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GP Racing

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Espace Clichy<br />

12, rue Mozart,<br />

92587 Clichy Cedex.<br />

Tél : 01 41 40 32 32<br />

Fax : 01 41 40 32 57<br />

Pour joindre votre correspondant,<br />

composez le 01 41 40 suivi du numéro<br />

de poste qui figure à la suite de son nom.<br />

Président du Conseil de surveillance<br />

Patrick Casasnovas<br />

Présidente du Directoire<br />

Stéphanie Casasnovas<br />

Directeur général<br />

Frédéric de Watrigant<br />

Éditeur<br />

Philippe Budillon ..................................+ 32 00<br />

Directeur de la rédaction<br />

Alain Lecorre ......................................... + 31 77<br />

alecorre@editions-lariviere.fr<br />

Rédacteurs<br />

Michel Turco, Jean-Aignan Museau,<br />

Christian Batteux, Alexis Delisse<br />

Rédacteur graphiste<br />

Olivier Mallardeau ................................+ 34 37<br />

olivier.mallardeau@editions-lariviere.fr<br />

Secrétaire de rédaction<br />

Julie Elmoznino ..................................... + 31 81<br />

Ont collaboré à ce numéro<br />

Gavan Caldwell • Philippe Debarle<br />

Élodie Frioux • Laurent Hindryckx<br />

Maurice Montgomery • Daryl<br />

Ramadier • Michael Scott<br />

Responsable de la photogravure<br />

Béatrice Ladurelle ................................. + 31 57<br />

Publicité<br />

Directrice commerciale<br />

Marie-Laure André ............................... + 32 01<br />

marie-laure.andre@editions-lariviere.fr<br />

Directeur de publicité<br />

Frédéric Boué ....................................... + 31 71<br />

frederic.boue@editions-lariviere.fr<br />

Assistante : Sandra Pinget ................. + 32 16<br />

Fax : 01 41 40 32 56<br />

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Éditions Larivière - Accueil clients<br />

9, allée Jean Prouvé - 92587 Clichy Cedex<br />

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Tarifs France : 4 numéros : 30,26 euros<br />

Autres pays & par avion .......... 01 47 56 54 00<br />

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Promotion/abonnements<br />

Géraldine Savigny..................... 01 41 40 40 91<br />

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Emmanuelle Gay ....................... 01 41 40 34 99<br />

Directeur de la publication<br />

Responsable de la rédaction<br />

Patrick Casasnovas<br />

<strong>GP</strong> <strong>Racing</strong> est une publication des Éditions<br />

Larivière, Société par Actions Simplifiée<br />

au capital de 3 200 000 euros.<br />

Dépôt légal : 2 e trimestre 2017.<br />

Commission paritaire : 1017K 91534<br />

N° TVA intracommunautaire : FR 96572 071 884<br />

CCP 115915A Paris. RCS Nanterre B 572 071 884.<br />

12 rue Mozart, 92587 Clichy Cedex.<br />

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Impression : Imprimerie de Compiègne<br />

avenue Berthelot 60200 Compiègne<br />

Imprimé en France / Printed in France<br />

Papier issu de forêts gérées durablement.<br />

Origine du papier : Belgique<br />

Taux de fibres recyclées : 0 %<br />

Certification : PEFC/EU ECO LABEL<br />

Eutrophisation : 0,02 kg/tonne<br />

Les manuscrits et documents<br />

non insérés ne sont pas rendus.<br />

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12, rue Mozart, 92587 Clichy Cedex.<br />

Tél : 01 41 40 32 32. Fax : 01 41 40 32 50<br />

En France, lorsqu’on essaye d’expliquer<br />

ce fameux moment où tout paraît<br />

possible et magnifique, on parle<br />

« d’état de grâce ». Les Américains,<br />

plus pragmatiques, évoquent<br />

une sensation qui confine plus<br />

à l’exceptionnel qu’au divin et annoncent « être<br />

dans la zone ». Moins romantique mais peut-être<br />

plus en phase avec la réalité. Quoi qu’il en soit,<br />

être en « état de grâce » arrive à tous les pilotes,<br />

à tous les sportifs. De Michael Jordan qui bat<br />

le record de tirs à trois points et le nombre de<br />

points réussis en une mi-temps (35) pendant<br />

le match 1 des finales NBA 1992, à Tiger<br />

Woods qui clôture le Master 1997 avec 12 coups<br />

d’avance et dira plus tard « j’étais capable de me<br />

mettre dans un état de quasi-méditation à l’envie<br />

sur le parcours », on a tous en mémoire un truc<br />

de ce genre. La moto n’échappe évidemment<br />

pas à la règle. L’année dernière, Pawi – un pilote<br />

malais quasi inconnu – dépose tout le gratin<br />

Moto3 en Argentine et passe la ligne d’arrivée<br />

avec... 26 secondes d’avance ! En 2005, Olivier<br />

Jacque appelé par Kawasaki pour remplacer<br />

Alex Hofmann blessé, revient en pigiste au<br />

<strong>GP</strong> de Chine et termine à... 2 secondes de Rossi.<br />

Le meilleur résultat de sa carrière en Moto<strong>GP</strong> !<br />

Avant cela, en 1983, Alan Carter – un pilote<br />

britannique – gagne le <strong>GP</strong> de France 250 sur<br />

une Yamaha et disparaît aussitôt après des écrans<br />

radars. En 1993, Wayne Rainey remporte le <strong>GP</strong><br />

du Japon. Il relatera plus tard une anecdote dans<br />

son livre, anecdote qu’il ne voulut pas livrer en<br />

conférence de presse de peur d’être pris pour<br />

EDITO<br />

EN ÉTAT DE GRÂCE<br />

OU DANS LA ZONE ?<br />

un dingue : « Pendant tout le <strong>GP</strong>, je me suis vu<br />

à côté de la moto ! J’étais en travers partout,<br />

je freinais tard, c’était facile, sans pression. »<br />

Kenny Roberts, lui, avait une approche plus<br />

mentale de la façon dont on entre dans cette<br />

fameuse zone. En 1985, deux ans après avoir<br />

arrêté les <strong>GP</strong>, il est invité aux 8 Heures de Suzuka<br />

par Yamaha. Après la première séance de qualifs,<br />

il est à plus d’1 seconde du meilleur temps.<br />

Il rentre alors à l’hôtel et demande à Dean Miller<br />

(le kiné du team) de veiller à ce que personne<br />

n’entre dans sa chambre. Il s’allonge et<br />

réfléchit. Un gros travail de concentration pour<br />

comprendre où et comment il va reprendre le<br />

temps perdu sur un circuit qu’il a un peu oublié.<br />

Une heure après il ressort et s’écrit : « Ça y est,<br />

j’ai trouvé ! » De retour au circuit, il claquera<br />

la pole (...) bien que n’ayant quasiment jamais<br />

roulé sur la FZ 4-temps. Et Zarco me direzvous<br />

? Les 6 tours en tête au Qatar, la remontée<br />

en Argentine, les dépassements en Espagne,<br />

son incroyable <strong>GP</strong> de France (première ligne,<br />

premier podium, en baston toute la course avec<br />

les officiels Yam’ pour la gagne), ce qu’il fait<br />

depuis le début de saison relève de l’exploit.<br />

Depuis Marc Marquez en 2013, aucun rookie<br />

de la catégorie reine n’a enchanté le paddock<br />

à ce point, ni autant bluffé l’assistance. Brillant,<br />

expérimenté, rapide, sérieux, le pilote Tech3 est<br />

bien parti pour s’installer dans la cour des (très)<br />

grands. Alors oui, on ne parle pas encore de<br />

divin mais il semble pourtant touché par la grâce.<br />

Alain Lecorre<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /003


<strong>GP</strong> RACING #20 / JUIN-JULLET-AOÛT 2017<br />

#20<br />

p. 034<br />

p. 084<br />

p. 040<br />

p. 090<br />

WARM UP<br />

Belles images ................... 006<br />

Objet <strong>Racing</strong> .....................012<br />

Chiffres, news et Bol d’Or ..014<br />

Chronique M. Scott .......... 022<br />

MOTO<strong>GP</strong>, MOTO2, MOTO3<br />

Viñales leader sérieux ....... 024<br />

Au <strong>GP</strong> de France, le Catalan est repassé en tête.<br />

Interview Dani Pedrosa ...... 034<br />

12 e saison Moto<strong>GP</strong> et toujours le même rêve.<br />

Zarco : stratosphérique ! ..... 040<br />

Depuis le début de l’année, Zarco marche sur l’eau.<br />

Interview Claude Michy ..... 048<br />

Le boss du <strong>GP</strong> de France nous a parlé avant la course.<br />

<strong>GP</strong> de France 2007 .......... 054<br />

Quand Randy et Guintol’ mettaient le feu au Mans.<br />

Portrait : Ian Gilpin ............ 056<br />

Après Lorenzo, Ian travaille aujourd’hui pour Viñales.<br />

Mag : Lüthi fait le boulot.....060<br />

Deuxième, le Suisse n’a jamais été aussi bon...<br />

Résultats Moto<strong>GP</strong> ............ 064<br />

Le point, <strong>GP</strong> par <strong>GP</strong> jusqu’à l’épreuve française.<br />

Morbidelli, roi du Moto2 .... 084<br />

L’Italien ne laisse pratiquement rien aux autres.<br />

Moto3 : Honda intraitable .. 090<br />

Le constructeur japonais domine le Moto3.<br />

Portrait : Jacques Roca ..... 098<br />

Fils de Jacques et mécano Moto<strong>GP</strong> depuis 10 ans.<br />

MAGAZINES<br />

Raymond Roche ............... 068<br />

Le pilote sudiste nous a reçus chez lui. Passionnant.<br />

Quid des pilotes US ? ..........078<br />

Moto<strong>GP</strong>, Moto2, Moto3, c’est le désert américain !<br />

Les nouveaux <strong>GP</strong> à venir ... 096<br />

On fait un point sur le calendrier à venir.<br />

Le paddock oversea ..........104<br />

Quelle organisation à l’autre bout du monde ?<br />

COURSE SUR ROUTE<br />

North West 200 ................ 108<br />

Alastair Seeley, officiel BMW et roi d’Irlande du Nord.<br />

004 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


p. 024<br />

p. 068<br />

p. 108<br />

p. 130<br />

SUPERBIKE<br />

Jonathan Rea dominateur ...114<br />

Depuis l’ouverture de la saison, c’est un cavalier seul.<br />

page<br />

159<br />

ABONNEZ-<br />

VOUS<br />

HOMMAGE<br />

Surtees s’en est allé ..........150<br />

Titré en <strong>GP</strong> 500 et en F1, ici avec le comte Agusta.<br />

Frenchies et Superbike ...... 120<br />

La saga des Français qui ont roulé en WSBK.<br />

Résultats WSBK / WSSP .... 126<br />

Le point, <strong>GP</strong> par <strong>GP</strong>, jusqu’à l’épreuve d’Imola.<br />

ENDURANCE<br />

24 H avec Vincent Philippe ....130<br />

Nous avons suivi l’officiel Suzuki aux 24 H du Mans.<br />

Technique : R1 GMT 94 .....140<br />

De l’hypersportive de série à la R1 victorieuse.<br />

BONUS <strong>GP</strong> RACING<br />

Jeu + simulateur ................156<br />

Shopping .......................... 157<br />

Home : l’hospitality de la FIM ....158<br />

Un virage décrypté ............160<br />

Umbrella Girl .....................162<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /005


GRAND ANGLE<br />

006 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


HAYDEN NOUS<br />

A QUITTÉS<br />

Nous avons appris la terrible<br />

nouvelle à la toute dernière minute<br />

de notre bouclage et reviendrons<br />

bien évidemment dès le prochain<br />

numéro sur le parcours de ce<br />

champion d’exception. <strong>GP</strong> <strong>Racing</strong><br />

adresse ses sincères condoléances<br />

à sa famille et à ses proches.<br />

Photo Jean-Aignan Museau.


GRAND ANGLE<br />

L’HEURE DU CHOIX<br />

Dominic Herbertston est un pilote<br />

de course sur route (en Irlande et à l’île<br />

de Man). Son gros problème ? Le choix<br />

des pneus ! Et son budget limité ne l’incitera<br />

pas à s’offrir des modèles pluie en plus<br />

des slicks. Au détriment de la sécurité...<br />

Photo Gavan Caldwell.<br />

008 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


GRAND ANGLE<br />

CHAUD BOUILLANT<br />

Impliqué dans le gros crash<br />

Moto3 du deuxième tour<br />

au <strong>GP</strong> de France, Lorenzo<br />

Dalla Porta (n° 48) essaye de se<br />

protéger au mieux. Un nouveau<br />

départ sera donné.<br />

Photo Jean-Aignan Museau.<br />

010 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


NEWS<br />

L’OBJET<br />

LE DÉMARREUR<br />

Pendant près de 50 ans, les pilotes de Grand Prix ont démarré leur machine<br />

à la poussette. Un « sport » qui a pris fin avec l’arrivée du quatre-temps<br />

et de lanceurs permettant de démarrer les prototypes sans le moindre effort.<br />

Par Alexis Delisse. Photos Jean-Aignan Museau et DR.<br />

Une véritable Moto<strong>GP</strong>, qui<br />

fait la chasse au poids et au<br />

superflu, n’a pas de place pour<br />

un démarreur électrique et<br />

n’en a jamais eu. Les pilotes<br />

ont donc toujours eu l’habitude<br />

de démarrer leur machine en les poussant<br />

(ou en se faisant pousser par leur<br />

mécano) jusqu’à pouvoir entraîner<br />

suffisamment vite la roue pour que<br />

le moteur se mette en branle. Une étape<br />

fastidieuse qui a disparu avec l’arrivée,<br />

en 2002, des moteurs 4-temps des<br />

1000 cm 3 comprimés, plus difficiles<br />

à démarrer. Un système externe fait<br />

alors son apparition. Les équipes<br />

reculent la moto en prise sur deux<br />

rouleaux propulsés par une batterie<br />

(similaire à celle d’une voiture) qui<br />

entraîne la roue arrière et démarre la<br />

moto. L’inconvénient de ce système<br />

est qu’il est impossible de laisser<br />

les couvertures chauffantes en place.<br />

Un nouvel appareillage à la main a<br />

récemment résolu ce problème : on laisse<br />

la moto au point mort avec le contact et<br />

le système actionne un arbre en bout de<br />

vilebrequin pour lancer le moteur. Une<br />

technique que Suzuki et Ducati ont été<br />

parmi les premiers à utiliser en Moto<strong>GP</strong>.<br />

CLASSEMENTS PROVISOIRES AU 21/05<br />

MOTO<strong>GP</strong> - 25 classés<br />

1. M. Viñales (E-Yamaha) 85 pts<br />

2. D. Pedrosa (E-Honda) 68 pts<br />

3. V. Rossi (I-Yamaha) 62 pts<br />

4. M. Marquez (E-Honda) 58 pts<br />

5. J. Zarco (F-Yamaha) 55 pts<br />

6. A. Dovizioso (I-Ducati) 54 pts<br />

7. C. Crutchlow (GB-Honda) 40 pts<br />

8. J. Lorenzo (E-Ducati) 38 pts<br />

9. J. Folger (D-Yamaha) 38 pts<br />

10. J. Miller (AUS-Honda) 29 pts<br />

MOTO3 - 34 classés<br />

1. J. Mir (E-Honda) 99 pts<br />

2. R. Fenati (I-Honda) 65 pts<br />

3. A. Canet (E-KTM) 63 pts<br />

4. J. Martin (E-Honda) 59 pts<br />

5. J. McPhee (GB-Honda) 53 pts<br />

6. F. Di Giannantonio (I-Honda) 51 pts<br />

7. A. Migno (I-KTM) 43 pts<br />

8. M. Ramirez (E-KTM) 36 pts<br />

9. J. Guevara (E-KTM) 34 pts<br />

10. E. Bastianini (I-Honda) 31 pts<br />

SUPERSPORT - 32 classés<br />

1. L. Mahias (F-Yamaha) 85 pts<br />

2. S. Morais (RSA-Yamaha) 58 pts<br />

3. P. Jacobsen (USA-MV Agusta) 55 pts<br />

4. K. Sofuoglu (TUR-Kawasaki) 50 pts<br />

5. R. Rolfo (I-MV Agusta) 41 pts<br />

6. J. Cluzel (F-Honda) 39 pts<br />

7. K. Ryde (GB-Kawasaki) 36 pts<br />

8. F. Caricasulo (I-Yamaha) 35 pts<br />

9. N. Tuuli (FIN-Yamaha) 27 pts<br />

10. C. Gamarino (I-Honda) 25 pts<br />

ENDURANCE - 21 classés<br />

1. SERT (F-Suzuki) 108 pts<br />

2. GMT 94 (F-Yamaha) 101 pts<br />

3. SRC (F-Kawasaki) 92 pts<br />

4. YART (AUT-Yamaha) 86 pts<br />

5. F.C.C. TSR (J-Honda) 84 pts<br />

6. Maco <strong>Racing</strong> (SVK-Yamaha) 75 pts<br />

7. Moto Ain (F-Yamaha) 63 pts<br />

8. Tati Team (F-Kawasaki) 57 pts<br />

9. Trick Star (J-Kawasaki) 53 pts<br />

10. Viltaïs Experience (F-Yamaha) 51 pts<br />

MOTO2 - 35 classés<br />

1. F. Morbidelli (I-Kalex) 100 pts<br />

2. T. Lüthi (CH-Kalex) 80 pts<br />

3. A. Marquez (E-Kalex) 62 pts<br />

4. M. Oliveira (P-KTM) 59 pts<br />

5. F. Bagnaia (I-Kalex) 53 pts<br />

6. T. Nakagami (J-Kalex) 41 pts<br />

7. D. Aegerter (CH-Suter) 37 pts<br />

8. X. Vierge (E-Tech3) 32 pts<br />

9. L. Marini (I-Kalex) 31 pts<br />

10. S. Corsi (I-Speed Up) 27 pts<br />

SUPERBIKE - 24 classés<br />

1. J. Rea (GB-Kawasaki) 235 pts<br />

2. C. Davies (GB-Ducati) 161 pts<br />

3. T. Sykes (GB-Kawasaki) 160 pts<br />

4. M. Melandri (I-Ducati) 124 pts<br />

5. A. Lowes (GB-Yamaha) 94 pts<br />

6. X. Forés (E-Ducati) 84 pts<br />

7. M. Vd Mark (NL-Yamaha) 78 pts<br />

8. J. Torres (E-BMW) 65 pts<br />

9. L. Camier (GB-MV Agusta) 64 pts<br />

10. E. Laverty (IRL-Aprilia) 55 pts<br />

SUPERSTOCK 1000 - 27 classés<br />

1. M. Ruben Rinaldi (I-Ducati) 70 pts<br />

2. T. Razgatlioglu (TUR-Kawasaki) 54 pts<br />

3. R. Tamburini (I-Yamaha) 43 pts<br />

4. F. Marino (F-Yamaha) 36 pts<br />

5. M. Faccani (I-BMW) 22 pts<br />

6. J. Guarnoni (F-Kawasaki) 21 pts<br />

7. S. Suchet (CH-BMW) 20 pts<br />

8. F. Sandi (I-BMW) 18 pts<br />

9. I. Mykhalchyk (I-Kawasaki) 18 pts<br />

10. L. Vitali (I-Aprilia) 15 pts<br />

12 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


NEWS<br />

EN CHIFFRES<br />

3000<br />

Dani Pedrosa est entré dans l’histoire des<br />

Grands Prix à l’occasion du <strong>GP</strong> d’Espagne à<br />

Jerez qui n’était autre que le 3000 e Grand<br />

Prix de l’histoire. Angel Nieto avait remporté<br />

le 1000 e à Hockenheim en 1975 et Mike<br />

Doohan le 2000 e à Suzuka en 1997.<br />

565<br />

La Grande-Bretagne est<br />

la nation qui a placé le plus<br />

de pilotes sur les podiums<br />

du World Superbike. Avec<br />

Chaz Davies, Jonathan Rea<br />

et Tom Sykes à Imola,<br />

le pays en totalise 565.<br />

1977<br />

Actuellement en tête du classement provisoire,<br />

Valentino Rossi est le pilote le plus âgé à mener le<br />

championnat du monde depuis Jack Findlay en 1977.<br />

Soit le nombre de<br />

points inscrits par Sam<br />

Lowes pour ses débuts<br />

sur l’Aprilia en Moto<strong>GP</strong><br />

après quatre courses.0<br />

374<br />

le plus de courses. Un chiffre qui n’a rien d’étonnant<br />

Avec 374 Grands<br />

Prix disputés sur<br />

son territoire depuis<br />

la naissance du<br />

championnat du<br />

monde en 1949,<br />

l’Espagne est le<br />

pays qui a accueilli<br />

puisque les Ibériques accueillent pas moins de quatre<br />

Grands Prix par an (Jerez, Catalogne, Aragon, Valence).<br />

12<br />

Soit, en millions, le nombre<br />

de fans de la page officielle<br />

du Moto<strong>GP</strong> sur Facebook. Le<br />

championnat est également<br />

suivi par plus de 2 millions<br />

de personnes sur Twitter<br />

et 4 millions sur Instagram.<br />

200<br />

Jonathan Rea prenait à Assen<br />

son 200 e départ en Mondial<br />

Superbike. Un chiffre qui<br />

réussit bien au pilote Kawasaki<br />

qui est monté sur le podium à 98 reprises et survole<br />

les débats pour la troisième année consécutive.<br />

Il faut remonter à<br />

1999 et Régis Laconi<br />

pour trouver trace<br />

d’un Français présent<br />

trois fois d’affilée<br />

dans le Top 5.<br />

Performance réalisée<br />

cette saison par<br />

99Johann Zarco.<br />

En hausse :<br />

KTM en Moto<strong>GP</strong><br />

Tous deux hors des points pour l’ouverture du championnat<br />

à Losail, Pol Espargaro (photo) et Bradley Smith étaient<br />

sans doute un peu déçus de leur première course avec KTM.<br />

Une déconvenue rapidement effacée avec leurs premiers<br />

points respectifs en Argentine. Mais c’est véritablement<br />

pour le retour des Grands Prix en Europe et celui en<br />

Espagne que la RC16 a progressé avec, notamment,<br />

l’arrivée d’un<br />

nouveau V4 à calage<br />

Big Bang. De quoi<br />

permettre à Espargaro<br />

de se placer à une<br />

seconde de la pole<br />

après avoir réalisé<br />

un joli 9 e temps<br />

en FP4. Prometteur<br />

pour la suite.<br />

Neuvième de son<br />

premier Grand Prix<br />

au Qatar après des<br />

essais hivernaux<br />

délicats, Alex Rins<br />

avait plutôt bien réussi<br />

ses débuts en Moto<strong>GP</strong>.<br />

Une joie de courte<br />

durée puisque<br />

le pilote Suzuki<br />

s’est blessé à la cheville en entraînement quelques jours<br />

plus tard puis a chuté au Grand Prix d’Argentine. Un moindre<br />

mal pour l’Espagnol dont l’épreuve suivante au Texas s’est<br />

déroulée de manière encore plus catastrophique avec une<br />

lourde chute aux essais qui l’a laissé avec un bras gauche cassé<br />

et une indisponibilité de plusieurs courses. Pas le meilleur<br />

moyen d’engranger de l’expérience dans la catégorie...<br />

En baisse : Alex Rins<br />

014 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


NEWS <strong>GP</strong> RACING<br />

Réalisées par Alexis Delisse.<br />

Photos JAM, DR et archives Moto Revue.<br />

Fritz<br />

sérieusement<br />

touché<br />

Marvin Fritz ne gardera<br />

pas un excellent<br />

souvenir de la deuxième<br />

épreuve du<br />

championnat d’Europe<br />

Superstock 1000<br />

à Assen. En chutant<br />

suite à un accrochage<br />

avec plusieurs pilotes<br />

à la fi n du premier tour<br />

de course, le pilote<br />

allemand a été<br />

transporté à l’hôpital<br />

dans un état jugé<br />

sérieux suite à une<br />

contusion pulmonaire.<br />

Mais l’Allemand de<br />

24 ans a fi nalement pu<br />

rentrer chez lui et était<br />

même de retour sur la<br />

Yamaha du YART pour<br />

la manche d’endurance<br />

d’Oschersleben.<br />

Guintoli respire<br />

Sylvain Guintoli connaît un début<br />

d’année 2017 très contrasté. Le pilote<br />

Suzuki ronge son frein pour son<br />

retour en British Superbike au guidon<br />

d’une toute nouvelle Suzuki GSX-R<br />

au potentiel certes immense, mais<br />

dont le travail de développement est<br />

au moins aussi important. Le Drômois<br />

ne parvient pas pour l’instant à se sortir<br />

du ventre mou d’une catégorie,<br />

il est vrai, très relevée. Heureusement,<br />

l’ex-pilote de Grands Prix s’est offert<br />

un grand bol d’air grâce à la chance<br />

offerte par Suzuki de remplacer Alex<br />

Rins au <strong>GP</strong> de France. Un retour sur<br />

une Moto<strong>GP</strong> qui a ravi le Français.<br />

« Le caractère moteur, sa légèreté, la<br />

manière dont l’électronique fonctionne,<br />

l’antiwheeling, les ailettes devant...<br />

Piloter une Moto<strong>GP</strong> est une expérience<br />

juste fabuleuse. La Suzuki GSX-RR<br />

est une machine qui met en confiance,<br />

tout en délivrant beaucoup de<br />

puissance. Ça ne s’arrête jamais. »<br />

Sylvain devrait également participer<br />

aux 8 Heures de Suzuka au mois de<br />

juillet pour une année bien remplie !<br />

Le WSBK<br />

ira en<br />

Argentine<br />

À l’image de son cousin<br />

du Moto<strong>GP</strong>, le World<br />

Superbike se rendra<br />

à son tour en Argentine<br />

dès 2018. Mais<br />

contrairement au<br />

Grand Prix qui se<br />

court sur le tracé de<br />

Termas de Rio Hondo,<br />

le Mondial SBK visitera<br />

la province de San<br />

Juan et le circuit<br />

de Villicum dont les<br />

travaux de construction<br />

ont débuté en octobre<br />

2016. Une piste de<br />

4,2 km qui accueillera<br />

la catégorie pour<br />

trois ans au moins.<br />

ROOKIES CUP<br />

VIU PREMIER LEADER<br />

Le premier rendez-vous européen de la saison de Grands<br />

Prix à Jerez était également l’occasion d’ouvrir la Red Bull<br />

Rookies Cup. Une coupe dont le premier vainqueur en<br />

2007 n’est autre que notre Johann Zarco national et qui<br />

démarre bien cette année pour Aleix Viu (photo). L’Espagnol<br />

de 16 ans, déjà vainqueur de la première manche en<br />

2016, est reparti d’Andalousie en tête du classement<br />

provisoire avec une belle victoire en deuxième manche<br />

après avoir assuré les points de la cinquième place suite<br />

à des soucis d’embrayage lors de la première course.<br />

Le Japonais Ai Ogura a également fait belle impression<br />

en manquant la<br />

victoire de peu le<br />

samedi et avant<br />

d’échouer au pied<br />

du podium dimanche.<br />

Il se retrouve à<br />

égalité de points<br />

avec Filip Salac,<br />

auteur du résultat<br />

inverse. À noter que,<br />

pour la première fois<br />

depuis sa création,<br />

aucun Français<br />

n’est cette année<br />

présent au départ.<br />

SOBRIÉTÉ<br />

OBLIGATOIRE<br />

Non, il ne s’agit pas d’un poisson d’avril à la bourre.<br />

Des contrôles d’alcoolémie durant les week-ends<br />

de Grands Prix vont bien être effectués, à la manière de ce<br />

qui existe déjà pour lutter contre le dopage. Le règlement<br />

officiel de la FIM a ainsi été récemment amandé en ce<br />

sens et ne concerne d’ailleurs pas que le Moto<strong>GP</strong>, mais<br />

tous les championnats régis par la Fédération internationale<br />

(Superbike, endurance...). Si l’on a du mal à croire que<br />

prendre le départ d’une séance d’essais ou d’une course<br />

sous l’emprise de l’alcool soit une pratique courante, les<br />

concurrents devront donc désormais rester sobres durant<br />

l’intégralité du week-end pour ne pas risquer une sanction.<br />

Trois pilotes seront choisis au hasard lors de chaque<br />

événement et, pour éviter tout doute sur le sujet, la<br />

consommation de champagne lors de la cérémonie du<br />

podium n’est pas concernée par cette nouvelle règle. Ouf !<br />

016 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


INTERVIEW<br />

SOPHIE CASASNOVAS<br />

PRÉSIDENTE DE LARIVIÈRE<br />

ORGANISATION<br />

Sophie, quelles sont les nouveautés<br />

du Bol d’Or version 2017 ?<br />

Nous avons réorganisé l’accueil du public<br />

en supprimant le camping Pinède qui était<br />

le plus excentré. Nous avons réouvert toute<br />

la zone nord du circuit qui devient une aire<br />

d’accueil encadrée par le MC TBO et du<br />

coup, tous les spectateurs pourront marcher<br />

le long de la ligne droite du Mistral. Seule la partie de l’aéroport<br />

sera fermée. Mais ils peuvent parcourir 80 % du circuit à pied.<br />

Côté sportif, nous nous recentrons sur nos trois courses maison<br />

(Bol d’Or, Bol d’Argent et Bol d’Or Classic). Il n’y a plus de courses<br />

annexes, ce qui nous permet d’avoir la 2 e manche du Bol Classic le<br />

samedi de 10 h à 12 h, entre le warm up et la course du Bol d’Or.<br />

Nous allons aussi doubler le nombre de clubs dans le Village Club.<br />

Quel est le bilan du retour du Bol sur le circuit Paul-Ricard ?<br />

Très positif ! Nous avons vécu une très belle première édition,<br />

même si nous avions eu des retours mitigés de spectateurs<br />

concernant l’accueil du public : nous avons conscience que<br />

nous avons été un peu dépassés par un site qui n’était<br />

pas forcément adapté à une telle affl uence. Nous avons<br />

énormément travaillé sur ce point l’année dernière et les retours<br />

sont excellents. On espère également répondre à une autre<br />

demande du public : celle de lui permettre de faire le tour<br />

complet du circuit. Les pilotes sont aussi satisfaits et ont<br />

su s’adapter aux conditions d’accueil, un peu plus à l’étroit<br />

qu’à Magny-Cours. Les spectateurs que nous avons aujourd’hui<br />

sont des passionnés, respectueux, qui viennent en famille.<br />

Et le Bol d’Or en ouverture du championnat en septembre ?<br />

C’est une bonne chose. En 2011, nous étions passés au mois<br />

d’avril en tant que première épreuve du championnat, mais<br />

ça n’avait pas eu de retombées positives sur la fréquentation.<br />

Quand nous sommes revenus à nos dates, l’impact a été réel pour<br />

nous et pour les 24 Heures du Mans. Nous ouvrons de nouveau<br />

le championnat suite à la volonté d’Eurosport Events d’en<br />

faire un championnat d’hiver, et nous en sommes très fi ers.<br />

Le championnat est dans une excellente dynamique<br />

depuis l’arrivée du promoteur Eurosport Events :<br />

comment travaillez-vous avec eux ?<br />

Je les félicite parce qu’ils ont fait un très beau travail en<br />

écoutant les pilotes, les fédérations et les organisateurs pour<br />

tirer ce championnat vers le haut. Aujourd’hui, nous entretenons<br />

de très bonnes relations avec Eurosport qui a tout fait pour<br />

nous faciliter les choses par rapport à la réglementation<br />

sportive, aux droits, aux besoins techniques nécessaires...<br />

J’espère qu’ils vont continuer à développer le championnat<br />

de cette manière-là. Nous, notre travail, c’est d’assurer la<br />

fréquentation des épreuves du championnat du monde pour<br />

l’embellir davantage. Mais il est vrai que sportivement ou sur<br />

le plan de la communication, Eurosport fait un excellent travail.<br />

SUPERSPORT 300 : DEROUE DÉMARRE FORT<br />

Scott Deroue sera à jamais le premier vainqueur d’une course de la nouvelle<br />

catégorie Supersport 300. Le Néerlandais a même rapidement enchaîné<br />

sur un deuxième succès avant de rendre quelque peu la main en Italie.<br />

Le pilote Kawasaki tient tout de même solidement les rênes du championnat<br />

devant un Alfonso Coppola qui monte en puissance et Borja Sanchez<br />

qui a, lui, échoué par trois fois au pied du podium. Marc Garcia<br />

s’offrait de son côté sa première victoire au niveau mondial à Imola.<br />

NOUS N’ALLONS PAS ACCORDER<br />

PLUS DE LICENCES EN MOTO<strong>GP</strong>, SAUF<br />

SI VALENTINO NOUS LE DEMANDE.<br />

S’IL VEUT UNE ÉQUIPE, IL L’AURA<br />

Carmelo Ezpeleta, motorsport.com<br />

MOTOAMERICA<br />

DEBISE DANS LE COUP<br />

Troisième du championnat des États-<br />

Unis Supersport en 2016, Valentin<br />

Debise (n° 53) est reparti cette année<br />

à l’assaut du titre avec une précieuse<br />

année d’expérience dans les jambes.<br />

De quoi débuter 2017 en trombe puisque<br />

le Français pointait même en tête du<br />

championnat après deux courses et<br />

Kevin Schwantz et Wayne Gardner<br />

réunis dans un même box ? Il aura<br />

fallu attendre la retraite des deux<br />

hommes et le Grand Prix d’Espagne<br />

pour capturer cette image de<br />

deux anciens rivaux devenus amis.<br />

Schwantz venait rendre visite à<br />

Gardner dont le fils Remy évolue<br />

au sein du team Tech3 en Moto2.<br />

notamment une victoire à Road Atlanta.<br />

Le troisième rendez-vous en Virginie s’est<br />

malheureusement moins bien passé pour<br />

le pilote Suzuki M4 Sportbike qui a chuté<br />

par deux fois et cède de gros points au duo<br />

Yamaha Garrett Gerloff et JD Beach. Mais<br />

avec encore sept week-ends au programme,<br />

rien n’est perdu pour Valentin !<br />

COMME AU BON VIEUX TEMPS<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /017


NEWS <strong>GP</strong> RACING<br />

Cortese au<br />

commentaire<br />

Évoluant sans grands<br />

succès en Moto2 depuis<br />

plusieurs saisons,<br />

Sandro Cortese<br />

sait que sa carrière<br />

ne sera pas éternelle<br />

et qu’il ne va pas falloir<br />

tarder à songer<br />

à la reconversion.<br />

Une nouvelle carrière<br />

qui pourrait se faire à<br />

la télévision dans le rôle<br />

de commentateur de<br />

course. L’Allemand<br />

de 27 ans s’est essayé<br />

à l’exercice pour le<br />

compte de la chaîne<br />

allemande Servus TV<br />

lors de la manche du<br />

Mondial Superbike<br />

à Assen et s’est vite<br />

rendu compte qu’il<br />

ne s’agissait pas d’un<br />

travail de tout repos !<br />

Marquez<br />

a sa BD<br />

Comme Valentino Rossi<br />

il y a quelques années,<br />

c’est au tour de Marc<br />

Marquez de publier<br />

une bande dessinée<br />

tout à sa gloire. Marc<br />

Marquez, l’histoire<br />

d’un rêve retrace le<br />

parcours du pilote de<br />

Cervera et accorde<br />

notamment une place<br />

importante à son<br />

enfance, « là où se<br />

trouve la base de tout<br />

projet » commentait le<br />

héros de cette histoire.<br />

Une BD éditée par<br />

Paquet et disponible<br />

au tarif de 19 €.<br />

McGUINNESS OUT<br />

2017 ne sera pas une grande année pour John McGuinness. En plus d’une fracture assez complexe à la jambe gauche,<br />

La légende du Tourist Trophy attendait pourtant beaucoup McGuinness souffre en effet de quatre vertèbres cassées et<br />

d’une toute nouvelle Honda Fireblade pleine de promesses. trois côtes brisées. Une chute qui l’empêchera de participer<br />

Mais une chute lors des qualifications de la North West au TT, son objectif principal. Les espoirs de son équipe<br />

200 (voir p. 108) a laissé l’Anglais sérieusement affaibli. reposent désormais sur le fantasque Guy Martin.<br />

LA DORNA VEUT<br />

RESTER PROPRE<br />

On le sait, les sports mécaniques sont un terrain<br />

propice à l’argent sale ou encore – comme tout autre<br />

sport – aux paris douteux. Les affaires de sponsors<br />

pas toujours très nets se sont multipliées ces dernières<br />

années, un problème que Carmelo Ezpeleta prend<br />

au sérieux. C’est pourquoi le championnat du monde<br />

Moto<strong>GP</strong> est devenu le premier sport mécanique à<br />

officiellement lutter contre la corruption grâce à un<br />

partenariat de trois ans avec l’entreprise Sportradar.<br />

Une collaboration qui s’est traduite par une première<br />

« formation » en ouverture du Grand Prix du Qatar<br />

en la présence de nombreux team managers du<br />

paddock pour prévenir des mauvaises pratiques qui<br />

peuvent menacer le Moto<strong>GP</strong>. L’accent a notamment<br />

été mis sur les courses arrangées même si « aucune<br />

preuve de corruption, course arrangée ou activité<br />

frauduleuse n’a été mise en évidence dans le paddock ».<br />

LEBLANC SE RELANCE<br />

EN ESPAGNE<br />

Après la fin de sa fructueuse aventure avec le team<br />

Kawasaki SRC de Gilles Stafler, Grégory Leblanc a<br />

cherché à se relancer pour 2017. Le Seine-et-Marnais<br />

dispute ainsi le championnat du monde d’endurance<br />

sur la Honda du team Motors Events et a également<br />

trouvé un guidon en vitesse, de l’autre côté des Pyrénées.<br />

Leblanc a donc pris le départ de la première manche<br />

du RFME Superbike à Valence, le championnat officiel de<br />

la Fédération espagnole de motocyclisme, sur la nouvelle<br />

Suzuki GSX-R du team JEG <strong>Racing</strong>, propriété du Français<br />

Éric Gomez. Un challenge relevé pour Grégory qui doit<br />

assurer un important travail de mise au point sur la nouveauté<br />

japonaise tout en découvrant plusieurs pistes ibériques.<br />

018 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


INTERVIEW<br />

LUCAS MAHIAS<br />

PILOTE OFFICIEL YAMAHA<br />

EN MONDIAL SUPERSPORT<br />

Lucas, hormis ton souci en<br />

Thaïlande, tu n’as pas fait<br />

moins bien que 2 e . T’attendaistu<br />

à être si vite à ce niveau<br />

de compétitivité au guidon<br />

de cette nouvelle machine ?<br />

Je l’espérais, c’est sûr. Quand<br />

on a signé le contrat, le but était<br />

de se battre pour le championnat.<br />

Maintenant, je ne pensais pas<br />

être aussi régulier et aussi rapide<br />

sur tous les circuits et être à<br />

cette place de leader aujourd’hui.<br />

C’est une belle satisfaction.<br />

Kenan Sofuoglu revient très fort sur les dernières manches.<br />

As-tu pu analyser son pilotage ? Qu’est-ce qui le rend si bon ?<br />

Je ne pense pas qu’il soit plus fort ou moins fort que moi. La seule<br />

différence, c’est qu’il est dans un autre état d’esprit : il n’a rien à<br />

perdre. Son seul moyen d’être champion, c’est de gagner toutes<br />

les courses, il l’a dit. À Assen, il était intouchable. Il était rapide tout<br />

le week-end, et pour plusieurs raisons, il a fait beaucoup de tours<br />

là-bas. À Imola, j’avais le rythme pour pouvoir l’attaquer mais j’ai<br />

préféré rester derrière parce que la dernière chicane à Imola, c’est<br />

particulier. Avec d’autres pilotes, j’aurais tenté quelque chose. Avec<br />

Kenan, sachant qu’il est prêt à tout, ça pouvait vite fi nir par terre.<br />

Tu en fais ton principal adversaire pour le titre ?<br />

Oui, bien sûr. C’est le pilote que je regarde le plus. S’il gagne<br />

toutes les manches et que j’arrive à faire deux, il sera champion.<br />

Il va falloir qu’à un moment, j’en gagne une. On attendra les circuits<br />

que je connais bien et où je me sens à l’aise. Le point positif, c’est<br />

que j’arrive à faire 2 e sur des pistes où je ne me sens pas super bien.<br />

Cela fait longtemps que tu n’as pas eu à gérer un<br />

championnat sur la durée, comment abordes-tu cela ?<br />

Ça a un côté vraiment excitant. Sur la moto, c’est un peu diffi cile.<br />

Parfois, j’aurais envie d’attaquer et de tout donner. Là je ne peux<br />

le faire qu’en qualif et encore, en faisant attention à ne pas me<br />

blesser. Mais il vaut mieux être dans cette position-là que septième<br />

ou huitième et me dire qu’il va falloir gagner toutes les courses.<br />

Je suis actuellement dans un état d’esprit où je peux me permettre<br />

d’assurer un podium et réfl échir à plus loin. C’est plutôt agréable.<br />

Le fait de mener le championnat, cela te met-il une forme<br />

de pression sur les épaules ?<br />

Évidemment. C’est contradictoire avec l’image que je dégage mais<br />

je suis quelqu’un d’un peu stressé. J’ai une bonne équipe, les gens<br />

commencent à savoir comment je fonctionne et font le maximum<br />

pour que je me détende. La chose qui m’aide, c’est de me dire que<br />

j’ai fait cinq courses et que je n’ai commis aucune erreur. Si j’arrive<br />

à être champion la première année, ça sera magique. Et sinon, cela<br />

m’aura appris des choses et j’espère bien être champion un jour.<br />

BARRIER, C’EST<br />

PAS L’AMÉRIQUE<br />

Sylvain Barrier n’est vraiment pas<br />

verni. Après plusieurs saisons gâchées<br />

par les blessures, le Français avait trouvé<br />

à se relancer au sein d’un championnat<br />

qui a le vent en poupe, le MotoAmerica.<br />

Le natif d’Oyonnax, âgé aujourd’hui<br />

de 28 ans, s’est lancé dans ce nouveau<br />

défi sur une BMW S 1000 RR du team<br />

Scheibe <strong>Racing</strong> en Superbike avec<br />

l’espoir de briller au moins autant<br />

REITERBEGER<br />

CHANGE<br />

D’OBJECTIF<br />

que son compatriote Valentin Debise en<br />

Supersport. Mais après un premier weekend<br />

prometteur à Austin, Sylvain s’est<br />

sérieusement blessé aux essais de la<br />

seconde manche sur le circuit de Road<br />

Atlanta après une chute où il est venu<br />

heurter les Airfence. Bilan : plusieurs<br />

côtes brisées, une rate déchirée et une<br />

hémorragie interne. On lui souhaite<br />

maintenant un prompt rétablissement.<br />

Markus Reiterberger avait de<br />

grandes ambitions à son arrivée<br />

en championnat du monde Superbike en 2016, titre IDM en poche. Avec un contrat<br />

de deux ans au sein du team BMW Althea au guidon d’une S 1000 RR qu’il connaît<br />

bien, l’Allemand espérait en tout cas bien mieux que les résultats obtenus. Si bien<br />

que le pilote de 23 ans a décidé de se séparer de son équipe italienne après seulement<br />

trois courses cette année, officiellement pour prendre le temps de pleinement récupérer<br />

d’une grosse blessure aux vertèbres à Misano l’an passé. Mais quelques jours plus<br />

tard, il annonçait son retour à ses premières amours et au championnat Superbike<br />

allemand au sein du team avec lequel il a été champion en 2015, BMW Van Zon.<br />

Un retour gagnant pour Reiterberger qui s’est imposé dès son premier week-end de<br />

course. Le pilote de « réserve » du team Althea Raffaele De Rosa a eu, lui, le plaisir<br />

de prendre sa place en Mondial et terminera la saison avec l’équipe de Genesio Bevilacqua.<br />

BSB : HASLAM MÈNE LA DANSE<br />

Battu par Shane Byrne l’an passé, Leon Haslam repart cette année à l’assaut du titre<br />

tant convoité avec la même hargne et surtout, une bien meilleure entame de saison<br />

que son rival qui a fait chou blanc à Donington quand le pilote Kawasaki a inscrit<br />

son premier doublé. De quoi se porter en tête<br />

du championnat après trois courses, bien qu’il soit<br />

sérieusement menacé par son encombrant coéquipier<br />

Luke Mossey à seulement trois points. Christian<br />

Iddon joue de son côté la carte de la régularité pour<br />

occuper le troisième rang provisoire au guidon de<br />

sa BMW, devant le champion 2015 Josh Brookes de<br />

retour en Angleterre après un passage par le Mondial.<br />

Un World Superbike d’où vient également Davide<br />

Giugliano qui, avec seulement 10 points, a bien<br />

du mal à s’adapter aux circuits d’outre-Manche.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /019


NEWS <strong>GP</strong> RACING<br />

Réalisées par Alexis Delisse.<br />

Photos JAM, DR et archives Moto Revue.<br />

Première<br />

réussie<br />

pour l’Handy<br />

Race<br />

Jamais à court d’idées<br />

pour promouvoir son<br />

épreuve, Claude Michy<br />

accueillait au Grand<br />

Prix de France une<br />

manche de la Coupe<br />

de France Handisport<br />

créée par Stéphane<br />

Paulus. Une course qui<br />

réunissait 30 pilotes<br />

– amputés ou<br />

paraplégiques –<br />

de 7 nationalités<br />

différentes qui, durant<br />

8 tours, ont été<br />

acclamés par une foule<br />

admirative. L’Italien<br />

Daniele Barbero s’est<br />

imposé, mais c’est<br />

une véritable victoire<br />

collective qui s’est<br />

lue sur les visages<br />

radieux de tous<br />

les participants.<br />

Kent se cherche<br />

La greffe entre Danny Kent et le<br />

Moto2 peine décidément à prendre.<br />

Après avoir déjà tenté sa chance<br />

en 2013 au sein du team Tech3<br />

sans grande réussite et être<br />

redescendu l’année suivante en<br />

Moto3, l’Anglais est en passe de<br />

refaire ce chemin cette saison après<br />

un nouvel échec dans la catégorie<br />

intermédiaire. Anonyme 22 e du<br />

championnat chez Leopard l’an passé<br />

après son titre Moto3, Kent n’aura<br />

effectué que deux courses complètes<br />

cette saison avant de quitter les frères<br />

Kieffer... et être recueilli par Aki<br />

Ajo. Le boss du team officiel KTM<br />

en Moto3, dont les deux pilotes Niccolo<br />

Antonelli et Bo Bendsneyder ne brillent<br />

guère, a ainsi offert à l’ex-champion<br />

du monde de la catégorie la possibilité<br />

de participer au <strong>GP</strong> de France en<br />

wild-card. Course qu’il a terminée<br />

à une honnête 10 e place après un an<br />

et demi sans avoir piloté de Moto3.<br />

Superstock<br />

1000 :<br />

Rinaldi<br />

en patron<br />

Michael Ruben Rinaldi<br />

pouvait diffi cilement<br />

espérer meilleur début<br />

de saison. Vainqueur<br />

à Aragon, deuxième<br />

à Assen et à nouveau<br />

vainqueur à Imola,<br />

le pilote offi ciel<br />

Ducati fait preuve<br />

d’une régularité<br />

impressionnante aux<br />

avant-postes dans<br />

cette catégorie<br />

traditionnellement si<br />

disputée. Il mène le<br />

championnat devant<br />

Toprak Razgatlioglu.<br />

HAYDEN NOUS<br />

A QUITTÉS<br />

Victime d’un accident de la circulation, mercredi 17 mai,<br />

Nicky Hayden est décédé des suites de ses blessures. Nous<br />

l’avons appris au moment où nous bouclions ces pages<br />

par un communiqué de l’hôpital Maurizio Bufalini<br />

de Cesena, en Italie. Une région proche de Rimini<br />

où le pilote américain effectuait une sortie à vélo avec<br />

un groupe d’amis après l’épreuve Superbike d’Imola<br />

lorsqu’il a été violemment percuté par une voiture.<br />

Un accident aussi terrible que banal pour celui qui<br />

a vécu la majorité de sa vie à 300 km/h et faisait partie<br />

des personnalités les plus appréciées du paddock, tant<br />

en Moto<strong>GP</strong> où il a décroché le titre suprême en 2006,<br />

que dans sa nouvelle famille du Superbike. Nombreux<br />

furent ceux à lui manifester leur soutien au <strong>GP</strong> de<br />

France, comme son ancien coéquipier, Valentino Rossi :<br />

« Nicky est un des meilleurs<br />

amis que j’aie jamais eus.<br />

Mon plus beau souvenir<br />

de lui, c’est quand il était<br />

venu me saluer dans le tour<br />

d’honneur du <strong>GP</strong> de Valence<br />

2015. Lui faisait ses adieux<br />

au Moto<strong>GP</strong>. Je venais de<br />

perdre le championnat<br />

mais son regard est l’un<br />

des rares souvenirs positifs<br />

que j’aie de ce jour-là. »<br />

Malheureusement, le pilote<br />

de 35 ans a succombé<br />

à ses blessures le 22 mai.<br />

8 HEURES D’OSCHERSLEBEN<br />

LE GMT 94 ENCHAÎNE<br />

Le GMT 94 de Christophe Guyot est dans une<br />

excellente période. Après avoir brillamment remporté<br />

les 24 Heures du Mans au bout d’un superbe duel avec<br />

la machine autrichienne du YART, David Checa, Mike<br />

Di Meglio et Niccolo Canepa (de g. à d.) ont de nouveau<br />

gagné leur bras de fer face à Broc Parkes, Marvin Fritz<br />

et Kohta Nozane en Allemagne. Un succès acquis pour<br />

seulement 30 secondes à l’arrivée, qui signe la 3 e victoire<br />

consécutive de l’équipe Yamaha à Oschersleben et<br />

permet au GMT 94 de revenir à seulement 7 points<br />

du SERT au classement provisoire. Tout avait pourtant<br />

bien débuté pour l’équipe championne du monde<br />

avec un Vincent Philippe auteur du holeshot qui est<br />

malheureusement allé à la faute après quelques tours.<br />

La lutte pour la troisième marche du podium a, elle,<br />

opposé les teams Maco et Bolliger, l’équipe Yamaha<br />

offrant finalement un triplé à la marque japonaise.<br />

Le team Moto Ain remporte pour sa part la catégorie<br />

Superstock et reprend de l’air au classement provisoire.<br />

020 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


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<strong>GP</strong> <strong>Racing</strong> numéro 17


LA CHRONIQUE DE MICHAEL SCOTT<br />

Reporter sur les <strong>GP</strong> depuis plus de 30 ans<br />

BELLES<br />

DE COURSE<br />

Il est une tradition en ingénierie<br />

qui remonte à l’ère des navires<br />

à plusieurs mâts et des grands<br />

voiliers, qui a survécu l’âge de la<br />

vapeur et qui a perduré jusqu’à<br />

nos jours : les véhicules sont féminins.<br />

Je me demande malgré tout si cela s’applique encore dans<br />

cette société moderne, libérée et politiquement correcte qui est la<br />

nôtre. Est-il juste, voire même approprié, de continuer à utiliser cette<br />

analogie sexiste ? Non, en fait, je ne me le demande pas. Bien sûr<br />

que les véhicules sont toujours féminins. Et c’est d’autant plus vrai<br />

pour les motos. Surtout pour quiconque ayant déjà eu à en pousser<br />

une en côte, avant de se rendre compte qu’il (ou que justement<br />

« elle ») avait oublié d’ouvrir le robinet d’essence.<br />

Bien sûr, les motos de course n’en sont pas équipées, mais elles<br />

restent pourtant une espèce de femelles aux caractères bien trempés.<br />

Et quelle variété en cette saison 2017 ! C’est le grand maître à danser<br />

qu’il faut remercier pour cette situation et ce, depuis que Carmelo<br />

Ezpeleta a décrété qu’elles auraient toutes accès aux mêmes tutus<br />

et chaussons de danse. Mettre les motos sur un pied d’égalité n’a<br />

fait que souligner un peu plus<br />

leurs différences de personnalités.<br />

Les deux premières courses du<br />

calendrier sont déjà derrière nous,<br />

et elles ont toutes deux été remportées<br />

par le même homme, Maverick<br />

Viñales. Il est le premier pilote<br />

Yamaha à réaliser cet exploit<br />

depuis Wayne Rainey en 1990.<br />

Il s’est révélé un parfait homme de<br />

tête, pilotant sa M1 avec délicatesse,<br />

tout en exécutant des pas<br />

de danse fort compliqués. Rien de<br />

surprenant pour ceux qui avaient<br />

suivi avec attention la carrière<br />

du jeune Espagnol. C’était même<br />

à prévoir, si l’on considère son<br />

style et son parcours, proches des<br />

racines du tango argentin.<br />

Mais qu’en est-il de sa partenaire ?<br />

L’élégante M1 s’est laissé conduire<br />

par ce gentleman plein de maîtrise<br />

dans un parfait décorum en faisant<br />

ressortir toute sa féminité. Elle<br />

connaît ses forces, mais elle a<br />

bien compris la valeur d’un partenariat<br />

équilibré. Derrière chaque<br />

grand homme se cache une grande<br />

femme. Et vice versa.<br />

La Yamaha a toujours été une<br />

compagne conciliante, disposée à<br />

collaborer pour le bien commun.<br />

C’était vrai à l’époque des deuxtemps<br />

criardes, et ça le reste actuellement<br />

avec les quatre-temps<br />

à vilebrequin transversal.<br />

La Honda, en revanche, affiche un<br />

visage bien différent. Impertinente,<br />

sûre d’elle, arrogante même, cette<br />

femme fatale est tout à fait<br />

consciente de son propre pouvoir :<br />

c’est une ardente féministe.<br />

Les hommes ne sont là que pour<br />

LE SOIR DANS LE BOX,<br />

VALENTINO PARLE<br />

À SES MOTOS ET ELLES<br />

LUI RÉPONDENT<br />

l’activer. Et gare à ceux qui ne touchent pas les bons boutons.<br />

La Honda n’a jamais eu d’états d’âme à envoyer valser ses partenaires<br />

dans le bac à gravier, même si en définitive, c’était à son propre<br />

détriment. Elle leur inflige ce qu’ils méritent, quitte à s’en mordre les<br />

doigts. Si l’on poursuit cette analogie, parlons de la Suzuki :<br />

jolie, délicate même, modeste et plutôt effacée, mais faisant<br />

preuve d’un courage surprenant lorsqu’elle y est amenée.<br />

Puis l’Aprilia, qui, il fut un temps, lorsqu’elle était encore la Cube<br />

3-cylindres, n’était rien d’autre qu’une grande gueule, une<br />

source de problèmes. Mais elle a bien changé. D’une honnête<br />

lignée paysanne, elle s’acquitte à présent de sa tâche, toute<br />

polyvalente qu’elle est. La KTM présente des traits similaires,<br />

une Fräulein Autrichienne pragmatique dont les épaisses chevilles<br />

ne laissent pas soupçonner les talents de danseuse étoile.<br />

Sans oublier notre chanteuse lyrique, la Ducati, Prima Donna<br />

des circuits, fière beauté de Bologne. Une dame que l’on craint autant<br />

que l’on admire. Pourrait-il en être autrement ?<br />

Je ne suis pas le seul à me laisser aller à ces pensées fantaisistes.<br />

Avant sa terrible danse macabre au bras de la Desmosedici, je me<br />

souviens d’un Rossi qui m’avait confié ses propres sentiments envers<br />

ses motos. Il leur parlait tard le soir<br />

dans le box, m’avait-il confessé, et<br />

elles lui répondaient. Pour lui, la<br />

Honda était fière et distante. Mais<br />

la Yamaha, « elle est plus timide ».<br />

Même si l’on ne veut pas pousser<br />

trop loin cette métaphore, il y<br />

a un fond de vérité indéniable.<br />

Les machines ont une âme. Certes,<br />

elles restent des machines : la M1<br />

ne sera jamais rien d’autre qu’une<br />

moto, un moyen de faire le boulot.<br />

Ce sont les humains derrière<br />

leur conception et fabrication qui<br />

les ont animées. Du moins, c’est<br />

ce que l’on ressent. Et ce sentiment,<br />

les usines contribuent à le rendre<br />

réel. C’est pour cela que la<br />

course est un outil marketing si<br />

précieux. Il laisse entrevoir la<br />

nature de l’usine qui fabrique les<br />

motos que l’on voudrait acheter.<br />

Ainsi, Yamaha s’adresse aux<br />

personnes gentilles et sensibles,<br />

avec qui on se voit bien faire<br />

un bout de chemin. Alors que<br />

Honda, dont les motos présentent<br />

des caractéristiques différentes,<br />

attire un autre type de clientèle.<br />

Et ainsi de suite. Jusqu’à la Ducati<br />

au charme ravageur qui pourrait<br />

bien vous faire chavirer. Considérés<br />

comme féminins, ces produits<br />

sont par définition presque capricieux,<br />

imprévisibles et délicieusement<br />

variés. On peut se retrouver<br />

au guidon d’une Honda polie<br />

et soumise autant qu’à celui d’une<br />

Aprilia agressive et passionnée.<br />

Souvenez-vous de la RG 500,<br />

réplique de la Honda 2-temps<br />

des Grands Prix. Mais chut,<br />

ne dites rien à Valentino...<br />

022 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


TEMPS FORT / MOTO<strong>GP</strong><br />

024 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


VIÑALES<br />

TIENT SES PROMESSES<br />

Vainqueur de trois des cinq premiers Grands Prix de<br />

la saison, Maverick Viñales a répondu présent après avoir<br />

fait sensation durant les tests hivernaux. Le pilote Yamaha<br />

est toutefois encore loin du titre de champion du monde...<br />

Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /025


TEMPS FORT / MOTO<strong>GP</strong><br />

1<br />

« CE CHAMPIONNAT N’A PAS FINI DE NOUS<br />

RÉSERVER DES SURPRISES. IL SERA TRÈS DIFFICILE<br />

DE PRÉVOIR CE QUI SE VA PASSER » D. PEDROSA<br />

2 3<br />

1 Vainqueur à Jerez, Dani Pedrosa semble<br />

en mesure de redevenir cette saison un candidat<br />

au titre. 2 Au Mans, l’Espagnol a profité de<br />

la chute de Rossi pour remonter sur le podium<br />

avec Viñales et Zarco. 3 Quand Dani met les<br />

gaz. 4 Chapeau et podium pour Vale à Austin.<br />

5 Le peuple jaune ne rend pas les armes.<br />

6 Rossi au tapis, première boulette de la saison<br />

sur le circuit Bugatti. 7 Comme ses adversaires, le<br />

docteur manque de régularité en ce début d’année.<br />

026 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


4<br />

5<br />

6<br />

7<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /027


TEMPS FORT / MOTO<strong>GP</strong><br />

1<br />

MARQUEZ, QUI A CHUTÉ<br />

AU MANS ET EN ARGENTINE,<br />

SEMBLE AVOIR RENOUÉ<br />

AVEC SES VIEUX DÉMONS...<br />

2<br />

3<br />

1 et 2 Marquez attaque toujours beaucoup et chute aussi pas mal. Deux résultats<br />

blancs en cinq courses pour le tenant du titre, en Argentine et en France. 3 Le pilote<br />

Honda communie avec ses fans à l’arrivée du <strong>GP</strong> d’Espagne qu’il termine en deuxième<br />

position. 4 Un podium en Argentine pour Crutchlow qui devance ici Viñales. 5 Deuxièmes<br />

au Qatar, Dovi et sa Ducati sont à la peine en ce début de saison. 6 et 7 À Jerez,<br />

Lorenzo s’offre son premier podium au guidon de la Desmosedici.<br />

028 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


4<br />

5 6<br />

7<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /029


TEMPS FORT / MOTO<strong>GP</strong><br />

1<br />

2 3<br />

4 5<br />

030 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


LE TOP 10 SE RAPPROCHE POUR ESPARGARO<br />

ET SMITH, LES PILOTES KTM<br />

6<br />

1 Au soir du <strong>GP</strong> de France, Jonas Folger était le premier pilote dans le classement à avoir marqué des points à chaque course. L’Allemand pointait<br />

en neuvième position. 2 Des performances à la hausse mais des problèmes techniques encore trop récurrents pour l’Aprilia d’Aleix Espargaro.<br />

3 Redding fait du surplace. 4 Iannone a du mal avec la Suzuki. 5 Régulièrement dans les dix, Miller manque encore un peu de tranchant<br />

avec sa Honda. 6 Les pilotes KTM progressent depuis Jerez et l’arrivée d’un nouveau moteur big bang. 7 Appelé à remplacer Alex Rins, blessé<br />

depuis l’Argentine, Sylvain Guintoli a retrouvé le Moto<strong>GP</strong> sur le circuit du Mans avec l’équipe Suzuki. 8 Baz termine neuvième du <strong>GP</strong> de France.<br />

7 8<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /031


TEMPS FORT / MOTO<strong>GP</strong><br />

032 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Au soir du Grand Prix de France,<br />

il y avait deux hommes<br />

particulièrement heureux.<br />

Deux pilotes Yamaha. Johann<br />

Zarco, qui venait de monter<br />

sur son premier podium en<br />

Moto<strong>GP</strong> devant ses supporters, et Maverick<br />

Viñales, vainqueur pour sa troisième fois<br />

de la saison, mais aussi vainqueur après<br />

deux courses en demi-teinte : chute au<br />

Austin, sixième place à Jerez. « Après<br />

deux mauvais résultats, il était important<br />

de retrouver le podium et encore plus le<br />

chemin de la victoire », soulignait d’ailleurs<br />

l’Espagnol après une course sous haute<br />

tension. Longtemps leader, Viñales avait<br />

dû céder le commandement à Rossi à<br />

trois tours de l’arrivée. Une petite erreur<br />

de son coéquipier dans la dernière boucle<br />

lui permit cependant de reprendre l’avantage<br />

avant le drapeau à damier. L’an dernier,<br />

Viñales avait conquis au Mans son premier<br />

podium en Moto<strong>GP</strong>. En 2011, le Catalan<br />

avait décroché dans la Sarthe sa première<br />

victoire en Grands Prix. Cette fois, il a<br />

obtenu une victoire tout aussi importante<br />

puisqu’elle lui permet de reprendre<br />

la tête du championnat. Et même de<br />

prendre plusieurs longueurs d’avance,<br />

Valentino Rossi étant parti à la faute<br />

à quelques hectomètres de l’arrivée, et<br />

Marquez ayant chuté au dix-huitième tour.<br />

Après deux mauvais résultats, Viñales se<br />

devait donc de réagir. Le pilote Yamaha<br />

assure qu’il n’était pas sous pression<br />

pour autant. « La pression, je l’avais au<br />

Qatar, détaille-t-il. Après avoir signé<br />

les meilleurs chronos durant les tests<br />

de l’intersaison, j’étais attendu au tournant.<br />

Je n’avais pas le droit de passer au travers<br />

pour la première course de la saison. »<br />

« MAVERICK EST TOUJOURS<br />

SÛR DE SES CHOIX »<br />

Le successeur de Jorge Lorenzo s’est<br />

montré à la hauteur de l’enjeu. Idem<br />

en Argentine où il est devenu le premier<br />

pilote Yamaha à remporter les deux<br />

premières courses de la saison depuis<br />

Wayne Rainey en 1990 en sachant<br />

conjuguer une excellente pointe de vitesse<br />

à une grande lucidité. « Gagner mes deux<br />

premières courses avec ma nouvelle équipe,<br />

c’est tout simplement fantastique », pouvait<br />

lancer l’Espagnol au soir de la course<br />

à Termas de Rio Hondo. Kenny Roberts<br />

était d’ailleurs le dernier à avoir réalisé<br />

une telle performance en catégorie reine,<br />

en 1999, à ses débuts chez Suzuki. Devant<br />

les micros, Massimo Meregalli pouvait<br />

couvrir d’éloges son nouveau pensionnaire.<br />

« Depuis qu’il nous a rejoints pour<br />

les tests de Valence en novembre, je<br />

ne l’ai senti nerveux qu’une seule fois,<br />

le soir de la course au Qatar, soulignait<br />

alors le directeur de l’équipe Yamaha.<br />

Après avoir dominé toutes les séances<br />

d’essais de l’intersaison, il se savait attendu.<br />

La pression était là... Il n’a que vingtdeux<br />

ans. Mais il a parfaitement géré<br />

son premier Grand Prix sur la Yamaha.<br />

Il ne s’est pas affolé en début de course,<br />

il a pris le temps de se mettre dans le rythme<br />

sur une piste qui était très délicate et il a fini<br />

fort pour se mettre à l’abri dans les derniers<br />

tours. Ce qui m’épate le plus chez lui,<br />

c’est son calme et sa sérénité. Il est toujours<br />

sûr de ses choix, il a un avis tranché<br />

quand on lui demande d’essayer quelque<br />

chose sur la moto. » Et même quand tout<br />

n’est pas parfait sur sa Yamaha, Viñales<br />

s’en accommode sans rechigner. « Ce<br />

mec a un talent naturel et une incroyable<br />

capacité à s’adapter, témoigne Piero<br />

Taramasso, le responsable de la compétition<br />

moto Michelin. Il sait ce qu’il veut, mais<br />

il ne se plaint jamais et il est toujours<br />

calme. » Cela ne l’a pas empêché de<br />

partir à la faute au Texas et de souffrir<br />

à Jerez avec des pneus qui n’ont jamais<br />

fonctionné correctement sur sa Yamaha,<br />

comme sur celle de son coéquipier.<br />

« ON N’A PAS TROUVÉ<br />

D’EXPLICATION À MA CHUTE »<br />

Heureusement pour Viñales, ses adversaires<br />

n’ont pas été beaucoup plus réguliers.<br />

Notamment Marquez qui est déjà tombé<br />

en course à deux reprises, en Argentine<br />

et au Mans. Malgré son succès à Austin et<br />

sa deuxième place à Jerez, le champion du<br />

monde en titre ne pointait qu’en quatrième<br />

position à l’approche du premier quart<br />

de la saison et ce, avec plus d’une victoire<br />

de retard sur Maverick. Comme si le pilote<br />

Honda avait renoué avec ses vieux démons...<br />

Au Mans, Marquez est tombé à trois<br />

reprises dans le même virage, en rentrant<br />

dans la chicane Dunlop. Deux fois aux<br />

essais et une fois en course. Comme Viñales<br />

à Austin et Rossi au Mans également,<br />

l’Espagnol assure n’avoir pas compris<br />

pourquoi. En creux, les pilotes reprochent aux<br />

pneus Michelin une plage de fonctionnement<br />

trop limitée et un retour d’infos insuffisant.<br />

« On a analysé les données en long,<br />

en large et en travers sans trouver la<br />

moindre explication à ma chute », déplorait<br />

Rossi au soir du Grand Prix de France.<br />

L’Italien avait jusque-là réalisé un sansfaute<br />

– hormis sa 10 e place en Espagne –<br />

et menait le championnat, fort de ses trois<br />

podiums sur les trois premières courses de<br />

la saison. Le premier pilote du classement<br />

général à les avoir toutes terminées s’appelle<br />

Jonas Folger et il pointe à la 9 e place. « Ce<br />

championnat n’a pas fini de nous réserver<br />

des surprises, note Dani Pedrosa, vainqueur<br />

du <strong>GP</strong> d’Espagne et dauphin de Viñales<br />

au soir de l’épreuve française. En fonction<br />

des conditions météo et de la température,<br />

d’un circuit à l’autre, certaines machines<br />

sont mieux que d’autres avec les pneus.<br />

Je crois qu’il sera très difficile de prévoir<br />

ce qui se va passer sur les prochaines<br />

courses. » Tant mieux pour le spectacle.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /033


INTERVIEW<br />

DANI<br />

PEDROSA<br />

J’AI TOUJOURS<br />

ENVIE<br />

Alors qu’il entame sa douzième<br />

saison de Moto<strong>GP</strong> sous<br />

les couleurs Honda, Dani Pedrosa<br />

court toujours après son premier<br />

titre de champion du monde en<br />

classe reine. Malgré les échecs et<br />

la douleur, l’Espagnol s’accroche<br />

à son rêve en essayant de<br />

se réinventer. Confidences...<br />

Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.<br />

034 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /035


INTERVIEW / DANI PEDROSA<br />

Dani, peut-on comparer la situation des pilotes<br />

Honda en ce début de saison à celle qu’elle était<br />

l’an dernier après les quatre premiers Grands Prix ?<br />

Non, car nous sommes mieux que l’an dernier à<br />

pareille époque. Enfin, disons qu’on est moins mal...<br />

Il y a encore un certain nombre de choses à améliorer,<br />

et il faut bien reconnaître que nous aimerions être<br />

dans une position un peu plus confortable. Mais nous<br />

nous sentons quand même mieux qu’il y a un an.<br />

Marquez et toi avez des gabarits et des styles de<br />

pilotage très différents. N’est-ce pas un problème<br />

pour développer une moto en quête d’équilibre ?<br />

(Il réfléchit) C’est vrai que nous sommes très différents mais<br />

au final, on utilise la même moto. Marc est plus fort sur les<br />

entrées de virage, moi je privilégie la sortie. Honda est capable<br />

de répondre à nos besoins respectifs. Je ne sais pas quel style<br />

est aujourd’hui le plus adapté à cette moto mais ce que je vois,<br />

c’est que les autres pilotes Honda sont eux aussi en difficulté.<br />

Votre problème numéro un concerne-t-il aujourd’hui la gestion<br />

électronique, comme c’était déjà le cas l’an dernier en début de saison ?<br />

En partie, oui. Mais c’est plus une<br />

histoire de combinaison. L’an dernier,<br />

notre moto était nouvelle, surtout sur<br />

le plan du moteur ; nous découvrions<br />

le nouveau système de gestion<br />

électronique obligatoire ainsi que<br />

les Michelin. À chaque course,<br />

nous avions de nouveaux pneus avec<br />

un grip différent, ce qui était très<br />

compliqué à gérer. Entre le cadre,<br />

les suspensions, l’électronique,<br />

le moteur... Il y a tellement de<br />

possibilités pour essayer d’améliorer<br />

les choses. Cette année, les pneus<br />

sont plus stables et notre travail<br />

de mise au point de la moto et<br />

de développement est plus facile.<br />

Que vous manque-t-il ?<br />

Des petits détails... Un clic par<br />

ci, un clic par là. Une électronique<br />

un peu plus précise, des réglages<br />

partie-cycle et suspensions un poil<br />

plus équilibrés... On cherche encore.<br />

Il n’y a que le moteur qu’on ne peut<br />

pas toucher à cause du règlement.<br />

J’AI TOUJOURS AIMÉ HONDA.<br />

ET DEPUIS QUE J’Y SUIS,<br />

JE FAIS TOUT POUR Y RESTER<br />

Tu l’as dit, Marc est très fort sur les freins et toi tu es capable<br />

de relever la moto avec une vivacité incroyable pour accélérer.<br />

C’est quand même un peu<br />

l’opposé en termes de pilotage...<br />

Oui mais nous avons l’un et<br />

l’autre notre chef mécanicien<br />

pour régler la moto en fonction<br />

de notre pilotage. On a des petites<br />

différences pour le cadre et<br />

après, chacun joue à sa manière<br />

avec les réglages de suspensions.<br />

Chez Yamaha, la M1 a toujours évolué<br />

par petites touches, gardant ainsi<br />

depuis plus de dix ans la même<br />

philosophie. Chez Honda, d’une année<br />

à l’autre, la moto change radicalement.<br />

N’est-ce pas là finalement la cause<br />

de vos difficultés actuelles ?<br />

C’est difficile pour moi de répondre<br />

à cette question... Mieux vaudrait que<br />

tu la poses aux responsables du HRC.<br />

Cet hiver, les ingénieurs Honda ont<br />

cherché à augmenter la puissance<br />

de leur moteur. Est-ce que c’est cela<br />

qui a encore déstabilisé la moto ?<br />

La puissance, on en veut toujours<br />

1<br />

036 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


plus. On souffre encore au niveau<br />

de l’accélération et de la vitesse<br />

de pointe. Et pas seulement par<br />

rapport aux Ducati. Les Yamaha<br />

et même les Suzuki ressortent<br />

mieux des virages que les Honda.<br />

Il nous manque du « drive » mais<br />

on travaille pour y remédier.<br />

Tu as toujours couru sur des Honda.<br />

Depuis tes débuts en Moto<strong>GP</strong><br />

en 2006, quelle RCV as-tu préférée ?<br />

L’une des meilleures pour moi<br />

était le modèle 2012. Disons<br />

qu’entre 2011 et 2013, nous<br />

avions une très bonne moto.<br />

Tu as débuté en Grands Prix 125<br />

avec Honda, et tu courais même pour<br />

ce constructeur en championnat<br />

d’Espagne. Tu n’as connu que cette<br />

marque par choix, ou par défaut ?<br />

J’ai toujours aimé Honda. Quand j’étais gamin, mon seul rêve<br />

était de courir un jour dans l’équipe officielle Honda Repsol.<br />

Et depuis que j’y suis, je fais tout pour y rester. Je pense que nous<br />

avons fait du bon boulot ensemble. En tout cas, j’ai toujours eu<br />

un super soutien et j’ai, de mon côté, toujours donné le maximum.<br />

L’an dernier, tu étais pourtant prêt à passer chez Yamaha.<br />

Rossi voulait que tu deviennes son coéquipier. Ton histoire ressemble<br />

finalement un peu à celle de Doohan qui a un jour failli signer<br />

chez Yamaha, et puis qui a finalement préféré rester où il était...<br />

Non, pas vraiment. (Il rit) Mick a remporté beaucoup<br />

plus de titres de champion du monde que moi.<br />

Champion du monde 125, double champion du monde 250, et depuis<br />

ton passage en Moto<strong>GP</strong> plus aucun titre. Six fois sur le podium,<br />

mais jamais sur la plus haute marche. Comment es-tu parvenu<br />

J’AI LA CARRIÈRE QUE<br />

J’AI, AVEC DES HAUTS ET DES BAS,<br />

DES MOMENTS DE JOIE ET<br />

D’AUTRES PLUS DIFFICILES<br />

jusque-là à conserver<br />

ta motivation malgré toutes<br />

ses saisons infructueuses ?<br />

L’essentiel pour cela est de toujours<br />

regarder devant. Il ne faut jamais<br />

s’attarder sur le passé. J’ai la<br />

carrière que j’ai, avec des hauts<br />

et des bas, des moments de joie et<br />

d’autres plus difficiles. L’important<br />

c’est de penser à ce qu’on n’a pas<br />

encore vécu, c’est ce qui permet<br />

de rester positif et de garder l’envie.<br />

Cette envie, je l’ai toujours, pour<br />

me battre et essayer d’aller chercher<br />

ce titre qui m’échappe. J’ai encore<br />

envie de courir et de donner<br />

le meilleur de moi à chaque<br />

Grand Prix. Je suis heureux<br />

d’être dans une grande équipe et<br />

d’avoir la chance d’être sur la grille.<br />

Tu es aussi le pilote qui s’est le plus blessé.<br />

Comment surmonte-t-on cela ?<br />

Je mentirais si je disais que c’est facile. Je suis passé par des<br />

moments compliqués, surtout que j’ai commencé à me faire<br />

mal assez jeune. Mais chaque expérience t’apprend quelque<br />

chose. Et plus tu apprends sur toi, mieux tu gères les situations<br />

délicates. Tu parviens à te concentrer sur l’essentiel. C’est ce<br />

qui est important. C’est vrai que j’ai eu des périodes très difficiles<br />

que je n’ai pas, à chaque fois, abordées comme il l’aurait fallu.<br />

Je n’ai pas toujours utilisé les bonnes méthodes, pas toujours eu la<br />

bonne approche. J’essaie à présent de tirer profit de cette expérience<br />

afin de mettre le maximum de passion dans ce que j’entreprends.<br />

Tu as aussi changé pas mal de personnes dans ton<br />

équipe au cours de ces deux dernières saisons, dont<br />

à deux reprises ton chef mécanicien. Pourquoi cela ?<br />

Ce n’est pas une affaire de personnes. Il faut parfois se réinventer<br />

2<br />

1 Avant de<br />

s’imposer à Jerez,<br />

Pedrosa a brillé<br />

en Argentine en<br />

menant la course<br />

un long moment<br />

devant Marquez<br />

et Rossi. Il finira<br />

ce jour-là sur la<br />

troisième marche<br />

du podium. 2 Avec<br />

Giacomo Guidotti,<br />

son nouveau chef<br />

mécanicien (à gaude<br />

de la photo), le pilote<br />

HRC découvre de<br />

nouvelles méthodes<br />

de travail et explore<br />

de nouvelles<br />

pistes de réglages.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /037


INTERVIEW / DANI PEDROSA<br />

et chercher un nouveau chemin, définir une nouvelle stratégie.<br />

La solution est souvent en toi, il faut alors revoir sa préparation<br />

physique et mentale. Mais cela ne suffit pas forcément, il faut<br />

parfois modifier ton environnement pour s’engager sur une<br />

nouvelle voie. Changer des choses et des gens dans ta vie.<br />

Cela peut être ton chef mécanicien ou d’autres personnes.<br />

Tout ce que tu fais dans la vie a une incidence sur ce que tu es.<br />

Il faut chercher le bon équilibre. Si j’ai demandé des changements<br />

dans mon équipe, ça n’était pas parce que les personnes<br />

avec qui je travaillais étaient devenues incompétentes mais<br />

parce qu’il me fallait du neuf pour viser de nouveaux objectifs.<br />

Comment ça se passe avec Giacomo<br />

(Guidotti, son nouveau chef mécanicien) ?<br />

On travaille bien ensemble et on progresse. Nous sommes<br />

aussi motivés l’un que l’autre et chaque fois qu’on se retrouve<br />

sur une séance d’essais ou une course, je sens qu’on avance.<br />

Dani Pedrosa, fidèle à Honda<br />

Pur produit de la fi lière espagnole, Dani Pedrosa a connu une carrière<br />

météorique jusqu’à son arrivée en Moto<strong>GP</strong>. Né le 29 septembre 1985<br />

en Catalogne, le gamin de Sanbadell est vite repéré par Alberto Puig<br />

alors qu’il court en mini-bike. Passé par le Trophée Movistar, Pedrosa<br />

débarque en Grands Prix 125 en 2001. Il n’a alors que 16 ans.<br />

Dès sa première saison en championnat du monde, il monte à deux<br />

reprises sur le podium. L’année suivante, il remporte trois Grands Prix<br />

et termine à la troisième place du classement général. Talentueux<br />

et cornaqué de main de fer par Alberto Puig, l’Espagnol décroche le<br />

titre en 2003 et accède ainsi à la catégorie 250. Soutenu par Honda,<br />

Pedrosa s’impose dès sa première saison en classe intermédiaire avec<br />

De ton côté, peux-tu encore progresser ?<br />

Bien sûr, on peut toujours progresser. Partout, il y a de la place<br />

pour faire mieux : sur la moto, avec la presse, à l’entraînement,<br />

lors des débriefs avec les techniciens, au niveau du mental...<br />

Il y a de super pilotes dans ce championnat. D’eux<br />

aussi, tu peux beaucoup apprendre pour progresser.<br />

Tu travailles depuis quelque temps<br />

avec Sete Gibernau. Que t’apporte-t-il ?<br />

On essaie de travailler ensemble à 360°. L’idée<br />

est de mixer son expérience avec la mienne,<br />

d’avoir un point de vue extérieur et un point<br />

de vue intérieur pour essayer de progresser sur<br />

la piste, mais aussi dans le garage, lors des voyages...<br />

Et cela porte ses fruits ?<br />

Oui, je prends aujourd’hui plus de plaisir dans ce que je fais.<br />

à son tableau de chasse, treize podiums dont sept victoires. Il fait mieux<br />

en 2005 avec huit succès et un troisième titre mondial en trois ans.<br />

Ce sera malheureusement le dernier. Passé en Moto<strong>GP</strong> en 2006 aux<br />

côtés de Nicky Hayden, dans le team Honda Repsol, le Catalan parvient<br />

à gagner dès sa première saison en classe reine. Mais à chaque fois<br />

qu’on le pense en mesure d’aller décrocher la couronne, le sort lui joue<br />

des tours. Souvent blessé, handicapé par son tout petit gabarit, il bute<br />

à maintes reprises sur la dernière marche du podium. Vice-champion<br />

du monde en 2007, 2010 et 2012, il se classe également troisième<br />

du championnat en 2008, 2009 et 2013. Son plus mauvais résultat,<br />

il l’a obtenu l’an dernier avec une sixième place au classement général.<br />

Sete Gibernau, l’ami devenu coach<br />

Depuis ses débuts en Grands Prix, Dani Pedrosa a toujours entretenu<br />

de bonnes relations avec Sete Gibernau. Depuis quatre ans, l’offi ciel Honda<br />

s’entraîne régulièrement sur le circuit que l’ancien pilote de Grands Prix<br />

a construit chez lui, du côté de Barcelone. Un ruban d’asphalte modulable<br />

sur lequel on roule sur deux ou quatre roues. « Des pilotes de F1 et de<br />

Moto<strong>GP</strong> passent régulièrement chez moi pour s’entraîner », explique Sete.<br />

Dani Pedrosa est l’un des plus assidus. « Mon circuit permet de travailler le<br />

pilotage à différents niveaux, et depuis qu’on roule ensemble, Dani a bien<br />

fait évoluer son attitude sur la moto, confi e l’ancien rival de Valentino Rossi.<br />

Chez moi, on roule avec des motos peu puissantes sur lesquelles tu as<br />

une position proche de celle que tu as sur une Moto<strong>GP</strong>. Ce sont aussi<br />

des machines sur lesquelles on ne touche à aucun réglage. L’idée, c’est<br />

de travailler sur les mouvements du corps. » L’an dernier, Gibernau s’était<br />

également déplacé sur les séances de tests hivernaux pour conseiller Pedrosa.<br />

Cette saison, il suit son compatriote sur chaque épreuve du calendrier.<br />

Que peut-il lui apporter ? « L’enthousiasme, répond Sete. C’est la plus<br />

grande force que tu peux avoir. L’envie, la passion, le désir, le plaisir...<br />

Dani doit retrouver son âme d’enfant. L’enfance, c’est l’âge de tous les<br />

possibles, l’âge où tout est fantastique et où tu t’émerveilles de tout ce<br />

que tu découvres. La première fois que tu montes sur une moto, c’est juste<br />

génial ! Il faut se réinventer afi n de conserver cette fraîcheur. C’est là la<br />

clef. » Bien sûr, Gibernau est convaincu que Pedrosa peut encore décrocher<br />

le titre : « Regarde Valentino, il a 9 titres derrière lui et il a toujours la même<br />

envie. Mais pour cela, encore une fois, il faut retrouver l’innocence de l’enfance,<br />

l’enthousiasme, le désir, l’envie, le plaisir... En espagnol, il y a un nom pour<br />

tout ça : “l’ilusiòn” ! Dani doit être plus relax, il doit s’ouvrir. S’il est heureux,<br />

il peut gagner. Tu ne peux pas attendre de gagner pour être heureux. »<br />

038 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


TEMPS FORT / ZARCO<br />

040 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


ZARCO<br />

NOUVELLE DIMENSION<br />

Depuis l’arrivée tonitruante en Moto<strong>GP</strong> de Marc Marquez,<br />

en 2013, Johann Zarco est le premier pilote à faire<br />

autant parler de lui pour ses débuts dans la classe reine.<br />

Sur le podium après seulement cinq courses, le double<br />

champion du monde Moto2 prend l’étoffe d’un très grand.<br />

Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /041


TEMPS FORT / ZARCO<br />

<strong>GP</strong> du Qatar : 6 tours en tête !<br />

Dès les essais libres, Johann brille en décrochant le 4 e temps. Et comme les<br />

qualifi cations sont annulées à cause de la pluie, le voilà sur la 2 e ligne de la<br />

grille pour sa première course en Moto<strong>GP</strong>. Depuis la pole de Lorenzo en 2008<br />

et la 2 e place de Toseland, aucun rookie n’avait fait aussi bien pour sa<br />

première apparition en Moto<strong>GP</strong>. Au départ, le Français bondit en bousculant<br />

les cadors pour s’emparer de la première place. Il la gardera six tours.<br />

« IL NOUS A TOUS IMPRESSIONNÉS CE SOIR ET A<br />

LES QUALITÉS POUR RÉUSSIR EN MOTO<strong>GP</strong> » V. ROSSI<br />

042 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


<strong>GP</strong> d’Argentine : un Top 5 comme 1 er résultat<br />

Cette fois, il s’élance de la 14 e place et ne mettra que cinq tours pour<br />

passer au 6 e rang. Il déborde Redding, Espargaro, Bautista, Folger et<br />

Dovizioso et il poussera même Pedrosa à la faute (...). Une remontée<br />

qui, une nouvelle fois, a fait réagir Hervé Poncharal, le boss de Tech3 :<br />

« Quand je pense qu’on m’avait dit que c’était un pilote laborieux,<br />

qu’il lui fallait du temps pour progresser... Il nous a tous mis sur le cul. »<br />

« NOUS AVONS CHANGÉ LES DISQUES ET LES<br />

ÉTRIERS ET ÇA A SAUVÉ MA COURSE » J. ZARCO<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /043


TEMPS FORT / ZARCO<br />

<strong>GP</strong> d’Amérique : il croise le fer avec Rossi<br />

Nouveau Top 5 et nouvelle course somptueuse pour Johann Zarco.<br />

Après avoir loupé d’un rien la première ligne, l’offi ciel Tech3 réalise<br />

des prouesses en début de course en essayant de rester au contact des<br />

deux pilotes offi ciels Honda, allant jusqu’à frotter le carénage de la Yamaha<br />

de Rossi... qui n’appréciera que moyennement la manœuvre. Johann<br />

laissera fi nalement passer Crutchlow en fi n de course pour la 4 e place.<br />

« IL DOIT APPRENDRE QU’ON NE DOUBLE<br />

PAS EN MOTO<strong>GP</strong> COMME EN MOTO2 » V. ROSSI<br />

044 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


<strong>GP</strong> d’Espagne : aux portes du podium<br />

Troisième au troisième tour après s’être attaqué à Rossi, Viñales, Crutchlow<br />

et Iannone (...), Zarco n’a plus que les deux Honda offi cielles devant lui.<br />

Pedrosa déjà hors de portée, Johann déborde Marquez dans la foulée<br />

pour s’emparer de la deuxième place. Le champion du monde ne<br />

s’en laissera pas compter, repassant rapidement le Français et le<br />

laissant s’expliquer avec Lorenzo qui, fi nalement, le privera du podium.<br />

« DES DÉPASSEMENTS TRANCHANTS ET<br />

INCISIFS SUR DES STARS DU MOTO<strong>GP</strong> » G. COULON<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /045


TEMPS FORT / ZARCO<br />

L<br />

’an dernier, lorsqu’il se retrouvait<br />

invité en conférence de presse pour<br />

parler de son statut de champion du<br />

monde ou de ses succès en Moto2,<br />

Johann Zarco avait parfois tendance<br />

à se perdre dans un discours<br />

décousu, voire une logorrhée qui suscitait<br />

la condescendance d’une partie de l’auditoire<br />

comme de ses voisins de tribune. Les regards<br />

amusés des cadors du Moto<strong>GP</strong> ont aujourd’hui<br />

laissé place à un mélange de crainte et<br />

de respect. Et pas seulement parce que<br />

le Cannois cisèle aujourd’hui beaucoup<br />

mieux son propos. Le visage de Rossi<br />

au soir des qualifications du Grand Prix<br />

de France alors que l’Italien partageait<br />

la vedette avec Viñales et Zarco, tous trois<br />

qualifiés en première ligne, en disait long<br />

sur la dimension qu’a pris, en quelques<br />

semaines, le nouveau pilote de l’équipe<br />

Yamaha Tech3. Un mois plus tôt, au<br />

Texas, Valentino avait déjà laissé entrevoir<br />

son agacement face au culot du Français<br />

qui l’avait un peu vertement dépassé<br />

en début de course. C’était avant que<br />

Johann ne décroche son premier podium<br />

devant le public du circuit Bugatti...<br />

COMPRENDRE POUR<br />

PROGRESSER<br />

Depuis qu’il est monté pour la première<br />

fois sur la Yamaha M1 en novembre dernier<br />

à Valence, Zarco semble vivre un rêve éveillé.<br />

Et aujourd’hui, force est de reconnaître<br />

qu’il est bel et bien entré dans une nouvelle<br />

dimension. Là où personne ne l’attendait<br />

vraiment, tout double champion du<br />

monde qu’il ait été. Après de studieux<br />

et prometteurs tests hivernaux, le protégé<br />

de Laurent Fellon a frappé un grand coup<br />

dès la première course au Qatar. Jaillissant<br />

de la deuxième ligne comme un diable<br />

de sa boîte, le pilote Tech3 a pris la tête<br />

après quatre virages. Visiblement à l’aise<br />

au guidon de sa M1, le Français a alors<br />

commencé à distancer ses adversaires à<br />

raison d’une demi-seconde au tour. « C’était<br />

incroyable, se souvient Hervé Poncharal.<br />

Forcément, il y avait de l’attente après<br />

les bons essais de l’intersaison, mais de<br />

là à le voir partir seul devant... » Six tours<br />

plus tard, le pilote Yamaha avait le nez dans<br />

le bac à gravier. Mais le moral, lui, était<br />

plus que jamais au beau fixe. « Quand il<br />

est revenu dans le box, il était super calme,<br />

poursuit le patron du team Tech3. Il a tout<br />

de suite livré une analyse limpide. Il savait<br />

qu’il s’était écarté de deux centimètres<br />

de la bonne trajectoire et qu’il avait posé sa<br />

roue au mauvais endroit. Franchement, cette<br />

course, il pouvait la gagner. » Et Guy Coulon<br />

de commenter ce soir-là : « Finalement, cette<br />

chute n’est pas bien grave. L’important,<br />

c’est d’avoir été là, d’avoir eu le rythme.<br />

Il vaut mieux que Johann ait prouvé<br />

qu’il peut rouler avec les meilleurs<br />

pilotes Moto<strong>GP</strong> plutôt que d’avoir fini<br />

en quatorzième position en étant content<br />

d’avoir des points pour sa première course.<br />

Mon sentiment, c’est la satisfaction d’avoir<br />

vu notre pilote prendre la tête sans complexes<br />

et sans avoir peur de se retrouver devant les<br />

autres. Il faut juste encore un peu d’expérience,<br />

de mise en place... Il n’est pas tombé parce<br />

qu’il était au-dessus de ses pompes. » C’est<br />

ce qu’il va confirmer en Argentine, quinze<br />

jours plus tard. Dans des conditions rendues<br />

difficiles par la pluie, Johann doit s’élancer<br />

de la cinquième ligne de la grille de départ.<br />

Résultat, il ne met que cinq tours pour<br />

passer de la quatorzième à la sixième place.<br />

Débordant l’un après l’autre Redding,<br />

Espargaro, Bautista, Folger et Dovizioso,<br />

Zarco finit même par se débarrasser de<br />

Pedrosa en poussant l’Espagnol à la faute.<br />

Seul Bautista parvient, en fin de course,<br />

à repasser devant le Français. « J’ai essayé<br />

de rester dans sa roue mais il était plus à<br />

l’aise. J’ai lâché, j’ai quand même un peu<br />

pensé à ma chute du Qatar. Je me disais :<br />

“Fais attention, tu ne connais pas encore<br />

très bien les Michelin...” Il fallait finir cette<br />

course, c’était le plus important ce weekend.<br />

Les six tours en tête au Qatar m’avaient<br />

mis en confiance, ma remontée en Argentine<br />

va elle aussi compter pour la suite. Comme<br />

je l’ai dit, je savais que ma place sur la grille<br />

ne reflétait pas les bonnes sensations que<br />

j’avais eues aux essais. Je les ai retrouvées<br />

en course. » Là encore, satisfaction pour<br />

« EN FRANCE, IL LAISSE PASSER VIÑALES<br />

ET ROSSI SANS SE LAISSER DISTANCER »<br />

046 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


<strong>GP</strong> de France, Johann<br />

devance Viñales, Rossi<br />

et Marquez. Encore<br />

six tours en tête. Mais cette<br />

fois, au bout, le podium.<br />

Guy Coulon : « Après sa chute au Qatar,<br />

on attendait tous de voir comment Johann<br />

allait réagir. Il a répondu présent en se<br />

conditionnant pour rouler tout de suite<br />

devant. C’est un pilote qui peut se poser<br />

beaucoup de questions et qui peut se<br />

mettre à douter lorsqu’il n’a pas de<br />

réponse. Mais comme il sait pourquoi il<br />

est tombé au Qatar, cela ne l’a pas affecté. »<br />

APRÈS LE PODIUM,<br />

OBJECTIF VICTOIRE<br />

Cinquième à Termas de Rio Hondo, Johann<br />

remet le couvert au Texas après s’être cette<br />

fois frotté à Valentino Rossi... « Il y avait<br />

une petite place, je n’ai pas hésité à tenter<br />

ma chance », raconte le pilote Tech3 parti<br />

avec un pneu arrière plus tendre que ses<br />

adversaires. « Après ce contact, j’ai un<br />

peu commencé à tirer la langue. Je me suis<br />

alors appliqué à rester concentré pour ne pas<br />

faire d’erreur. Crutchlow est ensuite revenu,<br />

il était mieux que moi à l’accélération. J’ai<br />

préféré assurer cette cinquième place qui<br />

est tout de même un bon résultat. » Le<br />

Français va faire encore mieux à Jerez en<br />

terminant cette fois quatrième après avoir<br />

encore fait le spectacle en s’attaquant tour<br />

à tour à Rossi, Viñales, Crutchlow et Iannone<br />

pour se retrouver en troisième position dès<br />

le troisième tour. Devant lui ne restaient plus<br />

que les deux pilotes du team Honda Repsol.<br />

Si Pedrosa était déjà hors de portée, Johann<br />

n’a pas hésité à attaquer Marquez pour<br />

s’emparer de la deuxième place. L’Espagnol<br />

a cependant très vite repris son bien, laissant<br />

alors le Français croiser le fer avec Jorge<br />

Lorenzo. « J’ai réussi à rester dans sa<br />

roue un bon moment et je pensais même<br />

pouvoir l’accrocher jusqu’à la fin pour<br />

tenter quelque chose dans les derniers tours,<br />

raconte Johann. Mais j’ai dû, là encore,<br />

baisser de rythme quand mon pneu s’est<br />

dégradé. » Johann peut tout de même se<br />

targuer d’avoir réalisé le deuxième meilleur<br />

temps en course. « J’ai aussi beaucoup<br />

appris aujourd’hui au niveau de la gestion<br />

des pneus et de l’électronique. On a trois<br />

cartographies différentes pour le frein moteur<br />

et trois autres pour le Traction Control.<br />

Cela laisse énormément de possibilités<br />

qu’il faut savoir utiliser au fil des tours.<br />

Il faut sentir ce que ça t’apporte, c’est<br />

une question de feeling et c’est là<br />

que Rossi est très fort. L’objectif est<br />

de garder le rythme en économisant de<br />

l’énergie. J’ai compris pas mal de choses. »<br />

Une leçon qu’il mettra parfaitement en<br />

pratique sur le circuit Bugatti pour décrocher<br />

son premier podium en Moto<strong>GP</strong>. Parti en<br />

tête, il finira par laisser passer Viñales et<br />

Rossi sans pour autant se laisser distancer<br />

par les deux officiels Yamaha, pourtant<br />

mieux armés pour la fin de course avec<br />

des gommes plus dures que les siennes et<br />

surtout, un cadre qui améliore le comportement<br />

de la Yamaha dans les derniers kilomètres.<br />

Assuré de la troisième place, Johann<br />

héritera finalement de la deuxième marche<br />

du podium, Rossi partant à la faute en<br />

essayant de repasser Viñales. Un podium<br />

qui en appelle d’autres et laisse à penser<br />

que la victoire est désormais à la portée<br />

du double champion du monde Moto2.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /047


INTERVIEW


DANS LES COULISSES<br />

DU <strong>GP</strong> DE FRANCE<br />

CLAUDE<br />

MICHY<br />

Depuis 1951, le Grand Prix de France<br />

est au calendrier du championnat<br />

du monde. Quand on vient<br />

aujourd’hui au Mans admirer les<br />

stars du Moto<strong>GP</strong>, on imagine<br />

difficilement la somme de travail et<br />

d’efforts nécessaires pour mettre sur<br />

pied une telle organisation. Un mois<br />

avant l’édition 2017, nous avions<br />

rendu visite à Claude Michy, boss<br />

du <strong>GP</strong> de France, qui nous a tout dit.<br />

Par Philippe Debarle. Photos DR et Jean-Aignan Museau.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /049


INTERVIEW / CLAUDE MICHY<br />

Claude Michy est le promoteur<br />

du <strong>GP</strong> de France. Il nous en livre<br />

les arcanes et nous explique les<br />

relations parfois complexes entre<br />

les différents acteurs qui font que ce<br />

rendez-vous demeure incontournable<br />

et exceptionnel dans la saison.<br />

Claude, pourquoi avoir repris<br />

le Grand Prix de France moto ?<br />

Bernie Ecclestone a acheté les droits<br />

des Grands Prix moto en 1991 et en a<br />

confié la gestion à la Dorna. Le premier<br />

<strong>GP</strong> de France de cette nouvelle ère<br />

a eu lieu en 1992 à Magny-Cours,<br />

mais ses promoteurs n’ont pas honoré<br />

leurs engagements vis-à-vis de la<br />

Dorna et d’Ecclestone. Ce qui fait<br />

qu’il n’y a pas eu de <strong>GP</strong> de France<br />

en 1993. Les droits d’organisation<br />

sont alors revenus sur le marché<br />

et il y a eu trois candidats : le<br />

circuit Paul-Ricard avec Larivière<br />

Organisation, le circuit de Magny-Cours, et nous-mêmes.<br />

J’étais le seul sans circuit ! Mais la Dorna et son CEO, Carmelo<br />

Ezpeleta, nous ont tout de même choisis et nous avons débuté notre<br />

collaboration en 1994. Après deux premières éditions au Mans<br />

(94 et 95), nous avons organisé les quatre suivantes (96 à 99)<br />

sur le circuit Paul-Ricard, puis en continu au Mans depuis 2000.<br />

La fréquentation des bielles est-elle génétique chez les Michy,<br />

avec ton père Maurice qui a remporté la catégorie tourisme des<br />

12 H de Sebring automobiles en 1957, et toi qui t’es classé<br />

quatrième du championnat de France de Formule Renault en 1973 ?<br />

Ce sont les opportunités de la vie, avec leur part de hasard. Je ne<br />

suis pas un grand pratiquant du deux-roues. J’ai ainsi rencontré<br />

Carmelo Ezpeleta lors du prologue du Dakar organisé à Barcelone.<br />

Il était au RACC (Royal Automobile-Club de Catalogne) et on<br />

s’est revus au <strong>GP</strong> à Magny-Cours en 92. Je l’ai appelé en 93, on<br />

s’est mis d’accord, et 25 ans plus tard, on est toujours là ensemble.<br />

Quel est exactement le rôle de chacun ?<br />

PHA, ACO, Dorna, IRTA, FFM, FIM ?<br />

La FIM a concédé à la Dorna tous ses droits d’organisation<br />

et de marketing concernant les <strong>GP</strong> en 1992. Nous (PHA)<br />

sommes sous contrat avec la Dorna pour la manche française<br />

du championnat du monde. L’IRTA organise les relations des<br />

teams avec la Dorna. La FFM est notre organisme de tutelle,<br />

dont nous dépendons notamment pour le visa. Nos relations<br />

avec son président, Jacques Bolle, sont excellentes et nous avons<br />

développé un partenariat pour aider les pilotes et promouvoir<br />

le sport moto. C’est une vie commune, liée à la passion de la moto.<br />

Il ne faut pas oublier la notion passionnelle du sujet. L’ACO est<br />

en charge de la partie sportive, en liaison avec la FIM et la Dorna.<br />

L’organisation sportive du Mans est l’une des meilleures du monde.<br />

C’est un travail collégial avec les équipes de l’ACO qui sont<br />

très impliquées sur le Grand Prix. La maîtrise de l’événement<br />

est gérée par PHA et je bénéficie de collaborateurs qui forment<br />

une équipe dévouée et impliquée à la réussite du Grand Prix.<br />

Quelle est l’importance de la télévision ? (En 2016, France 3<br />

avec 789 000 téléspectateurs, Eurosport en France avec 236 000).<br />

FRANCE TÉLÉVISIONS A<br />

PROPOSÉ EN 2016 LA COURSE<br />

MOTO<strong>GP</strong> DU MANS<br />

EN DIRECT SUR FRANCE 3<br />

1<br />

Quelle influence l’organisateur du<br />

<strong>GP</strong> de France a-t-il sur la télévision ?<br />

Le fait que si peu de gens voient<br />

les autres <strong>GP</strong> n’est-il pas pénalisant<br />

pour la promotion du <strong>GP</strong> de France ?<br />

On est dans un monde où il<br />

y a plusieurs types d’écrans,<br />

de sources d’information. On y<br />

parle beaucoup du Moto<strong>GP</strong> et du<br />

Grand Prix de France. Le paysage<br />

télévisuel est différent selon les<br />

pays, en fonction de la philosophie<br />

de chaque pays par rapport aux<br />

sports mécaniques, et dans notre<br />

cas, au sport moto. À titre d’exemple,<br />

la culture hispanique liée à la moto<br />

– avec quatre Grands Prix, et le<br />

roi Juan Carlos souvent présent –<br />

est différente de la française,<br />

où l’émergence politique des<br />

« ayatollahs verts » entraîne<br />

une réticence des entreprises<br />

à investir, tout en inoculant<br />

un « virus vert » aux médias. En France, Eurosport diffuse tous<br />

les Grands Prix depuis plusieurs années. Et France Télévisions<br />

a proposé en 2016 la course Moto<strong>GP</strong> du Mans en direct sur<br />

France 3 (ce sera encore le cas ces deux prochaines années),<br />

et suit toute l’année l’actualité moto. Donc les choses évoluent,<br />

mais beaucoup moins que pour d’autres sports. Prenons le cas<br />

de Johann Zarco, double champion du monde Moto2 en 2015 et<br />

2016 et désormais meilleur palmarès français : il aurait mérité<br />

davantage de retombées dans l’ensemble des médias importants.<br />

Comment se passe la répartition de la publicité dans l’enceinte<br />

du circuit entre la Dorna et l’organisateur national ?<br />

C’est assez simple. Nos bonnes relations avec la Dorna depuis de<br />

nombreuses années nous permettent de faire beaucoup de choses<br />

pour le public. En tant qu’organisateur du Grand Prix de France,<br />

nous avons une obligation de performance, comme les pilotes<br />

l’ont sur la piste, et d’innovation pour satisfaire le public et les<br />

compétiteurs. Tout ce qui est lié à la problématique de la télévision<br />

(le branding et la panneautique) sur la piste appartient à la Dorna.<br />

L’ensemble des autres supports et prestations est géré par PHA.<br />

Quel est le budget total du Grand Prix de France, et comment<br />

se répartissent les dépenses et les revenus ?<br />

Le budget total est d’environ 7,5 millions d’euros. Il y a des droits<br />

à payer à la Dorna, dont le montant est confidentiel. Les recettes<br />

qui nous permettent d’organiser l’événement proviennent du public<br />

et des partenaires, dont certains très fidèles, comme Dunlop et Motul<br />

qui sont avec nous depuis le début. Le problème de tout organisateur<br />

est l’augmentation constante des charges, liée à la loi ou aux<br />

obligations administratives. Il y a ainsi, depuis quelques années,<br />

de nouvelles obligations concernant la sécurité. Par ailleurs, le<br />

traitement des déchets nous revient à près de 300 000 euros pour<br />

les frais de nettoyage. Il y a plus de 600 000 euros de frais pour<br />

les contrôles et la sécurité. Il y a ensuite tout ce qui est nécessaire<br />

au confort du public et à sa sécurité, comme les services médicaux.<br />

Il faut également financer des éléments sportifs, tels le nettoyage<br />

de la piste et la remise en état des bacs à gravier, qui sont importants<br />

pour la qualité du spectacle et la sécurité des pilotes. La promotion<br />

de l’événement est également un poste essentiel et important.<br />

050 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


2<br />

3 4<br />

1 L’organisateur se doit d’être un hommeorchestre,<br />

à l’aise et intéressant devant<br />

les caméras, capable de gérer une foule<br />

gigantesque 2 , d’accueillir les pilotes<br />

et de faire un bisou à Mike Di Meglio (ici en<br />

2008) 3 , tout en présentant des programmes<br />

d’accompagnement de grande qualité comme<br />

des motos de <strong>GP</strong> mythiques 4 et le Show<br />

Mécanique 5 . Une visite de vérification<br />

des installations de sécurité s’impose, comme<br />

ici celle des bacs à gravier avec Christian<br />

Sarron, un grand expert en ce domaine, lui<br />

qui en a testé de nombreux et souvent dans<br />

le monde entier tout au long de sa carrière 6 .<br />

5 6<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /051


INTERVIEW / CLAUDE MICHY<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

052 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Combien de gens travaillent sur<br />

place pour PHA ? La Dorna ? L’ACO ?<br />

Environ 150 personnes pour la Dorna.<br />

L’équipe de PHA comprend de 25<br />

à 30 personnes. À pleine charge<br />

le dimanche, il y a 2 500 personnes<br />

actives sur le site, dont 350<br />

commissaires et 600 contrôleurs.<br />

99 053 spectateurs le dimanche en<br />

2016 (plus les gens qui travaillent),<br />

c’est un immense succès. Mais<br />

c’est aussi gérer une « ville »<br />

de 100 000 habitants dans<br />

une infrastructure éphémère ?<br />

Le public se comporte de mieux<br />

en mieux, ce qui facilite les choses<br />

et permet de vivre un bel événement.<br />

Il y a un taux d’incidents nettement<br />

moins élevé au Grand Prix<br />

de France que dans une ville<br />

normale de 100 000 habitants.<br />

Comment se passent les relations avec l’État, et son représentant<br />

dans le département, c’est-à-dire la préfecture ?<br />

Ces relations sont toujours liées à la personnalité du préfet ou de<br />

la préfète. Sa mission essentielle est le développement du territoire.<br />

Si le représentant de l’État est répressif, comme avec les milliers<br />

de contrôles d’alcoolémie qu’on a connus à une certaine époque,<br />

il faut aller au combat. « Liberté, Égalité, Fraternité » est valable<br />

aussi pour les motards. Or souvent, la population motarde n’a pas<br />

été bien considérée par les services de l’État. Le problème avec<br />

certains préfets, c’est qu’ils veulent m’expliquer comment on<br />

fait. Or, l’expérience n’est pas chez eux, mais chez nous (24 <strong>GP</strong>,<br />

13 stades de France, le prologue du Dakar, etc.). On n’a pas<br />

non plus le même niveau d’études et mon certificat d’études<br />

primaires peut faire que, parfois, avec les Énarques, il y a<br />

un petit décalage (rire). Ce sont d’abord des rapports humains.<br />

Madame la préfète Orzechowski par exemple a été top<br />

et performante pour le Grand Prix et les 24 Heures en<br />

s’impliquant vraiment, et en considérant ces événements<br />

comme des éléments positifs pour la Sarthe et son économie.<br />

Quelles sont tes relations avec Valentino Rossi ?<br />

Comment est-il en privé ?<br />

En plus d’être un champion, il a des qualités humaines fantastiques.<br />

Il ne souhaite pas qu’on en parle, mais il est toujours à l’écoute<br />

quand il y a des enfants malades ou des gens dans des situations<br />

de santé délicates. Il n’y a jamais de photos, d’exploitation<br />

médiatique de cette partie-là, ou très exceptionnellement.<br />

C’est quelqu’un de très attachant. Malgré les énormes demandes<br />

– c’est une star mondiale –, il se comporte toujours très bien<br />

1 En parallèle du fabuleux et unique spectacle des courses (ici en<br />

2016), qui réunit les meilleurs pilotes et motos du monde, PHA profite<br />

de l’occasion pour soutenir une initiative française de qualité comme<br />

l’école de pilotage ZF Grand Prix 2 de Laurent Fellon (ici au centre)<br />

et Johann Zarco (à dr.). Les partenaires sont mis en valeur 3 et un<br />

maximum de distractions ( 4 et 5 ) sont proposées aux spectateurs.<br />

6 Le <strong>GP</strong> de France est également l’occasion de rencontres au sommet,<br />

comme ici celle de Claude Michy, Renaud Lavillenie et Carmelo Ezpeleta<br />

avec Valentino Rossi, le pilote moto le plus populaire de tous les temps.<br />

NOS BONNES RELATIONS<br />

AVEC LA DORNA<br />

DEPUIS DE NOMBREUSES<br />

ANNÉES NOUS PERMETTENT<br />

DE FAIRE BEAUCOUP<br />

DE CHOSES POUR LE PUBLIC<br />

6<br />

et sait se rendre disponible,<br />

même s’il est très sollicité<br />

par les supporters. C’est<br />

un énorme travailleur, il<br />

n’y a qu’à voir son palmarès.<br />

Comment décrirais-tu Carmelo<br />

Ezpeleta, le patron de la Dorna ?<br />

C’est un grand monsieur, qui est<br />

fidèle, ce qui est rare dans le monde<br />

actuel. Il m’a toujours soutenu<br />

dans mes activités. Je suis le dernier<br />

promoteur de <strong>GP</strong> entièrement privé<br />

dans le monde. Tous les autres <strong>GP</strong><br />

sont organisés par des sociétés à<br />

capitaux de collectivités publiques.<br />

C’est un visionnaire qui a réussi<br />

à imposer le Moto2 et le Moto3,<br />

alors que peu de gens y croyaient.<br />

Or, les plateaux sont pleins à<br />

craquer. En Moto<strong>GP</strong>, en adaptant<br />

le règlement technique au spectacle,<br />

il y a maintenant dix pilotes en une seconde, et neuf vainqueurs<br />

différents lors de la saison 2016. Les courses sont fantastiques<br />

car Ezpeleta est un visionnaire. À l’opposé de la F1 qui a décliné<br />

depuis plusieurs saisons en utilisant de mauvaises recettes.<br />

Mais bonne nouvelle, la F1 revient en France, ce qui est une<br />

très bonne chose, avec 15 millions d’euros des collectivités<br />

publiques sur un budget total de 30 millions. Nous ne sommes<br />

pas jaloux car dans notre cas, le syndicat mixte (ville, département<br />

et région), propriétaire du Mans, a toujours investi pour avoir<br />

un circuit au meilleur niveau, que ce soit en termes de sécurité<br />

pour les pilotes, ou au niveau de l’accueil du public.<br />

Le Grand Prix de France est-il apprécié localement ?<br />

Le <strong>GP</strong> de France, ce sont plus de 10 millions d’euros<br />

de retombées économiques sur la Sarthe. La population<br />

locale apprécie le Grand Prix, et elle représente<br />

d’ailleurs un nombre important de spectateurs.<br />

Presque un siècle de <strong>GP</strong> de France<br />

C’est en 1920 que fut créée une épreuve de prestige de niveau<br />

international qui prit le nom de Grand Prix de France, hors championnat<br />

du monde puisque celui-ci n’existait pas encore. La première course<br />

a eu lieu au Mans, puis fut organisée ensuite à Strasbourg, Tours, Lyon,<br />

Montlhéry, Saint-Gaudens, Bordeaux, Pau et Dieppe. Cette compétition<br />

est devenue en 1953 la manche française du mondial, à Albi où Georges<br />

Burgraff se couvrit de gloire en gagnant en 175 cm 3 . C’était le début<br />

d’une grande épopée qui allait par la suite se déplacer sur les circuits<br />

de Rouen, Reims, Pau, Charade, Le Mans, Paul-Ricard, Nogaro et<br />

Magny-Cours, avant de subir un coup d’arrêt brutal en 1992 dans<br />

la Nièvre, alors que parallèlement, Bernie Ecclestone a acheté à la FIM<br />

les droits télévisions et marketing des Grand Prix. Il les a ensuite cédés<br />

à la Dorna, tandis que Claude Michy, ancien pilote automobile de bon<br />

niveau, a repris le <strong>GP</strong> de France qui était alors en diffi culté après une<br />

édition diffi cile à Magny-Cours. Grâce à des améliorations incessantes,<br />

le Grand Prix de France est maintenant devenu une référence<br />

mondiale, une épreuve très appréciée des pilotes et des spectateurs.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /053


ANNIVERSAIRE<br />

SOUVENIRS, SOUVENIRS...<br />

MÉMORABLE<br />

BAROUD<br />

Il y a dix ans, Randy de Puniet et<br />

Sylvain Guintoli mettaient le feu aux<br />

tribunes du circuit Bugatti en se hissant<br />

tour à tour en tête du Grand Prix de France<br />

Moto<strong>GP</strong>. Si les deux Français ont fini par<br />

mettre l’un et l’autre la cabane sur le chien,<br />

leur baroud est resté dans les mémoires.<br />

Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.<br />

Même si, avec le temps,<br />

la mémoire nous joue des<br />

tours, Randy de Puniet n’a<br />

pas trop de mal à se souvenir<br />

de ce 20 mai 2007. « C’était<br />

de la folie, lâche le Parisien.<br />

Le public était super chaud. Au raccordement<br />

et dans la ligne droite des stands, tout le<br />

monde se levait et hurlait. Dans la Dunlop,<br />

sur le changement d’angle, gaz coupés,<br />

on entendait la clameur qui montait. Même<br />

chose au Garage Vert. On se serait cru dans<br />

un stade de foot. » Sylvain Guintoli assure,<br />

lui aussi, qu’il n’est pas près d’oublier<br />

ce Grand Prix de France 2007. « Un truc<br />

de fou, résume celui qui court désormais<br />

dans le championnat Superbike britannique.<br />

Personne n’avait encore jamais<br />

vu deux Français en tête d’un<br />

Grand Prix Moto<strong>GP</strong> ! C’était<br />

vraiment magique, le public était<br />

en effusion. » Cette année-là, Randy<br />

participe à sa deuxième saison de<br />

Moto<strong>GP</strong> avec l’équipe Kawasaki.<br />

Sylvain débute, lui, avec l’équipe<br />

Tech3 et une Yamaha chaussée en<br />

pneus Dunlop. « Je courais avec<br />

Tamada, on était là pour développer<br />

les pneus », rappelle le Drômois.<br />

Le 20 mai 2007, le circuit Bugatti<br />

accueille la cinquième épreuve de la<br />

saison. Lors des deux Grands Prix<br />

précédents, en Turquie et en Chine,<br />

de Puniet a décroché deux solides 8 e places.<br />

Depuis le début de la saison, la ZX-RR<br />

et son pilote français sont en progression.<br />

« La moto allait de mieux en mieux,<br />

se souvient Randy. On avait un super<br />

moteur. » Guintoli est quant à lui parvenu<br />

à se glisser à quatre reprises dans les points.<br />

Quinzième au Qatar, en Espagne et en<br />

Turquie, il s’est classé treizième en Chine.<br />

Avec ses Dunlop, le pilote Yamaha espère<br />

pouvoir faire un coup quand les conditions<br />

vont se présenter. Ce qui va être le cas<br />

au Mans... À 13 h 45, en ce 20 mai 2007,<br />

il commence à pleuvoir quand les pilotes<br />

quittent la voie des stands pour venir<br />

s’installer sur la grille. « C’était une<br />

sorte de bruine très fine », se souvient<br />

Sylvain. Pas suffisante pour envisager<br />

de prendre le départ en pneus pluie.<br />

« Dans ces conditions, beaucoup<br />

de pilotes se montrent méfiants. »<br />

Surtout lorsqu’ils jouent une place<br />

au championnat... Ce qui n’est<br />

alors pas le cas des deux tricolores.<br />

PÉCHER PAR EXCÈS<br />

D’ENTHOUSIASME<br />

N’ayant pas grand-chose à perdre, et étant<br />

l’un et l’autre plutôt adroits dans ce genre<br />

de situation, Sylvain et Randy s’élancent<br />

le couteau entre les dents. Septième et<br />

dixième au premier passage devant les<br />

stands, ils se retrouvent en quatre tours<br />

dans la roue arrière de Valentino Rossi,<br />

alors leader de la course. Au troisième<br />

tour, Randy a pris l’avantage<br />

sur Sylvain, mais ce dernier<br />

n’entend pas s’en laisser compter...<br />

« Je doublais tout le monde<br />

par paquet de quatre, raconte le<br />

pilote du team Tech3. Pourtant,<br />

je roulais sans prendre de risques<br />

inconsidérés. Connaissant bien<br />

la piste, j’avais pris le temps<br />

de mesurer le niveau de grip<br />

dans la courbe Dunlop et à<br />

la Chapelle, là où c’était le plus<br />

mouillé. Je me sentais à l’aise,<br />

d’autant que j’avais déjà bien roulé<br />

le matin au warm up. » La suite ?<br />

054 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Un bref instant, Randy de Puniet (n° 14) et Sylvain<br />

Guintoli (n° 50) ont occupé les deux premières<br />

places du Grand Prix de France Moto<strong>GP</strong> 2007.<br />

« J’AVAIS ROSSI EN POINT DE MIRE. EN 3 VIRAGES,<br />

J’ÉTAIS DERRIÈRE LUI ET JE L’AI DÉPASSÉ » RDP<br />

« Je me souviens que Randy a pris la tête<br />

et que j’étais troisième derrière Rossi.<br />

Je l’ai doublé à mon tour au freinage<br />

de la Dunlop, puis j’ai continué sur<br />

mon rythme et j’ai passé Randy pour<br />

me retrouver en tête au sixième tour. »<br />

Les deux hommes vont alors s’arsouiller<br />

le temps de quelques kilomètres... « À un<br />

moment, j’ai mis trop d’angle à l’entrée<br />

du chemin aux bœufs et j’ai perdu l’arrière<br />

sur la phase de freinage, se souvient Guintoli<br />

qui était alors talonné par Pedrosa, Rossi<br />

et Hopkins. Je me suis envolé et je<br />

me suis fait assez mal. » Reparti<br />

en 14 e position, le pilote Tech3<br />

parviendra néanmoins à finir<br />

la course à la dixième place. Ce<br />

jour-là, il déclarera à l’arrivée :<br />

« C’est mon meilleur résultat de<br />

la saison, mais je pense que nous<br />

aurions pu faire encore mieux sur<br />

le sec. La fin de course fut vraiment<br />

difficile, j’avais mal au bras et à la<br />

hanche et la moto était très difficile<br />

à contrôler. Une chose est sûre,<br />

ce résultat va nous décomplexer. »<br />

Cette année-là, Sylvain signera<br />

sa meilleure performance fin<br />

septembre à Motegi en se classant quatrième.<br />

Ce qui lui assurera la saison suivante un<br />

guidon dans l’équipe Ducati Pramac. « J’ai<br />

aussi fait une belle course à Valence après<br />

une très bonne qualification », précise-t-il.<br />

Pour de Puniet, le <strong>GP</strong> de France 2007 prendra<br />

fin un tour plus tard que son compatriote.<br />

Dans le Moto Revue du 24 mai, Randy<br />

expliquait : « Lorsque je me suis retrouvé<br />

avec Rossi en point de mire, je me suis dit<br />

“ne te mets pas dans le rouge, prends ton<br />

temps”, mais en trois virages, j’étais derrière<br />

lui et je l’ai passé facilement. » Le pilote<br />

Kawasaki commence alors à prendre le large.<br />

Jusqu’à ce que la pluie redouble et que vienne<br />

le moment de rentrer aux stands pour changer<br />

de moto. « J’allais m’arrêter lorsque j’ai<br />

perdu le contrôle à l’entrée des esses bleus,<br />

poursuit Randy. Je me suis fait surprendre<br />

car je n’étais pas en cata et je n’avais eu<br />

aucune alerte. » Touché à l’épaule, Randy<br />

devra se résoudre à jeter l’éponge, la mort<br />

dans l’âme. « J’étais survolté et cela m’a<br />

joué un mauvais tour, admet le Parisien qui,<br />

cette année-là, montera sur le podium au<br />

<strong>GP</strong> du Japon au terme d’une course disputée<br />

dans des conditions similaires.<br />

À deux virages près, je repartais<br />

avec ma deuxième moto et des<br />

pneus pluie... Peut-être que si<br />

j’avais été moins euphorique, je<br />

serais resté sur mes roues. Quoi<br />

qu’il en soit, ça reste émotionnellement<br />

un très bon souvenir. » Ce jour-là,<br />

pas grand monde n’a tenu rigueur<br />

à nos deux représentants pour<br />

leur excès enthousiasme. Leur<br />

baroud fait désormais partie de la<br />

mémoire collective. La course, elle,<br />

fut remportée par Chris Vermeulen<br />

au guidon d’une Suzuki.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /055


PORTRAIT<br />

056 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


IAN<br />

GILPIN<br />

« MON VRAI BONHEUR,<br />

C’EST DE MONTER<br />

ET PRÉPARER LA MOTO »<br />

Discret, modeste et pragmatique,<br />

le Nord-Irlandais Ian Gilpin travaille dans<br />

le paddock depuis 20 ans. Aujourd’hui,<br />

c’est à Maverick Viñales qu’il apporte<br />

son aide et ses connaissances. Rencontre.<br />

Par Gavan Caldwell et Alain Lecorre. Traduction : Élodie Frioux.<br />

Photos Maurice Montgomery et Jean-Aignan Museau.<br />

Père de famille de 43 ans, Ian<br />

mène une vie sans histoires dans<br />

les collines de Dunloy, en Irlande<br />

du Nord. Et comme beaucoup,<br />

il travaille pour rembourser son<br />

prêt immobilier et ses factures.<br />

Mais contrairement au commun des mortels,<br />

c’est en avion que Ian Gilpin se rend sur<br />

son lieu de travail. Eh oui, le Nord-Irlandais<br />

est mécanicien pour le team Yamaha<br />

Factory Moto<strong>GP</strong> et il exerce aujourd’hui<br />

ses talents auprès d’un petit jeune surdoué :<br />

Maverick Viñales. Avant cela, c’est pour le<br />

compte de Jorge Lorenzo qu’il avait officié,<br />

décrochant avec lui un titre de champion<br />

du monde Moto<strong>GP</strong> en 2015. Depuis le début<br />

de saison, Ian s’est non seulement familiarisé<br />

avec la nouvelle Yamaha M1, mais il a aussi<br />

appris à connaître Viñales, le remplaçant<br />

du Majorquin. Comme beaucoup, il avoue<br />

être très impressionné par le jeune Espagnol :<br />

« Viñales est un bon garçon avec qui<br />

il est très facile de s’entendre. C’est<br />

un vrai professionnel et il est très rapide<br />

en piste. Ce qui ne gâche rien. Sinon, je fais<br />

partie de ceux qui préparent le box pour<br />

chaque Grand Prix et font en sorte que<br />

tout soit opérationnel pour les essais et<br />

la course. Autrement dit, je mets d’abord la<br />

moto complètement à nu, puis je la remonte<br />

avec toutes les modifications nécessaires.<br />

Les moteurs étant scellés, il s’agit surtout<br />

d’essayer d’optimiser la boîte de vitesses<br />

et l’électronique. » Dans ce box, scindé<br />

en deux, Viñales et son illustre coéquipier<br />

Valentino Rossi ont chacun une équipe<br />

dédiée. Une organisation qui ne pose aucun<br />

problème à l’Irlandais : « Ce système de<br />

travail nous convient tout à fait. Nous faisons<br />

partie de la même structure et n’hésitons pas<br />

à nous aider les uns les autres s’il le faut.<br />

Surtout si l’une des motos est endommagée.<br />

La course n’est pas une balade de santé<br />

et si les motos peuvent parfois subir de<br />

graves dommages, l’essentiel, c’est que<br />

le pilote ne se blesse pas pendant une chute.<br />

Reconstruire la moto ? Quels que soient<br />

les problèmes rencontrés, c’est mon job. »<br />

Pragmatique dans l’âme, Ian avoue ne<br />

pas rester indifférent quand son pilote<br />

passe la ligne d’arrivée. « C’est un sentiment<br />

fantastique de se dire qu’on a contribué<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /057


PORTRAIT / IAN GILPIN<br />

1<br />

à un tel résultat et de célébrer tous ensemble<br />

une victoire pour le team Yamaha <strong>Racing</strong>. »<br />

Il sait surtout qu’en cas de défaite,<br />

il faut savoir garder les pieds sur terre,<br />

« en se disant qu’on ne peut pas gagner<br />

à tous les coups. On démonte le box<br />

et on pense déjà à la prochaine course ».<br />

« PERSONNE NE SAIT DANS<br />

QUEL MONDE IL TRAVAILLE »<br />

Cette saison marque la 20 e année de Gilpin<br />

en sport motocycliste. Un palier important<br />

qui mérite un petit coup d’œil dans le<br />

rétroviseur : « Avant même ma naissance,<br />

mon père participait à des courses de<br />

motocross et de grass-track (courses sur<br />

des ovales en herbe, ndlr) dans les années<br />

60 ; il a toujours aimé la moto. Plus tard,<br />

j’ai travaillé pour le concessionnaire Ford<br />

à Belfast, où il avait lui-même commencé<br />

en tant qu’apprenti. J’ai des souvenirs<br />

de mon père qui préparait des 2-temps, que<br />

ce soit en motocross, course sur route ou<br />

karting, alors que je n’étais qu’un enfant.<br />

C’est comme ça que je me suis intéressé à la<br />

mécanique. » Puis vient le temps de l’école.<br />

« J’allais en cours avec Mark Coates. Il est<br />

devenu pilote en Superbike britannique et<br />

en championnat espagnol. Mark avait signé<br />

chez le légendaire Kenny Roberts et quand il<br />

est retourné en Superbike britannique, Kenny<br />

m’a proposé de rejoindre son équipe en tant<br />

que mécanicien. » Un honneur et une<br />

expérience enrichissante pour Gilpin :<br />

« Travailler pour Kenny Roberts avait<br />

une saveur toute particulière, non<br />

seulement, il était un très bon team manager<br />

mais en plus, son appétit pour la course<br />

est toujours resté intact. Il observait<br />

ses pilotes en piste et n’hésitait pas à les<br />

encourager ou à leur donner des conseils<br />

si nécessaire. J’ai travaillé sur le projet de<br />

la nouvelle KR Modenas, et même s’il était<br />

3<br />

1 Travailler dans un team aussi prestigieux<br />

que le Yamaha <strong>Racing</strong> et bosser sur des<br />

M1 super compétitives, quoi de mieux pour<br />

cet amoureux de la performance... 2 Devant<br />

le petit mot que Lorenzo lui laissa après<br />

son titre en 2015. 3 Désormais aux côtés<br />

de Viñales, son avenir pourrait être radieux.<br />

difficile de nous mesurer à nos concurrents,<br />

on a vécu notre petit moment de gloire<br />

quand Jeremy McWilliams a décroché la<br />

pole position sur le circuit de Phillip Island<br />

en 2002. Puis lorsque Kenny a décidé de<br />

se retirer du championnat, c’est Suzuki qui<br />

m’a engagé. À l’époque, je travaillais dans<br />

le team d’abord dirigé par Gary Taylor,<br />

puis par Paul Denning. » Cette période chez<br />

Suzuki lui rappelle d’agréables moments,<br />

comme l’invitation de John Hopkins<br />

– l’un des pilotes du team – à venir faire<br />

quelques tours de kart chez lui, sur son<br />

propre circuit de karting baptisé Nutt’s<br />

Corner (littéralement, le coin des cinglés).<br />

Il raconte : « J’ai de bons souvenirs<br />

chez Suzuki. Mais en 2010, j’ai décidé<br />

de changer et d’accepter la proposition de<br />

Yamaha pour faire partie du team officiel<br />

en 2011 aux côtés de Ben Spies, champion<br />

du monde Superbike en 2009. Un pilote<br />

que j’ai suivi chez Ducati en 2013, année<br />

après laquelle il a malheureusement dû<br />

se retirer des Grands Prix suite à une grave<br />

blessure à l’épaule. » L’année suivante,<br />

il retourne chez Yamaha. L’Irlandais se dit<br />

alors « très heureux d’être employé dans un<br />

team aussi prestigieux et aussi performant ».<br />

Revenons-en à la famille. Ian a transmis<br />

un peu de son savoir-faire à son petit frère,<br />

ancien pilote sur route, Darren Gilpin.<br />

Ce dernier explique que, durant sa propre<br />

carrière de pilote, l’aide de son frère lui a<br />

058 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


2<br />

« RECONSTRUIRE LA MOTO ? QUELS QUE SOIENT<br />

LES PROBLÈMES RENCONTRÉS, C’EST MON JOB »<br />

été très précieuse : « Il a préparé ma Suzuki<br />

Super Twin avec laquelle j’ai terminé 10 e à<br />

a North West 200 en 2008, 3 e au Grand Prix<br />

d’Ulster en 2009 et 3 e à la Southern 100<br />

en 2010. Les gens pensaient que grâce<br />

à son poste en Moto<strong>GP</strong>, on avait eu droit<br />

à un petit coup de pouce supplémentaire<br />

et à des pièces spéciales. La vérité, c’est<br />

que c’était de l’ingénierie à l’ancienne et que<br />

mon frère sait comment monter un moteur<br />

rapide ! Il m’a également énormément appris<br />

en ce qui concerne les pneumatiques et les<br />

suspensions. Malgré l’expérience que j’avais<br />

pu accumuler à cette époque, il arrivait tout<br />

de même à me faire voir les choses sous un<br />

angle différent et à nous faire progresser.<br />

Je n’aurais pas obtenu les mêmes résultats<br />

sans lui, et il nous a aussi permis de faire<br />

de sacrées économies. Au tout début, quand<br />

il a commencé à s’intéresser au karting, tout<br />

le monde avait un Hedland Arrow 100 cm 3<br />

2-temps à entraînement direct. Lui s’en est<br />

construit un tout seul. À 14 ans. Aujourd’hui,<br />

je cours dans le team de Wilson Craig, mais<br />

on continue de discuter mécanique, il me fait<br />

toujours bénéficier de son expérience. Ian<br />

est un garçon très discret. Il reste humble,<br />

personne ne sait dans quel monde il travaille.<br />

Je me souviens l’avoir entendu dire<br />

qu’un peintre qui était venu chez lui faire<br />

des travaux lui avait demandé s’il aimait<br />

bien les motos, parce qu’il portait un<br />

blouson Yamaha. Il lui avait répondu qu’en<br />

effet, il suivait vaguement le championnat.<br />

Le gars a alors commencé à lui dire qu’un<br />

de ses copains avait participé à la Senior<br />

Support en Irlande et qu’il était vraiment<br />

bon. Ian l’a laissé parler. Si mon frère<br />

lui avait dit qu’il était l’un des mécanos<br />

de Lorenzo, le peintre ne s’en serait pas<br />

remis, mais il est trop modeste pour ça. »<br />

« COURIR EST TROP<br />

DANGEREUX POUR MOI »<br />

Ian garde toujours un œil sur les courses de<br />

motos en Irlande. Et par un heureux hasard,<br />

il se trouve que Gary Dunlop, fils du défunt<br />

Joey Dunlop, est justement l’un de ses<br />

voisins. « C’est vrai que j’essaie d’assister<br />

à quelques courses quand je rentre à la<br />

maison, c’est dans mon sang. Tout petit déjà,<br />

je suivais mon père pour aller voir Joey et les<br />

légendes de l’époque se battre sur les circuits<br />

d’Irlande. Au cours de ces dernières années,<br />

j’ai aidé William et Gary Dunlop. Après<br />

avoir rêvé en regardant Joey et Robert<br />

quand j’étais adolescent, j’admets qu’il<br />

y a une certaine ironie à aider à mon tour<br />

Gary aujourd’hui. Je suis très heureux de<br />

voir qu’il progresse après sa première année<br />

en 2016 en course sur route. Moi-même,<br />

je n’ai jamais couru. J’ai toujours pensé<br />

que c’était un peu trop dangereux pour moi.<br />

En revanche, je suis un fan invétéré. J’ai<br />

la chance de connaître une majorité des<br />

pilotes en Moto2 et Moto3 qui nous offrent<br />

des courses bien souvent exceptionnelles<br />

à regarder. Tous les ans, je fais le tour du<br />

monde, mais mon vrai bonheur, c’est de<br />

monter et préparer la moto. Et j’imagine<br />

que peu de mécaniciens ont la chance<br />

d’avoir chez eux un certificat encadré,<br />

signé par le champion du monde de<br />

la FIM, Jorge Lorenzo, lorsqu’il a<br />

remporté le titre Moto<strong>GP</strong> en 2015 pour<br />

Yamaha. » Son avis sur ce début de saison ?<br />

« L’année avait bien commencé pour mon<br />

pilote, avec ses deux victoires, mais il<br />

a malheureusement chuté au Grand Prix<br />

d’Austin. Le championnat 2017 pourrait<br />

bien être un excellent millésime en termes<br />

de victoires, et je ne doute pas que Maverick<br />

puisse remporter le titre dès cette année. »<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /059


FOCUS<br />

MOTO2<br />

ET POURTANT, LÜTHI<br />

FAIT LE TRAVAIL<br />

Un Franco Morbidelli qui survole les débats,<br />

son coéquipier Alex Marquez plus offensif<br />

que jamais, le rival Miguel Oliveira aux anges<br />

avec les Oranges... Et Tom Lüthi, dans tout ça ?<br />

Plus discret, moins observé, le Suisse est<br />

néanmoins aux avant-postes du championnat.<br />

Par Daryl Ramadier. Photos Jean-Aignan Museau.<br />

060 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /061


FOCUS / LÜTHI EN MOTO2<br />

Vice-champion du monde en titre,<br />

Thomas Lüthi abordait 2017<br />

avec l’étiquette – pas forcément<br />

désirée – de favori. Les premiers<br />

Grands Prix n’ont pas permis de<br />

confirmer ce statut. Jusqu’à présent<br />

invaincue, l’équipe Marc VDS éclipse,<br />

par son impétueuse domination, une partie<br />

du plateau. Dans le même temps, le Suisse<br />

est aussi effacé par les nouveaux visages<br />

qui montent dans la catégorie : celui<br />

de Miguel Oliveira et sa (surprenante ?)<br />

KTM ; de Xavi Vierge, en train de remettre<br />

Tech3 sur les bons rails ; de Luca Marini,<br />

en progression constante ; de Francesco<br />

Bagnaia, rookie et déjà monté sur un<br />

podium. Pourtant, Lüthi est là, et bien là.<br />

PLUS RÉGULIER<br />

QUE JAMAIS ?<br />

Avec 80 points marqués en quatre courses,<br />

il réalise un début de saison des plus<br />

fructueux. Sur le plan comptable, il n’a fait<br />

mieux qu’une seule fois (2012) en 15 ans<br />

de carrière. Certes, il n’a pas encore gagné<br />

en 2017. Mais pour être couronné, à la<br />

condition d’être rapide, s’ajoute celle d’être<br />

régulier. « En Moto2, être constant est<br />

l’une des clés afin de se battre pour le titre »,<br />

confirme le pilote Kalex. À bientôt 31 ans,<br />

il le sait mieux que personne – lui qui roule<br />

chez les 600 cm 3 depuis 2010. Et tire les<br />

leçons de 2016, où il a manqué le titre<br />

pour 42 points, avec trois résultats blancs<br />

au compteur. Alors, dans l’attente de<br />

son heure, Lüthi patiente, gère et compte<br />

ses gains. Moins rapide que Morbidelli au<br />

Qatar ? Il se contente de la deuxième place,<br />

résistant à la pression de Nakagami et<br />

Oliveira à sa poursuite. Pas le rythme<br />

des leaders en Argentine ? La troisième<br />

place lui conviendra. Encore battu par un<br />

pilote Marc VDS aux États-Unis ? Finir<br />

second n’est pas une si mauvaise opération.<br />

En difficulté à Jerez (« Nous n’avons pas<br />

trouvé les bons réglages », nous confie-t-il) ?<br />

Rester sur ses roues et franchir l’arrivée<br />

suffit. En Espagne, une huitième place<br />

au goût a priori amer s’est transformée en<br />

prestation positive puisque, grâce à la chute<br />

de Franky Morbido, il s’est rapproché<br />

de la tête du championnat. C’est aussi sur<br />

cela qu’il faudra compter : les erreurs de<br />

ses rivaux. Ceux-ci sont surtout de jeunes<br />

loups, réputés fougueux... et déjà tombés<br />

cette année. Gilles Bigot, son technicien,<br />

se veut prudent : « Tant qu’on n’est pas à<br />

mi-championnat, c’est difficile d’avoir une<br />

idée précise de qui va se battre pour le titre. »<br />

Il est néanmoins satisfait de ce début de<br />

saison, surtout au regard des circonstances.<br />

Après des essais hivernaux compliqués<br />

ponctués de chutes, le doute s’installe<br />

sur le modèle de la moto à choisir.<br />

La météo n’étant pas bonne à Losail, le<br />

« back-to-back » (tester la version 2016 puis<br />

repasser sur la 2017 en essayant d’évaluer<br />

et de faire évoluer les choses) ne peut être<br />

fait et c’est finalement avec la 2016 qu’il<br />

compte rouler. Mais une chute aux essais<br />

endommage le cadre, et il faut remonter celui<br />

de 2017. « Faire deuxième avec une sorte<br />

de moto mixte, c’est quand même pas mal. »<br />

Vient ensuite l’Argentine, où Tom est plus<br />

en difficulté par rapport à d’autres à cause de<br />

son style de pilotage : nouveau podium, alors<br />

que sa Kalex n’est pas à l’équilibre puisque<br />

pièces de 2016 et 2017 se chevauchent<br />

encore. Depuis, les choses rentrent dans<br />

l’ordre mais il leur « manque encore quelque<br />

chose », estime Gilles Bigot, qui travaille<br />

d’arrache-pied à trouver les meilleures<br />

solutions. Lüthi n’est pas homme à écraser<br />

un championnat. En 124 départs en Moto2,<br />

il est monté sur 39 podiums et s’est élancé<br />

30 fois depuis la première ligne. Seulement,<br />

un classement général n’est pas la somme<br />

d’une seule performance inouïe, mais<br />

l’addition de toutes. La preuve, en ce début<br />

DANS L’ATTENTE DE SON HEURE, LÜTHI<br />

PATIENTE, GÈRE ET COMPTE SES GAINS<br />

062 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


1<br />

2<br />

3<br />

de calendrier : le Suisse n’a pas dominé, et il<br />

n’en est pas moins n° 2 mondial, à seulement<br />

20 points du leader. « Jusqu’ici, je suis content,<br />

assure-t-il, mais la saison est encore longue<br />

et j’aspire à plus. » La première place est-elle<br />

donc réellement dans le viseur ? « C’est là<br />

où je veux finir la saison. » D’ici Valence,<br />

bien des choses peuvent encore changer.<br />

D’un côté comme de l’autre, selon qui saura<br />

le mieux combiner rapidité et régularité.<br />

1 et 2 7 e saison en Moto2. En difficulté sur<br />

les premiers <strong>GP</strong>, le Suisse a néanmoins<br />

collecté les podiums. Une régularité qui<br />

pourrait être payante au soir de Valence.<br />

3 Gilles Bigot (au fond) veille sur le matériel<br />

de son poulain.<br />

Points marqués par Tom Lüthi après 5 Grands Prix (Moto2)<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

38<br />

47<br />

68<br />

5<br />

2010 2011 2012 2013<br />

2014 2015 2016 2017<br />

32<br />

43<br />

53<br />

80<br />

Thomas Lüthi<br />

en chiffres<br />

• Né le 06/09/1986 à Oberdiessbach, Suisse.<br />

Numéro : 12. Courses : 238. Victoires : 14.<br />

Podiums : 51. Pole positions : 12.<br />

Meilleurs tours : 14. Points : 2 145. Titre : 1.<br />

• Cinq motos différentes :<br />

Honda RS125R (2002-2006), Aprilia RSA<br />

250 (2007-2009), Moriwaki (2010), Suter<br />

(2011-2014), Kalex (2015-aujourd’hui).<br />

• Moto2 : ses records...<br />

Départs : 124. Podiums : 39. Meilleurs<br />

tours : 13 (égalité avec Andrea Iannone).<br />

Points : 1 340...<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /063


RÉSULTATS<br />

MOTO<strong>GP</strong><br />

INCROYABLE ZARCO<br />

Si la bagarre fait rage entre les deux officiels<br />

Yamaha, le paddock a pourtant les yeux tournés<br />

sur Johann Zarco qui brille à chaque sortie.<br />

Par A. Lecorre. Infographies L. Hindryckx. Photo J.-A. Museau.<br />

1/ <strong>GP</strong> DU QATAR - DOHA (26/03/2017)<br />

www.circuitlosail.com<br />

Longueur : 5 380 m<br />

Largeur : 12 m<br />

Virages à gauche : 6<br />

Virages à droite : 10<br />

Plus longue<br />

ligne droite : 1 068 m<br />

Construit en : 2004<br />

22 tours : 118,360 km<br />

Air : 21 °C<br />

Piste : 22 °C<br />

Humidité : 96 %<br />

T1 : 25“241 (Zarco)<br />

T2 : 30“098 (A. Espargaro)<br />

T3 : 28“521 (Dovizioso)<br />

T4 : 31“883 (Dovizioso)<br />

Ideal time : 1’55“743<br />

Pole : M. Viñales (E-Yamaha) – 1’54’’316<br />

Record de la piste : J. Lorenzo (Yamaha) 2008 – 1’53’’927 (170,0 km/h)<br />

Meilleure vitesse de pointe (S) : M. Marquez (Honda) 2015 – 350,5 km/h<br />

Zarco, ce héros...<br />

Diffi cile d’imaginer un début de saison Moto<strong>GP</strong> plus incroyable.<br />

D’abord grâce à Johann Zarco qui, après avoir signé le 4 e temps<br />

des essais, part en tête et creuse l’écart pendant 6 tours sur<br />

toute la meute, signant au passage le meilleur temps en course.<br />

FA-BU-LEUX ! Malheureusement, un léger relâchement lui fera<br />

perdre l’avant dans le 7 e tour. Viñales, parti prudemment, remporte<br />

brillamment son premier <strong>GP</strong> avec Yamaha. Rossi accroche un podium<br />

inespéré, les Honda souffrent et Lorenzo est déjà sous l’eau.<br />

Moto<strong>GP</strong><br />

1. M. Viñales (E-Yamaha), les 20 tours en 38’59’’999 (165,5 km/h)<br />

2. A. Dovizioso (I-Ducati) à 0”461<br />

3. V. Rossi (I-Yamaha) à 1”928<br />

4. M. Marquez (E-Honda) à 6”745<br />

5. D. Pedrosa (E-Honda) à 7”128<br />

6. A. Espargaro (E-Aprilia) à 7”661<br />

7. S. Redding (GB-Ducati) à 9”782<br />

8. J. Miller (AUS-Honda) à 14”486<br />

Meilleur temps en course : J. Zarco (F-Yamaha), 4 e tour, 1’55’’990 (166,9 km/h)<br />

Grille de départ<br />

1. M. Viñales (E-Yamaha) 1’54”316<br />

2. A. Iannone 1’54”848<br />

3. M. Marquez 1’54”912<br />

4. J. Zarco 1’55”008<br />

5. A. Dovizioso 1’55”042<br />

6. S. Redding 1’55”085<br />

7. D. Pedrosa 1’55”113<br />

Moto2<br />

29 classés.<br />

1. F. Morbidelli (I-Kalex), 20 tours<br />

en 40’18”480 (160,1 km/h)<br />

2. T. Lüthi (CH-Kalex) à 5”051<br />

3. T. Nakagami (J-Kalex) à 12”123<br />

4. M. Oliveira (POR-KTM) à 12”202<br />

5. A. Marquez (E-Kalex) à 14”385<br />

6. L. Marini (I-Kalex) à 14”413<br />

7. F. Quartararo (F-Kalex) à 14”471<br />

8. L. Baldassarri (I-Kalex) à 18”541<br />

9. X. Vierge (E-Tech3) à 20”914<br />

10. A. Pons (E-Kalex) à 21”336<br />

11. D. Aegerter (CH-Suter) à 21”847<br />

12. F. Bagnaia (I-Kalex) à 23”226<br />

13. D. Kent (GB-Suter) à 25”573<br />

14. J. Raffin (CH-Kalex) à 29”784<br />

15. X. Siméon (B-Kalex) à 30”267<br />

Meilleur temps en course :<br />

F. Morbidelli (I-Kalex), 6 e tour,<br />

2’00”349 (160,9 km/h)<br />

Moto3<br />

18 classés.<br />

9. A. Rins (E-Suzuki) à 14”788<br />

10. J. Folger (D-Yamaha) à 15”069<br />

11. J. Lorenzo (E-Ducati) à 20”516<br />

12. L. Baz (F-Ducati) à 21”255<br />

13. H. Barbera (E-Ducati) à 28”828<br />

14. K. Abraham (CZE-Ducati) à 29”123<br />

15. T. Rabat (E-Honda) à 29”470<br />

8. J. Folger 1’55”208<br />

9. C. Crutchlow 1’55”211<br />

10. V. Rossi 1’55”414<br />

11. D. Petrucci 1’55”435<br />

12. J. Lorenzo 1’55”461<br />

13. A. Bautista 1’55”581<br />

14. L. Baz 1’55”624<br />

15. A. Espargaro 1’55”634<br />

16. J. Miller 1’55”959<br />

17. K. Abraham 1’56”003<br />

18. A. Rins 1’56”179<br />

19. T. Rabat 1’56”368<br />

26 classés.<br />

1. J. Mir (E-Honda), 18 tours<br />

en 38’27”364 (151,2 km/h)<br />

2. J. McPhee (GB-Honda) à 0”135<br />

3. J. Martin (E-Honda) à 0”218<br />

4. A. Canet (E-Honda) à 0”252<br />

5. R. Fenati (I-Honda) à 0”453<br />

6. A. Migno (I-KTM) à 0”579<br />

7. N. Antonelli (I-KTM) à 0”661<br />

8. F. Di Giannantonio (I-Honda) à 0”878<br />

9. M. Ramirez (E-KTM) à 1”693<br />

10. A. Norrodin (MAL-Honda) à 7”904<br />

11. A. Sasaki (J-Honda) à 12”221<br />

12. L. Loi (B-Honda) à 16”748<br />

13. D. Binder (RSA-KTM) à 16”786<br />

14. N. Bulega (I-KTM) à 16”821<br />

15. T. Suzuki (J-Honda) à 16”832<br />

Meilleur temps en course :<br />

F. Di Giannantonio (I-Honda), 5 e tour,<br />

2’06”860 (152,6 km/h)<br />

064 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


2/ <strong>GP</strong> ARGENTINE - TERMAS DE RIO HONDO (09/04/2017)<br />

http://autodromotermas.com<br />

Longueur : 4 806 m<br />

Largeur : 16 m<br />

Virages à gauche : 5<br />

Virages à droite : 9<br />

Plus longue<br />

ligne droite : 1 076 m<br />

Construit en : 2008<br />

Modifié en : 2013<br />

25 tours : 120,15 km<br />

Air : 20 °C<br />

Piste : 25 °C<br />

Humidité : 60 %<br />

T1 : 28“359 (Viñales)<br />

T2 : 23“389 (Bautista)<br />

T3 : 25“116 (Pedrosa)<br />

T4 : 22“301 (Crutchlow)<br />

Ideal time : 1’39“165<br />

Pole : M. Marquez (Honda) – 1’47’’512<br />

Record de la piste : M. Marquez (Honda) 2014 – 1’37’’683 (177,1 km/h)<br />

Meilleure vitesse de pointe (S) : S. Bradl (Honda) 2014 – 334,1 km/h<br />

On prend les mêmes<br />

Si les vainqueurs des trois catégories sont les mêmes qu’au Qatar,<br />

il faut malgré tout noter d’importantes différences. D’abord les<br />

deux Honda offi cielles sont tombées en Moto<strong>GP</strong>, tout comme les<br />

deux Ducati (Dovi emporté par Aleix Espargaro, Lorenzo tout seul<br />

au 1 er virage), les deux Suzuki et les deux Aprilia. Derrière Viñales,<br />

Rossi a encore brillé (2 e ), tout comme Crutchlow (3 e ), mais la palme<br />

revient à Zarco, parti 14 e et qui accroche un premier Top 5. Une<br />

nouvelle super perf’ pour le pilote Tech3. À quand le podium ?...<br />

Moto<strong>GP</strong><br />

16 classés.<br />

1. M. Viñales (E-Yamaha), les 25 tours en 41’45’’060 (172,6 km/h)<br />

2. V. Rossi (I-Yamaha) à 2”915 9. J. Miller (AUS-Honda) à 25”665<br />

3. C. Crutchlow (GB-Honda) à 3”754 10. K. Abraham (CZE-Ducati) à 26”403<br />

4. A. Bautista (E-Ducati) à 6”523 11. L. Baz (F-Ducati) à 26”952<br />

5. J. Zarco (F-Yamaha) à 15”504 12. T. Rabat (E-Honda) à 41”875<br />

6. J. Folger (D-Yamaha) à 18”241 13. H. Barbera (E-Ducati) à 42”770<br />

7. D. Petrucci (I-Ducati) à 20”046 14. P. Espargaro (E-KTM) à 43”085<br />

8. S. Redding (GB-Ducati) à 25”480 15. B. Smith (GB-KTM) à 43”452<br />

Meilleur temps en course : M. Viñales (E-Yamaha), 12 e tour, 1’39’’694 (173,5 km/h)<br />

Grille de départ<br />

1. M. Marquez 1’77’’512<br />

2. K. Abraham 1’48”275<br />

3. C. Crutchlow 1’48”278<br />

4. D. Petrucci 1’48”908<br />

5. D. Pedrosa 1’49”008<br />

6. M. Viñales 1’49”218<br />

7. V. Rossi 1’49”272<br />

Moto2<br />

25 classés.<br />

1. F. Morbidelli (I-Kalex), 23 tours<br />

en 39’50”036 (166,4 km/h)<br />

2. M. Oliveira (POR-KTM) à 1”683<br />

3. T. Lüthi (CH-Kalex) à 10”551<br />

4. L. Baldassarri (I-Kalex) à 15”577<br />

5. X. Vierge (E-Tech3) à 24”527<br />

6. S. Corsi (I-Speed Up) à 24”783<br />

7. F. Bagnaia (I-Kalex) à 24”965<br />

8. S. Cortese (D-Suter) à 25”156<br />

9. B. Binder (RSA-KTM) à 25”622<br />

10. H. Syahrin (MAL-Kalex) à 25”933<br />

11. M. Schrotter (D-Suter) à 26”139<br />

12. L. Marini (I-Kalex) à 26”456<br />

13. J. Raffin (CH-Kalex) à 26”697<br />

14. D. Aegerter (CH-Suter) à 27”461<br />

15. J. Navaro (E-Kalex) à 27”628<br />

Meilleur temps en course :<br />

M. Oliveira (POR-KTM), 11 e tour,<br />

1’43”414 (167,3 km/h)<br />

8. A. Espargaro 1’49”323<br />

9. L. Baz 1’49”630<br />

10. A. Bautista 1’49”724<br />

11. J. Folger 1’49”825<br />

12. A. Iannone 1’50”725<br />

13. A. Dovizioso 1’49”488<br />

Moto3<br />

14. J. Zarco 1’49”916<br />

15. S. Redding 1’50”048<br />

16. J. Lorenzo 1’50”310<br />

17. J. Miller 1’50”319<br />

18. P. Espargaro 1’50”673<br />

19. B. Smith 1’50”676<br />

27 classés.<br />

1. J. Mir (E-Honda), 21 tours<br />

en 38’33”377 (157,0 km/h)<br />

2. J. McPhee (GB-Honda) à 0”261<br />

3. J. Martin (E-Honda) à 0”339<br />

4. P. Oettl (D-KTM) à 0”641<br />

5. A. Migno (I-KTM) à 0”890<br />

6. L. Loi (B-Honda) à 7”598<br />

7. R. Fenati (I-Honda) à 7”761<br />

8. T. Suzuki (J-Honda) à 7”831<br />

9. J. Guevara (E-KTM) à 12”000<br />

10. K. Toba (JL-Honda) à 12”079<br />

11. A. Canet (E-Honda) à 12”278<br />

12. D. Binder (RSA-KTM) à 12”294<br />

13. M. Ramirez (E-KTM) à 12”480<br />

14. T. Arbolino (I-Honda) à 12”620<br />

15. M. Herrera (E-KTM) à 13”083<br />

Meilleur temps en course :<br />

R. Fenati (I-Honda), 5 e tour,<br />

1’49”415 (158,1 km/h)<br />

3/ <strong>GP</strong> DES AMÉRIQUES - AUSTIN (23/04/2017)<br />

www.circuitoftheamericas.com<br />

Longueur : 5 513 m<br />

Largeur : 15 m<br />

Virages à gauche : 11<br />

Virages à droite : 9<br />

Plus longue<br />

ligne droite : 1 200 m<br />

Construit en : 2012<br />

21 tours : 115,773 km<br />

Air : 23 °C<br />

Piste : 40 °C<br />

Humidité : 31 %<br />

T1 : 35“286 (Rossi)<br />

T2 : 30“174 (Marquez)<br />

T3 : 30“546 (Marquez)<br />

T4 : 28“539 (Zarco)<br />

Ideal time : 2’03“757<br />

Pole : M. Marquez (Honda) – 2’02’’741<br />

Record de la piste : M. Marquez (Honda) 2014 – 2’02’’135 (162,4 km/h)<br />

Meilleure vitesse de pointe (S) : J. Lorenzo (E-Ducati) 2017 – 345,6 km/h<br />

Marquez intouchable<br />

Pole, meilleur tour en course et nouvelle victoire à Austin pour<br />

l’offi ciel Honda, sa 5 e consécutive en terre US. Depuis ses débuts en<br />

Moto<strong>GP</strong> en 2013, aucun <strong>GP</strong> des USA ne lui a échappé. Une victoire<br />

qui tombe à pic après un début de saison mitigé et qui le replace<br />

dans la course. Profi tant de la chute de Viñalès et d’un nouveau<br />

podium (2 e ), Rossi prend la tête du provisoire. Zarco, quant à lui,<br />

a une nouvelle fois fl irté avec l’excellence (5 e ). En Moto2, Morbidelli<br />

remporte un 3 e succès consécutif et Fenati s’impose en Moto3.<br />

Moto<strong>GP</strong><br />

1. M. Marquez (E-Honda), les 21 tours en 43’58’’770 (157,9 km/h)<br />

2. V. Rossi (I-Yamaha) à 3”069<br />

3. D. Pedrosa (E-Honda) à 5”112<br />

4. C. Crutchlow (GB-Honda) à 7”638<br />

5. J. Zarco (F-Yamaha) à 7”957<br />

6. A. Dovizioso (I-Ducati) à 14”058<br />

7. A. Iannone (I-Suzuki) à 15”491<br />

8. D. Petrucci (I-Ducati) à 16”772<br />

Meilleur temps en course : M. Marquez (E-Honda), 15 e tour, 2’04’’899 (158,9 km/h)<br />

Grille de départ<br />

1. M. Marquez 2’02’’741<br />

2. M. Viñales 2’02”871<br />

3. V. Rossi 2’03”673<br />

4. D. Pedrosa 2’03”866<br />

5. J. Zarco 2’03”928<br />

6. J. Lorenzo 2’04”151<br />

7. A. Dovizioso 2’04”431<br />

Moto2<br />

25 classés.<br />

1. F. Morbidelli (I-Kalex), 19 tours<br />

en 41’20”078 (152,0 km/h)<br />

2. T. Lüthi (CH-Kalex) à 2”633<br />

3. T. Nakagami (J-Kalex) à 6”809<br />

4. A. Marquez (E-Kalex) à 9”852<br />

5. D. Aegerter (CH-Suter) à 10”927<br />

6. M. Oliveira (POR-KTM) à 13”029<br />

7. S. Corsi (I-Speed Up) à 13”335<br />

8. M. Schrotter (D-Suter) à 13”754<br />

9. X. Vierge (E-Tech3) à 18”079<br />

10. L. Marini (I-Kalex) à 21”418<br />

11. H. Syahrin (MAL-Kalex) à 21”430<br />

12. F. Quartararo (F-Kalex) à 21”736<br />

13. X. Siméon (B-Kalex) à 21”974<br />

14. R. Cardus (E-KTM) à 24”245<br />

15. J. Navaro (E-Kalex) à 24”863<br />

Meilleur temps en course :<br />

F. Morbidelli (I-Kalex), 7 e tour, 2’09”948<br />

(152,7 km/h)<br />

Moto3<br />

17 classés.<br />

9. J. Lorenzo (E-Ducati) à 17”979<br />

10. J. Miller (AUS-Honda) à 18”494<br />

11. J. Folger (D-Yamaha) à 18”903<br />

12. S. Redding (GB-Ducati) à 28”735<br />

13. T. Rabat (E-Honda) à 30”041<br />

14. H. Barbera (E-Ducati) à 31”364<br />

15. A. Bautista (E-Ducati) à 1’06”547<br />

8. J. Folger 2’04”623<br />

9. C. Crutchlow 2’04”661<br />

10. S. Redding 2’04”673<br />

11. A. Iannone 2’05”741<br />

12. J. Miller 2’05”970<br />

13. D. Petrucci 2’05”221<br />

14. L. Baz 2’05”231<br />

15. H. Barbera 2’05”541<br />

16. T. Rabat 2’05”920<br />

17. K. Abraham 2’05”931<br />

18. B. Smith 2’06”258<br />

19. A. Bautista 2’06”295<br />

28 classés.<br />

1. R. Fenati (I-Honda), 12 tours<br />

en 27’15”841 (145,5 km/h)<br />

2. J. Martin (E-Honda) à 4”504<br />

3. F. Di Giannantonio (I-Honda) à 4”527<br />

4. E. Bastianini (I-Honda) à 4”673<br />

5. N. Bulega (I-KTM) à 4”968<br />

6. J. Guevara (E-KTM) à 5”618<br />

7. J. McPhee (GB-Honda) à 5”687<br />

8. J. Mir (E-Honda) à 5”852<br />

9. P. Oettl (D-KTM) à 6”594<br />

10. D. Binder (RSA-KTM) à 12”709<br />

11. G. Rodrigo (ARG-KTM) à 13”240<br />

12. A. Migno (I-KTM) à 13”285<br />

13. J. Danilo (F-Honda) à 13”290<br />

14. N. Antonelli (I-KTM) à 13”412<br />

15. L. Loi (B-Honda) à 13”491<br />

Meilleur temps en course :<br />

A. Canet (E-Honda), 2 e tour, 2’15”583<br />

(146,3 km/h)<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /065


RÉSULTATS / MOTO<strong>GP</strong><br />

4/ <strong>GP</strong> D’ESPAGNE - JEREZ (07/05/2017)<br />

www.circuitodejerez.com<br />

Longueur : 4 423 m<br />

Largeur : 11 m<br />

Virages à gauche : 5<br />

Virages à droite : 8<br />

Plus longue<br />

ligne droite : 607 m<br />

Construit en : 1986<br />

Modifié en : 2002<br />

27 tours : 119,421 km<br />

Air : 28 °C<br />

Piste : 41 °C<br />

Humidité : 25 %<br />

T1 : 24“947 (Pedrosa)<br />

T2 : 14“445 (Lorenzo)<br />

T3 : 29“761 (Pedrosa)<br />

T4 : 30“326 (Zarco)<br />

Ideal time : 1’39“479<br />

Pole : D. Pedrosa (Honda) – 1’38’’249<br />

Record de la piste : J. Lorenzo – 1’37’’910 (162,6 km/h)<br />

Meilleure vitesse de pointe (S) : A. Iannone (Ducati) 2015 – 295,9 km/h<br />

Dani se replace<br />

Inexistant depuis le début de la saison, Dani Pedrosa a frappé fort sur<br />

le circuit de Jerez. Pole, meilleur temps en course et victoire, l’offi ciel<br />

Honda – qui travaille avec Sete Gibernau – n’a laissé à personne<br />

le soin d’occuper le devant de la scène. Et de se replacer comme un<br />

champion du monde provisoire ? L’avenir nous le dira. Derrière lui,<br />

Marquez et Lorenzo grimpent sur le podium et les Yamaha ont souffert<br />

tout le week-end avec leurs gommes. Côté français, Zarco brille de plus<br />

en plus et termine 4 e après un début de course digne des très grands.<br />

Moto<strong>GP</strong><br />

1. D. Pedrosa (E-Honda), les 27 tours en 45’26’’827 (157,6 km/h)<br />

2. M. Marquez (E-Honda) à 6”136<br />

3. J. Lorenzo (E-Ducati) à 14”767<br />

4. J. Zarco (F-Yamaha) à 17”601<br />

5. A. Dovizioso (I-Ducati) à 22”913<br />

6. M. Viñales (E-Yamaha) à 24”556<br />

7. D. Petrucci (I-Ducati) à 24”959<br />

8. J. Folger (D-Yamaha) à 27”721<br />

Meilleur temps en course : D. Pedrosa (E-Honda), 3 e tour, 1’40”243 (158,8 km/h)<br />

Grille de départ<br />

1. D. Pedrosa (E-Honda), 1’38’’249<br />

2. M. Marquez 1’38”298<br />

3. C. Crutchlow 1’38”453<br />

4. M. Viñales 1’38”677<br />

5. A. Iannone 1’38”744<br />

6. J. Zarco 1’38”861<br />

7. V. Rossi 1’38”908<br />

Moto2<br />

26 classés.<br />

1. A. Marquez (E-Kalex), 25 tours<br />

en 43’24”350 (152,8 km/h)<br />

2. F. Bagnaia (I-Kalex) à 3”442<br />

3. M. Oliveira (POR-KTM) à 4”958<br />

4. M. Pasini (I-Kalex) à 6”824<br />

5. L. Marini (I-Kalex) à 6”917<br />

6. M. Schrotter (D-Suter) à 9”561<br />

7. D. Aegerter (CH-Suter) à 10”266<br />

8. T. Lüthi (CH-Kalex) à 11”594<br />

9. Y. Hernandez (COL-Kalex) à 19”212<br />

10. A. Pons (E-Kalex) à 19”293<br />

11. L. Baldassarri (I-Kalex) à 19”672<br />

12. J. Navarro (E-Kalex) à 24”487<br />

13. H. Syahrin (MAL-Kalex) à 25”522<br />

14. R. Cardus (E-KTM) à 26”049<br />

15. T. Nagashima (J-Kalex) à 26”089<br />

Meilleur temps en course :<br />

F. Morbidelli (I-Kalex), 2 e tour,<br />

1’42”596 (155,1 km/h)<br />

8. J. Lorenzo 1’38”910<br />

9. J. Folger 1’39”108<br />

10. J. Miller 1’39”125<br />

11. S. Redding 1’39”152<br />

12. A. Espargaro 1’39”400<br />

13. D. Petrucci 1’39”090<br />

Moto3<br />

17 classés.<br />

9. A. Espargaro (E-Aprilia) à 31”233<br />

10. V. Rossi (I-Yamaha) à 38”682<br />

11. S. Redding (GB-Ducati) à 40”979<br />

12. H. Barbera (E-Ducati) à 43”199<br />

13. L. Baz (F-Ducati) à 43”211<br />

14. B. Smith (GB-KTM) à 47”964<br />

15. K. Abraham (CZE-Ducati) à 51”279<br />

14. A. Dovizioso 1’39”255<br />

15. P. Espargaro 1’39”282<br />

16. B. Smith 1’39”321<br />

17. A. Bautista 1’39”462<br />

18. T. Rabat 1’39”564<br />

19. K. Abraham 1’39”678<br />

27 classés.<br />

1. A. Canet (E-Honda), 23 tours<br />

en 41’25”706 (147,3 km/h)<br />

2. R. Fenati (I-Honda) à 0”031<br />

3. J. Mir (E-Honda) à 0”155<br />

4. M. Ramirez (E-KTM) à 0”358<br />

5. F. Di Giannantonio (I-Honda) à 0”946<br />

6. A. Migno (I-KTM) à 1”162<br />

7. N. Bulega (I-KTM) à 1”417<br />

8. E. Bastianini (I-Honda) à 1”456<br />

9. J. Martin (E-Honda) à 1”961<br />

10. J. Guevara (E-KTM) à 2”000<br />

11. B. Bendsneyder (NL-KTM) à 7”431<br />

12. J. Danilo (F-Honda) à 9”958<br />

13. G. Rodrigo (ARG-KTM) à 10”028<br />

14. A. Arenas (E-Mahindra) à 10”665<br />

15. A. Sasaki (J-Honda) à 14”062<br />

Meilleur temps en course :<br />

A. Migno (I-KTM), 3 e tour, 1’46”923<br />

(148,9 km/h)<br />

5/ <strong>GP</strong> DE FRANCE - LE MANS (21/05/2017)<br />

www.gpfrancemoto.com<br />

Longueur : 4 180 m<br />

Largeur : 13 m<br />

Virages à gauche : 4<br />

Virages à droite : 9<br />

Plus longue<br />

ligne droite : 674 m<br />

Construit en : 1966<br />

Modifié en : 2008<br />

28 tours : 117,18 km<br />

Air : 21 °C<br />

Piste : 37 °C<br />

Humidité : 50 %<br />

T1 : 20“940 (Viñales)<br />

T2 : 21“143 (Rossi)<br />

T3 : 25“584 (Viñales)<br />

T4 : 24“268 (Rossi)<br />

Ideal time : 1’31“935<br />

Pole : M. Viñales (E-Yamaha) – 1’31’’994<br />

Record de la piste : J. Lorenzo (2016) – 1’31’’975 (163,8 km/h)<br />

Meilleure vitesse de pointe (S) : A. Iannone (Ducati) 2015 – 315,4 km/h<br />

Premier podium pour Zarco<br />

Les dirigeants de Yamaha sont passés à côté d’un triplé pour fêter<br />

la 500 e victoire de la marque en catégorie reine. La faute à Rossi<br />

qui a perdu l’avant dans le dernier tour en attaquant Viñales. Et<br />

c’est Zarco (auteur de sa 1 re ligne aux essais) qui monte sur son<br />

1 er podium, à la seconde place après une course gigantesque : départ<br />

en tête, 5 tours devant, puis bagarre avec les deux offi ciels Yam’ toute<br />

la course. Sublime ! Marquez ayant chuté, c’est Pedrosa qui complète<br />

le podium. Morbidelli en Moto2 et Mir en Moto3 s’imposent à nouveau.<br />

Moto<strong>GP</strong><br />

1. M. Viñales (E-Yamaha), les 28 tours en 43’29’’793 (161,6 km/h)<br />

2. J. Zarco (F-Yamaha) à 3”134<br />

3. D. Pedrosa (E-Honda) à 7”717<br />

4. A. Dovizioso (I-Ducati) à 11”223<br />

5. C. Crutchlow (GB-Honda) à 13”519<br />

6. J. Lorenzo (E-Ducati) à 24”002<br />

7. J. Folger (D-Yamaha) à 25”733<br />

8. J. Miller (AUS-Honda) à 32”603<br />

Meilleur temps en course : M. Viñales (E-Yamaha), 28 e tour, 1’32”309 (16302 km/h)<br />

Grille de départ<br />

1. M. Viñales (E-Yamaha) 1’31”994<br />

2. V. Rossi 1’32”100<br />

3. J. Zarco 1’32”229<br />

4. C. Crutchlow 1’32”300<br />

5. M. Marquez 1’32”493<br />

6. A. Dovizioso 1’32”726<br />

7. S. Redding 1’33”119<br />

Moto2<br />

25 classés.<br />

1. F. Morbidelli (I-Kalex), 26 tours<br />

en 42’17”557 (154,3 km/h)<br />

2. F. Bagnaia (I-Kalex) à 1”714<br />

3. T. Lüthi (CH-Kalex) à 5”837<br />

4. A. Marquez (E-Kalex) à 6”212<br />

5. M. Pasini (I-Kalex) à 13”537<br />

6. D. Aegerter (CH-Suter) à 14”945<br />

7. T. Nakagami (J-Kalex) à 16”413<br />

8. S. Corsi (I-Speed Up) à 16”681<br />

9. X. Vierge (E-Tech3) à 17”163<br />

10. Y. Hernandez (COL-Kalex) à 17”605<br />

11. H. Syahrin (MAL-Kalex) à 22”528<br />

12. M. Schrotter (D-Suter) à 22”909<br />

13. R. Cardus (E-KTM) à 23”801<br />

14. S. Cortese (D-Suter) à 24”322<br />

15. A. Pons (E-Kalex) à 25”959<br />

Meilleur temps en course :<br />

F. Morbidelli (I-Kalex), 21 e tour,<br />

1’36”836 (155,5 km/h)<br />

Moto3<br />

15 classés.<br />

9. L. Baz (F-Ducati) à 45”784<br />

10. A. Iannone (I-Suzuki) à 48”332<br />

11. T. Rabat (E-Honda) à 50”036<br />

12. P. Espargaro (E-KTM) à 52”661<br />

13. B. Smith (GB-KTM) à 53”179<br />

14. S. Lowes (GB-Aprilia) à 55”432<br />

15. S. Guintoli (F-Suzuki) à 1’06”878<br />

8. P. Espargaro 1’33”399<br />

9. K. Abraham 1’33”517<br />

10. B. Smith 1’33”629<br />

11. J. Miller 1’33”756<br />

12. L. Baz 1’33”955<br />

13. D. Pedrosa 1’32”415<br />

14. A. Bautista 1’32”484<br />

15. J. Folger 1’32”695<br />

16. J. Lorenzo 1’32”830<br />

17. A. Iannone 1’32”844<br />

18. A. Espargaro 1’33”187<br />

19. D. Petrucci 1’33”231<br />

23 classés.<br />

1. J. Mir (E-Honda), 16 tours<br />

en 27’37”830 (145,4 km/h)<br />

2. A. Canet (E-Honda) à 4”252<br />

3. F. Di Giannantonio (I-Honda) à 4”365<br />

4. M. Ramirez (E-KTM) à 4”469<br />

5. J. Guevara (E-KTM) à 4”845<br />

6. E. Bastianini (I-Honda) à 5”463<br />

7. J. Danilo (F-Honda) à 5”652<br />

8. A. Migno (I-KTM) à 5”821<br />

9. B. Bendsneyder (NL-KTM) à 6”049<br />

10. D. Kent (GB-KTM) à 6”193<br />

11. J. Kornfeil (CZE-Peugeot) à 8”504<br />

12. J. McPhee (GB-Honda) à 16”741<br />

13. N. Atiratphuvap (THA-Honda) à 16”006<br />

14. L. Dalla Porta (I-Mahindra) à 16”405<br />

15. M. Bezzecchi (I-Mahindra) à 16”514<br />

Meilleur temps en course :<br />

J. Mir (E-Honda), 3 e tour, 1’42”485<br />

(147,0 km/h)<br />

Classements provisoires, voir Actus<br />

066 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


LE PLUS BEAU SUPERCROSS DU MONDE<br />

DE RETOUR À PARIS<br />

Nouvelle salle, nouvelle dimension, nouveau show !<br />

18 &19<br />

NOVEMBRE 2017<br />

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Nanterre - Paris La Défense<br />

Photo : Agence Christian de Portzamparc<br />

Billetterie et informations<br />

SUPERCROSSPARIS.COM<br />

uarena.com


PORTRAIT<br />

068 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


RAYMOND<br />

ROCHE<br />

PAS DE VICTOIRE, MAIS<br />

UNE SACRÉE HISTOIRE<br />

S’il n’a jamais remporté de Grand Prix, Raymond Roche<br />

fait néanmoins partie des grandes figures du sport moto<br />

français. Dans les années 80, le Toulonnais fut avec<br />

Christian Sarron l’un des rares Européens à tenir tête<br />

aux pilotes américains. Forte tête et grande gueule,<br />

le bonhomme peut par ailleurs se targuer de compter<br />

à son palmarès deux titres de champion du monde,<br />

le premier en endurance, le second en Superbike.<br />

Par Michel Turco. Photos archives MR, Jean-Aignan Museau.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /069


PORTRAIT / RAYMOND ROCHE<br />

1<br />

2<br />

3<br />

1 Quand l’endurance menait aux Grands Prix. C’est grâce à Jean-Louis<br />

Guillou, alors patron du service compétition Honda France, que Raymond<br />

récupérera une 500 NS en 1983. 2 À l’attaque sur une 350 Yamaha,<br />

en 1977, devant Jacques Cornu. 3 En 1979, sur le circuit Paul-Ricard<br />

lors du Moto Journal 200. 4 Toujours au Castellet, en 1980, Raymond<br />

participe au Bol d’Or avec une des OW31 engagées par Yamaha<br />

Sonauto. 5 Serge Rosset, les mains dans le cambouis. C’est au sein<br />

de l’équipe Kawasaki dirigée par le Savoyard que Roche décrochera,<br />

avec Jean Lafond, le titre de champion du monde d’endurance 1982.<br />

070 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


4<br />

« TAÏRA M’A PERCUTÉ DE PLEIN FOUET. IL A<br />

RUINÉ MA FIN DE SAISON. TOUS LES MATINS<br />

QUAND JE ME LÈVE, JE PENSE À LUI »<br />

5<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /071


PORTRAIT / RAYMOND ROCHE<br />

1<br />

2<br />

072 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


3<br />

4<br />

5<br />

1 En 1984, devant Randy<br />

Mamola et Eddie Lawson.<br />

Cette année-là, Raymond<br />

Roche termine à la troisième<br />

place du championnat<br />

du monde 500. 2 La saison<br />

suivante, le Toulonnais rejoint<br />

l’équipe Yamaha officielle<br />

alors dirigée par Giacomo<br />

Agostini. Une saison<br />

difficile qui se conclura<br />

par une septième place<br />

au championnat et une<br />

séparation prématurée.<br />

3 À l’époque de l’endurance<br />

avec Honda. 4 Des filles<br />

et Mamola. Le Français et<br />

l’Américain se sont toujours<br />

voué une farouche inimitié.<br />

Sur la piste comme en<br />

coulisses. 5 Ses dernières<br />

saisons de Grands Prix,<br />

Raymond Roche les<br />

dispute avec l’équipe<br />

Cagiva. Le Varois travaille<br />

alors avec Alain Chevallier.<br />

Deux caractères et<br />

deux personnages qui<br />

auront marqué l’histoire<br />

de la vitesse française.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /073


PORTRAIT / RAYMOND ROCHE<br />

Dans la maison qu’il occupe<br />

aujourd’hui dans le centre-ville<br />

d’Ollioules, petite cité médiévale<br />

située entre Toulon et le circuit<br />

Paul-Ricard, Raymond Roche ne<br />

cherche pas longtemps lorsqu’on<br />

lui demande d’exhumer ses anciens trophées.<br />

De sa dizaine de podiums en Grands Prix<br />

et de ses vingt-trois victoires en Mondial<br />

en Superbike, le Varois n’a conservé que<br />

deux trophées : le Casque d’Or décerné par le<br />

magazine italien Moto Sprint pour son titre en<br />

1990, et une statuette en bois japonaise offerte<br />

par les organisateurs de l’épreuve de Sugo lors<br />

de cette même saison à l’issue de laquelle il fut<br />

sacré champion du monde Superbike. « J’ai<br />

gardé ces deux-là parce qu’ils ont de la gueule,<br />

explique Raymond. Le premier ressemble<br />

à une statue de Giacometti et le second est<br />

un objet qui me plaît bien. » Tout le reste, le<br />

Toulonnais ne sait plus très bien ce que c’est<br />

devenu. « Il y a peut-être des trucs qui traînent<br />

encore chez ma mère... De toute façon, je m’en<br />

fous. » Contrairement à de nombreux anciens<br />

champions qui pataugent dans les souvenirs<br />

et se réunissent régulièrement pour se rappeler<br />

le bon vieux temps en remettant le cul sur les<br />

motos de leurs lointains exploits, Raymond<br />

Roche a depuis longtemps fait du passé<br />

table rase. « Les trucs de vieux combattants<br />

ne m’intéressent pas, assure-t-il.<br />

J’ai pas envie de remonter<br />

sur des casseroles et m’en<br />

coller une avec une machine<br />

bricolée par je ne sais qui...<br />

Quand je courais, j’étais<br />

très méticuleux, je restais<br />

avec mes mécaniciens pour<br />

travailler sur les motos, c’est<br />

moi qui faisais mes boîtes de<br />

vitesses... Et puis je sais que<br />

je ne serais plus capable de rouler comme<br />

avant et cela me gonflerait. J’en ai fait<br />

récemment l’expérience sur le Ricard avec une<br />

Ducati que m’avait prêtée Dario Marchetti... »<br />

Depuis qu’il a rendu son tablier, il y a près de<br />

vingt-cinq ans, celui qui se hissa à la troisième<br />

place du championnat du monde 500 en 1984 a<br />

donc tourné le dos à la course. Enfin presque...<br />

« Cette année, je suis tombé par hasard sur<br />

le Grand Prix du Qatar, raconte Raymond.<br />

J’ai envoyé un texto à Poncharal pour<br />

lui dire de garder au chaud son Zarco.<br />

Celui-là, il va gagner. » Ce que le Toulonnais<br />

n’a jamais su faire à l’époque où il défiait<br />

les stars américaines de la catégorie 500.<br />

PETIT HOMME AU SANG<br />

CHAUD DEVENU HÉROS<br />

En 1984, Raymond Roche est pourtant monté<br />

à huit reprises sur le podium, dont quatre fois<br />

sur la deuxième marche. « Je me suis retrouvé<br />

en tête plus d’une fois dans le dernier tour,<br />

se souvient-il. Comme à Assen ou en<br />

Suède... Mais j’ai malheureusement toujours<br />

été handicapé par des douleurs aux bras.<br />

Au bout de trois tours, je ne tenais plus la<br />

moto. Je pilotais en force et je finissais avec<br />

les avant-bras tout gonflés et durs comme<br />

du bois. Je me suis fait opérer du syndrome<br />

des Loges mais cela n’a rien changé. Ce<br />

n’est qu’en 1988 que je me suis débarrassé<br />

de ce problème... En fait, je ne buvais pas<br />

assez d’eau et je me nourrissais mal. » Si<br />

la victoire lui a toujours échappé, Raymond<br />

n’en a pas moins été le héros de toute une<br />

génération de motards à une époque où<br />

la compétition drainait sur les circuits des<br />

hordes de purs et durs qui se reconnaissaient<br />

volontiers dans ce petit homme au sang chaud.<br />

Sur la piste comme dans les paddocks, ce<br />

Méditerranéen trapu et noueux comme un cep<br />

de vigne n’a jamais manqué de tempérament.<br />

« L’ÉQUIPE M’A LAISSÉ<br />

SUR LE CARREAU »<br />

Jean-Philippe Ruggia n’a d’ailleurs jamais<br />

oublié les premières séances d’essais de<br />

son glorieux aîné sur le circuit Paul-Ricard.<br />

Alors tout gamin, il ramassait les morceaux<br />

de carénage éparpillés dans les bacs à gravier<br />

pendant que son père courait derrière son<br />

« fada » de pilote, un marteau à la main.<br />

S’il est parvenu au fil des saisons à canaliser<br />

sa fougue, ce Méditerranéen au patronyme<br />

évocateur n’a pour autant jamais réussi à<br />

maîtriser son verbe, disant tout haut ce que<br />

d’autres pensaient tout bas. Cela lui a bien<br />

évidemment joué des<br />

tours, et attiré quelques<br />

inimitiés. La course,<br />

Raymond Roche l’a donc<br />

découverte à l’époque<br />

où il était apprenti<br />

mécanicien chez Jean<br />

Ruggia, concessionnaire<br />

Yamaha toulonnais. « Ma<br />

mère avait compris que<br />

l’école n’était pas faite pour moi, et comme<br />

j’étais dingue de moto, elle a envoyé une lettre<br />

à Ruggia qui m’a embauché. À cette époque,<br />

il y avait toute une clique de pilotes qui traînait<br />

dans son magasin, comme Jimenez et Cassis.<br />

Un jour, il m’a fait essayer une moto sur le<br />

circuit du Luc, et comme j’étais le plus rapide,<br />

il a décidé de m’engager en championnat<br />

de France. Je courais en 125 et en 250,<br />

je me rappelle avoir gagné ma première<br />

course à Montlhéry en battant Ruiz. » Très<br />

vite, Raymond rêve de Grands Prix. Jean<br />

Ruggia n’est pas chaud pour l’emmener plus<br />

haut. C’est le voisin Christian Audemar qui<br />

prend le relais. En 1978, il inscrit ses premiers<br />

points en Grands Prix. Trois en 350, vingt-trois<br />

en 250. « À Nogaro, pour le Grand Prix de<br />

France, je m’étais qualifié en première ligne »,<br />

se souvient-il. Raymond monte sur son premier<br />

podium en deux et demi sur le circuit de<br />

Silverstone. Il termine derrière la Kawasaki<br />

d’Anton Mang et la Yamaha de Tom Herron.<br />

Très vite, pourtant, il décide d’abandonner les<br />

moyennes cylindrées pour se lancer en 750 où<br />

il se sent davantage en mesure d’exprimer son<br />

talent. « J’aimais les motos puissantes, c’était<br />

plus excitant à piloter. Avec le recul, je me dis<br />

que j’aurais quand même dû insister en 125 et<br />

1<br />

2<br />

1 En se reconvertissant au Superbike,<br />

Raymond Roche va décrocher les victoires<br />

qu’il a laissé échapper en Grands Prix.<br />

À la clé, un titre de champion du monde.<br />

2 En mars 1993, le Toulonnais participe<br />

à sa dernière course sur le circuit de Daytona.<br />

3 Conférence de presse aux côtés d’Eddie<br />

Lawson et Scott Russel. 4 Devenu team<br />

manager, Raymond fait courir Falappa<br />

et Fogarty. Il a aussi découvert celui<br />

qui deviendra la figure de proue<br />

de l’usine Ducati dans les années 90.<br />

074 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


« J’AI CHOISI LE PARMESAN PLUTÔT QUE<br />

LE PUDDING SANS SAVOIR QUE JE SIGNAIS<br />

MON ARRÊT DE MORT EN GRANDS PRIX »<br />

3 4<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /075


PORTRAIT / RAYMOND ROCHE<br />

en 250 car j’avais le gabarit pour gagner. »<br />

Mais Raymond a toujours avancé à l’instinct,<br />

sans jamais faire de calcul ni de compromission.<br />

Une forte tête qui a toujours eu du mal<br />

à se fondre dans les grosses structures...<br />

En 1979, Raymond Roche termine à la<br />

huitième place du championnat 750 remporté<br />

par Patrick Pons. Les deux hommes font<br />

équipe la saison suivante sous les couleurs<br />

Sonauto, Jean-Claude Olivier ayant décidé<br />

de faire appel au Toulonnais pour remplacer<br />

Christian Sarron, blessé. L’affaire va tourner<br />

court. « Patrick s’est tué au mois d’août<br />

à Silverstone et l’équipe s’est retirée en<br />

me laissant sur le carreau. De toute façon,<br />

Jean-Claude Olivier ne pouvait pas me<br />

blairer, moi le Sudiste aux cheveux longs<br />

et aux santiags... Il a préféré prendre Marc<br />

Fontan pour la suite. » Grâce au soutien<br />

du circuit Paul-Ricard et des frères Teston,<br />

alors importateurs des casques Nava,<br />

Raymond s’achète des Suzuki pour<br />

repartir en solo. Il brille en parallèle en<br />

endurance avec la Kawasaki de l’équipe<br />

de Serge Rosset, décrochant même le titre<br />

de champion du monde en compagnie<br />

de Jean Lafond. « J’espérais que cela<br />

m’aiderait à récupérer les 500 de Kork<br />

Ballington pour revenir en Grands Prix,<br />

mais Kawasaki a mis des bâtons dans les<br />

roues à Xavier Maugendre (l’importateur<br />

de l’époque). J’ai donc signé avec<br />

Honda France pour repartir en endurance.<br />

Monsieur Guillou m’aimait bien... » C’est<br />

d’ailleurs ce dernier qui va permettre à<br />

Raymond d’obtenir la nouvelle 500 NS, trois<br />

cylindres compétition-client, que le HRC<br />

met sur le marché en 1983. « Une moto qui<br />

marchait pas mal », souligne le Toulonnais,<br />

dixième du championnat lors de cette<br />

saison qui vit Freddie Spencer décrocher<br />

son premier titre de champion du monde.<br />

PROBLÈMES DE BRAS ET<br />

MALCHANCE CHRONIQUE<br />

En 1984, Raymond Roche passe un cap<br />

et se retrouve régulièrement à la lutte avec<br />

les Spencer, Lawson, Mamola, Mc Elnea et<br />

compagnie. S’il monte à huit reprises sur le<br />

podium, la victoire lui échappe cruellement.<br />

« J’aurais pu gagner à Assen si j’avais<br />

poussé Mamola dans l’herbe à la sortie<br />

du dernier virage, mais si j’étais agressif,<br />

je n’étais pas non plus méchant. Et puis en<br />

Suède aussi, j’aurais pu finir devant Lawson<br />

si je n’avais pas eu de crampes et si j’avais<br />

pu me servir normalement de ma poignée<br />

de gaz. » Problèmes de bras, mais aussi<br />

malchance chronique comme lors de ce<br />

Grand Prix de France où il casse un clapet<br />

d’admission alors qu’il caracole en tête.<br />

« D’autres pilotes Honda avaient connu<br />

ce problème au warm up mais personne<br />

ne nous en avait parlé, déplore-t-il encore<br />

aujourd’hui. Le fonctionnement des équipes<br />

Honda était vraiment très spécial. » Le HRC<br />

lui confie pourtant à Silverstone le V4 de<br />

Spencer. « Je n’en voulais pas, et leur ai vite<br />

rendu après l’avoir mis par terre... J’étais<br />

beaucoup mieux sur mon trois-cylindres. »<br />

Crime de lèse-majesté... Alors que tous les<br />

pilotes Honda sont censés récupérer un V4<br />

enfin mis au point pour la saison suivante,<br />

Roche apprend qu’il devra se contenter du<br />

V3. « Avec Spencer et Mamola, les Japonais<br />

n’avaient pas besoin de moi. » C’est ainsi<br />

que Roche accepte la proposition d’Agostini<br />

« LES TRUCS DE VIEUX COMBATTANTS NE<br />

M’INTÉRESSENT PAS. J’AI PAS ENVIE DE REMONTER<br />

SUR DES CASSEROLES ET M’EN COLLER UNE »<br />

076 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


pour faire équipe avec Eddie Lawson dans<br />

le team Yamaha Marlboro. Quand les patrons<br />

du service course Honda apprennent la<br />

nouvelle, Raymond voit arriver une<br />

délégation de Japonais dans son jardin. Mais<br />

il est trop tard. Sa signature est déjà apposée<br />

au bas du contrat qui le lie pour une saison à<br />

la marque aux trois diapasons. « Une erreur,<br />

dit-il aujourd’hui. Ago ne servait à rien sinon<br />

à s’occuper de l’argent. C’est Caruthers qui<br />

tirait les ficelles et il n’y en avait que pour<br />

Lawson. En plus, je me suis fait mal d’entrée<br />

à Kyalami à cause d’une durite d’eau<br />

mal serrée. Entre un truc et un autre, j’ai<br />

vite perdu confiance. Et dans ce sport,<br />

sans confiance, tu ne fais rien de bon. »<br />

Septième du championnat du monde en<br />

1985, Raymond remonte ensuite une équipe<br />

avec Katayama et des Honda privées.<br />

Mais sans moyens, les résultats ne suivent<br />

pas. Les frères Castiglioni lui proposent<br />

alors une place dans l’aventure Cagiva.<br />

« J’avais également une offre de Suzuki.<br />

Mais l’équipe était anglaise et je n’avais<br />

pas envie de me faire enfler par des Anglais<br />

après m’être fait avoir par des Américains.<br />

J’ai donc choisi le parmesan au pudding sans<br />

savoir que je signais mon arrêt de mort en<br />

Grands Prix. » Ses illusions seront en effet<br />

de courte durée. « J’ai fait de belles courses<br />

la première saison. J’étais régulièrement<br />

devant Schwantz dont la Suzuki débutait,<br />

elle aussi. J’y ai cru jusqu’à ce que je<br />

comprenne que les problèmes politiques<br />

au sein de l’usine ne nous permettraient pas<br />

d’obtenir les moyens techniques nécessaires.<br />

La Cagiva n’a commencé à fonctionner<br />

correctement que lorsque les ingénieurs<br />

Yamaha sont venus aider les Italiens. J’aurais<br />

quand même pu monter sur le podium à Imola<br />

si je n’avais pas cassé le vilebrequin dans<br />

le dernier tour. C’est à l’arrivée de cette<br />

course que Taïra m’a percuté de plein fouet en<br />

pensant qu’il restait un tour. Il m’a massacré<br />

un pied et a ruiné ma fin de saison. Tous<br />

les matins quand je me lève, je pense à lui. »<br />

« LA COURSE, C’EST<br />

PAS DU CURLING »<br />

Lorsque les frères Castiglioni recrutent<br />

Mamola, Roche est gentiment poussé vers<br />

la sortie. « Ils venaient alors de racheter<br />

Ducati et ils m’ont proposé de développer<br />

leur moto de Superbike. Au départ, j’étais<br />

pas très chaud, puis j’ai finalement dit<br />

oui. » Deux ans suffisent au Français pour<br />

décrocher le titre de champion du monde :<br />

« Je me suis régalé avec cette moto car<br />

elle était vraiment compétitive. J’ai gagné<br />

vingt-trois courses et bien gagné ma<br />

vie. » Par la suite, Raymond n’arrive pas<br />

à conserver son trophée. « J’étais pourtant<br />

au sommet de mon art. J’attaquais comme<br />

un fou, mais je n’arrivais pas à suivre<br />

Polen. » C’est quelques mois plus tard<br />

qu’il comprendra pourquoi, après avoir<br />

mis un terme à sa carrière de pilote. Il<br />

raconte : « Je me retrouve team manager<br />

chez Ducati et je m’accorde une dernière<br />

course à Daytona, épreuve à laquelle je<br />

n’avais jamais participé. En arrivant sur<br />

le circuit, je demande les réglages utilisés<br />

par Polen l’année d’avant. Et là, je découvre<br />

qu’il roulait depuis un an avec le 996 alors<br />

que je n’avais disposé pour ma part que<br />

du 888. » Dégoûté, Raymond Roche décide<br />

d’abandonner ce jour-là son job de team<br />

manager et de tourner le dos à un monde<br />

qu’il estime alors ne plus être fait pour lui.<br />

Après avoir été à la création de la société<br />

Shark, il lancera différentes marques, les<br />

casques Airborn et la bagagerie U Bike<br />

étant les dernières en date. Le temps<br />

a bien sûr estompé l’amertume de sa fin<br />

de carrière. « De toute façon, à 35 ans,<br />

je n’avais pas envie de continuer à<br />

courir sur une moto boiteuse. Je venais<br />

d’avoir un gosse... Quand tu commences<br />

à gamberger, il faut arrêter. La course,<br />

ça n’est pas du curling. Aujourd’hui,<br />

je me dis que sans la moto, je ne sais<br />

pas ce que je serais devenu après<br />

avoir été apprenti... J’ai eu la chance<br />

de voyager, de rencontrer des personnes<br />

intéressantes, de bien gagner ma<br />

vie et de piloter de belles machines.<br />

Même si je n’ai jamais gagné de<br />

Grands Prix, je n’ai pas à me plaindre. »<br />

1<br />

2 3<br />

1 Les années ont passé. Roche<br />

a aujourd’hui franchi le cap de la<br />

soixantaine. 2 et 3 De sa carrière,<br />

le Varois n’a conservé que deux<br />

Trophées, celui d’une victoire au Japon<br />

et le Casque d’Or que lui a décerné<br />

le magazine Moto Sprint en 1990.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /077


MAG<br />

078 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


PLATEAU<br />

LE DÉSERT<br />

AMÉRICAIN<br />

Il n’y aura pas un seul pilote US au départ d’un<br />

Grand Prix des États-Unis cette année. Déjà effective<br />

en 2016, cette absence américaine sur<br />

la grille du championnat du monde inquiète.<br />

Par Daryl Ramadier. Photos Jean-Aignan Museau et archives MR.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /079


MAG / LE DÉSERT AMÉRICAIN<br />

Dimanche 23 avril 2017, circuit des<br />

Amériques, 13 h 50 : les dizaines<br />

de milliers de spectateurs réunis<br />

à Austin écoutent religieusement<br />

The Star-Spangled Banner. Nul<br />

ne peut certifier quel sera, une<br />

heure plus tard, l’hymne joué sur le podium<br />

pour le vainqueur. Mais une chose est sûre : ce<br />

ne sera pas celui des États-Unis, pour la simple<br />

raison qu’aucun natif du pays n’est sur la grille.<br />

LE POIDS DE L’HISTOIRE<br />

L’an dernier, déjà, pas un représentant national<br />

n’avait pris le départ de l’épreuve organisée<br />

aux USA. Du jamais vu dans l’histoire des <strong>GP</strong>,<br />

de Daytona 1964 à Indy 2015. Pire encore : sauf<br />

wild card de dernière minute, aucun Américain<br />

ne sera classé dans l’une des catégories à<br />

l’issue de la saison. Une première depuis 1975.<br />

La saison dernière aurait pu être tristement<br />

historique si Nicky Hayden, invité de dernière<br />

minute pour remplacer Jack Miller, n’avait<br />

pas sauvé l’honneur en terminant quinzième<br />

en Aragon. Cette fois, la bannière étoilée ne<br />

devrait pas apparaître dans le tableau final du<br />

Moto<strong>GP</strong>. Qu’elles sont loin, ces années 80 où<br />

Eddie Lawson, Freddie Spencer, Kenny Roberts<br />

et autre Wayne Rainey dominaient les pistes !<br />

« À mon époque, la question n’était pas “est-ce<br />

qu’un Américain va gagner ?’’, mais ‘‘quel<br />

Américain va gagner ?’’ », se désole Kevin<br />

Schwantz dans les colonnes d’Autosport. Qui se<br />

souvient, par exemple, du <strong>GP</strong> de Hongrie 1992,<br />

où le Top 5 en 500 cm 3 était entièrement américain<br />

(Lawson-Chandler-Mamola-Schwantz-Rainey) ?<br />

En seize années d’existence, seuls Nicky Hayden<br />

(Laguna Seca 2005 et 2006) et Ben Spies<br />

(Assen 2011) sont montés sur la plus haute<br />

marche du podium. Le compteur de succès,<br />

débloqué par Pat Hennen en 1976 à Imatra, reste<br />

bloqué à 173 ; celui des titres mondiaux à 17.<br />

UN CHEMIN TRUFFÉ<br />

D’EMBÛCHES<br />

L’absence des États-Unis à un tel niveau pose<br />

la question de l’intégration. Que faisaient (et<br />

d’où venaient) les derniers pilotes américains<br />

avant leur accession à la catégorie reine ? John<br />

Hopkins a remporté l’AMA Supersport 750,<br />

puis la Formula Xtreme. Colin Edwards a fait<br />

ses armes aux USA avant de devenir double<br />

champion du monde Superbike. Nicky Hayden<br />

a remporté l’AMA Supersport 600, puis l’AMA<br />

Superbike. Ben Spies a empilé les titres dans son<br />

pays (Formula Xtreme, Superstock, Superbike),<br />

avant d’être couronné dès sa première saison de<br />

WSBK. L’itinéraire d’un Américain passe donc<br />

avant tout par des compétitions nationales, voire<br />

la filière du mondial SBK si la possibilité lui en<br />

est donnée. Or, ce parcours n’est plus plébiscité.<br />

Sur les 23 pilotes qui composent actuellement<br />

le plateau Moto<strong>GP</strong>, 19 proviennent directement<br />

de l’une des catégories inférieures – 20 si l’on<br />

compte Karel Abraham, ex-Moto2 revenu<br />

du Superbike. Et parmi eux, la plupart sont<br />

passés par le CEV avant d’arriver en Mondial.<br />

Comment le leur reprocher, puisque c’est<br />

1<br />

1 Wayne Rainey (n° 3), Eddie Lawson (n° 1), Kevin Schwantz (n° 34)... Il y a quelques<br />

décennies, les Américains dominaient en 500. Ici en 1989 : 13 Grands Prix remportés sur 15.<br />

2 L’an dernier, Nicky Hayden termine 15 e en Aragon. Le dernier point américain marqué<br />

en Moto<strong>GP</strong> à ce jour. 3 Kenny Roberts Jr. (à droite) intronisé Moto<strong>GP</strong> Legends aux côtés<br />

de son père. Le temps passe... 4 Pas un triomphe américain depuis celui de Ben Spies<br />

à Assen, en 2011. 5 Hayden, poursuivi par Kenny Roberts Jr., glanait en 2006 le dernier<br />

titre US. 6 Douze podiums mais aucune victoire pour Colin Edwards, ici en 2003.<br />

2<br />

3<br />

080 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


4<br />

5<br />

6<br />

SAUF WILD CARD, AUCUN PILOTE AMÉRICAIN<br />

NE SERA CLASSÉ CETTE SAISON<br />

Les États-Unis en <strong>GP</strong><br />

15<br />

Laguna Seca<br />

Californie<br />

8<br />

5 2<br />

Austin<br />

Texas<br />

30 17 173<br />

C’est le nombre<br />

de Grands Titres<br />

Prix organisés (avec 8<br />

Pole<br />

aux USA. champions) Victoires<br />

Indianapolis<br />

Indiana<br />

481 Meilleurs<br />

Podiums<br />

Daytona<br />

Floride<br />

168<br />

positions<br />

173<br />

tours<br />

Filières : SBK, AMA (...) défavorisés ?<br />

Aleix Espargaro 250 cm 3 CEV*<br />

Alex Rins Moto2 CEV<br />

Alvaro Bautista 250 cm 3 CEV<br />

Andrea Dovizioso 250 cm 3 Europe<br />

Andrea Iannone Moto2 CIV<br />

Bradley Smith Moto2 CEV<br />

Cal Crutchlow SBK SBK<br />

Dani Pedrosa 250 cm 3 CEV<br />

Danilo Petrucci STK 1000 STK 1000<br />

Esteve Rabat Moto2 CEV<br />

Hector Barbera 250 cm 3 CEV<br />

Jack Miller Moto3 IDM<br />

Johann Zarco Moto2 Rookies Cup<br />

Jonas Folger Moto2 CEV<br />

Jorge Lorenzo 250 cm 3 CEV<br />

Karel Abraham Moto2 Europe<br />

Loris Baz SBK SBK<br />

Marc Marquez Moto2 CEV<br />

Maverick Viñales Moto2 CEV<br />

Pol Espargaro Moto2 CEV<br />

Sam Lowes Moto2 SSP<br />

Scott Redding Moto2 CEV<br />

Valentino Rossi 250 cm 3 CIV<br />

NB : compétitions principales mentionnées. Certains<br />

participaient à plusieurs championnats (Dovizioso en<br />

CIV, Folger en IDM, Miller en CEV, Rabat en Catalogne...).<br />

*Certaines catégories portaient des noms différents dans le passé.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /081


1<br />

2<br />

3<br />

MAG / LE DÉSERT AMÉRICAIN<br />

1 Vainqueur de la<br />

Red Bull Moto<strong>GP</strong> Rookies<br />

Cup 2010, Jacob Gagne<br />

était l’un des espoirs<br />

de son pays. La réussite<br />

n’a malheureusement<br />

pas été au rendez-vous.<br />

2 En 2009, Cameron<br />

Beaubier a manqué le<br />

coche en Mondial 125<br />

(3 points marqués). Son<br />

coéquipier était alors un<br />

certain Marc Marquez.<br />

3 Josh Herrin n’a<br />

pas non plus brillé<br />

en Moto2, d’où il<br />

a été évincé en 2014.<br />

aujourd’hui la voie royale ? Tout (ou presque)<br />

est fait pour que les jeunes y évoluent dans<br />

de bonnes conditions, que les talents soient<br />

rapidement identifiés et soutenus. Les meilleurs<br />

– et même parfois les seconds couteaux –<br />

ont généralement l’opportunité d’accéder<br />

au Mondial. Le championnat américain,<br />

lui, n’est pas aussi prestigieux. Rares sont<br />

les équipes à s’y pencher avec attention, et<br />

les dernières expériences ne sont pas des plus<br />

rassurantes pour les managers. Recrutés en<br />

Moto2, ni Kenny Noyes (33 points entre 2010<br />

et 2011), ni Josh Herrin (dix départs et autant<br />

de résultats blancs en 2014) ne sont parvenus<br />

à s’illustrer. De bons résultats auraient ravivé<br />

la confiance des teams envers ces filières ;<br />

l’inverse s’est produit. À l’image de Cameron<br />

Beaubier, les étoiles montantes étasuniennes<br />

en pâtissent. À l’inverse, le CEV figure comme<br />

un modèle qui marche et inspire. De cette<br />

expérience naissent d’autres initiatives, comme<br />

celle de l’Asia Talent Cup. Y percent de talentueux<br />

pilotes asiatiques, ensuite récupérés par le<br />

Honda Team Asia – lui-même supporté par<br />

Honda Japon. La recette fonctionne, et elle<br />

vient d’être reprise en Grande-Bretagne pour le<br />

British Talent Team, associé à la nouvelle British<br />

Talent Cup. Une formule à rapprocher, également,<br />

de celle de Valentino Rossi et son ranch, où<br />

les pépites qui s’y forment peuvent ensuite être<br />

portées par le Sky <strong>Racing</strong> Team VR46. Voilà,<br />

peut-être, par où devront passer les Américains<br />

s’ils souhaitent réinvestir les Grands Prix. Colin<br />

Edwards l’a compris, et disait en août 2014 avoir<br />

« quelque chose à faire » avec Nicky Hayden<br />

pour promouvoir la génération qui arrive.<br />

MISE EN ABYME<br />

Avec près de 325 millions d’habitants, les<br />

États-Unis abritent forcément des Marc Marquez<br />

et des Johann Zarco. Encore faut-il les trouver,<br />

dans un pays où le motocyclisme n’est pas<br />

vu comme un sport aussi professionnel que<br />

peuvent l’être le football, le basket-ball ou<br />

encore le hockey sur glace. S’il veut entrer au<br />

royaume du 2-roues, le jeune sera d’abord dirigé<br />

vers le tout-terrain. Les compétitions nationales<br />

de motocross et supercross produisent les<br />

meilleurs pilotes de la planète, à tel point que<br />

le championnat américain est considéré comme<br />

aussi bon – sinon meilleur – que le Mondial.<br />

Pour celui qui souhaite s’y essayer, la terre<br />

est plus accessible que le bitume. Les terrains<br />

affluent, les pièces et les « consommables »<br />

sont moins chers, nul besoin d’avoir une<br />

machine de pointe pour rouler devant, etc.<br />

Celui qui se fait remarquer pourra bénéficier<br />

des multiples programmes et partenariats<br />

mis en place par les marques et les constructeurs.<br />

Dans un cercle vertueux, fans, publicitaires<br />

et manufacturiers font vivre le sport en s’y<br />

intéressant, en y contribuant. Ce qui entretient<br />

indubitablement la relève. À l’inverse, se<br />

consacrer à la vitesse nécessite d’avoir bien<br />

plus de moyens. Mais outre les coûts exorbitants,<br />

il s’agit d’un investissement collectif démesuré.<br />

Illustration avec l’AMA Superbike : si l’on<br />

part du premier circuit et que l’on suit le fil<br />

082 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


du calendrier (10 courses), 13 703,56 kilomètres<br />

de voiture sont nécessaires pour les<br />

déplacements. Et encore, le chiffre est<br />

extraordinairement bas par rapport à la<br />

réalité. Pour un calcul exact, il ne faudrait<br />

pas uniquement relier les circuits les uns aux<br />

autres, mais prendre en compte le fait que<br />

chaque pilote doit rentrer chez lui le dimanche<br />

soir. Le championnat d’un tel pays/continent<br />

se résume à une vie de dévotion, sans aucune<br />

garantie de résultat. Un constat peu motivant<br />

pour qui souhaite s’y lancer. L’espoir est<br />

néanmoins de mise. D’abord parce que<br />

la Dorna n’a pas abandonné les États-Unis,<br />

où le marché du deux-roues reste important.<br />

Le Moto<strong>GP</strong> s’est déplacé sur trois circuits<br />

différents au cours de la dernière décennie,<br />

et dix Américains sont passés par la Red Bull<br />

Moto<strong>GP</strong> Rookies Cup depuis sa création. Deux<br />

d’entre eux, James Douglas Beach (2008) et<br />

Jacob Gagne (2010), l’ont même remportée.<br />

QUEL AVENIR ?<br />

L’organisme Moto America, dirigé par<br />

Wayne Rainey, a repris la filière AMA en<br />

2015 et s’emploie à la remettre sur pied.<br />

Sa nouvelle génération pousse, comme<br />

Cameron Beaubier, double champion<br />

SBK sortant. Wild-card sur une épreuve du<br />

Mondial SBK l’an dernier, il s’y est distingué<br />

en décrochant un Top 10. Son compatriote<br />

Patrick Jacobsen a, lui, effleuré de 5 points le<br />

podium final du dernier championnat du monde<br />

Supersport. Ayant compris que le passage par<br />

l’Europe est un pré-requis pour qui souhaite<br />

accéder aux <strong>GP</strong>, certains ont fait le choix<br />

d’y venir tôt. Arrivé sur le continent à 13 ans,<br />

Sean Kelly sera à suivre en Rookies Cup dans<br />

les prochaines semaines. Un peu plus haut,<br />

le Team AGR fera rouler deux Américains<br />

en championnat d’Europe Moto2 (CEV). Tout<br />

juste âgé de 18 ans, Jayson Uribe est le plus<br />

prometteur. Sur le « Vieux Continent », il est<br />

déjà connu du public français (5 e du trophée<br />

Pirelli 2015) et britannique (3 e du championnat<br />

de Grande-Bretagne Moto3 2014). En 2016,<br />

il a terminé onzième de sa première saison<br />

hispanique avec quatre résultats dans le<br />

Top 10. Si atteindre ce niveau était « un rêve »,<br />

le Washingtonien ne perd pas de vue son<br />

objectif : « Continuer à travailler jusqu’à<br />

la grille des Grands Prix. » Il aura à ses côtés<br />

son compatriote Joe Roberts, vainqueur de<br />

l’AMA 600 Superstock 2015. Lui juge que<br />

« le CEV est un pont pour le championnat du<br />

monde Moto2 », son objectif à moyen terme.<br />

Leur team manager, Iker Burutxaga, espère<br />

qu’ils seront les représentants d’une « nouvelle<br />

ère américaine ». Une nouvelle ère en laquelle<br />

Kevin Schwantz veut croire. L’ex-star des<br />

paddocks le répète : il s’agit d’une question<br />

d’argent, d’organisation, de détection (...)<br />

mais aussi de volonté. « Quand quelqu’un vous<br />

donne l’occasion [de rouler en Mondial], vous<br />

préparez vos valises et vous allez faire ce qu’il<br />

y à faire. Vos amis, votre famille et vos animaux<br />

restent à la maison, et vous y allez. C’est<br />

une opportunité unique. » À eux de la saisir.<br />

4<br />

5<br />

LA NOUVELLE GÉNÉRATION<br />

POUSSE, À L’IMAGE<br />

DE CAMERON BEAUBIER<br />

4 Retourné aux USA, Jacob<br />

Gagne y enflamme les pistes.<br />

Il a remporté le championnat<br />

de Superstock 1000 en 2015.<br />

5 Cameron Beaubier enchaîne<br />

les succès aux USA. Il est le<br />

double champion américain de<br />

Superbike en titre. 6 Sean Kelly :<br />

à suivre cette année en Rookies<br />

Cup. 7 Déjà connu en Europe,<br />

Jayson Uribe essaie de percer en<br />

Espagne afin d’intégrer le Mondial.<br />

Il dispute cette année le CEV<br />

en catégorie Moto2. 8 J. D. Beach,<br />

vainqueur de la Rookies Cup<br />

2008, aujourd’hui en AMA.<br />

7 8<br />

6<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /083


TEMPS FORT / MOTO2<br />

MORBIDELLI<br />

SUR LES CHAPEAUX<br />

DE ROUE<br />

Vainqueur des trois premières courses<br />

Moto2 alors qu’il n’avait encore jamais<br />

gagné le moindre Grand Prix, Franco<br />

Morbidelli a entamé la saison sur les<br />

chapeaux de roue. Ne lui reste plus qu’à<br />

durer s’il veut succéder à Johann Zarco.<br />

Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.<br />

084 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


TEMPS FORT / MOTO2<br />

AVANT DE<br />

CHUTER EN<br />

ESPAGNE,<br />

MORBIDELLI<br />

AVAIT RÉALISÉ<br />

UN SANS-<br />

FAUTE<br />

1<br />

2 3<br />

1 Avec Morbidelli et Marquez, le team Marc VDS tient cette<br />

saison une jolie paire d’as. 2 Après trois victoires d’affilée,<br />

Franco a commis sa première faute sur le circuit de Jerez<br />

alors qu’il était en tête de la course. 3 Marquez en a profité<br />

pour s’offrir sa première victoire en Moto2. L’ancien champion<br />

du monde Moto3 a franchi une marche cette année. 4 Miguel<br />

Oliveira effectue un très bon début de saison avec la nouvelle<br />

KTM. 5 Morbidelli, Lüthi et Oliviera, trois candidats à la succession<br />

de Johann Zarco. 6 Lüthi va toutefois devoir hausser son niveau<br />

s’il veut faire douter Morbidelli. 7 Bagnaia est pour l’heure le<br />

meilleur rookie du championnat Moto2. Le pilote Sky VR46 est<br />

même monté sur la deuxième marche du podium en Espagne.<br />

086 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


4<br />

6<br />

5<br />

7<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /087


TEMPS FORT / MOTO2<br />

1<br />

1 Nakagami demeure toujours aussi irrégulier.<br />

2 Marquez a régalé ses supporters en<br />

Andalousie. 3 Après une bonne première<br />

course au Qatar, Fabio Quartararo a eu du mal<br />

à confirmer ses bonnes dispositions. 4 Xavi<br />

Vierge, ici devant le Malais Syahrin, réalise un bon<br />

début de saison avec la Mistral du team Tech3.<br />

En Argentine, l’Espagnol a accroché une jolie<br />

cinquième place. 5 Départ du Grand Prix<br />

d’Espagne, Marquez emmène le peloton<br />

avec Morbidelli dans sa roue. Quatre victoires<br />

en quatre courses pour l’équipe Marc VDS. 2<br />

3 4<br />

«<br />

I<br />

l a mûri et il a fait fructifier son<br />

expérience. » C’est par cette formule<br />

que Michael Bartholemy résume<br />

l’excellent début de saison de Franco<br />

Morbidelli, vainqueur des trois<br />

premières courses du championnat<br />

Moto2 2017, au Qatar, en Argentine et<br />

aux États-Unis. « On sentait cet hiver<br />

qu’il avait franchi un palier, poursuit<br />

le patron de l’équipe Estrella Galicia 0,0<br />

Marc VDS. Gagner en répondant présent<br />

à Doha a été le déclic que nous attendions<br />

tous. » Pas de doute, Franco Morbidelli a<br />

chassé ses fantômes. L’an dernier, l’Italien<br />

n’avait jamais réussi à conserver la première<br />

place d’une course après s’en être emparé.<br />

Souvent à la lutte dans le groupe de tête<br />

jusque dans les derniers tours, Franky<br />

semblait manquer d’un petit quelque<br />

chose pour conclure. À force de travail<br />

et d’abnégation, mais aussi sans nul doute<br />

en profitant du passage de Johann Zarco<br />

en Moto<strong>GP</strong>, le pensionnaire de la VR46<br />

Academy a définitivement passé un cap<br />

durant l’intersaison. « Il s’est aussi<br />

beaucoup inspiré de Johann dont il admirait<br />

l’an dernier les fins de courses, glisse<br />

l’un de ses proches. Il s’est concentré pour<br />

travailler sur l’usure des pneus. » Après sa<br />

démonstration au Moyen-Orient, Morbidelli<br />

a enfoncé le clou à Termas de Rio Hondo<br />

en menant de bout en bout la deuxième<br />

course du championnat mais surtout, en<br />

résistant magistralement à Alex Marquez.<br />

« FRANCO SAIT QU’IL NE VA<br />

PAS GAGNER TOUT LE TEMPS »<br />

En grande forme sur un tracé qu’il lui a<br />

toujours plu, l’Espagnol a en effet mené la<br />

vie dure à son coéquipier jusqu’au dernier<br />

tour. « Je ne me suis jamais relâché mais<br />

sur la fin, je sentais qu’Alex était vraiment<br />

pressant, expliquait alors celui qui est devenu<br />

le premier Italien à remporter deux victoires<br />

de rang en Moto2. À trois tours de l’arrivée,<br />

j’ai redonné un petit coup de rein, mais Alex<br />

n’a rien lâché. J’ai encore fait un petit effort<br />

dans le dernier tour pour augmenter mon<br />

rythme, et quand je me suis retourné après<br />

avoir passé la ligne, il n’était plus derrière<br />

moi. » Trop gourmand, l’Espagnol est en<br />

effet tombé, privant par la même occasion<br />

le team Marc VDS du doublé qu’il méritait.<br />

Mais sa victoire la plus probante, Morbidelli<br />

l’a obtenue à Austin, sur un circuit où<br />

il avait toujours rencontré d’énormes<br />

difficultés. Mieux encore, l’Italien est de<br />

nouveau monté sur la plus haute marche<br />

après avoir signé la veille la pole position.<br />

« Cette performance me rassure, confiait-il<br />

alors. Cette année, nous sommes tout de<br />

suite compétitifs sur chaque circuit où<br />

nous arrivons. C’est encourageant pour<br />

la suite, cela signifie que nous avons trouvé<br />

une bonne base de réglages. Il faudra quand<br />

même que je me méfie d’Alex qui est très<br />

rapide ici. » Parti en tête, Franco est parvenu<br />

à s’échapper. Et contrairement à ce qu’il<br />

imaginait, ça n’est pas Marquez qui l’a cette<br />

fois menacé, mais Tom Lüthi. Le pilote<br />

de l’équipe CarXpert n’a néanmoins rien<br />

088 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


5<br />

JUSQU’AU <strong>GP</strong> D’ESPAGNE, AUCUN GRAND<br />

PRIX N’AVAIT ÉCHAPPÉ AUX HOMMES<br />

DE MARC VAN DER STRATEN<br />

pu faire pour barrer la route à l’Italien.<br />

Quant au coéquipier de Morbidelli,<br />

il a pris sa revanche à Jerez. C’est en<br />

effet en Espagne, à l’occasion du retour<br />

du championnat sur le Vieux Continent,<br />

que Morbidelli a failli, pour la première<br />

fois, depuis l’ouverture du championnat.<br />

Peut-être un peu trop gourmand, le leader<br />

du championnat est tombé alors qu’il venait<br />

de déborder Marquez et tentait de s’échapper.<br />

« Une petite erreur qui devrait lui enlever de<br />

la pression, assure-t-on dans son entourage.<br />

Franco sait maintenant qu’il ne va pas gagner<br />

toutes les courses. » Une chose est sûre,<br />

depuis le début de l’année, aucun Grand Prix<br />

n’a échappé aux hommes de Marc van der<br />

Straten. Comme Morbidelli, Marquez a bien<br />

progressé depuis l’an dernier. « Alex est un<br />

gros travailleur, rappelle Emilio Alzamora,<br />

le manager des frères Marquez. Marc est<br />

plus doué, mais Alex a toujours tracé son<br />

chemin en essayant de ne pas rester dans<br />

l’ombre de son frangin. Il a une volonté<br />

exceptionnelle et bosse énormément. »<br />

Après deux premières saisons de Moto2<br />

plutôt laborieuses, l’ancien champion<br />

du monde Moto3 a visiblement changé<br />

de braquet. « Le nouveau cadre Kalex lui<br />

convient beaucoup mieux, détaille Michael<br />

Bartholemy. Il a un bien meilleur feeling de<br />

l’avant et réussit beaucoup mieux ses débuts<br />

de course. L’an dernier, il était à la peine dans<br />

les premiers tours avec le plein d’essence.<br />

Il est désormais plus à l’aise, plus agressif et<br />

sûr de lui. » Ne restait plus qu’à concrétiser.<br />

« PLUS DE DEUX ANS QUE<br />

J’ATTENDAIS CE SUCCÈS »<br />

En Argentine, Marquez avait longtemps<br />

cru pouvoir s’imposer. Scotché dans la roue<br />

de Morbidelli, il s’était malheureusement<br />

envolé dans le dernier tour de course.<br />

Cette fois, c’est lui qui a poussé son<br />

coéquipier à la faute. Les deux pilotes<br />

du team Estrella Galicia 0,0 Marc VDS<br />

caracolaient en tête depuis le départ,<br />

et l’Italien venait de déborder l’Espagnol<br />

quand il a perdu l’avant de sa Kalex. C’est<br />

ainsi qu’Alex s’est retrouvé seul devant<br />

avec un boulevard d’avance qu’il n’a plus<br />

eu ensuite qu’à gérer. « Cela faisait plus de<br />

deux ans que j’attendais ce succès, s’est-il<br />

félicité. L’obtenir à Jerez, devant mon public,<br />

c’est comme un rêve qui se réalise. Quand<br />

j’ai vu Franco tomber devant moi, je me<br />

suis dit qu’il fallait vraiment faire attention,<br />

qu’une erreur pouvait vite arriver. J’ai<br />

baissé de rythme car j’étais à la limite avec<br />

l’avant, et je me suis contenté de contrôler<br />

l’écart avec mes adversaires. » Alors que<br />

le championnat approche de son premier<br />

tiers, seuls deux hommes semblent encore<br />

en mesure de faire trébucher l’armada<br />

du team Estrella Galicia 0,0 Marc VDS :<br />

Tom Lüthi et Miguel Oliveira. Mais pour<br />

cela, il faudra que le Suisse et le Portugais<br />

se montrent un peu plus réguliers et surtout,<br />

qu’ils parviennent à hisser d’un cran leur<br />

niveau. Deux conditions à remplir s’ils<br />

veulent contester la domination affichée<br />

par Franco Morbidelli en ce début d’année.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /089


TEMPS FORT / MOTO3<br />

HONDA<br />

JOUE AU BULLDOZER<br />

Depuis le début de la saison, les pilotes<br />

du HRC piétinent allégrement leurs adversaires.<br />

Un sévère coup d’arrêt pour l’usine KTM,<br />

championne du monde en titre avec Brad Binder.<br />

Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.<br />

Joan Mir donne le la depuis<br />

la première course au Qatar.<br />

Le pilote Leopard semble<br />

cette saison en mesure<br />

d’aller chercher la couronne.<br />

090 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /091


TEMPS FORT / MOTO3<br />

1<br />

1 De retour à la<br />

compétition au guidon<br />

de la Honda du team<br />

Ongetta, Fenati (n° 5)<br />

s’est imposé au Texas<br />

avant d’enchaîner sur<br />

une deuxième place à<br />

Jerez. 2 Bien parti avec<br />

deux podiums au Qatar<br />

et en Argentine, McPhee<br />

a marqué le pas au Texas.<br />

3 Deuxième victoire en<br />

deux courses pour Mir à<br />

l’arrivée à Termas de Rio<br />

Hondo. 4 Jorge Martin<br />

devance Joan Mir et Nicolo<br />

Bulega sur le circuit de<br />

Jerez. 5 Mais c’est Aron<br />

Canet qui s’imposera en<br />

Espagne. Première victoire<br />

en Grands Prix pour le<br />

protégé d’Emilio Alzamora.<br />

6 Fenati a tourné la page<br />

de la VR46 Academy.<br />

2 3<br />

092 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


4<br />

COINCÉS AU CLASSEMENT ENTRE MIR ET<br />

CANET, FENATI, MARTIN ET McPHEE PEUVENT<br />

AUSSI CROIRE EN LEUR CHANCE<br />

5 6<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /093


TEMPS FORT / MOTO3<br />

1<br />

Fier de sa nouvelle équipe en<br />

Moto<strong>GP</strong>, Pit Beirer s’avoue<br />

tout autant déçu des prestations<br />

de ses pilotes en Moto3. Pour le<br />

directeur sportif du service course<br />

KTM, la situation devient même<br />

intenable. Il faut dire qu’au soir du Grand<br />

Prix d’Espagne – quatrième épreuve de la<br />

saison 2017 –, aucun des siens n’était encore<br />

monté sur le podium. Du jamais vu depuis<br />

l’arrivée du constructeur autrichien en<br />

Grands Prix. D’autant que l’an dernier,<br />

l’usine KTM avait survolé le championnat<br />

Moto3 avec un Brad Binder en état de grâce.<br />

Avec onze victoires en dix-huit courses, les<br />

pilotes de la RC 250 <strong>GP</strong> avaient largement<br />

dominé la concurrence. « Mais depuis,<br />

Honda s’est repris, glisse un mécanicien<br />

de l’équipe Sky VR46. Les Japonais ont mis<br />

le paquet pour améliorer les performances<br />

de leur moteur tandis que les ingénieurs<br />

KTM ont concentré leurs efforts sur le<br />

projet Moto<strong>GP</strong>, laissant le programme<br />

Moto3 de côté. » Une explication<br />

qui ne convient pas à Pit Beirer.<br />

« Notre problème, ce sont les pilotes,<br />

martèle l’ancien champion allemand.<br />

« DANNY PEUT NOUS AIDER<br />

À Y VOIR PLUS CLAIR »<br />

Avec le passage de Brad en Moto2, nous<br />

avons perdu notre fer de lance et il nous<br />

manque aujourd’hui quelqu’un pour le<br />

remplacer. » D’où l’idée d’offrir à Danny<br />

Kent une wild card pour le Grand Prix<br />

de France. L’ancien champion du monde<br />

n’a plus de guidon depuis son divorce d’avec<br />

le team Kieffer. Peu à l’aise avec la Suter,<br />

mécontent de ses prestations, Kent a claqué<br />

la porte de la structure Moto2 allemande.<br />

« Danny peut nous aider à y voir un peu<br />

plus clair, espère Beirer. Il a de l’expérience<br />

et un pilotage assez agressif. » C’est que<br />

le temps presse. Chez Ajo Motorsport,<br />

Bo Bendsneyder semble en perdition depuis<br />

le début de l’année et Niccolo Antonelli,<br />

recruté pour remplacer Binder, n’a marqué<br />

des points qu’au Qatar en se classant<br />

septième. Après quatre épreuves, c’est<br />

Andrea Migno qui figurait comme<br />

le premier pilote KTM avec une bien<br />

modeste 7 e place au général et seulement<br />

35 points d’inscrits. Depuis l’ouverture du<br />

championnat, la NSR 250 R impose sa loi.<br />

Joan Mir est d’ailleurs très heureux que<br />

l’équipe Leopard ait décidé de récupérer<br />

des motos japonaises. Vainqueur des deux<br />

premières courses à Losail et à Termas de<br />

Rio Hondo, le protégé de Christian Lundberg<br />

1 Rapide et régulier,<br />

Mir peut y croire.<br />

2 Migno, qui ferme<br />

ici la marche, était<br />

le premier pilote KTM<br />

au soir du <strong>GP</strong> d’Espagne.<br />

3 Un début de saison<br />

difficile pour Jules<br />

Danilo, seul Français<br />

présent cette année<br />

en Moto3. 4 Enea<br />

Bastianini a visiblement<br />

du mal à s’adapter<br />

à la structure Monlau.<br />

Les jours de l’Italien<br />

dans l’équipe espagnole<br />

semblent comptés.<br />

2<br />

094 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


DEPUIS L’OUVERTURE DU CHAMPIONNAT,<br />

LA HONDA NSR 250 R IMPOSE SA LOI<br />

confirme en tout cas qu’il faudra compter sur<br />

lui pour le titre de champion du monde. Il y<br />

a deux ans, du haut de ses dix-huit printemps,<br />

Joan participait à son premier Grand Prix sur<br />

le circuit de Phillip Island. Invité par le team<br />

Leopard pour remplacer Hiroki Ono, blessé,<br />

le pilote espagnol n’avait pas franchi la<br />

ligne d’arrivée. Dix-huitième sur la grille, il<br />

s’était accroché en début de course avec John<br />

McPhee. Ironie du sort, les deux hommes se<br />

retrouvent au coude à coude depuis le début<br />

de la saison. En Argentine comme à Doha,<br />

Mir a pris le dessus sur l’Écossais. À Termas<br />

de Rio Hondo, l’Espagnol a même dû<br />

pour cela remonter de la seizième place<br />

qu’il occupait sur la grille de départ. « On<br />

s’est fait piéger par la pluie en qualification,<br />

mais je savais que j’avais un bon rythme<br />

pour la course », confiait-il avant le départ.<br />

En difficulté au Texas sur un circuit qu’il<br />

n’apprécie guère, l’ancien coéquipier de<br />

Fabio Quartararo pensait pouvoir renouer<br />

avec la victoire à Jerez alors qu’il bagarrait<br />

avec Fenati, vainqueur deux semaines<br />

plus tôt sur le circuit des Amériques.<br />

Un freinage d’anthologie d’Aron Canet<br />

à l’entrée du dernier virage l’en a privé. Déjà<br />

impressionnant aux États-Unis où il avait<br />

signé la pole position, le pilote de l’équipe<br />

Monlau, qui n’avait encore jamais gagné<br />

3 4<br />

de Grand Prix, semble lui aussi cette année<br />

en mesure de viser très haut. Après sa pole<br />

position à Austin, Canet confirme en tout<br />

cas sa progression. Meilleur rookie en 2016,<br />

le jeune Espagnol pointait à la cinquième<br />

place du classement général au soir de la<br />

première course européenne de la saison.<br />

Coincés au classement général entre Joan<br />

Mir et Aron Canet, Romano Fenati, Jorge<br />

Martin et John McPhee peuvent aussi<br />

croire en leur chance. Nul doute en tout<br />

cas que le plus régulier de ces cinq pilotes<br />

devrait pouvoir succéder en fin d’année<br />

à Brad Binder. En revanche, pour KTM,<br />

l’affaire semble d’ores et déjà pliée.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /095


MOTO<strong>GP</strong><br />

CALENDRIER<br />

ÇA SE BOUSCULE !<br />

Un Grand Prix de Thaïlande qui surgit,<br />

la Finlande bientôt de retour, le Mexique qui<br />

pointe le bout de son nez... La Dorna et son<br />

championnat du monde Moto<strong>GP</strong> ne sont<br />

pas en pénurie de propositions. Loin de là.<br />

Par Daryl Ramadier. Photos DR.<br />

Plus les années passent, plus<br />

les pilotes de Grands Prix<br />

parcourent des kilomètres.<br />

Demain, le calendrier pourrait<br />

comporter jusqu’à 20 épreuves.<br />

À l’heure où sont écrites ces<br />

lignes, l’officialisation d’une dix-neuvième<br />

étape dès 2018 serait en bonne voie. Ces<br />

négociations concernent l’organisation d’un<br />

premier <strong>GP</strong> de Thaïlande, prévu à Buriram<br />

sur le circuit Chang. La traditionnelle<br />

tournée outre-mer de fin de saison passerait<br />

alors de trois à cinq semaines, avec un<br />

week-end de pause accordé. Une marche<br />

de plus pour la Dorna dans sa conquête<br />

asiatique. Au sud, l’Indonésie « fait aussi<br />

partie des projets » étudiés selon Carmelo<br />

Ezpeleta. Rien d’étonnant au vu du marché<br />

qui s’y trouve. Le gouvernement le souhaite,<br />

et le complexe de Sentul était évoqué il y a<br />

quelques mois. De nombreuses évolutions<br />

devaient y être apportées, mais ce serait<br />

finalement vers Palembang et le circuit<br />

de Jakabaring que l’on se dirigerait.<br />

Le gouverneur de la province a signé, en<br />

novembre dernier, un pré-contrat dans ce<br />

sens. Plus au nord, le dossier Kazakhstan<br />

est aussi dans les papiers des instances.<br />

La destination, pas prioritaire pour<br />

le moment, dispose du soutien de certaines<br />

personnalités de choix. Parmi elles,<br />

le quintuple champion du monde Jorge<br />

Lorenzo, ambassadeur du circuit de Sokol<br />

dessiné par le célèbre Hermann Tilke.<br />

LA FINLANDE SE PRÉPARE<br />

Sur le Vieux Continent aussi, les projets<br />

se multiplient. En Finlande, la construction<br />

du KymiRing avance en vue d’une première<br />

réception. Celle-ci, prévue pour 2018, a pris<br />

du retard, en partie à cause des conditions<br />

climatiques qui rendent les travaux<br />

délicats en hiver. Pas de quoi paniquer<br />

pour les organisateurs, qui entendent<br />

reporter l’événement à 2019 et nous ont<br />

confirmé qu’en raison de la météo, l’épreuve<br />

aura forcément lieu en période estivale.<br />

Récemment, la Hongrie a aussi fait son<br />

retour dans les colonnes d’actualité. Le<br />

Hungaroring, qui accueillait deux épreuves<br />

en 1990 et 1992, serait intéressé. L’asphalte<br />

a été rénové et l’enceinte se modernise :<br />

nouveaux vibreurs, tribunes améliorées, etc.<br />

Zsolt Guylay, PDG du complexe, assure<br />

son intention de négocier avec la Fédération<br />

internationale de motocyclisme (FIM) pour<br />

les travaux à venir. Et ce, dans un but précis :<br />

rendre la piste éligible aux courses Moto<strong>GP</strong>.<br />

Mais il confie par ailleurs que pour que cela<br />

soit possible, et afin d’éviter le scénario du<br />

Balatonring 2009 (annulé), « l’État hongrois<br />

doit être de la partie ». Le gouvernement,<br />

justement, est également mis en cause<br />

en Grande-Bretagne. Le « circuit of<br />

Wales » (pays de Galles) devait organiser<br />

l’événement, mais de nombreux problèmes<br />

– politiques notamment, d’incertitudes<br />

économiques surtout – se mettent en<br />

travers du projet. En attendant, Silverstone<br />

continue donc d’assurer « l’intérim ». Pour<br />

la Belgique et Spa-Fancorchamps aussi,<br />

c’est non. « Ils nous ont contactés l’été<br />

dernier, mais le principal problème réside<br />

dans la sécurité, a tranché Carmelo Ezpeleta<br />

sur Crash.net. Pour nous, il est presque<br />

impossible d’homologuer le circuit pour<br />

L’Indonésie bientôt au calendrier ? Le circuit de Jakabaring serait parmi les candidats, plus de vingt ans après la dernière édition à Sentul (1997).<br />

096 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


1 Inauguré en octobre 2014, le circuit de Buriram est déjà habitué à recevoir des motos. 2 Après le SBK, la Thaïlande est en lice pour accueillir<br />

un Grand Prix Moto<strong>GP</strong>. Le premier de l’histoire du pays. 3 Tout comme le Mexique et son Autódromo Hermanos Rodríguez, au cœur d’un parc.<br />

1<br />

2 3<br />

le Moto<strong>GP</strong>. » Mais la région wallonne, qui<br />

recevait la première saison en 1949 et une<br />

quarantaine de Grands Prix jusqu’en 1990,<br />

est tenace. Nathalie Maillet, directrice depuis<br />

juillet 2016, a confirmé sa volonté de faire à<br />

nouveau partie de l’élite du 2-roues. Affaire<br />

à suivre, puisqu’un chantier tenace l’attend.<br />

C’EST L’AMÉRIQUE !<br />

À l’autre bout du monde, la fièvre<br />

du Moto<strong>GP</strong> (re)fait surface. L’épreuve<br />

d’Argentine est un succès, mais elle est<br />

aujourd’hui la seule sur la liste du continent<br />

sud-américain. Au Brésil, le « Jacarepaguá »<br />

de Rio de Janeiro devait être rénové en vue<br />

de l’accueil d’un <strong>GP</strong> en 2014 ; c’est tombé<br />

à l’eau et l’enceinte a été démolie. En avril,<br />

Marc Marquez a relancé l’idée auprès<br />

d’El País, déclarant que « le Brésil mérite<br />

une course. C’est un très grand pays avec<br />

une population énorme, passionnée de<br />

vitesse. J’ai de nombreux fans brésiliens (...)<br />

Qu’ils aient une piste appropriée pour<br />

recevoir à nouveau des courses est<br />

fondamental. » En attendant, l’Espagnol<br />

et ses rivaux pourraient faire irruption<br />

au Mexique. Des représentants de la FIM<br />

se sont rendus à Mexico, sur l’Autódromo<br />

Hermanos Rodríguez, en avril dernier.<br />

Rénovés il y a peu, les lieux ont<br />

renoué avec les joies de la Formule 1.<br />

Ses dirigeants ont maintenant l’ambition<br />

de faire venir les stars du Moto<strong>GP</strong>.<br />

Le chemin est truffé d’embûches,<br />

notamment pour des raisons de sécurité<br />

et parce que le site se situe dans le parc<br />

public Magdalena Mixhuca. Mais si<br />

le gouvernement de la ville travaille<br />

dans le bon sens, des travaux pourraient<br />

être rapidement réalisés afin d’obtenir<br />

l’homologation nécessaire. Force est<br />

de constater que, pour diverses raisons,<br />

le championnat est plus attractif que<br />

jamais. À tel point que la Dorna<br />

doit régulièrement rappeler qu’une<br />

limite de 20 Grands Prix a été fixée.<br />

Pour s’ouvrir à d’autres horizons<br />

et conquérir de nouveaux marchés, le<br />

calendrier se verra sans doute bouleversé.<br />

En attendant, deux places sont encore<br />

à prendre. Mais pour combien de temps ?<br />

Le Moto<strong>GP</strong> n’y va<br />

plus depuis 2000<br />

2015........ Indianapolis (États-Unis)<br />

2013........ Laguna Seca (États-Unis)<br />

2012........ Estoril (Portugal)<br />

2009........ Donington (Grande-Bretagne)<br />

2008........ Shangai (Chine)<br />

2007........ Istanbul (Turquie)<br />

2004........ Phakisa (Afrique du Sud)<br />

2004........ Rio de Janeiro (Brésil)<br />

2003........ Suzuka (Japon)<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /097


PORTRAIT<br />

JACQUES<br />

ROCA<br />

AU NOM DU PÈRE<br />

Mécanicien de l’équipe Suzuki Moto<strong>GP</strong>,<br />

Jacques Roca travaille dans le monde<br />

des Grands Prix depuis plus de dix ans.<br />

Le Français dédie sa vie à la moto,<br />

comme son père avant lui.<br />

Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.<br />

098 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


PORTRAIT / JACQUES ROCA<br />

Qu’il s’agisse de démonter<br />

un amortisseur, remplacer<br />

les disques de freins ou<br />

encore changer l’embrayage<br />

de la GSX-RR dont il a la<br />

responsabilité, Jacques Roca<br />

exécute les consignes que lui passe Marco<br />

Rigamonti avec l’assurance d’un vieux<br />

sage. Cette année, le mécanicien français<br />

de l’équipe Suzuki a pris du grade. « Je suis<br />

responsable de l’équipe de mécaniciens qui<br />

travaillent sur les motos d’Andrea Iannone,<br />

précise-t-il. C’est moi qui fais le lien<br />

avec Riga, l’ingénieur, et qui distribue<br />

les tâches. » Raymond Hughes, Tsutomu<br />

Matsugano et Fernando Mendez Picon n’ont<br />

qu’à bien se tenir. À 35 ans, Jacque Roca<br />

attaque sa troisième saison dans l’équipe<br />

de Davide Brivio. Arrivé chez Suzuki avec<br />

Aleix Espargaro, il n’a pas suivi le pilote<br />

espagnol dont il est pourtant très proche.<br />

« Quand Aleix a signé chez Aprilia en cours<br />

de saison, il m’a pris à part avant même que<br />

tout le monde ne sache où il allait, raconte<br />

Jacques. Il m’a dit qu’il ne me demanderait<br />

pas cette fois de le suivre, qu’il fallait que<br />

je pense à mon avenir, qu’il ne savait pas<br />

encore combien de temps il allait courir<br />

en Grands Prix et que Suzuki était une très<br />

bonne équipe où j’étais bien vu. Il m’a dit :<br />

“Je ne vais pas te mettre dans une situation<br />

compromettante, tu as une bonne place que<br />

tu as gagnée. Si tu veux me suivre, tu es le<br />

bienvenu, mais je ne te le demanderai pas.”<br />

Il a été très honnête et très humain. » Et<br />

Brivio l’a récompensé en lui confiant de<br />

nouvelles responsabilités. « Je suis content,<br />

même si je sais que je n’irai pas plus haut.<br />

Aujourd’hui, tous les chefs mécaniciens<br />

ont des formations d’ingénieurs, constate<br />

le Français. L’époque où un mécano ou un<br />

responsable suspensions accédait à ce job est<br />

révolue. » Avec le Moto<strong>GP</strong>, les connaissances<br />

en électronique et en informatique ont<br />

pris le pas sur la formation en mécanique.<br />

Jacques s’en moque. Sa passion, lui,<br />

il l’assouvit avec les clefs et les tournevis<br />

que son père lui a mis dans les mains alors<br />

qu’il était tout gamin. Jacques, c’est le fils de<br />

Jacques, l’ancien pilote qui devint directeur<br />

technique chez Suzuki France avant de gérer<br />

plusieurs concessions en région parisienne<br />

(voir page 102). « Le mercredi, je passais<br />

ma journée au magasin, dans les pattes<br />

de mon père. C’est comme ça que j’ai<br />

commencé à faire des courses de PW50...<br />

« JE BRICOLAIS LES<br />

SCOOTERS DES COPAINS »<br />

Mais à douze ans, mon père a dit stop.<br />

Je ne foutais rien à l’école, et puis avec<br />

son boulot, il n’avait pas trop le temps de<br />

m’emmener le week-end sur les circuits.<br />

Mon activité s’est alors orientée vers la<br />

mécanique. J’ai commencé à démonter les<br />

motos accidentées et à déballer les machines<br />

neuves qui arrivaient à l’atelier. » Et puis en<br />

1996, la famille Roca déménage en Espagne.<br />

« J’avais quinze ans. Mon père avait atteint<br />

l’âge de la retraite, il a tout vendu et on est<br />

parti s’installer à Benissanet, le village de<br />

ma mère où nous passions jusque-là tous<br />

nos étés. » C’est donc près de Tarragone<br />

que Jacques poursuit ses études et entretient<br />

sa passion de la mécanique et des motos.<br />

« J’ai passé mon bac en Espagne. Durant<br />

les années lycée, je consacrais mon temps<br />

libre à bricoler et à bidouiller les scooters<br />

et les mobs des copains. J’ai également fait<br />

un peu de cross, mais après m’être bousillé<br />

les ligaments croisés des deux genoux,<br />

mon père m’a conseillé d’arrêter. J’ai alors<br />

couru en scooter dans un championnat<br />

où le règlement technique était très libre.<br />

Mon père m’avait préparé un moteur,<br />

c’était un avion de chasse. » Après le<br />

bac, Jacques intègre l’école Monlau à<br />

Barcelone. Aujourd’hui supervisée par<br />

Emilio Alzamora, cette structure était<br />

à l’époque dirigée par Dani Amatriain,<br />

autre ancien pilote espagnol et par ailleurs<br />

à l’époque manager de Jorge Lorenzo.<br />

Chez Monlau, Jacques Roca perfectionne<br />

sa science de la mécanique et commence<br />

à travailler sur les courses du championnat<br />

d’Espagne 600 Supersport avec Cory West,<br />

un pilote américain alors aidé par Kenny<br />

Roberts. Et puis en 2004, Dani Amatriain<br />

lui propose une place d’aide-mécanicien en<br />

Grands Prix pour travailler sur les 125 Derbi<br />

de Jorge Lorenzo. « J’avais quelques atouts<br />

car je parlais espagnol, français et anglais »,<br />

dit Jacques. En 2005, Lorenzo passe en<br />

250 sur une Honda. « Je pouvais le suivre,<br />

mais Gigi Dall’Igna qui arrivait alors chez<br />

Derbi m’a demandé de rester. Je suis passé<br />

d’aide-mécanicien à mécanicien et j’ai<br />

Jacques prend la pose au<br />

Qatar, devant l’affiche de son<br />

nouveau pilote, Andrea Iannone.<br />

100 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


commencé à travailler sur les motos<br />

officielles. C’était super intéressant.<br />

En 2005, avec Pablo Nieto, on développait<br />

la 125 RSA avec le distributeur rotatif<br />

central. » L’année suivante, Jacques s’occupe<br />

des motos de Simone Corsi sous la bannière<br />

Gilera, autre marque du groupe Piaggio.<br />

En 2007, il se retrouve aux côtés de Nico<br />

Terol, puis en 2008, il passe en 250 avec<br />

Aleix Espargaro. Le début d’une belle histoire.<br />

« J’AI APPRIS LE DEUX-TEMPS<br />

AVEC MON PÈRE »<br />

« Aleix, je le connaissais depuis un moment.<br />

Je l’ai vu arriver quand je travaillais sur<br />

le championnat d’Espagne Supersport.<br />

C’était un petit gamin de treize ans qui<br />

courait en 125 et qui n’arrêtait pas de<br />

faire des conneries. C’est lui qui m’a<br />

demandé de travailler avec lui en 2008. »<br />

La saison suivante, Jacques doit repasser<br />

en 125 pour travailler avec Efren Vazquez.<br />

« Il y avait des problèmes de dernières minutes<br />

avec le team d’Amatriain, et comme j’étais<br />

payé par Derbi, je n’ai pas eu le choix... » En<br />

2010, c’est avec Pol Espargaro que Jacques<br />

travaille. « Aleix était toujours fourré dans<br />

le garage de son frère, raconte le Français.<br />

Quand il a su qu’il irait la saison suivante<br />

chez Pons en Moto2, il m’a demandé de<br />

venir avec lui. Je lui ai dit oui... » Après<br />

cette saison 2011, Aleix part chez Aspar<br />

en Moto<strong>GP</strong>. Jacques, lui, reste chez Pons<br />

en Moto2 et récupère Pol. C’est finalement<br />

avec le cadet de la famille Espargaro que<br />

Jacques Roca goûte, en 2013, au bonheur<br />

d’un titre de champion du monde : « C’est<br />

mon meilleur souvenir en <strong>GP</strong> avec le podium<br />

d’Aleix en Moto<strong>GP</strong> l’année suivante au<br />

guidon de la Yamaha du team Forward. »<br />

Car lorsque Pol passe chez Tech3, Jacques<br />

rejoint le frère aîné dans l’équipe italienne.<br />

Avant de le suivre en 2015 chez Suzuki.<br />

« Si je suis là, c’est grâce à lui, résume<br />

le mécanicien français aujourd’hui installé<br />

à l’Hospitalet de l’Infant, sur les bords<br />

de la Méditerranée, au sud de Tarragone.<br />

Je ne lui en serai jamais assez reconnaissant.<br />

Quand il m’a dit qu’il m’emmenait chez<br />

Suzuki, j’étais fou de joie. J’aurais aimé<br />

que mon père soit encore vivant pour voir<br />

ça ! J’ai grandi avec un blouson Suzuki<br />

sur le dos. » Bien évidemment, s’il<br />

travaille aujourd’hui avec Andrea Iannone,<br />

Jacques conserve une affection particulière<br />

pour Aleix, « un mec qui a un cœur en<br />

or, qui prend soin des autres ». Avec<br />

Andrea Iannone et Marco Rigamonti, le<br />

chef mécanicien qui a suivi le pilote italien<br />

de Ducati à Suzuki, Jacques tisse aujourd’hui<br />

de nouvelles relations. « On apprend encore<br />

à se connaître et à travailler ensemble.<br />

On n’a pas la même complicité, mais<br />

ça se passe bien. Ce sont des gars sympas<br />

et ouverts à la discussion. Riga n’hésite<br />

pas à me solliciter pour me demander mon<br />

avis car il ne connaît pas très bien la moto<br />

pour le moment. » Quand il n’est pas sur un<br />

circuit, Jacques Roca est très souvent fourré<br />

dans son atelier où il assouvit, entre autres,<br />

sa passion pour les moteurs deux-temps.<br />

« J’ai mon petit magasin, plaisante-t-il. Je<br />

bricole pas mal de 500 RG, je prépare aussi<br />

des motos pour la piste. Je suis d’ailleurs<br />

en train de refaire une GSX-R 750 de 1989<br />

avec laquelle je vais courir en Classic. »<br />

Comme bon nombre de mécaniciens de<br />

Grands Prix, Jacques reste nostalgique<br />

de l’époque des moteurs deux-temps,<br />

sans pour autant s’ennuyer aujourd’hui.<br />

« Le deux-temps, j’ai appris ça avec mon<br />

père, rappelle-t-il. Quand j’ai commencé<br />

en 125, on démontait les moteurs de A à Z.<br />

Aujourd’hui, ils arrivent du Japon et on se<br />

contente de monter les boîtes de vitesses<br />

et les embrayages. Mais j’ai quand même<br />

la chance de travailler sur des motos d’usine.<br />

Ce sont des machines très complexes et<br />

magnifiques. Cet hiver, nous sommes allés<br />

au Japon pour les assembler, j’ai pu voir<br />

le moteur entièrement démonté, j’ai pris un<br />

piston à la main. C’est juste magnifique. »<br />

« QUAND ALEIX M’A DIT QU’IL M’EMMENAIT<br />

CHEZ SUZUKI, J’ÉTAIS FOU DE JOIE »<br />

Le Français a noué des<br />

liens très étroits avec<br />

Aleix Espargaro. Le<br />

podium de l’Espagnol<br />

en 2014 à Aragon<br />

demeure l’un de ses<br />

meilleurs souvenirs.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /101


PORTRAIT<br />

ROCA<br />

PATRIMOINE<br />

DE LA MOTO<br />

FRANÇAISE<br />

S’il ne parle pas forcément aux<br />

plus jeunes, le nom de Jacques Roca<br />

rappelle en revanche de nombreux<br />

souvenirs à ceux qui ont connu<br />

les grandes heures de la moto<br />

dans l’Hexagone. Concessionnaire<br />

multimarques après avoir longtemps<br />

occupé les fonctions de directeur technique<br />

chez Suzuki France, Jacques Roca a laissé<br />

une trace indélébile dans le monde de la<br />

préparation. Au cœur des années 70, la 750<br />

GT Roca et son 3-cylindres 2-temps ont<br />

ainsi fait rêver toute une génération de<br />

motards. Pilotée par un certain Walter<br />

Coulède, elle a d’ailleurs été immortalisée<br />

par le Joe Bar Team. Né en 1934, Jacques<br />

Roca fut un espoir du cyclisme français<br />

avant que sa voiture ne saute sur une mine<br />

durant la guerre d’Algérie. Grièvement<br />

blessé à une jambe, il se tourna alors vers<br />

la compétition moto, non sans succès. Aidé<br />

par son père, qui fut lui aussi pilote en son<br />

temps, Jacques débute en 1959 au guidon<br />

d’un 175 Puch. Deux ans plus tard, l’usine<br />

Derbi lui confie ses machines. Plus de deux<br />

cents victoires et sept titres de champion<br />

Jacques a hérité de son père la passion de la<br />

mécanique plutôt que de réelles aptitudes au pilotage.<br />

Ci-dessous, deux réalisations de Roca sénior.<br />

de France viendront étoffer son palmarès.<br />

En 1969, Jacques Roca marque ses premiers<br />

points en Grands Prix, dans les catégories 50<br />

et 125. Passionné par la mécanique, il est<br />

également à l’origine de la première structure<br />

compétition Yamaha Sonauto. Mais c’est<br />

avec Suzuki qu’il va véritablement se faire<br />

un nom. L’histoire veut que c’est en réglant la<br />

T 500 d’un client Suzuki, pour rendre service,<br />

alors qu’il passait par là pour récupérer des<br />

pièces, que Pierre Bonnet, l’importateur de<br />

l’époque, lui a proposé le poste de directeur<br />

technique. Pendant de longues années, Jacques<br />

Roca se fera remarquer en développant des<br />

modèles spéciaux, dont cette GT 750 Roca<br />

qui permettra à la firme japonaise d’écouler<br />

les stocks d’une machine qui n’avait jusque-là<br />

remporté qu’un modeste succès. Après<br />

avoir quitté l’importateur Suzuki, il montera<br />

plusieurs concessions en région parisienne<br />

tout en continuant à transformer différents<br />

modèles. Des préparations qui lui vaudront<br />

d’ailleurs de remporter la Hit Bike Cup.<br />

Installé en Espagne depuis sa retraite,<br />

Jacques Roca est décédé en 2007, à<br />

l’âge de 73 ans, des suites d’un cancer.<br />

102 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


FOCUS<br />

LE PADDOCK<br />

104 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


GRANDS PRIX OUTRE-MER<br />

DU BOUT DU MONDE<br />

Il fut un temps où les équipes de Grands Prix<br />

partaient courir de l’autre côté de la planète<br />

avec comme seuls bagages une paire de motos<br />

et une caisse à outils. Avec le Moto<strong>GP</strong>, le paddock<br />

des Grands Prix outre-mer a bien changé...<br />

Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.<br />

Valentino Rossi sortant<br />

d’un des deux containers<br />

aménagés en hospitality<br />

du team Yamaha Factory.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /105


FOCUS / PADDOCK<br />

A<br />

«<br />

part les camions et les motor-homes,<br />

il ne manque plus grand-chose pour<br />

se croire au Mugello ou à Jerez. »<br />

En balade sur le circuit des<br />

Amériques – hôte du troisième<br />

Grand Prix de la saison –,<br />

Kevin Schwantz mesure l’évolution des<br />

coulisses d’une compétition qui fut la sienne<br />

de 1986 à 1995. « Il y a trente ans, quand<br />

on courait en Australie, au Japon ou aux<br />

États-Unis, la déco des garages était plus<br />

que sommaire et on mangeait des sandwiches<br />

le cul sur une caisse, rappelle l’ancien<br />

champion du monde. Aujourd’hui, qu’ils<br />

soient en Europe ou ailleurs, les gars<br />

évoluent dans le même environnement<br />

sur toutes les courses du championnat. »<br />

Dans le paddock du circuit d’Austin,<br />

Kevin Schwantz s’étonnerait presque de ce<br />

que sont devenus les Grands Prix outre-mer.<br />

Il faut dire que cette année, de nouvelles<br />

hospitalities ont fleuri ici et là. Fini le temps<br />

où les équipes officielles Moto<strong>GP</strong> louaient<br />

des tentes ou des baraquements à prix d’or.<br />

L’heure est à la mode du container aménagé.<br />

CUISINES PROFESSIONNELLES<br />

ET LARGES AUVENTS<br />

L’idée est venue de Daniele Ridolfi, le patron<br />

de « Severino by Hospitality », la cantine<br />

du paddock (voir <strong>GP</strong> <strong>Racing</strong> n° 9). Depuis<br />

1998, année où il a commencé à travailler<br />

avec son père aujourd’hui décédé, Daniele<br />

n’a eu de cesse de développer l’entreprise<br />

familiale. L’Italien s’occupe à présent<br />

des repas du staff de la Dorna, mais aussi<br />

des invités et des membres des teams Tech3<br />

et VR46. Plus de tous ceux qui viennent<br />

déjeuner ou dîner dans sa propre cantine.<br />

« En discutant avec Dédé (l’un de ses<br />

fidèles lieutenants), je me suis rendu compte<br />

qu’il y avait quelque chose à faire sur les<br />

Grands Prix outre-mer, raconte Daniele.<br />

Avec vingt-et-un employés, les douze<br />

courses en Europe ne me permettaient<br />

plus de faire bosser tout le monde à l’année.<br />

On a pensé un temps travailler sur d’autres<br />

compétitions. Et puis sachant par ailleurs que<br />

le championnat est appelé à se développer<br />

dans le monde entier, on s’est dit qu’il<br />

fallait proposer les mêmes services sur<br />

les courses outre-mer que durant les Grands<br />

Prix européens. » L’idée d’aménager des<br />

containers naîtra en Argentine. « On était<br />

dans des baraques remplies de cafards,<br />

et on devait s’occuper des invités de Ducati,<br />

se souvient Daniele. C’est là qu’on s’est<br />

dit qu’il fallait arriver à offrir le même<br />

niveau de prestations sur tous les circuits. »<br />

Une idée que partageront Massimo<br />

Meregalli, le directeur du team Yamaha, et<br />

Paolo Zanella, chargé de l’hospitality Ducati.<br />

« À Termas de Rio Hondo, on avait tous<br />

loué des cabanes de chantier afin d’organiser<br />

nos cantines, raconte Meregalli. Ce qu’on a<br />

trouvé en arrivant était carrément insalubre.<br />

À partir de là, on s’est dit qu’aménager<br />

nos propres containers pouvait être une<br />

bonne idée. » Surtout qu’avec de plus<br />

en plus de courses outre-mer, les équipes et<br />

leurs sponsors reçoivent toujours davantage<br />

d’invités hors Europe. Chez Yamaha, on<br />

a donc fait aménager deux containers de<br />

40 pieds (13 mètres de long, 2,40 de large)<br />

avec des cuisines professionnelles et de<br />

larges auvents. Le premier est utilisé en<br />

Argentine et en Australie, le second au<br />

Texas et au Japon. À chaque fois, le container<br />

voyage en bateau avant d’être acheminé<br />

sur le circuit par camion. « À Sepang,<br />

les infrastructures ont été refaites et nous<br />

n’en avons pas besoin, poursuit Meregalli.<br />

De même qu’au Qatar, où on dispose de<br />

bonnes installations et où nous n’avons<br />

par ailleurs pas trop d’invités à recevoir. »<br />

L’hospitality Yamaha, aménagée en Italie<br />

par la société Maccarinelli, à Brescia, permet<br />

d’accueillir une cinquantaine de personnes<br />

et assure les repas de toute l’équipe midi et<br />

soir. C’est aussi là que les pilotes tiennent<br />

leur point presse quotidien. Même chose<br />

chez Ducati où Paolo Zanella gère l’affaire<br />

avec trois autres personnes, contre sept en<br />

1<br />

Europe. Daniele Ridolfi a quant à lui fait<br />

aménager trois containers. Le premier<br />

navigue entre le Qatar et la Malaisie, le<br />

deuxième entre l’Argentine et l’Australie,<br />

le dernier entre le Texas et le Japon. « Les<br />

teams sont contents car ils sont sûrs d’avoir<br />

des repas sains et équilibrés, explique<br />

le patron de Severino by Hospitality. Les<br />

mécanos évitent les intoxications alimentaires<br />

et mangent donc aussi très souvent le soir<br />

chez nous. Les invités sont par ailleurs<br />

bien reçus et nous arrivons à tenir les<br />

mêmes prix qu’en Europe, soit des repas<br />

à vingt-cinq euros. » Moins exotique<br />

qu’un dîner dans les rues de Kuala Lupur<br />

ou de Termas de Rio Hondo, mais bien<br />

sûr plus efficace. À l’image du Moto<strong>GP</strong>.<br />

4 5<br />

106 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


2 3<br />

6<br />

1 L’équipe de Daniele Ridolfi nourrit une bonne partie du paddock. L’hospitality<br />

Severino s’occupe d’ailleurs de tous les membres de Dorna Sport. 2 Le team<br />

Pons est l’un des clients de Ridolfi. Fabio Quartararo semble apprécier le buffet.<br />

3 Quatre personnes gèrent la cantine Yamaha sur les courses outre-mer.<br />

4 Chez Avintia, la présentation est plutôt sommaire. 5 Emmanuel Bertolaso<br />

dans la cuisine où il prépare 80 repas chaque midi pour Ducati Corse. 6 Chaque<br />

container dispose d’un large espace réservé au stockage. 7 Chez Severino,<br />

on ne plaisante pas avec les repas. Ici, ça turbine toute la journée.<br />

7<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /107


NORTH WEST 200<br />

SEELEY<br />

ROI D’IRLANDE<br />

En remportant quatre nouvelles victoires<br />

(21 au total !) sur le redoutable circuit<br />

du triangle, Alastair Seeley (n° 34) est de loin le<br />

pilote le plus performant de la North West 200.<br />

De (très) bon augure avant le TT...<br />

Par Alain Lecorre. Photos Gavan Caldwell et Maurice Montgomery.<br />

108 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


NORTH WEST 200<br />

110 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Ici aussi, on roule à 200 de moyenne<br />

au tour et les vitesses maxi dépassent<br />

le 320 km/h. Mais ici, on ne s’élance pas<br />

les uns derrière les autres avec comme<br />

seul concurrent un chrono. Ici, on part<br />

en paquet et advienne que pourra.<br />

La North West 200 existe depuis 1929<br />

et demeure le plus gros événement sportif<br />

en Irlande du Nord. On y vient en famille<br />

admirer ces grands malades qui, six tours<br />

durant, s’arsouillent sur des routes de<br />

campagne à des vitesses stratosphériques<br />

en ayant bien fait attention de laisser leur<br />

cerveau sur un tabouret avant de partir.<br />

Depuis 1929, le fameux circuit du triangle<br />

de 14 km n’a d’ailleurs pas beaucoup changé.<br />

On déboule de Portstewart à Portrush en<br />

passant par Coleraine, tout juste ralenti par<br />

trois chicanes mises en place en 1980 et<br />

2009. Le reste est dans son jus. Les trottoirs<br />

saillants, les poteaux électriques et leurs<br />

bottes de paille, les maisons, les passages<br />

cloutés. Un vrai bonheur. Et dans ces<br />

conditions de sécurité maximale, le plus<br />

atteint de tous s’appelle Alastair Seeley.<br />

Nord-Irlandais de 37 ans, le « local » s’est<br />

illustré en Bristish Superbike avant de briller<br />

en courses sur route. Ici, c’est lui qui détient<br />

le record du nombre de victoires (21) devant<br />

un certain Robert Dunlop (15 victoires, père<br />

de Michael et William, qui y décéda en 2008),<br />

Michael Rutter (14) et Joey Dunlop (13).<br />

Quatre BMW en tête de la course<br />

Superstock. Dans l’ordre :<br />

Alastair Seeley, Ian Hutchinson<br />

(n° 4), Lee Johnston<br />

et Michael Rutter (n° 11).<br />

JAMBE CASSÉE ET SAISON<br />

TERMINÉE POUR McGUINNESS<br />

La North West 200 est aussi la première<br />

sortie en conditions de course de toutes<br />

les équipes qui préparent le TT (du 27 mai<br />

au 9 juin cette année). Et si le team BMW<br />

Tyco (Alastair Seeley et Ian Hutchinson)<br />

a brillé sur les routes irlandaises, on ne peut<br />

pas en dire autant des autres gros favoris.<br />

Michael Dunlop désormais sur Suzuki (après<br />

Kawasaki, Honda, BMW, Yamaha et j’en<br />

passe...), bien que détenteur du meilleur<br />

tour jamais réalisé à la NW (123,207 mph<br />

sur la BMW en 2016), a été plutôt discret,<br />

ne décrochant qu’une 4 e place dans l’ultime<br />

course Superbike de la semaine. Quant au<br />

team Honda <strong>Racing</strong> (John McGuinness et<br />

Guy Martin), il a rapidement été obligé de se<br />

retirer après la chute de Big John pendant les<br />

séances d’essai du jeudi. Le vieux lion a été<br />

relevé avec une fracture de la jambe droite<br />

mais aussi 4 vertèbres touchées et 3 côtes<br />

cassées, ce qui va l’obliger à porter un<br />

corset pendant six semaines. Autant dire que<br />

McGuinness ne pourra pas rouler au Tourist<br />

Trophy cette année. Il se murmure même que<br />

cela pourrait avoir été sa dernière apparition<br />

en compétition (...). Guy Martin, lui, n’a<br />

pu rouler qu’en Supersport et en Superstock,<br />

Honda préférant ausculter sa superbike<br />

et tenter de trouver le pourquoi de la chute<br />

de son leader charismatique. Et il faut bien<br />

reconnaître que ce retour en compétition<br />

a été pour le moins discret... Prochaine<br />

explication au Tourist Trophy début juin.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /111


NORTH WEST 200<br />

1<br />

2<br />

DEPUIS 1929, LE FAMEUX CIRCUIT DU TRIANGLE<br />

DE 14 KM N’A PAS BEAUCOUP CHANGÉ<br />

112 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


3<br />

4 5<br />

6<br />

Jambe cassée pour<br />

Chris Dixon pendant les<br />

essais du Supersport<br />

1 et superbe victoire<br />

de Glenn Irwin sur sa<br />

Ducati 2 lors de l’ultime<br />

course Superbike de la<br />

semaine. 3 Le vendredi,<br />

Martin Jessop s’est<br />

imposé en Supersport et en<br />

Supertwin (photo). 4 Malgré<br />

une attaque de tous les<br />

instants, Michael Dunlop<br />

n’a accroché qu’une 4 e place<br />

en SBK, le samedi. 5 John<br />

McGuinness, quant à lui,<br />

a peut-être mis un terme<br />

à sa carrière en Irlande<br />

du Nord avec cet accident<br />

du jeudi. 6 Départ de la<br />

première course Supersport.<br />

Hutchinson (Yamaha) mène<br />

la danse devant Jessop<br />

(Triumph, n° 4), Seeley<br />

(Kawasaki, n° 34) et Michael<br />

Dunlop (Yamaha, n° 3).<br />

Race 1 : Supersport<br />

Vendredi<br />

Martin JESSOPP Riders Motorcycles 28:00.796 116.121mph<br />

Ian HUTCHINSON McAMS Yamaha 28:01.568 116.334mph<br />

James HILLIER JG Speedfit Kawasaki 28:02.025 116.337mph<br />

Dean HARRISON Silicone Engineering 28:02.257 116.423mph<br />

Lee JOHNSTON Jackson <strong>Racing</strong> 28:02.631 116.361mph<br />

Race 2 : Superstock<br />

Vendredi<br />

Alastair SEELEY Tyco BMW Motorrad 26:22.328 122.898mph<br />

Lee JOHNSTON East Coast Construction 26:34.951 122.281mph<br />

Dean HARRISON Silicone Engineering 26:37.129 121.743mph<br />

Ian HUTCHINSON Tyco BMW Motorrad 26:54.329 120.854mph<br />

Martin JESSOPP Riders Motorcycles 26:54.537 120.030mph<br />

Race 3 : Supertwin<br />

Vendredi<br />

Martin JESSOPP Kawasaki Riders Motorcycles 19:33.052 110.423mph<br />

Michael RUTTER Kawasaki KMR / IEG 19:33.900 110.215mph<br />

Ivan LINTIN Kawasaki Dafabet Devitt <strong>Racing</strong> 19:48.625 108.980mph<br />

Daniel COOPER Kawasaki KW Electrical 19:51.112 108.313mph<br />

Derek SHEILS Kawasaki Cookstown BE <strong>Racing</strong> 20:05.861 107.275mph<br />

Race 1 : JM Paterson Supertwin<br />

Samedi<br />

Michael RUTTER Kawasaki KMR / IEG 20:22.941 105.209mph<br />

Daniel COOPER Kawasaki KW Electrica 20:23.638 105.149mph<br />

Martin JESSOPP Kawasaki Riders Motorcycles 20:25.055 105.027mph<br />

Michael SWEENEY Kawasaki Kiely Heating <strong>Racing</strong> 21:03.361 101.843mph<br />

Marty LENNON Kawasaki 21:03.751 101.811mph<br />

Race 2 : Bet McLean Supersport<br />

Samedi<br />

Alastair SEELEY Kawasaki Gearlink Kawasaki 29:07.172 110.606mph<br />

William DUNLOP Yamaha IC/Caffrey <strong>Racing</strong> 29:11.250 110.349mph<br />

Michael DUNLOP Yamaha MD <strong>Racing</strong> 29:11.724 110.319mph<br />

Adam McLEAN Kawasaki MSS 29:13.309 110.219mph<br />

Ian HUTCHINSON Yamaha McAMS Yamaha 29:17.431 109.961mph<br />

Race 3 : The Anchor Complex Superbike Samedi<br />

Alastair SEELEY BMW Tyco BMW Motorrad 18:53.624 113.498mph<br />

Michael RUTTER BMW Bathams / SMT <strong>Racing</strong> 19:15.234 111.375mph<br />

Lee JOHNSTON Honda Jackson <strong>Racing</strong> 19:21.701 110.755mph<br />

Glenn IRWIN Ducati Be Wiser Ducati <strong>Racing</strong> 19:24.844 110.456mph<br />

Peter HICKMAN BMW Smith’s <strong>Racing</strong> 19:25.756 110.370mph<br />

Race 4 : CP Hire Superstock<br />

Samedi<br />

Alastair SEELEY BMW Tyco BMW Motorrad 17:54.458 119.748mph<br />

Ian HUTCHINSON BMW Tyco BMW Motorrad 17:54.684 119.723mph<br />

Michael RUTTER BMW Bathams / SMT <strong>Racing</strong> 17:55.148 119.671mph<br />

Lee JOHNSTON BMW East Coast Construction 17:55.376 119.646mph<br />

Peter HICKMAN BMW Smith’s <strong>Racing</strong> 17:55.825 119.596mph<br />

Race 5 : Vauxhall NW 200 Superbike<br />

Samedi<br />

Glenn IRWIN Ducati Be Wiser Ducati <strong>Racing</strong> 30:54.018 121.649mph<br />

Alastair SEELEY BMW Tyco BMW Motorrad 30:54.190 121.638mph<br />

Ian HUTCHINSON BMW Tyco BMW Motorrad 30:54.747 121.601mph<br />

Michael DUNLOP Suzuki Hawk <strong>Racing</strong> 30:57.857 121.398mph<br />

Michael RUTTER BMW Bathams / SMT <strong>Racing</strong> 31:01.030 121.191mph<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /113


SUPERBIKE MONDIAL<br />

JONATHAN REA<br />

UN PATRON BIEN ENTOURÉ<br />

114 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Archi-dominateurs du premier tiers de la saison<br />

de Superbike mondial, Jonathan Rea et sa Kawasaki<br />

sont les meilleurs candidats à leur propre succession...<br />

Décryptage du phénomène anglais par ses proches.<br />

Par Jean-Aignan Museau. Photos DR et constructeurs.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /115


SUPERBIKE MONDIAL / REA<br />

KAWASAKI EST<br />

LE CONSTRUCTEUR<br />

QUI INVESTIT LE<br />

PLUS SUR LE WSBK.<br />

LES RÉSULTATS<br />

SUIVENT...<br />

1<br />

1 Tom Sykes n’a<br />

que rarement eu<br />

l’occasion d’ouvrir<br />

la route à son<br />

coéquipier. Sur les dix<br />

premières courses de la<br />

saison, il a toujours été<br />

battu par Rea. 2 Avec<br />

trois victoires, mais<br />

deux résultats blancs,<br />

Chaz Davies occupait la<br />

2 e place du classement<br />

provisoire au soir de<br />

l’épreuve italienne.<br />

3 Yamaha et Aprilia<br />

sont en retrait, ce qui<br />

n’empêche pas Lowes<br />

(n° 22) et Laverty (n° 50)<br />

de se battre pour les<br />

accessits. 4 Jonathan<br />

a le sourire. Au tiers<br />

de la saison, il sait<br />

qu’il a le potentiel pour<br />

décrocher un 3 e titre.<br />

2 3<br />

116 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


4<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /117


SUPERBIKE MONDIAL / REA<br />

Au soir de l’épreuve d’Imola,<br />

la dixième course de la saison,<br />

Jonathan Rea comptait sept<br />

victoires, dix podiums et<br />

trois superpole. « Et même<br />

lorsque ça ne va pas bien,<br />

il termine deuxième », souligne Fabien<br />

Raulo, l’œil de l’usine Kawasaki sur<br />

le sport en Europe. Effectivement, depuis<br />

le début de l’année, seul Chaz Davies l’a<br />

privé de victoires. Une fois sur le circuit<br />

d’Aragon et à deux reprises à Imola,<br />

dans le jardin de l’usine Ducati. Une<br />

domination sans partage – ou si peu – ,<br />

que le double champion du monde<br />

Superbike en titre compte bien perpétuer<br />

jusqu’au 4 novembre prochain, coup<br />

de sifflet final d’une saison qui comprend<br />

treize rendez-vous et donc 26 courses.<br />

« Il est au sommet de son art », constate<br />

Fabien Foret, l’ex-champion du monde<br />

Supersport qui, depuis le début de l’année,<br />

accompagne l’Irlandais sur les circuits<br />

afin de lui livrer ses observations de<br />

bord de piste. « C’est un mec très doué<br />

à la base. Il n’y a pas de mystère, aucune<br />

recette miracle. Il travaille sans arrêt. Ne<br />

laisse passer aucun détail. Il estime que<br />

chaque petite chose a son importance. »<br />

Pere Riba, lui aussi pilote de Supersport<br />

retraité, son chef mécanicien depuis son<br />

arrivée chez Kawasaki partage l’avis de Foret :<br />

« Il est très pro, parfaitement concentré. Rien<br />

ne peut le distraire. Nous avons les mêmes<br />

valeurs, la même façon de penser. Tous<br />

ces éléments font que notre relation est<br />

très soudée. » Soudée et fructueuse :<br />

« Jonathan a un style très coulé. Il n’aime<br />

pas les machines agressives. C’est un<br />

bon freineur, mais surtout quelqu’un qui a<br />

une grande vitesse de passage en courbe »,<br />

poursuit le Catalan. « Nous sommes<br />

revenus au vilebrequin avec une plus<br />

grande masse d’inertie, ce qui favorise<br />

le style de pilotage de Jonathan », confie<br />

Raulo. « Il a le package qui lui correspond »,<br />

renchérit Foret. Il a aussi une machine<br />

qui, avec la Ducati, est la plus aboutie<br />

du plateau. « Je pense que chaque<br />

moto comporte du bon et du moins bon.<br />

La Ducati a peut-être un peu plus de grip<br />

que nous et un peu plus de vitesse de<br />

pointe mais au final, le plus important est<br />

d’obtenir le juste compromis entre cadre,<br />

1<br />

2<br />

3 4<br />

1 Eugene Laverty et Leon Camier se<br />

livrent un duel pour la dixième place du<br />

championnat. 2 Stefan Bradl a bien du mal<br />

au guidon d’une Honda en développement.<br />

3 Van der Mark subit la domination de son<br />

coéquipier. 4 Torres place souvent sa BMW<br />

dans le Top 10. 5 Pour son retour aux affaires,<br />

Marco Melandri est régulièrement sur le podium.<br />

118 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


moteur, électronique et pilote. Et tu<br />

sais que tu as la bonne formule lorsque<br />

tu es en mesure de gagner la course »,<br />

poursuit Riba. Et si Kawasaki affiche<br />

de bons résultats, c’est aussi grâce<br />

aux efforts consentis par le géant vert.<br />

LA SUPRÉMATIE DE<br />

REA CHEZ LES VERTS<br />

SEMBLE ACTÉE<br />

En effet, Kawasaki investit dans le<br />

Superbike beaucoup plus d’argent<br />

que n’importe quel autre constructeur.<br />

Là où quatre à six millions d’euros<br />

suffisent tout juste à s’offrir un team<br />

privé en Moto<strong>GP</strong>, les Verts ont fait<br />

main basse sur le championnat du<br />

monde SBK. C’est un investissement<br />

à la hauteur des audiences télévisées,<br />

même si aujourd’hui, le déroulement<br />

des courses de cette catégorie n’est<br />

plus aussi passionnant qu’il y a quelques<br />

saisons, alors que celles du Moto<strong>GP</strong><br />

ont retrouvé une intensité de premier<br />

ordre. Quant aux concurrents, Yamaha,<br />

Honda et Aprilia, ils ne sont pas en<br />

mesure de venir inquiéter le duel<br />

Kawasaki-Ducati. « Le nouveau<br />

schéma de courses du Superbike<br />

ne laisse que le vendredi pour développer<br />

la moto. Le samedi et le dimanche<br />

sont consacrés à la qualification et<br />

au fait de réussir la course. Avec leurs<br />

nouvelles motos, Yamaha et Honda<br />

risquent de traîner un moment avant<br />

d’y arriver », analyse Fabien Raulo.<br />

Un temps contesté par Sykes, qui a ramené<br />

le titre mondial à Kawasaki en 2013,<br />

la suprématie de Rea chez les Verts<br />

semble être définitivement actée : « Il a<br />

pris l’ascendant. Et si, au début, Sykes<br />

masquait sa déception lorsqu’il voyait Rea<br />

sur la plus haute marche du podium, il<br />

semble aujourd’hui plus résigné. Au point<br />

même d’être tout sourire, constate Foret.<br />

Comme n’importe quel pilote, il a sa part<br />

de doutes. Mais c’est un gars qui profite<br />

d’un entourage stable, fait de personnes qui<br />

le connaissent bien. Sa femme et ses deux<br />

enfants, toujours présents, lui apportent<br />

la sérénité dont il a besoin. Il a acquis plus<br />

de confiance au fur et à mesure de la saison. »<br />

Et ne semble pas près de s’arrêter.<br />

5<br />

DUCATI ET KAWASAKI<br />

SE PARTAGENT LES<br />

QUATRE PREMIÈRES<br />

PLACES DU CLASSEMENT<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /119


RÉTROSPECTIVE<br />

STORY<br />

LES FRENCHIES<br />

DU WSBK<br />

Sous ce titre fortement anglicisé se cache une saga riche<br />

de deux titres mondiaux et de trois places honorifiques<br />

de vice-champion du monde Superbike, que l’on doit<br />

à Raymond Roche (n° 3), Sylvain Guintoli (n° 50) et Régis Laconi<br />

(n° 55). Dans cette discipline squattée par les Anglo-Saxons,<br />

la présence des tricolores reste cependant bien modeste.<br />

Par Christian Batteux. Photos archives MR.<br />

120 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /121


RÉTROSPECTIVE<br />

A<br />

u commencement fut... Raymond<br />

Roche (voir son portrait en<br />

page 68), qui, arrivé en bout<br />

de course en Grands Prix,<br />

accepta la proposition des<br />

frères Castiglioni pour tenter<br />

l’aventure du championnat du monde<br />

Superbike en 1989, un après la création<br />

de celui-ci. Le pilote Ducati disputa quatre<br />

saisons, de 1989 à 1992, s’empara du titre<br />

de champion du monde en 1990 et ne<br />

quitta jamais le podium final durant<br />

ses quatre dernières années de course.<br />

Troisième en 1989, vice-champion derrière<br />

son coéquipier américain Doug Polen<br />

en 1991 et en 1992, riche de 23 victoires,<br />

aucun pilote français n’a plus jamais<br />

signé de pareilles statistiques dans ce<br />

championnat. Il aurait certainement<br />

pu améliorer ce score, mais face à Polen,<br />

les dés étaient pipés, l’usine favorisant<br />

l’Américain sur le plan mécanique<br />

dans l’espoir de bénéficier de retombées<br />

commerciales aux États-Unis. Roche<br />

ne l’a su qu’après, il devait probablement<br />

s’en douter, et n’en a pas voulu<br />

plus que ça à ses employeurs italiens...<br />

RÉGIS LACONI PASSE<br />

À DEUX DOIGTS DU TITRE<br />

Retiré de la compétition début 1993, il a<br />

ensuite pris en charge l’équipe officielle<br />

dans laquelle Carl Fogarty allait<br />

s’épanouir, et durant huit ans,<br />

aucun tricolore n’allait plus<br />

percer le mur du Top 15 en<br />

Mondial Superbike. C’est en<br />

2001 que Régis Laconi prenait<br />

la suite de son prédécesseur,<br />

intégré d’abord à l’équipe<br />

Aprilia, et achevant cette<br />

première saison au 11 e rang, juste<br />

devant Stéphane Chambon qui<br />

avait pour sa part été couronné<br />

en Supersport deux ans plus tôt.<br />

En 2002, Laconi repartait en<br />

Grands Prix pour une saison au<br />

guidon de la terrible RS Cube de<br />

Moto<strong>GP</strong>, un engin indomptable<br />

qui n’allait pas rester dans les<br />

mémoires, avant de revenir en<br />

Superbike en 2003, d’abord<br />

intégré dans une équipe privée<br />

NCR, avec laquelle il devait<br />

achever la saison au 4 e échelon,<br />

puis au sein de l’équipe officielle<br />

en 2004. Dominateur jusqu’à<br />

la finale, il perdit le jour où il<br />

ne fallait pas perdre, relégué à<br />

la place de vice-champion par<br />

son coéquipier James Toseland qui n’en<br />

demandait pas tant. À Magny-Cours, sur<br />

ses terres, Laconi passa à 11 points de ce<br />

qui aurait été une sorte de consécration<br />

« pour l’ensemble de son œuvre ». Par<br />

la suite, l’homme au numéro 55, identifié à<br />

la Meuse, son département d’adoption, allait<br />

redescendre dans la hiérarchie mondiale,<br />

passant ensuite sur Kawasaki, puis revenant<br />

en 2009 sur une Ducati privée au guidon<br />

de laquelle il faillit tout simplement perdre<br />

la vie, victime d’un accident resté inexpliqué<br />

lors des essais de l’épreuve sud-africaine<br />

de Kyalami. Entre-temps, la tentative de<br />

Sébastien Gimbert sur Yamaha, qui faisait<br />

équipe en 2005 avec le Japonais Norifumi<br />

Abe sous les couleurs de l’importateur<br />

français, se soldait par un échec. Il fallut<br />

donc attendre l’arrivée de Sylvain Guintoli<br />

pour que les couleurs françaises brillent<br />

à nouveau en championnat du monde<br />

Superbike. Débarqué sous les couleurs<br />

Suzuki en 2010, le Drômois a gravi<br />

régulièrement les échelons de la catégorie<br />

(où Loris Baz le rejoignait en 2012), passant<br />

en 2011 du côté italien, d’abord avec Ducati<br />

(jusqu’en 2012) puis avec Aprilia (2013<br />

et 2014). Et c’est avec l’équipe de Noale<br />

qu’il devint champion du monde en 2014,<br />

à l’issue d’une saison où il rendit coup<br />

pour coup au tenant du titre, Tom Sykes,<br />

qu’il devança de six petits points le jour<br />

de la finale, disputée en l’occurrence dans<br />

la nuit et sous les projecteurs du circuit de<br />

Losail, au Qatar. S’il a ensuite poursuivi sa<br />

carrière en WSBK avec Honda puis Yamaha,<br />

c’est donc bel et bien avec Aprilia qu’il a le<br />

plus brillé. Sylvain Guintoli totalise 9 victoires<br />

en sept saisons. Quant à Loris Baz, sur trois<br />

saisons passées en Mondial Superbike, c’est<br />

en 2005 qu’il a signé son meilleur score final<br />

avec une 5 e place. Il compte également deux<br />

victoires à son palmarès. En dehors d’une<br />

belle saison de Jules Cluzel achevée au<br />

10 e rang final en 2013 avec Suzuki, depuis<br />

lors, les Français se sont faits discrets en<br />

WSBK. Il faut probablement voir dans<br />

ce phénomène une explication avant tout<br />

culturelle au fait que malgré les difficultés<br />

d’accès au pinacle des sports mécaniques<br />

motocyclistes qu’ils représentent, les <strong>GP</strong><br />

restent prioritaires pour nos pilotes au<br />

moment de choisir leur voie et de commencer<br />

à bâtir leur carrière. Complètement<br />

à l’inverse des Anglo-Saxons, qui sont<br />

d’ailleurs ultra-majoritaires au palmarès<br />

du championnat du monde Superbike,<br />

où sur 29 titres décernés, 5 seulement l’ont<br />

été au profit de pilotes non anglo-saxons.<br />

EN 2017, IL N’Y A AUCUN<br />

FRANÇAIS EN WSBK<br />

Rendez-vous compte qu’après le titre de<br />

Roche en 1990, il a fallu attendre vingt ans<br />

pour qu’un pilote autre qu’américain (Doug<br />

Polen, Scott Russell, John<br />

Kocinski, Colin Edwards et<br />

Ben Spies), britannique (Carl<br />

Fogarty, Neil Hodgson et James<br />

Toseland), néo-zélandais<br />

(Troy Corser) ou australien<br />

(Troy Bayliss) devienne<br />

champion du monde<br />

Superbike ! Il s’appelait<br />

Max Biaggi et il l’emporta<br />

en 2010 avec son Aprilia. Pour<br />

la petite histoire, l’Espagnol<br />

Carlos Checa (Ducati)<br />

s’octroya la couronne un an<br />

plus tard, Biaggi en remit une<br />

couche en 2012, puis l’Empire<br />

britannique reprit « son » bien<br />

à partir de 2013 par l’entremise<br />

de Tom Sykes. Interrompue<br />

par Guintoli en 2014, la série<br />

britannique est depuis relancée<br />

avec Jonathan Rea, couronné<br />

en 2015 et en 2016. Et cette<br />

année, le titre se jouera entre<br />

les Britanniques Rea, Chaz<br />

Davies et Sykes. En 2017, il<br />

n’y a pas de Français sur les<br />

1 grilles de départ du WSBK.<br />

PIONNIER TRICOLORE EN WSBK, ROCHE<br />

FUT LE MEILLEUR DE TOUS AVEC 1 TITRE<br />

EN 1990 ET 2 PLACES DE VICE-CHAMPION<br />

122 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


2 3<br />

1 Symbolique de la saison 2014 qui le vit triompher de peu face<br />

à l’Anglais Tom Sykes (n° 1), cette passe d’armes avec Sylvian<br />

Guintoli (n° 50), deuxième champion du monde SBK français,<br />

rappelle aussi la mainmise des Anglo-Saxons sur la discipline.<br />

2 Raymond Roche, l’année de son sacre, reste le plus performant<br />

des tricolores en SBK. Rien de plus logique vu son pedigree en<br />

Grands Prix (cf. page 68). 3 L’amertume de Régis Laconi (à d.)<br />

sur le podium de Magny-Cours en 2004, le jour où il a perdu son<br />

duel face à James Toseland (à g.). 4 Loris Baz aurait peut-être pu<br />

succéder à ses aînés, mais il a choisi de tenter sa chance en Moto<strong>GP</strong>.<br />

4<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /123


RÉTROSPECTIVE<br />

1<br />

Tous ceux qui ont marqué des points<br />

La plupart d’entre eux ne sont apparus qu’à l’occasion de la manche française du championnat du monde,<br />

mais d’autres ont été plus assidus. Nous nous contentons ici de citer tous les pilotes français qui ont<br />

marqué au moins un point en Mondial Superbike, une liste (par ordre alphabétique) tout de même<br />

assez longue (ils sont 53) pour mériter d’y jeter un coup d’œil.<br />

Michel Amalric, Sylvain Barrier, Loris Baz, Maxime<br />

Berger, Pierre Bolle, Bruno Bonhuil, Denis Bonoris,<br />

Christophe Bouheben, Stéphane Chambon, Jules<br />

Cluzel, Maurice Coq, Thierry Crine, Julien Da Costa,<br />

Éric Delcamp, Jean-Marc Delétang, Guillaume<br />

Dietrich, Stéphane Duterne, Florian Ferraci, Fabien<br />

Foret, Sébastien Gimbert, Michel Graziano, Jérémy<br />

Guarnoni, Jean-Louis Guignabodet, Sylvain Guintoli,<br />

Christophe Guyot, Didier Hamdi, Ludovic Holon,<br />

Patrick Igoa, José Kuhn, Régis Laconi, Matthieu<br />

Lagrive, Romain Lanusse, Christian Lavieille,<br />

Matthieu Lussiana, Lucas Mahias, Jean-Michel<br />

Mattioli, Hervé Moineau, Adrien Morillas, Philippe<br />

Mouchet, Jean-Yves Mounier, Gérald Muteau,<br />

Jehan d’Orgeix, Frédéric Protat, Vincent Philippe,<br />

Christophe Ponsson, Randy de Puniet, Raymond Roche,<br />

Thierry Rogier, Jean-Philippe Ruggia, Dominique<br />

Sarron, Bertrand Stey, Yoann Tiberio, Alex Vieira.<br />

2<br />

3<br />

124 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


4<br />

5 6<br />

1 Jules Cluzel, 10 e du championnat en 2013, l’année<br />

où l’Anglais Tom Sykes était couronné, est depuis<br />

redescendu en Supersport. 2 Il faisait équipe avec<br />

l’Anglais Leon Camier, qui pour sa part acheva cette<br />

saison 2013 en 11 e position. 3 Champion du monde<br />

Supersport en 1999, Stéphane Chambon se classa 12 e<br />

en Superbike deux ans plus tard (l’année où Troy Bayliss<br />

décrochait le premier de ses trois titres). 4 Patrick<br />

Igoa, ici à Donington en 1989, une saison qu’il allait<br />

boucler à la 13 e place du championnat du monde<br />

Superbike (champion : Fred Merkel). 5 Igoa a surtout<br />

brillé en endurance mais a aussi roulé en Grands Prix, tout<br />

comme Adrien Morillas 6 , qui s’engagea durant plusieurs<br />

saisons en Superbike. 7 Ici à Manfeild, en Nouvelle-<br />

Zélande, Morillas boucle sa meilleure année en WSBK,<br />

avec une 15 e place finale en 1992 (champion : Doug Polen).<br />

7<br />

DEPUIS LES DÉBUTS DU MONDIAL<br />

SUPERBIKE EN 1988, 53 PILOTES FRANÇAIS<br />

Y ONT MARQUÉ AU MOINS 1 POINT<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /125


RÉSULTATS<br />

SUPERBIKE - SUPERSPORT - SUPERSTOCK<br />

REA FAÇON GENGIS KHAN<br />

Quasi intouchable depuis le début de la saison, le champion du monde<br />

Superbike sortant impose un rythme d’impitoyable conquérant.<br />

Par Alain Lecorre et Alexis Delisse. Infographies Laurent Hindryckx. Photos Jean-Aignan Museau.<br />

1/ PHILLIP ISLAND - AUSTRALIE (26/02/2017)<br />

Longueur : 4 448 m<br />

Largeur : 13 m<br />

Virages à gauche : 7<br />

Virages à droite : 5<br />

Plus longue<br />

ligne droite : 900 m<br />

Construit en : 1956<br />

Modifié en : 1988<br />

22 tours : 97,790 km<br />

Air : 18 °C<br />

Piste : 42 °C<br />

Humidité : 58 %<br />

T1 : 3“099 (Melandri)<br />

T2 : 18“535 (Rea)<br />

T3 : 26“365 (Melandri)<br />

T4 : 17“346 (Forés)<br />

T5 : 25“420 (Melandri)<br />

Ideal time : 1’30“765<br />

Pole : J. Rea (GB-Kawasaki) – 1’29’’573<br />

Record de la piste : J. Rea (GB-Kawasaki) 2017 – 1’29’’573 (178,650 km/h)<br />

Rea assume son statut<br />

Double champion du monde en titre, Jonathan Rea a fait honneur<br />

à sa plaque de n° 1 sur une Kawasaki ZX-10RR qui reste l’épouvantail<br />

du plateau. L’Anglais a ainsi parfaitement fait le travail lors de<br />

la manche d’ouverture en Australie avec un doublé aussi disputé<br />

qu’imparable. Et comme l’an passé, c’est Chaz Davies et sa Ducati<br />

qui auront le plus menacé Rea pour la victoire, en échouant à<br />

seulement quelques millièmes du vainqueur dans les deux manches.<br />

Le duel est engagé, avec déjà un premier avantage au tenant du titre.<br />

Superbike 1<br />

18 classés.<br />

1. J. Rea (GB-Kawasaki), 22 tours<br />

en 33’52”290 (173,225 km/h)<br />

2. C. Davies (GB-Ducati) à 0”042<br />

3. T. Sykes (GB-Kawasaki) à 1”050<br />

4. A. Lowes (GB-Yamaha) à 1”082<br />

5. L. Camier (GB-MV Agusta) à 3”002<br />

6. X. Forés (E-Ducati) à 3”320<br />

7. J. Torres (E-BMW) à 8”725<br />

8. E. Laverty (IRL-Aprilia) à 12”135<br />

9. M. VD Mark (NL-Yamaha) à 12”180<br />

10. R. Krummenacher (CH-Kawa) à 12”439<br />

11. N. Hayden (USA-Honda) à 19”344<br />

12. M. Reiterberger (D-BMW) à 21”336<br />

13. R. Ramos (E-Kawasaki) à 24”866<br />

14. A. De Angelis (RSM-Kawasaki) à 24”902<br />

15. S. Bradl (D-Honda) à 28”936<br />

Meilleur temps en course :<br />

J. Rea (GB-Kawasaki), 3 e tour, 1’31’’197<br />

175,466 km/h<br />

Supersport<br />

14 classés.<br />

1. R. Rolfo (I-MV Agusta), 10 tours<br />

en 15’56”217 (167,347 km/h)<br />

2. L. Mahias (F-Yamaha) à 1”001<br />

3. A. West (AUS-Yamaha) à 1”544<br />

4. K. Smith (GB-Honda) à 1”679<br />

5. R. Ryde (GB-Kawasaki) à 1”727<br />

6. P. Jacobsen (USA-MV Agusta) à 5”237<br />

7. A. Wagner (AUS-Honda) à 5”387<br />

8. K. Watanabe (J-Kawasaki) à 6”610<br />

9. N. Calero (E-Kawasaki) à 8”057<br />

10. L. Epis (AUS-Kawasaki) à 8”309<br />

11. S. Morais (RSA-Yamaha) à 10”264<br />

12. Z. Khairuddin (MAS-Kawasaki) à 11”579<br />

13. A. Baldolini (I-MV Agusta) à 14”148<br />

14. M. Canducci (I-Kawasaki) à 23”247<br />

Meilleur temps en course :<br />

P. Jacobsen (USA-MV Agusta), 7 e tour,<br />

1’33’’782, 170,630 km/h<br />

Superbike 2<br />

17 classés.<br />

1. J. Rea (GB-Kawasaki), 22 tours<br />

en 33’52”785 (173,183 km/h)<br />

2. C. Davies (GB-Ducati) à 0”025<br />

3. M. Melandri (I-Ducati) à 0”249<br />

4. A. Lowes (GB-Yamaha) à 0”956<br />

5. X. Forés (E-Ducati) à 2”320<br />

6. T. Sykes (GB-Kawasaki) à 4”781<br />

7. M. VD Mark (NL-Yamaha) à 7”307<br />

8. L. Camier (GB-MV Agusta) à 9”756<br />

9. L. Savadori (I-Aprilia) à 11”135<br />

10. E. Laverty (IRL-Aprilia) à 20”123<br />

11. A. De Angelis (RSM-Kawasaki) à 25”799<br />

12. J. Brookes (AUS-Yamaha) à 25”879<br />

13. M. Reiterberger (D-BMW) à 25”917<br />

14. R. Ramos (E-Kawasaki) à 26”292<br />

15. S. Bradl (D-Honda) à 28”440<br />

Meilleur temps en course :<br />

M. Melandri (I-Ducati), 6 e tour, 1’31’’178<br />

175,503 km/h<br />

126 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


2/ BURIRAM - THAÏLANDE (12/03/2017)<br />

www.bric.co.th/<br />

Longueur : 4 554 m<br />

Virages à gauche : 5<br />

Virages à droite : 7<br />

Construit en : 2014<br />

20 tours : 91,080 km<br />

Air : 35 °C<br />

Piste : 46 °C<br />

Humidité : 42 %<br />

T1 : 19“384 (Melandri)<br />

T2 : 26“911 (Davies)<br />

T3 : 21“548 (Rea)<br />

T4 : 25“210 (Rea)<br />

Ideal time : 1’33“053<br />

Superbike 1<br />

18 classés.<br />

1. J. Rea (GB-Kawasaki), 20 tours<br />

en 31’16”125 (174,768 km/h)<br />

2. C. Davies (GB-Ducati) à 6”279<br />

3. T. Sykes (GB-Kawasaki) à 8”165<br />

4. M. Melandri (I-Ducati) à 8”239<br />

5. M. VD Mark (NL-Yamaha) à 11”387<br />

6. A. Lowes (GB-Yamaha) à 14”862<br />

7. J. Torres (E-BMW) à 26”035<br />

8. L. Camier (GB-MV Agusta) à 31”755<br />

9. N. Hayden (USA-Honda) à 33”305<br />

10. S. Bradl (D-Honda) à 35”208<br />

11. X. Forés (E-Ducati) à 35”428<br />

12. R. Krummenacher (CH-Kawa) à 38”865<br />

13. L. Savadori (I-Aprilia) à 39”869<br />

14. M. Reiterberger (D-BMW) à 40”140<br />

15. R. Ramos (E-Kawasaki) à 47”407<br />

Meilleur temps en course :<br />

J. Rea (GB-Kawasaki), 5 e tour, 1’33’’436<br />

175,461 km/h<br />

Superbike 2<br />

15 classés.<br />

1. J. Rea (GB-Kawasaki), 16 tours<br />

en 25’02”029 (174,637 km/h)<br />

2. T. Sykes (GB-Kawasaki) à 4”078<br />

3. M. Melandri (I-Ducati) à 4”195<br />

4. A. Lowes (GB-Yamaha) à 10”005<br />

5. J. Torres (E-BMW) à 14”733<br />

6. C. Davies (GB-Ducati) à 16”972<br />

7. N. Hayden (USA-Honda) à 20”543<br />

8. X. Forés (E-Ducati) à 24”283<br />

9. R. Ramos (E-Kawasaki) à 24”864<br />

10. M. Reiterberger (D-BMW) à 26”008<br />

11. A. De Angelis (RSM-Kawa) à 27”599<br />

12. R. Russo (I-Yamaha) à 34”800<br />

13. O. Jezek (CZE-Kawasaki) à 47”090<br />

14. A. Badovini (I-Kawasaki) à 47”695<br />

15. E. Laverty (IRL-Aprilia) à 1’21”916<br />

Meilleur temps en course :<br />

M. Melandri (I-Ducati), 3 e tour, 1’33’’644<br />

175,072 km/h<br />

Pole : J. Rea (GB-Kawasaki) – 1’32’’957<br />

Record de la piste : J. Rea (GB-Kawasaki) 2014 – 1’33’’382 (175,563 km/h)<br />

Rea enchaîne<br />

Déjà auteur du doublé à Phillip Island, Jonathan Rea était l’auteur<br />

d’un nouveau carton plein à Buriram. Un week-end encore plus<br />

convaincant avec deux victoires en solitaire qui lui permettent<br />

déjà de prendre le large au championnat grâce à la faute<br />

de Chaz Davies en seconde manche. Deux fois sur le podium,<br />

son coéquipier Tom Sykes est, lui, à nouveau dominé alors que<br />

derrière, les Kawasaki et Ducati offi cielles, Yamaha s’impose sur ce<br />

début de saison comme le troisième constructeur du championnat.<br />

Supersport<br />

14 classés.<br />

1. F. Caricasulo (I-Yamaha), 17 tours<br />

en 28’11”733 (164,745 km/h)<br />

2. D. Kraisart (THA-Yamaha) à 0”793<br />

3. N. Tuuli (FIN-Yamaha) à 3”164<br />

4. T. Warokorn (THA-Kawasaki) à 7”564<br />

5. R. Ryde (GB-Kawasaki) à 7”698<br />

6. H. Okubo (J-Honda) à 8”823<br />

7. S. Morais (RSA-Yamaha) à 10”532<br />

8. A. Wagner (AUS-Honda) à 19”051<br />

9. K. Watanabe (J-Kawasaki) à 19”666<br />

10. R. Mulhauser (CH-Honda) à 19”857<br />

11. R. Rolfo (I-MV Agusta) à 25”464<br />

12. L. Epis (AUS-Kawasaki) à 25”634<br />

13. N. Calero (E-Kawasaki) à 53”020<br />

14. D. Pizzoli (I-MV Agusta) à 1’01”236<br />

Meilleur temps en course :<br />

C. Gamarino (I-Honda), 2 e tour, 1’38’’721,<br />

166,068 km/h<br />

3/ ARAGON - ESPAGNE (02/04/2017)<br />

Longueur : 5 344 m<br />

Largeur : 15 m<br />

Virages à gauche : 9<br />

Virages à droite : 8<br />

Plus longue<br />

ligne droite : 968 m<br />

Construit en : 2009<br />

18 tours : 163,113 km<br />

Air : 14 °C<br />

Piste : 27 °C<br />

Humidité : 53 %<br />

T1 : 31“529 (Rea)<br />

T2 : 31“135 (Melandri)<br />

T3 : 21“324 (Davies)<br />

T4 : 10“583 (Rea)<br />

T5 : 15“425 (Forés)<br />

Ideal time : 1’49“996<br />

Pole : C. Davies (GB-Ducati) – 1’49’’319<br />

Record de la piste : C. Davies (GB-Ducati) 2017 – 1’49’’319 (167,190 km/h)<br />

Mahias, la délivrance<br />

Après plusieurs saisons chaotiques malgré un talent évident et<br />

deux podiums dans la catégorie, Lucas Mahias est enfi n monté sur<br />

la plus haute marche du podium pour le retour du Mondial Supersport<br />

en Europe. Solide en Aragon, le Français en profi te pour prendre les<br />

commandes du championnat alors qu’en Superbike, Chaz Davies est<br />

enfi n parvenu à prendre une manche à Jonathan Rea. Avec une victoire<br />

le samedi, le pilote Kawasaki reste largement maître de son sujet.<br />

Superbike 1<br />

16 classés.<br />

1. J. Rea (GB-Kawasaki), 18 tours<br />

en 33’24”302 (164,142 km/h)<br />

2. M. Melandri (I-Ducati) à 4”058<br />

3. T. Sykes (GB-Kawasaki) à 7”512<br />

4. A. Lowes (GB-Yamaha) à 9”962<br />

5. M. VD Mark (NL-Yamaha) à 12”302<br />

6. J. Torres (E-BMW) à 18”995<br />

7. L. Mercado (ARG-Aprilia) à 21”545<br />

8. E. Laverty (IRL-Aprilia) à 27”309<br />

9. S. Bradl (D-Honda) à 27”488<br />

10. N. Hayden (USA-Honda) à 27”663<br />

11. L. Camier (GB-MV Agusta) à 35”409<br />

12. M. Reiterberger (D-BMW) à 41”558<br />

13. J. Simon (E-Aprilia) à 44”006<br />

14. R. Krummenacher (CH-Kawa) à 44”482<br />

15. A. De Angelis (RSM-Kawasaki) à 45”915<br />

Meilleur temps en course :<br />

J. Rea (GB-Kawasaki), 10 e tour, 1’50’’597<br />

165,259 km/h<br />

Supersport<br />

26 classés.<br />

1. L. Mahias (F-Yamaha), 16 tours<br />

en 31’05”708 (156,742 km/h)<br />

2. S. Morais (RSA-Yamaha) à 0”014<br />

3. P. Jacobsen (USA-MV Agusta) à 0”153<br />

4. J. Cluzel (F-Honda) à 3”598<br />

5. M. Canducci (I-Kawasaki) à 4”320<br />

6. R. Rolfo (I-MV Agusta) à 4”424<br />

7. C. Gamarino (I-Honda) à 9”407<br />

8. R. Ryde (GB-Kawasaki) à 17”064<br />

9. H. Soomer (EST-Honda) à 23”098<br />

10. L. Stapleford (GB-Triumph) à 26”140<br />

11. H. Okubo (J-Honda) à 31”703<br />

12. R. Hartog (NL-Kawasaki) à 31”742<br />

13. X. Cardelus (E-MV Agusta) à 31”780<br />

14. Z. Khairuddin (MAS-Kawasaki) à 31”912<br />

15. K. Watanabe (J-Kawasaki) à 32”717<br />

Meilleur temps en course :<br />

M. Canducci (I-Kawasaki), 9 e tour, 1’55’’609,<br />

158,095 km/h<br />

Superbike 2<br />

17 classés.<br />

1. C. Davies (GB-Ducati), 18 tours<br />

en 33’30”906 (163,603 km/h)<br />

2. J. Rea (GB-Kawasaki) à 0”058<br />

3. M. Melandri (I-Ducati) à 2”512<br />

4. T. Sykes (GB-Kawasaki) à 10”962<br />

5. M. VD Mark (NL-Yamaha) à 13”302<br />

6. X. Forés (E-Ducati) à 16”995<br />

7. J. Torres (E-BMW) à 18”545<br />

8. L. Mercado (ARG-Aprilia) à 18”309<br />

9. E. Laverty (IRL-Aprilia) à 21”488<br />

10. L. Camier (GB-MV Agusta) à 22”663<br />

11. R. Ramos (E-Kawasaki) à 24”409<br />

12. S. Bradl (D-Honda) à 25”558<br />

13. A. Lowes (GB-Yamaha) à 26”006<br />

14. R. Krummenacher (CH-Kawa) à 40”482<br />

15. J. Simon (E-Aprilia) à 40”915<br />

Meilleur temps en course :<br />

C. Davies (GB-Ducati), 17 e tour, 1’50’’954<br />

164,728 km/h<br />

Superstock 1000<br />

28 classés.<br />

1. M. Rinaldi (I-Ducati), 13 tours<br />

en 24’39”969 (160,546 km/h)<br />

2. F. Marino (F-Yamaha) à 3”587<br />

3. R. Tamburini (I-Yamaha) à 6”732<br />

4. T. Razgatlioglu (TUR-Kawa) à 8”184<br />

5. M. Facani (I-BMW) à 8”984<br />

6. J. Guarnoni (F-Kawasaki) à 9”929<br />

7. L. Vitali (I-Aprilia) à 10”129<br />

8. I. Mykhalchyk (UKR-Kawasaki) à 12”992<br />

9. M. Jones (AUS-Ducati) à 20”218<br />

10. M. Fritz (D-Yamaha) à 21”900<br />

11. W. Tessels (NL-Kawasaki) à 30”888<br />

12. L. Marconi (I-Yamaha) à 31”049<br />

13. S. Suchet (CH-BMW) à 31”186<br />

14. J. Puffe (D-BMW) à 36”324<br />

15. A. Tucci (I-Yamaha) à 36”757<br />

Meilleur temps course :<br />

M. Rinaldi (I-Ducati), 2 e tour, 1’52’’736,<br />

162,124 km/h<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /127


RÉSULTATS / SUPERBIKE, SUPERSPORT<br />

4/ ASSEN - PAYS-BAS (30/04/2017)<br />

Longueur : 3 931 m<br />

Virages à gauche : 10<br />

Virages à droite : 7<br />

Construit en : 2012<br />

16 tours : 72,672 km<br />

Air : 10 °C<br />

Piste : 18 °C<br />

Humidité : 54 %<br />

T1 : 31“137 (Davies)<br />

T2 : 5“002 (Sykes)<br />

T3 : 9“044 (Camier)<br />

T4 : 27“480 (Davies)<br />

T5 : 21“822 (Sykes)<br />

Ideal time : 1’34“485<br />

Pole : J. Rea (GB-Kawasaki) – 1’33’’505<br />

Record de la piste : J. Rea (GB-Kawasaki) 2017 – 1’33’’505 (174,870 km/h)<br />

Rea, maître d’Assen<br />

Pour son 200 e départ en Superbike, Jonathan Rea n’a pas loupé<br />

son coup. Toujours très à l’aise aux Pays-Bas, le leader du championnat<br />

a encore augmenté son avance à l’issue d’un nouveau doublé<br />

imparable. En bataille avec Chaz Davies en première manche,<br />

l’offi ciel Kawasaki a profi té de la panne de la Ducati dans son rival<br />

alors que Tom Sykes lui mettant la pression jusqu’au drapeau à damier<br />

le dimanche, en vain. Côté Supersport, Kenan Sofuoglu a fait son<br />

retour au sommet devant les Français Lucas Mahias et Jules Cluzel.<br />

Superbike 1<br />

16 classés.<br />

1. J. Rea (GB-Kawasaki), 21 tours<br />

en 33’37”082 (170,234 km/h)<br />

2. T. Sykes (GB-Kawasaki) à 4”501<br />

3. M. Melandri (I-Ducati) à 17”673<br />

4. X. Forés (E-Ducati) à 22”569<br />

5. L. Savadori (I-Aprilia) à 30”797<br />

6. S. Bradl (D-Honda) à 33”530<br />

7. R. Ramos (E-Kawasaki) à 39”176<br />

8. E. Laverty (IRL-Aprilia) à 39”254<br />

9. L. Mercado (ARG-Aprilia) à 39”266<br />

10. L. Camier (GB-MV Agusta) à 41”493<br />

11. R. Krummenacher (CH-Kawa) à 43”623<br />

12. A. De Angelis (RSM-Kawasaki) à 48”218<br />

13. R. De Rosa (I-BMW) à 49”487<br />

14. N. Hayden (USA-Honda) à 50”016<br />

15. A. Badovini (I-Kawasaki) à 1’00”924<br />

Meilleur temps en course :<br />

J. Rea (GB-Kawasaki), 3 e tour, 1’34’’880<br />

172,340 km/h<br />

Supersport<br />

25 classés.<br />

1. K. Sofuoglu (TUR-Kawasaki), 18 tours<br />

en 30’01”130 (164,409 km/h)<br />

2. L. Mahias (F-Yamaha) à 2”611<br />

3. J. Cluzel (F-Honda) à 2”616<br />

4. P. Jacobsen (USA-MV Agusta) à 4”127<br />

5. S. Morais (RSA-Yamaha) à 4”706<br />

6. F. Caricasulo (I-Yamaha) à 4”941<br />

7. M. Canducci (I-Kawasaki) à 7”664<br />

8. L. Stapleford (GB-Triumph) à 11”993<br />

9. C. Gamarino (I-Honda) à 13”092<br />

10. R. Hartog (NL-Kawasaki) à 13”226<br />

11. K. Smith (GB-Honda) à 13”767<br />

12. R. Ryde (GB-Kawasaki) à 14”339<br />

13. H. Soomer (EST-Honda) à 19”373<br />

14. A. West (AUS-Yamaha) à 20”205<br />

15. R. Rolfo (I-MV Agusta) à 21”359<br />

Meilleur temps en course :<br />

K. Sofuoglu (TUR-Kawasaki), 3 e tour,<br />

1’39’’057, 165,070 km/h<br />

Superbike 2<br />

20 classés.<br />

1. J. Rea (GB-Kawasaki), 21 tours<br />

en 33’37”082 (170,234 km/h)<br />

2. T. Sykes (GB-Kawasaki) à 0”025<br />

3. C. Davies (GB-Ducati) à 5”077<br />

4. M. VD Mark (NL-Yamaha) à 8”739<br />

5. A. Lowes (GB-Yamaha) à 16”244<br />

6. L. Camier (GB-MV Agusta) à 17”899<br />

7. J. Torres (E-BMW) à 19”026<br />

8. E. Laverty (IRL-Aprilia) à 19”184<br />

9. N. Hayden (USA-Honda) à 21”475<br />

10. S. Bradl (D-Honda) à 24”693<br />

11. R. Ramos (E-Kawasaki) à 26”751<br />

12. L. Mercado (ARG-Aprilia) à 26”924<br />

13. X. Forés (E-Ducati) à 36”611<br />

14. R. Krummenacher (CH-Kawa) à 40”597<br />

15. A. De Angelis (RSM-Kawa) à 49”140<br />

Meilleur temps en course :<br />

J. Rea (GB-Kawasaki), 6 e tour, 1’35’’579<br />

171,080 km/h<br />

Superstock 1000<br />

29 classés.<br />

1. T. Razgatlioglu (TUR-Kawa), 9 tours<br />

en 14’49”062 (166,084 km/h)<br />

2. M. Rinaldi (I-Ducati) à 1”073<br />

3. F. Marino (F-Yamaha) à 2”438<br />

4. D. De Boer (NL-BMW) à 3”907<br />

5. J. Guarnoni (F-Kawasaki) à 10”312<br />

6. I. Mykhalchyk (UKR-Kawasaki) à 10”682<br />

7. M. Scheib (CH-Aprilia) à 10”738<br />

8. S. Suchet (CH-BMW) à 10”859<br />

9. R. Tamburini (I-Yamaha) à 11”384<br />

10. L. Vitali (I-Aprilia) à 11”440<br />

11. F. Sandi (I-BMW) à 16”299<br />

12. L. Marconi (I-Yamaha) à 18”499<br />

13. K. Calia (I-Suzuki) à 21”342<br />

14. J. Puffe (D-BMW) à 21”516<br />

15. M. Moser (D-Kawasaki) à 21”665<br />

Meilleur temps course :<br />

M. Rinaldi (I-Ducati), 2 e tour, 1’37’’522,<br />

167,670 km/h<br />

5/ IMOLA - ITALIE (14/05/2017)<br />

Longueur : 4 936 m<br />

Largeur : 10-15 m<br />

Virages à gauche : 13<br />

Virages à droite : 9<br />

Plus longue<br />

ligne droite : 350 m<br />

Construit en : 1952<br />

Modifié en : 2007<br />

19 tours : 93,784 km<br />

Air : 24 °C<br />

Piste : 42 °C<br />

Humidité : 45 %<br />

T1 : 7“470 (Melandri)<br />

T2 : 15“049 (Davies)<br />

T3 : 33“244 (Davies)<br />

T4 : 28“081 (Davies)<br />

T5 : 22“246 (Davies)<br />

Ideal time : 1’46“090<br />

Pole : C. Davies (GB-Ducati) – 1’45’’598 (168,28 km/h)<br />

Record de la piste : C. Davies (GB-Ducati) 2017 – 1’45’’598 (168,28 km/h)<br />

Davies sort le grand jeu<br />

Sur les terres de son employeur Ducati, Chaz Davies n’avait d’autre<br />

choix que de tenter de renverser la vapeur face à l’insolente réussite<br />

et régularité de Jonathan Rea depuis le début de saison. Une tâche<br />

dont le Gallois s’est acquitté avec brio en survolant les débats<br />

tout au long du week-end pour remporter les deux manches<br />

avec une belle avance sur ses adversaires. Une démonstration de<br />

force insuffi sante pour stopper l’hémorragie au championnat avec<br />

les deux deuxièmes places assurées par le champion et sa Kawasaki.<br />

Superbike 1<br />

16 classés.<br />

1. C. Davies (GB-Ducati), 12 tours<br />

en 21’21”371 (166,412 km/h)<br />

2. J. Rea (GB-Kawasaki) à 6”696<br />

3. M. Melandri (I-Ducati) à 9”287<br />

4. T. Sykes (GB-Kawasaki) à 9”913<br />

5. X. Forés (E-Ducati) à 16”142<br />

6. L. Camier (GB-MV Agusta) à 21”914<br />

7. M. VD Mark (NL-Yamaha) à 24”638<br />

8. A. Lowes (GB-Yamaha) à 25”792<br />

9. R. Ramos (E-Kawasaki) à 34”035<br />

10. S. Bradl (D-Honda) à 34”585<br />

11. A. De Angelis (RSM-Kawasaki) à 39”857<br />

12. L. Savadori (I-Aprilia) à 40”639<br />

13. R. Krummenacher (CH-Kawa) à 43”089<br />

14. R. De Rosa (I-BMW) à 43”560<br />

15. A. Badovini (I-Kawasaki) à 47”289<br />

Meilleur temps en course :<br />

C. Davies (GB-Ducati), 3 e tour, 1’46’’393<br />

167,02 km/h<br />

Supersport<br />

25 classés.<br />

1. K. Sofuoglu (TUR-Kawasaki), 11 tours<br />

en 20’36”422 (158,090 km/h)<br />

2. L. Mahias (F-Yamaha) à 0”438<br />

3. P. Jacobsen (USA-MV Agusta) à 1”573<br />

4. S. Morais (RSA-Yamaha) à 8”405<br />

5. K. Smith (GB-Honda) à 9”181<br />

6. J. Cluzel (F-Honda) à 9”474<br />

7. C. Gamarino (I-Honda) à 12”979<br />

8. L. Cresson (B-Yamaha) à 16”665<br />

9. H. Okubo (J-Honda) à 16”966<br />

10. A. Zaccone (I-MV Agusta) à 17”957<br />

11. A. West (AUS-Yamaha) à 19”390<br />

12. J. Kennedy (IRL-Triumph) à 21”035<br />

13. L. Stapleford (GB-Triumph) à 23”545<br />

14. M. Canducci (I-Kawasaki) à 25”494<br />

15. G. Rea (GB-Kawasaki) à 28”574<br />

Meilleur temps en course :<br />

L. Mahias (F-Yamaha), 10 e tour, 1’51’’795,<br />

158,950 km/h<br />

Superbike 2<br />

17 classés.<br />

1. C. Davies (GB-Ducati), 18 tours<br />

en 32’12”361 (165,524 km/h)<br />

2. J. Rea (GB-Kawasaki) à 3”739<br />

3. T. Sykes (GB-Kawasaki) à 4”342<br />

4. X. Forés (E-Ducati) à 14”441<br />

5. M. Melandri (I-Ducati) à 14”596<br />

6. A. Lowes (GB-Yamaha) à 32”214<br />

7. E. Laverty (IRL-Aprilia) à 33”919<br />

8. J. Torres (E-BMW) à 35”932<br />

9. M. VD Mark (NL-Yamaha) à 36”099<br />

10. L. Mercado (ARG-Aprilia) à 37”621<br />

11. R. Ramos (E-Kawasaki) à 40”395<br />

12. N. Hayden (USA-Honda) à 43”738<br />

13. L. Savadori (I-Aprilia) à 48”589<br />

14. S. Bradl (D-Honda) à 54”649<br />

15. R. Krummenacher (CH-Kawa) à 54”916<br />

Meilleur temps en course :<br />

C. Davies (GB-Ducati), 6 e tour, 1’46’’720<br />

166,510 km/h<br />

Superstock 1000<br />

20 classés.<br />

1. M. Rinaldi (I-Ducati), 9 tours<br />

en 16’31”525 (161,293 km/h)<br />

2. R. Tamburini (I-Yamaha) à 2”309<br />

3. T. Razgatlioglu (TUR-Kawa) à 4”079<br />

4. F. Sandi (I-BMW) à 5”769<br />

5. M. Faccani (I-BMW) à 8”673<br />

6. M. Ferrari (I-BMW) à 10”736<br />

7. S. Suchet (CH-BMW) à 16”310<br />

8. M. Jones (AUS-Ducati) à 17”676<br />

9. A. Shacht (DEN-Ducati) à 21”107<br />

10. F. Sanchioni (I-BMW) à 22”876<br />

11. E. Vionnet (CH-BMW) à 29”263<br />

12. J. Puffe (D-BMW) à 31”843<br />

13. R. Cecchini (I-Kawasaki) à 32”757<br />

14. F. D’Annunzio (I-BMW) à 33”678<br />

15. G. Scott (AUS-Kawasaki) à 33”766<br />

Meilleur temps course :<br />

M. Rinaldi (I-Ducati), 3 e tour, 1’49’’491,<br />

162,290 km/h<br />

128 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


TEMPS FORT / 24 HEURES AVEC VINCENT PHILIPPE<br />

24 H DU MANS<br />

24 HEURES SOUS<br />

Vincent Philippe, 10 fois conquérant du titre mondial<br />

d’endurance avec Suzuki, nous a embarqués pour les<br />

24 Heures du Mans. Une 40 e édition toute particulière...<br />

Par Jean-Aignan Museau. Photos JAM et Alexis Delisse (!).<br />

130 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


HAUTE TENSION


TEMPS FORT / 24 HEURES AVEC VINCENT PHILIPPE<br />

Samedi 8 h 30<br />

Annoncé à 8 h 00, c’est finalement à 8 h 20<br />

que Vincent descend de sa chambre pour<br />

attaquer un petit-déjeuner rapide. À la sortie<br />

de l’hôtel, accompagné de Clémence, il charge<br />

son sac dans la Corsa de location conduite<br />

par son coéquipier, Alex Cudlin. À l’arrivée<br />

sur le circuit, Vincent file poser ses affaires<br />

dans sa cabine du camion dortoir du SERT.<br />

Samedi 9 h 40<br />

C’est l’heure du warm up. Avec son brassard bleu, il est le<br />

premier à s’élancer. Le temps d’enfi ler son cuir, de prendre<br />

sa trottinette pour rejoindre le box, il passe organiser le petit<br />

réduit réservé aux pilotes à l’arrière du box. Il continue de faire<br />

dédicacer le casque qu’il va offrir à Jessie, la femme d’Anthony.<br />

Derniers mots avec « Petit Paulo » avant de monter sur la<br />

moto. Après la séance, il retourne à l’espace de vie installé<br />

dans le deuxième paddock. Il fi le dans les mains du kiné, son<br />

activité principale lorsqu’il n’est pas sur la moto. Un dernier<br />

câlin avec Clémence avant d’avaler du blanc de poulet.<br />

132 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Samedi 12 h 40<br />

Tout est prêt dans le garage. L’une des<br />

deux motos va être emmenée dans la<br />

tente qui sert d’annexe à l’arrière du<br />

box. Cousu sur son cuir, un badge bleu et<br />

blanc où les lettres A et D s’entrecroisent.<br />

Un hommage à Anthony Delhalle. Hommage<br />

qui sera rendu sur la ligne de départ,<br />

juste avant le début de la course. Vincent<br />

remet à Jessica, l’épouse d’Anthony, un<br />

casque dédicacé par de nombreux amis<br />

du pilote défunt. Les larmes coulent.<br />

L’OMBRE D’ANTHONY DELHALLE A PLANÉ SUR<br />

LE BUGATTI TOUT AU LONG DU WEEK-END<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /133


TEMPS FORT / 24 HEURES AVEC VINCENT PHILIPPE<br />

Samedi 14 h 00<br />

Vincent a lâché le guidon de sa trottinette pour celui de la Suzuki n° 1.<br />

Le protocole de départ n’en finit pas entre les tours de chauffe et les<br />

différents défilés. Avec l’hommage à Anthony, il se sera écoulé plus<br />

d’une 1 h 30 entre son départ de l’espace vie et la course vers la moto.<br />

De quoi justifier un rapide réajustement de niveau de vessie improvisé<br />

à l’abri des regards et du pébroque de l’Umbrella girl. C’est Sergio qui<br />

tient le cul de la Suzuki. Vincent va partir pour les deux tours de warm up.<br />

Samedi 15 h 00<br />

Les 59 machines autorisées à disputer la 40 e édition des 24 Heures<br />

du Mans sont soigneusement rangées en épi. La Suzuki n° 1 est<br />

en sixième position. Dans sa dernière foulée avant d’enfourcher sa<br />

monture, le pied de Vincent glisse et il se tord la cheville. Ce qui ne<br />

l’empêche pas de partir comme un boulet de canon. Il boucle le premier<br />

tour en tête avant de se faire passer par la Yamaha n° 7 du YART.<br />

134 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


FRAYEUR DÈS LE DÉPART :<br />

VINCENT SE TORD LA<br />

CHEVILLE EN ENFOURCHANT<br />

LA SUZUKI N° 1<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /135


TEMPS FORT / 24 HEURES AVEC VINCENT PHILIPPE<br />

Samedi 17 h 45<br />

Avec Étienne Masson, Vincent double les relais.<br />

Il termine son deuxième relais et passe le guidon à<br />

Étienne qui, lui, entame son second. La n° 1 navigue<br />

à la quatrième position à un tour de la Yamaha<br />

n° 7 qui mène la course. Particularité du Mans,<br />

les teams utilisent le système de ravitaillement<br />

en carburant du circuit et non des derricks, comme<br />

sur les autres épreuves. Ce qui double le temps de<br />

remplissage des 24 litres que contient le réservoir.<br />

Samedi 20 h 30<br />

La nuit est tombée sur le circuit Bugatti.<br />

Étienne est au guidon tandis que Vincent<br />

retourne dans l’espace vie. Il répond aux<br />

questions de deux journalistes des quotidiens<br />

régionaux qui bouclent l’édition du dimanche.<br />

Comme après chaque relais, il s’abandonne<br />

dans les mains du kiné. Il lui arrive de s’y<br />

endormir quelques minutes. Ce sont ses<br />

seuls temps de sommeil durant l’épreuve.<br />

136 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Samedi 23 h 00<br />

Juste après son relais, Vincent opère un court<br />

arrêt dans le « poste de commandement ».<br />

Les écrans donnent toutes les indications sur<br />

le tableau de marche : écarts, tours parcourus<br />

depuis le relais, tours à effectuer avant le relais,<br />

chrono, etc. Rapide passage dans le camion<br />

dortoir pour se changer avant de retourner voir<br />

le kiné. David, son frère, glisse le cuir de Vincent<br />

dans la sécheuse installée au pied du camion.<br />

Samedi 22 h 45<br />

Première alerte, la Suzuki n° 1 chute. Le temps<br />

pour Étienne de ramener la moto, la réparation<br />

est effectuée par les mains expertes des<br />

hommes du SERT. Masson repart et chute<br />

de nouveau, cette fois sur l’huile répandue<br />

par la casse de la moto n° 63. Les chances<br />

de victoires sont sérieusement compromises.<br />

Masson rejoint le lieu de vie le cœur lourd.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /137


TEMPS FORT / 24 HEURES AVEC VINCENT PHILIPPE<br />

Dimanche 7 h 00<br />

Si les deux Yamaha, le YART et le GMT, sont installées en tête, la bataille fait rage<br />

pour la troisième marche du podium. À ce stade de la course, la Honda du team<br />

japonais FCC TSR, la Kawasaki du SRC et la Suzuki sont en lice. Ce qui n’a pas l’air<br />

de totalement réjouir Vincent, entouré de son père Guy et de sa compagne Clémence.<br />

Dimanche 15 h 10<br />

Les efforts des uns et des autres n’ont pas suffi à endiguer la remontée de Randy de Puniet au guidon de la<br />

Kawasaki. Le trio Vincent Philippe/Étienne Masson/Alex Cudlin échoue au pied du podium. Alors que tout<br />

le monde attend le retour de Vincent devant le box, c’est finalement ses deux équipiers qui le rejoignent<br />

pour recevoir le premier « Anthony Delhalle EWC Spirit Trophy » des mains de Jessie, la femme d’Anthony.<br />

138 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Si Vincent Philippe a explosé les<br />

compteurs en ce qui concerne<br />

les victoires au Bol d’Or – il en a<br />

engrangé huit entre 2004 et 2016 –,<br />

le Jurassien n’a encore jamais inscrit<br />

son nom au palmarès des 24 Heures<br />

du Mans. Et ce n’est pas faute d’œuvrer<br />

dans ce sens depuis le départ de sa carrière<br />

en endurance pour le SERT, écurie basée à<br />

quelques encablures du circuit Bugatti. Mais<br />

fi de considérations géographiques, l’enjeu<br />

revêt, pour la 40 e édition des 24 Heures<br />

du Mans, une tout autre dimension. Touché<br />

dans sa chair, le SERT se remet difficilement<br />

du drame qui s’est déroulé le 9 mars dernier<br />

sur le circuit de Nogaro. Alors que la Suzuki<br />

faisait ses premiers tours de roue sur la piste<br />

gersoise pour une séance d’essais privée,<br />

Anthony Delhalle en a perdu le contrôle.<br />

Les secours n’ont rien pu faire pour le<br />

ramener à la vie. Titulaire depuis le Bol<br />

d’Or 2011, Anthony était un excellent pilote<br />

mais surtout un compagnon unanimement<br />

apprécié dans le paddock et adulé par<br />

ses coéquipiers. Le choc a été immense,<br />

et le vide sidéral. Dire que son souvenir<br />

dans le cœur des acteurs du SERT a été<br />

omniprésent tout au long de la semaine<br />

mancelle n’est pas un euphémisme. Autre<br />

fracture dans l’équilibre immuable d’une<br />

famille parfaitement soudée : celle du<br />

chef. Cofondateur et inamovible leader<br />

de l’équipe, Dominique Méliand n’était pas<br />

au Mans. Enfin, pas sur le circuit, mais dans<br />

une maison de convalescence de la région<br />

pour se remettre sur pied après une lourde<br />

intervention de chirurgie vasculaire.<br />

Un rôle repris par Dominique Hébrard,<br />

jeune ingénieur arrivé depuis quelque<br />

temps au SERT. Dans une ambiance<br />

pesante, où des larmes discrètes étaient<br />

pudiquement écrasées, la moto s’est qualifiée<br />

en sixième position. Une place dans l’épi qui<br />

n’a guère d’importance pour le déroulement<br />

de la course, ni même sur le moral des<br />

troupes. Après une longue, très longue<br />

procédure, commencée par un poignant<br />

hommage à Anthony face aux tribunes<br />

de la ligne de départ bondées, Vincent<br />

finit par s’élancer pour traverser<br />

la piste et enfourcher la Suzuki n° 1.<br />

« LA NUIT, ON A LA SENSATION<br />

DE ROULER DANS UN COULOIR »<br />

Une course parfaite, si ce n’est la dernière<br />

foulée où son pied droit glisse dans<br />

le dernier appui. Difficile de dire si la<br />

vivacité de la douleur en est responsable,<br />

mais Vincent s’extirpe comme un obus<br />

de la meute et attaque en tête le freinage<br />

de la chicane Dunlop. De quoi mettre un<br />

peu de baume au cœur des hommes massés<br />

devant les écrans dans le premier garage<br />

de la ligne droite des stands. Douleur dans<br />

la cheville ou délicatesse avec les Dunlop,<br />

Vincent n’arrive pas à contenir les Yam’,<br />

mais aussi la Kawasaki du SRC. Après une<br />

heure de course, la Suzuki compte un tour<br />

de retard sur la tête de course. Un écart<br />

qui va se maintenir jusqu’à la tombée<br />

de la nuit. Les Yam’ du YART et du GMT<br />

tournent comme des horloges. La Kawa<br />

a pris du retard, sur une petite chute, la<br />

Honda TSR est dans le coup également.<br />

Au fil des relais, qui sont souvent doublés,<br />

Alex Cudlin étant un peu moins rapide que<br />

ses coéquipiers, Vincent se confie en rentrant<br />

dans le barnum qui fait office d’espace de<br />

vie dans le second paddock : « La nuit,<br />

c’est très particulier. On perd la notion de<br />

l’ambiance extérieure et l’on a l’impression<br />

de rouler dans un couloir, comme dans un<br />

jeu vidéo. L’humidité mange les pneus et<br />

l’on est obligé de rouler avec des gommes<br />

plus dures. » Au fil de la nuit, la partie se fait<br />

plus serrée avec la remontée de la Kawasaki.<br />

Fidèle à son habitude, Vincent n’utilise<br />

sa cabine dans le camion dortoir que pour<br />

se changer. Le reste de ses temps de repos,<br />

il le passe entre les mains du kiné du team<br />

où il lui arrive de s’endormir quelques<br />

instants. Alors que la nuit est bien installée,<br />

un crachin s’invite. « Il faut alors redoubler<br />

de prudence », confie-t-il. Dix minutes<br />

plus tard, Étienne Masson se fait piéger.<br />

Une première petite chute suivie d’une<br />

seconde, cette fois sur l’huile versée par<br />

la casse moteur d’un concurrent. La messe<br />

est dite. Reste l’espoir du podium... qui<br />

s’échappe sous les assauts de la Kawasaki<br />

et du très véloce Randy de Puniet. L’histoire<br />

se termine à la 4 e place : « Je ne suis pas<br />

satisfait. On aurait dû faire mieux. Je voulais<br />

que l’on soit sur le podium pour Anthony.<br />

On termine quatrième avec de précieux<br />

points. On conserve notre première place<br />

au championnat, c’est ce qu’il faut retenir. »<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /139


TECHNIQUE<br />

YAMAHA R1 GMT 94<br />

DE LA SÉRIE À LA PISTE<br />

Pas simple, en<br />

partant d’une<br />

hypersportive de<br />

série, d’en faire une<br />

machine capable de<br />

prétendre à un titre<br />

de champion du<br />

monde d’endurance.<br />

Revue de détail<br />

sur la Yamaha R1<br />

du GMT 94.<br />

Par Jean-Aignan Museau.<br />

140 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /141


TECHNIQUE / YAMAHA R1 GMT 94<br />

142 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Pour ses troisièmes 24 Heures<br />

du Mans avec la nouvelle R1, le<br />

GMT 94 a atteint la pleine mesure<br />

du potentiel de la sportive japonaise<br />

et l’a exploité à 110 %. Résultat, au<br />

bout d’une course parfaite menée<br />

sur un rythme ultra-élevé face à<br />

l’autre Yamaha du YART, les hommes<br />

de Christophe Guyot décrochent<br />

leur première victoire sur le circuit<br />

Bugatti depuis 12 ans. Un doublé<br />

retentissant pour Yamaha et une<br />

joie immense pour David Checa,<br />

Mike Di Meglio et Niccolo Canepa.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /143


«<br />

TECHNIQUE / YAMAHA R1 GMT 94<br />

Les motos sont tellement compactes<br />

et complexes aujourd’hui que<br />

dès que l’on touche à un élément,<br />

la crise du logement se fait sentir.<br />

On est donc dans l’obligation<br />

de mener un projet global, qui<br />

inclut l’intégration de toute l’électronique,<br />

la conception du faisceau électrique,<br />

l’acquisition de données, les radiateurs,<br />

le réservoir de 24 litres, tout en essayant<br />

de ne pas perdre de vue tout ce qui est de<br />

l’ordre de la “convivialité mécanique” :<br />

l’un des fers de lance de l’endurance.<br />

Tout ça sans impacter la performance »,<br />

détaille Michel Guerre, le préparateur<br />

historique des machines du GMT 94.<br />

Pour autant, il est impossible de prendre<br />

l’un avant l’autre. « Le faisceau est<br />

désormais beaucoup plus complexe,<br />

avec des parties qui n’existaient pas<br />

avant, comme les boîtiers ABS mais aussi<br />

les boîtiers six axes. On a donc intégré<br />

des bouts de faisceau que l’on n’avait<br />

pas avant. C’est également un sujet<br />

qu’il faut globaliser, et le simplifier<br />

n’est pas évident, pas plus que le<br />

rendre “convivial à mécaniquer”. » Mais<br />

intégrer l’électronique, tout en permettant<br />

qu’elle soit facile à changer en cas de<br />

chute destructive sans immobiliser trop<br />

longtemps la moto, implique de trouver<br />

des solutions à la fois de connectiques<br />

mais aussi de regroupement des pièces.<br />

Sur la R1 du GMT, le matériel est<br />

rassemblé dans une poche en carbone<br />

qui fait office de dessous de selle.<br />

Comme l’exige le règlement technique<br />

de la discipline, cette dernière doit<br />

conserver l’aspect de l’origine. « Nous<br />

avons la même contrainte pour le carénage »,<br />

poursuit Guerre. C’est dire la difficulté<br />

d’intégrer un réservoir dont la contenance<br />

a été portée de 17 à 24 litres, comme<br />

l’autorise la réglementation sans toutefois<br />

en modifier de façon importante les lignes,<br />

mais aussi de caser des radiateurs aux<br />

surfaces quasiment doublées. Le tout<br />

sans ne jamais perdre de vue le confort<br />

mécanique à grands coups de raccords<br />

rapides afin de pouvoir intervenir<br />

le plus rapidement possible. Mais<br />

la performance a également voix<br />

au chapitre, et Michel Guerre booste<br />

le quatre-cylindres en ligne avec un<br />

montage soigné et des pièces sélectionnées<br />

pour se marier au mieux. Le boîtier<br />

CDI est celui fourni dans le kit racing<br />

de Yamaha, et c’est « à l’ancienne »,<br />

avec un travail soigné sur les conduits<br />

de la culasse, que le sorcier du GMT<br />

obtient un gain de puissance de 20 ch,<br />

soit 10 %, sur la mécanique de la R1...<br />

et ce, en n’ayant jamais connu de casse<br />

en course sur cette génération de moteurs !<br />

Hors main-d’œuvre, le coût d’une telle<br />

machine, prix d’achat de la moto de<br />

série inclus, est estimé par Christophe<br />

Guyot entre 110 et 120 000 euros. Avec<br />

la main-d’œuvre, le prix s’envolerait !<br />

Le moteur<br />

Peu permissif, le règlement de l’EWC laisse toutefois une petite marge aux préparateurs.<br />

Pour la R1 du GMT, c’est Michel Guerre qui s’y colle avec, comme objectif premier, d’offrir<br />

une mécanique fiable, performante, mais aussi facile à emmener pour le pilote. La boîte<br />

de vitesses reçoit des pignons ayant subi une « tribofinition » (traitement de surface<br />

afin d’en renforcer la fiabilité, ndlr) et leur démultiplication est adaptée à chaque circuit.<br />

Le principal travail effectué sur<br />

le moteur est une métrologie (les pièces<br />

en mouvement sont soigneusement<br />

choisies puis appairées) mais<br />

aussi un polissage en règle de<br />

tous les conduits afin d’optimiser<br />

la performance et le confort<br />

de conduite. Ainsi, Guerre conserve<br />

les arbres à cames d’origine offrant un<br />

moteur moins agressif que les modèles<br />

« racing » vendus par Yamaha. Le boulot<br />

porte ses fruits puisque le passage<br />

au banc révèle un gain de 20 chevaux<br />

(courbe rouge) face au moteur de série<br />

(courbe bleue). Au final, 222,6 chevaux<br />

à 13 388 tr/min en sortie de vilebrequin.<br />

144 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Le réservoir<br />

Pièce particulièrement sensible en endurance, et donc en<br />

perpétuelle évolution, le réservoir demande un gros travail<br />

pour voir sa contenance portée de 17 à 24 litres. Il faut<br />

à la fois qu’il se vide au maximum en évitant le déjaugeage<br />

mais aussi qu’il se remplisse le plus facilement possible.<br />

Le GMT a choisi le système de la vanne unique Stäubli<br />

qui empêche tout transfert de fluide tant qu’il n’y a pas<br />

d’accrochage mécanique. Ce qui est censé éviter tout risque<br />

d’incendie, même si elle ralentit le remplissage de l’ordre<br />

d’une à deux secondes par rapport à une vanne à deux orifices.<br />

Afin d’éviter le déjaugeage dans les<br />

longues courbes sur l’angle, la partie basse<br />

du moteur est redessinée puis fabriquée<br />

chez Danielson à Magny-Cours afin d’offrir un<br />

litre supplémentaire d’huile à la contenance<br />

moteur. De même, les radiateurs eau et<br />

huile sont réalisés sur-mesure et offrent non<br />

seulement une surface accrue mais également<br />

un démontage plus simple, notamment<br />

grâce à des vannes rapides. Le tableau<br />

de bord est depuis cette année un I2M doté<br />

d’une balise <strong>GP</strong>S pour l’acquisition des chronos.<br />

La connectique<br />

L’une des clés de l’endurance moderne est bien<br />

de permettre des réparations rapides. La plupart<br />

des éléments exposés aux casses sont réunis en<br />

sous-groupes. Ainsi, on parle de demi-guidons montés<br />

avec poignée de gaz, leviers, cocottes et commodos<br />

qui se changent en quelques instants. Mais aussi de<br />

l’intégralité de l’électronique embarquée dans une<br />

poche en carbone qui vient avec le berceau arrière<br />

du cadre. À noter que ce dernier est construit en barre<br />

d’alu qui se déforme en cas de choc et non pas, comme<br />

à l’origine, en alliage d’alu beaucoup plus fragile.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /145


TECHNIQUE / YAMAHA R1 GMT 94<br />

La partie-cycle<br />

Si les partie-cycles de la moto de course et de la moto de série (à droite) sont très proches dans les grandes lignes, la somme des modifications<br />

se chiffre en centaine d’heures de travail. À commencer par le bras oscillant qui, à partir de morceaux d’origine, est élargi de 25 mm à droite<br />

et 6 à gauche afin de permettre le passage de la roue et de son système de démontage rapide de la couronne. Les platines freins et sélecteurs<br />

sont montées sur des lamages ouverts qui permettent de sortir la pièce juste en desserrant les vis, tandis que le freinage est confié<br />

à Brembo avec des pinces provenant de la vitesse dont les plus grandes plaquettes permettent de couvrir le Bol d’Or sans changement.<br />

146 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Le modèle de série<br />

Les composites<br />

Outre des protections diverses et variées, les pièces de carénage et de selle, le chapitre<br />

« composite » nécessite la fabrication d’une trentaine de moules. Et rien n’est figé<br />

puisque des évolutions sont faites en permanence. Si certaines pièces ont une fonction<br />

dynamique, comme ces ouïes qui apportent un surcroît de refroidissement, d’autres,<br />

tel le support de tableau de bord, servent également d’entrée à la boîte à air mais<br />

aussi de support de carénage. Un élément construit en deux pièces qui joue le rôle de fusible<br />

et qui, en cas de choc, peut permettre réparation sans avoir à toucher au tableau de bord.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /147


Week-end de courses<br />

Bol d’Argent<br />

Bol d’Or Classic<br />

Nombreux villages<br />

Kids - Expositions<br />

Classic & Vintage<br />

Animations<br />

Concerts<br />

Soirées DJ


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HOMMAGE<br />

JOHN SURTEES<br />

UNE LÉGENDE S’EN EST ALLÉE<br />

Il était le doyen des champions du monde de Formule 1, mais<br />

surtout le seul et unique pilote à avoir été titré sur deux et quatre<br />

roues. Avant de gagner avec Ferrari, John Surtees s’était en effet<br />

imposé en Grands Prix 500 et 350 sous les couleurs MV Agusta.<br />

Le Britannique est décédé le vendredi 10 mars, il avait 83 ans.<br />

Par Michel Turco. Photos DR et archives Moto Revue.<br />

150 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Surtees (ici en 1959 sur une<br />

MV Agusta 500) s’est imposé<br />

six fois au TT sur l’île de Man.<br />

En 59, il sera sacré champion du<br />

monde (le 3 e de ses 4 titres 500)<br />

en remportant les 7 courses<br />

de la saison façon grand chelem !<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /151


HOMMAGE / JOHN SURTEES<br />

1<br />

1 « Big John » au départ d’une course anglaise en 1952. Déjà le sourire en coin du gars qui<br />

sait ce qui va arriver... 2 À Monza au Grand Prix d’Italie en 1959 : une nouvelle victoire<br />

à son actif. Cette année-là, il signera aussi tous les meilleurs temps en course de la saison.<br />

3 Spa 1957, dernière année des carénages « poubelles ». 4 Sur la MV Agusta 350 en 1960, titre<br />

à la clef, là encore. 5 Avec Rossi à Goodwood. 6 Devant chez lui avec la Benelli 500 4-cylindres.<br />

7 John Surtees (ici avec une Surtees) fut le seul pilote sacré en F1 et en <strong>GP</strong> 500.<br />

2<br />

3<br />

4 5<br />

152 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


FIN DES ANNÉES 50,<br />

SURTEES DÉCROCHE 6 TITRES<br />

MONDIAUX EN 350 ET 500<br />

SANS FORCER SON TALENT<br />

6 7<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /153


HOMMAGE / JOHN SURTEES<br />

La nouvelle est venue d’un<br />

communiqué officiel de la<br />

famille. « John Surtees s’est éteint<br />

paisiblement dans l’après-midi aux<br />

côtés de son épouse Jane et de ses<br />

filles Leonora et Edwina. » L’ancien<br />

champion du monde avait été admis<br />

au Saint George’s Hospital de Londres<br />

en février pour insuffisance respiratoire.<br />

Très vite, les hommages ont plu. « C’est<br />

une immense perte pour le monde des sports<br />

mécaniques, a déclaré Valentino Rossi. Il a<br />

été le seul pilote champion du monde en F1<br />

et en 500, c’est historique. Je pourrai dire<br />

que j’ai eu la chance de le rencontrer à trois<br />

ou quatre reprises. » Lewis Hamilton n’a pas<br />

été en reste. « C’était une légende du sport,<br />

un type adorable qui a tant fait, a commenté<br />

le triple champion du monde britannique.<br />

C’est un choc pour tout le monde. » Jusqu’à<br />

son dernier souffle, John Surtees<br />

aura dédié sa vie à sa passion<br />

des sports mécaniques. Ayant<br />

toujours aimé s’offrir quelques<br />

tours au guidon ou au volant<br />

d’une de ses pièces de collection<br />

qu’il restaurait avec dévotion<br />

dans son atelier d’Edenbridge,<br />

il fut en effet un grand<br />

fidèle des rassemblements<br />

de machines anciennes.<br />

Né en 1936 à Tatsfield, dans<br />

le comté de Surrey, de parents<br />

fous de moto, le jeune John est<br />

rapidement touché par la grâce.<br />

Sa première compétition, il y<br />

participe et la remporte à l’âge<br />

de 14 ans sur la piste de Trent<br />

Park. Il est alors passager<br />

de son père, pilote d’un sidecar<br />

motorisé par une 1000<br />

Vincent. Homme sévère et large<br />

d’épaules, Jack Surtees possède un magasin<br />

de motos dans le sud de Londres. C’est là<br />

que John apprend à monter et démonter<br />

vis et écrous, et pose les fondations de sa<br />

dévorante passion pour les sports mécaniques.<br />

Sa mère Dorothy, d’un caractère beaucoup<br />

plus jovial que son mari, s’adonne, elle aussi,<br />

à la pratique de la moto. Femme passionnée,<br />

elle ne voit bien évidemment aucun mal<br />

à ce qu’à 15 ans, son fils emprunte un<br />

vieux cuir de son mari, beaucoup trop grand<br />

pour lui, et s’aligne à sa première course<br />

de grass-track au guidon d’une Excelsior<br />

JAP. Surtees Junior hérite ensuite d’une<br />

250 Triumph bien plus performante, avec<br />

laquelle il s’initie aux courses sur bitume et<br />

devient l’un des premiers à fouler l’asphalte<br />

de Brands Hatch. En 1950, son père le fait<br />

rentrer chez Vincent pour développer sa<br />

science de la mécanique. Il lui offre par<br />

ailleurs une 500 Grey Flash d’occasion<br />

en piteux état pour lui permettre de faire<br />

ses gammes. Adroit de ses mains, le gamin<br />

la retape de fond en comble et remporte à<br />

son guidon sa première course à Aberdare<br />

Park. Dès 1951, John Surtees commence<br />

à faire parler de lui. Lors d’un meeting<br />

international à Thruxton, celui qui n’est<br />

encore qu’un inconnu de 17 ans se permet<br />

de malmener, au guidon de sa poussiéreuse<br />

Vincent et jusqu’à la ligne d’arrivée, Geoff<br />

Duke, le pilote vedette de l’usine Norton.<br />

Ce jeune effronté qui répond au nom de<br />

Surtees devient vite la nouvelle coqueluche<br />

du public britannique. En 1952, il troque sa<br />

vieille Vincent pour une Norton Featherbed<br />

et se met à empiler les victoires. Ses succès<br />

impressionnent Joe Craig, le responsable<br />

du service course de la firme de Bracebridge.<br />

Joe décide de l’intégrer dans son équipe pour<br />

participer au Tourist Trophy, mais un poignet<br />

cassé lors d’une séance d’essais sur la 125<br />

de Joe Ehrlich met un terme au projet. Fâché<br />

car opposé à cette séance d’essais, Craig<br />

le fera patienter deux saisons avant de lui<br />

confier le guidon d’une de ses machines.<br />

Durant l’année 1955, John Surtees pilote<br />

également une 250 NSU avec laquelle il<br />

remporte le Grand Prix d’Ulster à Dundrod.<br />

1956 : COUP D’ESSAI,<br />

COUP DE MAÎTRE<br />

Surtees avait brillé sur<br />

Norton Manx (ici en 1955)<br />

avant les MV Agusta.<br />

Sur 72 départs pris cette saison-là,<br />

il s’impose à 65 reprises et termine sa<br />

superbe série sur deux mémorables succès<br />

à Silverstone et Brands Hatch devant la<br />

Gilera 4-cylindres de Geoff Duke, alors<br />

champion du monde en titre. À 21 ans,<br />

John Surtees devient un pilote convoité. Au<br />

moment où l’usine Norton connaît de sérieux<br />

problèmes financiers, le Britannique reçoit<br />

une proposition de MV Agusta. Les Italiens<br />

veulent lui faire essayer leurs motos avant<br />

de l’intégrer éventuellement dans l’équipe<br />

qu’ils engagent dans les championnats du<br />

monde de vitesse. Coup d’essai, coup de<br />

maître, Surtees se retrouve en 1956 pilote<br />

officiel MV Agusta en 350 et 500 cm 3 .<br />

Le Britannique remporte les trois premiers<br />

Grands Prix 500 de la saison sur l’île de<br />

Man, à Assen et à Spa Francorchamps. La<br />

chance est avec lui car ses deux principaux<br />

rivaux, Geoff Duke et Reg Armstrong, sont<br />

disqualifiés par la FIM durant ces trois<br />

courses pour avoir soutenu la grève des<br />

pilotes privés contre les organisateurs<br />

du Dutch TT qui, en 1955, avaient refusé<br />

d’augmenter leurs misérables primes<br />

de départ. À cette époque, le calendrier<br />

des championnats du monde ne comportait<br />

que six épreuves. Aussi, bien que victime<br />

d’une fracture d’un bras en Allemagne<br />

qui l’empêche d’inscrire le moindre point<br />

lors des trois Grands Prix suivants, John<br />

Surtees décroche, en 1956, son premier titre<br />

de champion du monde devant la BMW de<br />

Walter Zeller et la Norton de John Hartle.<br />

En revanche, lors de la saison suivante,<br />

le Britannique ne peut rien face aux Gilera<br />

de Libero Liberati et de Bob McIntyre.<br />

Il s’impose aux Pays-Bas mais se fait<br />

surclasser lors des cinq autres Grands Prix.<br />

La chance lui sourit à nouveau en 1958.<br />

Cette saison-là, John réalise<br />

le doublé 350/500 en Grande-<br />

Bretagne, aux Pays-Bas,<br />

en Belgique, en Allemagne,<br />

en Irlande et en Italie. Il n’y<br />

a qu’en Suède qu’il laisse<br />

les victoires à l’antédiluvienne<br />

Norton de Geoff Duke. Il faut<br />

dire que les deux marques<br />

italiennes Gilera et Moto Guzzi<br />

qui dominaient depuis cinq ans<br />

les championnats du monde<br />

350 et 500 se sont retirées de la<br />

compétition, laissant les pilotes<br />

MV Agusta seuls au monde.<br />

Il n’en faut pas plus à<br />

Surtees pour devenir le pilote<br />

incontournable de cette fin<br />

de décennie. Qu’ils s’appellent<br />

Gary Hocking, John Hartle ou<br />

Remo Venturi, les coéquipiers<br />

embauchés par le Comte Agusta<br />

ne parviennent pas à détrôner le chef de<br />

file de la scuderia italienne. Durant trois ans,<br />

le Britannique survole les deux catégories,<br />

remporte 32 des 39 Grands Prix qu’il<br />

dispute et décroche six titres mondiaux<br />

sans avoir à forcer son talent. Et s’il manque<br />

d’adversaires à sa hauteur, le champion<br />

met un point d’honneur à améliorer chaque<br />

année les chronos et les records réalisés<br />

la saison précédente. Malgré tout, ces<br />

victoires acquises sans grande opposition<br />

nourrissent chez lui une véritable frustration.<br />

Un athlète de sa trempe a besoin de<br />

davantage de challenges pour alimenter<br />

sa boulimie de conquêtes. D’autant que<br />

ce passionné de mécanique bute par ailleurs<br />

sur l’intransigeance du Comte Domenico<br />

Agusta qui lui refuse la permission d’utiliser<br />

ses motos lors des courses ne figurant<br />

pas au calendrier des championnats du<br />

monde. La seule liberté que lui concède<br />

le tyrannique patron italien est de pouvoir<br />

participer à des compétitions automobiles.<br />

C’est ainsi qu’il dispute quelques épreuves<br />

au volant d’une Aston Martin DBR1<br />

ayant appartenu à Stirling Moss puis<br />

dans le cockpit d’une Vanwall. Les deux<br />

154 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


constructeurs automobiles, séduits par<br />

le talent et le potentiel de ce garçon de<br />

25 ans, lui proposent un contrat à la fin<br />

1959, mais Surtees préfère rempiler pour<br />

une saison supplémentaire chez MV, espérant<br />

toujours que le Comte Agusta assouplisse<br />

sa politique et lui offre plus de liberté dans<br />

le choix des courses et de la préparation<br />

de la mécanique pour laquelle sa passion<br />

ne se dément pas. Tout en conquérant ses<br />

deux derniers titres de champion du monde,<br />

Surtees s’offre quelques sorties en Formule 1<br />

avec le team Lotus de Colin Chapman.<br />

Des sorties plus que prometteuses puisque<br />

le Britannique monte sur la deuxième<br />

marche du podium de sa seconde course<br />

sur le circuit de Silverstone. À la fin de<br />

la saison 1960, il décide de mettre un terme<br />

à sa carrière sur deux roues pour ne plus<br />

que se consacrer à l’automobile. Un domaine<br />

où sa passion de la mécanique va pouvoir<br />

s’exprimer à plein régime. Refusant une<br />

offre de Chapman, il signe pour le compte<br />

de Reg Parnell qui lui propose le volant<br />

d’une Cooper T53 Climax4. Mais c’est en<br />

1963 que sa carrière sur quatre roues prend<br />

sa vraie dimension. Recruté par Ferrari,<br />

il remporte son premier Grand Prix<br />

de F1 au Nürburgring. Ses adversaires<br />

s’appellent alors Graham Hill et Jim Clark.<br />

111 GRANDS PRIX, 6 VICTOIRES<br />

ET 24 PODIUMS POUR FERRARI<br />

Douze mois plus tard, toujours sous les<br />

couleurs de la Scuderia Ferrari, il décroche<br />

le titre mondial et rentre dans l’histoire<br />

en devenant le premier champion du monde<br />

moto à remporter le titre en F1. Un exploit<br />

à ce jour encore jamais égalé. En 1967, il fait<br />

à nouveau la une des journaux en remportant,<br />

au volant d’une Honda, le Grand Prix<br />

d’Italie à Monza. Il passe ensuite chez<br />

BRM puis se lance dans la construction<br />

de ses propres voitures. Le team Surtees<br />

s’engage en F1, en F2 et F5000, de 1970<br />

à 1978, et participe à quatre éditions<br />

des 24 Heures du Mans. John Surtees est<br />

également le premier homme à remporter<br />

le Senior Tourist Trophy sur l’île de Man<br />

trois années d’affilée. Le Britannique<br />

finit par mettre un terme à sa carrière<br />

de pilote automobile en 1972, la même<br />

année où Mike Hailwood offre à l’écurie<br />

Surtees son meilleur résultat avec le<br />

titre de champion d’Europe de Formule 2.<br />

Au total, entre 1960 et 1972, Surtees<br />

aura disputé 111 Grands Prix et décroché<br />

6 victoires et 24 podiums pour Ferrari,<br />

Cooper, et Honda. Ce n’est qu’en<br />

1978 qu’il abandonne toute activité<br />

professionnelle dans le monde de la<br />

compétition. Il a alors 44 ans. Marié<br />

et père sur le tard, « Big John » créera<br />

en 2009 la fondation Henry Surtees<br />

après que son fils a perdu la vie,<br />

à 18 ans, dans un accident de Formule 2<br />

sur le circuit de Brands Hatch. Le père<br />

et le fils sont désormais à jamais réunis.<br />

1<br />

2<br />

1 1960, dernier titre 500 pour « Big John ». Avec la MV Agusta,<br />

il s’imposera 22 fois et décrochera 4 titres en catégorie reine<br />

(56, 58, 59 et 60). Plus trois titres en 350 (58, 59 et 60).<br />

2 John Surtees, souriant comme souvent, avec la MV Agusta 500<br />

de 1960 et la Ferrari F1 championne du monde de 1964.<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /155


LOISIRS<br />

GAMING<br />

MILESTONE<br />

ANNONCE DU<br />

CHANGEMENT<br />

Le jeu vidéo officiel du<br />

championnat du monde<br />

Moto<strong>GP</strong> 2017 sortira<br />

au mois de juin. Les<br />

développeurs annoncent<br />

une refonte, qui tranchera<br />

avec les précédents opus.<br />

Par Daryl Ramadier. Photos DR.<br />

Moto<strong>GP</strong> 17 sera-t-il le Graal tant attendu par<br />

les férus de jeux vidéo ? La réponse devra<br />

attendre sa sortie, prévue au mois de juin<br />

– officiellement le jeudi 15, officieusement<br />

quelques jours plus tôt selon les magasins.<br />

Aux manettes du projet depuis 2013, le<br />

studio de développement italien Milestone<br />

certifie « de nombreux changements, en<br />

accord avec toutes les suggestions reçues<br />

au cours des derniers mois ». Sous-entendu :<br />

les fans ont été écoutés, et leurs souhaits<br />

vont être exaucés. Concernant les quelques<br />

innovations déjà annoncées, le jeu devrait<br />

notamment tourner en 60 images par<br />

seconde. Une première pour la licence, et<br />

une nouveauté assurément vectrice de qualité<br />

selon Michele Caletti, programmeur en chef.<br />

Les premiers retours font également état<br />

d’un réalisme auditif jusqu’alors jamais<br />

atteint. Du son tiré « à 100 % des vrais bruits<br />

des motos », assure même Paolo Ogliari,<br />

directeur du contenu audio. D’ambitieuses<br />

promesses, dont certaines ont déjà été lues<br />

par le passé, réagissent certains passionnés.<br />

En communiquant avec autant d’engouement,<br />

Milestone prend le risque de renforcer<br />

la déception si le résultat n’est pas à<br />

la hauteur de leurs attentes. Comme<br />

souvent, les habitués craignent en effet<br />

de n’avoir finalement qu’une mise à<br />

jour des contenus. Mais Matteo Pezzotti,<br />

concepteur de l’opus, assure que Moto<strong>GP</strong> 17<br />

va en surprendre plus d’un. Et parle, en guise<br />

de mise en bouche, d’un « nouveau mode<br />

de jeu en ligne », ainsi que d’une section<br />

Carrière « complètement révolutionnée ».<br />

Les pilotes et équipes de la saison<br />

2017 seront évidemment de la fête.<br />

Il sera donc possible de faire rugir la<br />

KTM RC16, d’incarner Jorge Lorenzo<br />

paré de la rougeoyante tunique Ducati,<br />

ou encore de faire triompher Johann<br />

Zarco sur sa Tech3. D’ici là, les joueurs<br />

peuvent toujours finir les parties entamées<br />

sur Valentino Rossi : The Game.<br />

SIMULATEUR MOTO<strong>GP</strong><br />

DANS LA PEAU D’UN PILOTE<br />

Prix : 59 € pour<br />

12 minutes de pilotage,<br />

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Entrer dans la peau de Marc Marquez et affronter en piste Valentino Rossi.<br />

C’est la promesse faite par i-way, société spécialisée dans les simulateurs<br />

ultra-réalistes. Et avec déjà une belle expérience dans l’automobile (F1,<br />

rallye) et les avions de chasse (F18), l’entreprise lyonnaise s’est attaquée<br />

au Moto<strong>GP</strong>. Quatre motos de course à taille réelle pouvant s’incliner à 60°<br />

sont ainsi disposées devant un écran incurvé de 3,5 mètres de diagonale et<br />

accompagnées d’un son surround pour une immersion toujours plus réaliste.<br />

Un système qui a été conçu en collaboration avec l’ex-champion du monde<br />

500 cm 3 , Alex Crivillé et qui reproduit au mieux les sensations que l’on<br />

peut ressentir au guidon d’une Moto<strong>GP</strong> avec, notamment, les mouvements<br />

à l’accélération, les transferts de masse au freinage ou un système d’air<br />

intégré dont la puissance évolue en fonction de la vitesse. À noter que si<br />

vous ne serez pas libre de votre conduite, vous pourrez toutefois vous plonger<br />

au cœur du <strong>GP</strong> de St-Marin à Misano sur la Honda de Marquez ou la M1<br />

de Lorenzo à Indianapolis, le tout grâce aux caméras embarquées. De quoi<br />

se sentir, l’espace de quelques minutes, comme un vrai cador du Moto<strong>GP</strong>...<br />

156 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


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et la paume et en<br />

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double : absorber les ondes<br />

de chocs d’une part et<br />

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apparent ultra-léger<br />

(1 250 g) avec spoiler<br />

aérodynamique pour<br />

contrôler les flux d’air et<br />

réduire les turbulences à<br />

haute vitesse. Ventilations<br />

Air Dynamic System et<br />

écran anti-rayures plat<br />

préparé pour Tear off.<br />

Mousses 3D préformées,<br />

mousses de joues avec<br />

système Emergency strap.<br />

Pinlock ® Max Vision<br />

inclus. Tailles : XS au<br />

XXXL. Prix : 469,90 €.<br />

www.nexx-helmets.com<br />

3- Combinaison<br />

Rev’it! Akira<br />

La combinaison Akira<br />

vous permet de faire<br />

l’expérience du niveau<br />

de sécurité, de liberté et<br />

d’aération d’une combi<br />

professionnelle. Grâce<br />

à des cuirs hautement<br />

résistants à l’abrasion,<br />

et aux languettes et inserts<br />

en PWR Kevlar stretch<br />

idéalement placés, vous<br />

aurez l’impression d’enfi ler<br />

une seconde peau tout<br />

en étant à la pointe<br />

de la protection. Tailles :<br />

44 au 56. Prix : 999,99 €.<br />

www.revitsport.com<br />

4- Ensemble de<br />

freinage Beringer<br />

Étrier radial 4 pistons<br />

4R14 (ø 27 mm)<br />

taillé masse dans un<br />

aluminium aéronautique.<br />

Maitre-cylindre radial<br />

à bocal séparé compact,<br />

léger et facile à loger.<br />

Le levier est aisément<br />

réglable, et le réglage de<br />

la course morte du piston<br />

est ajusté avec précision<br />

en usine. Disque KT7L<br />

flottant en fonte haut de<br />

gamme. Disponible pour<br />

KTM RC 125, 200 et<br />

390. Prix : 1 110 € HT.<br />

www.beringer-brakes.com<br />

5- Sous-combinaison<br />

SIXS STX<br />

Conçue pour rouler sur piste,<br />

la combinaison intégrale STX<br />

est le complément idéal de la<br />

combinaison de cuir. Grâce à<br />

son tissu Carbon Underwear, elle<br />

garde la peau au sec et offre une<br />

totale liberté de mouvement grâce<br />

à son élasticité. Tailles : XS au<br />

XXL. Prix : 84,90 €. www.sixs.fr<br />

6- Échappement Mivv <strong>GP</strong><br />

Échappement en acier inox<br />

pour Yamaha R1 dérivé du<br />

système fourni aux équipes en<br />

Moto2. Gain de puissance et de<br />

poids. Prix : NC. www.mivv.it/fr<br />

Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /157


HOME SWEET HOME<br />

FIM<br />

«<br />

I<br />

« LA MAISON DE LA MOTO »<br />

Prestigieuse structure pour la non moins prestigieuse Fédération<br />

internationale de moto, la grande maison bleue est un luxueux<br />

endroit de rencontre, mais aussi de convivialité et de travail.<br />

Par Jean-Aignan Museau.<br />

l s’agit de l’extension mobile du siège<br />

de la FIM », résume Isabelle Larivière, qui<br />

gère la communication de la Fédération<br />

internationale de motocyclisme. Si elle<br />

possède ses locaux à Mies, à quelques<br />

mètres du lac Léman, l’honorable<br />

institution s’est offert une hospitality<br />

il y a six ans. « C’est la deuxième maison<br />

du motocyclisme. C’est un endroit neutre<br />

où des gens peuvent se rencontrer, que ce<br />

soit les représentants de fédérations nationales,<br />

les organisateurs d’événements, la presse,<br />

les partenaires ou les pilotes. C’est une place<br />

de convivialité mais aussi de travail qui<br />

va à la rencontre des gens », explique la<br />

blonde jeune femme à la porte de l’imposante<br />

structure posée au centre du paddock du<br />

<strong>GP</strong> d’Espagne. Cette remorque est louée par<br />

la FIM à une société catalane qui conçoit,<br />

fabrique et exploite ce type de structure.<br />

Basée à côté du circuit de Barcelone,<br />

Hospitality SL a conçu à la base d’une<br />

semi-remorque un ensemble qui se dédouble<br />

en hauteur mais aussi en largeur. Ainsi,<br />

le premier niveau, où l’on accède par une<br />

rampe, comporte une terrasse qui commande<br />

l’entrée dans la salle de réception. Un<br />

comptoir, qui court sur tout un côté, permet<br />

de dresser un buffet en accès direct pour les<br />

40 convives qui peuvent s’y asseoir autour<br />

de quatre rangées de tables. Un escalier<br />

donne accès à l’étage supérieur où<br />

les 70 m 2 (60 en bas) sont dédiés au boulot.<br />

Quatre postes de travail jouxtent un petit<br />

salon dans un espace vitré qui dessert une<br />

salle de réunion de douze places, et deux<br />

bureaux. L’un est réservé à Vito Ippolito,<br />

le président de la FIM, qui, en général, est<br />

présent sur les 10 événements annuels où<br />

la structure est déplacée, l’autre est utilisé<br />

par les différents directeurs de commissions.<br />

Cinq personnes en assurent le fonctionnement.<br />

Sous la houlette de Marta, deux chauffeurs,<br />

un cuisinier australien et un serveur<br />

nourrissent cent personnes par jour. La<br />

cuisine y est raffinée, et la place est l’une des<br />

plus courues du paddock des <strong>GP</strong>, mais aussi<br />

des épreuves d’endurance et quelques autres<br />

manifestations d’importance. Cette structure<br />

a un coût, et la facture d’un tel immeuble<br />

à roulettes avoisine le million d’euros...<br />

La salle de réception (à gauche) compte 40 places assises et un bar-buffet où le chef australien exerce son talent. À l’étage, un plan<br />

de travail pour quatre postes, un petit salon et deux bureaux dont celui du président de la FIM, Vito Ippolito (à droite).<br />

158 <strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


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DÉCRYPTAGE / UN VIRAGE À LA LOUPE<br />

LE « TURN 12 » PHILLIP ISLAND<br />

UN VIRAGE DÉCISIF<br />

Très long gauche, l’ultime virage du circuit australien<br />

de Phillip Island conditionne un long bout droit<br />

avant le passage de la ligne d’arrivée. Un endroit<br />

clé demandant stratégie, gros cœur et finesse.<br />

Par Jean-Aignan Museau. Infographie Laurent Hindryckx.<br />

Asa sortie, si le pilote pointe ses yeux vers<br />

l’horizon, il peut avoir l’impression d’une<br />

plongée imminente dans le bleu profond de<br />

la mer de Tasmanie. Et s’il est d’humeur<br />

moins bucolique, il peut surveiller ses<br />

arrières ou réfléchir à la manière dont il<br />

peut bénéficier d’une bonne aspiration pour espérer<br />

effectuer un ou deux déplacements avant de passer<br />

le drapeau à damier. Un peu comme avait bien tenté<br />

– mais finalement loupé –, Lucas Mahias lors de<br />

l’ouverture du championnat du monde Supersport<br />

2017 en février dernier, mais comme l’avait<br />

parfaitement réussi Olivier Jacque le 27 octobre<br />

2000... Guy Coulon, qui était le chef mécano<br />

du Français, se souvient : « La stratégie était de<br />

rester au contact. À l’époque, sur la 250 Yamaha,<br />

nous avions deux options de caractère moteur :<br />

rapide ou confortable. Il fallait choisir avant<br />

le début du week-end. Nous avions opté pour<br />

le “rapide” et Olivier est sorti du virage n° 9 du<br />

dernier tour avec 5 à 10 mètres de retard qu’il a<br />

grappillé progressivement jusqu’à passer la ligne<br />

avec 10 centimètres d’avance ! » Aujourd’hui,<br />

l’approche reste globalement la même pour<br />

optimiser la fin de course, mais l’électronique<br />

est largement sollicitée, à la fois pour limiter<br />

l’usure des pneus mais aussi pour offrir, sous<br />

forme d’une cartographie spécifique activable par<br />

le pilote via un commodo, un regain de puissance<br />

moteur afin de s’extraire au mieux de la courbe.<br />

POINT DE CORDE<br />

SORTIE<br />

« C’EST MON VIRAGE PRÉFÉRÉ À PHILLIP ISLAND, ET IL N’EST PAS SIMPLE. LÉGÈREMENT<br />

EN DÉVERS, IL Y A UNE COMPRESSION AU POINT DE CORDE. MAIS POUR AUTANT,<br />

C’EST L’UN DES RARES VIRAGES DE L’ANNÉE OÙ TU OUVRES LES GAZ EN GRAND AVANT<br />

LE POINT DE CORDE. IL FAUT UNE TRÈS BONNE TRAJECTOIRE ET D’EXCELLENTES<br />

SUSPENSIONS POUR ABSORBER LA COMPRESSION. C’EST UN VIRAGE OÙ IL Y A<br />

BEAUCOUP DE PHASES DIFFÉRENTES ET QUI, AU FINAL, DEMANDE DE “BIG BALLS” ».<br />

BRADLEY SMITH (PILOTE KTM MOTO<strong>GP</strong>)<br />

Très longue courbe à gauche, le dernier virage de Phillip Island commande la<br />

ligne droite où se juge l’arrivée. Au jeu des aspirations, bien sortir du virage<br />

peut être décisif. C’est aussi un endroit où il n’est pas bon de tomber, comme<br />

ici Jorge Lorenzo qui y a laissé un bout de doigt au warm up du Grand Prix 2011.<br />

160 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017


Juin-Juillet-Août 2017 - <strong>GP</strong> RACING /161


UMBRELLA GIRL<br />

Cyntia<br />

Habite :<br />

Buenos Aires<br />

Taille : 1,68 m<br />

Âge : 25 ans<br />

Mensurations : 90-60-90 cm<br />

Pilote préféré : Valentino !<br />

Profession :<br />

mannequin<br />

Sports :<br />

motocross et wakeboard<br />

Moto :<br />

du quad...<br />

162 /<strong>GP</strong> RACING - Juin-Juillet-Août 2017

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