GP Racing
TEMPS FORT / MOTOGP 032 /GP RACING - Juin-Juillet-Août 2017
Au soir du Grand Prix de France, il y avait deux hommes particulièrement heureux. Deux pilotes Yamaha. Johann Zarco, qui venait de monter sur son premier podium en MotoGP devant ses supporters, et Maverick Viñales, vainqueur pour sa troisième fois de la saison, mais aussi vainqueur après deux courses en demi-teinte : chute au Austin, sixième place à Jerez. « Après deux mauvais résultats, il était important de retrouver le podium et encore plus le chemin de la victoire », soulignait d’ailleurs l’Espagnol après une course sous haute tension. Longtemps leader, Viñales avait dû céder le commandement à Rossi à trois tours de l’arrivée. Une petite erreur de son coéquipier dans la dernière boucle lui permit cependant de reprendre l’avantage avant le drapeau à damier. L’an dernier, Viñales avait conquis au Mans son premier podium en MotoGP. En 2011, le Catalan avait décroché dans la Sarthe sa première victoire en Grands Prix. Cette fois, il a obtenu une victoire tout aussi importante puisqu’elle lui permet de reprendre la tête du championnat. Et même de prendre plusieurs longueurs d’avance, Valentino Rossi étant parti à la faute à quelques hectomètres de l’arrivée, et Marquez ayant chuté au dix-huitième tour. Après deux mauvais résultats, Viñales se devait donc de réagir. Le pilote Yamaha assure qu’il n’était pas sous pression pour autant. « La pression, je l’avais au Qatar, détaille-t-il. Après avoir signé les meilleurs chronos durant les tests de l’intersaison, j’étais attendu au tournant. Je n’avais pas le droit de passer au travers pour la première course de la saison. » « MAVERICK EST TOUJOURS SÛR DE SES CHOIX » Le successeur de Jorge Lorenzo s’est montré à la hauteur de l’enjeu. Idem en Argentine où il est devenu le premier pilote Yamaha à remporter les deux premières courses de la saison depuis Wayne Rainey en 1990 en sachant conjuguer une excellente pointe de vitesse à une grande lucidité. « Gagner mes deux premières courses avec ma nouvelle équipe, c’est tout simplement fantastique », pouvait lancer l’Espagnol au soir de la course à Termas de Rio Hondo. Kenny Roberts était d’ailleurs le dernier à avoir réalisé une telle performance en catégorie reine, en 1999, à ses débuts chez Suzuki. Devant les micros, Massimo Meregalli pouvait couvrir d’éloges son nouveau pensionnaire. « Depuis qu’il nous a rejoints pour les tests de Valence en novembre, je ne l’ai senti nerveux qu’une seule fois, le soir de la course au Qatar, soulignait alors le directeur de l’équipe Yamaha. Après avoir dominé toutes les séances d’essais de l’intersaison, il se savait attendu. La pression était là... Il n’a que vingtdeux ans. Mais il a parfaitement géré son premier Grand Prix sur la Yamaha. Il ne s’est pas affolé en début de course, il a pris le temps de se mettre dans le rythme sur une piste qui était très délicate et il a fini fort pour se mettre à l’abri dans les derniers tours. Ce qui m’épate le plus chez lui, c’est son calme et sa sérénité. Il est toujours sûr de ses choix, il a un avis tranché quand on lui demande d’essayer quelque chose sur la moto. » Et même quand tout n’est pas parfait sur sa Yamaha, Viñales s’en accommode sans rechigner. « Ce mec a un talent naturel et une incroyable capacité à s’adapter, témoigne Piero Taramasso, le responsable de la compétition moto Michelin. Il sait ce qu’il veut, mais il ne se plaint jamais et il est toujours calme. » Cela ne l’a pas empêché de partir à la faute au Texas et de souffrir à Jerez avec des pneus qui n’ont jamais fonctionné correctement sur sa Yamaha, comme sur celle de son coéquipier. « ON N’A PAS TROUVÉ D’EXPLICATION À MA CHUTE » Heureusement pour Viñales, ses adversaires n’ont pas été beaucoup plus réguliers. Notamment Marquez qui est déjà tombé en course à deux reprises, en Argentine et au Mans. Malgré son succès à Austin et sa deuxième place à Jerez, le champion du monde en titre ne pointait qu’en quatrième position à l’approche du premier quart de la saison et ce, avec plus d’une victoire de retard sur Maverick. Comme si le pilote Honda avait renoué avec ses vieux démons... Au Mans, Marquez est tombé à trois reprises dans le même virage, en rentrant dans la chicane Dunlop. Deux fois aux essais et une fois en course. Comme Viñales à Austin et Rossi au Mans également, l’Espagnol assure n’avoir pas compris pourquoi. En creux, les pilotes reprochent aux pneus Michelin une plage de fonctionnement trop limitée et un retour d’infos insuffisant. « On a analysé les données en long, en large et en travers sans trouver la moindre explication à ma chute », déplorait Rossi au soir du Grand Prix de France. L’Italien avait jusque-là réalisé un sansfaute – hormis sa 10 e place en Espagne – et menait le championnat, fort de ses trois podiums sur les trois premières courses de la saison. Le premier pilote du classement général à les avoir toutes terminées s’appelle Jonas Folger et il pointe à la 9 e place. « Ce championnat n’a pas fini de nous réserver des surprises, note Dani Pedrosa, vainqueur du GP d’Espagne et dauphin de Viñales au soir de l’épreuve française. En fonction des conditions météo et de la température, d’un circuit à l’autre, certaines machines sont mieux que d’autres avec les pneus. Je crois qu’il sera très difficile de prévoir ce qui se va passer sur les prochaines courses. » Tant mieux pour le spectacle. Juin-Juillet-Août 2017 - GP RACING /033
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