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Made in Bern Herbst 2017 F

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<strong>Made</strong> <strong>in</strong> <strong>Bern</strong><br />

Le Mat<strong>in</strong> Dimanche — N° 3 — 26 novembre <strong>2017</strong><br />

Spectacle garanti<br />

au Lauberhorn<br />

La descente de Wengen est un must pour<br />

le champion du monde Beat Feuz<br />

et pour tous les acteurs du Cirque blanc<br />

Du monde sur la glace<br />

Pas mo<strong>in</strong>s de trois clubs de hockey bernois<br />

se battent en National League pour le succès<br />

666 kilomètres de pistes<br />

Avis aux amateurs: le nouveau<br />

forfait de ski Top4 ouvre les portes des quatre<br />

plus grands doma<strong>in</strong>es skiables bernois<br />

Un partenariat entre<br />

BE! Tourisme SA<br />

et Le Mat<strong>in</strong> Dimanche


MUSÉE LONGINES<br />

A la découverte d’un patrimo<strong>in</strong>e<br />

horloger, <strong>in</strong>dustriel et culturel<br />

Visite guidée du musée en<br />

français, allemand, anglais,<br />

italien ou espagnol<br />

Merci de prendre<br />

rendez-vous par téléphone<br />

au 032 942 54 25<br />

Ouvert du lundi au vendredi<br />

09h — 12h / 14h — 17h<br />

fermé les jours fériés<br />

2610 Sa<strong>in</strong>t-Imier - www.long<strong>in</strong>es.com


É DITORIAL<br />

«Sept fois merci<br />

et trois fois au revoir»<br />

Il est l’un des journalistes et chroniqueurs les plus connus de Suisse. Ancien rédacteur<br />

en chef du magaz<strong>in</strong>e «Schweizer Illustrierte» et du quotidien «Le Mat<strong>in</strong>»,<br />

Peter Rothenbühler raconte sa fasc<strong>in</strong>ation pour <strong>Bern</strong>e, son beau canton d’orig<strong>in</strong>e<br />

COUVERTURE: JEAN-CHRISTOPHE BOTT/KEYSTONE, PHOTO ÉDITORIAL: GERI BORN<br />

Chère lectrice, cher lecteur,<br />

Déguster à midi, des filets de perche à La<br />

Neuveville, sur le lac de Bienne, avec un<br />

verre de Twanner blanc; manger, le soir, une<br />

côte de bœuf à Meir<strong>in</strong>gen arrosée de dôle.<br />

On a l’impression d’avoir changé de pays,<br />

de paysage; pourtant, il s’agit toujours du<br />

même canton. De tels contrastes ne sont possibles<br />

qu’à <strong>Bern</strong>e. Je suis un <strong>Bern</strong>ois typique,<br />

né à Porrentruy, au f<strong>in</strong> fond du Jura. J’ai<br />

été scolarisé à Frutigen, dans l’Oberland bernois,<br />

où j’ai aussi appris le ski et l’escalade.<br />

C’est ensuite dans la cité horlogère de Bienne,<br />

à la frontière des langues française et<br />

allemande, que j’ai suivi ma formation de<br />

journaliste bil<strong>in</strong>gue. F<strong>in</strong>alement, j’ai fait<br />

mon chem<strong>in</strong> à <strong>Bern</strong>e, la capitale, comme<br />

journaliste parlementaire, en prise avec le<br />

vaste monde de la politique. Si je n’avais pas<br />

été appelé à Zurich, puis à Lausanne, je me<br />

serais bien vu passer une vie ple<strong>in</strong>e de richesses<br />

dans le grand canton de <strong>Bern</strong>e.<br />

Quand un América<strong>in</strong> ou un Japonais me<br />

demande où la Suisse est la plus belle, je lui<br />

réponds: «Va dans le canton de <strong>Bern</strong>e. Tu y<br />

trouveras en concentré toutes les beautés du<br />

pays. Il y a là-bas les plus beaux lacs, les plus<br />

charmantes vieilles villes, les plus sublimes<br />

sommets, les chem<strong>in</strong>s de fer les plus fous,<br />

les plus jolis chalets et les parois rocheuses<br />

les plus impressionnantes. On y trouve aussi<br />

des chevaux sauvages, des lynx, des loups,<br />

sans oublier une quantité d’ours - surtout<br />

en pa<strong>in</strong> d’épice. Et les produits typiquement<br />

suisses sont aussi fabriqués à <strong>Bern</strong>e, comme<br />

les meilleures montres, les meilleurs chocolats<br />

et les meilleurs fromages.»<br />

Et les <strong>Bern</strong>ois? Les gens? Je ne le dis pas volontiers,<br />

car nous, <strong>Bern</strong>ois, restons plutôt<br />

modestes. Mais nous sommes les Suisses les<br />

plus aimés. Sans doute parce que nous sommes<br />

les plus aimables. Entrez dans une pâtisserie<br />

ou une boutique de mode. Vous allez<br />

vous demander: «Pourquoi cette dame estelle<br />

si gentille avec moi? Elle me dit sept fois<br />

merci, demande quatre fois si tout va bien et<br />

me dit trois fois au revoir.»<br />

En fait, cela ne dérange pas les <strong>Bern</strong>ois qu’on<br />

dise d’eux qu’ils sont lents. Il est vrai qu’ils<br />

s’expriment de manière un peu plus pondérée<br />

que les Zurichois ou les Genevois. L’explication<br />

est toute simple: ils réfléchissent<br />

avant de parler. De plus, les rois ne s’agitent<br />

pas <strong>in</strong>utilement comme les fous, ils avancent<br />

à pas majestueux. Voilà le privilège des puissants.<br />

D’une certa<strong>in</strong>e façon, on perçoit chez<br />

les <strong>Bern</strong>ois qu’ils sont les descendants des<br />

nobles seigneurs et des riches paysans qui,<br />

jadis, régnaient sur une contrée s’étendant<br />

de Versoix à Baden; qui étaient respectés<br />

sur le plan <strong>in</strong>ternational comme une grande<br />

puissance; qui ont défait les Bourguignons<br />

et que seule l’histoire moderne a ramenés à<br />

leur taille d’aujourd’hui.<br />

Mais quand nous le voulons, nous pouvons<br />

tout à fait être aussi rapides que n’importe qui:<br />

les ours courent vite malgré leur apparence.<br />

A la lutte, par exemple, les <strong>Bern</strong>ois envoient<br />

leurs adversaires au tapis à la vitesse de l’éclair.<br />

Et la course de ski la plus folle se déroule<br />

chaque année au Lauberhorn. Mais voilà que<br />

je commence à exagérer avec mes louanges,<br />

en contradiction avec ma retenue toute bernoise.<br />

Donc, j’arrête là et je vous laisse aller<br />

vous en conva<strong>in</strong>cre par vous-même. ■<br />

«Va dans le<br />

canton de <strong>Bern</strong>e.<br />

Tu y trouveras<br />

en concentré<br />

toutes les beautés<br />

de la Suisse»<br />

PETER ROTHENBÜHLER<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

3


SOMMAIRE<br />

La glace en feu<br />

Pas mo<strong>in</strong>s de trois clubs bernois évoluent en National League<br />

de hockey. Visite chez le champion de Suisse,<br />

le CP <strong>Bern</strong>e, les Tigers du HC Langnau et le HC Bienne<br />

Page 12<br />

Un champion nommé Beat Feuz<br />

Le champion du monde de descente, orig<strong>in</strong>aire de<br />

l’Emmental, explique ses objectifs pour la saison à venir<br />

et dévoile ses pistes préférées<br />

Page 20<br />

Retour vers le passé<br />

Chaque année au début du mois de janvier,<br />

le village de Kandersteg sort ses atours Belle Epoque<br />

et retourne au siècle dernier<br />

Page 24<br />

Nuits caliente<br />

Les clubs bernois sont mo<strong>in</strong>s tape-à-l’œil que ceux<br />

de Zurich, mais ils assurent, côté ambiance. Nos meilleures<br />

adresses pour les noctambules<br />

Page 30<br />

Un, deux, trois soleil!<br />

Jürg Klopfenste<strong>in</strong> est un peu le Monsieur Météo<br />

du doma<strong>in</strong>e de Lenk. Ses observations en bärndütsch sur<br />

l’état des pistes font le bonheur des Youtubeurs<br />

Page 32<br />

Le bonheur de voler<br />

Sauvetages ou transports de marchandises,<br />

Julie May sillonne le ciel de l’Oberland bernois en hélico.<br />

Rencontre avec une jeune pilote passionnée<br />

Page 34<br />

Descente d’enfer<br />

Chaque année, 2000 skieurs s’élancent du Schilthorn pour<br />

une folle descente vers la vallée. Reportage sur<br />

la plus grande course de ski pour amateurs du monde<br />

Page 40<br />

Un abo, quatre doma<strong>in</strong>es<br />

Le nouveau forfait de ski Top4 permet l’accès<br />

à toutes les remontées mécaniques des quatre plus grands<br />

doma<strong>in</strong>es de ski bernois. A un prix imbattable<br />

Page 44<br />

PHOTOS: TOMAS WÜTHRICH (4), EPHRAIM BIERI, RUBEN SPRICH, ZVG<br />

4<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


44 12<br />

20<br />

32<br />

40<br />

34<br />

24


POINTS FORTS<br />

Glisse, fondue<br />

en igloo et magie<br />

blanche<br />

Paradis du ski de piste et de fond, le canton aux mille facettes<br />

s’impose comme une dest<strong>in</strong>ation hivernale phare. Avec des offres<br />

pour tous les goûts, repas à la neige compris<br />

LUKAS TOBLER<br />

6<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


Hop Suisse à Adelboden<br />

Quand les meilleurs spécialistes de slalom et de slalom géant<br />

luttent pour leurs po<strong>in</strong>ts en Coupe du monde, le suspense<br />

est <strong>in</strong>soutenable pour les plus de 40 000 spectateurs massés<br />

aux abords de la piste du Chuenisbärgli, à Adelboden.<br />

Cette saison, le spectacle aura lieu les 6 et 7 janvier,<br />

et tout le village s’y prépare déjà. Une sema<strong>in</strong>e plus tard,<br />

ce sera au tour de Wengen d’accueillir la descente de Coupe<br />

du monde sur la célébrissime piste du Lauberhorn, où l’on a à pe<strong>in</strong>e<br />

le temps de voir passer les skieurs qui s’envolent à 130 km/h.<br />

weltcup-adelboden.ch; lauberhorn.ch<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

7


Une ville de glace<br />

Pour la 4 e fois déjà, le centre d’Interlaken se métamorphose en<br />

village de glace. Durant le Magic Ice, qui déploiera ses fastes givrés<br />

du 16 décembre au 24 février, 3000 m 2 sont dévolus aux pat<strong>in</strong>eurs.<br />

«Mais Magic Ice n’est pas qu’une pat<strong>in</strong>oire, précise la responsable<br />

du projet, Iris Huggler. C’est avant tout une expérience.» Po<strong>in</strong>t fort<br />

de cet événement: les 450 mètres de pistes gelées qui relient<br />

la pat<strong>in</strong>oire pr<strong>in</strong>cipale à trois plus petites pour donner naissance<br />

à tout un réseau glacé où l’on glisse, se rencontre et s’amuse.<br />

icemagic.ch<br />

04<br />

Vers la f<strong>in</strong> du monde<br />

«Apocalypse - une f<strong>in</strong> sans f<strong>in</strong>»: tel est le titre de<br />

la première grande exposition temporaire du Musée<br />

d’histoire naturelle de <strong>Bern</strong>e. La question est vieille<br />

comme le monde, mais toujours d’une brûlante actualité,<br />

si l’on pense aux menaces qui pèsent sur notre planète.<br />

Cette exposition met en scène la manière de la gérer<br />

ensemble, et le courage qu’il faut pour y parvenir,<br />

selon des perspectives naturelles et culturelles. Elle a<br />

été réalisée en collaboration avec Mart<strong>in</strong> Heller, ancien<br />

directeur artistique d’Expo.02.<br />

nmbe.ch<br />

Half-pipes, trempl<strong>in</strong>s et acrobaties<br />

Amateurs d’acrobaties sur neige, le White Elements<br />

Snowpark de Gr<strong>in</strong>delwald vous attend. L’endroit<br />

comprend deux zones, parfaitement entretenues:<br />

l’une pour les débutants, l’autre pour les avancés.<br />

A la disposition des mordus, il y a encore un superpipe<br />

de 130 m de long. Les <strong>in</strong>frastructures conviennent<br />

aux plus téméraires, qui se confrontent à de<br />

spectaculaires obstacles, mais les mo<strong>in</strong>s aguerris<br />

en ont aussi pour leur argent. On peut également<br />

y admirer des champions comme Gian Simmen, qui<br />

ne sont jamais avares en brillantes démonstrations.<br />

white-elements.ch<br />

05<br />

8<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


03<br />

02<br />

Avec Trauffer, on dort gratis<br />

Trauffer est un artiste de musique traditionnelle de Brienz. En soutenant<br />

l’opération #CloserTo<strong>Bern</strong>, il met en lumière l’action menée par l’association<br />

BERN Hotels pour la réservation directe de chambres d’hôtel. Car les clients<br />

des établissements, bernois notamment, doivent le savoir: en Suisse, plus de<br />

70% des réservations de nuitées en ligne se fait désormais via Book<strong>in</strong>g.com.<br />

Autant dire que cette plate-forme est aujourd’hui quasi <strong>in</strong>contournable pour<br />

les hôteliers. Mais la commission demandée peut atte<strong>in</strong>dre jusqu’à 50% du<br />

tarif de la chambre. Avec les réservations directes, il n’y a plus de commissions<br />

à payer, et l’argent épargné peut être utilisé pour étoffer les offres<br />

à la clientèle. Ces six procha<strong>in</strong>s mois, BERN Hotels met en jeu 300 nuitées<br />

pour récompenser les clients qui réserveront leur chambre directement<br />

auprès de l’hôtel.<br />

closertobern.ch; bernplusmittelland.ch<br />

06<br />

Fabriquer soi-même du chocolat<br />

Qui n’aime pas le Ragusa ou le Tor<strong>in</strong>o? Les produits<br />

Camille Bloch appartiennent à l’ADN des Suisses,<br />

au même titre que l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau.<br />

Au nouveau Centre Visiteurs de Courtelary, dans le Jura<br />

bernois, un parcours <strong>in</strong>teractif sur l’histoire de la marque<br />

et une <strong>in</strong>itiation à la production comblent la faim de<br />

savoir des fans de chocolat. Ceux-ci sont aussi conviés<br />

à fabriquer leur tablette dans l’Atelier. Les gourmands ne<br />

repartiront pas sans passer par la boutique et le Bistrot.<br />

chezcamillebloch.swiss<br />

Chicanes pour fondeurs<br />

Beaucoup de sports riment avec esprit d’aventure.<br />

Pas le ski de fond. Cela pourrait changer avec une nouvelle<br />

discipl<strong>in</strong>e, le ski de fond cross, qui se pratique sur<br />

des pistes jalonnées de piquets de slalom, de chicanes<br />

et de virages. Alors qu’on discute encore pour savoir si cette<br />

variante de ski nordique doit figurer dans le catalogue<br />

des discipl<strong>in</strong>es de la Coupe du monde, Gstaad a ouvert<br />

la première piste. Elle s’étire sur 1,5 km à travers Schönried<br />

et entraîne les skaters hors de leur zone de confort,<br />

tout en changeant notre regard sur le ski de fond.<br />

gstaad.ch<br />

07<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

9


10<br />

08<br />

Confisqué, vendu, exposé<br />

En 2014, le Musée des beaux-arts de <strong>Bern</strong>e apprenait que<br />

le collectionneur d’art Cornelius Gurlitt l’avait choisi comme légataire.<br />

La nouvelle avait suscité une vague de réactions, car parmi les<br />

1500 tableaux de maîtres, figuraient beaucoup d’œuvres spoliées<br />

par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Sous le titre<br />

«Collection Gurlitt, état des lieux «L’art dégénéré» - confisqué<br />

et vendu», le musée bernois présente une partie de la collection:<br />

des œuvres majeures du symbolisme, de l’expressionnisme,<br />

du constructivisme ou de la Nouvelle Objectivité.<br />

kunstmuseumbern.ch<br />

09<br />

Libre accès à toutes les pistes<br />

666 kilomètres de pistes pour 666 francs, soit 1 franc le kilomètre. Cette<br />

offre est le fruit d’un accord entre les quatre plus grands doma<strong>in</strong>es skiables<br />

bernois - Adelboden-Lenk, Meir<strong>in</strong>gen-Hasliberg, Gstaad et Jungfrau Ski Region.<br />

Avec leur abonnement Top4, les clients auront accès, durant toute la saison,<br />

à l’ensemble des pistes de ces endroits extraord<strong>in</strong>aires. «Notre clientèle<br />

recherche de plus en plus le changement en sortant de ses pistes habituelles»,<br />

explique Patrizia Bickel, responsable de communication aux chem<strong>in</strong>s de fer<br />

de la Jungfrau. L’offre comprend également un rabais de 33% dans certa<strong>in</strong>s<br />

hôtels de la région. Les enfants paient 333 francs, les ados 499 francs.<br />

top4.ski<br />

10<br />

MADE IN BERN<br />

PHOTOS: FRESHFOCUS.CH, SWISS-IMAGES.CH, KUNSTMUSEUM BERN, ZVG


Fromage chaud dans le froid<br />

La fondue, c’est toujours bon. Qu’on soit à l’auberge, à bord d’une<br />

calèche ou dans un igloo! A Adelboden, dans le plus grand restaurant<br />

sous igloo d’Europe, 200 personnes peuvent tremper leur pa<strong>in</strong> dans le<br />

caquelon à la lueur des bougies. A la Lenk, l’Hôtel Simmenhof propose<br />

à ses hôtes de déguster la fondue à bord d’une calèche, le temps d’une<br />

balade sur fond de stalactites et de mugissements des chutes de<br />

la Simme. Les urba<strong>in</strong>s en quête d’exotisme ont rendez-vous à <strong>Bern</strong>e,<br />

à l’Hôtel Innere Enge, où le mets est servi dans une yourte (chauffée).<br />

made<strong>in</strong>bern.com/fondue-fr


HOCKEY SUR GLACE<br />

L’âge de glace<br />

<strong>Bern</strong>e est le fief européen du hockey. Avec le CP <strong>Bern</strong>e,<br />

les Langnau Tigers et le HC Bienne, le canton compte trois clubs<br />

de po<strong>in</strong>te dans la plus haute ligue. En plus, le premier détient<br />

le record du nombre de spectateurs de tout le cont<strong>in</strong>ent<br />

ERIK BRÜHLMANN (TEXTES) ET EPHRAIM BIERI (PHOTOS)<br />

12<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


Nombre de spectateurs record: avec 16 000 personnes en moyenne,<br />

la PostF<strong>in</strong>ance Arena est la pat<strong>in</strong>oire la plus fréquentée d’Europe<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

13


Supporters fidèles et ambiance bon enfant: les familles sont aussi<br />

les bienvenues aux matches du CP <strong>Bern</strong>e à la PostF<strong>in</strong>ance Arena<br />

Le rythme est soutenu pendant la séance<br />

d’entraînement des Ours du CP <strong>Bern</strong>e: entre<br />

box-play et successions d’offensives rapides<br />

le long de la bande, les hockeyeurs du club<br />

champion en titre de National League fendent<br />

l’air, pestent quand ils ratent leur fe<strong>in</strong>te,<br />

saluent les belles actions à coups de crosse<br />

sur la glace. Leur objectif de la saison c’est de<br />

défendre leur titre, et pour y arriver, ils donnent<br />

tout ce qu’ils ont.<br />

Pourtant, l’ambiance reste étonnamment<br />

calme dans la pat<strong>in</strong>oire, au cœur de la<br />

PostF<strong>in</strong>ance Arena de <strong>Bern</strong>e. Plutôt que de<br />

hurler leurs consignes, l’entraîneur Kari Jalonen<br />

et son équipe de coach<strong>in</strong>g observent,<br />

discutent, appellent l’un ou l’autre joueur.<br />

Une sérénité f<strong>in</strong>landaise, due aux orig<strong>in</strong>es<br />

du chef? «Pas du tout, explique Jalonen.<br />

C’est tout simplement ma philosophie, celle<br />

selon laquelle le hockey sur glace dépend des<br />

joueurs et non des coaches.» L’homme qui<br />

a mené le CP <strong>Bern</strong>e jusqu’au titre de champion,<br />

dès sa première année en fonction, a<br />

rapidement saisi l’importance du club pour<br />

Si nous voulons<br />

que les fans nous<br />

soutiennent à fond,<br />

nous devons être<br />

prêts à tout donner<br />

<strong>Bern</strong>e. «Je n’ai qu’une saison derrière moi,<br />

mais j’ai tout de suite saisi à quel po<strong>in</strong>t le CP<br />

<strong>Bern</strong>e est important ici. C’est vraiment particulier<br />

de savoir que toute la ville, ou pres-<br />

que, nous encourage.» Outre l’organisation<br />

parfaitement rodée du club - des tout-petits<br />

jusqu’aux pros - c’est aussi ce soutien qui a<br />

fait des Ours l’un des plus grands clubs de<br />

hockey sur glace d’Europe.<br />

Un soutien populaire qui se mérite, tient<br />

à souligner Kari Jalonen: «Si nous voulons<br />

que les supporters nous soutiennent à fond,<br />

nous devons être prêts à tout donner pendant<br />

un match.» Et à ce jeu-là, le CP <strong>Bern</strong>e<br />

est quasi imbattable.<br />

Est-ce à cause de cet engouement populaire<br />

que le F<strong>in</strong>landais a accepté de coacher<br />

le CP <strong>Bern</strong>e? «C’était plutôt un heureux<br />

hasard», explique-t-il. Avant d’arriver à<br />

<strong>Bern</strong>e, Jalonen avait remporté divers championnats<br />

en tant qu’entraîneur, en F<strong>in</strong>lande<br />

et en France, et décroché l’argent aux championnats<br />

du monde avec l’équipe nationale<br />

f<strong>in</strong>landaise, en 2016. «Mais à ce niveau, le<br />

14<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


HOCKEY SUR GLACE<br />

Le défenseur<br />

Beat Gerber:<br />

«Jouer<br />

pour le grand<br />

CP <strong>Bern</strong>e,<br />

c’était un rêve<br />

d’enfant»<br />

DES PETITS<br />

DANS LA<br />

SALLE DES<br />

GRANDS<br />

contact quotidien avec les joueurs me manquait»,<br />

confie le coach. Lui qui n’avait jamais<br />

travaillé en Suisse, demande alors à son<br />

agent de s’<strong>in</strong>téresser à notre pays. «Quand<br />

l’offre de <strong>Bern</strong>e est arrivée, je savais que nous<br />

visions la même chose. Ma<strong>in</strong>tenant, je dois<br />

relever le défi que j’attendais: évoluer toujours<br />

dans le haut du panier, célébrer les succès<br />

et défendre notre place.»<br />

Malgré cette réussite, l’entraîneur peut<br />

toujours se promener presque <strong>in</strong>cognito en<br />

ville: «Quelquefois on me reconnaît dans la<br />

rue, raconte Kari Jalonen, mais les <strong>Bern</strong>ois<br />

sont des gens très respectueux. Ils me laissent<br />

être l’un des leurs sans forcément se ruer<br />

sur moi.»<br />

Le défenseur Beat Gerber, qui porte<br />

les couleurs du CP <strong>Bern</strong>e depuis 2003, est<br />

l’un des piliers de la sucess story du club bernois.<br />

«J’ai grandi près de Thoune, jouer pour<br />

le grand CP, c’est réaliser un rêve d’enfant»,<br />

explique-t-il. Autant dire qu’il n’hésite pas<br />

longtemps, le jour où, défenseur au Langnau,<br />

il reçoit l’offre des Ours. Les supporters<br />

lui en ont-ils voulu de passer chez les rivaux<br />

cantonaux? «Ils en ont parlé pendant un<br />

moment», se rappelle Beat Gerber, 35 ans<br />

aujourd’hui. Mais ils se sont rapidement<br />

réjouis que le joueur ait la possibilité de remporter<br />

plus de victoires avec <strong>Bern</strong>e qu’avec<br />

les Tigers - une opportunité que Beat Gerber<br />

a su saisir en décrochant c<strong>in</strong>q titres et une<br />

coupe avec les Ours.<br />

Malgré les années, le défenseur avoue<br />

être toujours aussi impressionné par l’ambiance<br />

qui règne dans la PostF<strong>in</strong>ance Arena<br />

les jours de match: «Ce mur de supporters,<br />

c’est vraiment unique en Suisse, en Europe<br />

et peut-être même dans le monde. Sortir de<br />

la cab<strong>in</strong>e par la fosse aux ours, entendre ton<br />

nom et faire ton entrée, c’est un moment absolument<br />

<strong>in</strong>croyable!» Le CP <strong>Bern</strong>e a encore<br />

battu le record du nombre de spectateurs la<br />

saison dernière: ils étaient en moyenne 16<br />

566 à assister aux rencontres à domicile, faisant<br />

de la glace bernoise la pat<strong>in</strong>oire couverte<br />

le plus fréquentée d’Europe pour la seizième<br />

saison consécutive.<br />

Au rang des fidèles du club se trouve le<br />

conseiller national PLR Christian Wasserfallen.<br />

Lui-même court parfois après le puck<br />

durant son temps libre. «J’étais à l’école primaire<br />

quand mon père m’a emmené pour<br />

Ce mur de<br />

supporters, c’est<br />

unique en Suisse et<br />

dans toute l’Europe<br />

la première fois sur les grad<strong>in</strong>s, aux places<br />

debout , se souvient-il. Il suffit d’y aller une<br />

fois pour être pris par le virus.» Mais le CP<br />

<strong>Bern</strong>e n’est pas qu’une affaire de divertissement,<br />

c’est aussi du bus<strong>in</strong>ess. «L’Energie<br />

Lounge de la PostF<strong>in</strong>ance Arena est LE lieu<br />

de rendez-vous pour réseauter rapidement à<br />

<strong>Bern</strong>e», explique le politicien. Le tout-<strong>Bern</strong>e<br />

des PME s’y presse à chaque match. Quant<br />

aux places assises, elles rassemblent géné-<br />

<br />

Le grand CP <strong>Bern</strong>e n’est pas<br />

le seul club de hockey<br />

sur glace à jouer à domicile<br />

à la PostF<strong>in</strong>ance Arena.<br />

C’est aussi là qu’évolue<br />

le HC <strong>Bern</strong> Altstadt, moyennant<br />

quelque 800 francs de<br />

location par match. «Sauf<br />

que nos rencontres à nous<br />

ne se jouent pas toujours<br />

à guichets fermés», s’amuse<br />

son président, Peter<br />

Peter<br />

Lohri<br />

Lohri. Entre 50 et 100 supporters<br />

suivent les matches<br />

du club, fondé en 2010 par<br />

des hockeyeurs qui ne pouvaient<br />

ou ne voulaient plus<br />

jouer dans d’autres clubs<br />

bernois de catégorie <strong>in</strong>férieure.<br />

On y voit évoluer<br />

des figures connues,<br />

par exemple les deux fils<br />

de l’ancien joueur du CP<br />

<strong>Bern</strong>e, Rolf Mäusli. Le club<br />

a débuté sur les chapeaux<br />

de roue, remportant son<br />

premier match officiel sur<br />

le score de... 47 à 1, et se<br />

hissant jusqu’en 3 e ligue<br />

dès sa première saison.<br />

«Soyons réalistes: nous<br />

n’irons pas plus lo<strong>in</strong>, admet<br />

Peter Lohri. Arriver en<br />

2 e ligue suppose d’avoir<br />

des moyens f<strong>in</strong>anciers<br />

bien plus importants et<br />

une section juniors, ce que<br />

le club n’a pas.»<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

15


HOCKEY SUR GLACE<br />

ralement toutes les couches sociales, unies<br />

par leur fasc<strong>in</strong>ation pour le club. «Quand on<br />

devient champion à domicile et que les supporters<br />

se mettent à hurler au coup de sirène<br />

f<strong>in</strong>al, ce sont les frissons garantis!»<br />

Depuis les excès de la f<strong>in</strong>ale entre Lugano<br />

et les ZSC Lions, en 2001, tous les clubs des<br />

divisions supérieures doivent employer un<br />

responsable des supporters, qui fait le lien<br />

entre le club et ses fans. Au CP <strong>Bern</strong>e, ce rôle<br />

revient à Su Elsener et à Simon Glutz. «Nous<br />

nous occupons surtout des 26 fan-clubs officiels<br />

et des ultras», explique la première.<br />

Tous deux exam<strong>in</strong>ent les problèmes et les<br />

préoccupations des supporters et du club, se<br />

procurent les billets pour les matches en extérieur,<br />

aident les supporters pour leurs chorégraphies<br />

et veillent à ce que leur matériel<br />

soit correctement entreposé durant la saison.<br />

Pour f<strong>in</strong>ir, une petite boutique d’articles à<br />

l’effigie du club est à disposition des fans af<strong>in</strong><br />

d’entretenir la flamme.<br />

Ce tra<strong>in</strong> de mesures aide-t-il à mettre<br />

un po<strong>in</strong>t f<strong>in</strong>al aux débordements? Pour Su<br />

Elsener et Simon Glutz, cela marche selon<br />

le pr<strong>in</strong>cipe du «donner et recevoir», et<br />

repose sur la confiance mutuelle. Par exemple,<br />

les supporters jouissent d’une vaste liberté:<br />

ils sont autorisés à préparer leur chorégraphie<br />

au calme et à entrer dans la halle avant<br />

les autres. La clé, c’est de cerner les tensions<br />

et les problèmes avant qu’ils dégénèrent.<br />

«Il est donc important, surtout pour les<br />

matches les plus houleux, de prendre le<br />

pouls de public et de discuter avec les supporters,<br />

qui nous connaissent bien ma<strong>in</strong>tenant»,<br />

explique Simon Glutz.<br />

Les échanges avec les conseillers de supporters<br />

des autres clubs sont également très<br />

utiles. Tout l’art consiste à créer le cadre permettant<br />

de vivre sere<strong>in</strong>ement la rivalité entre<br />

les deux équipes qui s’affrontent sur la glace.<br />

Y parviennent-ils toujours dans le chaudron<br />

de <strong>Bern</strong>e? «Absolument, répondent en<br />

chœur Su Elsener et Simon Glutz. Les familles<br />

peuvent venir assister aux matches sans<br />

aucune cra<strong>in</strong>te.»<br />

A Langnau, c’est à la Ilfishalle que jeunes<br />

et mo<strong>in</strong>s jeunes encouragent leurs Tigers.<br />

Lors du match <strong>in</strong>augural de début de saison<br />

contre les ZSC Lions, le club, qui menait 3-0<br />

La seule véritable<br />

exigence des<br />

supporters des<br />

Langnau Tigers est<br />

qu’ils donnent tout<br />

après une demi-heure de jeu, créant l’effervescence<br />

dans la salle, avait subi l’égalisation<br />

au coup de sirène f<strong>in</strong>al. Les Lions zurichois<br />

avaient alors sorti leurs griffes et montré<br />

les dents durant tout le temps des prolongations,<br />

puis marqué le but de la victoire,<br />

mettant f<strong>in</strong> aux rêves de Langnau: remporter<br />

le premier match comme depuis presque<br />

dix ans. Même avec un: «Tout est possible!»<br />

ple<strong>in</strong> d’espoir, lancé par Stefan Hofstetter<br />

avant le coup d’envoi, la rencontre n’aura pas<br />

créé la surprise...<br />

A 33 ans, Hofstetter est président de<br />

la section Schlachthauskurve («virage de<br />

l’abattoir»), un groupe de supporters mo<strong>in</strong>s<br />

martial que son nom pourrait le laisser entendre.<br />

«Nous sommes un simple fan-club,<br />

pas des ultras, nous nous opposons à toute<br />

forme de violence et d’agressivité.» Avec<br />

quelques bénévoles, la section a organisé,<br />

avant ce premier match, une chorégraphie<br />

d’adieux en l’honneur de la légende des<br />

Tigers, Adrian «Ädu» Gerber, et brandi une<br />

gigantesque bannière. «On s’implique vraiment»,<br />

explique le président.<br />

Sa section est associée à la plupart des<br />

autres fan-clubs de Langnau, sous la direction<br />

de Mart<strong>in</strong> Leuenberger, un agriculteur<br />

et menuisier qui soutient le club depuis<br />

toujours. «Toute ma famille est fan de<br />

Langnau», explique-t-il en ajoutant que le<br />

milieu des supporters coopère étroitement<br />

avec le club. «Nous le représentons jusqu’à<br />

un certa<strong>in</strong> po<strong>in</strong>t lors des fêtes et autres événements,<br />

et nous mobilisons des bénévoles<br />

quand il y a quelque chose à faire.» Tout<br />

cela, bien entendu, en contact étroit avec le<br />

service de sécurité.<br />

Au sujet de la sécurité, justement, Mart<strong>in</strong><br />

Leuenberger précise: «Nous promouvons<br />

un soutien actif au club, mais pacifique.» La<br />

section, cont<strong>in</strong>ue-t-il, désavoue la violence<br />

et l’utilisation d’objets pyrotechniques ou représentant<br />

un danger quelconque. Du coup,<br />

les supporters de Langnau ont bonne réputation<br />

dans toute la Suisse et sont toujours<br />

reçus avec plaisir dans les stades. «Ce sont<br />

des supporters de bonne volonté et constructifs»,<br />

confirme Bruno Wüthrich, coprésident<br />

du fan-club SCL Tigers. «Il existe toujours<br />

des sources de friction, mais nous ne pouvons<br />

vraiment pas nous pla<strong>in</strong>dre.»<br />

16<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


Fans à 200%: maillots et mascottes sont disponibles au fan-shop. Stefan Hofstetter,<br />

capita<strong>in</strong>e de la section «abattoir» (en haut), crée l’ambiance pour ses Langnau Tigers<br />

Fondé en 1979, le club compte parmi les<br />

plus importants dans le monde du hockey<br />

sur glace en Suisse, en affichant quelque 700<br />

membres. Ceux-ci sont toutefois peu visibles<br />

dans les grad<strong>in</strong>s. Car, s’ils participent aux<br />

déplacements en extérieur organisés par le<br />

fan-club, ces «membres silencieux», comme<br />

les appelle le journaliste Bruno Wüthrich, ne<br />

sont pas des fous de l’action. D’ailleurs, nul<br />

beso<strong>in</strong> de se rendre au stade pour obtenir les<br />

<strong>in</strong>formations et les comptes rendus de matches:<br />

Bruno Wüthrich publie le «Fantiger»,<br />

véritable m<strong>in</strong>e d’<strong>in</strong>formations sur les Tigers,<br />

en version numérique et, plusieurs fois par<br />

année, en version papier.<br />

Retour sur le début de saison des Tigers.<br />

Voir son équipe perdre un match après avoir<br />

mené 3-0 pourrait déboussoler n’importe<br />

quel supporter, mais les responsables de<br />

Langnau savent à quel po<strong>in</strong>t il est difficile<br />

pour eux de tenir tête aux favoris. «Le défi,<br />

c’est d’obtenir un résultat avec les moyens<br />

du bord. Parfois, j’y arrive», explique Jörg<br />

Reber, directeur sportif du club. Ancien<br />

Ce n’est pas pour<br />

rien que l’Emmental<br />

a été surnommé le<br />

«Hockey Country»<br />

défenseur à Langnau, à Bienne et au CP<br />

<strong>Bern</strong>e, il est chargé de la composition de<br />

l’équipe et de la formation de la relève. Comment<br />

fait-il pour attirer des bons joueurs<br />

dans l’Emmental? «L’argent ne suffit pas,<br />

parce que nous ne disposons pas des mêmes<br />

ressources f<strong>in</strong>ancières que d’autres clubs»,<br />

répond-il en précisant que les Tigers ont<br />

d’autres choses à offrir, comme le temps de<br />

glace: «Certa<strong>in</strong>s joueurs de grands clubs sont<br />

frustrés de ne pas pouvoir pratiquer autant<br />

qu’ils le voudraient. Ce temps de glace qui<br />

leur manque, ils le trouvent chez nous.» Mais<br />

d’expérience, le directeur sportif ne cache<br />

pas qu’au-delà de la performance sportive,<br />

l’aspect f<strong>in</strong>ancier reste important et il comprend<br />

que certa<strong>in</strong>s joueurs choisissent de<br />

rejo<strong>in</strong>dre d’autres clubs que le sien. «Même si<br />

nous avons atte<strong>in</strong>t un certa<strong>in</strong> niveau sportif<br />

et économique, composer les équipes relève<br />

chaque année du parcours du combattant.»<br />

D’après lui, c’est la cohésion qui fait la<br />

force des Tigers, dans les bons comme dans<br />

les mauvais moments. «Même quand Langnau<br />

était en première ligue, il y avait encore<br />

4000 supporters aux matches.» Il ajoute que<br />

<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

17


Une pat<strong>in</strong>oire ultramoderne: la Tissot Arena de Bienne, construite pour 77 millions de<br />

francs, a été <strong>in</strong>augurée il y a deux ans. Le complexe comprend aussi un stade de football<br />

cet <strong>in</strong>vestissement important des habitants<br />

de la région est unique et que les supporters<br />

du club sont aussi fidèles qu’<strong>in</strong>dulgents. Les<br />

derbies cantonaux, qui déchaînent particulièrement<br />

les passions, en sont la preuve la<br />

plus visible. «Tout ce que les fans demandent,<br />

c’est que l’équipe donne tout ce qu’elle<br />

peut.» Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que<br />

l’Emmental est surnommé le «Hockey Country»...<br />

Le troisième grand club du canton de <strong>Bern</strong>e<br />

a élu domicile à Bienne. Lui aussi a de<br />

bons atouts à faire valoir: une nouvelle halle,<br />

une équipe jeune et conquérante, et des dirigeants<br />

ambitieux. Jonas Hiller en est l’un<br />

des joueurs phares. Interrogé sur ses connaissances<br />

en français, il affirme en souriant:<br />

«Je m’en sors plutôt bien.» Mais ce n’est certa<strong>in</strong>ement<br />

pas le bil<strong>in</strong>guisme qui a poussé le<br />

gardien à signer avec le HC Bienne en 2016,<br />

après être passé par Lausanne, Davos, Anaheim<br />

et Calgary. «C’était un tout, explique<br />

l’ancien gardien de NHL. Ma femme vient<br />

du canton de <strong>Bern</strong>e et c’est impossible de<br />

«Ici, c’est Bienne!»:<br />

Ce cri a pratiquement<br />

été adopté comme<br />

devise du club<br />

s’ennuyer ici.» Si ce transfert à prix d’or fait,<br />

à l’évidence, peser une pression considérable<br />

sur les épaules, certes solides, du hockeyeur,<br />

la dernière saison a été un franc succès pour<br />

le joueur et le HC Bienne, qui s’est hissé jusqu’aux<br />

play-off, avant que l’aventure s’arrête<br />

dès le premier tour, précisément face aux rivaux<br />

locaux du CP <strong>Bern</strong>e.<br />

Pour Jonas Hiller, la passion de Bienne<br />

pour le HCB, et l’importance que l’équipe a<br />

pour la ville sont <strong>in</strong>déniables, surtout «ma<strong>in</strong>tenant<br />

que le club de foot est relégué en deuxième<br />

ligue». Un coup d’œil à la liste des donateurs<br />

démontre à merveille à quel po<strong>in</strong>t le<br />

club est ancré dans la région. De l’épicier à la<br />

fiduciaire en passant par le pharmacien, d’<strong>in</strong>nombrables<br />

donateurs apportent leur petite<br />

contribution f<strong>in</strong>ancière, offrant au club près<br />

de 3,4 millions de francs par année.<br />

«Dans ma jeunesse, j’ai partagé les heures<br />

de gloire du HCB depuis les grad<strong>in</strong>s aux places<br />

debout», se rappelle le dentiste Alex Gestach,<br />

donateur depuis quatorze ans. Même<br />

son de cloche chez Christoph Müller, qui<br />

travaille à l’Hôtel-Restaurant Krone, à Aarberg:<br />

«Toute petite, ma femme assistait déjà<br />

18<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


HOCKEY SUR GLACE<br />

De Calgary à Bienne: Jonas Hiller est<br />

gardien du HC Bienne depuis l’an dernier<br />

aux matches du HC Bienne avec son père.<br />

Mon fils est également un grand fan, donc<br />

pendant la saison, le hockey sur glace est<br />

notre sortie familiale hebdomadaire.» Pour<br />

lui, soutenir le club f<strong>in</strong>ancièrement est une<br />

affaire de cœur. «En fait, c’est un échange.<br />

Les joueurs, eux, sont déjà venus plusieurs<br />

fois dans notre établissement.»<br />

Bienne est une ville bil<strong>in</strong>gue, et les chants<br />

des supporters ne font pas exception à la<br />

règle. «C’est une particularité qui s’exprime<br />

aussi sur la glace», confie Jonas Hiller. Le<br />

fameux cri de ralliement: «Ici, c’est Bienne!»<br />

a même pratiquement été adopté comme<br />

devise du club. La langue est-elle utilisée<br />

comme une arme? Le français quand tout<br />

se passe bien et l’allemand quand ça sent le<br />

roussi? «On ne se pose pas ce genre de questions<br />

pendant un match. Nous voulons juste<br />

soutenir l’équipe, en chantant simplement ce<br />

que l’un ou l’autre entonne, explique N<strong>in</strong>o<br />

Rovati, supporter de Bienne depuis toujours<br />

et président depuis qu<strong>in</strong>ze ans du fan-club<br />

Seeschwalbe, fondé en 1990. Nous sommes<br />

perçus comme un club de vieux messieurs,<br />

parce que nous demandons au HC Bienne<br />

de nous réserver des places assises, plutôt<br />

que de rester debout.» La structure d’âge<br />

du club dément toutefois cette réputation :<br />

«Nos 350 membres ont entre 3 et 85 ans.»<br />

Le siège du club, situé non lo<strong>in</strong> de la gare,<br />

a des allures de musée du hockey. Il foisonne<br />

de témoignages de l’histoire du HC Bienne,<br />

dont de nombreux fanions et autres souvenirs<br />

laissés par les équipes adverses. Aucune<br />

trace, en revanche, du CP <strong>Bern</strong>e: «Bienne et<br />

le CP <strong>Bern</strong>e, c’est <strong>in</strong>compatible, explique<br />

N<strong>in</strong>o Rovati. Cela n’a rien à voir avec une<br />

quelconque rivalité cantonale; nous nous<br />

entendons très bien avec les supporters de<br />

Langnau, que nous retrouvons pour boire un<br />

pot avant et après les matches.»<br />

Mais avec le CP <strong>Bern</strong>e, c’est une toute<br />

autre paire de manches. «Le scénario est toujours<br />

le même: nous perdons nos matches<br />

contre eux et ils nous achètent nos meilleurs<br />

Tout ce que nous<br />

voulons, c’est soutenir<br />

notre HC Bienne et<br />

le voir gagner<br />

joueurs», soupire le supporter de Bienne, qui<br />

reconnaît toutefois les bonnes performances<br />

des Ours. Mais ce n’est qu’une ombre au tableau<br />

pour ce membre d’un fan-club actif et<br />

paisible. «Au fond, tout ce que nous voulons<br />

c’est passer de bons moments, soutenir notre<br />

HC Bienne et le voir gagner.»<br />

■<br />

PATINOIRES<br />

BERNOISES<br />

POSTFINANCE ARENA<br />

Equipe à domicile: CP <strong>Bern</strong>e<br />

Capacité: 17 031 places<br />

Inauguration: 1967<br />

La plus grande pat<strong>in</strong>oire du<br />

canton a accueilli les Mondiaux<br />

en 1971 et 1990. En 2002,<br />

sa capacité est passée à<br />

16 000 places. Elle a de nouveau<br />

été rénovée (105 millions<br />

de francs), pour les Championnats<br />

du monde de 2009. Post-<br />

F<strong>in</strong>ance s’est assuré les droits<br />

sur le nom jusqu’en 2023.<br />

ILFISHALLE<br />

Equipe à domicile: HC Langnau<br />

Capacité: 6000<br />

Inauguration: 1975<br />

La Ilfishalle - qui tient son nom<br />

de la rivière Ilfis - a été construite<br />

sur la pat<strong>in</strong>oire de Langnau,<br />

qui datait de 1959. Elle<br />

a été couverte en 1975, puis<br />

entièrement rénovée en 2012<br />

pour quelque 33 millions de<br />

francs. Elle accueille les Tigers,<br />

mais aussi les SCL Young<br />

Tigers et le SC Konolf<strong>in</strong>gen.<br />

IN A NUTSHELL<br />

<strong>Bern</strong>’s frosty passion<br />

The Canton of <strong>Bern</strong> is the ice hockey<br />

capital of Europe. Not only is it trebly<br />

represented <strong>in</strong> Switzerland’s premier<br />

league with the SC <strong>Bern</strong>, SC Langnau<br />

Tigers and EHC Biel, the SC <strong>Bern</strong> also<br />

attracts the largest crowds on the<br />

entire cont<strong>in</strong>ent. More than 16,000<br />

fans on average flock to the SCB<br />

home games. The side are also the<br />

reign<strong>in</strong>g Swiss champions. Kari Jalonen<br />

took them to the top <strong>in</strong> his very<br />

first year as head coach. The former<br />

coach of the F<strong>in</strong>nish national team<br />

was greatly impressed by the strong<br />

role that ice hockey plays <strong>in</strong> Switzerland’s<br />

capital: «It’s really quite special<br />

to see how practically the whole city<br />

supports us.» Even the smaller teams<br />

<strong>in</strong> Langnau and Biel/Bienne have<br />

no shortage of spectators. The<br />

SCL Tigers boast one of the largest<br />

hockey fan clubs <strong>in</strong> Switzerland.<br />

TISSOT ARENA<br />

Equipe à domicile: HC Bienne<br />

Capacité: 6500<br />

Inauguration: 2015<br />

Jusqu’en 1973, le HC Bienne<br />

jouait sur une glace non couverte.<br />

Avec la Tissot Arena,<br />

un complexe à 77 millions de<br />

francs où il a pris ses quartiers<br />

en 2015, le club évolue dans<br />

l’une des pat<strong>in</strong>oires les plus<br />

modernes de Suisse. Le lieu<br />

abrite aussi le stade du FC Biel-<br />

Bienne et une halle de curl<strong>in</strong>g.<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

19


Sa plus belle<br />

victoire: en janvier<br />

dernier à Sa<strong>in</strong>t-Moritz,<br />

Beat Feuz a remporté<br />

le titre de champion du<br />

monde de descente<br />

20<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


INTERVIEW<br />

«Nos montagnes<br />

sont fantastiques!»<br />

Il brillait déjà sur les pistes de ski quand il courait chez les juniors. Pour Beat Feuz,<br />

la consécration est venue l’année dernière avec son titre de champion du monde de descente<br />

ERIK BRÜHLMANN (TEXTES) ET RUBEN SPRICH (PHOTOS)<br />

Vous êtes né à Schangnau, dans<br />

l’Emmental. Savoir skier, c’est <strong>in</strong>né<br />

quand on vient de cette région?<br />

Plus ou mo<strong>in</strong>s. En tout cas, c’est ce que je<br />

pensais à l’époque. Faire du ski, cela faisait<br />

partie du quotidien.<br />

Quels souvenirs gardez-vous<br />

de votre enfance sur les skis?<br />

À quatre ans, j’ai participé à ma toute première<br />

compétition avec mes parents. Comme je<br />

tombais tout le temps, je me suis découragé<br />

très vite. Après une énième chute, j’en ai eu<br />

vraiment ras le bol: je me suis couché dans<br />

la neige et j’ai refusé de cont<strong>in</strong>uer. Heureusement,<br />

il n’y a aucune photo de ce moment!<br />

Et puis, un jour, vous réussissez à tenir sur<br />

vos skis et même à devenir le plus rapide.<br />

Quand j’étais gam<strong>in</strong>, les gens, dans mon entourage,<br />

disaient que j’avais un certa<strong>in</strong> don<br />

pour le ski. Je faisais de très bons temps lors<br />

des courses organisées par l’école, même face<br />

à des concurrents plus âgés. Mes parents<br />

m’ont donc encouragé à cont<strong>in</strong>uer.<br />

Ils auraient pu souhaiter que vous choisissiez<br />

un «vrai» métier?<br />

C’est clair qu’ils pensaient tous les deux<br />

que je devais avoir un métier à côté du ski,<br />

a fortiori parce que je n’avais pas l’<strong>in</strong>tention<br />

d’<strong>in</strong>tégrer une école de sport. J’ai donc décidé<br />

de m’orienter vers le métier de maçon et<br />

j’ai trouvé une place d’apprentissage chez un<br />

patron de la région...<br />

. . . qui était prêt à vous donner un coup<br />

de pouce pour soutenir vos ambitions<br />

sportives?<br />

Un coup de pouce, le mot est faible! Pour lui,<br />

j’étais tout sauf un apprenti rentable parce<br />

que j’étais très souvent absent. Mais j’ai réussi<br />

l’examen f<strong>in</strong>al et ma carrière de maçon<br />

s’est arrêtée là.<br />

Seriez-vous encore capable<br />

de construire un mur?<br />

Le métier de maçon ne se résume pas à construire<br />

des murs, mais oui, j’en serais capable.<br />

Mais je ne sais plus faire grand-chose d’autre!<br />

Vous êtes plus doué avec les skis<br />

aux pieds. Votre parcours a commencé<br />

en tant que technicien.<br />

Jusque vers l’âge de 20 ans, j’ai passé toutes<br />

les étapes en tant que slalomeur. A l’époque,<br />

DE L’EMMENTAL<br />

Beat Feuz, qui vit à Innsbruck, est né<br />

en 1987 à Schangnau, dans l’Emmental.<br />

Il se focalise d’abord sur le slalom,<br />

avant de préférer la descente et le<br />

super-G. Pour cause de blessures,<br />

il est contra<strong>in</strong>t de faire un break pendant<br />

deux ans. Sa plus belle victoire<br />

est son titre de champion du monde<br />

de descente <strong>2017</strong>. beat-feuz.ch<br />

je ne savais pas encore que j’étais capable de<br />

descendre une piste sans faire un virage!<br />

Qui étaient vos modèles?<br />

Sans hésitation, Michael von Grünigen et,<br />

pour ce qui est de la vitesse, l’Autrichien Stephan<br />

Eberharter.<br />

«Wengen est sans<br />

doute la plus belle<br />

course du Cirque<br />

blanc, ne serait-ce<br />

que pour le paysage»<br />

Comment êtes-vous f<strong>in</strong>alement arrivé sur<br />

les discipl<strong>in</strong>es de vitesse?<br />

Tout à fait par hasard. Lors de mes derniers<br />

championnats du monde junior, alors que je<br />

n’avais remporté «que» le bronze en slalom,<br />

j’ai décroché la médaille d’or de descente et<br />

celle de super-G sans m’être réellement entraîné.<br />

C’était un premier signe. Peu de temps<br />

après, j’ai dû faire une pause de deux ans à<br />

la suite d’une blessure. Quand j’ai enf<strong>in</strong> remis<br />

les skis, j’ai rapidement compris que je<br />

n’avais plus aucune chance en slalom, alors<br />

que j’ai tout de suite retrouvé la tête du classement<br />

dans les discipl<strong>in</strong>es de vitesse. J’ai<br />

foncé sans me poser de questions.<br />

<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

21


Prêt à en découdre:<br />

le 13 janvier, le champion<br />

de descente bernois<br />

Beat Feuz se battra pour<br />

décrocher une nouvelle<br />

victoire au Lauberhorn<br />

Vous avez été élu deux fois Meilleur<br />

espoir sportif suisse. Que signifient<br />

ces récompenses pour vous?<br />

C’était vraiment cool de les recevoir et le<br />

coup de pouce f<strong>in</strong>ancier était naturellemnt<br />

très bienvenu!<br />

Aujourd’hui, vous ne brillez pas seulement<br />

dans les classements suisses, mais<br />

aussi mondiaux. Que ressentez-vous?<br />

C’est vraiment génial. Le fait que je sois connu<br />

en Suisse en tant que skieur démontre à<br />

quel po<strong>in</strong>t les gens s’identifient à ce sport et<br />

suivent les courses.<br />

Notamment celle du Lauberhorn,<br />

que vous avez déjà gagnée.<br />

Wengen est sans doute la plus belle course<br />

du Cirque blanc, ne serait-ce que pour son<br />

<strong>in</strong>croyable panorama. A pe<strong>in</strong>e franchie la<br />

«Tête de chien», les cuisses brûlent déjà alors<br />

que les choses sérieuses commencent à pe<strong>in</strong>e.<br />

Mis à part ma victoire aux championnats<br />

du monde, en février dernier, gagner cette<br />

course restera le plus beau moment de ma<br />

carrière.<br />

Avec Adelboden, <strong>Bern</strong>e compte un<br />

deuxième grand classique du calendrier<br />

du Cirque blanc.<br />

LES PISTES<br />

PRÉFÉRÉES<br />

DU CHAMPION<br />

DU MONDE<br />

DE DESCENTE<br />

BEAT FEUZ<br />

1<br />

Wengen<br />

Des pistes idéales pour les skieurs de tous<br />

les niveaux. Et pour Beat Feuz, une chose<br />

est sûre: «Avec ce panorama extraord<strong>in</strong>aire,<br />

on n’a pas envie d’aller voir ailleurs!»<br />

wengen.ch<br />

2<br />

Bumbach<br />

C’est sur les pistes de Bumbach près de<br />

Schangnau, dans l’Emmental, que Beat<br />

Feuz a appris à skier. «Un petit doma<strong>in</strong>e<br />

sympa idéal pour les familles.»<br />

bumbach.ch<br />

22<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


INTERVIEW<br />

Oui, car nous avons des montagnes extraord<strong>in</strong>aires<br />

à <strong>Bern</strong>e! Mais le mérite revient<br />

surtout aux organisateurs et aux communes<br />

concernées, qui ont créé ces pistes et ont su<br />

en prendre so<strong>in</strong>. Je ne pense pas qu’on réaliserait<br />

encore une descente comme celle<br />

du Lauberhorn, qui colle autant au terra<strong>in</strong>.<br />

Par exemple, est-ce qu’on imag<strong>in</strong>erait aujourd’hui<br />

un tracé passant sous un pont de<br />

chem<strong>in</strong> de fer? Bien sûr que non! C’est pour<br />

cela que les pistes d’Adelboden, Wengen,<br />

mais aussi Kitzbühel, sont si précieuses.<br />

Entre les entraînement et la compétition,<br />

avez-vous encore le temps de skier<br />

pour votre plaisir?<br />

Pas autant que je le souhaiterais. Mais quand<br />

la saison se term<strong>in</strong>e, je n’ai plus tellement envie<br />

de penser au ski. En été, j’aime m’arrêter<br />

longtemps et jouer au tennis ou au golf, mais<br />

faire du ski, non.<br />

En tant que skieur professionnel,<br />

vous voyagez aux quatre co<strong>in</strong>s du monde.<br />

Que reste-t-il du <strong>Bern</strong>ois en vous?<br />

Beaucoup de choses. D’abord je suis toujours<br />

content de revenir à Schangnau. Et j’ai gardé<br />

cette retenue si caractéristique des <strong>Bern</strong>ois.<br />

Quand je rencontre un sportif dont je suis<br />

fan, je ne fonce pas sur lui pour le prendre<br />

dans mes bras et lui demander un selfie.<br />

Aujourd’hui, vous vivez à Innsbruck,<br />

en Autriche.<br />

Par amour! Ma compagne est orig<strong>in</strong>aire<br />

de cette région. Mais je dois avouer que<br />

les gens y sont assez semblables à ceux<br />

de Schangnau. Donc, j’ai très rapidement<br />

trouvé mes marques et je m’y sens bien.<br />

Une saison difficile vous attend: en tant<br />

que champion du monde de descente<br />

en titre, vous êtes aujourd’hui le favori.<br />

Bien sûr, mais tout peut changer très vite. Ce<br />

n’est pas parce que j’ai gagné ce titre que mes<br />

rivaux tremblent devant moi. Mais ce n’est<br />

pas un mauvais résultat qui pourrait me décourager.<br />

Mon but est simple: bien me préparer,<br />

comme je l’ai toujours fait.<br />

Quels objectifs vous êtes-vous fixés<br />

pour cette saison?<br />

En ski, c’est toujours difficile à dire. On ne<br />

peut pas décréter au mois de septembre:<br />

«Cette année, je vais remporter un globe!» Il<br />

«Si, en plus, il y avait<br />

un Globe de cristal<br />

à décrocher,<br />

je ne dirais pas non!»<br />

y a tellement d’éléments sur lesquels on ne<br />

peut pas agir. Mais mes pr<strong>in</strong>cipaux objectifs<br />

restent les deux classiques, Wengen et Kitzbühel,<br />

et, bien sûr, les JO 2018, en Corée du<br />

Sud. Si, en plus, il y avait un Globe de cristal<br />

à décrocher, je ne dirais pas non!<br />

IN A NUTSHELL<br />

Emmental’s downhill world champion<br />

Swiss ski racer Beat Feuz was born<br />

<strong>in</strong> 1987 <strong>in</strong> the farm<strong>in</strong>g village of<br />

Schangnau <strong>in</strong> the Emmental region.<br />

Orig<strong>in</strong>ally a slalom specialist, Feuz<br />

now excels <strong>in</strong> the downhill and Super G<br />

discipl<strong>in</strong>es. Plagued by various<br />

<strong>in</strong>juries, he had to sit out a two-year<br />

break. All the more impressive was<br />

his comeback: <strong>in</strong> 2012, he won the<br />

Vous avez souffert de blessures graves<br />

au cours de votre carrière. Malgré tout,<br />

vous avez pu cont<strong>in</strong>uer à skier avec<br />

succès. Vous y pensez parfois?<br />

Evidemment. Mes problèmes de genou auraient<br />

pu tout changer. Dans mon entourage,<br />

plus grand monde ne croyait encore à<br />

mon avenir dans le ski. C’est d’autant plus<br />

merveilleux d’avoir pu réaliser mon rêve en<br />

remportant le titre de champion du monde<br />

de descente! Ce n’était pas gagné d’avance.<br />

Quelques questions avec réponse à choix<br />

pour term<strong>in</strong>er: vous êtes plutôt fondue<br />

ou sushis?<br />

Fondue.<br />

Langnau Tigers ou SC <strong>Bern</strong>e?<br />

Langnau naturellement!<br />

Emmental ou Himalaya?<br />

Emmental. j’aime la montagne et la randonnée,<br />

mais l’Himalaya ce n’est pas pour moi.<br />

Lauberhorn ou Kitzbühel?<br />

Je devrais dire Kitzbühel puisque j’ai déjà<br />

gagné au Lauberhorn, mais en <strong>Bern</strong>ois... tout<br />

à fait neutre, c’est Wengen, sans hésiter! ■<br />

legendary Lauberhorn downhill race<br />

of Wengen, and this year he prevailed<br />

<strong>in</strong> St. Moritz to be crowned downhill<br />

world champion. Beat Feuz now lives<br />

with his girlfriend <strong>in</strong> Innsbruck,<br />

Austria. But he keeps com<strong>in</strong>g back<br />

to his roots: «The Canton of <strong>Bern</strong><br />

simply has the most beautiful mounta<strong>in</strong>s»,<br />

he says.<br />

PHOTOS: GETTY IMAGES, ZVG<br />

3<br />

Lenk<br />

Le champion a souvent préparé ses<br />

courses à la Lenk pour une bonne raison:<br />

«Les conditions d’enneigement et l’état<br />

des pistes y sont toujours optimaux.»<br />

lenk-simmental.ch<br />

Selital<br />

4<br />

Comme Bumbach, Selital est un petit<br />

doma<strong>in</strong>e skiable, idéal pour les familles<br />

avec des enfants. «J’adorais venir skier<br />

ici quand j’étais petit.»<br />

selital.ch<br />

5<br />

Gurnigel<br />

Encore une station familiale. Beat Feuz<br />

s’est souvent entraîné sur la Mike-von-<br />

Grünigen-Run, nommée a<strong>in</strong>si en l’honneur<br />

du champion du monde de géant.<br />

gurnigel.ch<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

23


KANDERSTEG<br />

Passé présent<br />

En janvier, Kandersteg s’offre, durant quelques jours, un retour au bon vieux temps.<br />

Tout le monde joue le jeu - commerces et tra<strong>in</strong> compris - et les visiteurs affluent,<br />

en tenue Belle Epoque, comme il se doit<br />

MARIUS LEUTENEGGER (TEXTES)<br />

TOMAS WÜTHRICH (PHOTOS)<br />

On tr<strong>in</strong>que au<br />

champagne : la sema<strong>in</strong>e<br />

Belle Epoque est un<br />

événement très couru<br />

24<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

25


Venus de Bâle:<br />

la chanteuse Maya Wirz,<br />

sous son ombrelle,<br />

en compagnie de<br />

son groupe<br />

Nostalgie à l’état pur:<br />

Un trio en uniforme<br />

militaire d’époque et un<br />

wagon du siècle dernier<br />

Car<strong>in</strong>a Lug<strong>in</strong>bühl, venue de Thoune, n’a pas<br />

assez de mots pour dire son enthousiasme:<br />

«C’est extraord<strong>in</strong>aire de plonger dans une<br />

autre époque. Je le vis comme une transformation,<br />

une pause dans le quotidien. Je savoure<br />

l’atmosphère chaleureuse... Et je peux<br />

porter de belles robes!» Cet émerveillement<br />

est partagé, sans aucun doute, par la plupart<br />

des participants à la Sema<strong>in</strong>e Belle Epoque<br />

de Kandersteg.<br />

Car<strong>in</strong>a n’y est pas venue toute seule.<br />

Comme la majorité des hôtes, elle a son<br />

groupe. «Nous faisons tous du théâtre, et<br />

c’est très <strong>in</strong>téressant de voir comment le<br />

comportement change quand on passe ce<br />

genre de tenue. Je bouge autrement, je parle<br />

différemment!» Une occasion de jouer un<br />

personnage et de se demander qui on serait à<br />

une autre époque…<br />

Depuis la première Sema<strong>in</strong>e Belle<br />

Epoque, en 2010, la manifestation a beaucoup<br />

gagné en importance. A entendre Doris<br />

Wandfluh, vice-présidente de l’association<br />

Belle Epoque, et du comité d’organisation,<br />

les objectifs des débuts étaient modestes et<br />

très pragmatiques: «L’ancien directeur du<br />

tourisme de Kandersteg, Jerun Vils, voulait<br />

«remplir» le creux de janvier. Et il a eu cette<br />

idée de faire revivre l’âge d’or du tourisme.»<br />

La Belle Epoque, c’est justement cette période<br />

qui va de 1884 jusqu’à la Première Guerre<br />

mondiale, où la bourgeoisie, qui se voyait<br />

pousser des ailes, fondait le tourisme moderne<br />

et se mettait à arpenter les Alpes.<br />

Pour accueillir une manifestation «retour<br />

vers le passé», Kandersteg ne possède pas<br />

forcément plus de qualités qu’un autre lieu,<br />

mais peut-être que le village était tout de<br />

même prédest<strong>in</strong>é à devenir ce haut lieu de<br />

la nostalgie. «Notre localité est plutôt tranquille»,<br />

assure le président du comité d’organisation,<br />

Urs Grossen. Il est vrai qu’au lieu<br />

des skieurs alp<strong>in</strong>s, qui ne disposent ici que<br />

d’une petite <strong>in</strong>frastructure, on rencontre des<br />

skieurs de fond. Et, plutôt que de chercher<br />

à faire la fête, les touristes semblent surtout<br />

en quête d’une certa<strong>in</strong>e tranquillité. «Même<br />

en haute saison, il n’y a pas une effervescence<br />

folle; du coup, une manifestation aussi<br />

tranquille que la Sema<strong>in</strong>e Belle Epoque<br />

nous convient parfaitement.» Tous ne partageaient<br />

pas ce po<strong>in</strong>t de vue, au début…<br />

Les festivités<br />

commencent avec<br />

l’arrivée en gare du<br />

Swiss Classic Tra<strong>in</strong><br />

Lorsqu’en 2010, les premiers hôtes ont<br />

assisté à la traditionnelle course de chiens<br />

de traîneaux de Kandersteg parés de leurs<br />

atours 1900, ils ont été regardés de travers.<br />

«Les gens disaient qu’ils n’étaient pas normaux»,<br />

raconte Doris Wandfluh. Tempi passati…<br />

Aujourd’hui, tout le village remonte<br />

le temps durant cette sema<strong>in</strong>e de janvier.<br />

La Coop devient Konsum, la poste retrouve<br />

ses trois lettres «PTT», les vendeuses de la<br />

26<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


Comme il y a plus de<br />

cent ans : le Swiss Classic<br />

Tra<strong>in</strong> amène plus de<br />

200 fans à Kandersteg<br />

HÔTELS<br />

NOSTALGIE<br />

Bären, Dürrenroth<br />

Ce romantik hôtel, situé dans<br />

l’Emmental, est un lieu de villégiature<br />

idéal pour les amoureux<br />

des bâtiments chargés d’histoire.<br />

baeren-duerrenroth.ch<br />

Bellevue Palace, <strong>Bern</strong><br />

Posé au bord de l’Aar, un luxueux<br />

hôtel avec des salons somptueux<br />

et une superbe vue sur les Alpes<br />

bernoises.<br />

bellevue-palace.ch<br />

Pratiques et stylés:<br />

les vêtements de<br />

la<strong>in</strong>e d’autrefois<br />

tiennent bien chaud<br />

Grandhotel Giessbach<br />

Depuis 1874, cet établissement<br />

trône au-dessus du lac de Brienz<br />

comme un château fort. En hiver,<br />

il n’est ouvert qu’aux groupes.<br />

giessbach.ch<br />

boulangerie, comme les employés de la gare,<br />

sont coiffés et vêtus dans un style que même<br />

leurs grands-parents n’ont pas connu.<br />

L’événement vaut l’énergie que tout le<br />

monde y <strong>in</strong>jecte: «La manifestation apporte<br />

une animation folle dans le village, et<br />

le dimanche d’ouverture remplit tous les bistrots<br />

jusqu’à la dernière chaise», s’exclame<br />

Urs Grossen. «On aimerait qu’à l’avenir,<br />

celui qui entend le mot Kandersteg pense<br />

immédiatement Belle Epoque.»<br />

Depuis son lancement, la sema<strong>in</strong>e est<br />

devenue beaucoup plus professionnelle et<br />

son succès porte le village aux limites de<br />

ses capacités. Il faut dire que le programme<br />

est impressionnant et que les fans ont l’embarras<br />

du choix. La journée du dimanche<br />

est la plus spectaculaire. Les festivités commencent<br />

un peu avant midi, avec l’arrivée<br />

en gare du Swiss Classic Tra<strong>in</strong> (toujours à<br />

guichets fermés) qui, durant le trajet Bâle-<br />

Olten-<strong>Bern</strong>e-Kandersteg, accueille dans ses<br />

wagons plus de 200 <strong>in</strong>conditionnels des<br />

années 1900. «Le mat<strong>in</strong>, à Bâle, on se sentait<br />

comme des superstars, confie un jeune<br />

monsieur en haut-de-forme, on nous prenait<br />

<br />

Le Grand Bellevue, Gstaad<br />

Un hôtel de luxe au diapason<br />

de l’ambiance chic de la station,<br />

où, depuis plus d’un siècle, l’Afternoon<br />

Tea est servi tous les jours.<br />

bellevue-gstaad.ch<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

27


Promenade style 1900:<br />

venu de Schaffhouse,<br />

Markus Schlatter est<br />

de la partie<br />

tout le temps en photo!» Et quel tableau que<br />

la descente du tra<strong>in</strong> de ces messieurs et dames<br />

dans leurs tenues somptueuses face aux<br />

hordes des photographes amateurs! Ce moment<br />

mérite à lui seul le déplacement. Mais<br />

un conseil, il ne faut jamais demander à ces<br />

figures du bon vieux temps d’où elles tiennent<br />

leur déguisement. «Quel déguisement?<br />

rétorque une dame venue de <strong>Bern</strong>e, avec une<br />

moue charmante. Je ne suis pas déguisée,<br />

j’ai juste une tenue nostalgique, c’est tout à<br />

fait différent.» Un homme venu de Scuol, en<br />

Engad<strong>in</strong>e, confie même porter des sous-vêtements<br />

d’époque.<br />

Autant dire que les passants qui débouchent<br />

sur le grand tapis posé devant la gare<br />

habillés de vêtements «modernes» ne peuvent<br />

que se sentir déplacés, un peu comme<br />

un trouble-fête qui voudrait pourtant être…<br />

de la fête! Heureusement pour eux, il y a la<br />

possibilité de trouver des costumes à louer<br />

sur place. Dans leurs robes grises à dentelles<br />

ou leurs longs manteaux noirs, ils peuvent<br />

alors musarder entre les stands du marché,<br />

AFTERNOON<br />

TEA ET CALÈCHES<br />

La Sema<strong>in</strong>e Belle Epoque s’est<br />

déroulée pour la première fois<br />

en 2010. Depuis lors, chaque année<br />

au mois de janvier, Kandersteg<br />

recule l’aiguille du temps de plus<br />

d’un siècle. Les messieurs se pavanent<br />

en haut-de-forme et jaquette,<br />

les dames déambulent avec leurs<br />

robes amples assorties à des chapeaux<br />

extravagants. Au programme:<br />

promenades en calèche, Afternoon<br />

Tea et bals. La procha<strong>in</strong>e<br />

Sema<strong>in</strong>e Belle Epoque se déroulera<br />

du 21 au 28 janvier 2018.<br />

kandersteg.ch/belle-epoque<br />

glisser en pat<strong>in</strong>s «v<strong>in</strong>tage», déguster des<br />

mets que préparait leur arrière-grand-mère.<br />

Leurs silhouettes évoquent parfois les héros<br />

de vieux films de Dracula ou d’un roman<br />

gothique; pourtant, une chose est certa<strong>in</strong>e:<br />

ce qui dom<strong>in</strong>e, c’est l’ambiance joyeuse<br />

et haute en couleur. Car la Belle Epoque,<br />

à Kandersteg, est une fête pour les sens! C’est<br />

ce qu’on peut aussi constater - toujours le<br />

dimanche d’ouverture, peu après midi - lors<br />

du long cortège des gens en habits d’époque<br />

défilant sous les applaudissements de milliers<br />

de spectateurs. La suite du programme<br />

du jour est également un must: une grande<br />

partie de l’illustre assemblée se dirige vers<br />

la piste de bob d’Oeschiwald pour dévaler<br />

la pente sur d’anciennes luges. Pas de polaire<br />

à l’horizon, ni de doudoune flashy. «Nos<br />

habits de la<strong>in</strong>e sont bien assez chauds», nous<br />

affirme, le jour suivant, une dame au départ<br />

d’une descente de ski «nostalgie».<br />

Le dimanche soir, c’est au Waldhotel<br />

Doldenhorn, le top des établissements de<br />

la place, qu’est servi le buffet de bienvenue.<br />

28<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


KANDERSTEG<br />

HÔTELS<br />

NOSTALGIE<br />

Reg<strong>in</strong>a, Wengen<br />

Un prestigieux établissement<br />

victorien, ouvert en 1894, classé<br />

aujourd’hui aux monuments<br />

historiques.<br />

hotelreg<strong>in</strong>a.ch<br />

Sur la piste de bob<br />

d’Oeschiwald: la vitesse<br />

attire les jeunes glisseurs<br />

en tenue d’époque<br />

Et c’est impressionnant d’y constater comment<br />

l’habit fait le mo<strong>in</strong>e! Les hommes<br />

tiennent leurs compagnes par le bras, les<br />

conduisent au buffet et portent galamment<br />

leur assiette, tandis que les dames ét<strong>in</strong>cellent<br />

comme des pr<strong>in</strong>cesses. Tous apprécient<br />

d’être élégants, et notamment les membres<br />

de la famille Gempeler, venus d’Urtenen-<br />

Schönbühl. «Tant qu’à faire, s’amusent-ils,<br />

on le fait à fond.» Et de nous confier qu’ils<br />

ont cousu eux-mêmes leurs vêtements!<br />

«Les plus mordus de la Sema<strong>in</strong>e Belle<br />

Epoque ont en moyenne entre 40 et 60 ans,<br />

et sont des… femmes, explique Urs Grossen.<br />

«Quel déguisement?<br />

Je ne suis pas<br />

déguisée, j’ai une<br />

tenue «nostalgie»<br />

Beaucoup d’entre elles créent leurs robes,<br />

puis elles persuadent leur mari de s’y mettre<br />

aussi.» C’est ce qui s’est passé pour la famille<br />

Gempeler: les hommes ont joué des ciseaux<br />

pour tailler leurs red<strong>in</strong>gotes. Le résultat est<br />

splendide.<br />

Sur de nombreux po<strong>in</strong>ts, la Belle Epoque,<br />

c’était vraiment le bon temps. Ou comme le<br />

dit Marlies Bhend, de Reichenbach: «Bien<br />

sûr, on en a une vision romantique et nous<br />

gardons seulement ce qu’il y avait de bien<br />

à l’époque. Mais c’est un tel plaisir!» Marlies<br />

Bhend reste également pragmatique:<br />

«Jusqu’à ce qu’on soit habillé, quel temps ça<br />

prend!»<br />

Si la Sema<strong>in</strong>e Belle Epoque a conquis une<br />

place privilégiée dans le calendrier des manifestations<br />

de Kandersteg, cela n’empêche<br />

pas les remises en question, chez les organisateurs,<br />

af<strong>in</strong> de veiller à ce que la fête garde<br />

son esprit. «Il ne faudrait pas que la sema<strong>in</strong>e<br />

tourne au carnaval, explique Urs Grossen.<br />

Ce serait dommage si les gens se mettaient<br />

à y venir déguisés n’importe comment.» Et si<br />

cela se produit? «Dans ce cas, on va vers les<br />

gens, on s’explique avec eux et on ne les laisse<br />

pas défiler dans le cortège.» C’est que la<br />

Sema<strong>in</strong>e a du style et tient à le garder. S<strong>in</strong>on<br />

quel plaisir?<br />

■<br />

St. Georges, Interlaken<br />

Cet établissement de style Art<br />

nouveau associe le charme<br />

d’un bâtiment historique<br />

au confort contempora<strong>in</strong>.<br />

sofitel.com/8983<br />

Victoria, Kandersteg<br />

Du 21 au 28 janvier, cet hôtel<br />

typique de la Belle Epoque<br />

retrouve l’esprit des années 1900<br />

avec un bal et un dîner de gala.<br />

hotel-victoria.ch<br />

Wetterhorn, Hasliberg<br />

Un «château» de la Belle au bois<br />

dormant bâti en 1907 et «réveillé»,<br />

en 2012, après des années de<br />

fermeture.<br />

wetterhorn-hasliberg.ch<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

29


NIGHTLIFE<br />

Jusqu’au bout de la nuit<br />

A <strong>Bern</strong>e, les boîtes de nuit et les clubs sont mo<strong>in</strong>s tape-à-l’œil qu’à Zurich,<br />

mais ils assurent parfaitement, côté ambiance. Les meilleurs spots<br />

ZENO VAN ESSEL<br />

Il n’y a pas si longtemps, les rôles étaient<br />

clairement déf<strong>in</strong>is en matière de musique:<br />

<strong>Bern</strong>e avait les meilleurs groupes se produisant<br />

en dialecte, Zurich les meilleurs clubs et<br />

boîtes de nuit. Voilà pour le cliché. En fait,<br />

nombreux sont les lieux, à <strong>Bern</strong>e et ailleurs<br />

dans le canton, qui proposent une alternative<br />

<strong>in</strong>téressante aux sorties nocturnes zurichoises.<br />

Et si une soirée bernoise, en ville ou<br />

à la campagne, reste plus sobre, mo<strong>in</strong>s snob,<br />

elle a aussi cet avantage d’être accessible sans<br />

liste d’<strong>in</strong>vités.<br />

Commençons par le Kapitel. Ce club,<br />

situé à l’angle de Bollwerk 41, à <strong>Bern</strong>e, propose<br />

un panel de DJ nationaux et <strong>in</strong>ternationaux,<br />

qui mixent techno et house pour mettre<br />

le feu au dancefloor. Ici, les nostalgiques<br />

de la «night» zurichoise peuvent toujours se<br />

rafraîchir avec une bière bien de là-bas, la<br />

Turb<strong>in</strong>en... même si le secret d’une hydratation<br />

adéquate serait plutôt à chercher dans...<br />

Le Bollwerk est<br />

un melt<strong>in</strong>g-pot de<br />

la culture bernoise<br />

de la nuit<br />

les sirops du Sirupier de <strong>Bern</strong>e, qui augmentent<br />

le taux de glycémie!<br />

On reste dans ce quartier, véritable melt<strong>in</strong>g-pot<br />

de la culture bernoise de la nuit.<br />

Quelques mètres plus lo<strong>in</strong>, à Bollwerk 31,<br />

on tombe sur le Ciel. L’ambiance y est du style<br />

chic-urba<strong>in</strong> et très cosy. Pour ce qui est de<br />

la musique, les DJ, locaux et <strong>in</strong>ternationaux,<br />

passent du R’n’B, de la house, du reggae et<br />

des «partytunes». Souvent, ils sont accompagnés<br />

de danseurs venus des grandes capitales<br />

festives du monde entier.<br />

On cont<strong>in</strong>ue en empruntant, à gauche,<br />

l’Aarbergergasse. Au numéro 35, un escalier<br />

conduisant en sous-sol mène au Club Bonsoir.<br />

Un endroit où design et culture nightclub<br />

tiennent une place centrale. Contre un<br />

mur rouge foncé, une enfilade de commodes<br />

anciennes sert de sièges, tandis que sur deux<br />

autres murs sont tapissés des articles de journaux<br />

et des affiches créant une ambiance<br />

trash et chic en même temps. Le programme<br />

y est éclectique: des DJ, des musiciens et des<br />

30<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


PHOTOS: ZVG<br />

comédiens venus du monde entier assurent<br />

parfaitement le service. En cont<strong>in</strong>uant en<br />

direction de la Zytglogge (la tour de l’Horloge),<br />

on s’arrête au numéro 30 de l’Hotelgasse<br />

et on tombe sur une <strong>in</strong>stitution des nuits<br />

bernoises: le Club du Théâtre, Dudu pour les<br />

<strong>in</strong>times. Le décor y est cosmopolite et classe,<br />

avec sièges en cuir et plafond de verre. Le style<br />

et les tenues de la clientèle, plus âgée, sont<br />

au diapason, tout comme les prix pratiqués<br />

et les événement proposés.<br />

Pour ceux qui préfèrent une ambiance<br />

plus rustique, il y a la Reitschule. Quand on<br />

parle vie nocturne, on ne peut pas ignorer<br />

ce monument de l’alternatif bernois. Ici, la<br />

culture «club» se retrouve dans ses formes les<br />

plus diverses: un mélange coloré, rugueux et<br />

authentique fait de punk, de rock’n’roll, de<br />

disco et même de slam. Le Rössli a<strong>in</strong>si que<br />

tout le complexe du bar et de la scène extérieure<br />

valent le détour.<br />

Juste derrière la Reitschule, au 10 de la<br />

Neubrückstrasse, se trouve une autre <strong>in</strong>stitution<br />

de la «nightlife» bernoise: le ISC<br />

Club. Fondé dans les années 1970, ce Club<br />

<strong>in</strong>ternational des étudiants de l’Université<br />

de <strong>Bern</strong>e est rapidement devenu la Mecque<br />

bernoise des soirées musicales. De grosses<br />

po<strong>in</strong>tures comme Mando Diao, Young Gods,<br />

Afrika Bambaataa, Züri West ou Heroes del<br />

Silencio y ont animé des nuits entières. Dans<br />

les années 1990, l’ISC s’est ouvert à un public<br />

plus large avec un programme axé discos<br />

et concerts.<br />

La ville de <strong>Bern</strong>e compte encore bien<br />

d’autres clubs qui valent le détour, comme le<br />

La ville de Thoune<br />

vaut aussi<br />

le détour pour f<strong>in</strong>ir<br />

sa soirée en beauté<br />

mythique Gluglu, sur l’idyllique Schwellenmätteli,<br />

avec sa <strong>Bern</strong>er Party chaque dernier<br />

vendredi du mois. Ou le Mahogany Hall, au<br />

Klösterlistutz 18, l’un des plus anciens clubs<br />

de musique de <strong>Bern</strong>e, fondé en 1968. Il y<br />

aussi le légendaire Marian, dans l’hôtel Innere<br />

Enge, où se produisent de grandes stars<br />

du jazz et du blues, du mardi au samedi.<br />

Cela vaut également la pe<strong>in</strong>e de sortir<br />

dans les environs de <strong>Bern</strong>e pour découvrir<br />

des endroits très sympas. Thoune, par exemple,<br />

se révèle une ville <strong>in</strong>téressante pour<br />

term<strong>in</strong>er en beauté une soirée. Le Mokka,<br />

à l’Allmendstrasse 14, est un must. Ce club<br />

légendaire a été fondé par Pädu MC Anliker,<br />

récemment décédé. Les groupes y jouent en<br />

live. On y entend aussi des DJ, des groupes<br />

de jazz expérimental et du slam. Non lo<strong>in</strong> de<br />

là se trouve le hotspot des nuits de la ville.<br />

The Legacy offre tout ce qui se fait dans le doma<strong>in</strong>e<br />

des sons, des rave partys aux «collegenights».<br />

Le Vamp Club, à la Untere Hauptgasse<br />

32, se profile, lui, comme un lieu de<br />

sortie «de stand<strong>in</strong>g»: dans ses caves voûtées,<br />

classées aux monuments historiques, l’établissement<br />

propose des événements festifs<br />

branchés.<br />

A Interlaken, le hotspot est le Balmers,<br />

un club rattaché à l’auberge de jeunesse, réputé<br />

pour ses soirées longues et fiévreuses.<br />

Au Rugenparkstrasse 2, le Hangover est<br />

aussi «The place to be». On y danse sur de<br />

la house, des «partytunes» et des airs lat<strong>in</strong>os.<br />

Côté montagnes, Meir<strong>in</strong>gen propose son<br />

nouveau Sherpa Club (Bahnhofstrasse 3),<br />

pour des parties de billard et de fléchettes<br />

jusqu’au bout de la nuit. Enf<strong>in</strong> au Hasliberg,<br />

l’hôtel Wetterhorn, avec son décor style Art<br />

nouveau, accueille les plus grands, comme<br />

Michael von der Heide (le 8 décembre) ou<br />

encore James Gruntz (le 9 décembre). ■<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

31


ADELBODEN-LENK<br />

Sa météo en vidéo<br />

Responsable des pistes du doma<strong>in</strong>e de la Lenk, Jürg Klopfenste<strong>in</strong> a réussi à se mettre la génération<br />

YouTube dans la poche grâce à ses bullet<strong>in</strong>s d’enneigement, en bärndütsch, «les plus honnêtes du monde»<br />

MARIUS LEUTENEGGER (TEXTES) ET TOMAS WÜTHRICH (PHOTOS)<br />

Au boulot: Jürg Klopfenste<strong>in</strong> «maître»<br />

de 155 canons à neige<br />

«Aujourd’hui, les conditions sont parfaites»,<br />

«De la neige naturelle, y’en aura pas». En<br />

bärndütsch dans le texte, Jürg le pisteur ne<br />

tourne pas autour du pot avec son ton direct.<br />

On le retrouve, lui et ses vidéos météorologiques,<br />

sur YouTube. Et c’est un phénomène.<br />

Sous le titre «Le bullet<strong>in</strong> d’enneigement le<br />

plus honnête du monde», Jürg Klopfenste<strong>in</strong><br />

détaille l’état des pistes de la région d’Adelboden-Lenk.<br />

Dix à qu<strong>in</strong>ze fois par saison, il<br />

tourne de petits films dans lesquels il livre<br />

ses appréciations sur un ton bonhomme et<br />

sans fioritures. «Je le fais avec les tripes»,<br />

raconte-t-il autour d’un café pris à la Standhütte,<br />

la plus haute cabane-restaurant du<br />

doma<strong>in</strong>e skiable. «Et je peux difficilement<br />

raconter qu’il fait grand beau quand il grêle<br />

dans mon dos.»<br />

Ces vidéos, le quadragénaire les tourne<br />

lui-même, directement sur les pistes. Et<br />

comme il est un vrai gars de la Lenk, elles<br />

sont 100% authentiques. Fan de technique,<br />

Jürg Klopfenste<strong>in</strong> a grandi dans la ferme<br />

parentale avant d’effectuer une formation<br />

de mécanicien pour mach<strong>in</strong>es agricoles.<br />

Aujourd’hui, il est le chef des pistes de<br />

Metsch-Bühlberg et Betelberg et a également<br />

la responsabilité du parc des mach<strong>in</strong>es. De<br />

son travail, il aime la part d’imprévu: «Nous<br />

devons nous adapter à la nature.»<br />

En réalité, la dépendance par rapport<br />

aux conditions météo s’est aujourd’hui considérablement<br />

allégée sur le doma<strong>in</strong>e, car<br />

la majeure partie des pistes est équipée en<br />

canons à neige. Dès qu’il fait suffisamment<br />

froid, l’équipe d’entretien enclenche les <strong>in</strong>stallations<br />

af<strong>in</strong> de créer une couche de fond<br />

d’environ 50 centimètres, qui «devrait tenir<br />

jusqu’après Nouvel-An», précise Jürg Klopfenste<strong>in</strong>.<br />

Et si aucun flocon ne se po<strong>in</strong>te à<br />

l’horizon, les canons à neige sont à nouveau<br />

sollicités au mois de janvier.<br />

«Je peux<br />

difficilement dire<br />

qu’il fait grand beau<br />

quand il grêle dans<br />

mon dos»<br />

En pr<strong>in</strong>cipe, les pistes sont remises en<br />

état après chaque journée de ski, un travail<br />

plus exigeant qu’il n’y paraît: «La difficulté,<br />

c’est de savoir «lire» la piste, explique l’expert.<br />

Pour savoir où remettre de la neige,<br />

où il n’y en a pas assez.» L’<strong>in</strong>troduction des<br />

canons à neige a été très contestée. Depuis,<br />

l’opposition au recours à la neige artificielle<br />

a fondu. «Il faut être réaliste, précise Jürg<br />

Klopfenste<strong>in</strong>, sans neige artificielle, la pratique<br />

des sports de neige serait sérieusement<br />

compromise. Notre marque de fabrique, aujourd’hui,<br />

c’est des pistes parfaitement préparées–<br />

et, bien sûr, la convivialité.»<br />

Le pisteur ne dit rien d’autre que la<br />

vérité: effectivement, nous l’avons constaté,<br />

la gentillesse de l’accueil aux remontées<br />

mécaniques de la Lenk est remarquable. On<br />

vous aide même à sortir les skis, quand vous<br />

arrivez au sommet de la piste en cab<strong>in</strong>e. Une<br />

amabilité non fe<strong>in</strong>te, que Jürg explique simplement:<br />

«On a tellement de chance de pouvoir<br />

travailler dans ce cadre!»<br />

■<br />

LE PARADIS<br />

DES SPORTIFS<br />

Ski de fond<br />

La grandeur des paysages fait du<br />

Simmental un spot de ski de fond<br />

<strong>in</strong>contournable. Nombreux it<strong>in</strong>éraires<br />

dans un décor de montagnes.<br />

Randonnées<br />

Le Simmental est un eldorado pour<br />

tous ceux qui recherchent des marches<br />

tranquilles. It<strong>in</strong>éraires variés<br />

pour tous les niveaux.<br />

Skicross<br />

Quatre skieurs pour une descente<br />

en parallèle entre sauts, bosses<br />

et virages: c’est sur le Betelberg.<br />

lenk-simmental.ch<br />

32<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


«Monsieur état des pistes»:<br />

on retrouve les bullet<strong>in</strong>s<br />

de Jürg le pisteur<br />

sur youtube.com/<br />

lenksimmentaltourismus<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

33


Madame la pilote<br />

La plus belle façon de se déplacer dans l’Oberland bernois est aussi la plus efficace:<br />

l’hélicoptère. Voyage au septième ciel aux côtés de Julie May<br />

MARIUS LEUTENEGGER (TEXTES) ET TOMAS WÜTHRICH (PHOTOS)<br />

34<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


L’OBERLAND EN HÉLICO<br />

Un vol de rêve: Julie<br />

May aux commandes<br />

de son Eurocopter<br />

au-dessus des<br />

Alpes bernoises<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

35


2000 opérations<br />

de sauvetage par<br />

année: la pilote<br />

d’Air-Glaciers<br />

Julie May avec<br />

l’ambulancier<br />

Ferd<strong>in</strong>and Eschler<br />

«Il m’arrive de me dire que tout ce que je vis<br />

est un rêve», lance Julie May. Même après<br />

des milliers d’heures de vol, cette pilote<br />

d’hélicoptère de 30 ans se demande encore<br />

si elle ne rêve pas: «J’ai l’impression de jouer<br />

dans un film ou de vivre un conte de fées, les<br />

choses ne peuvent pas être aussi belles», s’exclame-t-elle<br />

en ajoutant: «Le plus <strong>in</strong>croyable,<br />

c’est qu’on puisse s’élever dans les airs avec<br />

cette petite mach<strong>in</strong>e!»<br />

En survolant à son côté l’Oberland bernois<br />

recouvert de neige, on comprend ce qu’elle<br />

veut dire. De Lauterbrunnen à Gstaad, en<br />

survolant Mürren, Kandersteg, Adelboden<br />

et la Lenk, on reste tout simplement béat.<br />

Face à ces imposantes montagnes et ces<br />

paisibles vallées où de petites maisons sont<br />

blotties, face à toutes ces couleurs qui émaillent<br />

le paysage, on s’émerveille en silence. Il<br />

suffit de prendre place dans la cab<strong>in</strong>e pour<br />

pouvoir approcher de très près, à la force des<br />

rotors, d’imposantes parois rocheuses, puis<br />

de se poser, lo<strong>in</strong> de tout, en douceur sur une<br />

crête accueillante.<br />

Voler en hélicoptère, c’est très différent<br />

que de prendre l’avion. Le premier n’a pas<br />

beso<strong>in</strong> de piste pour décoller et il peut atterrir<br />

partout, exactement où on le souhaite,<br />

voire, si nécessaire, se ma<strong>in</strong>tenair en vol<br />

Pour Julie May,<br />

voler est un métier,<br />

une vocation, un<br />

loisir et une passion<br />

stationnaire. Pas étonnant que ces eng<strong>in</strong>s<br />

aient leurs fans, comme Bruno Bagnoud. En<br />

1965, ce Valaisan, âgé aujourd’hui de 82 ans,<br />

a fondé Air-Glaciers, devenu depuis la deuxième<br />

plus grande entreprise du genre en<br />

Suisse. Son siège est situé à Sion, mais son<br />

doma<strong>in</strong>e d’activités a rapidement franchi<br />

la Sar<strong>in</strong>e: en 1968, la compagnie a été<br />

engagée sur le tournage du fameux film<br />

de la franchise James Bond, «Au service de<br />

Sa Majesté», dans la région du Schilthorn.<br />

Dans l’Oberland bernois, Air-Glaciers<br />

est basée à Lauterbrunnen et à Saanen. Elle<br />

y propose une foule de services: vols taxi<br />

et de formation, héliski, sauvetages, etc. Julie<br />

a rejo<strong>in</strong>t, en janvier 2016, les 160 employés<br />

de la compagnie. La jeune femme est orig<strong>in</strong>aire<br />

de Sarreyer, un village situé tout près<br />

de Verbier. Elle se souvient que lorsqu’elle<br />

avait 11 ans, les hélicoptères la fasc<strong>in</strong>aient<br />

déjà. «Mon père est garde-forestier et on<br />

transporte souvent le bois par voie aérienne,<br />

raconte-t-elle. Dès que j’entendais un de ces<br />

eng<strong>in</strong>s approcher, je courais pour le voir.»<br />

A 14 ans, elle fait un stage chez Hélicoptère<br />

Service à Sion. Là, elle est chargée de nettoyer<br />

les appareils et d’effectuer de menus<br />

travaux. Surtout, elle vole en tant qu’accompagnatrice.<br />

Durant son gymnase, elle collabore<br />

de plus en plus souvent avec l’entreprise<br />

et, une fois sa maturité en poche, commence<br />

sa formation de pilote privé et professionnel.<br />

A cette époque, Julie ne pensait pas que<br />

sa passion deviendrait son métier. «On me<br />

disait qu’il y avait trop de pilotes et que les<br />

places de travail manquaient en Suisse. De<br />

plus, tout le monde ne voulait engager que<br />

des personnes expérimentées.» Du coup,<br />

N’IMPORTE OÙ<br />

EN 5 MINUTES<br />

Bon an, mal an, Air-Glaciers réalise<br />

quelques 2000 opérations de<br />

secours, dont 350 environ à partir<br />

de sa base de Lauterbrunnen<br />

et 200 depuis Gstaad-Saanenland.<br />

Lorsqu’un appel provenant de<br />

la région exige l’<strong>in</strong>tervention d’un<br />

hélicoptère, c’est la Rega qui coordonne<br />

l’engagement et alarme<br />

l’un ou l’autre site, en fonction du<br />

beso<strong>in</strong>. «En c<strong>in</strong>q m<strong>in</strong>utes, durant<br />

toute la journée, nous pouvons<br />

décoller», affirme Michael Jaun,<br />

pilote et directeur de la base<br />

de Lauterbrunnen. L’équipage<br />

standard se compose d’un pilote,<br />

d’un médec<strong>in</strong>, a<strong>in</strong>si que d’un ambulancier.<br />

«Si nécessaire, un guide<br />

peut venir compléter l’équipe»,<br />

précise Michael Jaun. Sur les lieux<br />

de l’accident, on évacue le patient<br />

et «c’est le médec<strong>in</strong> qui déterm<strong>in</strong>e<br />

quel hôpital est le plus adapté.»<br />

Les sauveteurs peuvent rallier<br />

tous les hôpitaux du pays. Les plus<br />

proches sont à Interlaken, Frutigen<br />

et Zweisimmen. Les blessés graves<br />

sont toutefois emmenés à <strong>Bern</strong>e,<br />

Zurich ou Lucerne. air-glaciers.ch<br />

<br />

36<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


Julie May lors<br />

d’une escale<br />

sur le Wispile<br />

près de Gstaad:<br />

«Ce métier me<br />

donne le sentiment<br />

d’être utile»<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

37


L’OBERLAND EN HÉLICO<br />

38<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


Montagnes<br />

majestueuses<br />

et paisibles vallées:<br />

la vue depuis<br />

l’hélico sur<br />

le Kandertal,<br />

avec Kandersteg<br />

elle se décide pour la filière aéronautique,<br />

à la School of Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g de W<strong>in</strong>terthour.<br />

Coup de chance <strong>in</strong>espéré: une sema<strong>in</strong>e avant<br />

le début des cours, la jeune femme décroche<br />

son premier poste. «Un millionnaire français,<br />

propriétaire d’une maison de vacances<br />

à Sa<strong>in</strong>t-Tropez, cherchait des pilotes pour<br />

les deux hélicoptères qu’il venait d’acquérir,<br />

Le transport de<br />

marchandises avec<br />

un câble est l’activité<br />

re<strong>in</strong>e pour les pilotes<br />

explique Julie. Je l’ai promené dans tout le<br />

sud de la France, entre l’aéroport de Nice et<br />

Sa<strong>in</strong>t-Tropez, et même parfois jusqu’en Corse.<br />

C’était de la folie! J’avais 21 ans, je devais<br />

payer la prime pour jeunes conducteurs,<br />

mais je passais enf<strong>in</strong> mon temps aux commandes<br />

d’un hélico!»<br />

La pilote pose ensuite ses valises à<br />

Cannes, où elle travaille dans une entreprise<br />

spécialisée dans les vols taxi sur la Côte<br />

d’Azur. «Je venais du Valais et j’atterrissais<br />

dans la jet-set», raconte-t-elle en souriant.<br />

Côtoyer ce monde de riches ne lui fait pas<br />

plus d’effets que cela, affime-t-elle, et on<br />

la croit volontiers. Car Julie vit pour voler,<br />

une activité qui constitue tout à la fois sa<br />

vocation, sa passion, son métier et son loisir<br />

préféré. A bord de son eng<strong>in</strong>, elle est totalement<br />

dans son élément, mais comme c’est le<br />

cas pour la plupart des pilotes d’hélicoptère,<br />

bien s’entendre avec les beautiful people représente<br />

un avantage, sachant que les balades<br />

aériennes - une expérience que chacun<br />

devrait s’offrir une fois dans sa vie - coûtent<br />

plutôt cher.<br />

Après quelques saisons passées dans le<br />

sud de la France, la jeune femme revient en<br />

Valais, comme pilote. Elle y gère une entreprise<br />

de transports de personnes et exerce<br />

en tant qu’<strong>in</strong>structrice de vol. Mais elle a<br />

beau apprécier son quotidien, Julie recherche<br />

un nouveau défi: «J’avais envie de faire<br />

du transport de charges», se rappelle-t-elle.<br />

Chez les pilotes, cette façon de déplacer des<br />

marchandises au bout d’un câble est considérée<br />

comme l’activité re<strong>in</strong>e. Car une fois dans<br />

les airs, suspendue sous l’appareil, la charge<br />

fonctionne comme un immense pendule qui<br />

génère un effet de levier rendant le pilotage<br />

encore plus complexe. «Lorsqu’Air-Glaciers,<br />

à Lauterbrunnen, a dû remplacer quelqu’un<br />

avec effet immédiat, j’ai été la seule à pouvoir<br />

me libérer rapidement», dit Julie, qui,<br />

aujourd’hui, est attachée à cette base, d’où<br />

elle s’envole régulièrement pour l’aérodrome<br />

de Saanen, juste à côté de Gstaad.<br />

Chez Air-Glaciers, les activités de Julie<br />

sont très variées. Au pr<strong>in</strong>temps, il faut approvisionner<br />

les refuges de montagne; l’été,<br />

ce sont les vols avec charges pour les chantiers<br />

situés dans des régions isolées; l’hiver<br />

est la saison de l’héliski. Et toute l’année, il<br />

y a les vols taxi et touristiques, a<strong>in</strong>si que les<br />

opérations de sauvetage. Depuis sa création,<br />

Air-Glaciers est <strong>in</strong>tervenue plus de 40 000<br />

fois pour des sauvetages en montagne, sur<br />

les routes et sur les pistes, des évacuations et<br />

des urgences médicales. Le temps gagné grâce<br />

à l’hélicoptère est déterm<strong>in</strong>ant: par voie<br />

aérienne, on atte<strong>in</strong>t l’Inselspital de <strong>Bern</strong>e en<br />

20 m<strong>in</strong>utes depuis n’importe quel endroit de<br />

l’Oberland bernois. «Ce métier me donne<br />

l’impression d’être utile, dit Julie. Et voler en<br />

hélico est un pur bonheur!»<br />

■<br />

IN A NUTSHELL<br />

Bird’s-eye view of<br />

the <strong>Bern</strong>ese Alps<br />

The fastest way to travel through<br />

the <strong>Bern</strong>ese Oberland is also the<br />

most attractive: by helicopter.<br />

Professional copter pilot Julie May<br />

has been fly<strong>in</strong>g s<strong>in</strong>ce she turned 20,<br />

and <strong>in</strong> 2016 she jo<strong>in</strong>ed the team of<br />

Air-Glaciers. Air-Glaciers was founded<br />

<strong>in</strong> 1965 and is the secondlargest<br />

helicopter company <strong>in</strong> Switzerland.<br />

It has two bases <strong>in</strong> the <strong>Bern</strong>ese<br />

Oberland, Lauterbrunnen and<br />

Saanen, and offers the entire<br />

range of helicopter services: shuttle<br />

flights, transport hauls, flights to assist<br />

avalanche blast<strong>in</strong>g, heli-ski<strong>in</strong>g,<br />

tra<strong>in</strong><strong>in</strong>g flights and some 500 rescue<br />

missions per year. To Julie May,<br />

be<strong>in</strong>g a pilot is not just a profession,<br />

it is also a vocation, a hobby and<br />

a passion; it is its very own element:<br />

«Fly<strong>in</strong>g a helicopter makes me<br />

happy.»<br />

Une profession<br />

et une passion:<br />

l’an dernier,<br />

Julie May<br />

a rejo<strong>in</strong>t l’équipe<br />

des 160 employés<br />

3/<strong>2017</strong><br />

d’Air-Glaciers<br />

MADE IN BERN<br />

39


MÜRREN<br />

Un plaisir d’enfer<br />

L’Inferno, à Mürren, est la course de ski alp<strong>in</strong> pour amateurs<br />

la plus importante du monde. Elle est très appréciée, en dépit des difficultés<br />

MARIUS LEUTENEGGER (TEXTES) ET TOMAS WÜTHRICH (PHOTOS)<br />

Ah, ces Anglais, toujours prêts à se laisser<br />

emballer par les idées les plus folles et à se<br />

lancer dans des défis d’enfer! Un exemple.<br />

Le dimanche 29 janvier 1928, au mat<strong>in</strong>, dixsept<br />

Anglais quittent Mürren, dans la neige<br />

et le froid glacial, skis aux pieds, af<strong>in</strong> de rejo<strong>in</strong>dre<br />

le sommet du Schilthorn pour une<br />

aventure diabolique: se lancer dans la pente<br />

très, très enneigée sur leurs longues lattes en<br />

bois, pour rejo<strong>in</strong>dre la vallée.<br />

C’est le Londonien Sir Arnold Lunn, illustre<br />

pionnier du ski alp<strong>in</strong>, qui a eu l’idée<br />

d’organiser cette descente longue de douze<br />

kilomètres. Pour la petite histoire, le va<strong>in</strong>queur<br />

de la journée, un certa<strong>in</strong> Harold Mitchell,<br />

a mis exactement une heure et douze<br />

m<strong>in</strong>utes pour atte<strong>in</strong>dre l’arrivée, tandis<br />

qu’un des participants se cassait une côte en<br />

route...<br />

L’Inferno était née. L’hiver suivant, une<br />

deuxième édition est organisée, puis une<br />

suivante... Bientôt, la course apparaît comme<br />

un événement <strong>in</strong>contournable, qui survivra<br />

L’Inferno<br />

attire toujours<br />

énormément<br />

d’Anglais<br />

aux <strong>in</strong>terruptions dues à la crise et à la Seconde<br />

Guerre mondiale. Le 20 janvier procha<strong>in</strong>,<br />

on célébrera sa 75 e édition.<br />

Presque rien n’a changé depuis la première<br />

compétition, et pourtant, presque tout est<br />

différent. La course part toujours du sommet<br />

du Schilthorn et l’arrivée a lieu, suivant l’enneigement,<br />

à Mürren ou à Lauterbrunnen.<br />

Les coureurs peuvent toujours choisir librement<br />

leur parcours - sur une longeur maximum<br />

de 14,9 kilomètres - mais ils doivent au<br />

mo<strong>in</strong>s franchir v<strong>in</strong>gt portes. Et aujourd’hui,<br />

un téléphérique dessert le sommet. Mais la<br />

course n’est toujours pas faite pour les poules<br />

mouillées! Initiée par un petit groupe de fous<br />

de ski, l’Inferno est devenue un événement<br />

très couru, qui accueille, bon an mal an,<br />

1850 candidats répartis en sept catégories, ce<br />

qui en fait la plus importante course de ski<br />

amateur du monde. Avec l’Arlberg Kandahar,<br />

c’est aussi la plus ancienne.<br />

Mais la compétition ne devrait plus grandir<br />

beaucoup: les départs <strong>in</strong>dividuels, qui<br />

ont remplacé depuis longtemps les départs<br />

40<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


Comme des pros:<br />

la plupart des participants<br />

de l’Inferno portent une<br />

comb<strong>in</strong>aison de course<br />

L’INFERNO FÊTE SES 75 ANS<br />

en ligne, fonctionnant comme une limite.<br />

«Les concurrents s’élancent les uns après les<br />

autres, à douze secondes d’<strong>in</strong>tervalle très<br />

précisément», explique Samuel Bichsel, directeur<br />

de Mürren Tourisme, en précisant<br />

qu’outre la fameuse descente du samedi, «les<br />

compétitions démarrent le mercredi avec<br />

un concours de ski de fond dans le village,<br />

alors que les jeudi et vendredi sont consacrés<br />

aux slaloms, courses en équipe et de fond.<br />

Pendant les journées Inferno, notre village<br />

affiche complet. Impossible d’accueillir plus<br />

de monde...» Comme si le temps s’était arrêté,<br />

l’Inferno attire toujours énormément<br />

d’Anglais, anonymes ou non. Il y a deux ans,<br />

Pippa Middleton, sœur de Kate, future re<strong>in</strong>e<br />

d’Angleterre, était au départ de la course,<br />

attirant bien plus l’attention des médias que<br />

les gagnants du jour.<br />

La valeur sportive de l’exploit des va<strong>in</strong>queurs<br />

est à relativiser. Certes, dévaler<br />

l’entier du parcours en mo<strong>in</strong>s d’un quart<br />

d’heure, comme le font les meilleurs aujourd’hui,<br />

constitue une remarquable performance.<br />

Mais la chance joue un rôle<br />

important. Samuel Bichsel se rappelle de certa<strong>in</strong>es<br />

éditions remportées par les derniers à<br />

s’élancer, car la piste se faisait de plus en plus<br />

En 2018, du 17 au 20 janvier, les<br />

courses de l’Inferno auront lieu pour<br />

pour la 75 e année. Hélas pour les<br />

retardataires, les <strong>in</strong>scriptions sont<br />

fermées depuis le mois de septembre,<br />

mais il y aura, bien sûr, une 76 e édition!<br />

Les participants des trois dernières<br />

années qui se sont dist<strong>in</strong>gués par<br />

leur performance sont qualifiés d’office,<br />

les autres places de départ sont<br />

tirées au sort parmi les <strong>in</strong>scrits. Les<br />

courses font le bonheur des participants<br />

et pour du public, car le déplacement<br />

à Mürren vaut également la pe<strong>in</strong>e<br />

pour les nombreuses animations organisées<br />

en marge des courses, comme<br />

ce moment où l’on brûle une figure<br />

de diable. <strong>in</strong>ferno-muerren.ch<br />

rapide au fil de la journée. Eh oui, cette<br />

course est bien mo<strong>in</strong>s prévisible qu’une<br />

descente de Coupe du monde et le dicton selon<br />

lequel que «L’important, c’est de participer»<br />

est un pr<strong>in</strong>cipe sur l’Inferno.<br />

Reste que la descente n’est pas sans danger,<br />

même s’il y a étonnamment peu d’accidents<br />

à déplorer. Le secteur le plus raide de<br />

la piste - et le plus raide de tout l’Oberland<br />

<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

41


MÜRREN<br />

Descendre, c’est trop facile!<br />

Heureusement qu’il y a une<br />

montée juste avant la f<strong>in</strong><br />

bernois - se trouve juste en dessous du départ.<br />

On y remarque un peu que beaucoup<br />

de participants ne sont pas des coureurs aguerris...<br />

Par contre, ils sont presque tous très<br />

bien équipés, portant parfois des tenues que<br />

l’on a pu voir, un jour ou l’autre, sur des pros<br />

évoluant en Coupe du monde. Y compris<br />

l’<strong>in</strong>oubliable comb<strong>in</strong>aison façon fromage à<br />

trous de l’équipe de Suisse!<br />

Mais un équipement adéquat ne suffit pas<br />

à garantir la victoire. Pour gagner, il faut allier<br />

toutes sortes de qualités. Et il n’est pas<br />

question de se contenter de glisser, d’autant<br />

que, vers la f<strong>in</strong> de la course, il faut venir à<br />

bout d’une longue montée. Une étape qui<br />

permet de trier le bon gra<strong>in</strong> de l’ivraie.<br />

Si le règlement laisse une certa<strong>in</strong>e marge<br />

de manœuvre aux concurrents («Il est permis<br />

de term<strong>in</strong>er la course sur un ski»), un<br />

po<strong>in</strong>t est malgré tout clair: «Toutes les pentes<br />

de liaison doivent être parcourues à ski.»<br />

Hommes ou femmes, les concurrents<br />

font parfois pe<strong>in</strong>e à voir lorsqu’ils transpirent<br />

et halètent en poussant sur leurs bâtons<br />

af<strong>in</strong> d’arriver au sommet de la pente. Un<br />

pensum pour les coureurs, mais les spectateurs<br />

apprécient tout particulièrement ce<br />

passage exigeant. Au bord de la piste, une<br />

foule immense encourage tout le monde par<br />

son prénom - qui figure sur le dossard - parfois<br />

avec une bière ou un sandwich à la ma<strong>in</strong>.<br />

«Hop, hop, hop, Herbert!», «Donne du gaz,<br />

Gabi!», «Tu vas y arriver, Horst, à fond, à<br />

fond!» Cette ambiance de folie grandit encore,<br />

plus on approche de l’arrivée. Là, tout le<br />

monde se lâche et le volume sonore atte<strong>in</strong>t<br />

des sommets.<br />

Car l’Inferno est bien plus qu’un événement<br />

sportif. Des milliers de gens font la<br />

fête: la bière et le schnaps coulent à flots dans<br />

un esprit bon enfant. Les résidents du village<br />

IN A NUTSHELL<br />

The craziest ski race on earth<br />

It’s called Inferno, it takes place <strong>in</strong><br />

Mürren and it is the largest amateur<br />

downhill race <strong>in</strong> the world. Despite<br />

its high level of difficulty, it is also<br />

sheer pleasure. A rather quirky group<br />

of Brits launched the event <strong>in</strong> 1928,<br />

when they scaled the Schilthorn and<br />

then found their <strong>in</strong>dividual routes<br />

vont danser, le soir, au moment de la remise<br />

des prix, dans la salle des fêtes bondée. L’agitation,<br />

ponctuée d’acclamations, de cris et de<br />

sifflets joyeux, relèguerait presque le classement<br />

de la course au second plan! Ceux qui<br />

ont va<strong>in</strong>cu l’enfer du Schilthorn se trémoussent<br />

sur les tables af<strong>in</strong> de célébrer dignement<br />

cette magnifique journée.<br />

«Ça, c’est l’Inferno!», lance Samuel Bichsel,<br />

enthousiaste. Et une évidence s’impose<br />

pour tout le monde: l’hiver procha<strong>in</strong>, on remet<br />

ça!<br />

■<br />

down the snowy slopes. S<strong>in</strong>ce then,<br />

the 15-kilometre race has been<br />

staged almost every year, weather or<br />

world events permitt<strong>in</strong>g. On 20 January<br />

2018, the Inferno unfolds for the<br />

75th time. It will stretch the capacity<br />

of the village – 1,850 participants are<br />

compet<strong>in</strong>g <strong>in</strong> different categories.<br />

42<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


01<br />

05<br />

06<br />

03<br />

02<br />

04<br />

07<br />

01) Ellen Luise di Lorenzi, 53 ans,<br />

Ma<strong>in</strong>z, Allemagne<br />

«On y participe depuis v<strong>in</strong>gt-c<strong>in</strong>q ans<br />

déjà. Mon mari est un «Inferniste» aguerri<br />

et j’ai repris cette année la course<br />

avec lui. Je trouve génial de pouvoir<br />

dévaler la piste d’une seule traite. En plus,<br />

il y a une superbe ambiance, mais peu de<br />

gens essaient réellement de dépasser<br />

leurs limites.»<br />

Classement: 27 e (catégorie Ladies)<br />

02 ) Felix Hauenste<strong>in</strong>, 61 ans,<br />

Oberdiessbach BE<br />

«C’est une première pour moi - avec le<br />

dossard 1114! J’ai toujours eu envie de<br />

participer à une compétition de descente.<br />

Un collègue m’a proposé de venir à<br />

celle-ci. A partir d’un certa<strong>in</strong> âge, on se<br />

lance des défis, on a envie de se dépasser.<br />

Mais comme je ne m’étais pas entraîné,<br />

j’ai ralenti le tempo en effectuant de<br />

temps à autre un virage de sécurité.»<br />

Classement: 73 e (catégorie Gentlemen)<br />

03) Oliver Tschud<strong>in</strong>, 49 ans,<br />

Rhe<strong>in</strong>felden AG<br />

«Je suis là pour la c<strong>in</strong>quième fois cette<br />

année, mais c’est ma première édition<br />

avec les Seniors II. Je suis très attaché à<br />

Mürren, où je passe souvent mes vacances.<br />

Et l’Inferno fait partie de la vie du village.<br />

Ici, c’est simple: soit vous avez envie<br />

de revenir, soit vous n’y remettez plus jamais<br />

les pieds. C’est pareil pour la course.<br />

C’est génial de descendre cette piste<br />

«On va<br />

au bout de<br />

soi-même»<br />

Sept participants disent<br />

pourquoi ils ont autant de plaisir<br />

à l’Inferno et ce qui les pousse<br />

à revenir chaque année<br />

où l’on skie tout l’hiver, sur le mode de la<br />

compétition. On a l’impression d’être un<br />

vrai pro du ski!»<br />

Classement: 157 e (catégorie Senioren II)<br />

04) Lara Sedr<strong>in</strong>a Sommer, 24 ans,<br />

Leissigen BE<br />

C’est ma dixième édition et ce que j’aime<br />

à l’Inferno, c’est que je peux vraiment<br />

me lâcher. Je suis venue toutes les années<br />

depuis mes 14 ans, et je n’ai jamais<br />

connu un plaisir aussi fort que pendant<br />

la course. Evidemment, le début est<br />

difficile et il arrive toujours un moment<br />

où on a mal aux jambes. Mais ça<br />

en vaut la pe<strong>in</strong>e. C’est une bonne douleur,<br />

car on sait qu’on participe à quelque<br />

chose de d<strong>in</strong>gue. Pour une fois, on va<br />

au bout de soi-même.<br />

Classement: 16 e (catégorie Dames I)<br />

05 ) Adrian Stucki, 39 ans,<br />

Erlenbach, Simmental BE<br />

«Je me tiens sur une portion très raide<br />

de la piste. Quand je tombe, j’agite le<br />

drapeau jaune de façon à ce que les<br />

coureurs qui arrivent ralentissent. On se<br />

croirait en Formule 1! C’est la quatrième<br />

fois que je suis commissaire ici. L’ambiance<br />

est géniale, et si la météo est bonne,<br />

même nous, les bénévoles, pouvons<br />

vraiment profiter de la journée.»<br />

06) Kathi Reber, 50 ans,<br />

Niederhünigen BE<br />

«C’est ma sixième participation.<br />

Quand je me suis lancée j’y pensais<br />

depuis longtemps mais tout le monde<br />

me disait que je ne décrocherais même<br />

pas une place au départ. Mais cela n’a pas<br />

posé de problème. Je cours parce que<br />

je suis un peu d<strong>in</strong>gue et que j’ai beso<strong>in</strong><br />

d’adrénal<strong>in</strong>e. Je n’arrête pas de me dire:<br />

«Ouah, quelle vitesse!»<br />

Classement: 2 e (catégorie Ladies)<br />

07) Viviane von Teufenste<strong>in</strong>, 26 ans,<br />

<strong>Bern</strong>e<br />

«J’ai toujours voulu y aller, au mo<strong>in</strong>s une<br />

fois. C’est fait. C’était plus exigeant que je<br />

l’avais imag<strong>in</strong>é, et cela a passé beaucoup<br />

plus vite que je m’y attendais. J’étais obsédée<br />

par l’idée de ne pas tomber. A certa<strong>in</strong>s<br />

moments, ce n’était pas évident de<br />

dépasser ceux qui étaient partis avant.<br />

Mais je viendrai sûrement à nouveau!»<br />

Classement: 84 e (catégorie Damen I)<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

43


44<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong><br />

ILLUSTRATION: MUTI - FOLIO ART


FORFAIT DE SKI TOP4<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

45


FORFAIT DE SKI TOP4<br />

Quatre en un<br />

Une nouveauté réjouissante cette saison: l’abonnement général forfait de ski Top4<br />

donne accès à toutes les remontées mécaniques des quatre plus grands doma<strong>in</strong>es skiables<br />

du canton de <strong>Bern</strong>e. Et cela pour seulement 666 francs<br />

Plus de pistes, plus de parcs, plus de remontées…<br />

et surtout plus de plaisir, le tout pour<br />

un franc par kilomètre! Cette saison, les quatre<br />

stations d’Adelboden-Lenk, de Gstaad,<br />

de Jungfrau Ski Region et de Meir<strong>in</strong>gen-<br />

Hasliberg se sont unies af<strong>in</strong> de proposer<br />

l’abonnement général forfait de ski Top4,<br />

qui permet l’accès illimité à 666 kilomètres<br />

de pistes extraord<strong>in</strong>aires. Tous les styles de<br />

descente sont offerts, des pentes les plus douces<br />

aux combes les plus raides en passant par<br />

les parcs freestyle, ou de pur divertissement,<br />

et les champs de poudreuse. La réunion des<br />

quatre plus grands doma<strong>in</strong>es du canton offre<br />

tout ce dont peuvent rêver les amateurs de<br />

sports d’hiver, skieurs ou snowboardeurs,<br />

petits ou grands, chevronnés ou débutants.<br />

Et ce n’est pas tout. Outre le libre accès à<br />

666 kilomètres de pistes, ce nouveau forfait<br />

saisonnier permet également de dormir sur<br />

place pour mo<strong>in</strong>s cher! Du dimanche au jeudi,<br />

les détenteurs du pass bénéficieront en<br />

effet d’un rabais de 33% dans les hôtels des<br />

quatre stations du Top4, a<strong>in</strong>si que dans les<br />

établissements hôteliers d’Interlaken et de<br />

Kandersteg.<br />

De plus, les quatre stations cont<strong>in</strong>uent<br />

de proposer chacune ses offres spéciales.<br />

On pense, par exemple, à l’accès gratuit, ou<br />

à prix réduit, pour la descente du Lauberhorn,<br />

ou à des actions dans divers magas<strong>in</strong>s<br />

de sport. A noter que le forfait de ski Top4<br />

est vendu au prix préférentiel de 666 francs<br />

jusqu’au 15 décembre <strong>2017</strong>. top4.ski<br />

SKIPASS<br />

EN PRÉVENTE<br />

FORFAIT DE SKI Tarif normal Prévente<br />

Adulte 950.– 666.–<br />

Jeunes 710.– 499.–<br />

Enfants (≤ 15 ans) 475.– 333.–<br />

Le forfait de ski Top4 est vendu au tarif<br />

préférentiel jusqu’au 15 décembre <strong>2017</strong>.<br />

46<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


ILLUSTRATIONS: MUTI - FOLIO ART, PHOTOS: ZVG<br />

ADELBODEN-LENK<br />

Les 205 kilomètres de pistes du doma<strong>in</strong>e<br />

d’Adelboden-Lenk ne peuvent que séduire<br />

les skieurs, qu’ils soient avancés<br />

ou débutants. Entre les trois pistes de<br />

skicross, les deux descentes équipées<br />

de caméras pour se sentir une âme de<br />

champion (skimovies) et le parc à luge,<br />

personne ne risque de s’ennuyer, et la<br />

diversité des plaisirs est assurée. Les<br />

randonneurs, à pied ou à raquettes, ont<br />

190 kilomètres de chem<strong>in</strong>s pour eux;<br />

les fondeurs 118 km de pistes et les<br />

lugeurs 10 pistes à disposition. Quant<br />

aux adeptes de freestyle, ils peuvent<br />

se faire peur sur les sauts et les rampes<br />

du Gran Masta Park de Hahnenmoos.<br />

GSTAAD<br />

Détente, activités sportives ou bien-être,<br />

la magie de Gstaad présente de multiples<br />

facettes. On skie sur 195 kilomètres<br />

de pistes au milieu de paysages paradisiaques,<br />

à quelque 2000 m d’altitude.<br />

On se lance, skis aux pieds, dans le safari<br />

de R<strong>in</strong>derberg Ronda, une boucle qui<br />

<strong>in</strong>clut trois montagnes et vallées sans<br />

emprunter deux fois le même téléski.<br />

On profite de l’accès direct aux transports<br />

publics. Et on admire les beaux<br />

chalets de station, au charme typique.<br />

JUNGFRAU SKI REGION<br />

Avec 206 kilomètres de pistes de ski<br />

dom<strong>in</strong>ées par le trio extraord<strong>in</strong>aire composé<br />

du Mönch, de l’Eiger et de la Jungfrau,<br />

l’offre est vaste et prestigieuse!<br />

Descendre la piste mythique du Lauberhorn,<br />

choisir d’autres pentes, douces<br />

ou raides, s’éclater dans un Snowpark<br />

ou un Funpark: il y a là tout ce qu’on peut<br />

désirer. Les amateurs de freestyle s’en<br />

donnent à cœur joie dans le White Elements<br />

Park de Gr<strong>in</strong>delwald-First, qui propose<br />

l’un des rares Superpipes de Suisse.<br />

Les freeriders trouvent leur bonheur sur<br />

le doma<strong>in</strong>e du Schilthorn avec ses <strong>in</strong>nombrablres<br />

«runs». Quant aux randonneurs<br />

et lugeurs, ils disposent de 100 kilomètres<br />

de chem<strong>in</strong>s. Du spectacle, il y en<br />

a aussi, avec la descente du Lauberhorn,<br />

bien sûr, l’Inferno et le Snowpenair.<br />

MEIRINGEN-HASLIBERG<br />

Ici aussi, on peut varier les plaisirs<br />

chaque jour. Soixante kilomètres de pistes,<br />

sept de luge, v<strong>in</strong>gt-c<strong>in</strong>q de chem<strong>in</strong>s,<br />

des pistes de fond a<strong>in</strong>si qu’un Jard<strong>in</strong><br />

des neiges attendent les visiteurs<br />

de tous âges et de tous<br />

niveaux. Le po<strong>in</strong>t fort de la<br />

station? L’éclairage de la piste<br />

allant de Mägisalp à Reuti:<br />

on peut y glisser à skis de nuit<br />

les vendredis, de mi-janvier à mimars,<br />

et en luge les mercredis,<br />

de f<strong>in</strong> janvier à début mars. Autre<br />

atout: le Centre de courses de<br />

ski de Hasliberg: dest<strong>in</strong>é à ceux<br />

qui veulent se mesurer aux champions,<br />

il est équipé d’une piste de<br />

compétition avec filets de sécurité,<br />

chrono et canons à neige.<br />

DEUX FORFAITS<br />

DE SKI TOP4<br />

D’UNE VALEUR DE<br />

666 Francs<br />

À GAGNER<br />

CONCOURS<br />

Répondez aux questions<br />

suivantes et, avec un peu<br />

de chance, vous remporterez<br />

un forfait de ski Top4.<br />

A. Combien de<br />

snowboardeurs<br />

y a-t-il sur<br />

l’illustration<br />

de la page 44?<br />

B. Quatre<br />

doma<strong>in</strong>es skiables<br />

proposent le<br />

forfait de ski Top4.<br />

Lesquels?<br />

Pour participer:<br />

Répondez aux 2 questions<br />

sur made<strong>in</strong>bern.com/w<strong>in</strong>-fr<br />

et... tentez de gagner!<br />

Les gagnants seront avisés par écrit.<br />

Aucune correspondance ne sera échangée.<br />

Scannez et<br />

découvrez<br />

les vidéos<br />

du forfait<br />

de ski Top4<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

47


AGENDA<br />

MARCHÉS DE NOËL,<br />

COUPE DU MONDE DE SKI<br />

ET FEUX D’ARTIFICE<br />

27 NOVEMBRE<br />

20 DÉCEMBRE–18 FÉVRIER<br />

12–14 JANVIER<br />

FOIRE AUX OIGNONS<br />

Au plus grand marché de<br />

<strong>Bern</strong>e, on trouve les fameuses<br />

tresses d’oignons, mais aussi<br />

des vêtements, des bijoux<br />

et de la céramique.<br />

bern.com<br />

2–24 DÉCEMBRE<br />

LES MARCHÉS<br />

DE NOËL<br />

Il y en a deux à <strong>Bern</strong>e: celui du<br />

Münsterplatz, où l’on trouve<br />

de l’artisanat, et celui du<br />

Waisenhausplatz, avec ses<br />

articles classiques de Noël.<br />

bern.com<br />

3 DÉCEMBRE<br />

FÉRIES HIVERNALES<br />

Bueren an der Aare devient<br />

un village de conte, avec sortie<br />

en calèche et ateliers bougies.<br />

bueren.ch<br />

15-16 DÉCEMBRE<br />

DÉBUT DE SAISON<br />

À GRINDELWALD<br />

Un large éventail d’activités au<br />

programme pour le lancement<br />

de la saison d’hiver.<br />

gr<strong>in</strong>delwald.ch<br />

16 DÉCEMBRE–24 FÉVRIER<br />

TOP OF EUROPE<br />

ICE MAGIC<br />

Interlaken devient le paradis<br />

des pat<strong>in</strong>eurs avec son réseau<br />

glacé et son joli marché.<br />

icemagic.ch<br />

PATINAGE SUR<br />

LA PLACE FÉDÉRALE<br />

On virevolte sur la glace devant<br />

le Palais fédéral. Et pour se réchauffer:<br />

concerts et fondue.<br />

kunsteisbahnbundesplatz.ch<br />

31 DÉCEMBRE–2 JANVIER<br />

LONG RÉVEILLON<br />

Interlaken célèbre le Nouvel-An<br />

pendant trois jours. Avec un feu<br />

d’artifice, des concerts en ple<strong>in</strong><br />

air et un cortège dans les rues<br />

de la ville.<br />

<strong>in</strong>terlaken.ch/silvester<br />

6-7 JANVIER<br />

COUPE DU MONDE<br />

ADELBODEN<br />

Pour la 62 e année, le versant<br />

abrupt du Chuenisbärgli<br />

accueille le slalom et<br />

le géant messieurs.<br />

weltcup-adelboden.ch<br />

DESCENTE<br />

DU LAUBERHORN<br />

Un des musts du cirque blanc:<br />

la spectaculaire descente<br />

du Lauberhorn.<br />

lauberhorn.ch<br />

15–20 JANVIER<br />

WORLD SNOW<br />

FESTIVAL<br />

Gr<strong>in</strong>delwald devient pendant<br />

une sema<strong>in</strong>e le royaume<br />

de la sculpture de glace.<br />

gr<strong>in</strong>delwald.ch<br />

18–21 JANVIER<br />

SNOW BIKE FESTIVAL<br />

GSTAAD<br />

La première course UCI sur<br />

neige attire des vététistes pros<br />

et amateurs du monde entier.<br />

snowbikefestival.com<br />

PHOTOS: KEYSTONE (3), ZVG<br />

48<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong>


RÉVEILLON À INTERLAKEN<br />

SNOW BIKE À GSTAAD<br />

21–28 JANVIER<br />

BELLE ÉPOQUE<br />

À KANDERSTEG<br />

Pendant quelques jours, le village<br />

replonge au siècle dernier.<br />

kandersteg.ch<br />

27 JANVIER–4 FÉVRIER<br />

MONDIAUX JUNIORS<br />

DE SKI NORDIQUE<br />

A Kandersteg (a<strong>in</strong>si qu’à Ulrichen,<br />

en Valais), l’élite du futur<br />

se bat pour des médailles.<br />

kandersteg.ch<br />

4 FÉVRIER<br />

SNOW-UP<br />

INTERJURASSIEN<br />

Version hivernale du Slow-Up,<br />

cet événement pour promouvoir<br />

la mobilité douce est<br />

organisé à Saignelégier<br />

et aux Reussilles.<br />

snowup-<strong>in</strong>terjurassien.ch<br />

10 FÉVRIER<br />

FAMIGROS SKI DAY<br />

Une journée à la neige pour<br />

toute la famille à un prix imbattable,<br />

avec de nombreuses<br />

attractions pour les enfants.<br />

lenk-simmental.ch<br />

10–11 FÉVRIER<br />

COURSES DE<br />

CHIENS DE TRAÎNEAU<br />

Les participants viennent<br />

à la Lenk du monde entier pour<br />

ce rendez-vous spectaculaire.<br />

lenk-simmental.ch<br />

18 FÉVRIER–22 AVRIL<br />

8–11 MARS<br />

RIDE ON MUSIC<br />

Schönried-Saanenmöser<br />

propose la 6 e édition de<br />

ce festival de musique avec<br />

des stars <strong>in</strong>ternationales.<br />

rideonmusic.ch<br />

18–19 MARS<br />

IGLU FESTIVAL<br />

ADELBODEN<br />

Les plus beaux igloos<br />

construits sur l’Engstligenalp<br />

sont récompensés.<br />

adelboden.ch<br />

21-25 MARS<br />

IMPRESSUM<br />

DIRECTION Dom<strong>in</strong>ic<br />

Geisseler RÉDACTION<br />

Erik Brühlmann, Marius<br />

Leutenegger, Lukas<br />

Tobler, Zeno van Essel<br />

PRODUCTION Renata<br />

Libal, Dom<strong>in</strong>ic Geisseler,<br />

Cather<strong>in</strong>e Maret MISE EN<br />

PAGE Fabienne Boesch<br />

RÉDACTION PHOTO Suse<br />

He<strong>in</strong>z, Christ<strong>in</strong>a Rohner<br />

TRADUCTIONS Rosemarie<br />

Graffagn<strong>in</strong>i, Loyse<br />

Pahud, Sylvie Ulmann,<br />

Andréane Leclerc,<br />

Cather<strong>in</strong>e Seigneur<br />

PHOTO COVER Jean-<br />

Christophe Bott/Keystone<br />

DIRECTION ÉDITO-<br />

RIALE Marcel Tappe<strong>in</strong>er<br />

DIRECTION DES VENTES<br />

Adriano Valeri<br />

IMPRIMÉ EN SUISSE<br />

Un partenariat entre<br />

BE! Tourisme SA<br />

et Le Mat<strong>in</strong> Dimanche<br />

INTERLAKEN CLASSICS<br />

Depuis plus de c<strong>in</strong>quante ans,<br />

Interlaken fête dignement<br />

l’arrivée du pr<strong>in</strong>temps avec<br />

ses concerts classiques.<br />

<strong>in</strong>terlaken-classics.ch<br />

TELEMARK<br />

AU SCHILTHORN<br />

L’élite de la discipl<strong>in</strong>e a rendezvous<br />

à Mürren pour la f<strong>in</strong>ale<br />

de la Coupe du monde FIS.<br />

schilthorn.ch<br />

3/<strong>2017</strong> MADE IN BERN<br />

49


SOUVENIRS<br />

01<br />

02<br />

03<br />

04<br />

05<br />

06<br />

07<br />

08<br />

10<br />

09<br />

<strong>Bern</strong>e en bouteilles<br />

Liqueur au basilic ou au g<strong>in</strong>gembre, bière non filtrée ou whisky vieilli dans les glaces<br />

de la Jungfrau: le canton de <strong>Bern</strong>e sait se montrer rafraîchissant!<br />

50<br />

01 CHILISCHNOUZ<br />

Une liqueur bernoise au<br />

basilic bio, épices et piment<br />

02 SOUBOZIANE<br />

Cet apéritif à base de gentianes<br />

séchées, est produit<br />

par Gagygnole à Souboz,<br />

dans le Jura bernois<br />

03 SWISS MOUNTAIN<br />

Le S<strong>in</strong>gle Malt Whisky de<br />

Rugenbräu est vieilli dans<br />

les glaces de la Jungfrau<br />

04 HANZ-VODKA<br />

Du blé et de l’eau. Une vodka<br />

sans additifs produite par une<br />

petite manufacture bernoise.<br />

05 BÄRG BIER<br />

Une bière non filtrée<br />

brassée avec de l’eau<br />

de source d’Adelboden<br />

06 INGWERER<br />

Cette liqueur de g<strong>in</strong>gembre<br />

de Peppe vient du quartier<br />

de la Lorra<strong>in</strong>e, à <strong>Bern</strong>e<br />

07 DRY GIN<br />

Un spiritueux produit<br />

artisanalement par la<br />

Distillerie Matte, à <strong>Bern</strong>e<br />

08 BLACK ROCK<br />

Une bière artisanale plutôt<br />

douce de la Brasserie<br />

Haarige Kuh, à Interlaken<br />

09 OLD DEER<br />

Ce whisky s<strong>in</strong>gle malt vient<br />

de la distillerie Langatun,<br />

à Aarwangen<br />

10 BESSER AUS YSTEE<br />

Le concentré d’herbes<br />

et de fruits du label<br />

Le sirupier de <strong>Bern</strong>e<br />

MADE IN BERN 3/<strong>2017</strong><br />

PHOTO: JÉRÉMY BIERER


LE LE MATIN DIMANCHE<br />

LE JOURNAL LE JOURNAL QUI CHANGE QUI CHANGE DU QUOTIDIEN. DU RAMON + PEDRO<br />

www.lemat<strong>in</strong>dimanche.ch


4 doma<strong>in</strong>es de ski géniaux<br />

666 kilomètres de pistes<br />

1 forfait ski :<br />

seulement<br />

666.–<br />

www.top4.ski<br />

Les doma<strong>in</strong>es skiables de l’Oberland bernois s’allient. Avec le<br />

forfait de ski Top4, valable sur les 666 kilomètres de pistes de ski<br />

d’Adelboden-Lenk, Gstaad, Jungfrau Ski Region et Meir<strong>in</strong>gen-<br />

Hasli berg. Jusqu’au 15.12.<strong>2017</strong>*, il est à 666 francs seulement. Et en<br />

plus, sur présentation, il donne droit à 33 % de réduction sur des<br />

réservations d’hôtel dans ces doma<strong>in</strong>es skiables (du dim. au jeu.).<br />

* A partir du 16.12.<strong>2017</strong>, le forfait de ski Top4 coûte 950 francs pour les adultes.<br />

Plus de temps. Plus d’hiver.

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