GP Racing
« TECHNIQUE / YAMAHA R1 GMT 94 Les motos sont tellement compactes et complexes aujourd’hui que dès que l’on touche à un élément, la crise du logement se fait sentir. On est donc dans l’obligation de mener un projet global, qui inclut l’intégration de toute l’électronique, la conception du faisceau électrique, l’acquisition de données, les radiateurs, le réservoir de 24 litres, tout en essayant de ne pas perdre de vue tout ce qui est de l’ordre de la “convivialité mécanique” : l’un des fers de lance de l’endurance. Tout ça sans impacter la performance », détaille Michel Guerre, le préparateur historique des machines du GMT 94. Pour autant, il est impossible de prendre l’un avant l’autre. « Le faisceau est désormais beaucoup plus complexe, avec des parties qui n’existaient pas avant, comme les boîtiers ABS mais aussi les boîtiers six axes. On a donc intégré des bouts de faisceau que l’on n’avait pas avant. C’est également un sujet qu’il faut globaliser, et le simplifier n’est pas évident, pas plus que le rendre “convivial à mécaniquer”. » Mais intégrer l’électronique, tout en permettant qu’elle soit facile à changer en cas de chute destructive sans immobiliser trop longtemps la moto, implique de trouver des solutions à la fois de connectiques mais aussi de regroupement des pièces. Sur la R1 du GMT, le matériel est rassemblé dans une poche en carbone qui fait office de dessous de selle. Comme l’exige le règlement technique de la discipline, cette dernière doit conserver l’aspect de l’origine. « Nous avons la même contrainte pour le carénage », poursuit Guerre. C’est dire la difficulté d’intégrer un réservoir dont la contenance a été portée de 17 à 24 litres, comme l’autorise la réglementation sans toutefois en modifier de façon importante les lignes, mais aussi de caser des radiateurs aux surfaces quasiment doublées. Le tout sans ne jamais perdre de vue le confort mécanique à grands coups de raccords rapides afin de pouvoir intervenir le plus rapidement possible. Mais la performance a également voix au chapitre, et Michel Guerre booste le quatre-cylindres en ligne avec un montage soigné et des pièces sélectionnées pour se marier au mieux. Le boîtier CDI est celui fourni dans le kit racing de Yamaha, et c’est « à l’ancienne », avec un travail soigné sur les conduits de la culasse, que le sorcier du GMT obtient un gain de puissance de 20 ch, soit 10 %, sur la mécanique de la R1... et ce, en n’ayant jamais connu de casse en course sur cette génération de moteurs ! Hors main-d’œuvre, le coût d’une telle machine, prix d’achat de la moto de série inclus, est estimé par Christophe Guyot entre 110 et 120 000 euros. Avec la main-d’œuvre, le prix s’envolerait ! Le moteur Peu permissif, le règlement de l’EWC laisse toutefois une petite marge aux préparateurs. Pour la R1 du GMT, c’est Michel Guerre qui s’y colle avec, comme objectif premier, d’offrir une mécanique fiable, performante, mais aussi facile à emmener pour le pilote. La boîte de vitesses reçoit des pignons ayant subi une « tribofinition » (traitement de surface afin d’en renforcer la fiabilité, ndlr) et leur démultiplication est adaptée à chaque circuit. Le principal travail effectué sur le moteur est une métrologie (les pièces en mouvement sont soigneusement choisies puis appairées) mais aussi un polissage en règle de tous les conduits afin d’optimiser la performance et le confort de conduite. Ainsi, Guerre conserve les arbres à cames d’origine offrant un moteur moins agressif que les modèles « racing » vendus par Yamaha. Le boulot porte ses fruits puisque le passage au banc révèle un gain de 20 chevaux (courbe rouge) face au moteur de série (courbe bleue). Au final, 222,6 chevaux à 13 388 tr/min en sortie de vilebrequin. 144 /GP RACING - Juin-Juillet-Août 2017
Le réservoir Pièce particulièrement sensible en endurance, et donc en perpétuelle évolution, le réservoir demande un gros travail pour voir sa contenance portée de 17 à 24 litres. Il faut à la fois qu’il se vide au maximum en évitant le déjaugeage mais aussi qu’il se remplisse le plus facilement possible. Le GMT a choisi le système de la vanne unique Stäubli qui empêche tout transfert de fluide tant qu’il n’y a pas d’accrochage mécanique. Ce qui est censé éviter tout risque d’incendie, même si elle ralentit le remplissage de l’ordre d’une à deux secondes par rapport à une vanne à deux orifices. Afin d’éviter le déjaugeage dans les longues courbes sur l’angle, la partie basse du moteur est redessinée puis fabriquée chez Danielson à Magny-Cours afin d’offrir un litre supplémentaire d’huile à la contenance moteur. De même, les radiateurs eau et huile sont réalisés sur-mesure et offrent non seulement une surface accrue mais également un démontage plus simple, notamment grâce à des vannes rapides. Le tableau de bord est depuis cette année un I2M doté d’une balise GPS pour l’acquisition des chronos. La connectique L’une des clés de l’endurance moderne est bien de permettre des réparations rapides. La plupart des éléments exposés aux casses sont réunis en sous-groupes. Ainsi, on parle de demi-guidons montés avec poignée de gaz, leviers, cocottes et commodos qui se changent en quelques instants. Mais aussi de l’intégralité de l’électronique embarquée dans une poche en carbone qui vient avec le berceau arrière du cadre. À noter que ce dernier est construit en barre d’alu qui se déforme en cas de choc et non pas, comme à l’origine, en alliage d’alu beaucoup plus fragile. Juin-Juillet-Août 2017 - GP RACING /145
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