les produits Tupperware d<strong>ans</strong> l’après-guerre, avec des<br />

kits de prêts à penser, prêts à <strong>croire</strong>, prêts à convaincre. Avec<br />

les prédicateurs de rue qui, eux aussi, s’inspirent de pratiques<br />

anglo-saxonnes et n’hésitent pas à grimper sur des tabourets ou<br />

13


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

à sonner à nos portes pour nous assurer du paradis ou nous<br />

promettre l’enfer.<br />

S’y ajoute un cocktail inédit qui semble aussi faire recette : il<br />

mêle touches nostalgiques (soutanes, processions, bénédictions<br />

de bateaux, motos et animaux domestiques…) et parfaite adaptation<br />

aux toutes nouvelles technologies : on peut maintenant<br />

avoir son carême guidé sur son iPhone et le pape Benoît XVI<br />

qui avait ressorti des placards pontificaux certains éléments de<br />

la garde-robe papale que l’on croyait définitivement disparus,<br />

a, pendant les derniers mois de son pontificat, créé son propre<br />

compte Twitter.<br />

Au chapitre « modernité », il faudrait aussi parler des groupes<br />

de Rock chrétien qui proclament les bienfaits de Dieu avec d’autant<br />

moins d’états d’âme qu’ils ne font pas partie, comme ceux<br />

qu’ils rassemblent — et pour autant que l’on puisse en juger —<br />

des plus mal lotis par la Providence !<br />

Un « renouveau » qui a ses prophètes, tels Frigide Barjot et le<br />

père Guy Gilbert, combles de la modernité, avec leurs mêmes<br />

perfectos, leur même langage un peu leste, contrastant avec leur<br />

même engouement pour les souverains pontifes aussi divers<br />

soient-ils et, dernière touche très tendance, leurs indispensables<br />

amis homosexuels…<br />

Autant d’initiatives et de postures, vantées avec lyrisme par<br />

ceux qu’elles n’ont pas à convaincre, mais qui ne parviennent<br />

pourtant pas, tant s’en faut, à enrayer le déclin général.<br />

Car la rapide exp<strong>ans</strong>ion de communautés nouvelles s’est accompagnée<br />

d’autant de sources d’interrogations que de motifs<br />

d’espérance, et quelques sérieux accrocs sont venus écorner certaines<br />

trop belles images ; pas seulement parce que l’on trouve<br />

parmi ces nouvelles troupes (un terme qui me vient s<strong>ans</strong> doute<br />

en pensant aux « Légionnaires du Christ ») de nombreux fervents<br />

réactionnaires de tous poils qui n’ont toujours pas bien digéré<br />

l’esprit de Vatican II.<br />

14


avant-propos<br />

Comment, d’ailleurs, ne pas s’interroger sur le mode de discernement<br />

qui préside à l’accueil des candidats se présentant<br />

aux portes de ces communautés ? On semble trop souvent y<br />

penser que la piété compensera les fragilités ou l’immaturité des<br />

impétrants et que leurs certitudes proclamées, comme leurs jugements<br />

moraux assénés, seront la meilleure arme contre l’athéisme<br />

ambiant et « l’esprit de décadence » qu’ils dénoncent. Et leur formation<br />

intellectuelle et psychologique risque assez peu d’éveiller<br />

en eux le goût de l’interrogation et le sens des nuances.<br />

La venue de prêtres étrangers, outre qu’elle peut provoquer<br />

le rapide désenchantement des paroissiens et, parfois, quelques<br />

déboires aux évêques qui les accueillent, ne fait qu’atténuer une<br />

situation générale de pénurie.<br />

Et le pire est à venir : il faudra bientôt se passer de tous ceux<br />

qui, actuellement, continuent à œuvrer bien au-delà de l’âge<br />

légal de la retraite et qui constituent d<strong>ans</strong> beaucoup de diocèses<br />

pas loin des deux tiers des prêtres dits « en activité » ! D<strong>ans</strong> bien<br />

peu de temps, il ne faudra guère compter que sur leur éventuelle<br />

intervention… depuis le paradis.<br />

Beaucoup n’entrevoient la réalité de cette situation que lorsqu’une<br />

occasion exceptionnelle les fait revenir vers une église ;<br />

en particulier lors d’obsèques. Ils découvrent alors qu’il peut être<br />

parfois difficile d’avoir une cérémonie religieuse et que, si celle-ci<br />

s’avère possible, elle ne sera vraisemblablement pas présidée par<br />

un prêtre.<br />

Certes, comme je peux le vérifier chaque année d<strong>ans</strong> mes<br />

divers lieux de ministère, les baptêmes d’enfants en âges scolaires<br />

sont relativement nombreux. Encore faut-il rappeler une<br />

évidence : cela fait, bien sûr, autant d’enfants qui n’ont pas été<br />

baptisés à leur naissance. Et, comme pour les communautés<br />

religieuses, et comme pour les prêtres <strong>encore</strong> en service, le<br />

nombre total des baptisés (adultes, jeunes, bébés), affiche un<br />

déficit abyssal. De plus, beaucoup (jeunes, comme adultes), une<br />

15


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

fois passée l’émotion d’un moment et peu soutenus par leur<br />

environnement familial, amical et social, délaissent assez vite la<br />

pratique religieuse.<br />

Vanessa Schneider, d<strong>ans</strong> le supplément magazine du Monde<br />

de juin 2013 a parlé très justement du phénomène particulier que<br />

représentent ceux qu’elle appelle les « petits convertis » :<br />

« Ces nouveaux croyants vivent leur foi à l’image de leur jeune<br />

âge. Comme une aide d<strong>ans</strong> les grands et petits soucis : “Dès<br />

que j’ai envie de pleurer, que quelque chose me tracasse, je<br />

vais prier, ça m’aide.” Et, souvent, leurs prières concernent<br />

l’école, le centre de leur vie d’enfant : “Un jour j’ai demandé à<br />

Dieu que ma maîtresse ne soit pas là et Il m’a écouté, elle était<br />

malade ce jour là… J’ai voulu vérifier si Dieu existait, maintenant<br />

j’en suis sûr.”»<br />

Les parents, pas trop emballés au départ, finissent généralement<br />

par être « respectueusement attendris », demeurant cependant<br />

« perplexes et embarrassés ». Leur acquiescement s’accompagne<br />

d’une totale délégation pour une formation pour laquelle ils<br />

s’avouent totalement incompétents.<br />

Que subsistera-t-il de cet émerveillement enfantin lorsque<br />

les grands-parents ne seront plus là pour les accompagner à la<br />

messe lors de grandes fêtes pendant les congés scolaires ou quand<br />

surgiront les interrogations et les troubles de l’adolescence auxquels<br />

l’idée qu’ils s’étaient faite de Dieu paraîtra s<strong>ans</strong> doute peu<br />

adaptée ?<br />

Reste ce besoin diffus de spirituel : « Le xxi e siècle sera religieux,<br />

ou ne sera pas ! »<br />

Il brasse pêle-mêle d’authentiques guetteurs de sens d<strong>ans</strong> un<br />

monde où peu de leaders en tous genres leur en proposent ;<br />

d’autres, plus prosaïquement, en quête, de « zénitude » pour<br />

pacifier leur quotidien ; ou tous ceux qui, sous le poids d’épreuves<br />

16


avant-propos<br />

dramatiques, croient trouver ainsi — au moins pour un<br />

moment — réponse à l’incompréhensible…<br />

Au christianisme tel qu’ils peuvent le percevoir au travers de<br />

l’Institution catholique, les premiers préfèrent des engagements<br />

humanistes, les autres la sagesse d’un temple bouddhiste ; et de<br />

plus en plus nombreux sont ceux qui trouvent plus matière à<br />

enrichissement chez Frédéric Lenoir ou Matthieu Ricard que<br />

d<strong>ans</strong> nos prédications. Quant à ceux que leur détresse rend prêts<br />

à suivre le premier gourou qui passe, il ne manque pas de propositions<br />

; souvent, non s<strong>ans</strong> dangers de toutes sortes, qui peuvent<br />

rapidement les conduire d’adeptes… à victimes.<br />

Peut-on ajouter à ces quêtes religieuses, les adhésions à l’islamisme<br />

le plus radical ? Elles n’y sont, s<strong>ans</strong> doute pas totalement<br />

étrangères.<br />

Mais pour mon voisin de palier (d<strong>ans</strong> le nord-est parisien), de<br />

métro, pour 90 % de ma famille, de mes amis, de mes plus proches<br />

compagnons de route, comme de mes partenaires de combats<br />

qui, pour beaucoup, ont été baptisés, puis « ont tout fait » :<br />

petite et grande communion, confirmation, mariage à l’Église<br />

(d’aucuns y seraient même revenus plusieurs fois si celle-ci les y<br />

avait autorisés), qu’est devenu le Dieu des chrétiens ?<br />

Et si beaucoup de ceux que je croise fréquemment, d<strong>ans</strong> le<br />

monde associatif reconnaissent volontiers que leur regard bienveillant<br />

sur l’autre quel qu’il soit et leur soutien spontané aux<br />

pauvres et aux petits, ne sont pas étrangers à la foi profonde de<br />

leurs parents ou grands-parents, ils ajoutent, en même temps,<br />

qu’ils ne voient pas bien ce qu’ils viendraient, aujourd’hui, puiser<br />

à cette source.<br />

Ce ne sont pas des bouffeurs de curés ; il n’y a d’ailleurs plus<br />

guère de curés à bouffer. Ils s’éloignent simplement s<strong>ans</strong> bruit<br />

d’une Église dont ils ont le sentiment qu’elle, la première, s’est<br />

éloignée d’eux. Comme l’exprime, sobrement mais radicale-<br />

17


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

ment, Sylvain Tesson : « Ma foi s’est éteinte, comme on coupe la<br />

lumière en sortant d’une pièce. »<br />

Coup sur coup, d<strong>ans</strong> ce paysage préoccupant, deux bonnes<br />

surprises : la démission de Benoît XVI et l’élection du pape<br />

François.<br />

En abandonnant volontairement sa fonction, Benoît XVI<br />

— qui avait jusqu’alors plutôt manifesté un goût prononcé pour<br />

un conservatisme bon teint — accomplit un geste dont on n’a<br />

peut-être pas bien réalisé la portée iconoclaste. Le cardinal André<br />

Vingt-Trois, lui, l’apprécie avec des mots à la hauteur de l’événement,<br />

déclarant : « Un tabou est brisé. »<br />

La décision de retrait de Benoît XVI apparaît en effet comme<br />

un démenti à bien des propos qui avaient accompagné les années<br />

de maladie et les semaines d’agonie du pape Jean-Paul II. Elle<br />

autorise à penser que l’Esprit Saint pourrait bien ne pas totalement<br />

suppléer nos handicaps humains. Ce qui pourrait entraîner<br />

un doute supplémentaire sur sa parfaite maîtrise de bien d’autres<br />

événements et choix… comme ceux faits lors des conclaves !<br />

Mais la plupart de ceux qui saluent en termes dithyrambiques<br />

la sagesse de Benoît XVI (souvent les mêmes que ceux qui<br />

s’émerveillaient d’un Jean-Paul II faisant, publiquement, don de<br />

ses dernières forces) n’en sont s<strong>ans</strong> doute pas là.<br />

Quelques semaines plus tard, les cardinaux (qui, pour<br />

beaucoup, sont ceux qui ont élu huit <strong>ans</strong> plus tôt le cardinal<br />

Joseph Ratzinger), font un choix singulièrement différent en<br />

apportant, cette fois, leurs suffrages à un cardinal sud-américain<br />

— première du genre — Jorge Mario Bergoglio.<br />

La surprise est grande Place Saint-Pierre. Mais, comme<br />

tou jours en pareille circonstance, l’accueil enthousiaste est de<br />

rigueur et les mêmes qui saluent la chaleur du pape François<br />

n’avaient jamais eu le moindre mot sur le peu de charisme de<br />

son prédécesseur.<br />

18


avant-propos<br />

Je suis de ceux qui ne tardent pas à penser qu’un peu de<br />

cordialité et, surtout de simplicité, d<strong>ans</strong> l’exercice de la fonction<br />

ne peut faire que du bien. Mais le rajeunissement n’est pas pour<br />

autant garanti : si Benoît XVI a invoqué son grand âge pour<br />

quitter sa charge, son successeur la reçoit ayant, à plus de 76 <strong>ans</strong>,<br />

dépassé de près de deux <strong>ans</strong>, celui auquel les évêques doivent<br />

normalement présenter leur démission au Souverain pontife !<br />

Depuis son élection, le pape François a eu des mots, changé<br />

des pratiques (à commencer par son propre mode de vie) et posé<br />

des gestes qui prolongent les attitudes et soulignent les préoccupations<br />

des premiers instants de son pontificat.<br />

Chacun de ses propos — d’autant qu’il n’est pas avare de<br />

déclarations : exhortation officielle, prédications, interviews,<br />

réactions spontanées… — est commenté, voire interprété, le<br />

plus souvent à l’aune de l’ouverture. Réjouissant certains ; et<br />

agaçant d’autres.<br />

En fait, après un Jean-Paul II très politique, puis un<br />

Benoît XVI, habitué des bibliothèques et des débats théologiques,<br />

le pape François manifeste tout simplement — d<strong>ans</strong> tous<br />

les sens du mot — la vision très pastorale qu’il a de sa mission.<br />

D’où l’importance (pas seulement pour des raisons de dialogue<br />

avec nos frères orthodoxes et protestants) qu’il se présente<br />

comme l’évêque de Rome, rappelant ainsi ce service de proximité,<br />

de protection et de pardon que le Christ a confié à Pierre et<br />

que sont appelés à exercer chacun des évêques, successeurs des<br />

apôtres.<br />

Ce que traduit aussi son évidente volonté d’accueillir avant de<br />

juger. Et même si pour un certain nombre de sujets sensibles sur<br />

lesquels il est attendu, il rappelle volontiers le Catéchisme (pas un<br />

chef-d’œuvre d’ouverture), il se veut, avant tout, compréhensif et<br />

indulgent pour les personnes. Tel un bon curé de paroisse qui,<br />

d<strong>ans</strong> son confessionnal, n’est pas là pour appliquer un code de<br />

sanctions, mais pour accueillir celui qui, comme le fils prodigue,<br />

19


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

manifeste le désir de retrouver l’amour toujours offert par le<br />

Père. Comme il l’écrit d<strong>ans</strong> son premier document officiel : « Le<br />

confessionnal ne doit pas être une salle de torture. »<br />

Une attitude et des paroles relevées positivement par nombre<br />

de journalistes non spécialisés et saluées avec lyrisme par les médias<br />

catholiques les plus ouverts, particulièrement en recherche<br />

d’une bouffée d’oxygène pour leur propre survie.<br />

Et si l’on peut comprendre le réconfort qu’elles apportent à<br />

un certain nombre de chrétiens que décourageait l’image surannée<br />

d’un Benoît XVI (ajoutant au poids des mots, le choc des<br />

photos), je m’étonne davantage d’emballements enthousiastes de<br />

nouveaux papolâtres (mis en garde par François lui-même) qui<br />

nous annoncent déjà la fin du tunnel !<br />

Car, ne nous y trompons pas : la bonne surprise du pape<br />

François n’est pour beaucoup qu’un non-événement qui ne les<br />

concerne pas vraiment. Et qui ne ramènera pas de si tôt à la<br />

messe ceux qui l’ont, nombreux, abandonnée sous le pontificat<br />

de… Jean-Paul II. Même si Raul Castro a déclaré y penser si le<br />

pape maintenait ses déclarations en matière de politique internationale…<br />

Pour l’instant, le pape François manifeste clairement —<br />

d’aucuns assurent même que ses électeurs l’ont mandaté pour<br />

cela — sa volonté de mettre de l’ordre d<strong>ans</strong> la maison vaticane,<br />

à commencer par le fonctionnement opaque de sa grosse tirelire.<br />

S’attaquant parallèlement à la réforme de la Curie, dont il appelle<br />

les membres à renoncer à leurs mœurs courtisanes, il crée le préalable<br />

indispensable à la cohérence et à l’autorité de sa parole. S<strong>ans</strong><br />

que l’on puisse bien savoir <strong>encore</strong> la part de discrédit (il risque<br />

d’y avoir pas mal de Monsignori et même d’évêques compromis<br />

d<strong>ans</strong> des affaires douteuses) que nous vaudra l’ouverture de cette<br />

boîte de Pandore.<br />

Plus difficile de cerner les intentions pontificales d<strong>ans</strong> d’autres<br />

domaines où ses interventions ont pu sembler contradictoires.<br />

20


avant-propos<br />

Parmi ses plus proches, il ne compte pas que des partis<strong>ans</strong><br />

convaincus de la nécessité de changements. Ainsi, le cardinal<br />

guinéen Robert Sarah qu’il promeut en novembre 2014 au poste<br />

sensible de préfet de la Congrégation du culte divin et de la discipline<br />

des sacrements. Trois mois plus tard, celui qui était déjà<br />

connu comme un fervent défenseur de la tradition de l’Église<br />

et des mentalités de son continent, publie un livre d’entretiens<br />

« Dieu ou rien » où il réaffirme son hostilité aux évolutions en<br />

cours de discussion.<br />

À l’inverse, la large consultation qui a précédé le Synode<br />

sur la famille a surpris positivement ceux des Catholiques qui<br />

déplorent qu’on ne leur demande jamais leur avis.<br />

J’ai moi-même mal perçu les modalités de l’opération. Les<br />

questions soumises aux fidèles (je suis de ceux qui ne les ont<br />

connues que par voie de presse) relèvent de statuts bien divers :<br />

demandes d’informations, vérifications d’évidences, sondages<br />

d’opinion. Elles ont été, par ailleurs l’occasion de rappeler<br />

cer tains principes et postulats — comme la fameuse « loi<br />

naturelle » — qui, pourtant, s’imposent de moins en moins à<br />

nombre de croyants.<br />

On pouvait donc s’interroger sur ce que ce questionnaire, et la<br />

diversité des réponses qui lui étaient apportées, permettraient de<br />

décrypter, et <strong>encore</strong> plus de décider, sur des sujets dont il devient<br />

tout à fait impossible d’avoir une parole unique, indépendamment<br />

de l’histoire de chacun, du continent et du pays où il vit, de<br />

sa culture individuelle et sociale, comme du caractère singulier<br />

de sa personne que l’on ne manque pas de rappeler par ailleurs.<br />

La simple prise en compte de cette diversité aurait déjà<br />

constitué un notable changement des pratiques. Et d’aucuns<br />

disaient que le pape François y était favorable. Sa venue d’un<br />

autre continent et la proximité qu’il manifeste pour les patriarcats<br />

orthodoxes, amenaient certains à penser qu’il serait enclin<br />

21


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

à déléguer davantage de décisions aux Conférences épiscopales<br />

régionales ou nationales.<br />

Certes, l’exhortation apostolique Amoris Laetitia traduit une<br />

nouvelle fois — sur un ton bien nouveau pour ce genre de documents<br />

— l’esprit de miséricorde qui habite le pape François<br />

et son humilité personnelle face aux fragilités et aux épreuves des<br />

personnes. Mais la longueur même du texte, et l’absence de décisions<br />

concrètes, traduisent une évidente difficulté à faire bouger<br />

les lignes sur des sujets où les clivages continentaux, historiques,<br />

théologiques, canoniques, inter-paroissiaux, intercommunautaires<br />

[…] restent vifs.<br />

Et voudrait-il (ce qui n’est pas assuré à ce jour), réformer des<br />

modes de pensée et d’agir d<strong>ans</strong> des domaines où l’Institution a<br />

désespéré tant et tant, que l’on peut légitimement se demander<br />

s’il aura le temps, les soutiens nécessaires et les partenaires cléricaux<br />

pour mener à bien cet aggiornamento.<br />

D’ailleurs, est-ce bien de réformes que rêvent ceux qui fréquentent<br />

<strong>encore</strong> assidûment nos paroisses ? Nombre d’entre eux,<br />

qui n’ont pas été enthousiasmés par l’idée même d’être sollicités<br />

par un questionnaire, n’ont d’ailleurs pas tardé à faire savoir<br />

qu’il ne leur semblait pas très opportun d’ajouter de nouveaux<br />

bouleversements à un monde qui a déjà bien trop changé depuis<br />

le siècle des Lumières !<br />

Car, si en 2013, le printemps romain nous a réservé d’heureuses<br />

surprises, le « printemps français » (comme va s’appeler<br />

l’un des groupes les plus radicaux des manifestants contre le<br />

mariage gay), lui, s’est révélé particulièrement rude ; et pas seulement<br />

sur le plan météorologique.<br />

On est alors en train de débattre au Parlement de la loi sur le<br />

mariage pour tous. Débattre « à la mode de chez nous », aurait-on<br />

envie de dire, quand on compare avec la manière dont le même<br />

22


avant-propos<br />

sujet a été discuté en Belgique et le sera d<strong>ans</strong> la très catholique<br />

Irlande.<br />

Un sujet sur lequel l’Église peut légitimement exprimer son<br />

opinion. Mais, parmi les évêques qui ne tardent pas à faire<br />

connaître leur pensée, tous ne le font pas avec les mots les mieux<br />

choisis. Certains vont même gravement déraper.<br />

De plus, « les années sida » ne sont pas si loin. Avec, là <strong>encore</strong>,<br />

des propos d’autant plus insupportables qu’ils stigmatisaient<br />

des personnes en grande détresse. Et les refrains compassionnels<br />

pour ceux auxquels on interdit d’aimer comme ils sont n’ont<br />

fait alors qu’ajouter à la colère. S<strong>ans</strong> compter que les mêmes,<br />

qui voient en toute circonstance matière à rendre grâce à Dieu,<br />

l’exonère totalement de ce « désordre » d<strong>ans</strong> sa création.<br />

Très vite, et malgré les réfutations — pas vraiment convaincantes<br />

— de tous sentiments homophobes, les déclarations<br />

maladroites seront les seules que l’on retiendra, et la faute n’en<br />

revient pas, loin de là, aux seuls médias. Et force est de constater<br />

que les argumentaires sont intellectuellement, historiquement et<br />

anthropologiquement souvent médiocres, exaltant une vision<br />

idéalisée du couple et de la cellule familiale, bien loin des réalités<br />

vécues par beaucoup.<br />

Ayant totalement perdu la main sur le déroulement d’événements<br />

où les plus mesurés ne parviennent pas à se faire entendre,<br />

l’Église de France donne alors le sentiment qu’elle est en harmonie<br />

de pensée avec des groupes et groupuscules qui rassemblent<br />

de très diverses sources d’inquiétudes et de rejets et qui ont en<br />

commun des positionnements politiques définitivement conservateurs,<br />

voire réactionnaires.<br />

S’y ajoute la violence, au moins de mots, avec laquelle ils vont<br />

les exprimer.<br />

Plus grave : aucune voix « autorisée » n’est venue condamner<br />

haut et fort ces proclamations intempestives présentées comme<br />

ayant leur source d<strong>ans</strong> la foi chrétienne et s’en réclamant pour<br />

23


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

justifier la brutalité de leur expression, voire pour appeler à la<br />

rébellion contre la loi. Un silence qui, laissera des traces durables<br />

d<strong>ans</strong> bien des esprits.<br />

Certes, au cours de l’été 2014, d<strong>ans</strong> l’avion qui le ramène des<br />

JMJ de Rio, le pape François déclare à des journalistes : « Si une<br />

personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je<br />

pour la juger ? » Une parole qui, vingt <strong>ans</strong> plus tôt, aurait s<strong>ans</strong><br />

doute contribué à apaiser ceux qui, condamnés par la maladie,<br />

guettaient des réconciliations possibles avec le ciel. Mais qui,<br />

d<strong>ans</strong> le contexte national, arrive tellement tard.<br />

Alors comment s’étonner que beaucoup dont le parcours de<br />

vie n’est pas qu’un long fleuve tranquille et qui n’en sont pas<br />

forcément responsables — et quand bien même le seraient-ils ? —<br />

se demandent ce que nous faisons de l’adresse de Jésus aux<br />

Pharisiens, étonnés de certaines de ses fréquentations : « C’est<br />

pour eux que je suis venu. »<br />

Et tellement davantage ne se le demandent même plus.<br />

Car, dès 1968, au lendemain des signes d’ouvertures du<br />

Concile, la publication par Paul VI de son encyclique Humanae<br />

vitae qui déclarait « intrinsèquement déshonnête » toute<br />

méthode artificielle de régulation des naissances, avait déjà<br />

instillé un doute profond sur la volonté de l’Église de comprendre<br />

les évolutions et les interrogations de son temps.<br />

De ces signes contradictoires, bon nombre de chrétiens<br />

sortiront désorientés : certains décontenancés par les réformes<br />

conciliaires (particulièrement en matière de liturgie où l’on a<br />

souvent fait fi du minimum de pédagogie nécessaire) ; d’autres,<br />

particulièrement parmi les plus jeunes, découvrant, après des<br />

siècles d’obligations de <strong>croire</strong> et de faire, les vertus d’une liberté<br />

de conscience qui permet les interrogations et les doutes et qui<br />

conduira bon nombre à l’abandon, voire au rejet. Évolutions<br />

ou ruptures vécues d’autant plus légèrement que parents et<br />

grands-parents restaient alors souvent fidèles : gardant ainsi la<br />

24


avant-propos<br />

maison vers laquelle on pourrait toujours revenir, en cas de<br />

besoin. Mais, à l’abandon des pratiques (messes, baptêmes,<br />

confessions…), la foi qui les structurait n’aura pas résisté très<br />

longtemps ; même si d<strong>ans</strong> ce domaine les évolutions sont plus<br />

insidieuses, et plus difficiles à mesurer.<br />

À ce que d’aucuns au Vatican désigneront bientôt comme<br />

le « tsunami de la sécularisation », la reprise en main et le repli<br />

sur les recettes traditionnelles, n’apportent aucun remède. Et,<br />

d’autant moins, que parmi ceux qui se disent <strong>encore</strong> croyants<br />

aujourd’hui, beaucoup ne sont plus bien au clair sur la fameuse<br />

« Bonne nouvelle » portée par l’Évangile.<br />

Ainsi, en quelques décennies, la relation à Dieu « qui façonnait<br />

notre rapport au monde, orientait l’espace et scandait le temps » a<br />

disparu de notre quotidien. Avec elle, les étapes rituelles qui<br />

rythmaient l’existence de beaucoup d’entre nous ; jusqu’à la<br />

célébration de l’ultime « à-dieu » qui, même traversé d’interrogations<br />

et de doutes, portait l’espérance d’un possible au-delà.<br />

Avec elle, aussi, les clefs de lecture de la profusion intellectuelle,<br />

culturelle et artistique qu’elle a engendrée.<br />

Des mutations d’environnement dont beaucoup n’ont pas<br />

<strong>encore</strong> pris conscience et qui pourraient bien valoir à certains,<br />

très au-delà d’un petit monde clérical, une véritable gueule de<br />

bois.<br />

Car ce qui est en jeu, c’est bien autre chose que l’avenir de<br />

la « firme vaticane ». C’est l’ouverture vers l’Infini que Léonard<br />

de Vinci fait surgir de la lumineuse douceur du ciel à l’instant<br />

de la dernière Cène ; c’est la compréhension intime des<br />

plus belles pages de saint Augustin à Bernanos, en passant<br />

par Thérèse d’Avila, Pascal et Spinoza ; c’est la prière intérieure<br />

qui habite les compositions de Jean-Sébastien Bach…<br />

Il y a peu de chances aujourd’hui que si des hommes débarquent<br />

bientôt sur Mars, on réédite l’épisode de 1969 quand, d<strong>ans</strong> le<br />

monde entier, les téléspectateurs découvraient les premiers pas<br />

25


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

sur la lune sur fond du Magnificat du Cantor de Leipzig. Et<br />

peut-on <strong>croire</strong> que les fresques de la Sixtine procureront <strong>encore</strong><br />

la même émotion quand elles seront l’un des derniers endroits<br />

où le doigt de Dieu s’apprête à rejoindre le doigt de l’homme ?<br />

Il n’en manquera pas pour voir là les inquiétudes d’un homme<br />

qui, à l’automne de sa vie, avec son lot de deuils et ses peurs<br />

intimes, craint les bouleversements de son univers familier et<br />

s’interroge sur son destin.<br />

Peut-être.<br />

Ultime croisade pour la défense d’un Occident chrétien ?<br />

Certainement pas.<br />

Tel n’est pas non plus le combat mené par le premier pape<br />

choisi hors du continent européen. Et le Supérieur des Jésuites<br />

de la Province de France déclarait récemment que ce Pape, luimême<br />

jésuite, rendait l’Église catholique « plus aimable, plus<br />

surprenante, moins figée, plus ouverte ». Son choix du nom du<br />

saint d’Assise proclamant sa proximité avec toutes les créatures<br />

d<strong>ans</strong> une nature respectée et l’impérieux devoir de fraternité<br />

à l’égard des plus pauvres. Des exigences qui parlent <strong>encore</strong> à<br />

beaucoup aujourd’hui.<br />

Évidemment, le « printemps de l’Église », dont certains parlent<br />

s<strong>ans</strong> doute un peu vite, ne saurait dépendre que d’une hirondelle…<br />

fut-elle papale.<br />

Mais, face à l’heure d’une offensive massive de groupes religieux<br />

qui privilégient les prescriptions de rites et des rituels à la<br />

conversion du cœur — quand ils n’appellent pas à la haine de<br />

ceux qui ne pensent pas comme eux —, la sympathie que suscite<br />

le successeur de Pierre nous indique un chemin.<br />

Après 40 années de service pastoral, avec toutes les interrogations<br />

qu’elles ont suscitées et toutes les rencontres qu’elles m’ont<br />

permises, mes quelques propositions souhaitent être une invitation<br />

à retrouver ce chemin.<br />

26


avant-propos<br />

Il nous conduit aux premières communautés chrétiennes,<br />

pour y retrouver l’esprit de ceux qui suivirent Jésus sur la montagne.<br />

Car si des publicains, des pêcheurs de Galilée et leurs infréquentables<br />

voisins samaritains, furent séduits par l’Évangile, c’est<br />

parce que le Christ, en même temps qu’il leur rappelait les exigences<br />

du Royaume, osa s’asseoir à leur table et manger avec eux.<br />

C’est pourquoi, plus tard, ils le reconnurent quand il rompit le<br />

pain.<br />


Avis au lecteur<br />

O<br />

n ne manquera s<strong>ans</strong> doute pas de me reprocher d’introduire<br />

mes propositions à partir de citations bibliques. Faisant<br />

donc des choix. Et, de fait, je n’ai pas retenu l’injonction de<br />

Paul : « Femmes, soyez soumise à vos maris », ou l’avertissement<br />

rapporté par l’évangéliste Matthieu : « Il y aura beaucoup d’appelés<br />

mais peu d’élus. »<br />

Arbitraire ? Ou pire, détournement ?<br />

Je ne tenterai pas de dissuader ceux qui en jugeront ainsi.<br />

Mais à travers les devises de papes ou d’évêques, à travers les<br />

thèmes d’année choisis pour des diocèses, il y a aussi le désir de<br />

mettre l’accent sur une parole du Christ ou un moment de sa vie.<br />

Même si j’ai bien conscience que mes propositions — surtout<br />

certaines — entraîneront des commentaires peu enthousiastes,<br />

aucune ne me parait en contradiction avec l’esprit du message<br />

évangélique où domine l’importance du partage, du pardon, de<br />

l’égal amour de Dieu promis à chacun.<br />

Lorsque j’étais curé de Saint-Eustache, on y trouvait toujours<br />

une feuille d’accueil où l’on pouvait lire la parabole de l’enfant<br />

prodigue : l’histoire d’un fils qui, après avoir réclamé sa part d’héritage<br />

pour aller mener joyeuse vie, revient, ruiné pour solliciter<br />

29


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

le pardon de son père. Cette parabole rapportée par Luc où le<br />

père couvre de ses mains de miséricorde, les épaules de son fils<br />

qu’il croyait perdu.<br />

Elle était présentée ainsi :<br />

« Pour vous qui passez ici, venant d’une tout autre culture, ou<br />

avec d’autres croyances, ou n’en ayant aucune, et qui vous<br />

demandez peut-être quelle conviction animait les bâtisseurs<br />

de cette “cathédrale des Halles ? Ce récit vous parlera au<br />

mieux du Dieu auquel nous croyons.” »<br />

Jamais, on n’est venu me reprocher ce choix.<br />

30


« Soyez toujours prêts à rendre compte<br />

de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 14)<br />

A<br />

insi parlait saint Pierre aux chrétiens de son temps.<br />

Une interpellation qui vaut aussi pour les chrétiens d’aujourd’hui.<br />

Car si l’on entend souvent des catholiques exprimer des protestations<br />

— sélectives — contre des évolutions sociétales, il est<br />

plus difficile au tout venant de percevoir l’essentiel du message<br />

qui nous est confié.<br />

D<strong>ans</strong> les Actes des apôtres, on peut lire qu’à Antioche, on<br />

donne pour la première fois le nom de « chrétiens », à ceux qui<br />

croient et suivent l’enseignement de Jésus de Nazareth que ses<br />

premiers disciples disent avoir rencontré avant et… après sa<br />

mort.<br />

Là est l’événement que saint Pierre, le premier, professe au<br />

jour de la Pentecôte : « Dieu a ressuscité Jésus le Christ, nous en<br />

sommes témoins. »<br />

31


En lecture partielle…


Table des matières<br />

Pour François… et les autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Avis au lecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

« Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui<br />

est en vous » (1 P 3, 14) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

« Dieu vous a réconciliés avec lui, grâce au corps humain<br />

du Christ » (Col 1, 22) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

« Personne ne se disait propriétaire de ce qu’il possédait,<br />

mais on mettait tout en commun » (Ac 4, 32) . . . . . . . .<br />

« Je suis venu appeler non pas le justes mais les pécheurs »<br />

(Mt 9, 13) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

« Rendez à César ce qui est à César » (Mc 12, 17) . . . . . .<br />

« Chaque fois que vous mangez ce pain et buvez à cette<br />

coupe, vous proclamez la mort du Seigneur jusqu’à ce<br />

qu’il vienne » (1 Co 11, 26) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

7<br />

9<br />

29<br />

31<br />

41<br />

47<br />

53<br />

59<br />

67


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

« De grand matin, les femmes se rendirent au sépulcre »<br />

(Lc 24, 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

« Que leur unité soit parfaite, ainsi le monde saura que tu<br />

m’as envoyé » (Jn 17, 23) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

« Comprends-tu bien ce que tu lis ? » (Ac 8, 30) . . . . . .<br />

« Chacun d’eux les entendait d<strong>ans</strong> sa propre langue »<br />

(Ac 2, 7) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

73<br />

77<br />

83<br />

91


D<strong>ans</strong> la collection « Béthanie »<br />

Gérard Fomerand, Le christianisme intérieur, une voie nouvelle ?, 2016.<br />

Ghislain du Chéné, Marie, femme de Cléophas. Autobiographie, 2016.<br />

Tommaso Guadagno, Un chemin du cœur. Itinéraire spirituel pour entrer<br />

d<strong>ans</strong> le Réseau mondial de Prière du Pape, l’Apostolat de la Prière, 2016.<br />

Dolores Aleixandre, Aux portes du soir. Vieillir avec splendeur, 2016.<br />

Bénédicte Oriou, Rassure mes copains, 2016.<br />

Nikolaas Sintobin, Moquez-vous des jésuites… Humour et spiritualité,<br />

2016.<br />

Christian Vinel, La maladie peut faire grandir. Témoignage et réflexions,<br />

2015.<br />

Pape François, 100 textes sur la miséricorde, 2015.<br />

René Stockman, La boîte de Pandore. Réflexion sur l’euthanasie sous une<br />

perspective chrétienne, 2015.<br />

Jacques Naedts, Saint Monon. Le saint ermite de Nassogne, 2016.<br />

Robert De Coster, La Parole qui a changé le monde. Six révolutions de<br />

Jésus de Nazareth, 2015.<br />

Nicole Timbal, Pierre Teilhard de Chardin. Un homme de Dieu au cœur<br />

de la matière, 2015.<br />

Monique Hébrard, Pour une Église au visage d’Évangile. Douze urgences,<br />

2014.<br />

Luc Lannoye, Car ils seront consolés. Les grâces de l’écoute et prière, 2014.<br />

Rosario Carello, 80 fioretti du pape François. Récits authentiques, 2014.<br />

Juvénal Rutumbu, La Pâque du chrétien, 2014.<br />

Corinne Delalande, Quand je rencontre mon frère malade, 2014.<br />

José Davin, Les personnes homosexuelles. Un arc-en-ciel près des nuages,<br />

2014.<br />

Michel Salamolard, Communautés chrétiennes. Osez la crise ! , 2014.<br />

José Davin, Lorsque la vie prend de l’âge. Pour continuer sereinement la<br />

route, 2013.<br />

Marthe Mahieu, L’étoile de Nativitas. Monica Nève au cœur des Marolles,<br />

2013.<br />

Jean-Marie de Marneffe, La joie d’un moine. Journal mystique, 2013.<br />

José Mpongo Ponte, Les voies du bonheur conjugal, 2013.


Henri Weber, Quand bourgeonne l’espérance. 24 récits tout simples, 2013.<br />

Arthur Buekens, Quand la Bible parle de pardon, 2013.<br />

Gérard Fomerand, Renaissance du christianisme. Le retour aux origines,<br />

2013.<br />

Giorgio Gonella, Le vent parfumé du désert. Sur les traces de Dieu, entre<br />

solitude et communion, 2013.<br />

José Davin et Paul-Emmanuel Biron, Quand germe la semence. Chemins<br />

pour l’Église de demain, 2012.<br />

Christophe Rouard, Quinze regards sur les apparitions de Beauraing, 2012.<br />

Mgr André-Joseph Léonard, La Divine Tragédie. Libre parcours d<strong>ans</strong> la<br />

foi chrétienne, 2012.<br />

Dan Beaurain-Gaël, François d’Assise, l’insoumis de Dieu, 2012.<br />

Pascale Dalcq, Et votre joie sera parfaite. Témoignage. Itinéraire d’une résurrection,<br />

2012.<br />

Pierre Favre, La foi d<strong>ans</strong> la peau. Témoignage, 2012.<br />

Didier Vandevelde et Bruno Senny, Dieu en rit <strong>encore</strong>. Perles d’ados,<br />

2012.<br />

Hubert Jacobs s.j. (dir.), Saints et bienheureux de Belgique, 2012.<br />

Achevé d’imprimer le 13 juillet 2016<br />

sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique).


<strong>2000</strong> <strong>ans</strong> <strong>après…</strong><br />

La christianisation est en recul en Europe. Un écart s’est progressivement<br />

installé entre les structures ecclésiastiques et le monde<br />

contemporain. Il faut, de toute urgence, dire autrement la foi<br />

chrétienne, se rapprocher des pratiques des origines, regarder le<br />

monde avec plus d’indulgence et concevoir le rôle du clergé de<br />

manière plus intégrée à la société.<br />

Gérard Bénéteau offre ici une série de propositions bien précises<br />

qu’il articule autour de citations évangéliques : accueil des pauvres,<br />

morale sexuelle plus tolérante, rapports clairs entre le politique<br />

et la religion, statut du prêtre, place des femmes d<strong>ans</strong> l’Église,<br />

œcuménisme…<br />

Au point de départ de tout, la résurrection du Christ, qui module<br />

notre vie aujourd’hui et après notre mort.<br />

Gérard Bénéteau<br />

Gérard Bénéteau est né le 4 janvier 1946 à Nantes. En 1975, il est ordonné prêtre,<br />

d<strong>ans</strong> la Congrégation de l’Oratoire.<br />

Après quinze années d’enseignement (histoire), il devient (1986-<strong>2000</strong>) vicaire, puis<br />

curé à Saint-Eustache, à Paris. Il a été Supérieur général de l’Oratoire de France de<br />

1999 à 2006. Il assure actuellement un service dominical d<strong>ans</strong> le diocèse de Saint<br />

Denis (93). D<strong>ans</strong> le Journal d’un curé de ville (Fayard, Paris, 2011), il a rendu compte de<br />

son itinéraire où divers engagements d<strong>ans</strong> la vie associative ont tenu une large place.<br />

ISBN 978-2-87356-712-5<br />

Prix TTC : 11,50 €<br />

9 782873 567125<br />

Collection « Béthanie »<br />

Photo de couverture : Cathédrale Saint-Patrick, New York © Luis Molinero. fotolia.com

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