GP Racing
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INTERVIEW / DANI PEDROSA<br />
et chercher un nouveau chemin, définir une nouvelle stratégie.<br />
La solution est souvent en toi, il faut alors revoir sa préparation<br />
physique et mentale. Mais cela ne suffit pas forcément, il faut<br />
parfois modifier ton environnement pour s’engager sur une<br />
nouvelle voie. Changer des choses et des gens dans ta vie.<br />
Cela peut être ton chef mécanicien ou d’autres personnes.<br />
Tout ce que tu fais dans la vie a une incidence sur ce que tu es.<br />
Il faut chercher le bon équilibre. Si j’ai demandé des changements<br />
dans mon équipe, ça n’était pas parce que les personnes<br />
avec qui je travaillais étaient devenues incompétentes mais<br />
parce qu’il me fallait du neuf pour viser de nouveaux objectifs.<br />
Comment ça se passe avec Giacomo<br />
(Guidotti, son nouveau chef mécanicien) ?<br />
On travaille bien ensemble et on progresse. Nous sommes<br />
aussi motivés l’un que l’autre et chaque fois qu’on se retrouve<br />
sur une séance d’essais ou une course, je sens qu’on avance.<br />
Dani Pedrosa, fidèle à Honda<br />
Pur produit de la fi lière espagnole, Dani Pedrosa a connu une carrière<br />
météorique jusqu’à son arrivée en Moto<strong>GP</strong>. Né le 29 septembre 1985<br />
en Catalogne, le gamin de Sanbadell est vite repéré par Alberto Puig<br />
alors qu’il court en mini-bike. Passé par le Trophée Movistar, Pedrosa<br />
débarque en Grands Prix 125 en 2001. Il n’a alors que 16 ans.<br />
Dès sa première saison en championnat du monde, il monte à deux<br />
reprises sur le podium. L’année suivante, il remporte trois Grands Prix<br />
et termine à la troisième place du classement général. Talentueux<br />
et cornaqué de main de fer par Alberto Puig, l’Espagnol décroche le<br />
titre en 2003 et accède ainsi à la catégorie 250. Soutenu par Honda,<br />
Pedrosa s’impose dès sa première saison en classe intermédiaire avec<br />
De ton côté, peux-tu encore progresser ?<br />
Bien sûr, on peut toujours progresser. Partout, il y a de la place<br />
pour faire mieux : sur la moto, avec la presse, à l’entraînement,<br />
lors des débriefs avec les techniciens, au niveau du mental...<br />
Il y a de super pilotes dans ce championnat. D’eux<br />
aussi, tu peux beaucoup apprendre pour progresser.<br />
Tu travailles depuis quelque temps<br />
avec Sete Gibernau. Que t’apporte-t-il ?<br />
On essaie de travailler ensemble à 360°. L’idée<br />
est de mixer son expérience avec la mienne,<br />
d’avoir un point de vue extérieur et un point<br />
de vue intérieur pour essayer de progresser sur<br />
la piste, mais aussi dans le garage, lors des voyages...<br />
Et cela porte ses fruits ?<br />
Oui, je prends aujourd’hui plus de plaisir dans ce que je fais.<br />
à son tableau de chasse, treize podiums dont sept victoires. Il fait mieux<br />
en 2005 avec huit succès et un troisième titre mondial en trois ans.<br />
Ce sera malheureusement le dernier. Passé en Moto<strong>GP</strong> en 2006 aux<br />
côtés de Nicky Hayden, dans le team Honda Repsol, le Catalan parvient<br />
à gagner dès sa première saison en classe reine. Mais à chaque fois<br />
qu’on le pense en mesure d’aller décrocher la couronne, le sort lui joue<br />
des tours. Souvent blessé, handicapé par son tout petit gabarit, il bute<br />
à maintes reprises sur la dernière marche du podium. Vice-champion<br />
du monde en 2007, 2010 et 2012, il se classe également troisième<br />
du championnat en 2008, 2009 et 2013. Son plus mauvais résultat,<br />
il l’a obtenu l’an dernier avec une sixième place au classement général.<br />
Sete Gibernau, l’ami devenu coach<br />
Depuis ses débuts en Grands Prix, Dani Pedrosa a toujours entretenu<br />
de bonnes relations avec Sete Gibernau. Depuis quatre ans, l’offi ciel Honda<br />
s’entraîne régulièrement sur le circuit que l’ancien pilote de Grands Prix<br />
a construit chez lui, du côté de Barcelone. Un ruban d’asphalte modulable<br />
sur lequel on roule sur deux ou quatre roues. « Des pilotes de F1 et de<br />
Moto<strong>GP</strong> passent régulièrement chez moi pour s’entraîner », explique Sete.<br />
Dani Pedrosa est l’un des plus assidus. « Mon circuit permet de travailler le<br />
pilotage à différents niveaux, et depuis qu’on roule ensemble, Dani a bien<br />
fait évoluer son attitude sur la moto, confi e l’ancien rival de Valentino Rossi.<br />
Chez moi, on roule avec des motos peu puissantes sur lesquelles tu as<br />
une position proche de celle que tu as sur une Moto<strong>GP</strong>. Ce sont aussi<br />
des machines sur lesquelles on ne touche à aucun réglage. L’idée, c’est<br />
de travailler sur les mouvements du corps. » L’an dernier, Gibernau s’était<br />
également déplacé sur les séances de tests hivernaux pour conseiller Pedrosa.<br />
Cette saison, il suit son compatriote sur chaque épreuve du calendrier.<br />
Que peut-il lui apporter ? « L’enthousiasme, répond Sete. C’est la plus<br />
grande force que tu peux avoir. L’envie, la passion, le désir, le plaisir...<br />
Dani doit retrouver son âme d’enfant. L’enfance, c’est l’âge de tous les<br />
possibles, l’âge où tout est fantastique et où tu t’émerveilles de tout ce<br />
que tu découvres. La première fois que tu montes sur une moto, c’est juste<br />
génial ! Il faut se réinventer afi n de conserver cette fraîcheur. C’est là la<br />
clef. » Bien sûr, Gibernau est convaincu que Pedrosa peut encore décrocher<br />
le titre : « Regarde Valentino, il a 9 titres derrière lui et il a toujours la même<br />
envie. Mais pour cela, encore une fois, il faut retrouver l’innocence de l’enfance,<br />
l’enthousiasme, le désir, l’envie, le plaisir... En espagnol, il y a un nom pour<br />
tout ça : “l’ilusiòn” ! Dani doit être plus relax, il doit s’ouvrir. S’il est heureux,<br />
il peut gagner. Tu ne peux pas attendre de gagner pour être heureux. »<br />
038 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017