GP Racing

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PORTRAIT / IAN GILPIN 1 à un tel résultat et de célébrer tous ensemble une victoire pour le team Yamaha Racing. » Il sait surtout qu’en cas de défaite, il faut savoir garder les pieds sur terre, « en se disant qu’on ne peut pas gagner à tous les coups. On démonte le box et on pense déjà à la prochaine course ». « PERSONNE NE SAIT DANS QUEL MONDE IL TRAVAILLE » Cette saison marque la 20 e année de Gilpin en sport motocycliste. Un palier important qui mérite un petit coup d’œil dans le rétroviseur : « Avant même ma naissance, mon père participait à des courses de motocross et de grass-track (courses sur des ovales en herbe, ndlr) dans les années 60 ; il a toujours aimé la moto. Plus tard, j’ai travaillé pour le concessionnaire Ford à Belfast, où il avait lui-même commencé en tant qu’apprenti. J’ai des souvenirs de mon père qui préparait des 2-temps, que ce soit en motocross, course sur route ou karting, alors que je n’étais qu’un enfant. C’est comme ça que je me suis intéressé à la mécanique. » Puis vient le temps de l’école. « J’allais en cours avec Mark Coates. Il est devenu pilote en Superbike britannique et en championnat espagnol. Mark avait signé chez le légendaire Kenny Roberts et quand il est retourné en Superbike britannique, Kenny m’a proposé de rejoindre son équipe en tant que mécanicien. » Un honneur et une expérience enrichissante pour Gilpin : « Travailler pour Kenny Roberts avait une saveur toute particulière, non seulement, il était un très bon team manager mais en plus, son appétit pour la course est toujours resté intact. Il observait ses pilotes en piste et n’hésitait pas à les encourager ou à leur donner des conseils si nécessaire. J’ai travaillé sur le projet de la nouvelle KR Modenas, et même s’il était 3 1 Travailler dans un team aussi prestigieux que le Yamaha Racing et bosser sur des M1 super compétitives, quoi de mieux pour cet amoureux de la performance... 2 Devant le petit mot que Lorenzo lui laissa après son titre en 2015. 3 Désormais aux côtés de Viñales, son avenir pourrait être radieux. difficile de nous mesurer à nos concurrents, on a vécu notre petit moment de gloire quand Jeremy McWilliams a décroché la pole position sur le circuit de Phillip Island en 2002. Puis lorsque Kenny a décidé de se retirer du championnat, c’est Suzuki qui m’a engagé. À l’époque, je travaillais dans le team d’abord dirigé par Gary Taylor, puis par Paul Denning. » Cette période chez Suzuki lui rappelle d’agréables moments, comme l’invitation de John Hopkins – l’un des pilotes du team – à venir faire quelques tours de kart chez lui, sur son propre circuit de karting baptisé Nutt’s Corner (littéralement, le coin des cinglés). Il raconte : « J’ai de bons souvenirs chez Suzuki. Mais en 2010, j’ai décidé de changer et d’accepter la proposition de Yamaha pour faire partie du team officiel en 2011 aux côtés de Ben Spies, champion du monde Superbike en 2009. Un pilote que j’ai suivi chez Ducati en 2013, année après laquelle il a malheureusement dû se retirer des Grands Prix suite à une grave blessure à l’épaule. » L’année suivante, il retourne chez Yamaha. L’Irlandais se dit alors « très heureux d’être employé dans un team aussi prestigieux et aussi performant ». Revenons-en à la famille. Ian a transmis un peu de son savoir-faire à son petit frère, ancien pilote sur route, Darren Gilpin. Ce dernier explique que, durant sa propre carrière de pilote, l’aide de son frère lui a 058 /GP RACING - Juin-Juillet-Août 2017

2 « RECONSTRUIRE LA MOTO ? QUELS QUE SOIENT LES PROBLÈMES RENCONTRÉS, C’EST MON JOB » été très précieuse : « Il a préparé ma Suzuki Super Twin avec laquelle j’ai terminé 10 e à a North West 200 en 2008, 3 e au Grand Prix d’Ulster en 2009 et 3 e à la Southern 100 en 2010. Les gens pensaient que grâce à son poste en MotoGP, on avait eu droit à un petit coup de pouce supplémentaire et à des pièces spéciales. La vérité, c’est que c’était de l’ingénierie à l’ancienne et que mon frère sait comment monter un moteur rapide ! Il m’a également énormément appris en ce qui concerne les pneumatiques et les suspensions. Malgré l’expérience que j’avais pu accumuler à cette époque, il arrivait tout de même à me faire voir les choses sous un angle différent et à nous faire progresser. Je n’aurais pas obtenu les mêmes résultats sans lui, et il nous a aussi permis de faire de sacrées économies. Au tout début, quand il a commencé à s’intéresser au karting, tout le monde avait un Hedland Arrow 100 cm 3 2-temps à entraînement direct. Lui s’en est construit un tout seul. À 14 ans. Aujourd’hui, je cours dans le team de Wilson Craig, mais on continue de discuter mécanique, il me fait toujours bénéficier de son expérience. Ian est un garçon très discret. Il reste humble, personne ne sait dans quel monde il travaille. Je me souviens l’avoir entendu dire qu’un peintre qui était venu chez lui faire des travaux lui avait demandé s’il aimait bien les motos, parce qu’il portait un blouson Yamaha. Il lui avait répondu qu’en effet, il suivait vaguement le championnat. Le gars a alors commencé à lui dire qu’un de ses copains avait participé à la Senior Support en Irlande et qu’il était vraiment bon. Ian l’a laissé parler. Si mon frère lui avait dit qu’il était l’un des mécanos de Lorenzo, le peintre ne s’en serait pas remis, mais il est trop modeste pour ça. » « COURIR EST TROP DANGEREUX POUR MOI » Ian garde toujours un œil sur les courses de motos en Irlande. Et par un heureux hasard, il se trouve que Gary Dunlop, fils du défunt Joey Dunlop, est justement l’un de ses voisins. « C’est vrai que j’essaie d’assister à quelques courses quand je rentre à la maison, c’est dans mon sang. Tout petit déjà, je suivais mon père pour aller voir Joey et les légendes de l’époque se battre sur les circuits d’Irlande. Au cours de ces dernières années, j’ai aidé William et Gary Dunlop. Après avoir rêvé en regardant Joey et Robert quand j’étais adolescent, j’admets qu’il y a une certaine ironie à aider à mon tour Gary aujourd’hui. Je suis très heureux de voir qu’il progresse après sa première année en 2016 en course sur route. Moi-même, je n’ai jamais couru. J’ai toujours pensé que c’était un peu trop dangereux pour moi. En revanche, je suis un fan invétéré. J’ai la chance de connaître une majorité des pilotes en Moto2 et Moto3 qui nous offrent des courses bien souvent exceptionnelles à regarder. Tous les ans, je fais le tour du monde, mais mon vrai bonheur, c’est de monter et préparer la moto. Et j’imagine que peu de mécaniciens ont la chance d’avoir chez eux un certificat encadré, signé par le champion du monde de la FIM, Jorge Lorenzo, lorsqu’il a remporté le titre MotoGP en 2015 pour Yamaha. » Son avis sur ce début de saison ? « L’année avait bien commencé pour mon pilote, avec ses deux victoires, mais il a malheureusement chuté au Grand Prix d’Austin. Le championnat 2017 pourrait bien être un excellent millésime en termes de victoires, et je ne doute pas que Maverick puisse remporter le titre dès cette année. » Juin-Juillet-Août 2017 - GP RACING /059

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LES PROBLÈMES RENCONTRÉS, C’EST MON JOB »<br />

été très précieuse : « Il a préparé ma Suzuki<br />

Super Twin avec laquelle j’ai terminé 10 e à<br />

a North West 200 en 2008, 3 e au Grand Prix<br />

d’Ulster en 2009 et 3 e à la Southern 100<br />

en 2010. Les gens pensaient que grâce<br />

à son poste en Moto<strong>GP</strong>, on avait eu droit<br />

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et à des pièces spéciales. La vérité, c’est<br />

que c’était de l’ingénierie à l’ancienne et que<br />

mon frère sait comment monter un moteur<br />

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pu accumuler à cette époque, il arrivait tout<br />

de même à me faire voir les choses sous un<br />

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Je n’aurais pas obtenu les mêmes résultats<br />

sans lui, et il nous a aussi permis de faire<br />

de sacrées économies. Au tout début, quand<br />

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le monde avait un Hedland Arrow 100 cm 3<br />

2-temps à entraînement direct. Lui s’en est<br />

construit un tout seul. À 14 ans. Aujourd’hui,<br />

je cours dans le team de Wilson Craig, mais<br />

on continue de discuter mécanique, il me fait<br />

toujours bénéficier de son expérience. Ian<br />

est un garçon très discret. Il reste humble,<br />

personne ne sait dans quel monde il travaille.<br />

Je me souviens l’avoir entendu dire<br />

qu’un peintre qui était venu chez lui faire<br />

des travaux lui avait demandé s’il aimait<br />

bien les motos, parce qu’il portait un<br />

blouson Yamaha. Il lui avait répondu qu’en<br />

effet, il suivait vaguement le championnat.<br />

Le gars a alors commencé à lui dire qu’un<br />

de ses copains avait participé à la Senior<br />

Support en Irlande et qu’il était vraiment<br />

bon. Ian l’a laissé parler. Si mon frère<br />

lui avait dit qu’il était l’un des mécanos<br />

de Lorenzo, le peintre ne s’en serait pas<br />

remis, mais il est trop modeste pour ça. »<br />

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DANGEREUX POUR MOI »<br />

Ian garde toujours un œil sur les courses de<br />

motos en Irlande. Et par un heureux hasard,<br />

il se trouve que Gary Dunlop, fils du défunt<br />

Joey Dunlop, est justement l’un de ses<br />

voisins. « C’est vrai que j’essaie d’assister<br />

à quelques courses quand je rentre à la<br />

maison, c’est dans mon sang. Tout petit déjà,<br />

je suivais mon père pour aller voir Joey et les<br />

légendes de l’époque se battre sur les circuits<br />

d’Irlande. Au cours de ces dernières années,<br />

j’ai aidé William et Gary Dunlop. Après<br />

avoir rêvé en regardant Joey et Robert<br />

quand j’étais adolescent, j’admets qu’il<br />

y a une certaine ironie à aider à mon tour<br />

Gary aujourd’hui. Je suis très heureux de<br />

voir qu’il progresse après sa première année<br />

en 2016 en course sur route. Moi-même,<br />

je n’ai jamais couru. J’ai toujours pensé<br />

que c’était un peu trop dangereux pour moi.<br />

En revanche, je suis un fan invétéré. J’ai<br />

la chance de connaître une majorité des<br />

pilotes en Moto2 et Moto3 qui nous offrent<br />

des courses bien souvent exceptionnelles<br />

à regarder. Tous les ans, je fais le tour du<br />

monde, mais mon vrai bonheur, c’est de<br />

monter et préparer la moto. Et j’imagine<br />

que peu de mécaniciens ont la chance<br />

d’avoir chez eux un certificat encadré,<br />

signé par le champion du monde de<br />

la FIM, Jorge Lorenzo, lorsqu’il a<br />

remporté le titre Moto<strong>GP</strong> en 2015 pour<br />

Yamaha. » Son avis sur ce début de saison ?<br />

« L’année avait bien commencé pour mon<br />

pilote, avec ses deux victoires, mais il<br />

a malheureusement chuté au Grand Prix<br />

d’Austin. Le championnat 2017 pourrait<br />

bien être un excellent millésime en termes<br />

de victoires, et je ne doute pas que Maverick<br />

puisse remporter le titre dès cette année. »<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /059

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