GP Racing

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ANNIVERSAIRE SOUVENIRS, SOUVENIRS... MÉMORABLE BAROUD Il y a dix ans, Randy de Puniet et Sylvain Guintoli mettaient le feu aux tribunes du circuit Bugatti en se hissant tour à tour en tête du Grand Prix de France MotoGP. Si les deux Français ont fini par mettre l’un et l’autre la cabane sur le chien, leur baroud est resté dans les mémoires. Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau. Même si, avec le temps, la mémoire nous joue des tours, Randy de Puniet n’a pas trop de mal à se souvenir de ce 20 mai 2007. « C’était de la folie, lâche le Parisien. Le public était super chaud. Au raccordement et dans la ligne droite des stands, tout le monde se levait et hurlait. Dans la Dunlop, sur le changement d’angle, gaz coupés, on entendait la clameur qui montait. Même chose au Garage Vert. On se serait cru dans un stade de foot. » Sylvain Guintoli assure, lui aussi, qu’il n’est pas près d’oublier ce Grand Prix de France 2007. « Un truc de fou, résume celui qui court désormais dans le championnat Superbike britannique. Personne n’avait encore jamais vu deux Français en tête d’un Grand Prix MotoGP ! C’était vraiment magique, le public était en effusion. » Cette année-là, Randy participe à sa deuxième saison de MotoGP avec l’équipe Kawasaki. Sylvain débute, lui, avec l’équipe Tech3 et une Yamaha chaussée en pneus Dunlop. « Je courais avec Tamada, on était là pour développer les pneus », rappelle le Drômois. Le 20 mai 2007, le circuit Bugatti accueille la cinquième épreuve de la saison. Lors des deux Grands Prix précédents, en Turquie et en Chine, de Puniet a décroché deux solides 8 e places. Depuis le début de la saison, la ZX-RR et son pilote français sont en progression. « La moto allait de mieux en mieux, se souvient Randy. On avait un super moteur. » Guintoli est quant à lui parvenu à se glisser à quatre reprises dans les points. Quinzième au Qatar, en Espagne et en Turquie, il s’est classé treizième en Chine. Avec ses Dunlop, le pilote Yamaha espère pouvoir faire un coup quand les conditions vont se présenter. Ce qui va être le cas au Mans... À 13 h 45, en ce 20 mai 2007, il commence à pleuvoir quand les pilotes quittent la voie des stands pour venir s’installer sur la grille. « C’était une sorte de bruine très fine », se souvient Sylvain. Pas suffisante pour envisager de prendre le départ en pneus pluie. « Dans ces conditions, beaucoup de pilotes se montrent méfiants. » Surtout lorsqu’ils jouent une place au championnat... Ce qui n’est alors pas le cas des deux tricolores. PÉCHER PAR EXCÈS D’ENTHOUSIASME N’ayant pas grand-chose à perdre, et étant l’un et l’autre plutôt adroits dans ce genre de situation, Sylvain et Randy s’élancent le couteau entre les dents. Septième et dixième au premier passage devant les stands, ils se retrouvent en quatre tours dans la roue arrière de Valentino Rossi, alors leader de la course. Au troisième tour, Randy a pris l’avantage sur Sylvain, mais ce dernier n’entend pas s’en laisser compter... « Je doublais tout le monde par paquet de quatre, raconte le pilote du team Tech3. Pourtant, je roulais sans prendre de risques inconsidérés. Connaissant bien la piste, j’avais pris le temps de mesurer le niveau de grip dans la courbe Dunlop et à la Chapelle, là où c’était le plus mouillé. Je me sentais à l’aise, d’autant que j’avais déjà bien roulé le matin au warm up. » La suite ? 054 /GP RACING - Juin-Juillet-Août 2017

Un bref instant, Randy de Puniet (n° 14) et Sylvain Guintoli (n° 50) ont occupé les deux premières places du Grand Prix de France MotoGP 2007. « J’AVAIS ROSSI EN POINT DE MIRE. EN 3 VIRAGES, J’ÉTAIS DERRIÈRE LUI ET JE L’AI DÉPASSÉ » RDP « Je me souviens que Randy a pris la tête et que j’étais troisième derrière Rossi. Je l’ai doublé à mon tour au freinage de la Dunlop, puis j’ai continué sur mon rythme et j’ai passé Randy pour me retrouver en tête au sixième tour. » Les deux hommes vont alors s’arsouiller le temps de quelques kilomètres... « À un moment, j’ai mis trop d’angle à l’entrée du chemin aux bœufs et j’ai perdu l’arrière sur la phase de freinage, se souvient Guintoli qui était alors talonné par Pedrosa, Rossi et Hopkins. Je me suis envolé et je me suis fait assez mal. » Reparti en 14 e position, le pilote Tech3 parviendra néanmoins à finir la course à la dixième place. Ce jour-là, il déclarera à l’arrivée : « C’est mon meilleur résultat de la saison, mais je pense que nous aurions pu faire encore mieux sur le sec. La fin de course fut vraiment difficile, j’avais mal au bras et à la hanche et la moto était très difficile à contrôler. Une chose est sûre, ce résultat va nous décomplexer. » Cette année-là, Sylvain signera sa meilleure performance fin septembre à Motegi en se classant quatrième. Ce qui lui assurera la saison suivante un guidon dans l’équipe Ducati Pramac. « J’ai aussi fait une belle course à Valence après une très bonne qualification », précise-t-il. Pour de Puniet, le GP de France 2007 prendra fin un tour plus tard que son compatriote. Dans le Moto Revue du 24 mai, Randy expliquait : « Lorsque je me suis retrouvé avec Rossi en point de mire, je me suis dit “ne te mets pas dans le rouge, prends ton temps”, mais en trois virages, j’étais derrière lui et je l’ai passé facilement. » Le pilote Kawasaki commence alors à prendre le large. Jusqu’à ce que la pluie redouble et que vienne le moment de rentrer aux stands pour changer de moto. « J’allais m’arrêter lorsque j’ai perdu le contrôle à l’entrée des esses bleus, poursuit Randy. Je me suis fait surprendre car je n’étais pas en cata et je n’avais eu aucune alerte. » Touché à l’épaule, Randy devra se résoudre à jeter l’éponge, la mort dans l’âme. « J’étais survolté et cela m’a joué un mauvais tour, admet le Parisien qui, cette année-là, montera sur le podium au GP du Japon au terme d’une course disputée dans des conditions similaires. À deux virages près, je repartais avec ma deuxième moto et des pneus pluie... Peut-être que si j’avais été moins euphorique, je serais resté sur mes roues. Quoi qu’il en soit, ça reste émotionnellement un très bon souvenir. » Ce jour-là, pas grand monde n’a tenu rigueur à nos deux représentants pour leur excès enthousiasme. Leur baroud fait désormais partie de la mémoire collective. La course, elle, fut remportée par Chris Vermeulen au guidon d’une Suzuki. Juin-Juillet-Août 2017 - GP RACING /055

Un bref instant, Randy de Puniet (n° 14) et Sylvain<br />

Guintoli (n° 50) ont occupé les deux premières<br />

places du Grand Prix de France Moto<strong>GP</strong> 2007.<br />

« J’AVAIS ROSSI EN POINT DE MIRE. EN 3 VIRAGES,<br />

J’ÉTAIS DERRIÈRE LUI ET JE L’AI DÉPASSÉ » RDP<br />

« Je me souviens que Randy a pris la tête<br />

et que j’étais troisième derrière Rossi.<br />

Je l’ai doublé à mon tour au freinage<br />

de la Dunlop, puis j’ai continué sur<br />

mon rythme et j’ai passé Randy pour<br />

me retrouver en tête au sixième tour. »<br />

Les deux hommes vont alors s’arsouiller<br />

le temps de quelques kilomètres... « À un<br />

moment, j’ai mis trop d’angle à l’entrée<br />

du chemin aux bœufs et j’ai perdu l’arrière<br />

sur la phase de freinage, se souvient Guintoli<br />

qui était alors talonné par Pedrosa, Rossi<br />

et Hopkins. Je me suis envolé et je<br />

me suis fait assez mal. » Reparti<br />

en 14 e position, le pilote Tech3<br />

parviendra néanmoins à finir<br />

la course à la dixième place. Ce<br />

jour-là, il déclarera à l’arrivée :<br />

« C’est mon meilleur résultat de<br />

la saison, mais je pense que nous<br />

aurions pu faire encore mieux sur<br />

le sec. La fin de course fut vraiment<br />

difficile, j’avais mal au bras et à la<br />

hanche et la moto était très difficile<br />

à contrôler. Une chose est sûre,<br />

ce résultat va nous décomplexer. »<br />

Cette année-là, Sylvain signera<br />

sa meilleure performance fin<br />

septembre à Motegi en se classant quatrième.<br />

Ce qui lui assurera la saison suivante un<br />

guidon dans l’équipe Ducati Pramac. « J’ai<br />

aussi fait une belle course à Valence après<br />

une très bonne qualification », précise-t-il.<br />

Pour de Puniet, le <strong>GP</strong> de France 2007 prendra<br />

fin un tour plus tard que son compatriote.<br />

Dans le Moto Revue du 24 mai, Randy<br />

expliquait : « Lorsque je me suis retrouvé<br />

avec Rossi en point de mire, je me suis dit<br />

“ne te mets pas dans le rouge, prends ton<br />

temps”, mais en trois virages, j’étais derrière<br />

lui et je l’ai passé facilement. » Le pilote<br />

Kawasaki commence alors à prendre le large.<br />

Jusqu’à ce que la pluie redouble et que vienne<br />

le moment de rentrer aux stands pour changer<br />

de moto. « J’allais m’arrêter lorsque j’ai<br />

perdu le contrôle à l’entrée des esses bleus,<br />

poursuit Randy. Je me suis fait surprendre<br />

car je n’étais pas en cata et je n’avais eu<br />

aucune alerte. » Touché à l’épaule, Randy<br />

devra se résoudre à jeter l’éponge, la mort<br />

dans l’âme. « J’étais survolté et cela m’a<br />

joué un mauvais tour, admet le Parisien qui,<br />

cette année-là, montera sur le podium au<br />

<strong>GP</strong> du Japon au terme d’une course disputée<br />

dans des conditions similaires.<br />

À deux virages près, je repartais<br />

avec ma deuxième moto et des<br />

pneus pluie... Peut-être que si<br />

j’avais été moins euphorique, je<br />

serais resté sur mes roues. Quoi<br />

qu’il en soit, ça reste émotionnellement<br />

un très bon souvenir. » Ce jour-là,<br />

pas grand monde n’a tenu rigueur<br />

à nos deux représentants pour<br />

leur excès enthousiasme. Leur<br />

baroud fait désormais partie de la<br />

mémoire collective. La course, elle,<br />

fut remportée par Chris Vermeulen<br />

au guidon d’une Suzuki.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /055

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