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NOUVELLES DE JÉRUSALEM - Automne 2017

Les Nouvelles de Jérusalem sont une revue d'informations de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, 2 à 3 fois par an, elles donnent un aperçu des travaux en cours en exégèse comme en archéologie, ici à Jérusalem. En voici le deuxième numéro couleurs en ligne. Les articles alternent français et anglais. The Nouvelles de Jérusalem is an information review of the École Biblique et Archéologique française de Jérusalem, 2-3 times a year, they give an overview of the work in progress in both exegesis and archeology, here in Jerusalem. Here is the second color edition online. Articles are sometimes in French sometimes in English.

Les Nouvelles de Jérusalem sont une revue d'informations de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, 2 à 3 fois par an, elles donnent un aperçu des travaux en cours en exégèse comme en archéologie, ici à Jérusalem. En voici le deuxième numéro couleurs en ligne. Les articles alternent français et anglais.

The Nouvelles de Jérusalem is an information review of the École Biblique et Archéologique française de Jérusalem, 2-3 times a year, they give an overview of the work in progress in both exegesis and archeology, here in Jerusalem. Here is the second color edition online. Articles are sometimes in French sometimes in English.

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Nouvelles de Jérusalem<br />

Lettre aux amis de l’École biblique<br />

et archéologique française<br />

N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong><br />

École<br />

biblique e<br />

archéolog<br />

française<br />

Jérusalem


A Dominican Biblical institute housed at the priory of St Stephen<br />

since 1890, the École biblique et archéologique française de<br />

Jérusalem welcomes students and researchers from all over the<br />

world and offers them a unique study experience.<br />

The Ecole thus continues the project of its founder, Father Marie-<br />

Joseph Lagrange: to study the Bible in the land of the Bible, to<br />

bring together both ‘document’ and ‘monument’ in an academically<br />

rigorous way. To do this, the Ecole offers an exceptional study<br />

environment:<br />

Specialised library<br />

International team of teacher-researchers<br />

Regular visits to archaeological sites<br />

Fraternal atmosphere to foster dialogue<br />

How you can help us ?<br />

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France: associationdesamis@ebaf.edu<br />

Canada: cfeb.aceb@gmail.com<br />

United States: admin@intldom.org<br />

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Bank: CIC<br />

Account holder: Couvent des dominicains à Jérusalem<br />

Branch code: 30066 - Sort code: 10041<br />

Account number: 00011282301 - RIB key : 77<br />

IBAN : FR76 30066 10041 00011282301 77<br />

(BIC) : CMCIFRPP<br />

Editorial<br />

Continuity and Transmission<br />

Dear Friends of the Ecole biblique,<br />

The Ecole has experienced a major renewal of its teaching<br />

body over the last two years, thanks to the arrival of several young<br />

Dominicans with degrees in the Biblical sciences. This injection of<br />

new blood was urgently needed following the retirement of a generation<br />

of professors who have all shaped the life of the Ecole, in some<br />

cases over three or four decades. The death earlier this year of fr. Francolino<br />

Gonçalves, expert on the prophetic books, and the imminent<br />

departure from Jerusalem of fr. Marcel Sigrist, renowned Assyriologist<br />

and former director of the Ecole biblique, invite us to reflect on<br />

continuity and transmission.<br />

The Ecole biblique accomplishes its mission with very modest means:<br />

our finances bear no comparison to similar university institutions.<br />

Nevertheless, the Ecole holds its own thanks to the quality and commitment<br />

of its members, and to its capacity to endure through crises,<br />

which this land does not lack. Continuity is one of our strengths.<br />

To be productive, this continuity presupposes that the elders know<br />

how to hand on the received heritage, and that the younger ones know<br />

how to receive it and make it bear fruit. It is a privilege to have the elders<br />

we have. This also places a demand on the new generation, which<br />

needs to show itself worthy of it.<br />

Recevoir et transmettre : c’est une loi de la vie dont l’École biblique<br />

fait actuellement une vive expérience alors qu’elle accueille une<br />

génération de nouveaux professeurs qui mesure ce qu’elle doit à des<br />

aînés remarquables qui ont fait la réputation de l’École. Un beau défi<br />

pour tous.<br />

École Biblique et Archéologique française de Jérusalem<br />

Nablus road 83-85 -POB 19053 -IL 911 9001 Jerusalem<br />

Tél. : 972 2 626 44 68 ext 238 - Fax. : 972 2 628 25 67<br />

www.ebaf.edu - secretariat.ebaf@gmail.com<br />

Fr. Jean Jacques Pérennès, op.<br />

Director of the Ecole biblique<br />

Couverture : Émile Puech et le fr. Jakub Bluj en cours d’épigraphie. © Serge NEGRE


In Memoriam<br />

Fr. Francolino José Gonçalvès, op. (1943-<strong>2017</strong>)<br />

Les étymologistes locaux font dériver<br />

le nom du village de Corujas,<br />

dans le nord-est du Portugal, de<br />

« hibou ». Les habitants en sont<br />

fiers, puisque cet oiseau est symbole<br />

de science, intelligence et perspicacité<br />

: ils en ont mis quatre sur<br />

l’écusson de la commune, autour<br />

d’une coquille de saint Jacques.<br />

C’est dans ce petit bourg, une cinquantaine<br />

de maisons, que José<br />

Gonçalves vit la lumière le 28 mars<br />

1943. Du hibou, celui que nous<br />

avons connu comme frère Francolino<br />

avait gardé d’abord les yeux ouverts<br />

sur le monde. Il se plaçait, au<br />

réfectoire, à l’extrémité de la table à<br />

droite de l’entrée, pour observer les<br />

parades des frères, des étudiants et<br />

des hôtes, le plateau à la main, dessinant<br />

des parcours tortueux pour<br />

choisir une place. Certaines devenaient<br />

les personnages d’une comédie<br />

dont, jour après jour, il composait<br />

les scènes et les tableaux. Ses<br />

commentaires sur la situation politique,<br />

souvent durs, étaient veinés<br />

de la même compassion critique.<br />

Il avait fait sa profession religieuse<br />

à 17 ans, en 1960. Issu d’une famille<br />

chrétienne mais anticléricale,<br />

être dominicain avait été pour lui<br />

– disait-il quelques jours avant sa<br />

mort – un engagement social. Venu<br />

le moment d’être ordonné prêtre,<br />

quand s’annonçait la tempête de<br />

mai 68, il avait décidé de s’en<br />

passer. Du hibou, il avait aussi la<br />

nature solitaire : les liturgies, avec<br />

leurs rôles sacrés, lui faisaient peur.<br />

Il aimait pourtant l’Office divin en<br />

commun, où on est égaux autour<br />

de la Parole. Il accepta finalement<br />

la prêtrise, mais les conflits causés<br />

par son refus initial avaient rendu<br />

nécessaire un séjour d’études à<br />

Montréal, où il fut ordonné le 9 novembre<br />

1968. Il fut envoyé tout de<br />

suite à Jérusalem.<br />

Pour étonnant que cela puisse paraître,<br />

il aurait voulu s’occuper de<br />

théologie biblique : on lui fit comprendre<br />

que la spéculation n’était<br />

pas dans ses cordes et, son mémoire<br />

ayant mis en lumière sa perspicacité<br />

et son intelligence, il partit à Louvain<br />

faire son doctorat sous la direction<br />

de Pierre Bogaert. Sa thèse,<br />

L’expédition de Sennachérib en Palestine<br />

dans la littérature hébraïque<br />

ancienne, fut publiée en 1986 dans<br />

les Études bibliques, collection dont<br />

il fut ensuite directeur, comme celle<br />

des Cahiers de la Revue biblique,<br />

pour de longues années. Son enseignement<br />

à l’École et dans plusieurs<br />

autres institutions académiques lui<br />

valut nombre d’honneurs et la nomination<br />

en 2008 à la Commission<br />

Biblique Pontificale.<br />

Pour Francolino, les livres prophétiques<br />

dessinent deux formes de yahvisme<br />

: si Jérémie faisait de l’Alliance<br />

la raison ultime de l’obéissance<br />

à Dieu, Isaïe y voyait une<br />

exigence venant de la création. Il<br />

était plutôt proche d’Isaïe et, naturellement,<br />

d’Amos : justice et universalisme<br />

le fascinaient davantage.<br />

Du hibou, Francolino avait aussi le<br />

regard qui scrute les ténèbres. Il ne<br />

cherchait pas la lumière artificielle<br />

des faux mysticismes : il était un<br />

être humain à qui l’humain suffisait.<br />

Dans la variété des caractères<br />

et des comportements il voyait le<br />

visage de Dieu, amoindri mais lumineux,<br />

et les abîmes du mal, grotesques<br />

– comme il appelait souvent<br />

les gestes et les idées porteuses<br />

de mort.<br />

Comme les prophètes, il avait le<br />

don de la caricature et une horreur<br />

profonde de la vanité humaine.<br />

Quand on parlait avec lui, on ne<br />

pouvait prendre au sérieux que la<br />

souffrance. Parce que la souffrance,<br />

infligée ou subie, coupable ou fatale,<br />

nie le Dieu incarné dès la création<br />

du monde.<br />

« Mon Credo : je suis fils de Dieu<br />

déjà par la création, ensuite par la<br />

rédemption », disait-il quelques<br />

jours avant sa mort, qui vint le<br />

cueillir peu avant l’aube du 15<br />

juin <strong>2017</strong>.<br />

Fr. Paolo Garuti, op.<br />

Professeur invité de l’École<br />

4 5<br />

Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong>


Bible<br />

Translating the Book of Isaiah into Mauritian<br />

Creole: Opportunities and Emerging Questions<br />

Fr. Laurent Rivet is a priest, native<br />

from the Island of Mauritius. He was<br />

student at the École biblique during<br />

the last academic year, ending his<br />

studies at the Università Gregoriana.<br />

The Biblical Society of Mauritius<br />

asked me to participate in the Old<br />

Testament translation project by<br />

working on the Book of Isaiah. In<br />

my creolophone parish in Mauritius,<br />

I had sometimes experienced<br />

the joyful astonishment of my parishioners<br />

hearing, during Mass,<br />

the liturgical readings in Creole.<br />

I knew that I was embarking on a<br />

demanding intellectual task. From<br />

my working desk in Jerusalem I<br />

remembered St Jerome, the patron<br />

saint of translators who lived only<br />

a few kilometres away and spent<br />

thirty difficult years working on the<br />

Vulgate! Somehow I would be able<br />

to help my people to have a better<br />

understanding of God who was<br />

now talking their mother tongue!<br />

The syntatic difficulty<br />

Mauritian Creole is probably<br />

amongst the newest languages<br />

in the world. It was created some<br />

300 years ago by Afro-Malagasy<br />

slaves who, listening to their masters’<br />

French, simultaneously tried<br />

to speak it and to resist it. Today,<br />

Mauritian Creole is the mother<br />

tongue of 85% of the population.<br />

However, it has long remained an<br />

oral language. For ideological and<br />

political reasons, its orthography<br />

was fixed and it has been taught at<br />

school only since 2007. The New<br />

Testament was translated only five<br />

years ago. Thus, Creole linguistic<br />

studies are quite new and only a<br />

few publications and translations<br />

have been made in Creole, with<br />

written poetry slowly emerging.<br />

One can easily suppose that the first<br />

difficulty of translating Hebrew<br />

poetry to Creole would be a syntactic<br />

one. Hebrew verses, generally<br />

composed of two repeated affirmations,<br />

usually use elliptic forms of<br />

expression such that the verb in the<br />

second part of the verse is most of<br />

the time omitted. For example, in<br />

Is 60:19b, the verb היה – to be – is<br />

used only once for both “YHWH<br />

being your everlasting light” and<br />

“God being your splendour”. The<br />

use of such elliptic forms is not very<br />

common in Creole and can obscure<br />

the meaning of a verse. The verse<br />

repetition phenomenon opens us<br />

to another challenge often met by<br />

translators: the lexico-semantic<br />

field. The two parts of the verse are<br />

rarely linked by a mere repetition<br />

but rather by a rhetoric of intensification.<br />

If רוא – light can be translated<br />

in Creole, its intensive partner<br />

הראפת – splendour can be only<br />

be rendered by leaving the “light”<br />

spectrum to give “beauty” or “glory”.<br />

Such examples can be multiplied<br />

all through the book. Talking<br />

of a field in biblical language is<br />

not really a metaphor. The prophet<br />

would often use agricultural and<br />

biological references to deliver his<br />

message: in their semi-desert area,<br />

the fauna and flora are not at all<br />

the same as on a tropical island!<br />

Therefore, Mauritian Creole’s lexicon<br />

does not correspond to the Hebrew<br />

one in this particular aspect.<br />

Another challenge of translating<br />

from Hebrew is the rendering of<br />

theological anthropomorphism.<br />

When in Is 60:13b, Isaiah speaks<br />

of the “place of the feet [of God]”<br />

to indicate the place where he<br />

stands; or in Is 9:11, when he talks<br />

of the “nose [of God] which is not<br />

turned” for “the anger which is not<br />

spent”, can we afford such leaps<br />

without impoverishing the metaphorical<br />

specificity of Hebraic<br />

theological expression? The same<br />

issue is encountered for idiomatic<br />

expressions: shall the covenant still<br />

be תרכ – cut or simply “made”?<br />

Are dynamic translations more<br />

appropriate though they be a bit<br />

anachronistic: in Is 65:3 the brick<br />

in the garden on which incense is<br />

burned is strangely similar to what<br />

we call in Creole “Garden guardian<br />

– gardyn lakour”. In this case, can<br />

6 7<br />

Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong>


Archéologie<br />

Un été jordanien pour les archéologues de<br />

l’École biblique<br />

such a Mauritian expression be<br />

used to describe a pagan religious<br />

rite occurring 2,500 years ago? The<br />

list of questions arising could thus<br />

be quite lengthy. I shall conclude<br />

with a last one: ambiguity. Using<br />

the verb עשי – save without the use<br />

of a direct object complement can<br />

either mean in Creole “flee, run<br />

away” or “save”. Shall we accept<br />

in Is 45:15 that Mauritian readers<br />

could understand that God is “fleeing<br />

away” instead of “saving”, especially<br />

since the context does not<br />

offer any semantic indication?<br />

Dialogue between brothers<br />

However, such problematic aspects<br />

should not prevent us talking<br />

about common grounds between<br />

Hebrew and Creole. This had led<br />

to some nice renderings indeed.<br />

We can quite surely say that, at<br />

the time that the Bible was being<br />

written, the Hebrew language did<br />

not have any examples of literary<br />

masterpieces to lean on. Isaiah’s<br />

theological language was not very<br />

conceptual. It was quite anthropomorphic,<br />

playing with images and<br />

concrete realities. So is the Creole<br />

language. I was often surprised to<br />

realise that Creole could leave the<br />

hand of his elder French brother<br />

to play quite spontaneously with<br />

his Hebrew friend he was encountering<br />

for the first time! For sure,<br />

their friendship is breaking new<br />

ground and the comprehensive<br />

dialogue between the two of them<br />

will be a long process. But is it<br />

not God himself, the one who ultimately<br />

speaks, who allowed such<br />

a wonderful encounter? “I am<br />

coming to gather every nation and<br />

every language. They will come to<br />

witness my glory” (Is 66:18).<br />

P. Laurent Rivet<br />

Student of the Pontificia<br />

Università Gregoriana (Roma)<br />

Deux missions en Jordanie ont mobilisé<br />

les archéologues de l’École<br />

biblique au cours de l’été <strong>2017</strong> :<br />

la poursuite de l’étude du matériel<br />

archéologique de Samra et l’étude<br />

des textiles de Qumran au musée de<br />

la Citadelle d’Amman.<br />

À Samra,<br />

sous l’œil des Beni Hasan<br />

L’École biblique a fouillé à Samra,<br />

au nord de la Jordanie, non loin de la<br />

frontière syrienne, de 1981 à 2009.<br />

Caserne romaine sur la via Trajana,<br />

Samra devint une petite ville<br />

florissante, grâce à la pax romana.<br />

Pas moins de onze églises byzantines<br />

ont été découvertes, avant que<br />

le site ne passe lentement à l’Islam<br />

sous les Omeyyades, puis ne soit<br />

abandonné. La publication de la<br />

fouille, commencée dans les années<br />

1990 1 , a été ralentie par d’autres<br />

chantiers confiés aux archéologues<br />

de l’École, en particulier les fouilles<br />

de Gaza, faites à la demande du<br />

gouvernement français après les<br />

accords d’Oslo. Depuis quelques<br />

années, le travail sur l’abondant<br />

matériel de Samra a repris et plusieurs<br />

publications sont imminentes.<br />

Pour cela, une équipe dirigée<br />

par Jean-Baptiste Humbert accompagné<br />

de Jean-Michel de Tarragon,<br />

comptant aussi Manon Saenko<br />

1- Jean-Baptiste Humbert et Alain Desreumaux,<br />

dir., Fouilles de Khirbet es-Samra<br />

en Jordanie I : La voie romaine - Le cimetière<br />

- Les documents épigraphiques ,<br />

Turnhout, Brepols, 1998, 674 p.<br />

8<br />

Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong><br />

9


(restauration, fichiers) et Louis de<br />

Lisle (dessin et chargé de la typologie),<br />

passe l’été entre Samra et Amman,<br />

pour trier, restaurer, dessiner,<br />

photographier. La documentation<br />

est conservée sur le site même de<br />

Samra, dans un dépôt placé sous<br />

la surveillance de la Direction des<br />

Antiquités de Jordanie. Le local, un<br />

ancien baraquement de l’armée turque,<br />

est des plus rustiques : le toit<br />

de zinc en fait un four pendant l’été.<br />

Mais travailler à Samra n’est pas<br />

seulement un défi physique ; cela<br />

suppose aussi une bonne relation<br />

avec la population locale, une tribu<br />

bédouine, les Beni Hasan.<br />

Nous sommes arrivés au village<br />

il y a maintenant 40 ans, et nous<br />

avons suivi son évolution aussi<br />

surprenante que rapide. Les familles<br />

étaient en train de passer des<br />

tentes aux maisons de terre crue.<br />

Il n’y avait pas de voiture, et il<br />

nous fallait 8 km de piste caillouteuse<br />

pour y arriver ; un petit train<br />

à vapeur avec deux wagons passait<br />

une fois par jour, c’était un événement.<br />

Il n’y avait ni eau courante,<br />

ni électricité, ni téléphone, ni télévision.<br />

La steppe sans ombre et sans<br />

végétation s’étendait à l’infini vers<br />

l’est et nous évoquions le désert des<br />

Tartares. L’accueil d’abord timide<br />

fut franc et cordial à l’orientale : les<br />

soirées étaient bédouines à boire du<br />

thé sur les pas de porte en parlant de<br />

tout et de rien.<br />

Aujourd’hui, le romantisme a fait<br />

place au modernisme : l’autoroute<br />

vers la Syrie proche, surchargée de<br />

camions, a coupé le désert en deux<br />

et sur les bas-côtés se succèdent les<br />

usines, garages, stations-service,<br />

cimenterie et, tout contre Samra, la<br />

plus grande station d’épuration des<br />

eaux de toute la Jordanie. La société<br />

villageoise maintenant jongle<br />

avec la bimbeloterie électronique,<br />

roule en voiture, sait tout par les<br />

réseaux sociaux, bénéficie de deux<br />

mosquées. La forte sympathie et<br />

la curiosité d’antan ont fait place à<br />

une fierté musulmane qui parfois<br />

nous toise. Il est vrai que des avions<br />

français à quelque distance décollent<br />

tous les jours pour bombarder<br />

la Syrie : nous sommes tenus à la<br />

discrétion et à l’humilité.<br />

Il y a là, peut-être, une marque<br />

spécifique de l’ÉBAF : nos terrains<br />

d’étude ne sont pas d’abord des<br />

tremplins pour des carrières ou des<br />

ambitions personnelles. L’Orient<br />

n’est pour nous ni un décor ni un<br />

simple sujet de recherches. Nous<br />

sommes là pour mieux le connaître<br />

et quoi qu’il advienne, osons le dire,<br />

pour l’aimer.<br />

Au musée de la Citadelle d’Amman,<br />

étude des textiles de Qumran<br />

Le dossier Qumran dont l’École<br />

est chargée s’étend en territoire jordanien<br />

: l’École, sous licence jordanienne,<br />

a soutenu de bout en bout<br />

la découverte des manuscrits de la<br />

Mer morte, les fouilles et la publication.<br />

Les vicissitudes politiques<br />

de la guerre de Six jours ont fait<br />

qu’une partie de la documentation<br />

était restée à Amman. Le service<br />

israélien des Antiquités de Jérusalem<br />

a mis la main sur le produit<br />

des fouilles jordaniennes entreposé<br />

au Palestinian Archaeological Museum<br />

(Rockefeller Foundation). À<br />

la requête de l’École biblique, les<br />

Antiquités de Jordanie, soucieuses<br />

d’honorer les documents restés sous<br />

leur contrôle, ont mis à notre disposition<br />

les précieux textiles qui avaient<br />

enveloppé les manuscrits. Encore<br />

fallait-il retrouver les six portoirs que<br />

nous avions constitués déjà en 2007.<br />

Nous les avions déposés au Citadel<br />

Museum ; le temps avait passé,<br />

la mémoire des préposés s’était un<br />

peu perdue. Antichambre, thé, café ;<br />

on nous affirmait qu’ils étaient inaccessibles<br />

dans un coffre-fort<br />

dont l’ouverture requérait en même<br />

temps trois personnes impossibles<br />

à réunir en même temps, porteurs<br />

de trois clés différentes, qu’il fallait<br />

l’autorisation d’un ministre, etc. ; «<br />

Revenez l’an prochain ». Après un<br />

tour de passe-passe à l’orientale, le<br />

coffre s’ouvre mais vide.<br />

Retour aux Antiquités qui nous renvoient<br />

au nouveau Jordan Museum.<br />

Antichambre, thé, café ; descente<br />

au sous-sol sécurisé ; re-coffre mais<br />

vide. « Allez voir à Dabarbur, le magasin<br />

de stockage dans la banlieue ».<br />

Antichambre, thé, café ; introduits<br />

dans un hangar aux dimensions<br />

d’une usine, véritable capharnaüm,<br />

on nous montre, entassés sans ordre<br />

sur le sol de béton, 20 m 3 des réserves<br />

récemment transférées du Citadel<br />

Museum ; « Oui, les six portoirs<br />

sont dedans mais interdiction d’y<br />

toucher sans l’ordre du ministre ».<br />

10 Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong><br />

11


Bible In Its Traditions<br />

A First (English) Fruit of the Program: “The<br />

Word of The Lord that Happened to Hosea” 1<br />

Négociations obstinées. « Non c’est<br />

non. Revenez l’an prochain ». Sur<br />

ce constat d’échec, on aperçoit les<br />

fameux portoirs mal camouflés au<br />

bord du tas et couverts de poussière.<br />

L’équipe impatiente de travailler a<br />

joui d’un grand soulagement, mais,<br />

avec l’interdiction formelle de sortir<br />

les textiles hors du magasin, elle dut<br />

échantillonner, comme dans un four,<br />

sous la tôle du hangar pendant la canicule<br />

jordanienne. Mireille Bélis,<br />

chercheur associé à l’École, a dirigé<br />

l’atelier de main de maître ; elle était<br />

assistée de Marie-Hélène Thuillier<br />

(enregistrement et archives) ; Christophe<br />

Moulhérat (Musée des Arts<br />

premiers, Quai Branly), spécialiste<br />

des textiles anciens, a offert une<br />

expertise hautement appréciée ;<br />

il était accompagné de Thibaut<br />

Rabinowitz (Paris IV). Trois cents<br />

pièces de textiles ont été inventoriées<br />

malgré leur très mauvais état<br />

de conservation. Même en lambeaux,<br />

ils sont prometteurs d’une<br />

précieuse information qu’attendent<br />

impatiemment les qumrânologues.<br />

Considérons que l’atelier a commencé<br />

avec un vrai succès et qu’il<br />

mérite d’être répété l’an prochain.<br />

L’École demandera le transfert<br />

des nouvelles boîtes au sous-sol<br />

du Jordan Museum, pour de meilleures<br />

conditions de conservation<br />

et l’espoir de les retrouver sans<br />

trop tergiverser.<br />

Fr. Jean Jacques Pérennès, op.<br />

Directeur de l’École<br />

Fr. Jean-Baptiste Humbert, op.<br />

Responsable du département<br />

Archéologie<br />

In November <strong>2017</strong>, the annual conference<br />

of the Society of Biblical<br />

Literature will take place in Boston<br />

where the main contributor to this<br />

volume lives and works. We therefore<br />

decided to begin the publication<br />

of printed works derived from<br />

digital laboratories for our program<br />

of biblical research, with his corpus,<br />

namely with the book of Hosea.<br />

According to the Talmud, “Four<br />

prophets prophesied in one age and<br />

the greatest of all of them was Hosea.”<br />

The book of Hosea is in fact a<br />

key to the Hebrew Bible, a unique<br />

witness to the ancientness of Scripture,<br />

as it offers a number of the oldest<br />

attestations of the one or other<br />

tradition, for example the Exodus,<br />

the Decalog as well as such patriarchal<br />

legends as the cycle of Jacob…<br />

Theological Revolution<br />

But Hosea is much more than a deposit<br />

of ancient traditions. Hosea’s<br />

prophecy harbors phrases that have<br />

transformed the image of God forever:<br />

Because of this, behold, it is I who<br />

will lead her astray and lead her<br />

down into a wilderness and speak<br />

to her heart. (Hos 2:14)<br />

And I will betroth you to myself forever<br />

and I will betroth you to myself<br />

in righteousness and in justice and<br />

in kindness. (Hos 2:19)<br />

1- Leuwen: Peeters, <strong>2017</strong>.<br />

Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong><br />

12 13


My people perish for lack of the<br />

knowledge. (Hos 4:6)<br />

He will revive us after two days;<br />

on the third day he will raise us<br />

up and we will live before his face.<br />

(Hos 6:2)<br />

Out of Egypt I have called out to my<br />

son. (Hos 11:1)<br />

My heart has turned against me,<br />

my consolations have been kindled<br />

I will not do the heat of my anger...<br />

For I myself am God and not man.<br />

(Hos 11:8-9)<br />

For I desire kindness and not sacrifice,<br />

and knowledge of God rather<br />

than burnt offerings. (Hos 6:6)<br />

Where [is] your judgment, Death?<br />

Where [is] your sting, Hades?<br />

(Hos 13:14)<br />

In compiling as best they could<br />

fourteen chapters of glowing poetry,<br />

the ancient prophet of more than<br />

twenty-eight centuries ago and<br />

those who transmitted him gathered<br />

words that are forever living.<br />

Complaints and threats by the lover<br />

who had been turned away, the<br />

groaning of the deceived and still<br />

smitten husband, the implacable<br />

indictment by the angry judge, the<br />

triumphant blast of the trumpet, the<br />

father’s tender encouragement of<br />

his children – far from the immobile<br />

first mover of Greek philosophy:<br />

this is literally the heart of a passionate<br />

God who pours out his feelings<br />

that are turned upside down with<br />

humanity in these inspired pages.<br />

Collaborative Work<br />

Eugen Pentiuc, who is now professor<br />

of Old Testament and Hebrew<br />

and Associate Dean of Academic<br />

Affairs for Hellenic College and<br />

Holy Cross in Brookline, MA, is<br />

a former student of the ÉBAF. He<br />

did us the favor of joining the research<br />

program from the time it<br />

was launched at the 2006 Catholic<br />

Biblical Association (Fordham<br />

University). As a specialist in Hosea,<br />

he had already published a commentary<br />

on this book in Romanian<br />

in 2001. The impulse given to our<br />

work by Eugen has brought to the<br />

present writing its clearly philological<br />

contour, perseverance in formulating<br />

historical hypotheses throughout<br />

Hosea’s ancient prophecies, and<br />

an emphasis on the present-day relevance<br />

of Hosea’s teaching about<br />

the true personality of God, whose<br />

intimacy with the human being<br />

went even to the incarnation 2 . Three<br />

other translators and philologists —<br />

fr. Łukasz Popko op. (of the Ecole),<br />

fr. Etienne Méténier beat., and Gad<br />

Barnea — made it possible to perfect<br />

the translation by moving to<br />

notes all conjectures concerning the<br />

Hebrew text and by systematically<br />

adding the readings found in the<br />

various versions, while eight other<br />

scholars enriched it with the history<br />

of the book’s reception.<br />

2- cf. Eugen J. Pentiuc, Jesus the Messiah<br />

in the Hebrew Bible, New York / Mahwah,<br />

N.J.: Paulist Press, 2006<br />

14 Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong>


The editorial committee had considerable<br />

work to do for almost<br />

nine months, with each person<br />

dedicating him- and herself for<br />

the revision and elaboration of<br />

notes in their field of competence:<br />

fr. Jorge Vargas Op. for the translation<br />

and philological annotation,<br />

fr. Paul-Marie Chango Op. for<br />

philosophy, fr. Augustin Tavardon<br />

OCSO. for Protestant readings, fr.<br />

Olivier-Thomas Venard Op. for the<br />

literary description, suggestions<br />

for reading and supervision of the<br />

history of the book’s reception.<br />

Five external collaborators brought<br />

us their expertise for annotating<br />

the prophet in Christian tradition,<br />

mysticism, the visual arts and Jewish<br />

tradition. Some dozen translators-editors<br />

also intervened in order<br />

to adapt the material that was<br />

written in French.<br />

Thus for Hosea, as also for the Letter<br />

to the Philippians, it was our Jerusalem<br />

team that filled in numerous<br />

rubrics of annotations that had<br />

been left empty by the first contributors.<br />

Fortunately, for the books<br />

that are planned for the next few<br />

years, teams took the responsibility<br />

and have already done abundant<br />

work on all the rubrics. This will<br />

enable the editorial team better to<br />

accompany the work of the teams<br />

as a whole and to communicate<br />

more often on the advances being<br />

made.<br />

In any case, in spite of unavoidable<br />

gaps mentioned in the introduction,<br />

we are proud of these first results.<br />

For the first time, the four great<br />

versions in which this Word has<br />

gone through the centuries – the<br />

Masoretic text, the Septuagint, the<br />

Vulgate and the Syriac version –<br />

have been collated and meticulously<br />

translated into English on the<br />

same page; this is accompanied by<br />

a wealth of annotations that allow<br />

one to hear the echoes throughout<br />

the various periods, the confessions<br />

and the disciplines, from textual<br />

criticism to films, passing by<br />

way of the Jewish and Christian<br />

traditions, literature, painting and<br />

music.<br />

Who is wise and will understand<br />

these — intelligent and will know<br />

these? (Hos 14:9).<br />

Fr. Olivier-Thomas Venard, Op.<br />

Vice-director of the Ecole<br />

Executive director of<br />

La Bible en ses Traditions<br />

Bible en ses Traditions<br />

Les interprétations protestantes du livre de<br />

l’Apocalypse<br />

David Vincent est doctorant en<br />

Sciences Religieuses à l’École Pratique<br />

des Hautes Études (Paris) et<br />

chercheur associé au programme<br />

Bible en ses Traditions. Il nous<br />

explique le lien entre son sujet de<br />

thèse et son travail pour le projet.<br />

Ma découverte du programme remonte<br />

à deux ans environ. À cette<br />

époque, mon sujet de thèse n’était<br />

pas encore fixé, mais j’ai tout de<br />

suite été intéressé par le projet, sans<br />

savoir alors que je pourrai y contribuer<br />

un jour. J’ai ensuite eu l’occasion<br />

de rencontrer le fr. Olivier-<br />

Thomas Venard op. lors d’un de ses<br />

passages à Paris. Mon sujet de thèse<br />

commençait alors à se dessiner et<br />

était susceptible de l’intéresser. En<br />

septembre dernier, j’ai officiellement<br />

commencé mon doctorat à<br />

l’École Pratique des Hautes-Études<br />

avec une recherche sur le dispensationalisme.<br />

Courant théologique<br />

protestant créé au XIX e siècle<br />

par John Nelson Darby (1800-<br />

1882), il est peu connu en France<br />

mais très influent en Amérique du<br />

Nord, où l’on compte aujourd’hui,<br />

d’après les dernières estimations<br />

datant de 2011, environ 40 millions<br />

d’adeptes.<br />

Le dispensationalisme est un système<br />

complet d’interprétation de<br />

la Bible, connu surtout pour son «<br />

eschatologie », c’est-à-dire sa doctrine<br />

de la fin des temps. Ce système<br />

théologique se fonde sur une lecture<br />

très littérale des textes bibliques, y<br />

16 Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong><br />

17


compris les textes apocalyptiques<br />

(principalement l’Apocalypse de<br />

Jean, Ezéchiel et Daniel), ce qui<br />

conduit ses adeptes à attendre une<br />

fin du monde catastrophique et imminente.<br />

Cette attente a des conséquences<br />

importantes dans de nombreux<br />

domaines et a marqué durablement<br />

la société américaine au cours du<br />

XX e siècle, grâce notamment à la<br />

diffusion de romans à succès vendus<br />

à plusieurs dizaines de millions<br />

d’exemplaires. Bien que très récent,<br />

ce courant constitue une « tradition<br />

» importante de réception de<br />

la Bible qu’il me paraissait important<br />

de prendre en considération,<br />

puisqu’elle touche directement ou<br />

indirectement la vie de plusieurs<br />

millions de personnes, tout en restant<br />

méconnue dans les pays francophones.<br />

Au sein du programme, ma participation<br />

ne se limite toutefois pas<br />

à ce seul courant, puisque je travaille<br />

sur la réception de la Bible au<br />

sein du protestantisme en général.<br />

Durant mes trois mois à Jérusalem,<br />

je me suis concentré sur le livre de<br />

l’Apocalypse, qui nécessitait une<br />

approche particulière. En effet, le<br />

protestantisme contient en son sein<br />

de nombreux courants, toutefois<br />

les interprétations protestantes de<br />

l’Apocalypse ne recoupent pas les<br />

différentes dénominations. Une<br />

première tâche consistait donc déjà<br />

à repérer les grandes tendances de<br />

l’exégèse protestante. On peut historiquement<br />

distinguer trois grands<br />

types d’interprétation de l’Apocalypse<br />

: le prétérisme, l’historicisme<br />

et le futurisme. Ces trois approches<br />

peuvent être distinguées en fonction<br />

de leur compréhension des<br />

chapitres 4 à 19. D’une manière<br />

simplifiée, on peut dire que les<br />

prétéristes considèrent que les prophéties<br />

décrites dans ces chapitres<br />

4 à 19 ont déjà été accomplies, les<br />

historicistes qu’elles sont en cours<br />

d’accomplissement et les futuristes<br />

qu’elles vont s’accomplir. Une fois<br />

cette typologie établie, il a fallu sélectionner<br />

des commentaires représentatifs<br />

de ces différentes interprétations,<br />

puis procéder à une annotation<br />

linéaire.<br />

Bien que dépassant mon sujet de<br />

thèse, ce travail a aussi été très utile<br />

pour ma recherche personnelle,<br />

puisqu’il a permis une approche<br />

comparative et c’est avec plaisir<br />

que je le poursuivrai sur d’autres<br />

livres.<br />

David Vincent<br />

Chercheur associé du programme<br />

La Bible en ses Traditions<br />

Étudiants<br />

Une histoire des chrétiens<br />

melkites en Syrie-Palestine<br />

Mathilde Boudier est doctorante à<br />

l’Université Paris I Panthéon Sorbonne,<br />

au laboratoire Orient &<br />

Méditerranée. Au cours de l’année<br />

académique 2016-<strong>2017</strong>, elle était<br />

l’une des boursières de l’Académie<br />

des Inscriptions et Belles-Lettres en<br />

résidence à l’École. Elle travaille sur<br />

« l’histoire des chrétiens melkites et<br />

de leur Église en Syrie-Palestine du<br />

VII e au X e siècle » et nous en dit plus<br />

sur son année à Jérusalem.<br />

Pouvez-vous nous en dire plus<br />

sur votre sujet de thèse ?<br />

Je veux étudier l’évolution des<br />

institutions chrétiennes dans les<br />

régions conquises par l’Islam sur<br />

l’empire byzantin, le fonctionnement<br />

et le rôle de l’Église melkite<br />

(au sens médiéval du terme) dans<br />

la société syro-palestinienne, alors<br />

en pleine recomposition. Pour ma<br />

thèse, je rassemble les informations<br />

que l’on a sur les hiérarchies<br />

ecclésiastiques, l’évolution du rôle<br />

des évêques et patriarches et les<br />

transformations culturelles et liturgiques<br />

de la région. J’essaye de<br />

repérer les spécificités de l’Église<br />

melkite, mais aussi les variations<br />

culturelles en fonction des régions.<br />

Pour cela, j’utilise des sources<br />

grecques, arabes et syriaques qui<br />

peuvent être des chroniques historiques,<br />

des vies de saints, des<br />

textes apologétiques… Je travaille<br />

notamment sur un dossier de lettres<br />

inédites à propos d’un conflit ayant<br />

eu lieu à Damas à la fin du IX è<br />

siècle au sein de l’Église melkite.<br />

18 Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong><br />

19


Pourquoi venir ici à Jérusalem, et<br />

pourquoi à l’École biblique ?<br />

C’est le terrain de mes recherches. Je<br />

voulais passer du temps sur ces lieux,<br />

mieux comprendre la géographie du<br />

pays, je voulais aussi découvrir plus<br />

concrètement la vie des communautés<br />

chrétiennes orientales, leurs<br />

rites, etc. J’ai d’ailleurs pu faire des<br />

rencontres importantes pour mon<br />

approche de ces Églises, notamment<br />

le secrétaire du patriarcat grec-orthodoxe,<br />

ami de l’École biblique et du P.<br />

Émile Puech, Mgr Aristarchos Peristeris,<br />

qui m’a permis d’avoir accès à<br />

la bibliothèque du patriarcat de Jérusalem<br />

et d’y consulter des manuscrits<br />

médiévaux, ce qui est essentiel<br />

pour me former à leur étude.<br />

Quant à l’École biblique, le lieu<br />

m’attirait bien sûr pour le cadre de<br />

travail, la bibliothèque et la communauté<br />

de chercheurs. L’activité<br />

archéologique de l’École aussi : le<br />

« musée » est un lieu unique. C’est<br />

une vraie chance d’avoir son propre<br />

bureau à la bibliothèque, de pouvoir<br />

y laisser ses documents de travail,<br />

d’avoir un accès libre à tous les<br />

ouvrages. J’ai aussi suivi le cours<br />

de topographie hebdomadaire, un<br />

gros investissement en temps mais<br />

qui permet d’avoir une approche<br />

pas seulement « livresque » de<br />

la région. La longue période passée<br />

ici m’a permis de rencontrer<br />

des archéologues de l’IFPO et du<br />

CRFJ, de programmer des lectures<br />

de textes grecs avec les étudiants de<br />

l’Institut Polis voisin, de progresser<br />

en dialecte arabe palestinien…<br />

Ça a été aussi exceptionnel de pouvoir<br />

vivre les différentes saisons à Jérusalem<br />

: l’Avent, Noël, Pâques, les<br />

grandes fêtes musulmanes et juives,<br />

etc. Cette année était particulière :<br />

la période de Pâques était commune<br />

aux différentes Églises chrétiennes.<br />

Qu’avez-vous découvert à l’École<br />

que vous n’imaginiez pas ?<br />

L’ambiance ! Je n’avais pas imaginé<br />

l’atmosphère d’amitié et de fraternité,<br />

très différente de ce qu’on peut<br />

vivre comme doctorante à Paris. À<br />

l’École on vit avec des personnes<br />

d’horizons différents, des jeunes<br />

prêtres en fin de formation, des<br />

universitaires de différentes nationalités,<br />

des chercheurs dans des domaines<br />

variés, etc. On a notamment<br />

assisté à des moments d’anthologie<br />

avec une soirée de fin de semestre<br />

animée par des talents insoupçonnés,<br />

allant de l’opéra à la danse en<br />

passant par le théâtre ou la poésie !<br />

On a même eu le droit à des poèmes<br />

dans le théâtre romain de Jérash<br />

pendant le voyage d’études en Jordanie<br />

ou encore du chant polyphonique<br />

dans les grottes calcaires de<br />

Tel Maresha (Beit Jibrin) !<br />

Propos recueillis<br />

par Amaury Perrachon<br />

Publications<br />

Reimagining Luke’s Economy of Salvation<br />

The thesis of Fr. Anthony Giambrone<br />

Op., Sacramental Charity,<br />

Creditor Christology, and the<br />

Economy of Salvation in Luke’s<br />

Gospel, has just been published.<br />

Gary Anderson was his research<br />

director.<br />

The importance of charity for<br />

Luke-Acts has long been recognized.<br />

But previous work has<br />

been weakened by a failure to<br />

reckon seriously with the Second<br />

Temple Jewish context of the<br />

Gospel. Related to this historical<br />

error is a deficit in contemporary<br />

theological imagination. As<br />

Max Weber famously observed,<br />

modern persons live in a “disenchanted”<br />

world. By this he meant<br />

the evacuation of a vivid sense for<br />

the transcendent in daily experience.<br />

As a result, charity tends<br />

to be reduced to its concrete social<br />

value. But for Jewish persons of<br />

Jesus’ day charitable actions had a<br />

decidedly transcendent or “sacramental”<br />

status, meaning that they<br />

not only addressed social needs<br />

but were a privileged way of encountering<br />

God; in many Jewish<br />

circles the importance of charity<br />

rivaled that of Temple-service.<br />

Fr. Giambrone’s contribution is to<br />

read the third Gospel afresh with<br />

an eye cocked toward this sacramental<br />

dimension.<br />

The book takes as its point of<br />

departure a close reading of several<br />

neglected or unsatisfactorily<br />

treated portions of the Gospel:<br />

7:36-50; 10:25-37; and 16:1-31.<br />

After an introductory chapter that<br />

surveys recent scholarship, Giambrone<br />

begins with a discussion of<br />

the plea for forgiveness in the Our<br />

Father (11:4) and a close reading<br />

of the story of the sinful woman<br />

(7:36-50). Here the aim is to disclose<br />

how the metaphor of financial<br />

indebtedness informs the way<br />

forgiveness is understood. For<br />

Luke it is God alone who can forgive<br />

sins, but humans can contri-<br />

20 Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong><br />

21


ute to this process by forgiving<br />

monetary debts. This distinction<br />

is exemplified in Luke 7 through<br />

the parable of the Two Debtors<br />

that Jesus tells in order to flesh<br />

out the significance of the woman’s<br />

charitable actions. Her act<br />

of hospitality is construed as a fit<br />

display of repentance and hence<br />

a trustworthy means of securing<br />

divine forgiveness.<br />

The book then turns to consider<br />

the way in which the command to<br />

love one’s neighbor (Lev 19:18)<br />

is related to charity and how that<br />

exegetical move, in turn, informs<br />

the story of the Good Samaritan<br />

(10:25-37). Giambrone proposes<br />

that the importance of the final<br />

verses of the parable has been<br />

overlooked. He suggests that the<br />

line of credit opened between the<br />

Samaritan and the Innkeeper is<br />

directly related to the motif of a<br />

creditor Christology that he introduced<br />

in the previous chapter.<br />

Variation and paradigms<br />

His final exegetical probe concerns<br />

the difficult story of the Dishonest<br />

Steward (16:1-8) and the Rich Man<br />

and Lazarus (Luke 16:19-31). He<br />

addresses how the two stories are<br />

related and explains the exegetical<br />

value of the non-parabolic<br />

teachings that sit between them<br />

(16:9-18). In this probe, another<br />

variation on the “debt/sin” motif is<br />

discovered and two different soteriological<br />

paradigms are explored:<br />

one governed by the grammar of<br />

repayment, the other by a gracious<br />

remission of debt. Though deference<br />

in the Gospel is shown toward<br />

the later, the former includes<br />

a place for human agency, specifically<br />

that of showing mercy to<br />

the poor. Finally, the importance<br />

of the economic soteriology of<br />

Prov 10:2 (“almsgiving delivers<br />

from death”) – a passage long neglected<br />

in the study of Luke – is<br />

given its due.<br />

The book closes with a discussion<br />

of the work’s theological implications.<br />

Giambrone situates Luke’s<br />

perspective on charity over against<br />

other texts in the New Testament.<br />

He also addresses points of dispute<br />

about the meritorious character of<br />

charitable deeds among Protestant<br />

and Catholic exegetes.<br />

Prof. Gary Anderson<br />

Hesburgh Professor of Catholic<br />

Theology Biblical Studies / Christianity<br />

and Judaism in Antiquity<br />

University of Notre Dame, Indiana<br />

Photothèque<br />

Les clichés de l’École exposés en Jordanie, en<br />

Pologne et aux États-Unis<br />

Jordanie<br />

Jordan River<br />

À Ammân, Institut français de Jordanie<br />

(ex-CCF), Jabal al-Weibdeh,<br />

du 9 au 30 avril <strong>2017</strong>.<br />

Pour le 4 e Image Festival d’Amman,<br />

organisé par M me Linda al-Khoury,<br />

ce sont 15 tirages noir & blanc et<br />

un couleur (diapositive de 1954),<br />

sur l’identité du fleuve Jourdain qui<br />

ont été exposés. Provenance : fonds<br />

des Dominicains, des Assomptionnistes,<br />

des Pères Blancs et des Salésiens.<br />

Tirages faits à Ammân par les<br />

soins de M me al-Khoury. L’ambassadeur<br />

de France en Jordanie, M.<br />

David Bertolotti, était présent au<br />

vernissage.<br />

Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong><br />

Identité des lieux et des hommes en<br />

Jordanie - The Identity of Places<br />

and People in Jordan<br />

À Ammân, Institut espagnol Cervantès,<br />

IIIe Cercle, Jabal Amman,<br />

du 11 au 22 avril <strong>2017</strong>. Dans le cadre<br />

du même Festival dont le thème général<br />

était cette année « Identity »,<br />

49 tirages noir & blanc : les villes<br />

ou villages d’autrefois en Jordanie,<br />

y compris la capitale, et des types<br />

humains.<br />

Pologne<br />

Jérusalem pérennisée - Jerozolima<br />

utrwalona<br />

À Cracovie, dans le cloître du couvent<br />

des pères Dominicains de la<br />

ville. L’exposition s’inscrivait dans<br />

22 23


le cadre du Jewish Culture Festival,<br />

dont le thème était la de Jérusalem.<br />

Environ 46 tirages étaient présentés,<br />

choisis par M me Iza Wałek, commissaire.<br />

Le vernissage avait lieu le 25<br />

juin <strong>2017</strong> ; et l’exposition devrait<br />

durer jusque fin septembre.<br />

États-Unis<br />

Marking the Sacred.<br />

The Temple Mount / Haram al-<br />

Sharif in Jerusalem<br />

Du 3 mai au 10 juillet <strong>2017</strong>, une trentaine<br />

de photographies anciennes du<br />

fonds du couvent étaient exposées au<br />

Providence College des dominicains<br />

américains (État du Rhode Island).<br />

Le point de départ est une illustration<br />

proposée lors du colloque oecuménique,<br />

archéologique et historique qui<br />

s’y est tenu du 3 au 6 juin <strong>2017</strong>, sous<br />

le même titre que l’exposition. L’exposition<br />

est faite de tirages réalisés à<br />

Providence même à partir de fichiers<br />

numériques que le fr. Jean-Michel de<br />

Tarragon op., avait fourni à Madame<br />

Beatrice Saint-Laurent, l’organisatrice<br />

de l’exposition, lors du séjour<br />

de cette dernière à l’Albright Institute,<br />

à Jérusalem en 2016. Sur place<br />

Madame Joan Branham, professeur<br />

et vice-doyenne à l’université<br />

dominicaine a monté l’exposition<br />

avec Beatrice Saint-Laurent (qui,<br />

elle, enseigne à Bridgewater State<br />

University); les deux dames ont fait<br />

publier un catalogue de l’exposition,<br />

Exhibition Guide, avec des légendes<br />

copieuses par Mme Saint-Laurent.<br />

Le thème général étant, comme le<br />

titre l’indique, les monuments du<br />

Haram al-Sharif, les photos représentent<br />

l’Esplanade et ses mosquées.<br />

Fr. Jean-Michel de Tarragon, op.<br />

Responsable de la photothèque<br />

Actualités<br />

Appelé comme prêtre au service de la Parole<br />

Olivier Catel a été ordonné prêtre<br />

à la cathédrale de Lille le 2 juillet<br />

<strong>2017</strong>. À peine ordonné, il redécollait<br />

pour ses derniers examens de<br />

l’année à Jérusalem. C’est là qu’il<br />

vit ses premières années d’apostolat,<br />

entre l’étude et l’accompagnement<br />

des fidèles de Terre sainte.<br />

Arrivé en septembre 2016 au couvent<br />

Saint-Étienne, comme diacre,<br />

j’ai commencé mes études de Bible<br />

à l’Université hébraïque. Très vite,<br />

j’ai trouvé un apostolat au Collège<br />

des frères, dans la Vieille ville, où<br />

j’enseigne le français deux heures<br />

par semaine. Je suis aussi devenu<br />

aumônier du groupe Scouts et<br />

Guides de France de Jérusalem. Des<br />

apostolats, pourquoi ? Tout simplement<br />

parce que notre vie est une vie<br />

d’étude mais aussi de l’annonce de<br />

la Parole, une vie auprès du peuple<br />

de Dieu qui nous est donné et auquel<br />

nous sommes donnés. Comme<br />

diacre, j’ai pu prêcher, participer à la<br />

messe consulaire de la Saint-Étienne<br />

et aux grandes liturgies de Pâques<br />

en particulier, mais c’est véritablement<br />

avec mon groupe scout que j’ai<br />

ressenti ce besoin de devenir prêtre.<br />

Que répondre à un jeune scout qui<br />

regrette que son aumônier ne puisse<br />

pas célébrer l’eucharistie pour offrir<br />

à Dieu tout ce que nous avons<br />

vécu ensemble ? Dans la vie dominicaine,<br />

l’appel au sacerdoce prend<br />

des chemins bien différents : certains<br />

entrent en voulant être prêtres,<br />

d’autres découvrent cet appel au<br />

Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong><br />

24 25


cœur de leur vie religieuse, d’autres<br />

encore hésitent quelques années.<br />

Le Seigneur trace pour chacun une<br />

route mais nous avons tous besoin, à<br />

un moment, de cet appel de l’Église,<br />

de l’appel du peuple de Dieu. Après<br />

huit ans de préparation, j’ai donc été<br />

ordonné prêtre avec quatre autres<br />

frères dominicains à la Cathédrale<br />

de la Treille de Lille, le dimanche 2<br />

juillet, en présence de plus de cent<br />

trente frères dominicains venus pour<br />

les Journées provinciales de la Province<br />

de France. Ce fut un moment<br />

de grande joie, d’actions de grâce.<br />

Ce qui m’a marqué, c’est la joie du<br />

peuple de Dieu d’avoir de nouveaux<br />

pasteurs, le sens profond d’une responsabilité<br />

nouvelle, d’un « fardeau<br />

léger » à porter. Tout cela est<br />

quelque peu étourdissant mais reste<br />

la conviction profonde que Dieu est<br />

celui qui assure et garantit cette nouvelle<br />

mission.<br />

Le couvent est célèbre pour son<br />

École et sa bibliothèque mais la célébration<br />

de la liturgie et de l’eucharistie<br />

est bien ce qui donne fondement<br />

à notre étude et à notre manière particulière<br />

de prêcher. Me voilà donc<br />

engagé dans cette démarche de foi et<br />

d’étude, avec mes vingt-deux frères,<br />

m’inscrivant dans une tradition mais<br />

aussi appelé à ouvrir de nouvelles<br />

voies avec tout ce qui m’a précédé.<br />

Le sacerdoce participe de cette mission<br />

du Christ qui récapitule tout : il<br />

ne s’agit pas d’abandonner sa « vie<br />

26<br />

d’avant » mais plutôt de considérer<br />

que tout cela fait partie de mon histoire<br />

sainte, il ne s’agit pas de tout<br />

vouloir reconstruire à partir de rien<br />

mais d’assumer un héritage dans un<br />

esprit de liberté. On n’étudiera pas<br />

exactement comme le firent les premiers<br />

pères de l’École, on ne vivra<br />

pas comme vécurent les pionniers<br />

de l’École car le pays dans lequel<br />

nous nous trouvons change et nous<br />

devons répondre aux demandes<br />

d’aujourd’hui. Mais la vie de l’École<br />

ne s’arrête pas à ses hauts murs : je<br />

continuerai ces espaces d’apostolat<br />

à l’extérieur parce que le peuple de<br />

Dieu a besoin de chercheurs mais<br />

aussi de pasteurs et parce que, moi<br />

aussi, j’ai besoin de connaître les<br />

attentes des chrétiens. L’étude peut<br />

être desséchante, aride si elle n’est<br />

pas nourrie d’une vie de foi : comment<br />

étudier la Parole de Dieu sans<br />

la voir en action dans le monde ? La<br />

Bible n’est pas un texte mais une<br />

Parole, elle a donc besoin de voix.<br />

Je suis confiant, cette vie sacerdotale<br />

me permettra de mieux connaître et<br />

servir cette Parole pour mieux l’étudier<br />

et la transmettre.<br />

Fr. Olivier Catel, op.<br />

Étudiant à l’Université hébraïque<br />

News<br />

Bible & Archaeology :<br />

A Polish Summer Session<br />

Even though there has been a number<br />

of Polish students at the Ecole<br />

Biblique – the first one arrived here<br />

already in 1898 – this was the first<br />

time when a session was given here<br />

in Polish. Fr. Łukasz Popko, Op. and<br />

Fr. Paweł Trzopek, Op. prepared a<br />

programme entitled “The Bible in<br />

Jerusalem – Jerusalem in the Bible”.<br />

The session took place between July<br />

10 -16 <strong>2017</strong>. Seventeen participants<br />

arrived from Poland, Switzerland,<br />

and the United Kingdom to study<br />

the history, archaeology, and theology<br />

of the Holy City, as it is presented<br />

in the Bible. For several participants<br />

it was a first ever visit in the Holy<br />

Land, for others who had already<br />

visited Jerusalem many times it was<br />

an opportunity to study the subject<br />

more extensively and deepen<br />

their knowledge of the Holy City.<br />

Their time was shared each day<br />

between lectures and visits. A different<br />

subject was approached<br />

every day: The Land, The City, The<br />

Temple, The Falls of Jerusalem, The<br />

Passion of the Lord, The Birth of the<br />

Messiah, Tombs and the Tomb. The<br />

group visited the Rockefeller Museum,<br />

the Israel Museum, as well as<br />

many archaeological places in the<br />

city. They also went to Bethlehem<br />

for a half-day trip.<br />

The original idea of Fr. Marie-Joseph<br />

Lagrange, op., the founder of<br />

the Ecole, was to study the Bible<br />

in the land of the Bible. The participants<br />

of the Polish session could<br />

discover the freshness and fruitfulness<br />

of this idea. Many of them were<br />

already asking about future projects<br />

of this kind, covering not only Jerusalem,<br />

but other parts of the Holy<br />

Land. They also enjoyed also very<br />

much the opportunity to stay at the<br />

priory, sharing the life with the professors<br />

of the Ecole and the members<br />

of the Dominican community.<br />

Fr. Paweł Trzopek, op.<br />

Librarian of the priory


News<br />

Bible & Archéologie : la session francophone<br />

Méditation<br />

La Croix Glorieuse<br />

De prime abord, il semble très<br />

paradoxal de vouloir glorifier la<br />

Croix ! Objet de scandale pour<br />

les juifs et folie pour les païens !<br />

(1Co 1, 23)<br />

Étudiants de Domuni Universitas<br />

ou auditeurs libres originaires de<br />

Belgique, Suisse ou France… Ils<br />

étaient une vingtaine à débarquer<br />

samedi 1 er juillet dans le cloître de<br />

Saint-Étienne pour une semaine intensive<br />

de découverte archéologique<br />

au pays de la Bible. Une première<br />

pour l’université dominicaine en<br />

ligne Domuni, comme pour l’École<br />

biblique, qui ont déjà quelques<br />

partenariats d’enseignement mais<br />

n’avaient encore jamais proposé de<br />

session à Jérusalem ensemble.<br />

À peine arrivés et accueillis par les<br />

équipes de Domuni et le prieur du<br />

Couvent, les « stagiaires » aux parcours<br />

variés plongent d’abord dans<br />

l’histoire de l’École et de ses piliers<br />

d’origine, forces de la maison : la<br />

comparaison du document et du<br />

monument, l’apprentissage des langues<br />

locales, l’archéologie biblique<br />

au-delà des frontières, etc.<br />

Tout au long de la semaine, les<br />

étudiants alternent les visites de la<br />

Vieille ville ou de certains sites archéologiques,<br />

sous la conduite du<br />

fr. Dominique-Marie Cabaret op.,<br />

avec les cours magistraux des frères<br />

de l’École, heureux de partager<br />

des bribes de leurs spécialités avec<br />

des novices. Littérature biblique,<br />

langues sémitiques, études qumrâniennes,<br />

chronologie du Levant,<br />

présentation du programme Bible<br />

en ses Traditions, le rythme est<br />

haletant ! Une première fois qui en<br />

appelle d’autres au vu des différents<br />

témoignages des étudiants le dernier<br />

soir, tous nourris aussi « intellectuellement<br />

que spirituellement » !<br />

Amaury Perrachon<br />

Chargé de Communication<br />

Qu’est-elle en effet sinon un objet<br />

exécrable de torture sur lequel<br />

Jésus a été mis à mort ? Pourtant,<br />

quoi qu’il en soit du scandale de<br />

la Croix, il n’y a pas d’autre solution<br />

que d’accepter de la regarder<br />

comme un trophée si nous voulons<br />

entrer dans le mystère de<br />

l’infinie miséricorde divine.<br />

De même que le serpent de<br />

bronze fut élevé par Moïse dans<br />

le désert, ainsi faut-il que le Fils<br />

de l’homme soit élevé, afin qu’en<br />

lui tout homme qui croit ait la<br />

vie éternelle (Jn 3, 14-15). Oser<br />

regarder Jésus sur la Croix, oser<br />

croiser son regard, et se laisser<br />

transpercer par l’Amour infini qui<br />

le maintenait en Croix est notre<br />

seule Espérance. Ce n’est pas les<br />

clous qui tenaient Jésus en croix<br />

mais l’amour, disait Catherine de<br />

Sienne.<br />

La Croix de Jésus n’est pas bonne<br />

en soi mais elle est transfigurée<br />

par l’infinie miséricorde divine<br />

qui y fut révélée et déversée !<br />

C’est pourquoi il est bon de magnifier<br />

la Croix et de la fêter par<br />

une célébration solennelle le 14<br />

septembre de chaque année qui,<br />

dans l’église du Saint-Sépulcre de<br />

Jérusalem, ne peut qu’y prendre<br />

tout son sens ! C’est en effet dans<br />

cette basilique que fut vénérée<br />

pour la première fois le 14 septembre<br />

335 la Croix de Jésus. « Je<br />

te salue Croix glorieuse, que le<br />

Seigneur par toi me reçoive, lui<br />

qui par toi m’a racheté. »<br />

Fr. Dominique-Marie Cabaret, op.<br />

Chargé de Cours<br />

28<br />

Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong>


Nouvelles des anciens<br />

1 2 3<br />

Décès :<br />

Le p. Guy Couturier 1 , c.s.c., ancien président de l’Association des Amis<br />

Canadiens de l’École, avait été étudiant de 1957 à 1959 à l’École Biblique<br />

et professeur invité en 1971. Il est décédé le 9 mai <strong>2017</strong>, à l’âge<br />

de 88 ans.<br />

Le fr. Henry Troadec 2 , op. était très probablement le plus vieil ancien<br />

étudiant de l’École. Né le 30 mai 1915 à Aberdare (Royaume-Uni), il<br />

avait fait profession dans l’Ordre des Prêcheurs le 23 septembre 1936. Il<br />

avait été étudiant à l’École biblique en 1947-48 et 1950-51. Il est décédé<br />

le 1er juin <strong>2017</strong> à l’âge de 102 ans.<br />

Le p. Ernst Haag, ancien élève de l’École biblique, professeur d’Ancien<br />

Testament à la faculté de théologie de Trier en Allemagne, de 1963 à<br />

2000, est décédé le 15 juin <strong>2017</strong> à l’âge de 85 ans.<br />

Le fr. Francolino José Gonçalvès 3 , op., ancien professeur de l’École,<br />

est décédé le 15 juin <strong>2017</strong> à Jérusalem à l’âge de 74 ans (Voir In Memoriam<br />

p. 4).<br />

L’Association des amis de l’ÉBAF vous invite :<br />

Le moyen âge et la critique<br />

textuelle de la Bible<br />

par le Professeur Gilbert Dahan<br />

Le mercredi 22 novembre <strong>2017</strong><br />

à 18h30<br />

Lieu : Couvent de l’Annonciation,<br />

222 rue du Faubourg St Honoré<br />

75008 Paris<br />

Agenda et publications<br />

École<br />

2 octobre <strong>2017</strong> : Rentrée académique de l’École<br />

15 novembre <strong>2017</strong> : Dies Academicus.<br />

Conférence inaugurale du fr. Timothy Radcliffe, op.<br />

20 novembre <strong>2017</strong> : Voyage d’études en Galilée<br />

Publications<br />

Réédition - Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon Jésus Christ avec<br />

la synospe évangélique, Artège Lethielleux, <strong>2017</strong>, 700p.<br />

Anthony Giambrone, Sacramental Charity, Creditor Christology, and<br />

the Economy of Salvation in Luke’s Gospel, Mohr Siebeck, <strong>2017</strong>, 366p.<br />

Christa Clamer, Kay Prag et Jean-Baptiste Humbert, Colegio del<br />

Pilar, Excavations in Jerusalem, Christian Quarter. Cahiers de la Revue<br />

Biblique N°88 - Series Archaeologica 1, <strong>2017</strong>, 168p.<br />

Conférences du Jeudi<br />

12 octobre - 18h : Copier l’Édicule du Saint-Sépulcre, Quand pratiques religieuses<br />

et architecture se mêlent par Charles-Édouard Guilbert-Roed<br />

7 décembre - 18h : La Porte du Ciel - Révélations sur Qumrân et les Esséniens<br />

par fr. Étienne Nodet, op.<br />

31<br />

30 Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong>


Avec les étudiants, chercheurs et volontaires de l’année 2016-<strong>2017</strong>,<br />

l’École biblique<br />

vous souhaite une belle rentrée.

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