GP Racing
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INTERVIEW / CLAUDE MICHY<br />
Claude Michy est le promoteur<br />
du <strong>GP</strong> de France. Il nous en livre<br />
les arcanes et nous explique les<br />
relations parfois complexes entre<br />
les différents acteurs qui font que ce<br />
rendez-vous demeure incontournable<br />
et exceptionnel dans la saison.<br />
Claude, pourquoi avoir repris<br />
le Grand Prix de France moto ?<br />
Bernie Ecclestone a acheté les droits<br />
des Grands Prix moto en 1991 et en a<br />
confié la gestion à la Dorna. Le premier<br />
<strong>GP</strong> de France de cette nouvelle ère<br />
a eu lieu en 1992 à Magny-Cours,<br />
mais ses promoteurs n’ont pas honoré<br />
leurs engagements vis-à-vis de la<br />
Dorna et d’Ecclestone. Ce qui fait<br />
qu’il n’y a pas eu de <strong>GP</strong> de France<br />
en 1993. Les droits d’organisation<br />
sont alors revenus sur le marché<br />
et il y a eu trois candidats : le<br />
circuit Paul-Ricard avec Larivière<br />
Organisation, le circuit de Magny-Cours, et nous-mêmes.<br />
J’étais le seul sans circuit ! Mais la Dorna et son CEO, Carmelo<br />
Ezpeleta, nous ont tout de même choisis et nous avons débuté notre<br />
collaboration en 1994. Après deux premières éditions au Mans<br />
(94 et 95), nous avons organisé les quatre suivantes (96 à 99)<br />
sur le circuit Paul-Ricard, puis en continu au Mans depuis 2000.<br />
La fréquentation des bielles est-elle génétique chez les Michy,<br />
avec ton père Maurice qui a remporté la catégorie tourisme des<br />
12 H de Sebring automobiles en 1957, et toi qui t’es classé<br />
quatrième du championnat de France de Formule Renault en 1973 ?<br />
Ce sont les opportunités de la vie, avec leur part de hasard. Je ne<br />
suis pas un grand pratiquant du deux-roues. J’ai ainsi rencontré<br />
Carmelo Ezpeleta lors du prologue du Dakar organisé à Barcelone.<br />
Il était au RACC (Royal Automobile-Club de Catalogne) et on<br />
s’est revus au <strong>GP</strong> à Magny-Cours en 92. Je l’ai appelé en 93, on<br />
s’est mis d’accord, et 25 ans plus tard, on est toujours là ensemble.<br />
Quel est exactement le rôle de chacun ?<br />
PHA, ACO, Dorna, IRTA, FFM, FIM ?<br />
La FIM a concédé à la Dorna tous ses droits d’organisation<br />
et de marketing concernant les <strong>GP</strong> en 1992. Nous (PHA)<br />
sommes sous contrat avec la Dorna pour la manche française<br />
du championnat du monde. L’IRTA organise les relations des<br />
teams avec la Dorna. La FFM est notre organisme de tutelle,<br />
dont nous dépendons notamment pour le visa. Nos relations<br />
avec son président, Jacques Bolle, sont excellentes et nous avons<br />
développé un partenariat pour aider les pilotes et promouvoir<br />
le sport moto. C’est une vie commune, liée à la passion de la moto.<br />
Il ne faut pas oublier la notion passionnelle du sujet. L’ACO est<br />
en charge de la partie sportive, en liaison avec la FIM et la Dorna.<br />
L’organisation sportive du Mans est l’une des meilleures du monde.<br />
C’est un travail collégial avec les équipes de l’ACO qui sont<br />
très impliquées sur le Grand Prix. La maîtrise de l’événement<br />
est gérée par PHA et je bénéficie de collaborateurs qui forment<br />
une équipe dévouée et impliquée à la réussite du Grand Prix.<br />
Quelle est l’importance de la télévision ? (En 2016, France 3<br />
avec 789 000 téléspectateurs, Eurosport en France avec 236 000).<br />
FRANCE TÉLÉVISIONS A<br />
PROPOSÉ EN 2016 LA COURSE<br />
MOTO<strong>GP</strong> DU MANS<br />
EN DIRECT SUR FRANCE 3<br />
1<br />
Quelle influence l’organisateur du<br />
<strong>GP</strong> de France a-t-il sur la télévision ?<br />
Le fait que si peu de gens voient<br />
les autres <strong>GP</strong> n’est-il pas pénalisant<br />
pour la promotion du <strong>GP</strong> de France ?<br />
On est dans un monde où il<br />
y a plusieurs types d’écrans,<br />
de sources d’information. On y<br />
parle beaucoup du Moto<strong>GP</strong> et du<br />
Grand Prix de France. Le paysage<br />
télévisuel est différent selon les<br />
pays, en fonction de la philosophie<br />
de chaque pays par rapport aux<br />
sports mécaniques, et dans notre<br />
cas, au sport moto. À titre d’exemple,<br />
la culture hispanique liée à la moto<br />
– avec quatre Grands Prix, et le<br />
roi Juan Carlos souvent présent –<br />
est différente de la française,<br />
où l’émergence politique des<br />
« ayatollahs verts » entraîne<br />
une réticence des entreprises<br />
à investir, tout en inoculant<br />
un « virus vert » aux médias. En France, Eurosport diffuse tous<br />
les Grands Prix depuis plusieurs années. Et France Télévisions<br />
a proposé en 2016 la course Moto<strong>GP</strong> du Mans en direct sur<br />
France 3 (ce sera encore le cas ces deux prochaines années),<br />
et suit toute l’année l’actualité moto. Donc les choses évoluent,<br />
mais beaucoup moins que pour d’autres sports. Prenons le cas<br />
de Johann Zarco, double champion du monde Moto2 en 2015 et<br />
2016 et désormais meilleur palmarès français : il aurait mérité<br />
davantage de retombées dans l’ensemble des médias importants.<br />
Comment se passe la répartition de la publicité dans l’enceinte<br />
du circuit entre la Dorna et l’organisateur national ?<br />
C’est assez simple. Nos bonnes relations avec la Dorna depuis de<br />
nombreuses années nous permettent de faire beaucoup de choses<br />
pour le public. En tant qu’organisateur du Grand Prix de France,<br />
nous avons une obligation de performance, comme les pilotes<br />
l’ont sur la piste, et d’innovation pour satisfaire le public et les<br />
compétiteurs. Tout ce qui est lié à la problématique de la télévision<br />
(le branding et la panneautique) sur la piste appartient à la Dorna.<br />
L’ensemble des autres supports et prestations est géré par PHA.<br />
Quel est le budget total du Grand Prix de France, et comment<br />
se répartissent les dépenses et les revenus ?<br />
Le budget total est d’environ 7,5 millions d’euros. Il y a des droits<br />
à payer à la Dorna, dont le montant est confidentiel. Les recettes<br />
qui nous permettent d’organiser l’événement proviennent du public<br />
et des partenaires, dont certains très fidèles, comme Dunlop et Motul<br />
qui sont avec nous depuis le début. Le problème de tout organisateur<br />
est l’augmentation constante des charges, liée à la loi ou aux<br />
obligations administratives. Il y a ainsi, depuis quelques années,<br />
de nouvelles obligations concernant la sécurité. Par ailleurs, le<br />
traitement des déchets nous revient à près de 300 000 euros pour<br />
les frais de nettoyage. Il y a plus de 600 000 euros de frais pour<br />
les contrôles et la sécurité. Il y a ensuite tout ce qui est nécessaire<br />
au confort du public et à sa sécurité, comme les services médicaux.<br />
Il faut également financer des éléments sportifs, tels le nettoyage<br />
de la piste et la remise en état des bacs à gravier, qui sont importants<br />
pour la qualité du spectacle et la sécurité des pilotes. La promotion<br />
de l’événement est également un poste essentiel et important.<br />
050 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017