GP Racing

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RÉTROSPECTIVE A u commencement fut... Raymond Roche (voir son portrait en page 68), qui, arrivé en bout de course en Grands Prix, accepta la proposition des frères Castiglioni pour tenter l’aventure du championnat du monde Superbike en 1989, un après la création de celui-ci. Le pilote Ducati disputa quatre saisons, de 1989 à 1992, s’empara du titre de champion du monde en 1990 et ne quitta jamais le podium final durant ses quatre dernières années de course. Troisième en 1989, vice-champion derrière son coéquipier américain Doug Polen en 1991 et en 1992, riche de 23 victoires, aucun pilote français n’a plus jamais signé de pareilles statistiques dans ce championnat. Il aurait certainement pu améliorer ce score, mais face à Polen, les dés étaient pipés, l’usine favorisant l’Américain sur le plan mécanique dans l’espoir de bénéficier de retombées commerciales aux États-Unis. Roche ne l’a su qu’après, il devait probablement s’en douter, et n’en a pas voulu plus que ça à ses employeurs italiens... RÉGIS LACONI PASSE À DEUX DOIGTS DU TITRE Retiré de la compétition début 1993, il a ensuite pris en charge l’équipe officielle dans laquelle Carl Fogarty allait s’épanouir, et durant huit ans, aucun tricolore n’allait plus percer le mur du Top 15 en Mondial Superbike. C’est en 2001 que Régis Laconi prenait la suite de son prédécesseur, intégré d’abord à l’équipe Aprilia, et achevant cette première saison au 11 e rang, juste devant Stéphane Chambon qui avait pour sa part été couronné en Supersport deux ans plus tôt. En 2002, Laconi repartait en Grands Prix pour une saison au guidon de la terrible RS Cube de MotoGP, un engin indomptable qui n’allait pas rester dans les mémoires, avant de revenir en Superbike en 2003, d’abord intégré dans une équipe privée NCR, avec laquelle il devait achever la saison au 4 e échelon, puis au sein de l’équipe officielle en 2004. Dominateur jusqu’à la finale, il perdit le jour où il ne fallait pas perdre, relégué à la place de vice-champion par son coéquipier James Toseland qui n’en demandait pas tant. À Magny-Cours, sur ses terres, Laconi passa à 11 points de ce qui aurait été une sorte de consécration « pour l’ensemble de son œuvre ». Par la suite, l’homme au numéro 55, identifié à la Meuse, son département d’adoption, allait redescendre dans la hiérarchie mondiale, passant ensuite sur Kawasaki, puis revenant en 2009 sur une Ducati privée au guidon de laquelle il faillit tout simplement perdre la vie, victime d’un accident resté inexpliqué lors des essais de l’épreuve sud-africaine de Kyalami. Entre-temps, la tentative de Sébastien Gimbert sur Yamaha, qui faisait équipe en 2005 avec le Japonais Norifumi Abe sous les couleurs de l’importateur français, se soldait par un échec. Il fallut donc attendre l’arrivée de Sylvain Guintoli pour que les couleurs françaises brillent à nouveau en championnat du monde Superbike. Débarqué sous les couleurs Suzuki en 2010, le Drômois a gravi régulièrement les échelons de la catégorie (où Loris Baz le rejoignait en 2012), passant en 2011 du côté italien, d’abord avec Ducati (jusqu’en 2012) puis avec Aprilia (2013 et 2014). Et c’est avec l’équipe de Noale qu’il devint champion du monde en 2014, à l’issue d’une saison où il rendit coup pour coup au tenant du titre, Tom Sykes, qu’il devança de six petits points le jour de la finale, disputée en l’occurrence dans la nuit et sous les projecteurs du circuit de Losail, au Qatar. S’il a ensuite poursuivi sa carrière en WSBK avec Honda puis Yamaha, c’est donc bel et bien avec Aprilia qu’il a le plus brillé. Sylvain Guintoli totalise 9 victoires en sept saisons. Quant à Loris Baz, sur trois saisons passées en Mondial Superbike, c’est en 2005 qu’il a signé son meilleur score final avec une 5 e place. Il compte également deux victoires à son palmarès. En dehors d’une belle saison de Jules Cluzel achevée au 10 e rang final en 2013 avec Suzuki, depuis lors, les Français se sont faits discrets en WSBK. Il faut probablement voir dans ce phénomène une explication avant tout culturelle au fait que malgré les difficultés d’accès au pinacle des sports mécaniques motocyclistes qu’ils représentent, les GP restent prioritaires pour nos pilotes au moment de choisir leur voie et de commencer à bâtir leur carrière. Complètement à l’inverse des Anglo-Saxons, qui sont d’ailleurs ultra-majoritaires au palmarès du championnat du monde Superbike, où sur 29 titres décernés, 5 seulement l’ont été au profit de pilotes non anglo-saxons. EN 2017, IL N’Y A AUCUN FRANÇAIS EN WSBK Rendez-vous compte qu’après le titre de Roche en 1990, il a fallu attendre vingt ans pour qu’un pilote autre qu’américain (Doug Polen, Scott Russell, John Kocinski, Colin Edwards et Ben Spies), britannique (Carl Fogarty, Neil Hodgson et James Toseland), néo-zélandais (Troy Corser) ou australien (Troy Bayliss) devienne champion du monde Superbike ! Il s’appelait Max Biaggi et il l’emporta en 2010 avec son Aprilia. Pour la petite histoire, l’Espagnol Carlos Checa (Ducati) s’octroya la couronne un an plus tard, Biaggi en remit une couche en 2012, puis l’Empire britannique reprit « son » bien à partir de 2013 par l’entremise de Tom Sykes. Interrompue par Guintoli en 2014, la série britannique est depuis relancée avec Jonathan Rea, couronné en 2015 et en 2016. Et cette année, le titre se jouera entre les Britanniques Rea, Chaz Davies et Sykes. En 2017, il n’y a pas de Français sur les 1 grilles de départ du WSBK. PIONNIER TRICOLORE EN WSBK, ROCHE FUT LE MEILLEUR DE TOUS AVEC 1 TITRE EN 1990 ET 2 PLACES DE VICE-CHAMPION 122 /GP RACING - Juin-Juillet-Août 2017

2 3 1 Symbolique de la saison 2014 qui le vit triompher de peu face à l’Anglais Tom Sykes (n° 1), cette passe d’armes avec Sylvian Guintoli (n° 50), deuxième champion du monde SBK français, rappelle aussi la mainmise des Anglo-Saxons sur la discipline. 2 Raymond Roche, l’année de son sacre, reste le plus performant des tricolores en SBK. Rien de plus logique vu son pedigree en Grands Prix (cf. page 68). 3 L’amertume de Régis Laconi (à d.) sur le podium de Magny-Cours en 2004, le jour où il a perdu son duel face à James Toseland (à g.). 4 Loris Baz aurait peut-être pu succéder à ses aînés, mais il a choisi de tenter sa chance en MotoGP. 4 Juin-Juillet-Août 2017 - GP RACING /123

RÉTROSPECTIVE<br />

A<br />

u commencement fut... Raymond<br />

Roche (voir son portrait en<br />

page 68), qui, arrivé en bout<br />

de course en Grands Prix,<br />

accepta la proposition des<br />

frères Castiglioni pour tenter<br />

l’aventure du championnat du monde<br />

Superbike en 1989, un après la création<br />

de celui-ci. Le pilote Ducati disputa quatre<br />

saisons, de 1989 à 1992, s’empara du titre<br />

de champion du monde en 1990 et ne<br />

quitta jamais le podium final durant<br />

ses quatre dernières années de course.<br />

Troisième en 1989, vice-champion derrière<br />

son coéquipier américain Doug Polen<br />

en 1991 et en 1992, riche de 23 victoires,<br />

aucun pilote français n’a plus jamais<br />

signé de pareilles statistiques dans ce<br />

championnat. Il aurait certainement<br />

pu améliorer ce score, mais face à Polen,<br />

les dés étaient pipés, l’usine favorisant<br />

l’Américain sur le plan mécanique<br />

dans l’espoir de bénéficier de retombées<br />

commerciales aux États-Unis. Roche<br />

ne l’a su qu’après, il devait probablement<br />

s’en douter, et n’en a pas voulu<br />

plus que ça à ses employeurs italiens...<br />

RÉGIS LACONI PASSE<br />

À DEUX DOIGTS DU TITRE<br />

Retiré de la compétition début 1993, il a<br />

ensuite pris en charge l’équipe officielle<br />

dans laquelle Carl Fogarty allait<br />

s’épanouir, et durant huit ans,<br />

aucun tricolore n’allait plus<br />

percer le mur du Top 15 en<br />

Mondial Superbike. C’est en<br />

2001 que Régis Laconi prenait<br />

la suite de son prédécesseur,<br />

intégré d’abord à l’équipe<br />

Aprilia, et achevant cette<br />

première saison au 11 e rang, juste<br />

devant Stéphane Chambon qui<br />

avait pour sa part été couronné<br />

en Supersport deux ans plus tôt.<br />

En 2002, Laconi repartait en<br />

Grands Prix pour une saison au<br />

guidon de la terrible RS Cube de<br />

Moto<strong>GP</strong>, un engin indomptable<br />

qui n’allait pas rester dans les<br />

mémoires, avant de revenir en<br />

Superbike en 2003, d’abord<br />

intégré dans une équipe privée<br />

NCR, avec laquelle il devait<br />

achever la saison au 4 e échelon,<br />

puis au sein de l’équipe officielle<br />

en 2004. Dominateur jusqu’à<br />

la finale, il perdit le jour où il<br />

ne fallait pas perdre, relégué à<br />

la place de vice-champion par<br />

son coéquipier James Toseland qui n’en<br />

demandait pas tant. À Magny-Cours, sur<br />

ses terres, Laconi passa à 11 points de ce<br />

qui aurait été une sorte de consécration<br />

« pour l’ensemble de son œuvre ». Par<br />

la suite, l’homme au numéro 55, identifié à<br />

la Meuse, son département d’adoption, allait<br />

redescendre dans la hiérarchie mondiale,<br />

passant ensuite sur Kawasaki, puis revenant<br />

en 2009 sur une Ducati privée au guidon<br />

de laquelle il faillit tout simplement perdre<br />

la vie, victime d’un accident resté inexpliqué<br />

lors des essais de l’épreuve sud-africaine<br />

de Kyalami. Entre-temps, la tentative de<br />

Sébastien Gimbert sur Yamaha, qui faisait<br />

équipe en 2005 avec le Japonais Norifumi<br />

Abe sous les couleurs de l’importateur<br />

français, se soldait par un échec. Il fallut<br />

donc attendre l’arrivée de Sylvain Guintoli<br />

pour que les couleurs françaises brillent<br />

à nouveau en championnat du monde<br />

Superbike. Débarqué sous les couleurs<br />

Suzuki en 2010, le Drômois a gravi<br />

régulièrement les échelons de la catégorie<br />

(où Loris Baz le rejoignait en 2012), passant<br />

en 2011 du côté italien, d’abord avec Ducati<br />

(jusqu’en 2012) puis avec Aprilia (2013<br />

et 2014). Et c’est avec l’équipe de Noale<br />

qu’il devint champion du monde en 2014,<br />

à l’issue d’une saison où il rendit coup<br />

pour coup au tenant du titre, Tom Sykes,<br />

qu’il devança de six petits points le jour<br />

de la finale, disputée en l’occurrence dans<br />

la nuit et sous les projecteurs du circuit de<br />

Losail, au Qatar. S’il a ensuite poursuivi sa<br />

carrière en WSBK avec Honda puis Yamaha,<br />

c’est donc bel et bien avec Aprilia qu’il a le<br />

plus brillé. Sylvain Guintoli totalise 9 victoires<br />

en sept saisons. Quant à Loris Baz, sur trois<br />

saisons passées en Mondial Superbike, c’est<br />

en 2005 qu’il a signé son meilleur score final<br />

avec une 5 e place. Il compte également deux<br />

victoires à son palmarès. En dehors d’une<br />

belle saison de Jules Cluzel achevée au<br />

10 e rang final en 2013 avec Suzuki, depuis<br />

lors, les Français se sont faits discrets en<br />

WSBK. Il faut probablement voir dans<br />

ce phénomène une explication avant tout<br />

culturelle au fait que malgré les difficultés<br />

d’accès au pinacle des sports mécaniques<br />

motocyclistes qu’ils représentent, les <strong>GP</strong><br />

restent prioritaires pour nos pilotes au<br />

moment de choisir leur voie et de commencer<br />

à bâtir leur carrière. Complètement<br />

à l’inverse des Anglo-Saxons, qui sont<br />

d’ailleurs ultra-majoritaires au palmarès<br />

du championnat du monde Superbike,<br />

où sur 29 titres décernés, 5 seulement l’ont<br />

été au profit de pilotes non anglo-saxons.<br />

EN 2017, IL N’Y A AUCUN<br />

FRANÇAIS EN WSBK<br />

Rendez-vous compte qu’après le titre de<br />

Roche en 1990, il a fallu attendre vingt ans<br />

pour qu’un pilote autre qu’américain (Doug<br />

Polen, Scott Russell, John<br />

Kocinski, Colin Edwards et<br />

Ben Spies), britannique (Carl<br />

Fogarty, Neil Hodgson et James<br />

Toseland), néo-zélandais<br />

(Troy Corser) ou australien<br />

(Troy Bayliss) devienne<br />

champion du monde<br />

Superbike ! Il s’appelait<br />

Max Biaggi et il l’emporta<br />

en 2010 avec son Aprilia. Pour<br />

la petite histoire, l’Espagnol<br />

Carlos Checa (Ducati)<br />

s’octroya la couronne un an<br />

plus tard, Biaggi en remit une<br />

couche en 2012, puis l’Empire<br />

britannique reprit « son » bien<br />

à partir de 2013 par l’entremise<br />

de Tom Sykes. Interrompue<br />

par Guintoli en 2014, la série<br />

britannique est depuis relancée<br />

avec Jonathan Rea, couronné<br />

en 2015 et en 2016. Et cette<br />

année, le titre se jouera entre<br />

les Britanniques Rea, Chaz<br />

Davies et Sykes. En 2017, il<br />

n’y a pas de Français sur les<br />

1 grilles de départ du WSBK.<br />

PIONNIER TRICOLORE EN WSBK, ROCHE<br />

FUT LE MEILLEUR DE TOUS AVEC 1 TITRE<br />

EN 1990 ET 2 PLACES DE VICE-CHAMPION<br />

122 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017

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