GP Racing
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pour faire équipe avec Eddie Lawson dans<br />
le team Yamaha Marlboro. Quand les patrons<br />
du service course Honda apprennent la<br />
nouvelle, Raymond voit arriver une<br />
délégation de Japonais dans son jardin. Mais<br />
il est trop tard. Sa signature est déjà apposée<br />
au bas du contrat qui le lie pour une saison à<br />
la marque aux trois diapasons. « Une erreur,<br />
dit-il aujourd’hui. Ago ne servait à rien sinon<br />
à s’occuper de l’argent. C’est Caruthers qui<br />
tirait les ficelles et il n’y en avait que pour<br />
Lawson. En plus, je me suis fait mal d’entrée<br />
à Kyalami à cause d’une durite d’eau<br />
mal serrée. Entre un truc et un autre, j’ai<br />
vite perdu confiance. Et dans ce sport,<br />
sans confiance, tu ne fais rien de bon. »<br />
Septième du championnat du monde en<br />
1985, Raymond remonte ensuite une équipe<br />
avec Katayama et des Honda privées.<br />
Mais sans moyens, les résultats ne suivent<br />
pas. Les frères Castiglioni lui proposent<br />
alors une place dans l’aventure Cagiva.<br />
« J’avais également une offre de Suzuki.<br />
Mais l’équipe était anglaise et je n’avais<br />
pas envie de me faire enfler par des Anglais<br />
après m’être fait avoir par des Américains.<br />
J’ai donc choisi le parmesan au pudding sans<br />
savoir que je signais mon arrêt de mort en<br />
Grands Prix. » Ses illusions seront en effet<br />
de courte durée. « J’ai fait de belles courses<br />
la première saison. J’étais régulièrement<br />
devant Schwantz dont la Suzuki débutait,<br />
elle aussi. J’y ai cru jusqu’à ce que je<br />
comprenne que les problèmes politiques<br />
au sein de l’usine ne nous permettraient pas<br />
d’obtenir les moyens techniques nécessaires.<br />
La Cagiva n’a commencé à fonctionner<br />
correctement que lorsque les ingénieurs<br />
Yamaha sont venus aider les Italiens. J’aurais<br />
quand même pu monter sur le podium à Imola<br />
si je n’avais pas cassé le vilebrequin dans<br />
le dernier tour. C’est à l’arrivée de cette<br />
course que Taïra m’a percuté de plein fouet en<br />
pensant qu’il restait un tour. Il m’a massacré<br />
un pied et a ruiné ma fin de saison. Tous<br />
les matins quand je me lève, je pense à lui. »<br />
« LA COURSE, C’EST<br />
PAS DU CURLING »<br />
Lorsque les frères Castiglioni recrutent<br />
Mamola, Roche est gentiment poussé vers<br />
la sortie. « Ils venaient alors de racheter<br />
Ducati et ils m’ont proposé de développer<br />
leur moto de Superbike. Au départ, j’étais<br />
pas très chaud, puis j’ai finalement dit<br />
oui. » Deux ans suffisent au Français pour<br />
décrocher le titre de champion du monde :<br />
« Je me suis régalé avec cette moto car<br />
elle était vraiment compétitive. J’ai gagné<br />
vingt-trois courses et bien gagné ma<br />
vie. » Par la suite, Raymond n’arrive pas<br />
à conserver son trophée. « J’étais pourtant<br />
au sommet de mon art. J’attaquais comme<br />
un fou, mais je n’arrivais pas à suivre<br />
Polen. » C’est quelques mois plus tard<br />
qu’il comprendra pourquoi, après avoir<br />
mis un terme à sa carrière de pilote. Il<br />
raconte : « Je me retrouve team manager<br />
chez Ducati et je m’accorde une dernière<br />
course à Daytona, épreuve à laquelle je<br />
n’avais jamais participé. En arrivant sur<br />
le circuit, je demande les réglages utilisés<br />
par Polen l’année d’avant. Et là, je découvre<br />
qu’il roulait depuis un an avec le 996 alors<br />
que je n’avais disposé pour ma part que<br />
du 888. » Dégoûté, Raymond Roche décide<br />
d’abandonner ce jour-là son job de team<br />
manager et de tourner le dos à un monde<br />
qu’il estime alors ne plus être fait pour lui.<br />
Après avoir été à la création de la société<br />
Shark, il lancera différentes marques, les<br />
casques Airborn et la bagagerie U Bike<br />
étant les dernières en date. Le temps<br />
a bien sûr estompé l’amertume de sa fin<br />
de carrière. « De toute façon, à 35 ans,<br />
je n’avais pas envie de continuer à<br />
courir sur une moto boiteuse. Je venais<br />
d’avoir un gosse... Quand tu commences<br />
à gamberger, il faut arrêter. La course,<br />
ça n’est pas du curling. Aujourd’hui,<br />
je me dis que sans la moto, je ne sais<br />
pas ce que je serais devenu après<br />
avoir été apprenti... J’ai eu la chance<br />
de voyager, de rencontrer des personnes<br />
intéressantes, de bien gagner ma<br />
vie et de piloter de belles machines.<br />
Même si je n’ai jamais gagné de<br />
Grands Prix, je n’ai pas à me plaindre. »<br />
1<br />
2 3<br />
1 Les années ont passé. Roche<br />
a aujourd’hui franchi le cap de la<br />
soixantaine. 2 et 3 De sa carrière,<br />
le Varois n’a conservé que deux<br />
Trophées, celui d’une victoire au Japon<br />
et le Casque d’Or que lui a décerné<br />
le magazine Moto Sprint en 1990.<br />
Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /077