Stratégies 2017
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Reach<br />
more.*<br />
The total video marketplace by RTL AdConnect **<br />
RTL AdConnect, la régie publicitaire total video N°1 en Europe touche<br />
quotidiennement 160 millions d’Européens et compte 26 milliards<br />
de videos vues par mois. Elle représente plus de 100 chaînes TV, 30<br />
radios et 300 plateformes digitales dans 12 pays.<br />
Grâce à l’ensemble des contenus premium de RTL Group et<br />
de ses autres partenaires (ITV, Rai, Medialaan...) et via sa<br />
plateforme de commercialisation programmatique, elle<br />
crée des campagnes total video pan-Européennes dans<br />
un environnement sécurisé et ciblé.<br />
International Advertising Solutions<br />
*Rayonnez plus loin<br />
**La plateforme total video par RTL AdConnect
sommaire<br />
replay<br />
l’actu vue par… Frédéric Messian (Lonsdale) p.4<br />
l’événement<br />
rencontres de L’udecaM :<br />
où sont Les FeMMes ? p.6<br />
publicité. sir Martin sorrell : « L’égalité hommefemme<br />
est un impératif business ! » p.10<br />
business<br />
googLe hoMe ouvre La voie<br />
du « vocaL First » p.12<br />
vie des budgets. sony Mobile se sociabilise<br />
avec rosbeef p.14<br />
diagnostic. Le casse-tête chinois de nars p.16<br />
agences. Le productising redessine<br />
le paysage publicitaire p.18<br />
convergence. altice au pays de la fiction p.19<br />
télévision. Lci a les traits d’une grande p.22<br />
digital. Fabernovel, de la data à la tv p.23<br />
culture tech. Que s’est-il passé dans la tech<br />
cet été ? p.24<br />
dossier<br />
programmatique<br />
La riposte aux GAFA p.26<br />
Focus. dmexco, passage obligé de l’ad-tech p.30<br />
techno. Les agences médias à l’offensive p.32<br />
entretien. randall rothenberg : « Les marques<br />
doivent interagir » p.36<br />
inspirations<br />
PnL casse Les codes de La coM p.40<br />
Mode. Les marcheurs blancs de scotch & soda p.42<br />
talent à suivre. caroline receveur,<br />
un marketing sans filtre p.44<br />
international. Le Liverpool Fc en nombres d’or p.45<br />
management<br />
Les ÉMojis sourient-iLs<br />
À L’entrePrise ? p.46<br />
MouveMents. nominations et promotions p.47<br />
portrait<br />
christophe caurret. À la vitesse du son p.51<br />
opinions<br />
Médias et politique. inversion hiérarchique,<br />
par emmanuel Bachellerie p.52<br />
storytelling. L’attention, saint graal<br />
du récit des marques, par Luc thabourey p.53<br />
le billet de… amaury de rochegonde p.54<br />
© thomas gogny<br />
Féminin pluriel<br />
Elles seront nombreuses à défiler salle Wagram,<br />
le 7 septembre au matin, les patronnes de la com,<br />
pour illustrer la thématique des 10 es Rencontres<br />
de l’Udecam consacrée à «L’influence au féminin».<br />
«L’impossible n’est pas féminin», nous prometon<br />
en introduction d’un vaste programme mêlant<br />
sociologie, philosophie, économie, digital et data… Étonnant que l’on<br />
pose encore le débat en ces termes. Mais qui mieux que des femmes<br />
et en l’occurrence des patronnes du secteur peut s’exprimer légitimement<br />
sur le sujet? C’est pourquoi la rédaction de <strong>Stratégies</strong> a souhaité leur<br />
donner la parole. En couverture, vous découvrez onze femmes, toutes à<br />
la tête d’agences médias, DG ou CEO, à des postes plus que mérités dans<br />
un univers encore trop masculin … Chacune témoigne de son parcours et<br />
livre sa vision de l’influence au féminin. Un constat s’impose cependant,<br />
si elles sont nombreuses en agences médias, elles sont encore trop peu<br />
représentées dans les grands médias ou à la tête de groupes. Et si, en<br />
cette rentrée, la profession prenait de bonnes résolutions et tenait ses<br />
engagements? Après la réflexion, passons à l’action. Les membres du<br />
conseil d’administration de l’Udecam vont élire leur président en AGE,<br />
d’ici la fin du mois, pour succéder à Pierre Conte, parti rejoindre Editis.<br />
Et si c’était une présidente? Seule femme autour de la table, Anne-Sophie<br />
Cruque (DG de Starcom et de Spark Foundry), serait-elle candidate ?<br />
Allez, messieurs, le changement, c’est maintenant !<br />
10<br />
12<br />
26<br />
MARiE-jULiEttE LEvin, rédactrice en chef<br />
@m_jlevin<br />
40<br />
StratégieS N° 1915 3<br />
07/09/<strong>2017</strong>
eplay<br />
© Cécile gabriel<br />
L’actu vue par Frédéric Messian<br />
président de Lonsdale et président<br />
de l’Association Design Conseil (ADC)<br />
« Les miLLenniaLs<br />
bouLeversent<br />
Le commerce »<br />
La 6 e édition de la Paris Design Week.<br />
Vont converger à Paris les principaux<br />
acteurs et prescripteurs du design, de la<br />
décoration, de la mode et de l’art. Pour la<br />
première fois cette année, des agences<br />
de design françaises sont impliquées via<br />
des conférences et projets dédiés. Lonsdale<br />
va ainsi ouvrir ses portes au grand<br />
public à travers une conférence portant<br />
sur le robot Pepper, véritable compagnon<br />
du commerce, interagissant avec<br />
les émotions du client, pour créer une<br />
nouvelle expérience in store.<br />
Les Galeries Lafayette rachètent La Redoute.<br />
Le commerce est en pleine effervescence,<br />
sous l’influence notamment des<br />
fameux millennials. Leur impatience<br />
bouleverse les façons de vendre, le<br />
« See now buy now » est roi. S’offrir La<br />
Redoute, c’est profiter de son expertise<br />
e‐commerce. C’est aussi une nouvelle illustration<br />
de la vitesse des processus de<br />
transformation. Une entreprise comme<br />
La Redoute, moribonde il y a quatre ans<br />
et cédée pour un montant dérisoire, est<br />
devenue une cible d’acquisition. C’est sa<br />
vitalité qui a séduit le department store<br />
français. D’autres initiatives vont probablement<br />
suivre dans la distribution,<br />
si on en croit les récentes déclarations<br />
d’Alexandre Bompard, le tout nouveau<br />
président de Carrefour…<br />
L’engagement en chute sur Facebook .<br />
Les deux versants de l’engagement sont<br />
le reach (organique ou paid) et les interactions<br />
(like, share, comment) et<br />
la sponsorisation des contenus dope<br />
considérablement leur visibilité et donc<br />
l’engagement final des publics. Les annonceurs<br />
n’ont pas tenu compte des<br />
signes sensibles de baisse du début<br />
d’année, n’ont par conséquent pas augmenté<br />
de façon significative leurs investissements<br />
publicitaires. Le volume de<br />
publications est également en cause (une<br />
moyenne quotidienne de 1 500 publications<br />
sur un fil d’utilisateurs…). Mécaniquement,<br />
les messages sont donc rendus<br />
moins lisibles. L’algorithme Facebook est<br />
également questionné. Il est aujourd’hui<br />
chargé de sanctionner la qualité des<br />
contenus selon des critères assez flous<br />
pour in fine décider de les rendre visibles<br />
ou non. La sélection de l’item « pertinent<br />
», utilisé pour noter positivement la<br />
qualité d’un contenu, conduit à des effets<br />
de boucle. Peu de contenus originaux<br />
ou surprenants sont retenus. Facebook<br />
perd sa fonction première d’agora et internet<br />
un peu de sa sérendipité… Je veux<br />
continuer à croire que le premier facteur<br />
d’engagement est la qualité des contenus<br />
et le soin apporté à leur diffusion.<br />
Uber pourrait entrer en Bourse .<br />
Lorsque le nouveau patron d’Uber, Dara<br />
Khosrowshahi, évoque une possible entrée<br />
en Bourse d’ici 18 mois, c’est évidemment<br />
tout un symbole. Un nom de<br />
marque qui devient un adjectif et passe<br />
dans la langue commune, c’est le rêve<br />
de tout expert du branding ! On ne peut<br />
s’empêcher d’y lire les signes d’une<br />
normalisation pour ce qui n’était que<br />
disruption à l’origine.<br />
StratégieS N° 1915 4<br />
07/09/<strong>2017</strong>
Uber en Bourse, c’est aussi l’impératif<br />
d’une prise en compte plus forte de ses<br />
responsabilités et d’une nouvelle exigence<br />
pour la marque et le projet qu’elle<br />
porte. Uber va devoir œuvrer rapidement<br />
pour s’extraire de toutes les controverses<br />
actuelles…<br />
C’est aussi la magie boursière des sociétés<br />
technologiques qui réussissent,<br />
grâce à un pari sur la création de valeur<br />
future de leur modèle, à valoriser leurs<br />
pertes opérationnelles.<br />
la réforme du travail du gouvernement Macron.<br />
La question de l’emploi est centrale dans<br />
notre société. Trop de gens en sont durablement<br />
exclus, notamment les jeunes<br />
les moins bien formés. La réforme doit<br />
viser à redonner confiance aux entreprises,<br />
notamment les TPE et les PME,<br />
moteurs de la création d’emplois. Elle<br />
doit avec un parfait parallélisme rassurer<br />
les salariés, légitimement attachés à<br />
un modèle social équilibré. On le voit très<br />
bien dans nos agences qui emploient une<br />
population jeune, motivée, agile mais<br />
aussi fragile.<br />
Prochain chantier déterminant, celui<br />
de la formation professionnelle. Face à<br />
la transformation accélérée des business<br />
models, l’explosion de la data, il est<br />
essentiel que les salariés puissent s’inscrire<br />
dans une nouvelle dynamique de<br />
gestion de leurs compétences. Il en va de<br />
leur épanouissement individuel et de la<br />
performance de nos entreprises.<br />
Propos recueillis par delPhine le GoFF<br />
© getty images<br />
© getty images<br />
Et aussi sur stratégies.fr<br />
Les GaLeries Lafayette<br />
rachètent La redoute.<br />
Ce rapprochement permettrait<br />
au groupe Galeries Lafayette<br />
« d’accélérer sa transformation<br />
digitale et à La Redoute de consolider<br />
son avenir ». Le groupe Galeries<br />
Lafayette prendra une participation<br />
de 51 % du capital de La Redoute, avec une option pour monter<br />
à 100 %, à terme. Les deux groupes anticipent une finalisation<br />
« d’ici la fin de l’année ou au tout début de 2018 ».<br />
France TV PubliciTé<br />
Vers un baromèTre<br />
des émoTions ?<br />
France TV Publicité<br />
a retenu Datakalab,<br />
le laboratoire de<br />
neuromarketing, pour s’engager dans la mesure<br />
émotionnelle. Une série de tests a été menée<br />
auprès du grand public avec un protocole<br />
de mesure, basé sur la technologie du FACS<br />
(Facial Action Coding System). Le premier<br />
volet d’études met en évidence des scores<br />
d’émotion positive de + 23 % avec des billboards<br />
permettant d’accroître l’engagement.<br />
canal+ lance une nouVelle chaîne dédiée aux<br />
Polars. Le groupe Canal+ lancera le 26 septembre<br />
une chaîne dédiée aux séries, téléfilms et films<br />
policiers, baptisée Polar+. La chaîne rassemblera<br />
tous les styles de polars « de l’agent norvégien<br />
à l’inspecteur new-yorkais, du serial killer de Miami<br />
à la mafia corse, en passant par le condé parisien ».<br />
Elle diffusera aussi des documentaires<br />
en partenariat avec Planète+ Crime Investigation.<br />
119.8<br />
millions<br />
C’est le montant du rachat<br />
par M6 du pôle français<br />
de radios de RTL Group<br />
qui comprend RTL, RTL2 et Fun<br />
Radio, leur régie publicitaire<br />
et leurs activités web. Il sera<br />
effectif le 1 er octobre, après<br />
le feu vert du CSA.<br />
saLaires : succès de La data. Selon<br />
le cabinet de recrutement Aravati, les métiers de<br />
la data sont parmi les plus en vue : web analyst,<br />
data analyst, data miner, data scientist et, surtout,<br />
chief data officer, dont le salaire, pour dix années<br />
d’expérience, varie entre 120 et 220 000 euros<br />
par an, selon les structures. Parmi les métiers qui émergent,<br />
le directeur marketing omnicanal et le chief performance officer.<br />
© Warner Bros<br />
nomination<br />
Fabien Magalon<br />
directeur général<br />
de Gravity<br />
Fabien magalon<br />
rejoint Gravity<br />
en tant que directeur général.<br />
diplômé en marketing de Kedge<br />
business school, Fabien magalon<br />
a commencé sa carrière chez<br />
microsoft entre 2007 et 2010,<br />
avant de devenir directeur<br />
du développement de rubicon puis,<br />
en 2012, directeur général de la Place<br />
média, la place de marché en real<br />
time bidding (rTb) des médias.<br />
© getty images<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
5 StratégieS N° 1915
L'événement<br />
Enquête<br />
© getty images<br />
Où sOnt les femmes?<br />
là.<br />
diversitÉ Pour les 10 es Rencontres de l’Udecam, <strong>Stratégies</strong> a donné la parole aux dirigeantes<br />
d’agences médias, bien plus nombreuses qu’on ne pourrait le penser. Sir Martin Sorrell, le fondateur<br />
et CEO de WPP, en exclusivité, nous donne aussi sa vision de la question.<br />
la rÉdaction<br />
@Strategies<br />
Inégalités salariales, harcèlement de rue, manspreading,<br />
charge mentale… Autant de sujets médiatisés<br />
cette année qui montrent que le sexisme continue<br />
à faire rage en ce début de XXI e siècle. Les combats<br />
féministes restent (malheureusement) d’actualité.<br />
Prendre conscience des inégalités, détruire des mythes,<br />
cela demande du temps, de l’énergie et surtout d’en parler.<br />
Si l’Udecam a choisi ce thème pour ses 10 es Rencontres,<br />
c’est peut-être parce que l’association représentative des<br />
agences médias a un exemple à donner. En France, sur la<br />
totalité des agences médias, on ne compte pas moins de<br />
onze dirigeantes. Soit plus de la moitié des postes ! Même si<br />
pour la présidence des groupes, il faudra repasser… <strong>Stratégies</strong><br />
a choisi de les montrer et de leur donner la parole.<br />
Qu’apprend-on à travers ces témoignages? Qu’il faut bien<br />
souvent des femmes pour faire progresser les femmes. Et<br />
qu’à ce titre, la parité n’est pas un objectif mais un moyen.<br />
Que l’avènement du numérique est l’occasion de rabattre<br />
les cartes. De se faire entendre sur la toile, mais aussi de<br />
tuer dans l’œuf toute velléité de supériorité masculine, en<br />
remettant à zéro les compteurs d’expérience et d’expertise.<br />
Reste un obstacle de taille : celui du manque de confiance<br />
en soi, qui reste parfois un frein pour accéder au top management.<br />
Mais là aussi les choses changent... ◊<br />
StratégiES N° 1915 6<br />
07/09/<strong>2017</strong>
l'événement / Enquête<br />
Dorothée Caulier directrice générale adjointe d’UM France (IPG)<br />
La place de la femme devrait être un non sujet. Des études font<br />
le parallèle entre accession des femmes au pouvoir et performance<br />
de l’entreprise : il faudrait enfin les croire ! Pour moi,<br />
la mixité est le sujet. Le combat devrait porter sur les minorités<br />
en général, et dans celles-ci, il y<br />
a les femmes. L’important, c’est l’équilibre<br />
: homme, femme, senior, diversité...<br />
Dans la publicité, ça commence à<br />
changer. Mais depuis des millénaires,<br />
on nous raconte que l’homme tue le<br />
mammouth et la femme attend dans la<br />
grotte. Forcément, c’est lent ! Beaucoup<br />
de femmes manquent de confiance.<br />
Plus on les aidera à la restaurer, plus<br />
on leur donnera la force d’y arriver.<br />
PaSCale Miguet directrice générale<br />
de Zenith (Publicis Group)<br />
Je suis interloquée par ce thème. Cette<br />
formulation, où l’influence « au féminin<br />
» est rattachée à la notion d’expertise,<br />
me heurte. Je suis à mon poste<br />
grâce à mon parcours digital, mes expériences.<br />
Non pas parce que je suis<br />
une femme. Mon mode de management<br />
est le reflet de ce que je suis, mes rencontres,<br />
mon éducation... Comme n’importe qui. Aujourd’hui,<br />
grâce au digital et à l’expertise data, on s’intéresse plus au parcours<br />
qu’au genre de l’internaute. Dans les jeunes générations,<br />
la question du genre est moins marquée. Mais il suffit de voir<br />
comment se comportent des boîtes comme Uber, accusées de<br />
harcèlement sexuel, pour savoir que le sujet reste important.<br />
Corinne abitbol directrice générale en<br />
charge des études d’Omnicom Media<br />
Groupe (Omnicom)<br />
Si j’ai pu accéder à ce poste, c’est surtout<br />
grâce à des hommes, qui m’ont<br />
permis d’arriver à des fonctions à responsabilité.<br />
Ces hommes m’ont fait plus<br />
confiance que moi-même, m’incitant<br />
à prendre des risques, à bouger sur<br />
d’autres métiers. La confiance en soi,<br />
c’est primordial. Les agences médias ont permis à des femmes<br />
d’occuper ces jobs : l’ouverture d’esprit y est plus grande. Ce<br />
secteur a dû se remettre en cause plus tôt avec le numérique,<br />
mais parfois nous ne sommes pas très modernes dans notre<br />
organisation du temps de travail, surtout sur le télétravail, qui<br />
pourrait aider beaucoup de femmes.<br />
laurenCe Milhau directrice générale de Group M Connect (WPP)<br />
Pour évoluer, il faut changer la société par le haut. Chez<br />
Group M, des femmes de 35 ans avec enfants ont des postes élevés.<br />
Elles-mêmes sont dirigées par des femmes, plus compréhensives<br />
: soyons honnêtes, lors d’un problème avec un enfant,<br />
l’école n’appelle pas le père ! Si je suis mère et que je brigue<br />
un poste à responsabilité, je devrais<br />
travailler différemment, plus qu’un<br />
homme. Comme beaucoup, j’ai eu des<br />
réflexions machistes, sous couvert de<br />
boutades, mais n’ai pas eu à subir le fait<br />
d’être une femme dans mon job alors<br />
que j’ai évolué dans des secteurs « masculins<br />
». Peut-être parce que j’ai du caractère.<br />
Et puis parfois, je me mets des<br />
barrières, je me dis : « Si j’avais été un<br />
homme, je me serais imposée. »<br />
© amélie Marzouk - Christophe guibbaud/reporters by Havas - annaMarchlewska_0618 - Dr<br />
Séverine Six directrice générale d’Arena<br />
Media (Havas Group)<br />
Il y a beaucoup de femmes en agence<br />
média à des fonctions de direction, très<br />
peu en créa et dans le luxe. Les agences<br />
médias sont féminisées depuis 25 ans.<br />
Des pionnières ont ouvert la voie. Dans<br />
les grands médias, il y a peu de femmes<br />
et à la présidence des groupes, aucune.<br />
Ce problème global de société concerne<br />
les hommes, et les femmes, qui n’ont pas confiance en elles.<br />
Se focaliser sur la conciliation vie pro /perso est une fausse<br />
question. Cela permet aux entreprises, par quelques mesures,<br />
de dire que les choses changent. Les femmes qui réussissent<br />
gèrent les deux, comme les hommes devraient avoir à le faire.<br />
Sabina groS directrice générale de Carat (Dentsu Aegis Network)<br />
Au cours de ma carrière, je n’ai ressenti ni frein, ni aide, lié à<br />
mon sexe. Ma particularité, c’est d’être étrangère. D’origine<br />
russe, je suis intrinsèquement issue de la diversité. Je vis avec<br />
ma différence. Du coup, le fait d’être<br />
une femme n’est pas le sujet principal.<br />
J’ai dû faire mes preuves en début de<br />
carrière, comme tout le monde, mais<br />
sur d’autres points. En France, c’est<br />
parfois dur de s’intégrer quand votre<br />
parcours n’est pas linéaire. Personnellement,<br />
j’aime m’entourer de profils<br />
atypiques. Les personnes avec qui<br />
je travaille ne sortent pas toutes d’une<br />
école de commerce.<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
7 StratégieS N° 1915
l'événement / Enquête<br />
Anne-Sophie Cruque directrice générale de Starcom<br />
et de Spark Foundry (Publicis Groupe)<br />
Pour moi, le sujet devrait plutôt être l’égalité que le<br />
sexisme. Je ne suis pas féministe, je suis pour la représentation<br />
de toutes les spécificités ; la progression<br />
au mérite, qu’importe, qu’on soit un homme ou<br />
une femme, on doit capitaliser sur les qualités pas sur<br />
le genre… A priori, nous sommes égaux, c’est après<br />
que nous sommes conditionnés. D’ailleurs, nous devrions<br />
favoriser les actions pour les hommes en matière<br />
d’éducation. Qu’on leur demande à eux aussi, comment ils concilient vie<br />
de famille et vie professionnelle. Eux aussi ont des enfants et s’en occupent !<br />
Le schéma s’est créé à notre insu, mais je suis confiante quant aux changements<br />
insufflés aux nouvelles générations. Les choses ont évolué : beaucoup<br />
plus de femmes lancent leur entreprise aujourd’hui qu’il y a vingt ans… Et<br />
ces questions vont de moins en moins se poser. La preuve ? Ma fille s’est inscrite<br />
au foot cette année !<br />
Aurélie irurzun directrice d’Affiperf (Havas Group)<br />
Je n’ai jamais connu de difficultés liées à mon sexe.<br />
Au contraire, j’ai bénéficié d’évolutions de poste fréquentes<br />
et régulières. J’ai même obtenu une promotion<br />
tout en étant enceinte, alors même que mon entreprise<br />
avait reçu des candidatures masculines ! Le<br />
numérique bouscule les schémas classiques. Ce secteur<br />
nouveau, avec ses compétences propres, a mis<br />
tout le monde au même niveau et a favorisé l’emploi<br />
et la responsabilisation des femmes. À l’époque, il n’y<br />
avait pas de formation, et il y avait de la place pour tout le monde. Ce qui m’inquiète<br />
le plus, c’est qu’il y ait une forme de discrimination envers les mères,<br />
dans la loi même : le combat à mener me paraît se situer au niveau des congés<br />
parentaux qui devraient être de même durée pour les femmes et les hommes.<br />
lAure deboS directrice analytics, research & insights<br />
chez Publicis Media (Publicis Groupe)<br />
Pourquoi les femmes sont-elles bien représentées en<br />
agences médias ? Ce n’est pas une question de secteur<br />
mais d’individus : des personnes ont fait progresser<br />
cette « influence au féminin ». Celles qui tiennent<br />
les cordons de la bourse, qui négocient avec les régies,<br />
sont souvent des femmes. Et en face, leurs interlocutrices<br />
sont souvent des patronnes de régie, un univers<br />
où les femmes bénéficient aussi d’une bonne représentation.<br />
Mais ne nous leurrons pas : le plafond de verre n’a pas encore explosé.<br />
En revanche, il va reculer mécaniquement. Les pôles stratégiques comme le<br />
consumer insight, les stratégies de marché, ou la data, font émerger des profils<br />
de femmes différents : ingénieures, expertes du data mining et des datas<br />
sciences... Des postes techniques et donc mieux rémunérés. C’est donc la data,<br />
de prime abord plus « masculine », qui permettra de faire émerger les profils<br />
« féminins ».<br />
AlexAndrA ChAbAnne<br />
CEO de Mediacom France (WPP)<br />
C’est le travail et la motivation qui favorisent<br />
l’ascension. À titre personnel, je n’ai pas ressenti<br />
de plafond de verre. Là où la femme a<br />
peut-être plus de difficultés dans sa carrière,<br />
c’est dans le networking, à une période de sa<br />
vie. Il faut pouvoir arbitrer entre sa vie de famille<br />
et les événements de networking, qui se<br />
déroulent plutôt en soirée et le week-end. Sur<br />
ce point, il y a sans doute des zones de progression<br />
et une autre organisation à trouver.<br />
Personnellement, j’ai deux enfants et pendant<br />
un certain nombre<br />
d’années, j’ai peu été<br />
présente sur la partie<br />
networking pour préserver<br />
mes moments<br />
familiaux. Maintenant<br />
que mes enfants sont<br />
plus grands, j’ai plus de<br />
temps pour rencontrer<br />
les clients et les partenaires.<br />
MAgAli FlorenS CEO de Mindshare France (WPP)<br />
Le thème se justifie car il est dans l’air du<br />
temps, et au-delà de la communication. On est<br />
même en retard sur la grande tendance sociologique<br />
mondiale. Une « femme d’influence »<br />
est capable d’encourager, de provoquer des<br />
pensées, des habitudes, des comportements.<br />
Nous en avons eu par le passé, avec des écrivains<br />
comme Marguerite Yourcenar ou Françoise<br />
Sagan. Ce qui est nouveau c’est qu’elles<br />
sont plus nombreuses et plus entendues. On en<br />
trouve même sur YouTube ! C’est souvent une<br />
question de confiance. Pour obtenir un poste,<br />
une femme sera plus bosseuse, peut-être parce<br />
qu’elle sera moins sûre d’elle. Alors quand elle<br />
est sélectionnée, elle sait qu’elle est capable de<br />
faire le job. Mais regardez, ma génération est<br />
face à un vrai plafond de verre. Nous sommes<br />
nombreuses à diriger<br />
des agences média,<br />
mais pas une au<br />
niveau des groupes !<br />
Jusqu’à maintenant.<br />
Mais Pierre Conte vient<br />
de partir [de son poste<br />
de Country Manager<br />
de WPP], peut-être que<br />
l’avenir me contredira !<br />
© amélie Marzouk - Dr<br />
StratégieS N° 1915<br />
8 07/09/<strong>2017</strong>
Chez Teads,<br />
les publicités sont visibles.<br />
#CleanAdvertising<br />
88 %<br />
de visibilité (1)<br />
90 %<br />
de couverture<br />
(2)<br />
41<br />
MILLIONS<br />
de VU mensuels<br />
1<br />
MILLIARD<br />
d’impressions<br />
(3)<br />
(2)<br />
(1)<br />
(2)<br />
(3)<br />
Source : iAS - Multiscreen, Avril - Juin <strong>2017</strong><br />
Source : Mediamétrie//NetRatings, Internet global, Mai <strong>2017</strong>, Visiteurs Uniques<br />
Source : Teads, Juin <strong>2017</strong>
l'événement / Enquête<br />
« l’égalité hoMMe-feMMe<br />
eSt un iMPératif buSineSS ! »<br />
Publicité À l’occasion des rencontres de l’Udecam, <strong>Stratégies</strong> a demandé à Sir Martin Sorrell, le fondateur et CEO<br />
de WPP, son opinion sur la place des femmes dans la pub, à tous les niveaux. Et plus particulièrement chez WPP.<br />
EmmanuEl Gavard<br />
@Manugavard<br />
Selon vous, la place de la femme dans la publicité<br />
est-elle un sujet important ?<br />
Sir Martin Sorrell. L’égalité hommefemme<br />
reste bien sûr une question de<br />
fond dans notre secteur, que ce soit sous<br />
l’angle business ou sociétal. On peut certes<br />
admettre que des choses ont commencé à<br />
changer, mais il est clair que la publicité et<br />
le marketing ne sont pas allés assez loin.<br />
À ce jour, chez WPP, nous nous sommes<br />
engagés publiquement et avec conviction<br />
sur ce problème, d’une part, au niveau du<br />
groupe mais aussi dans le monde.<br />
C’est une question qui vous tient à cœur chez<br />
WPP ?<br />
M.S. Oui ! Cette question me tient particulièrement<br />
à cœur, et je m’assure que<br />
WPP joue un rôle actif pour soutenir les<br />
femmes et s’attaquer à tous les biais de<br />
perception, quels qu’ils soient, sur le sujet.<br />
À titre personnel, je pense que les<br />
femmes sont meilleures que les hommes<br />
dans beaucoup d’aspects de notre business.<br />
Mais en tant que CEO, je suis bien<br />
conscient que je suis le seul responsable<br />
si les progrès réalisés ne sont pas à la hauteur<br />
des attentes.<br />
Le fait est que l’égalité homme-femme<br />
n’est pas une question d’équité ou de justice,<br />
c’est un impératif business ! Les entreprises<br />
avec des équipes dirigeantes<br />
homogènes en termes d’hommes et de<br />
femmes s’en sortent mieux sur le marché.<br />
Elles attirent de meilleurs talents et leurs<br />
créations parviennent mieux à toucher les<br />
consommateurs.<br />
où en êtes-vous de la parité ?<br />
M.S. WPP ne s’en sort pas trop mal question<br />
parité, avec 54 % de femmes au total,<br />
et 48 % chez les managers seniors. Mais il<br />
est certain qu’elles restent sous-représentées<br />
dans les plus hauts postes.<br />
© Dr<br />
Nous faisons tout pour renforcer les réorganisations<br />
en interne à travers de nouveaux<br />
programmes ou de nouvelles politiques,<br />
aussi bien au niveau du groupe<br />
qu’à des échelons plus opérationnels.<br />
et concernant les différences de salaires ?<br />
M.S. Conformément au projet de régulation<br />
du Royaume-Uni sur l’égalité salariale selon<br />
les genres, nous sommes en train de<br />
récolter, d’analyser et de dresser le bilan<br />
des écarts de salaires entre hommes et<br />
femmes.<br />
Nous publierons un rapport au début<br />
de l’année prochaine sur ce sujet,<br />
et prendrons les mesures nécessaires<br />
pour nous attaquer aux origines<br />
de toutes discriminations.<br />
Que pensez-vous de la représentation de la femme<br />
dans la publicité ?<br />
M.S. À Cannes, nous étions fiers de faire<br />
partie du programme de UN Women et<br />
d’Unilever de l’Alliance contre les clichés,<br />
qui a pour but d’éradiquer tous les stéréotypes<br />
de la publicité. Comme je le disais en<br />
juin <strong>2017</strong>, chaque jour, des millions de personnes<br />
dans le monde sont exposées aux<br />
produits de la communication. Cette influence<br />
peut renforcer des stéréotypes négatifs<br />
ou au contraire, aider à établir des<br />
standards d’égalité et d’émancipation. ◊<br />
l’entretien intégral<br />
sur strategies.fr<br />
StratégieS N° 1915<br />
10 07/09/<strong>2017</strong>
Les stars du B2B<br />
vont briller le<br />
9 Octobre prochain<br />
#LinkedInLMAs<br />
https://lnkd.in/LinkedInLMAs
usiness<br />
Actualité<br />
GooGle home ouvre la voie<br />
du « vocal first »<br />
TECHNOlOgiEs Lancée en France au début du mois d’août, l’enceinte connectée du géant américain<br />
pourrait devenir un véritable terrain de jeu pour les marques. Une révolution comparable au mobile se prépare.<br />
CéCilia Di QuiNziO<br />
@CciliaDiQuinzio<br />
Les marques ne doivent<br />
pas attendre le feu<br />
vert de Google, mais<br />
s’emparer de ce nouvel<br />
espace de communication,<br />
sous peine d’être littéralement<br />
muettes lorsqu’un<br />
consommateur cherchera à entrer<br />
en contact avec elles », prévient<br />
Marie Dollé, responsable<br />
des contenus chez Kantar Media.<br />
Google Home, l’enceinte à commande<br />
vocale du géant américain,<br />
vient de débarquer en France.<br />
Pour l’heure, les interactions avec<br />
l’objet sont limitées à un dialogue<br />
avec Google Assistant, l’assistant<br />
virtuel de Google, qui se base<br />
sur les données du moteur de recherche.<br />
Mais demain, l’idée est<br />
de pouvoir être mis en relation<br />
avec une marque grâce à la voix,<br />
exactement comme sur le web<br />
lorsque l’on clique sur un lien<br />
pour accéder à son site web. L’utilisateur<br />
basculera alors dans l’environnement<br />
de la marque, avec<br />
une voix différente, un ton distinct,<br />
etc. « Bientôt, les marques<br />
pourront développer ce que nous<br />
appelons des “actions”, des “applications<br />
conversationnelles”,<br />
les référencer et les rendre disponibles<br />
sur notre interface »,<br />
explique François Loviton, directeur<br />
commercial Retail chez<br />
Google France.<br />
Pour les marques, cela représente<br />
une vraie révolution : le « vocal<br />
first ». Pour le consommateur, il<br />
ebay a développé aux états-unis un service qui permet par la voix, via google Home,<br />
d’évaluer le prix d’un produit et d’obtenir une estimation avant de le mettre en vente.<br />
s’agit d’une nouvelle manière d’utiliser<br />
le moteur de recherche, un accès<br />
à internet par la voix et non par<br />
l’écrit. « L’usage émerge en France<br />
mais sur le marché américain, où<br />
l’enceinte est déjà présente depuis<br />
novembre 2016, les recherches<br />
émises par la voix représentent<br />
déjà 20% du total des recherches<br />
sur Google, rapporte François Loviton.<br />
C’est déjà un usage avéré et<br />
conséquent ».<br />
charte vocale. Le lancement de<br />
Google Home dans l’Hexagone<br />
ouvre une nouvelle ère, celle des<br />
interfaces naturelles et du web<br />
ambiant : l’ère post-smartphones.<br />
« Demain, on n’ira plus sur internet,<br />
on sera dans internet, entrevoit<br />
Marie Dollé. C’est la fin des<br />
écrans, et le début du SEO (référencement)<br />
vocal. Les marques<br />
doivent commencer à se réinventer<br />
», exhorte la spécialiste.<br />
Comment s’y prendre ? « Surtout,<br />
ne pas faire l’erreur de simplement<br />
dupliquer son site ou son appli. Ici,<br />
la logique est conversationnelle, basée<br />
sur un échange de questions et<br />
de réponses ouvertes. Il faut aider<br />
le consommateur à se projeter dans<br />
une relation vocale comme avec<br />
une personne physique ». Il s’agit de<br />
mettre en place une véritable « voice<br />
strategy », une stratégie de contenus<br />
avec des personnes dédiées<br />
qui réfléchissent à une « charte vocale<br />
», à un ton, à une diffusion particulière…<br />
Aux États-Unis, Ebay a<br />
par exemple développé un service<br />
qui permet, par la voix, d’évaluer<br />
rapidement le prix d’un produit, et<br />
d’obtenir une estimation avant de le<br />
StratégieS N° 1915<br />
12 07/09/<strong>2017</strong>
mettre en vente. « C’est un nouveau<br />
moyen de s’implanter dans le foyer<br />
du consommateur. Si le smartphone<br />
permettait aux marques de pénétrer<br />
dans “l’intime”, avec les assistants<br />
vocaux, ici, on va un cran<br />
plus loin », remarque Pascal Nessim,<br />
président de Marcel. « En tant<br />
qu’agence, notre rôle sera de faire<br />
en sorte qu’en fonction d’une question<br />
précise le site de notre client remonte<br />
en premier ».<br />
ColleCter plus de données . En<br />
étant prospectif, on peut imaginer<br />
que les marques pourront<br />
payer pour être mieux référencées,<br />
comme sur le moteur de recherche,<br />
avec, probablement, une mention<br />
orale pour différencier le contenu<br />
sponsorisé des autres contenus. On<br />
devine aussi que si Google Home<br />
ne diffuse pas de publicité à proprement<br />
parler, il aura la capacité<br />
de collecter des données – beaucoup<br />
de données – qui pourront<br />
être exploitées pour cibler et recibler<br />
des internautes sur le web et<br />
sur les applis. « Pour l’heure, nous<br />
ne savons pas précisément comment<br />
la monétisation se mettra en<br />
place, indique-t-on chez Google.<br />
Notre manière de procéder sera la<br />
même que pour toutes nos platesformes,<br />
Google Search, Google<br />
Drive, Google Maps, etc. Nous mettons<br />
l’utilisateur au centre et on ne<br />
développe un service que quand<br />
il est accessible à tous, universellement,<br />
et qu’il apporte une vraie<br />
Le mariage d’Alexa et Cortana…<br />
amazon et Microsoft vont permettre à leurs assistants vocaux<br />
d'interagir. Les deux groupes promettent que les utilisateurs d'alexa,<br />
l'assistant d'amazon, pourront utiliser Cortana, celui de Microsoft,<br />
pour accéder à leurs mails, reconnaissant ainsi implicitement la<br />
domination du logiciel Outlook. De leur côté, les utilisateurs de<br />
Cortana seront en mesure de faire leurs achats sur amazon et<br />
utiliser echo. Une manière de se renforcer sur le secteur stratégique<br />
de l'assistance vocale face à google qui, de son côté, s'allie à<br />
Walmart, numéro un mondial de la distribution, pour rivaliser avec<br />
amazon... La guerre ne fait que commencer.<br />
© google<br />
l’enCeinte intelligente de google<br />
pourrait permettre à son utilisateur<br />
de dialoguer avec les marques.<br />
valeur ajoutée, avant d’envisager<br />
le moindre modèle économique »,<br />
rappelle François Loviton.<br />
Quel avenir pour cette nouvelle<br />
technologie ? Selon le cabinet<br />
Gartner, le marché des enceintes<br />
connectées à commande vocale<br />
représentera 3,52 milliards de dollars<br />
en 2021 dans le monde, contre<br />
360 millions en 2015. Ces mêmes<br />
experts nous avaient annoncé, il y a<br />
plus de trois ans, la montre connectée<br />
comme « la » rupture technologique<br />
après le smartphone, et<br />
pourtant, aujourd’hui, elle peine à<br />
s’imposer auprès du grand public.<br />
L’enceinte intelligente pourrait bénéficier<br />
d’un double phénomène :<br />
d’une part, de l’explosion des objets<br />
connectés qui libèrent les mains,<br />
les doigts, sans écran ni clavier. Et,<br />
d’autre part, de la maturité de la reconnaissance<br />
vocale. En quelques<br />
années, elle a décollé avec l’avènement<br />
de l’intelligence artificielle et<br />
du machine learning, et a atteint<br />
une certaine fiabilité. Même s’il est<br />
difficile d’évaluer la proportion des<br />
consommateurs qui l’utilisent pour<br />
commander en ligne, les analystes<br />
du secteur s’accordent à dire que ce<br />
mode d’achat va exploser. ◊<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
13 StratégieS N° 1915
BUSINESS / La vie des budgets<br />
Sony Mobile se sociabilise<br />
avec Rosbeef<br />
tÉlÉphonie Sony Mobile compte regagner des parts de marché en édulcorant son discours technologique<br />
sur les réseaux sociaux, à l’aide de l’agence Rosbeef. Mais sans faire de concessions sur l’innovation.<br />
thoMaS pontiRoli<br />
@TPonti<br />
Dans la guerre des smartphones,<br />
la lutte fait rage<br />
entre deux chars d’assaut,<br />
Samsung et Apple,<br />
et des dizaines de fantassins<br />
chinois (Huawei, Lenovo, Xiaomi,<br />
Oppo, Vivo, Meizu…). Au milieu,<br />
Sony Mobile change de stratégie.<br />
Le japonais avait d’abord réduit<br />
la voilure en recentrant sa gamme<br />
sur le premium au printemps. Il<br />
entame une deuxième phase en<br />
élargissant son audience. En résumé<br />
: ne proposer que des mobiles<br />
à plus forte marge et les vendre au<br />
plus de monde possible. Pour cela,<br />
le fabricant a décidé de confier ses<br />
réseaux sociaux, jusqu’alors gérés<br />
par l’agence Useful, à Rosbeef.<br />
Prorité à l’usage. « Il fallait changer<br />
d’agence car nous sommes à<br />
un tournant », pointe Alexandra de<br />
Chazeaux, directrice de la communication<br />
de Sony Mobile Méditerranée.<br />
Rosbeef a retenu l’attention car<br />
l’agence connaît la marque : depuis<br />
plus de deux ans, elle adapte pour<br />
la France les campagnes conçues<br />
par Mcgarrybowen à Londres. Elle<br />
réalise aussi des opérations d’activation<br />
en point de vente. Pour Sony,<br />
c’est une garantie de « cohérence ».<br />
Et puis « Rosbeef s’est illustrée en<br />
créant (ponctuellement) des campagnes<br />
sociales innovantes comme<br />
InstaZoomZ5 en 2015, pour montrer<br />
la qualité du zoom du Xperia<br />
Z5 », ajoute Christel Baudin, digital<br />
et CRM manager. Si Sony continue<br />
à innover, à l’image du scanneur<br />
3D du Xperia XZ1, dévoilé à l’IFA<br />
de Berlin, la façon d’en parler va<br />
changer pour faire la part belle aux<br />
usages plutôt qu’à la technique.<br />
sony mobile a mis<br />
à l’épreuve les capacités<br />
de son Xperia en juillet<br />
dernier au moyen de vidéos<br />
tournées en slow motion.<br />
La difficulté consiste à ne pas se<br />
couper de sa base de fans historiques.<br />
« La majorité des marques<br />
ont une communication statutaire<br />
et disent : regardez comme mon<br />
smartphone est beau ! note Xavier<br />
Delelis-Fanien, directeur du web<br />
social chez Rosbeef. Ils listent des<br />
spécificités, mais combien savent ce<br />
qu’est un Snapdragon [la puce centrale<br />
d’un smartphone] ? »<br />
nouveau smartphone. Pour vanter<br />
la vidéo en slow motion du<br />
constructeur, en juillet, Rosbeef<br />
avait déjà eu cette approche, que<br />
rappelle Xavier Delelis-Fanien :<br />
« Plutôt que de mettre en avant les<br />
960 images par seconde, peu tangibles,<br />
nous avions organisé un<br />
live Facebook avec le journaliste<br />
jeux vidéo Julien Tellouck qui était<br />
aspergé de peinture. » La gymnastique<br />
était d’autant plus périlleuse<br />
qu’avec ce contenu, Sony Mobile<br />
contentait aussi bien les fans de cet<br />
influenceur que les « haters » – fréquents<br />
dans le secteur. Pour toucher<br />
le plus grand nombre, Rosbeef<br />
pourra puiser dans les vidéos<br />
de Sony Pictures, les musiques de<br />
Sony Music et les jeux de PlayStation.<br />
Large éventail !<br />
Début octobre, l’agence orchestrera<br />
le lancement du nouveau porte-étendard<br />
de la marque, le Xperia XZ1, et<br />
ses variantes Compact et Premium.<br />
Sa mission sera de convaincre des<br />
clients de Samsung, « plus faciles<br />
à persuader que ceux d’Apple, car<br />
ils utilisent déjà le système d’exploitation<br />
Android », décrypte<br />
Alexandra de Chazeaux. Avec sa<br />
nouvelle grammaire, Sony Mobile<br />
ne s’interdira pas d’adapter son discours,<br />
en fonction des retours des<br />
communautés Facebook, Twitter et<br />
Instagram. ◊<br />
STraTégieS N° 1915<br />
14 07/09/<strong>2017</strong>
BUSINESS / La vie des budgets<br />
les consultAtions<br />
Annonceur mission Agences consultées Agences sortAntes<br />
Agence de l’environnement<br />
Veille et panorama de presse Appel d’offres en cours –<br />
et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)<br />
Association pour l’emploi des cadres (Apec) Relations institutionnelles Appel d’offres en cours –<br />
Atout France Conseil médias et achat d’espace Appel d’offres en cours –<br />
Banque publique d’investissement<br />
Publicité, communication corporate, marketing<br />
et achat média digital<br />
24 agences consultées Agence 79, Equancy, Havas Paris<br />
et Play App<br />
Caisse d’allocations familiales<br />
Communication interne et externe Appel d’offres en cours –<br />
de l’Essonne<br />
Chambre de commerce et d’industrie Organisation de l’événement Go Numérique Appel d’offres en cours –<br />
de Lyon Métropole<br />
Centre national de la recherche Refonte graphique Appel d’offres en cours –<br />
scientifique (CNRS)<br />
Comité régional du tourisme Occitanie Plateforme de promotion en ligne Appel d’offres en cours –<br />
Conseil régional de Guadeloupe Événementiel Appel d’offres en cours –<br />
Danone France Communication corporate Elan Edelman, Havas Paris et Protéines (VT Scan) Elan Edelman et Protéines<br />
Destination Saint-Malo-Baie du Mont- Documents de promotion touristique Appel d’offres en cours –<br />
Saint-Michel<br />
École polytechnique Relations presse Appel d’offres en cours –<br />
Établissement français du sang (EFS) Relations presse et d’influence Appel d’offres en cours –<br />
Établissement public du parc<br />
Conseil médias et achat d’espace Appel d’offres en cours –<br />
et de la grande halle de la Villette<br />
Fonds national de promotion et de Événementiel Appel d’offres en cours –<br />
communication de l’artisanat (FNPCA)<br />
Grand Annecy Communication territoriale Appel d’offres en cours –<br />
L’Oréal Conseil médias et achat d’espace Appel d’offres en cours Zenith/Publicis Media<br />
Michelin Conseil médias et achat d’espace monde Appel d’offres en cours MEC/WPP<br />
Pays Rhin Vignoble Grand Ballon Plateforme de promotion du territoire Appel d’offres en cours –<br />
RATP Conseil médias et achat d’espace Appel d’offres en cours Zenith/Publicis Media<br />
Ville de Nîmes Journal municipal Appel d’offres en cours –<br />
Walibi Rhône-Alpes Repositionnement de marque Hula Hoop, Insign, Free Lance’s l’Agence, MKTG (Gibory) Free Lance’s l’Agence<br />
En italique = Nouveaux budgets en consultation.<br />
les trAnsferts<br />
Annonceur mission nouvelles Agences Anciennes Agences<br />
Afflelou Relations presse corporate Brunswick Patricia Goldman<br />
Association nationale pommes poires Relations médias Thomas Marko & Associés –<br />
Corner Job Stratégie de communication La Chose –<br />
Coup de Pâtes Promotion en point de vente Agence Tempo –<br />
Feed Relations presse Sopexa –<br />
Groupe Campari Communication globale WPP –<br />
Institut national de prévoyance collective Stratégie de communication et identité visuelle Econovia –<br />
Médecins sans frontières Communication B to B Australie –<br />
Musée Grévin Relations presse Press & Play<br />
Nestlé Céréales Design des packs Golden Grahams et Minis Rangoon –<br />
Nord Céréales Relations presse, événementiel et digital Ressources de la Nature –<br />
Selectour Relations presse Prad’s Com –<br />
Smiley<br />
Stratégie de communication, création LMWR –<br />
publicitaire et stratégie numérique<br />
SONy MOBILe<br />
Contenus sur les réseaux sociaux<br />
Rosbeef<br />
Rosbeef<br />
et animations en point de vente<br />
Tourism Australia Promotion de la destination Australie Antigel Antigel<br />
Toys’R’Us Communication et animations commerciales Publicis Conseil<br />
Uber France Publicité DDB/Omnicom Marcel/Publicis Groupe<br />
Vitry Relations presse Press for you<br />
retrouvez toutes les compétitions et tous les trAnsferts ActuAlisés Au jour le jour sur strAtegies.fr/competitions-trAnsferts<br />
07/09/<strong>2017</strong> 15<br />
StratégieS N° 1915
BUSINESS / Diagnostic<br />
Le casse-tête chinois de Nars<br />
BEAUTÉ La marque française Nars, labellisée «Cruelty Free» depuis 2003, a surpris en décidant de s’implanter<br />
en Chine, connue pour imposer les tests sur les animaux. Les fans de la marque n’ont pas tardé à réagir<br />
en appelant au boycott. Mais Nars pouvait-elle se passer d’un marché aussi juteux ?<br />
MAriE-CAroLiNE royET<br />
@Mcroyet<br />
A<br />
vec un pseudo pareil<br />
– @ NARSissiste – sur<br />
les réseaux sociaux, il<br />
n’est pas étonnant que<br />
Nars se la joue perso. Très tôt, la<br />
marque de cosmétiques a souhaité<br />
s’émanciper de la majorité de<br />
ses concurrents, en refusant de<br />
tester ses produits sur les animaux.<br />
Depuis 2003, l’entreprise<br />
clame sa ligne « Cruelty Free »<br />
[«sans cruauté », « dont les produits<br />
ne sont pas testés sur les<br />
animaux »], fédérant une grosse<br />
communauté.<br />
Pourtant, en choisissant de s’implanter<br />
sur le marché chinois, la<br />
marque a déçu : la Chine reste<br />
la bête noire des vegan. En effet,<br />
la législation en vigueur dans le<br />
pays impose aux marques importées<br />
de tester sur l’animal les produits<br />
avant leur mise en vente sur<br />
le territoire…<br />
Vegan Ban . Dans un post Instagram<br />
daté du 27 juin <strong>2017</strong>, Nars<br />
tente de se dédouaner en arguant<br />
de la législation locale : « Nous<br />
avons décidé de rendre Nars disponible<br />
en Chine, parce que nous<br />
pensons qu’il est important d’amener<br />
notre vision de la beauté et du<br />
talent aux fans de la région. Nars<br />
ne teste pas sur les animaux, excepté<br />
là où la loi le requiert ».<br />
Grands discours mis à part, il est<br />
surtout difficile pour la marque<br />
de maquillage du groupe Shiseido<br />
de se priver du marché cosmétique<br />
chinois, puisqu’il représenterait<br />
à lui seul 50 milliards<br />
de dollars. En contrepartie, le<br />
boycott n’a pas tardé à s’organiser<br />
avec le hashtag #boycottnars.<br />
Retour sur cette décision, laquelle<br />
semble encore faire débat dans le<br />
milieu du luxe. ◊<br />
© getty images<br />
sUr LEs rÉsEAUx<br />
soCiAUx, les<br />
internautes<br />
n’ont pas tardé<br />
à s’orgnaiser avec<br />
le hashtag<br />
boycottnars.<br />
Reco n°1 « Infiltrer le système pour le combattre »<br />
BRune Buonomano directrice adjointe de BETC Luxe<br />
« Nars s’affiche “sauf quand c’est imposé par la<br />
“Cruelty Free” et loi”. C’est déroutant. En même<br />
met ce combat temps, s’implanter en Chine a<br />
au cœur de son positionnement.<br />
Face à un marché aussi du monde avec un marché qui<br />
pour but de partager une vision<br />
stratégique que la Chine, Nars a parait mûr pour l’entendre. La<br />
décidé de faire une entorse à sa décision peut paraître brutale,<br />
règle d’or. Passant de “Nous ne mais il s’agit d’infiltrer un système<br />
pour mieux le testons pas sur les animaux” à<br />
combattre.<br />
Pour changer la donne, Nars<br />
aura peut-être plus de poids<br />
une fois qu’il aura convaincu<br />
des milliers de consommateurs<br />
chinois. Cela va demander<br />
beaucoup de preuves d’engagement<br />
pour rester crédible, mais<br />
agir ainsi paraît plus productif<br />
que de tourner le dos à ce pays. »<br />
Reco n°2 « Rechercher des méthodes<br />
alternatives »<br />
lauRa ViSSeRiaS directrice de la communication de crise chez Weber Shandwick<br />
« En général, les<br />
sociétés d’une<br />
telle envergure se dotent de distributeurs<br />
chinois qui effectueront<br />
les tests sur place des produits<br />
finis. Du coup, la marque<br />
ne teste pas directement sur les<br />
animaux. La cohérence par rapport<br />
aux engagements de Nars<br />
en la matière voudrait qu’elle<br />
suive cette voie, comme pas mal<br />
de marques de cosmétiques. À<br />
côté de cela, rien ne les empêche<br />
de chercher des méthodes<br />
alternatives comme semble<br />
le faire le groupe Shiseido,<br />
auquel Nars appartient. Les<br />
marques peuvent aussi engager<br />
le dialogue avec les autorités<br />
chinoises, pour montrer l’efficacité<br />
des méthodes alternatives<br />
in vivo-in vitro. Cela pourrait<br />
permettre de faire évoluer la<br />
réglementation… »<br />
StratégieS N°1915<br />
16 07/09/<strong>2017</strong>
BUSINESS / Actualité<br />
Le productising redessine<br />
le paysage publicitaire<br />
Agences Remplacer le discours par le produit, telle était la fonction initiale du productising. Près de quatre ans<br />
après l’apparition de cette nouvelle forme de promotion en France, celle-ci prend désormais une nouvelle dimension.<br />
HoudA BenjeLLoune<br />
@HoudaBenji<br />
Le productising a débarqué<br />
en France en 2014, avec le<br />
carré manquant de Milka<br />
ou encore l’Insomny Coffee<br />
de CanalPlay imaginés par Buzzman,<br />
et bénéficie depuis de vents<br />
porteurs sur le marché publicitaire.<br />
Au point même de pousser<br />
cette agence à fonder Productman<br />
en juin 2016, une entité dédiée à<br />
la création de produits et services.<br />
Fort des précédents buzz de son<br />
agence mère, ce « spinoff » a pour<br />
vocation de créer des produits à<br />
des fins commerciales. En cinq semaines,<br />
créatifs, designers industriels,<br />
UX designers, data scientists,<br />
planneurs stratégiques…<br />
conceptualisent un produit ou un<br />
service.<br />
Thomas Granger, vice-président de<br />
Buzzman, explique : « Les annonceurs<br />
ont cette espèce de crainte<br />
de se faire piquer leur marché par<br />
un nouvel arrivant. La recherche<br />
et développement n’est pas le département<br />
où il y a le plus d’investissements,<br />
ni le plus d’expertises,<br />
or nous avons cette compétence,<br />
et il nous a paru évident de créer<br />
Productman. » Trois ans après<br />
cette diversification des agences,<br />
où en est-on ? Que représente aujourd’hui<br />
cette activité ?<br />
incarnation. « Je ne pense pas que<br />
le productising ait vocation à remplacer<br />
l’ensemble des dispositifs<br />
traditionnels, mais on est forcés<br />
de reconnaître qu’il y a de plus en<br />
plus d’exemples en France, même<br />
si cela reste minoritaire, constate<br />
Brice Garçon, vice-président de<br />
TBWA Groupe. C’est une nouvelle<br />
brice garçon (TBWA<br />
groupe), grégory Pascal<br />
(sensio), Xavier lamiche<br />
(storm studio) et thomas<br />
granger (Buzzman).<br />
manière de créer une expérience<br />
de marque, ça n’a pas de sens de<br />
le faire à chaque fois. Il y a certains<br />
cas où cela est très approprié,<br />
mais d’autres où cela n’a pas<br />
de raison d’être. »<br />
Autre atout du productising selon<br />
Grégory Pascal, le président<br />
de Sensio : « L’enjeu est de proposer<br />
des produits qui vont donner<br />
une incarnation concrète à cette<br />
promesse publicitaire. Le productising<br />
étend le champ de la communication<br />
à quelque chose qui est<br />
tangible et qui peut en plus générer<br />
des revenus additionnels pour<br />
Photos : Dr<br />
StratégieS N° 1915<br />
18 07/09/<strong>2017</strong>
BUSINESS / Actualité<br />
l’agence, comme pour l’annonceur.<br />
» Un avis que partage Brice<br />
Garçon : « Il est certain que pour un<br />
investissement relativement faible,<br />
les retombées en termes d’images<br />
et de notoriété sont assez importantes.<br />
» « Le productising est un<br />
succès parce que l’on promet aux<br />
consommateurs des produits qui<br />
sont moins issus de ce grand mouvement<br />
de consumérisme, dans<br />
un contexte où chaque personne<br />
cherche à individualiser ses choix<br />
face au produit qu’il achète, souligne<br />
Christophe Pradère, directeur<br />
executif de BETC Design. Le<br />
productising, c’est une manière de<br />
créer de l’affect dans la relation<br />
avec la marque. »<br />
nouveaux modèles économiques.<br />
Cela aboutit donc à la création de<br />
produits : TBWA a ainsi donné<br />
naissance à Baryl, le robot poubelle<br />
de la SNCF. « Nous ne souhaitons<br />
ni commercialiser nos<br />
produits, ni créer un département<br />
productising,<br />
mais nous travaillons<br />
de manière<br />
plus transversale<br />
par exemple avec<br />
Being, l’agence de<br />
design du groupe,<br />
détaille Brice Garçon.<br />
Et quand il y<br />
a un vrai défi technologique,<br />
nous<br />
collaborons étroitement<br />
avec des<br />
start-up. Tout intégrer<br />
dans l’agence<br />
est assez complexe,<br />
le milk makeup<br />
de Milkstudio, Baryl, robot<br />
poubelle de la SNCF et le<br />
mug cocasse de Bug.<br />
Les produits connectés,<br />
enfants chéris du productising<br />
au Brésil, isobar Brasil et BSB Fab ont créé le « Safety Bike radio », un dispositif<br />
qui permet d’alerter les conducteurs dès qu’un vélo se trouve à proximité.<br />
Le cycliste fixe le système à son guidon et dès qu’une voiture est repérée à moins<br />
de 30 mètres, le radio transmetteur portable interfère avec les fréquences de la<br />
station écoutée par l’automobiliste. en espagne, Nissan a également fait preuve<br />
d’inventivité pour faire la promotion de son dispositif de sécurité : le constructeur<br />
japonais a adapté sa technologie aux pêcheurs de pouces-pieds (percebeiros)<br />
en galice. en collaboration avec les verres glassworks et le Conseil supérieur<br />
de la recherche scientifique espagnol, l’agence créative de Nissan, tBWa<br />
espagne, a créé le « Percebeiro Shield » (bouclier des percebeiros) qui permet,<br />
à l’aide de capteurs, de vibreurs et d’une alarme intégrés dans leur combinaison,<br />
d’alerter les pêcheurs du danger d’une vague imminente.<br />
parce qu’il peut y avoir<br />
des projets très différents.<br />
» Des problématiques<br />
auxquelles répond<br />
Productman en<br />
faisant également appel<br />
à d’autres expertises<br />
: « selon le produit<br />
ou le service nous pouvons<br />
solliciter un chimiste, un nez, un<br />
ingénieur ou encore des designers<br />
industriels ».<br />
D’ailleurs, les agences de design<br />
industriel, autrefois en relation<br />
directe avec l’annonceur, collaborent<br />
de plus en plus avec les<br />
agences de pub ou de communication.<br />
Xavier Lamiche, directeur<br />
associé de Storm Studio, le<br />
constate : « Les agences font de<br />
plus en plus appel à nos services,<br />
cependant cela représente une infime<br />
part de nos activités, même<br />
si ce sont des projets qui génèrent<br />
une forte plus-value. » Même s’ils<br />
ne sont pas toujours bien gérés,<br />
comme l’explique Xavier Lamiche<br />
: « Les délais sont tellement<br />
courts que nous<br />
sommes obligés de décaler<br />
tous les autres projets,<br />
ce qui fait que nous devenons<br />
très chers et pas forcément<br />
rentables pour eux. »<br />
Le directeur associé de Storm<br />
Studio insiste sur le manque<br />
de rigueur de certaines agences :<br />
« Elles viennent nous voir une fois<br />
le concept et le budget global finalisé,<br />
mais sans avoir calculé le coût<br />
de l’opération et parfois avec des<br />
idées assez farfelues. Mais cela<br />
nous oblige à repenser notre manière<br />
de travailler, et le gros intérêt<br />
avec les agences de com c’est<br />
que l’on peut aussi se renvoyer<br />
l’ascenseur : nous conseillons ainsi<br />
certaines d’entre elles à nos clients<br />
et réciproquement. » Selon Grégory<br />
Pascal, le président de Sensio :<br />
« Le productising favorise l’émergence<br />
de nouveaux modèles économiques,<br />
et de nouveaux schémas<br />
de partage des bénéfices. »<br />
Et parfois, les résultats sont impressionnants.<br />
Ainsi, aux États-<br />
Unis par exemple, l’agence Milkstudio<br />
a remporté un franc succès<br />
grâce au lancement de sa marque<br />
Milk Makeup. Au sein de l’hexagone,<br />
l’agence Bug a lancé un site<br />
internet où elle commercialise ses<br />
propres produits (slips, mugs…)<br />
avec des inscriptions cocasses.<br />
Un nouveau modèle que de nombreuses<br />
agences souhaiteraient<br />
reproduire. Thomas Granger le<br />
confesse : « Si l’on doit inventer le<br />
Uber ou le Facebook de demain,<br />
nous le ferons seuls ». ◊<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
19 StratégieS N° 1915
BUSINESS / Actualité<br />
Altice au pays de la fiction<br />
ConvergenCe Le lancement d’Altice Studio s’inscrit dans une ambitieuse stratégie de fidélisation et de conquête<br />
d’abonnés pour SFR. Mais les hausses de prix induites suscitent des mécontentements.<br />
AmAury de roChegonde<br />
@derochegonde<br />
Les abonnés de SFR peuvent<br />
la découvrir sur leur box<br />
jusqu’au 15 septembre :<br />
Altice Studio, la nouvelle<br />
chaîne de cinéma et de séries, est<br />
disponible en accès libre pendant<br />
près d’un mois auprès de 11 millions<br />
de clients mobiles et de 6 millions<br />
d’abonnés au fixe. Une base potentiellement<br />
massive, apte à concurrencer<br />
OCS et même Canal+… à<br />
condition de transformer l’essai.<br />
« Nous avons à retenir nos clients, à<br />
en conquérir de nouveaux et à améliorer<br />
l’Arpu » [revenu par abonné],<br />
a martelé Michel Paulin, le directeur<br />
général de SFR, le 29 août.<br />
Pour convaincre, Altice Studio<br />
compte d’abord sur son offre :<br />
400 films par an, deux séries inédites<br />
par mois auxquels il faut ajouter<br />
1200 longs‐métrages – dont 30 %<br />
français – de la plateforme de vidéo<br />
à la demande par abonnement<br />
(SVOD) SFR Play. Outre un partenariat<br />
à venir avec Paramount, un accord<br />
a été signé avec NBC Universal<br />
qui lui permet de proposer des<br />
films américains en exclusivité (Jason<br />
Bourne, Fast & Furious…). Les<br />
longs‐métrages des distributeurs<br />
français ne sont pas non plus oubliés<br />
(Gaumont, MK2…).<br />
option « privilège ». Mais c’est<br />
surtout sur ses capacités maison<br />
qu’Alain Weill, directeur général<br />
des activités médias d’Altice,<br />
a insisté. Non seulement elle reprend<br />
des séries de la filiale Hot<br />
(Medicis, Taken et les exclusivités<br />
Riviera et Sirènes), mais elle crée<br />
aussi des fictions propres : « Altice<br />
Studio, c’est un budget de 160 millions<br />
d’euros par an, dit‐il, 40 millions<br />
vont à la production de films<br />
et de séries, dont 20 millions pour<br />
des programmes francophones. »<br />
La chaîne, située à Luxembourg,<br />
© Universal Pictures international France<br />
© Des Willie-Sky UK<br />
respectera d’ailleurs les quotas de<br />
40 % de diffusion d’œuvres européennes<br />
et françaises, sans y être<br />
contrainte.<br />
Pas question, pour autant, de signer<br />
d’accords avec les professionnels<br />
du cinéma, à l’instar de Canal+<br />
et d’OCS. Cela peut‐il évoluer ?<br />
Alain Weill rappelle que la publicité<br />
en faveur des films reste interdite<br />
à la télévision – une consultation<br />
publique a cours sur le sujet – et la<br />
chronologie des médias empêche<br />
la SVOD d’être diffusée douze mois<br />
après la sortie en salle, comme la<br />
TV payante (hors Canal+).<br />
Reste un point sur lequel Altice est<br />
davantage critiqué : l’augmentation<br />
des prix opérée sur ses forfaits.<br />
Elle peut atteindre 5 euros sur un<br />
riviera , une série Tv<br />
de neil Jordan,<br />
avec Julia Stiles.<br />
Jason Bourne, un film<br />
de Paul greengrass,<br />
avec matt damon.<br />
abonnement fixe. C’est le surcoût<br />
à payer pour un abonné qui choisit<br />
de conserver Altice Studio. Le<br />
groupe le justifie, comme pour SFR<br />
Sport, en disant qu’il s’agit d’une<br />
offre à moitié prix par rapport aux<br />
9,99 euros des offres OTT. Quant<br />
au désabonnement nécessaire à la<br />
chaîne dans les quatre mois pour<br />
cesser d’être facturé sur cette option,<br />
c’est parfaitement légal. Free<br />
ne procède d’ailleurs pas autrement<br />
avec son option Panorama.<br />
« C’est vrai que c’est légalement<br />
difficilement contestable, un opérateur<br />
peut augmenter ses tarifs<br />
dès lors qu’il y a une clause de résiliation,<br />
explique Benjamin Douriez,<br />
de 60 Millions de consommateurs.<br />
Mais il y a énormément de<br />
gens mécontents. La hausse des tarifs<br />
a d’abord été présentée comme<br />
une option “Privilège”. Sur le fixe,<br />
ils peuvent décocher l’option – à<br />
condition de le savoir – mais sur le<br />
mobile, ils ne peuvent pas renoncer<br />
à cette option. » C’est l’abonnement<br />
qui est en jeu. ◊<br />
StratégieS N° 1915<br />
20<br />
07/09/<strong>2017</strong>
13 e ÉDITION<br />
GRAND PRIX STRATÉGIES<br />
DU LUXE<br />
<strong>2017</strong><br />
Présentez vos meilleurs lancements, dispositifs, campagnes<br />
de communication dans le domaine du luxe<br />
Découvrez les catégories :<br />
meilleure utilisation des technologies,<br />
digital, campagnes de publicité, design,<br />
brand content, événementiel…<br />
Date limite de remise des dossiers :<br />
le 12 octobre <strong>2017</strong><br />
Contact : Negar MOSHREFI<br />
01 78 16 31 09 - nmoshrefi@strategies.fr<br />
EN PARTENARIAT AVEC : AVEC LE SOUTIEN DE :
BUSINESS / Veille médias<br />
LCI a les traits d’une grande<br />
TELEVISION Pour sa seconde rentrée en gratuit, la chaîne d’info du groupe TF1 s’offre un casting haut de gamme.<br />
Avec l’ambition de rester sur la deuxième marche du podium, derrière BFMTV.<br />
CarOLINE BONaCOSSa<br />
@CBonacossa<br />
LCI, c’était une belle endormie<br />
», avoue Laurent<br />
Bliault, le DGA Marketing<br />
et R&D du groupe TF1. La<br />
voilà bien réveillée par les cris des<br />
photographes mitraillant les nouvelles<br />
têtes d’affiche de la chaîne<br />
lors de la conférence de rentrée, au<br />
siège de TF1. Roselyne Bachelot,<br />
Natacha Polony, David Pujadas, ou<br />
Audrey Crespo-Mara ont eu droit à<br />
un accueil « digne du Festival de<br />
Cannes ».<br />
Ce casting a été concocté par<br />
Thierry Thuillier, DG de la chaîne<br />
et ex-patron de l’info de France 2.<br />
Il retrouve son cher David Pujadas,<br />
qu’il a connu sur TF1 de 1991<br />
à 1994 avant qu’ils ne travaillent<br />
main dans la main sur France 2<br />
pendant une décennie. L’ex-présentateur<br />
de France 2 est devenu le<br />
producteur de 24 h Pujadas : l’info<br />
en questions, fort de 200 000 télespectateurs<br />
la semaine dernière. Un<br />
créneau porté haut par Yves Calvi<br />
l’année dernière, avant qu’il ne<br />
parte sur Canal+. LCI est passé de<br />
0,2 % de part d’audience en août<br />
2016 à 0,7 % en juin <strong>2017</strong>, devenant<br />
ainsi la deuxième chaîne info derrière<br />
BFMTV à 3 %.<br />
Thuillier a fait venir Natacha Polony<br />
et Fabien Namias, remerciés<br />
d’Europe 1. Pascale de La Tour du<br />
Pin, qui co-animait la matinale<br />
de BFMTV (deuxième chaîne de<br />
France à cet horaire), a été débauchée<br />
sur ce même créneau: « Catherine<br />
Nayl, la directrice de l’info<br />
de TF1 et Thierry Thuillier m’ont<br />
proposé d’incarner en solo et de<br />
créer entièrement ma matinale.<br />
J’ai notamment eu l’idée de faire<br />
venir la journaliste économique<br />
Claire Fournier, dont j’apprécie le<br />
travail ».<br />
Pour Thierry Thuillier, c’est l’un<br />
des défis majeurs de la grille: « Il<br />
n’y a rien avant qu’elle ne prenne<br />
l’antenne à 5h45, et elle est en<br />
concurrence avec les chaînes info,<br />
les généralistes et les radios. Elle<br />
a une immense montagne à gravir.<br />
Mais outre ses qualités professionnelles,<br />
elle a la générosité, la sympathie<br />
et l’empathie nécessaires<br />
pour y parvenir ».<br />
david Pujadas<br />
et PascaLe de La tour<br />
du Pin font partie des<br />
nouvelles arrivées sur LCI<br />
depuis la rentrée.<br />
La singuLarité comme mot d’ordre.<br />
A 9 h, place à La médiasphère qui<br />
assure la deuxième audience de<br />
la chaîne. De 10 h à 12 h, Thierry<br />
Thuillier a voulu fuir « l’eau<br />
tiède et le consensus » pour valoriser<br />
l’affrontement des points de<br />
vue. Dans La République LCI, animé<br />
par Julien Arnaud, Natacha<br />
Polony fait face à Roselyne Bachelot.<br />
« Notre mot d’ordre, c’est la singularité.<br />
Nos trois piliers ? L’actu,<br />
l’exigence et le débat », martèle<br />
Thierry Thuillier. Des ingrédients<br />
que l’on retrouve dans l’émission<br />
d’Arlette Chabot, devenue quotidienne<br />
Politiquement show de<br />
20 h 10 à 21 h. Preuve que le dirigeant<br />
a construit cette grille pour<br />
le meilleur et non selon ses affinités<br />
personnelles: lorsqu’il était sur<br />
France 2, on disait ses relations<br />
tendues avec celle qui était alors<br />
sa directrice de l’information.<br />
Une grille regardée par des téléspectateurs<br />
de 60 ans d’âge<br />
moyen, selon Thierry Thuillier,<br />
mais qui donne des ailes à la régie<br />
publicitaire : « La chaîne attire<br />
les 25/59 ans et surperforme<br />
sur les CSP++, explique Laurent<br />
Bliault. LCI a une image rigoureuse,<br />
qualitative et fiable. En<br />
passant en clair en avril 2016,<br />
nous avons attiré 280 annonceurs,<br />
contre 142 l’année précédente.<br />
Nous en avons déjà 340<br />
cette année, on vise les 400 d’ici<br />
décembre, avec une appétence<br />
pour le B to B. Imaginez tout ce<br />
qu’on peut raconter à nos clients<br />
avec de tels programmes ! » ◊<br />
© Photos : François Berthier-tF1<br />
StratégieS N° 1915<br />
22<br />
07/09/<strong>2017</strong>
BUSINESS / Veille médias<br />
Fabernovel,<br />
de la data à la TV<br />
ENTREPRENEURS,<br />
VOUS AVEZ LA<br />
digiTal Pour un site payant de Bayard, l’agence digitale s’est<br />
ingéniée à optimiser les investissements TV sur la chaîne Gulli.<br />
Les performances ont été multipliées par deux.<br />
amaury de rochegonde<br />
Fabernovel data & media,<br />
l’agence de performance<br />
digitale que dirige Yassine<br />
Belfkih, s’attaque à la télévision.<br />
Spécialiste du conseil aux<br />
annonceurs sur l’accroissement du<br />
ROI en matière de référencement<br />
naturel, de «media ad words» et<br />
d’optimisation digitale, l’agence<br />
a développé depuis deux ans une<br />
solution TV to Web qui sert à mesurer<br />
l’impact de publicités TV sur<br />
les sites Internet ou les applications.<br />
L’écoute du flux télévisé permet<br />
à un prestataire, admo.tv, de<br />
reconnaître les spots et de déclencher<br />
un suivi du nombre de visites<br />
sur le site d’un annonceur en fonction<br />
de la pression GRP. « On mesure<br />
aussi les ventes générées »,<br />
complète Yassine Belfkih, un ancien<br />
de Google, pour qui le tracking<br />
des paiements sur Internet n’a pas<br />
de secrets.<br />
Trouver le bon Timing. L’agence se<br />
trouve alors en mesure de faire<br />
des recommandations sur le bon<br />
timing des investissements TV<br />
dans la journée si l’on veut profiter<br />
de l’effet rebond sur le web. Pour<br />
un annonceur, le groupe Bayard<br />
– qui a développé Bayam, une appli<br />
de jeux en ligne pour enfants –, il<br />
constate que le matin n’est pas une<br />
fenêtre de diffusion très opportune<br />
sur la chaîne Gulli. Le test, mené<br />
en juin et juillet, permet ainsi d’optimiser<br />
les jours de semaine et les<br />
horaires à travers des écarts type<br />
de 1 à 9 en coûts d’acquisition. Il<br />
est par exemple plus judicieux de<br />
concentrer ses investissements en<br />
fin de journée le mercredi.<br />
© Dr<br />
@derochegonde<br />
« On optimise ainsi l’investissement<br />
TV, constate Yassine Belfkih,<br />
par rapport au digital seul, le retour<br />
sur investissement est multiplié<br />
par deux à budget équivalent, avec<br />
deux fois plus de téléchargements. »<br />
Est-ce à dire que l’optimisation des<br />
budgets digitaux passe nécessairement<br />
par le petit écran ? « Ce n’est<br />
pas toujours une bonne solution,<br />
mais il faut pouvoir prendre en<br />
compte l’ensemble de l’écosystème,<br />
conclut-il, nous ne voulons pas attaquer<br />
les énormes budgets TV mais<br />
nous avons l’ambition d’accompagner<br />
les annonceurs qui ont besoin<br />
d’un ROI important ou qui sont sensibles<br />
à la performance ». ◊<br />
Yassine<br />
belfkih :<br />
« Il faut<br />
prendre<br />
en compte<br />
l’ensemble<br />
de l’écosystème.<br />
»<br />
chiFFres clés sur stratégies.Fr<br />
Audiences, diffusions, investissements<br />
VENEZ RENCONTRER CEUX<br />
QUI VONT VOUS AIDER<br />
À BOOSTER VOTRE ACTIVITÉ.<br />
En partenariat avec :<br />
#SalonSME<br />
Le seul événement dédié aux créateurs,<br />
dirigeants de start-up et TPE<br />
25 et 26 septembre <strong>2017</strong><br />
Palais des Congrès • Paris<br />
Votre invitation gratuite<br />
sur www.salonsme.com<br />
.../en Personne 360 - RCS B 408 684 389 - Septembre <strong>2017</strong><br />
07/09/<strong>2017</strong> 23<br />
StratégieS N° 1915
BUSINESS / Culture tech<br />
Que s’est-il passé<br />
dans la tech cet été ?<br />
numériQue Pour les déconnectés qui sont rentrés la tête dans le<br />
guidon, <strong>Stratégies</strong> remet les pendules à l’heure. Petit résumé des<br />
dernières actus du secteur afin de reprendre du bon pied.<br />
CéCilia di Quinzio et emmanuel Gavard<br />
@CciliaDiQuinzio @Manugavard<br />
1GooGle insiste dans l’assistance.<br />
La principale info tech<br />
qui a secoué la période estivale<br />
en France, c’est bien<br />
celle-là : Google a lancé son enceinte<br />
connectée Home le 3 août<br />
(voir notre enquête pages 12 et 13).<br />
Dans la foulée, c’est l’assistant virtuel<br />
Google Assistant qui a fait son<br />
apparition en France, remplaçant<br />
l’application Google Now. Annoncé<br />
en mai 2016 aux États-Unis,<br />
Google Assistant est désormais<br />
disponible sur les smartphones<br />
Android et sur iOS. Contrairement<br />
à ses rivaux Siri (Apple) ou Alexa<br />
(Amazon), la solution de Google<br />
peut soutenir une conversation<br />
en utilisant le programme de langage<br />
naturel de Google. Une autre<br />
mise à jour majeure a vu le jour sur<br />
l’application Google: le lancement<br />
d’un fil d’actualité, à la manière du<br />
« News Feed » de Facebook. Il propose<br />
à chaque utilisateur un flux<br />
d’info personnalisé. Enfin, il est à<br />
noter que Google a également profité<br />
de l’été pour présenter Oreo, la<br />
nouvelle version de son système<br />
d’exploitation mobile, qui optimise<br />
surtout la batterie.<br />
2Facebook déploie ses tentacules.<br />
Le réseau social<br />
américain aux 2 milliards<br />
d’utilisateurs mensuels<br />
s’est montré hyperactif tout l’été.<br />
Parmi la myriade d’annonces, il<br />
faut retenir que Facebook va permettre<br />
à ses utilisateurs français<br />
de vendre et d’acheter des objets<br />
en ligne à partir de leur profil via<br />
une plateforme baptisée « Marketplace<br />
». Une manière de s’aventurer<br />
sur le terrain des sites de commerce<br />
en ligne à l’instar du leader<br />
français Leboncoin.fr. Facebook a<br />
également lancé le service vidéo<br />
« Watch », qui permet de regarder<br />
des émissions, du sport ou des séries<br />
directement sur le réseau social.<br />
Une fonctionnalité qui vient<br />
concurrencer ses rivaux tels que<br />
YouTube ou les services de streaming<br />
comme Netflix. Facebook<br />
a aussi racheté une start-up allemande<br />
spécialisée dans la réalité<br />
augmentée, Fayteq. Elle pourrait<br />
permettre d’ajouter des éléments<br />
virtuels à un contenu réel ou de<br />
supprimer certains éléments en<br />
temps réel.<br />
3linkedin verse dans la vidéo.<br />
Le réseau social professionnel,<br />
propriété de<br />
Microsoft, permet (enfin)<br />
de diffuser des vidéos natives<br />
dans son fil mobile. Pour ce faire,<br />
il se dote d’un player propre: ainsi,<br />
plus besoin d’héberger ses<br />
contenus sur YouTube ou d’autres<br />
plates-formes vidéos, les membres<br />
peuvent publier directement sur<br />
LinkedIn. Des statistiques de performance<br />
sont disponibles sur mobile<br />
et ordinateur.<br />
4criteo veut unir les données<br />
des distributeurs . Le<br />
spécialiste du retargeting,<br />
Criteo, non content d’avoir<br />
annoncé de forts bons résultats<br />
au deuxième trimestre, avec une<br />
hausse de 33 % de son chiffre d’affaires<br />
à 542 millions de dollars sur<br />
© getty images<br />
la période, s’est trouvé une nouvelle<br />
ambition : réunir les données<br />
des distributeurs pour leur permettre<br />
de concurrencer Amazon.<br />
Globalement, créer une sorte de<br />
Gravity ou Skyline, mais pour le retail.<br />
En agrégeant les données online<br />
et offline de nombreux distributeurs,<br />
le retargeter affirme que<br />
le ciblage des publicités sera bien<br />
plus précis et efficace, et leur permettra<br />
d’acquérir nombre de shoppers<br />
quand ils font leur recherche<br />
sur internet.<br />
5bataille des GaFa sur la<br />
distribution. Après avoir<br />
investi le web et phagocyté<br />
le marché de la pub en<br />
ligne, les Gafa s’attaquent désormais<br />
à la distribution physique.<br />
Amazon, d’abord : le géant s’est<br />
offert la chaîne de magasins bio<br />
Whole Foods avant l’été, et a lancé<br />
un pavé dans la mare du commerce,<br />
en diminuant fortement<br />
les prix des produits les plus po-<br />
StratégieS N° 1915<br />
24 07/09/<strong>2017</strong>
BUSINESS / Culture tech<br />
pulaires, pour certains, jusqu’à<br />
43 % ! Branle-bas de combat chez<br />
les distributeurs américains. La<br />
réaction ne s’est pas fait attendre,<br />
en bourse, où la plupart des actions<br />
des grosses enseignes ont<br />
été sanctionnées par leurs investisseurs,<br />
inquiets. La guerre des<br />
prix repart. Mais en parallèle,<br />
Walmart, bien décidé à ne pas se<br />
laisser faire, s’est associé à Google<br />
Home. Les consommateurs pourront<br />
commander leurs produits directement<br />
via l’assistant de Google,<br />
rien qu’avec la voix.<br />
6Sizmek acquiert rocket<br />
Fuel pour 145 millionS de<br />
dollarS. La plate-forme publicitaire<br />
et d’activation de<br />
données Sizmek s’est offert le service<br />
de marketing prédictif Rocket<br />
Fuel pour 125,5 millions de<br />
dollars. Ces deux plates-formes,<br />
bien que concurrentes en certains<br />
points, montent un nouvel<br />
ensemble qui mêlera analyse prédictive,<br />
Dynamic Creative Optimization,<br />
et marketing ciblé. Mais le<br />
plus surprenant dans ce rachat,<br />
c’est que la valorisation de Rocket<br />
Fuel était montée jusqu’à 2 milliards<br />
de dollars en 2013. La société<br />
est devenue un cas d’école de<br />
bulle ad-tech et inspire la méfiance<br />
chiffres CLÉS<br />
100 miLLionS<br />
c’est le montant, en euros, dont s’est doté<br />
le nouveau fonds d’investissement entièrement<br />
dédié aux fintechs créé par Black fin capital<br />
Partners. Baptisé Black fin Tech 1, ce véhicule<br />
compte injecter des tickets d’un montant de 2<br />
à 25 millions d’euros, notamment des start-up<br />
axées B to B.<br />
1 miLLiard<br />
c’est le nombre d’utilisateurs actifs par jour sur<br />
l’application de messagerie instantanée Whats<br />
App, propriété de facebook.<br />
à tous les investisseurs. Confrontée<br />
à une technologie difficilement<br />
extensible en volume, prise dans<br />
les filets des inventaires frauduleux<br />
et d’autant plus soumise au<br />
diktat des Gafa, la valorisation des<br />
actions de la société est passée de<br />
66 dollars à 3 dollars en à peine<br />
plus de trois ans…<br />
7<br />
l’ia en débat. Cet été, deux<br />
géants de la tech se sont affrontés<br />
sur le sujet de l’intelligence<br />
artificielle. Elon<br />
Musk, PDG de Tesla, constructeur<br />
de voitures électriques sportives et<br />
de luxe, s’est dit très « inquiet » face<br />
au « plus grand risque auquel est<br />
confrontée la civilisation ». Devant<br />
les gouverneurs des États américains,<br />
il a évoqué un enjeu bien<br />
plus grave, selon lui, que les «accidents<br />
de voiture», les « crashs<br />
d’avions », les « drogues défectueuses<br />
» ou encore « la malnutrition<br />
»… Pour l’ingénieur, le futur<br />
réside plutôt dans l’homme augmenté;<br />
son grand projet : un implant<br />
pour connecter cerveaux humains<br />
et ordinateurs. Mais Mark<br />
Zuckerberg, patron de Facebook,<br />
n’est pas du tout du même avis. Et a<br />
décidé de répondre publiquement<br />
(sur Facebook Live) : « l’émergence<br />
d’algorithmes de plus en plus sophistiqués<br />
va améliorer notre<br />
vie ». Selon lui, « imaginer un scénario<br />
apocalyptique est irresponsable<br />
». ◊<br />
170 miLLionS<br />
c’est la somme, en dollars, qu’a levée la plateforme<br />
de streaming musical sound cloud, auprès<br />
de la banque d’investissement The raine Group,<br />
en association avec le fonds singapourien<br />
Temasek holdings. Un nouveau souffle pour<br />
l’entreprise allemande qui a licencié près<br />
de la moitié de ses employés avant l’été.<br />
4 000<br />
c’est, en dollars, le record atteint par le cours de la<br />
cryptomonnaie Bitcoin. Des économistes assurent<br />
qu’il atteindra les 6 000 dollars d’ici un an...<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
25 StratégieS N° 1915
dossier<br />
programmatique<br />
La riposte<br />
aux GAFA<br />
Alors que le salon Dmexco se tient à Cologne, les 13 et 14 septembre, le programmatique<br />
continue à progresser dans un contexte de croissance digitale très forte. Seule ombre<br />
au tableau : la prédominance du duopole Facebook-Google s’accentue, selon les derniers<br />
chiffres de l’observatoire de l’e-pub. Et les éditeurs réagissent.<br />
Vanina Prélat l’herminier<br />
@prelat<br />
Faut-il sabrer le champagne ou faire grise mine ? À la lecture des<br />
derniers chiffres du syndicat des régies internet (SRI), on peut<br />
hésiter entre les deux attitudes. Les bonnes nouvelles : le marché<br />
de la publicité digitale croît de 9,8 % et le programmatique<br />
représente 60 % du display. La profession n’est pas à la fête pour<br />
autant : le dernier observatoire de l’e-pub souligne que le duopole<br />
Facebook et Google capte la quasi-totalité de la croissance,<br />
en représentant 71 % du marché et 96 % pour l’activité mobile. « Ce que l’on a<br />
pu prendre pour une tendance devient structurel<br />
», commente Sophie Poncin, présidente<br />
du syndicat et directrice d’Orange Advertising<br />
France. «Les Gafa ont été un immense accélérateur<br />
de la part de marché du digital dans les<br />
plans médias parce qu’ils apportaient volume,<br />
reach et performance », décode le cofondateur<br />
de la plate-forme programmatique Tradelab,<br />
Yohann Dupasquier.<br />
« Risque majeur pour la création<br />
d’entreprise »<br />
Mais si le talent technologique des Gafa est incontesté,<br />
les observateurs s’alarment : « Quel que<br />
soit le modèle, il n’est jamais bon d’être dépendant<br />
de deux acteurs. Il s’agit d’une menace pour<br />
la pluralité voire un risque d’atteinte démocratique<br />
», alerte Sophie Poncin.<br />
À plus court terme, comme le souligne Cyrille<br />
Geffray, président de la plate-forme de solutions<br />
éditeurs Smart AdServer, la menace reste surtout<br />
économique et financière : « Il s’agit d’une<br />
guerre existentielle, avec pour risque majeur<br />
de pénaliser la création d’entreprises et l’assèchement<br />
de l’écosystème français. » Certains<br />
vont plus loin en évoquant le statut fiscal des<br />
deux groupes, qui n’ont pas de siège social dans<br />
l’Hexagone, pour pointer un manque à gagner<br />
jugé « colossal ». L’État, qui réclamait à Google<br />
un arriéré d’impôts de 1,115 milliard d’euros,<br />
vient de perdre la bataille en juillet, le tribunal<br />
décrétant que la firme de Mountain View « ne<br />
disposait pas d’activité stable en France ». La<br />
profession publicitaire voit rouge et le nouveau<br />
gouvernement promet des négociations.<br />
StratégieS N° 1915<br />
26 07/09/<strong>2017</strong>
© gilles rapaport pour <strong>Stratégies</strong><br />
Dans ce climat électrique, les optimistes existent<br />
encore. Augustin Ory, fondateur de The Moneytizer,<br />
régie publicitaire destinée aux éditeurs<br />
de taille intermédiaire, nuance la vision apocalyptique<br />
de ses pairs. « Nous avons moins de<br />
trois ans et visons à court terme un chiffre d’affaires<br />
de 150 millions d’euros. Certes, le paysage<br />
est figé, mais des entreprises peuvent encore<br />
se créer et réussir. » Tradelab, qui a connu une<br />
croissance de 70 % ou Smart AdServer, avec ses<br />
75 recrutements depuis le début de l’année, ne<br />
démentiront pas.<br />
Mutualiser les audiences<br />
Les éditeurs sont aussi victimes de ce duopole et<br />
réagissent. Premier signal et non des moindres,<br />
les annonces, en juillet dernier, de la création<br />
d’alliances médias qui, par le spectre global<br />
de leurs audiences, ambitionnent de réexister<br />
dans un paysage éditorial trop fragmenté. C’est<br />
le cas pour Le Monde et Le Figaro avec l’offre de<br />
71%<br />
du marché de la<br />
publicité digitale<br />
revient au duopole<br />
Facebook et Google.<br />
couplage publicitaire Skyline, proposant plus<br />
de 35 millions de visiteurs uniques par le biais<br />
d’une place de marché privée. Mais aussi pour<br />
une vingtaine d’autres marques médias telles<br />
que Lagar dère, Condé Nast, Next Radio, Sud-<br />
Ouest, L’Équipe ou Marie Claire, pour ne citer<br />
qu’eux, avec la création de l’alliance Gravity, qui<br />
touche quotidiennement 50 % des Français.<br />
« Nous avons mis du temps à évaluer l’importance<br />
du programmatique. Mais comme le marché<br />
publicitaire mute, nous devions évoluer avec<br />
lui, en réunissant les deux critères incontournables<br />
aujourd’hui : technologie et puissance »,<br />
note Francis Morel, PDG du groupe Les Échos-<br />
Le Parisien et président du groupement. Cette<br />
union, à laquelle se sont associés SFR, Fnac-Darty<br />
et SoLocal Group, n’offrira pas d’inventaires<br />
aux annonceurs, mais la mutualisation de ses audiences,<br />
via une plate-forme centralisée de data<br />
marketing opérée par l’ad tech Mediarithmics.<br />
07/09/<strong>2017</strong> 27<br />
StratégieS N° 1915
dossier<br />
l’union fait la force.<br />
Une vingtaine de marques médias<br />
ont créé l’alliance Gravity afin<br />
de réexister dans un paysage<br />
dominé par Facebook et Google.<br />
© Benjamin Boccas<br />
Cela permettra de construire des segments à la carte en puisant<br />
dans un vivier de 10 milliards de données mensuelles. Deux initiatives<br />
unanimement applaudies par un écosystème en quête de<br />
rééquilibrage. « Ces exemples d’union montrent qu’il y a des parades<br />
possibles. Les éditeurs français ont compris l’enjeu de la<br />
data et c’est une excellente nouvelle. Quelque chose est en train<br />
de se passer », commente Erwan Le Page, président de la place de<br />
marché Audience Square. « Face à des plates-formes aux formats<br />
normés, nous attendons des opportunités créatives plus fortes,<br />
ainsi qu’une transparence accrue, avec la possibilité d’évaluer par<br />
nous-mêmes les campagnes », prévient néanmoins Erwan Lohezic,<br />
directeur général d’iProspect France, l’agence de marketing<br />
digital du groupe Dentsu Aegis.<br />
Talon d’Achille<br />
Et puis ces derniers mois, Google et Facebook ont aussi dévoilé<br />
leur talon d’Achille. Leur stratégie consistait, jusqu’à présent, à<br />
croître à toute vitesse dans une obsession de performance et de<br />
masse. Or cela se faisait au détriment de la qualité publicitaire<br />
et de la brand safety. Deux affaires ont éclaté ces douze derniers<br />
mois : le réseau social de Mark Zuckerberg a reconnu des failles<br />
dans ses mesures d’audiences des vidéos publicitaires, et Google<br />
a été pointé du doigt dans une enquête du Times d’avril dernier,<br />
sur l’affichage de publicités à proximité de contenus à caractère<br />
haineux. « Cela a eu le mérite de faire bouger les lignes » rappelle<br />
Sophie Poncin qui, sous la casquette du SRI, travaille avec l’interprofession<br />
(Udecam, Geste, UDA, IAB, ARPP), pour lancer dès cette<br />
rentrée le label Digital Ad Trust. La nouvelle norme certifiera les<br />
sites qui respecteront les cinq grands critères de brand safety,<br />
visibilité, expérience utilisateur et respect des données personnelles.<br />
« Nous comptons bien éduquer le marché car, pour qu’il évolue,<br />
il faut qu’il y ait des référentiels », conclut-elle.<br />
Ces deux affaires ont eu du<br />
bon : elles ont obligé Google et<br />
Facebook à se remettre en<br />
question et à accepter d’ouvrir<br />
leur plate-forme à des tiers pour<br />
évaluer leurs dispositifs. « Nous<br />
ne pouvons que nous réjouir de<br />
cette émulation générale qui<br />
agit au profit de la qualité des<br />
campagnes», souligne Clément<br />
Bascoulergue, directeur commercial de la société de mesure Integral<br />
Ad Science, qui travaille avec Facebook et Google sur les critères<br />
de visibilité et de fraude, et bientôt avec YouTube sur le sujet<br />
spécifique de la brand safety : « Il y a encore un an, il y avait distorsion<br />
sur les possibilités de vérifier les campagnes selon les types<br />
de médias investis. C’est une avancée majeure, le marché dispose<br />
enfin de KPI homogènes. »<br />
Performance raisonnée<br />
La balle est maintenant dans le camp des annonceurs et de leurs<br />
agences, longtemps séduits par les sirènes de la simplicité, ils<br />
doivent aussi imposer leurs conditions pour que cette course à la<br />
performance soit raisonnée. Certains essayent déjà : « chez iProspect,<br />
la moyenne des investissements sur le duopole est légèrement<br />
inférieure à celle du marché. Nous nous efforçons en effet de<br />
les diversifier pour maximiser les opportunités business de nos<br />
clients. Certains annonceurs nous suivent, d’autres, plus sensibles<br />
aux pures logiques de reach, moins », témoigne Erwan Lohezic.<br />
En matière de programmatique, <strong>2017</strong> est clairement l’année de la<br />
professionnalisation réelle des annonceurs. Pour Yohann Dupasquier,<br />
c’est un point essentiel : « Ils challengent désormais leurs<br />
partenaires, avec une vraie prise de conscience sur la portée du<br />
programmatique en termes de connaissance client et de stratégie<br />
marketing. » C’est sans compter de nouveaux rebondissements qui<br />
pourraient encore changer la donne dans les mois qui viennent. La<br />
Commission européenne, dans sa réflexion sur la protection des<br />
données, prépare un projet de règlement e-privacy qui suggère de<br />
centraliser le consentement des utilisateurs à partir des réglages<br />
du navigateur ou de l’application. Aberration vitale pour les publishers,<br />
Google et Apple devenant alors seuls détenteurs de précieuses<br />
données, nécessaires à l’adaptation de l’offre publicitaire.<br />
Les éditeurs français n’ont décidément pas fini d’en découdre en<br />
cette année <strong>2017</strong>. n<br />
StratégieS N° 1915<br />
28 07/09/<strong>2017</strong>
PURE PLAYER PROGRAMMATIQUE DE HAVAS GROUP<br />
DATA-DRIVEN,<br />
PROGRAMMATIQUE PREMIUM<br />
TECHNOLOGIES<br />
PROPRIÉTAIRES AVANCÉES<br />
QUALITÉ DE L’INVENTAIRE<br />
ET GARANTIE DE L’IMAGE DE MARQUE<br />
MULTI-DEVICES<br />
ET MULTI-FORMATS<br />
WWW.AFFIPERF.COM
dossier<br />
programmatique<br />
©Jack regard-ratecard<br />
Dmexco, passage<br />
obligé de l’ad-tech<br />
focus<br />
En quelques années, le salon Dmexco s’est imposé comme un des principaux<br />
rendez-vous du secteur. Zoom sur ses points forts.<br />
EmmanuEl Gavard<br />
@Manugavard<br />
Pas moins de 1050 exposants sont attendus<br />
pour l’édition <strong>2017</strong>. En 2012,<br />
on en comptait à peine la moitié. Il<br />
n’a fallu que quelques années au petit<br />
salon Online Marketing, né à Düsseldorf,<br />
puis installé à Cologne, pour s’imposer<br />
dans le paysage professionnel de la publicité<br />
en ligne, et devenir Dmexco. Là, au cœur d’une<br />
ville que l’eau parfumée a rendu célèbre, plus de<br />
50000 visiteurs doivent trouver où se loger entre<br />
le 13 et le 14 septembre. La ville est d’ailleurs,<br />
depuis deux ans, confrontée à une pénurie de<br />
logements, cela pourrait limiter la croissance du<br />
salon. C’est dire le succès !<br />
Pourquoi un tel engouement ? « Il y a déjà la<br />
patte allemande dans l’organisation du salon,<br />
qui change tout », admet Frédéric Sadarnac, le<br />
créateur de Ratecard. À l’occasion de Dmexco,<br />
sa société joue le rôle de grossiste de mètres carrés<br />
pour les entreprises françaises. En tant que<br />
revendeur unique pour l’Hexagone, il suit le salon<br />
depuis ses débuts. En deux ans, la surface<br />
qu’il gère est passée de 120 à 400 m 2 . D’abord<br />
gratuit, Dmexco est devenu payant pour limiter<br />
le nombre de participants.<br />
Rendez-vous en Allemagne<br />
« On l’ignore souvent mais 40 % des salons professionnels<br />
mondiaux sont organisés en Allemagne.<br />
C’est un pays qui compte de très nombreuses<br />
grosses PME industrielles, et leurs<br />
Au total, 90 000 m 2<br />
de stands, soit<br />
l’équivalent d’une<br />
quinzaine de terrains<br />
de football.<br />
dirigeants ont l’habitude de se retrouver lors de<br />
ces rendez-vous professionnels. On trouve, par<br />
exemple, un salon entier dédié aux roulements<br />
à billes… », continue-t-il. Et puis la décentralisation<br />
allemande, avec de grandes villes très<br />
rapprochées géographiquement, a forcément<br />
un impact sur l’organisation du pays. « Les professionnels<br />
sont dispersés dans plein de grandes<br />
villes, donc ils ne se rencontrent pas régulièrement,<br />
comme ça peut être le cas à Paris. Résultat,<br />
les salons sont les seuls moments où ils peuvent<br />
se retrouver. »<br />
Gigantisme<br />
Dans les travées de Dmexco règne une ambiance<br />
très spécifique, avec des professionnels très studieux,<br />
qui ne parlent que business. Autre chose<br />
marquante : le gigantisme de l’endroit. Au total,<br />
90 000 mètres carrés de stands, soit l’équivalent<br />
d’une quinzaine de terrains de football. « Les<br />
participants bossent énormément. On dit souvent<br />
que l’on va à Cannes pour dépenser de l’argent,<br />
et à Cologne pour en gagner », sourit Frédéric<br />
Sadarnac. Autre point fort : sa dimension internationale.<br />
Les participants ont accès à des personnalités<br />
qu’ils ne pourraient pas approcher<br />
ailleurs. Cette année, tout le monde attend de<br />
pied ferme Sheryl Sandberg, numéro 2 de Facebook,<br />
et Mme publicité digitale du géant. Elle<br />
sera sûrement interrogée sur la suprématie des<br />
Gafa qui phagocyte la croissance du secteur… n<br />
StratégieS N° 1915<br />
30 07/09/<strong>2017</strong>
dossier<br />
programmatique<br />
Les agences médias<br />
à l’offensive<br />
TEchno<br />
Pour accompagner et rassurer les annonceurs, leurs prestataires innovent<br />
dans les outils de pilotage du programmatique.<br />
DiDier Si Ammour<br />
@dsiammour<br />
Le 17 août dernier, Group M a annoncé<br />
le déploiement international de<br />
ses standards de visibilité des publicités.<br />
Les agences du réseau WPP revendiquent<br />
des normes « plus restrictives<br />
» que celles en vigueur sur le marché pour<br />
mesurer la capacité d’une publicité en ligne à<br />
être vue. Selon Laurence Milhau, directrice générale<br />
adjointe en charge du programmatique,<br />
« chez Group M Connect, il faut que 100 % de la<br />
surface de la publicité soit visible au moins une<br />
seconde, vs. 50 % en moyenne selon les standards<br />
IAB. D’autant que, in fine, seules 50 % de<br />
ces publicités sont réellement vues par les internautes<br />
», rappelle la responsable.<br />
Si ces normes contraignantes, lors de leur élaboration<br />
en 2014, ne permettaient d’afficher<br />
que 18 % de visibilité pour les vidéos, cela atteignait<br />
55 % à la mi-2016, d’après l’agence média.<br />
Elle souhaite les généraliser, en particulier<br />
aux vidéos sur les réseaux sociaux et dans<br />
les newsfeeds. Deux territoires qui ont révélé<br />
de désagréables surprises fin 2016, début <strong>2017</strong>,<br />
Facebook ayant par exemple reconnu un souci<br />
de surévaluation d’audience, et YouTube, de<br />
brand safety. Sur ce dernier sujet, Group M utilise<br />
depuis fin 2015 la technologie d’Integral Ad<br />
Science. Un service payant mais connecté sur<br />
85 % des campagnes en programmatique. Car<br />
« les coûts supplémentaires sont absorbés par les<br />
gains, souligne Laurence Milhau. Les problèmes<br />
de brand safety ne représentent alors plus que<br />
0,2 à 0,3 % des impressions vs. 2 à 3 % sur le marché<br />
en général. »<br />
Évolutions<br />
À l’instar de Group M, les principales agences<br />
médias innovent pour accompagner, voire rassurer<br />
leurs clients. « Depuis quinze ans, le digital<br />
© getty images<br />
StratégieS N° 1915<br />
32 07/09/<strong>2017</strong>
dossier<br />
programmatique<br />
Souaade agmir, directrice stratégie produit digital<br />
de Publicis Media France.<br />
aurélien riPoche, directeur des stratégies digitales<br />
d’IPG Mediabrands.<br />
Dr<br />
a suscité de nombreuses phases d’engouement<br />
inconsidéré puis de déceptions en retour », explique<br />
Souaade Agmir, directrice stratégie produit<br />
digital de Publicis Media France. Illustration<br />
parfaite de ce propos, le programmatique<br />
a connu une évolution encore plus amplifiée. En<br />
conséquence, transparence, anti-fraude, brand<br />
safety, visibilité… constituent maintenant les<br />
leitmotivs sur un marché complexe et composé<br />
d’acteurs pléthoriques.<br />
Parmi les mesures, les agences médias ont récemment<br />
développé des outils de pilotage et de<br />
contrôle des investissements. En mai dernier,<br />
Havas Media lançait Client Trading Solution,<br />
une plate-forme pour « challenger les acteurs,<br />
quels qu’ils soient et quels que soient les objectifs<br />
clients, précise Aurélie Irurzun, directrice<br />
d’Affiperf France. Il faut l’accepter, car le client<br />
demande de comparer et d’évaluer l’apport de<br />
chaque levier. »<br />
Au premier semestre, Publicis Media a, lui, étendu<br />
son service Premiumatic créé par Starcom<br />
sur la vidéo à l’ensemble des agences du groupe,<br />
et au display puis au mobile, et bientôt les inventaires<br />
native. « Il a permis d’améliorer de +36 %<br />
la visibilité par rapport à une stratégie 100 %<br />
programmatique, indique Souaade Agmir. Sans<br />
oublier que Premiumatic améliore les conditions<br />
d’achat. »<br />
Recherche internaute<br />
Après les États-Unis et le Royaume-Uni, Group M<br />
prépare le déploiement de sa M Plateform en<br />
L’intelligence<br />
artificielle, un<br />
chantier prioritaire<br />
qui nécessite<br />
d’innover dans la data<br />
et les algorithmes<br />
pour perfectionner<br />
le ciblage.<br />
France pour la rentrée. Quant à IPG Mediabrands,<br />
la branche technologique Cadreon a<br />
lancé fin juin sa plate-forme de gestion centralisée<br />
Unity. « Sur le court terme, elle vise à optimiser<br />
les outils. Avec deux technologies – “bakeof ”<br />
et “scorecard ” – qui donnent une analyse respectivement<br />
quantitative et qualitative des partenaires<br />
DSP, détaille Aurélien Ripoche, directeur<br />
des stratégies digitales d’IPG Mediabrands.<br />
Et sur le moyen et long terme, il s’agit d’avoir la<br />
meilleure connaissance des internautes via l’intelligence<br />
artificielle, ou plutôt de les toucher de<br />
la meilleure façon possible. »<br />
Un chantier prioritaire qui nécessite d’innover<br />
dans la data et les algorithmes pour perfectionner<br />
le ciblage. Affiperf se positionne ainsi de plus<br />
en plus sur l’extension d’audience. « Avec “algo<br />
trafic optimiser”, pour analyser la navigation<br />
des internautes afin de déterminer la probabilité<br />
d’avoir l’internaute recherché ; et avec “algo<br />
performance booster”, pour suivre les exposés à<br />
la publicité ayant une forte probabilité de conversion<br />
», détaille Aurélie Irurzun. Surtout, « il s’agit<br />
de développer des algorithmes personnalisés<br />
pour coller aux approches des annonceurs », résume<br />
Laurence Milhau. n<br />
3 questions à…<br />
Paul-antoine Strullu directeur commercial d’AppNexus France<br />
Quelles sont les principales innovations en<br />
cours sur votre plate-forme ?<br />
Paul-antoine Strullu. D’abord, notre mode<br />
de vente évolue. Notre librairie open source de<br />
header bidding — prebid.js — joue cette année<br />
un rôle prépondérant, pour mieux mettre<br />
en compétition demande directe, privée et<br />
rtB ou de nouveaux formats, notamment<br />
l’habillage et la vidéo. en termes de brand<br />
safety, nous partageons les bonnes pratiques<br />
dans nos échanges avec les partenaires de<br />
l’écosystème.<br />
Quels premiers résultats pour la technologie<br />
de "super-enchères", lancée en avril<br />
dernier ?<br />
P-a.S. Certains clients éditeurs nous ont<br />
demandé de dépasser ce qui s’appelait l’in-<br />
Banner Video. Pour cela, nous avons lancé<br />
ces enchères pluri-formats (superauction)<br />
et le BannerStream — ce qui a fonctionné —<br />
avec de bien meilleurs taux de visibilité et<br />
une meilleure expérience publicitaire. Notre<br />
système est capable de régir (et même de<br />
prédire) la complexité et la disponibilité des<br />
inventaires.<br />
en mai dernier, vous avez décidé de réduire<br />
le nombre de données externes et de partenaires<br />
d’achats sur votre plate-forme…<br />
P-a.S. Nous souhaitons aller plus loin dans<br />
l’intérêt des acheteurs. il s’agit d’une garantie<br />
de stabilité (analyse statistique et réduction<br />
du taux d’erreurs), de transparence (respect<br />
et déclaration des domaines) et d’efficacité de<br />
l’accès (accès le plus direct).<br />
StratégieS N° 1915<br />
34 07/09/<strong>2017</strong>
6<br />
+<br />
RECORD !<br />
de<br />
millions<br />
auditeurs quotidiens<br />
La plus forte progression des radios<br />
sept 2016/juin <strong>2017</strong><br />
6,1 millions*<br />
sept 2015/juin 2016<br />
5,6 milions*<br />
*Médiamétrie enquête 126 000 – AC LV 5h24h 13 ans et plus<br />
l’espace préservé<br />
radiofrancepub.com
dossier<br />
programmatique<br />
« Les marques doivent<br />
interagir »<br />
entretien<br />
Le président de l’IAB aux États-Unis Randall Rothenberg dresse le bilan des<br />
initiatives menées par son organisation pour améliorer la publicité digitale.<br />
ProPos recueillis Par DiDier si ammour<br />
@dsiammour<br />
Pourquoi l’iAB diffuse-t-elle depuis juillet dernier de nouveaux<br />
formats publicitaires avec des annonces aux formats<br />
flexibles ?<br />
RANDALL ROTHENBERG. Même si les publicités<br />
personnalisées, la publicité native et le contenu<br />
de marque attirent l’attention et engagent les<br />
consommateurs, il est toujours nécessaire de<br />
créer des standards de formats publicitaires. Cet<br />
été, l’IAB a publié une révision majeure de son<br />
portfolio de formats. Développé par l’IAB Tech<br />
Lab, il permet désormais des annonces de tailles<br />
flexibles qui tiennent compte des besoins croissants<br />
des marques pour atteindre les consommateurs<br />
en multi-écrans. Ces nouveaux formats<br />
sont également compatibles avec les principes<br />
LEAN [publicités Light, Encrypted, AdChoice<br />
supported, Non-invasive], destinés à fournir des<br />
expériences utilisateur améliorées. Le portfolio<br />
de standards publicitaires de l’IAB étant depuis<br />
longtemps la référence du secteur, nous prévoyons<br />
une adoption rapide, ce qui permettra à<br />
ces nouveaux formats conviviaux de devenir des<br />
normes dans le monde entier.<br />
Près de 70 millions d’Américains utilisent un bloqueur de<br />
publicité, soit une hausse de 34,4 % sur un an. Le problème<br />
majeur n’est-il pas dans la créativité publicitaire ?<br />
R.R. Il ne fait aucun doute qu’un bon travail créatif<br />
– avec des idées surprenantes et une mise en<br />
scène extraordinaire – est le meilleur remède<br />
aux bloqueurs de publicité. Mais la créativité ne<br />
suffit pas. Il est essentiel que la publicité digitale<br />
facilite un marketing convivial, s’adaptant naturellement<br />
aux différents écrans des consommateurs.<br />
D’après les recherches menées l’an dernier<br />
par l’IAB, les internautes utilisant des bloqueurs<br />
ont déclaré que l’adoption des principes LEAN<br />
« était la mesure la plus influente pour déconnec-<br />
Dr<br />
StratégieS N° 1915<br />
36 07/09/<strong>2017</strong>
dossier<br />
programmatique<br />
© getty images<br />
ter leur logiciel d’ad-blocking ». Ce constat nous a<br />
poussés à créer ce nouveau portfolio de l’IAB, qui<br />
replace le consommateur au centre.<br />
En mars 2016, votre organisation a lancé le calculateur<br />
de transparence des frais du programmatique, quels sont<br />
les résultats ?<br />
R.R. Nous avons reçu des commentaires positifs<br />
de la part du marché lorsque le calculateur de<br />
l’IAB a été lancé. Mais également des questions<br />
sur la meilleure façon d’utiliser l’outil, compte<br />
tenu de l’étendue des options de personnalisation<br />
qu’il permet. Nous avons passé trois mois<br />
à faire des démonstrations à diverses agences<br />
et éditeurs, à répondre aux questions et à promouvoir<br />
son utilisation. Le calculateur a enregistré<br />
un trafic soutenu, supérieur à la moyenne<br />
de celui des autres contenus sur IAB.com.Et<br />
nous constatons un engouement fort aux USA.<br />
Les membres de l’IAB à l’international ont également<br />
montré de l’intérêt pour l’usage de cet outil.<br />
Nous prévoyons des améliorations supplémentaires<br />
en fonction des commentaires des utilisateurs,<br />
et nous nous attendons à ce que la prise<br />
de conscience et l’usage continuent d’augmenter<br />
avec les progrès en cours.<br />
« Un bon travail<br />
créatif est un bon<br />
remède aux<br />
bloqueurs<br />
de publicité. Mais<br />
la créativité ne<br />
suffit pas. »<br />
IAB France a conclu un partenariat avec TAG (Trustworthy<br />
Accountability Group) pour lancer ses quatre programmes<br />
de certification en faveur de la transparence,<br />
contre la fraude, la malveillance et le piratage dans la<br />
publication digitale. Ce TAG, qui existe depuis 2014 aux<br />
USA, est-il efficace ?<br />
R.R. TAG constitue un effort révolutionnaire<br />
pour débarrasser la chaîne de diffusion de publicité<br />
digitale de la fraude, des logiciels malveillants<br />
et du piratage. Le bilan de TAG parle<br />
de lui-même : en moins de trois ans, il est passé<br />
du stade de concept à celui de programme de<br />
certification de premier plan, aux États-Unis et<br />
au-delà. Avec l’annonce récente des premiers<br />
labels contre la malveillance de TAG, l’organisation<br />
a déployé l’ensemble de ses quatre programmes,<br />
lesquels ont largement conquis les<br />
acteurs les plus importants de l’industrie. Des<br />
centaines de sociétés ont demandé l’inscription<br />
TAG, qui représente la porte d’entrée aux<br />
programmes de labellisation de TAG, que l’IAB<br />
a imposée à toutes ses sociétés membres. En<br />
très peu de temps, TAG a eu un impact sur la<br />
transformation du secteur de la publicité numérique<br />
: les entreprises demandent des labels,<br />
adoptent les meilleures pratiques, partagent<br />
des informations et créent un cadre commun<br />
pour s’attaquer aux problèmes de fraude, de piratage,<br />
de logiciels malveillants et de manque<br />
de transparence.<br />
En France, l’Union des Annonceurs (UDA) se demandait<br />
récemment si le numérique était un univers hors de<br />
contrôle, après des problèmes de mesure d’audience de<br />
Facebook et de brand safety de YouTube. Partagez-vous<br />
cette interrogation ?<br />
R.R. Partout dans le monde, les consommateurs<br />
passent une majeure partie de leur temps de<br />
consommation média dans les environnements<br />
numériques. Les marques n’ont d’autre choix<br />
que d’interagir avec leurs consommateurs via<br />
les médias numériques, ou risquent de subir un<br />
déclin rapide. Il existe des milliers d’éditeurs<br />
de qualité, d’excellentes normes de mesure, des<br />
pratiques claires pour utiliser (ou non) les technologies<br />
programmatiques. Les marques qui<br />
souhaitent adopter ces pratiques devraient se<br />
doter de la meilleure expertise possible, et s’engager<br />
avec l’IAB pour apprendre à développer<br />
la relation avec le consommateur et leurs entreprises,<br />
de façon saine et sûre. n<br />
l’entretien intégral<br />
sur strategies.fr<br />
StratégieS N° 1915<br />
38 07/09/<strong>2017</strong>
10 ème édition<br />
GRAND PRIX STRATÉGIES<br />
<strong>2017</strong><br />
>> Présentez vos actions<br />
de communication autour du sport<br />
les plus stratégiques et innovantes<br />
Date limite de remise<br />
des dossiers<br />
le 6 octobre <strong>2017</strong><br />
Contact : Sophie Magnillat<br />
01 41 58 58 27<br />
smagnillat@strategies.fr<br />
Avec le soutien de :
INSPIRATIONS<br />
tendances<br />
PNL casse Les codes<br />
de La com<br />
Culture Le groupe de rap phénomène de ces deux dernières années ne cesse de faire parler de lui.<br />
Et ce, malgré son boycott des médias. Le silence serait-il devenu le meilleur outil de promotion dans la musique ?<br />
Houda Benjelloune<br />
@HoudaBenji<br />
Mélodies aux accents<br />
mélancoliques,<br />
paroles<br />
qui décrivent le<br />
quotidien dans<br />
la cité des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes…<br />
Avec son univers tout de<br />
gris et de béton, et un premier album,<br />
Que la famille, sorti en 2015,<br />
PNL est entré au Panthéon du rap<br />
français. Le groupe a explosé les<br />
records de streaming en France :<br />
plus de 650 millions de vues sur<br />
YouTube. « PNL a renouvelé le<br />
genre avec un album qui a mis seulement<br />
cinq mois à conquérir son<br />
public, désormais introuvable.<br />
Et ce, sans promotion », rappelle<br />
Mouloud Achour, fondateur du<br />
média en ligne Clique.tv et producteur<br />
de Clique Dimanche sur<br />
Canal +. Zéro promo, aucune interview,<br />
les deux frères de PNL,<br />
Tarik et Nabil [surnommés NOS<br />
et Ademo] cultivent le silence. Une<br />
stratégie payante, comme le souligne<br />
Mouloud Achour : « PNL se<br />
place aujourd’hui au rang d’artistes<br />
iconiques comme Daft Punk<br />
ou Mylène Farmer. À ce titre, ils ne<br />
jouent pas dans la même cour que<br />
les rappeurs. »<br />
Silence d’or. Si le groupe intrigue<br />
par son silence, il passionne par<br />
son art… de la provocation. En novembre<br />
2015, attendus pour Planète<br />
Rap, l’émission de Skyrock<br />
avec un plateau décoré pour l’occasion,<br />
les deux frères ont décidé<br />
d’envoyer un singe à leur place.<br />
Blague potache ou coup d’éclat, ce<br />
geste a réjoui leurs fans sur Twitter.<br />
Tout en portant à incandescence<br />
l’intérêt des médias – qui ne<br />
tiennent visiblement pas rigueur<br />
au duo de ne jamais leur accorder<br />
d’entretien.<br />
Au-delà de la presse française, ultrafan<br />
du groupe, les médias internationaux<br />
s’emparent du phénomène.<br />
Parmi eux, le Guardian,<br />
la revue musicale américaine The<br />
Fader, dans laquelle PNL fut le premier<br />
groupe français à faire la Une<br />
à l’été 2016 – tout en refusant de<br />
s’exprimer. Un parti pris salué par<br />
Mouloud Achour : « La décision de<br />
ne pas parler aux médias a été la<br />
meilleure idée de leur carrière.<br />
StratégieS N° 1915<br />
40 07/09/<strong>2017</strong>
si les deux frères ne s’expriment<br />
pas dans les médias traditionnels,<br />
ils instaurent de vrais dialogues avec<br />
leurs fans sur Facebook.<br />
Ils n’ont pas intérêt à parler à qui<br />
que ce soit. Aujourd’hui, les vues<br />
qu’ils font sur leurs pages sont supérieures<br />
à celles de la plupart<br />
des médias. Ils n’ont pas besoin<br />
d’eux. Ils calculent très simplement<br />
comme ça. Ils sont très pragmatiques.<br />
»<br />
NOS et Ademo savent faire fructifier<br />
leur business. Farouchement<br />
indépendants, ils distribuent leur<br />
musique par le biais de leur label<br />
QLF records [Que la famille]. Jean-<br />
Philippe Denis, professeur des universités<br />
et auteur d’Introduction<br />
au hip-hop management [Editions<br />
EMS], analyse : « Quand on observe<br />
le système PNL, avec leur label indépendant,<br />
leurs places de concert<br />
vendues par Digitick… On se rend<br />
compte qu’ils utilisent des moyens<br />
technologiques qui leur permettent<br />
d’avoir une force de frappe supérieure<br />
à celle des majors. »<br />
le sToryTelling<br />
est particulièrement<br />
soigné. Ici, des affiches<br />
« Wanted » placardées<br />
dans Paris servaient à la<br />
communication du groupe.<br />
Trilogie. PNL ne boude pas non<br />
plus les partenariats avec les<br />
marques. En mars 2016, le groupe<br />
faisait le show à la soirée de lancement<br />
du magasin Supreme à<br />
Paris, marque de streetwear,<br />
icône de la culture underground.<br />
S’ils ne parlent pas dans les médias,<br />
les frères savent à la perfection…<br />
raconter des histoires.<br />
Deuxième étage de la fusée PNL :<br />
le storytelling. Avec un coup<br />
de maître, la trilogie « Naha-<br />
Onizuka-Béné » et Jusqu’au dernier<br />
gramme : quatre clips de 8 à<br />
30 minutes, sous forme de feuilleton.<br />
Chaque épisode y « tease » le<br />
prochain : dans le premier, Naha,<br />
qui a totalisé plus de 60 millions de<br />
vues sur YouTube, on aperçoit des<br />
maillots sur lesquels sont inscrits<br />
« Onizuka » ou « Béné ». La twittosphère<br />
s’enflamme.<br />
Le goût de la mise en scène va plus<br />
loin : deux semaines avant la sortie<br />
de Béné, des affiches à l’effigie<br />
de Django Macha (le méchant de la<br />
trilogie) étaient placardées dans la<br />
Capitale. Sur cet avis de recherche,<br />
un numéro. Distribué par BJT<br />
Partners, opérateur qui permet de<br />
personnaliser son standard téléphonique,<br />
celui-ci révèle la chanson<br />
Béné. L’opération a permis au<br />
groupe de se constituer une large<br />
base de données… avec laquelle<br />
ils ont annoncé leur tournée via<br />
Dr<br />
un SMS informant de leurs dates<br />
de concerts à tous ceux qui avaient<br />
appelé ledit numéro.<br />
Pour Jean-Philipe Denis, c’est aussi<br />
ce genre de « coups » qui fait le succès<br />
du groupe : « PNL a la capacité<br />
de créer un imaginaire comme le<br />
font les séries télé. Le vrai talent du<br />
groupe est d’avoir poussé au plus<br />
loin cette logique. Ces trois clips,<br />
le public les attend, comme un épisode<br />
de Game of Thrones. Cela<br />
montre que la musique n’est plus<br />
une fin en soi. » Crise du disque<br />
oblige, « on ne peut plus parler exclusivement<br />
de musique, on parle<br />
de clips qui deviennent des outils<br />
de promotion, des musiques offertes<br />
gratuitement grâce au streaming,<br />
poursuit Jean-Philippe Denis.<br />
PNL explose grâce à ça et toute<br />
l’industrie du hip-hop avec. »<br />
ProximiTé. De manière générale, explique-t-il,<br />
« aujourd’hui un artiste<br />
peut sortir six à dix projets par an,<br />
là où dans l’industrie musicale, on<br />
sortait un album tous les deux ou<br />
trois ans. On assiste à une accélération<br />
prodigieuse, et le cœur de cette<br />
accélération est d’être toujours à<br />
la une. L’enjeu n’est plus de vendre<br />
l’album mais de synchroniser à un<br />
instant donné une audience et de<br />
la fidéliser. » Dans le rap, on assiste<br />
à un retour à une forme d’intégrité<br />
: dans son dernier album,<br />
Jay-Z se place dans une logique de<br />
confession, PNL raconte la galère.<br />
« Ces artistes créent l’émotion en<br />
reconnaissant leurs faiblesses, ce<br />
qui donne l’impression à leurs fans<br />
de faire partie de leur bande », explique<br />
Jean-Philippe Denis.<br />
Silencieux vis-à-vis des médias,<br />
PNL est bavard avec ses fans. Les<br />
deux frères s’adressent à eux à travers<br />
les réseaux sociaux (un million<br />
de fans sur Facebook), n’hésitent<br />
pas à relayer leurs photos et<br />
instaurent de vrais dialogues. Selon<br />
Mouloud Achour : « Quand on<br />
voit leur page Facebook ou Twitter,<br />
il n’y a pas autant de calculs que<br />
l’on veut le penser. Les échanges y<br />
sont simples et sincères. » ◊<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
41 StratégieS N° 1915
INSPIRATIONS / Making of créations luxe<br />
Marcheurs blancs<br />
mode Publicis 133 a accompagné la marque haut de gamme Scotch & Soda dans son dernier spot envoûtant,<br />
tourné en partie sur l’île norvégienne d’Amsterdamøya... Pas de doute, « winter is here ».<br />
ClémenCe duranton<br />
@clemkduranton<br />
Agence : PubliciS 133<br />
Amsterdam. Ses canaux, ses<br />
vélos, son quartier rouge<br />
et ses façades à pignon. Il<br />
existe au moins douze autres endroits<br />
du même nom dans le monde<br />
– dont Amsterdamøya, petite île inhabitée<br />
du nord-ouest du Svalbard<br />
(Norvège), entourée par la banquise<br />
une bonne partie de l’année.<br />
C’est là que Publicis 133 a choisi de<br />
tourner la dernière campagne de<br />
Scotch & Soda. « Le point de départ<br />
a été la signature de marque “From<br />
Amsterdam, from everywhere”.<br />
Pour raconter le côté explorateur<br />
et pionnier de la marque, nous voulions<br />
un endroit où personne ne va<br />
jamais », explique Antoine Bonodot,<br />
directeur de création sur le<br />
film aux côtés de Paulo Martins.<br />
Une équipe de production a ainsi<br />
été envoyée dans le Grand Nord, où<br />
se passe la majeure partie du spot,<br />
pendant que photographes et réalisateurs<br />
faisaient le tour des autres<br />
Amsterdam en Indonésie, Afrique<br />
du Sud, Île de Pâques, pour tourner<br />
d’autres images. Et ce, pas toujours<br />
de manière confortable…<br />
«Certains ont été dans des endroits<br />
tellement dangereux qu’on a<br />
dû prendre contact avec les populations<br />
locales en amont pour assurer<br />
leur sécurité.»<br />
PériPle en Avion et sPeed boAt. À<br />
Amsterdamøya, le périple n’a pas<br />
non plus été de tout repos : avion<br />
jusqu’en Norvège, puis 20 heures<br />
de bateau avec une équipe de<br />
tournage la plus légère possible<br />
(26 personnes) et le minimum de<br />
StratégieS N° 1915<br />
42 07/09/<strong>2017</strong>
INSPIRATIONS / Best of créations luxe<br />
matériel. « Il nous a été très compliqué<br />
de trouver le bateau pour<br />
tout ce monde avec un capitaine<br />
qui accepterait de nous emmener<br />
sur place. Habituellement, les<br />
équipes de prod, l’agence et les<br />
mannequins sont dans des hôtels<br />
séparés, là on a vraiment vécu<br />
comme une colonie avec navigateurs,<br />
producteurs, créatifs et mannequins<br />
ensemble ! »<br />
Autre détail majeur : la météo locale<br />
et ses températures glaciaires,<br />
en dessous de ce que Jon Snow<br />
pourrait supporter. « Il y a des semaines<br />
où il fait tellement froid<br />
qu’il aurait été impossible de nous<br />
y rendre. Pendant les dix jours où<br />
nous y étions, il faisait entre -5 et<br />
5 degrés avec beaucoup de vent.<br />
Plus facile à vivre pour nous, équipés<br />
de la tête au pied, que pour les<br />
mannequins qui portaient des vêtements<br />
automnaux. Un jour, nous<br />
tournions sur deux lieux différents<br />
et nous devions rejoindre la seconde<br />
équipe, nous et les figurants<br />
avons fait deux heures de speed<br />
boat, secoués par les vagues pour<br />
que finalement le chauffeur nous<br />
dise qu’il fallait faire demi-tour: la<br />
mer était trop déchaînée.»<br />
attention ours polaires. Malgré<br />
cela, le plus difficile aura été les<br />
journées interminables : 24 heures<br />
de plein jour. « Vraiment dur, parce<br />
que le corps réagit comme si c’était<br />
la journée, donc on n’a jamais envie<br />
d’aller se coucher. » L’équipe<br />
d’explorateurs s’est frottée au ministère<br />
de l’Écologie, venu vérifier<br />
qu’elle respectait bien le site protégé<br />
en période de nidification des oiseaux,<br />
et à d’autres animaux moins<br />
sympathiques. « On avait un garde<br />
armé en permanence pour cinq personnes<br />
à cause des ours polaires,<br />
plus nombreux que les hommes<br />
dans cette région. » Une aventure<br />
pendant laquelle l’artiste de slam<br />
Pax enregistrait la voix off dont il a<br />
coécrit le texte… au chaud. ◊<br />
plus de créations<br />
sur stratégies.fr<br />
Gabrielle, rebelle en Chanel<br />
agence : eN iNterNe<br />
On a tendance à l’oublier : avant de devenir Coco,<br />
mademoiselle Chanel était gabrielle. Une jeune fille<br />
portant crânement la marinière, le jodhpur et la<br />
chaussure d’homme, qui brisait les coeurs, rêvait<br />
de music-hall mais chérissait déjà par dessus tout<br />
sa liberté. « Choisir, vouloir, être », ce tempo en<br />
trois temps a rythmé la vie de la créatrice. Kristen<br />
Stewart prête ses yeux vert d’eau et sa beauté<br />
Fragrance amoureuse<br />
agence : eN iNterNe<br />
Belle, insolente, amoureuse, Natalie<br />
Portman porte à merveille son titre d’égérie<br />
dans le dernier film pour le parfum Miss<br />
Dior. Sur le titre « Chandelier » de Sia,<br />
l’actrice et son amant s’aiment et se<br />
déchirent, se sacrifient et s’enlacent dans<br />
des décors romantiques, de Los angeles<br />
à Paris, à travers une réalisation impeccable<br />
d’emmanuel Cossu, sublimée par les<br />
tenues couture de la maison. Le chic<br />
à la française !<br />
fragile au nouveau jus signé Olivier Polge, qui<br />
s’inscrit dans une série d’hommages imaginés par<br />
la maison de la rue Cambon. réalisé par ringan<br />
Ledwidge, le film met en scène une jeune femme<br />
toute en force et en détermination, qui déchire sa<br />
laiteuse chrysalide avant de s’élancer dans une<br />
course éperdue. Chanel aurait pu tomber dans<br />
l’écueil de l’hagiographie poussiéreuse. Le spot est<br />
au final plutôt galvanisant.<br />
Yves saint Laurent,<br />
L’homme pLurieL<br />
agence : BetC LUxe<br />
L’homme moderne n’est plus, il est plusieurs. Pour son<br />
parfum « Y », Yves Saint Laurent et son agence BetC<br />
Luxe dresse le portrait de trois hommes : un musicien,<br />
un plasticien et un chercheur en intelligence artificielle<br />
– tous les trois font ce métier dans la vie – et met en scène<br />
leur inspiration. Portrait croisé de trois personnalités en<br />
quête de création, correspondant à une part de chaque<br />
consommateur. au diable la séduction, l’important c’est<br />
l’accomplissement de soi !<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
43 StratégieS N° 1915
INSPIRATIONS / Talent à suivre<br />
Caroline Receveur,<br />
un marketing sans filtre<br />
RÉSEAUX SOCIAUX Ex-star de la téléréalité, Caroline Receveur a lancé avec succès sa marque<br />
de thé, Wandertea. Sa recette : le marketing d’influence.<br />
MARIE-CAROlInE ROyEt<br />
@Mcroyet<br />
J’ai tendance à ne pas me<br />
trouver légitime… » Caroline<br />
Receveur cultive une<br />
certaine humilité. Une<br />
qualité plutôt rare chez les stars<br />
de téléréalité. Cette habituée des<br />
caméras a présenté des émissions<br />
comme La Maison du Bluff ou Le<br />
Mad Mag (NRJ 12) après être brièvement<br />
passée dans le programme<br />
Secret Story sur TF1. « J’ai atterri<br />
à la télévision un peu par hasard,<br />
je n’ai jamais cherché la célébrité<br />
mais cela a été une belle expérience<br />
», admet-elle. Et un tremplin<br />
incroyable. Elle a profité de<br />
cette notoriété éphémère pour fonder<br />
sa petite entreprise en 2014: la<br />
marque de thé détox et bien-être,<br />
Wandertea. Disponibles en ligne<br />
et, depuis peu, sur la carte des restaurants<br />
DS Café, ces mélanges de<br />
plantes ont été conçus pour soigner<br />
les petits maux du quotidien. Problèmes<br />
de digestion, cellulite apparente,<br />
lendemains de soirée difficiles…<br />
Caroline s’inspire de sa vie<br />
personnelle : « Je suis mon propre<br />
cobaye », sourit-elle.<br />
Bouche-à-oreille. Passer de la<br />
téléréalité à chef d’entreprise,<br />
une trajectoire plutôt originale.<br />
D’ailleurs, elle a eu du mal à<br />
convaincre les investisseurs au<br />
départ. « Mais ma notoriété a été<br />
un levier important, j’ai pu m’appuyer<br />
sur ma communauté de<br />
près de 50 000 followers sur Instagram<br />
», explique-t-elle. Le boucheà-oreille<br />
et les réseaux sociaux<br />
ont permis à Wandertea de décoller,<br />
dans un marché pourtant très<br />
concurrentiel, et malgré un prix<br />
assez élevé (comptez 65 euros<br />
Dr<br />
No filter, le premier livre<br />
de la jeune femme, paraîtra<br />
en octobre prochain.<br />
de la téléréalité<br />
à chef d’entreprise,<br />
une trajectoire plutôt originale.<br />
pour waNdertea , sa<br />
marque de thé, Caroline<br />
Receveur s’inspire de sa<br />
vie personnelle : « Je suis<br />
mon propre cobaye. »<br />
pour une cure Detox de 28 jours).<br />
Sa marque bénéficie d’une forte<br />
résonance sociale grâce à ses<br />
comptes personnels : si Instagram<br />
reste sa première vitrine avec<br />
plus de 2 millions de followers,<br />
l’influenceuse est aussi sur Twitter<br />
(695 000 abonnés), YouTube<br />
(113 000 abonnés) et Snapchat.<br />
Aujourd’hui, la jeune femme de<br />
29 ans est bien consciente de son<br />
rôle d’influenceuse et de l’impact<br />
direct qu’elle a sur sa communauté,<br />
de par son look, son mode de vie,<br />
ses choix. « Cela m’intimide toujours<br />
de constater qu’il y a autant<br />
de personnes qui me suivent, s’inspirent<br />
de moi… », reconnait-elle.<br />
Caroline Receveur a aussi parfaitement<br />
en tête les limites des réseaux<br />
sociaux, une jolie vitrine, mais bien<br />
souvent déformante. « Ce n’est pas<br />
parce que l’on cultive une image<br />
lisse sur le web qu’on l’est réellement<br />
», nuance l’influenceuse. D’ailleurs,<br />
quand il s’agit de se livrer un<br />
peu plus, Caroline Receveur prend<br />
la plume sur son blog ou publie carrément<br />
un livre... Son premier ouvrage<br />
(No filter, aux éditions Robert<br />
Laffont) paraîtra début octobre : elle<br />
promet de s’y dévoiler et cette fois-ci<br />
sans filtre… Instagram. ◊<br />
StratégieS N° 1915<br />
44 07/09/<strong>2017</strong>
INSPIRATIONS / International<br />
TURQUIE Boissons<br />
LA BOUTEILLE QUI<br />
SECOUE. Accrochés à leurs<br />
smartphones ou plantés devant la<br />
télévision, les Turcs bougent de moins<br />
en moins. Nestlé Waters a trouvé la<br />
solution et lancé avec Havas un chatbot<br />
via Messenger afin d’encourager ses<br />
consommateurs à bouger plus. Comme<br />
n’importe quel ami Facebook, le chatbot<br />
envoie des messages à l’utilisateur, lui<br />
proposant un programme d’exercices<br />
avec des phrases de motivation et des<br />
adresses où aller courir quand le temps le<br />
permet… N’oubliant pas, évidemment, de<br />
leur rappeler de boire suffisamment d’eau<br />
chaque jour. C.D.<br />
ROYAUME-UNI Sport<br />
NOMBRES D’OR<br />
Les plus belles histoires s’écrivent en mots, mais aussi en<br />
nombres. 500 comme les millions de supporters, 1892 comme<br />
l’année de fondation, 8 comme le numéro du capitaine… 125, le<br />
nombre de printemps du club de football Liverpool Football Club. Pour<br />
célébrer cet anniversaire, l’agence Octagon a imaginé la campagne<br />
« The Power of Numbers », produite par Milkmoney, qui donne à voir le<br />
manager Jürgen Klopp, les légendes retraitées du LFC, les fans du club<br />
et ses joueurs actuels. Le tout, bercé par les consonnes heurtées du<br />
« scouse », l’inimitable accent liverpudlien… D.L.G.<br />
SINGAPOUR<br />
Ameublement<br />
IKEA LANCE SON CATALOGUE<br />
HUMAIN. Les fans de déco sont nombreux<br />
à dévorer le catalogue Ikea, mais aucun<br />
n’arrivera jamais à la cheville de Yanjaa<br />
Wintersoul. La jeune femme a mémorisé<br />
chaque page du catalogue. Il faut dire<br />
qu’elle a des facilités : elle a remporté<br />
par deux fois le championnat mondial<br />
de mémoire. L’agence BBH Singapour<br />
a décidé de la tester en lui demandant<br />
de décrire chaque page du fascicule,<br />
noms suédois imprononçables des<br />
modèles inclus… Une manière étonnante<br />
de promouvoir le nouveau catalogue<br />
de la marque, distribué à Singapour, en<br />
Malaisie et en Thaïlande. D.L.G.<br />
ALLEMAGNE<br />
Distribution<br />
CHAÎNE FRATERNELLE.<br />
Contre la montée du racisme, beaucoup<br />
d’actions poignantes ont été mises en<br />
place depuis des années. Personne ne<br />
s’attendait à en voir une de la part d’un<br />
supermarché, et pourtant… La chaîne de<br />
distribution allemande Edeka a frappé<br />
un grand coup en enlevant des rayons<br />
de son enseigne de Hambourg tous les<br />
produits d’origine étrangère. À la place<br />
des aliments, des pancartes ont été<br />
déposées : « Sans diversité, cette étagère<br />
est plutôt ennuyeuse » ou « Notre rayon<br />
connaît les frontières maintenant. » C.D.<br />
ÉTATS-UNIS Sport<br />
SHOPPING ASCENSIONNEL<br />
L’objectif d’une marque : se rapprocher toujours plus de ses<br />
consommateurs. 37.5 Technology, spécialisée en produits<br />
d’escalade, l’a bien compris. Sans craindre le vertige, elle a créé<br />
un pop-up store sur le Bastille Wall, dans le Canyon de l’Eldorado,<br />
en plein milieu d’un parcours. Les grimpeurs, à quelques mètres<br />
de l’arrivée, croisaient un magasin pendu du haut de la roche,<br />
et pouvaient s’équiper en manteau – visiblement offert par la marque<br />
– pour le reste de la montée. Osé ! Mais après, tout, suffit de ne pas<br />
regarder en bas ! E.G.<br />
BRÉSIL Automobile<br />
DES VERTES ET DES PAS<br />
MÛRES. Les crossovers n’ont<br />
pas grand-chose à se mettre sous<br />
la dent en ville, à part quelques trottoirs.<br />
Alors, quand Hulk lui-même débarque<br />
pour empêcher un satellite de s’écraser,<br />
il offre enfin un peu d’aventure au petit<br />
dernier de Renault, le Kwid : nid-de-poule,<br />
flaque d’eau… Aucun obstacle, mis sur<br />
sa route par l’agence Neogama, ne freine<br />
sa folle chevauchée, qui se conclut par<br />
un dérapage. T.P.<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
45 STRATÉGIES N° 1915
management<br />
Actualité<br />
Les émojis souRient-iLs<br />
à L’entRepRise ?<br />
CommuniCation interne Les émojis ont envahi les réseaux sociaux, SMS et messages publicitaires. Dans l’univers<br />
professionnel, l’usage de ces pictogrammes se démocratise même si leur rôle soulève quelques questions.<br />
Houda Benjelloune<br />
@HoudaBenji<br />
Apparus peu avant<br />
l’an 2000 au Japon,<br />
les émojis – émoticônes<br />
en France –<br />
ont essaimé par<br />
SMS et MSN, avant de véritablement<br />
s’affirmer sur les réseaux sociaux.<br />
À tel point qu’ils sont devenus<br />
des éléments constitutifs de<br />
notre langage. « Le message écrit,<br />
par définition, est pauvre en informations.<br />
Il manque de clefs d’interprétation<br />
qui, parfois, nous font<br />
passer à côté de l’intention », analyse<br />
Cyrille Frank, journaliste, ancien<br />
directeur des contenus d’AOL<br />
et fondateur de Mediaculture.<br />
fr. « L’écrit est un média froid, les<br />
émojis permettent d’ajouter une<br />
dimension interprétative sur l’intention<br />
des différents locuteurs »,<br />
poursuit-il, en citant le théoricien<br />
de la communication Marshall<br />
McLuhan.<br />
Mais il y a une limite à l’exercice,<br />
comme le souligne Olivier Cimelière,<br />
auteur du Blog du Communicant.<br />
« On a tous une anecdote sur<br />
des e-mails que l’on a écrits, mais<br />
qui ont été interprétés d’une autre<br />
manière… » Il explique son point<br />
de vue : « De visu, un grand nombre<br />
de signaux non verbaux nous<br />
aident à comprendre, par exemple,<br />
si l’autre plaisante ou non. On estime<br />
que 70 à 80 % du langage au<br />
cours de relations interpersonnelles<br />
serait non verbal. » Les émojis,<br />
dont le nombre ne cesse d’augmenter,<br />
dépassant largement la<br />
petite tête jaune pour représenter<br />
aujourd’hui des métiers, peuvent<br />
vite apparaître comme un renfort<br />
utile dans le cadre d’une communication<br />
interne.<br />
Risque d’incompRéhension. Ces<br />
marqueurs d’intention ne sont<br />
pourtant pas sans risque. Pour<br />
Cyrille Frank, un mauvais choix<br />
des pictogrammes peut s’avérer<br />
désastreux. Si le simple smiley<br />
de fin de message est entré dans<br />
les mœurs au bureau, d’autres signaux,<br />
comme le cœur ou le bisou,<br />
le sont nettement moins. Autre limite<br />
: bien que standardisés, leur<br />
affichage varie selon la plateforme,<br />
changeant légèrement les<br />
expressions. « L’évolution culturelle<br />
est toujours plus lente qu’on<br />
ne le croit, souligne l’animateur de<br />
Mediaculture. Ce n’est pas parce<br />
que vous utilisez à titre privé des<br />
messages de ce type qu’ils sont forcément<br />
analysés de la même manière<br />
par l’ensemble du corps social,<br />
c’est une question de vitesse<br />
Point de vue<br />
La « coolitude » en mode survie<br />
de propagation et d’évolution, et<br />
tout change plus lentement dans le<br />
milieu professionnel. »<br />
Si un collègue apprécie ce mode de<br />
communication, ce n’est peut-être<br />
pas le cas d’un supérieur. L’utilisation<br />
d’émojis dépend de la relation<br />
hiérarchique, mais aussi de la<br />
culture d’entreprise. « Je ne suis pas<br />
sûr que l’émoji soit vraiment compris<br />
par les générations de managers<br />
les plus anciennes, estime Olivier<br />
Cimelière, et puis, ce n’est pas<br />
vraiment ancré dans les coutumes<br />
françaises. On ne sait pas manier cet<br />
usage utilement en interne comme<br />
peuvent le faire certaines marques<br />
pour illustrer leur propos. »<br />
L’ancien directeur de la communication<br />
de Google France prévient du<br />
risque que l’émoji soit perçu comme<br />
un geste infantilisant. « Si la majorité<br />
des salariés de l’entreprise sont<br />
des jeunes habitués à ces codes visuels,<br />
ce sera plutôt bien reçu. Si on<br />
est dans des secteurs plus traditionnels,<br />
comme la banque, l’assurance<br />
mathiLde RamadieR auteure de Bienvenue dans le nouveau monde, Comment j’ai<br />
survécu à la coolitude des start-ups (Premier Parallèle)<br />
« Les boss utilisaient ces techniques pour nous<br />
manipuler d’une certaine façon. Lorsque j’ai commencé<br />
à travailler dans cet univers, j’ai reçu un “welcome kit”,<br />
plus communément appelé “PDF de bienvenue”, dans<br />
lequel un paragraphe abordait le sujet des vacances.<br />
Même si tout avait été mentionné sur mon contrat,<br />
il y était écrit en anglais que d’après la loi, j’avais droit<br />
à cinq semaines de congés par an, mais qu’il était<br />
un peu tôt pour penser déjà aux vacances parce que<br />
je venais de commencer. Une petite phrase anodine,<br />
soulignée bien sûr par un smiley. Les employés étaient<br />
ainsi dissuadés de poser leurs jours avant un an<br />
ou deux. » Derrière le sourire invariable de l’émoji,<br />
un instrument de manipulation ?<br />
StratégieS N° 1915<br />
46 07/09/<strong>2017</strong>
mouvements<br />
Avec<br />
cAnAl +. Audrey Brugère<br />
devient directrice du pôle<br />
Jeunesse du groupe qui<br />
comprend les chaînes<br />
Canal+ Family, Teletoon+<br />
et Piwi+. Elle était directrice<br />
des offres et de la<br />
communication au sein<br />
de la distribution.<br />
eDF. Flore larger est<br />
nommée directrice de la<br />
communication corporate<br />
d’EDF Énergies nouvelles<br />
en France et à<br />
l’international. Elle<br />
travaillait depuis 2013 chez<br />
Sanofi où elle a exercé<br />
plusieurs fonctions<br />
à la communication<br />
du groupe.<br />
© Diego Aranega pour <strong>Stratégies</strong><br />
GrAvity. Fabien Magalon,<br />
employé depuis 2015 par<br />
Facebook comme éditeur<br />
de technologie publicitaire<br />
(Facebook publisher<br />
ad technology) rejoint<br />
la plateforme de données<br />
des médias en tant que<br />
directeur général.<br />
j’ai survécu à la coolitude des startups<br />
(Premier Parallèle) et scénariste<br />
de BD, dénonce l’usage abusif<br />
au sein de certaines start-up.<br />
« J’avais l’impression qu’on ne pouvait<br />
plus dire la moindre phrase<br />
par e-mail sans mettre un smiley,<br />
sinon, on passait pour quelqu’un de<br />
très froid et sans émotions. Pourtant,<br />
on peut tout décrire avec des<br />
mots. J’avais souvent l’impression<br />
d’avoir affaire à une bande d’adolescents<br />
». Il arrive que les émojis<br />
sortent des e-mails : « Sur les Postit<br />
par exemple, lorsque quelqu’un<br />
voulait signaler quelque chose<br />
dans l’open space, le message était<br />
toujours suivi d’un smiley dessiné.<br />
Je trouvais ça tellement exagéré,<br />
ça en devenait puéril. Je me disais<br />
que c’était une forme de métalanou<br />
la finance, je ne suis pas vraiment<br />
convaincu que cela produise<br />
un effet positif. Ce sera, au mieux,<br />
incompris ou ignoré et, au pire,<br />
cela donnera aux gens le sentiment<br />
d’être infantilisés ! » Ce n’est pas<br />
tout. L’émoji pourrait, selon lui, générer<br />
un questionnement parasite<br />
sur ses intentions : « Qu’est-ce que<br />
ça cache derrière ? » Pour Olivier<br />
Cimelière, « ce n’est pas en utilisant<br />
un émoticône toutes les deux lignes<br />
que la pilule passera mieux lorsqu’il<br />
faut annoncer quelque chose de<br />
compliqué. Bien au contraire. La<br />
personne aura l’impression qu’on<br />
la prend pour une idiote. »<br />
du côté obscur du smiley. Mathilde<br />
Ramadier, auteure de Bienvenue<br />
dans le nouveau monde, Comment<br />
gage supplémentaire pour faire<br />
passer ce message de “coolitude”<br />
qui était un leurre, finalement. »<br />
L’effet potentiellement négatif<br />
de l’émoji en entreprise ne s’arrête<br />
pas là. Dans une étude intitulée<br />
« The Dark Side of a Smiley<br />
[Le Côté sombre du smiley] » publiée<br />
le 31 juillet dernier par la<br />
revue scientifique Social Psychological<br />
and Personality Science,<br />
on apprend qu’ « essayer d’avoir<br />
l’air trop sympa dans un message<br />
envoyé au travail peut vous faire<br />
passer pour un incompétent ».<br />
Un constat que partage Cyrille<br />
Franck. « Même si l’émoji peut favoriser<br />
la cohésion en entreprise,<br />
son excès peut être décrédibilisant<br />
pour l’employé, comme pour le<br />
manager. » ◊<br />
nrJ. Béatrice leroux<br />
Barraux a été nommée<br />
directrice générale en<br />
charge du développement<br />
commercial et des<br />
développements<br />
numériques du Groupe NRJ.<br />
Elle était directrice de la<br />
régie Carrefour Media.<br />
MonDADori PuBlicité.<br />
cécile chambaudrie arrive<br />
comme directrice exécutive<br />
de la régie publicitaire.<br />
Elle était directrice<br />
business et développement<br />
du groupe depuis début<br />
2016. Elle succède à Valérie<br />
Camy qui était en fonction<br />
depuis neuf ans.<br />
Pour DiFFuser MA noMinAtion :<br />
cArnetstrAteGies@noMinAtion.Fr<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
47 StrAtégieS N° 1915
Le premier journal BtoB des décideurs automobiles<br />
www.journalauto.com<br />
UNE CIBLE DE DÉCIDEURS PREMIUM<br />
51 600 Lecteurs professionnels 380 000 Pages vues / mois<br />
• Décideurs en entreprise<br />
PDG / DG / Gérants (secteur automobile)<br />
• CSP+ / CSP++<br />
• Hommes 35-55 ans<br />
Sources : éditeur / Alexa<br />
DAVID CHATELON<br />
Port. : 06 14 86 83 87<br />
FAZIA MAGHISSENE<br />
Port. : 06 83 77 54 38<br />
OLIVIER DU CHALARD<br />
Port. : 06 70 35 40 99<br />
SUZANNE CARVALHO<br />
Port. : 06 60 02 07 67<br />
Nos autres titres :
prestataires<br />
studio de création<br />
Emploi : Elisabeth Sirand-Girouard au 01 46 94 84 24 ou egirouard@profil-1830.com<br />
Appels d’Offres et prestataires : Patricia Demuynck au 01 78 16 31 25 ou emploi@strategies.fr<br />
07/09/<strong>2017</strong> 49<br />
StratégieS N° 1915
Au cœur de toutes les <strong>Stratégies</strong><br />
INFO SERVICES AVANTAGES<br />
L’INFO en continu<br />
L’HEBDO (45 n°) et ses suppléments<br />
(4 n°) en version Print et Digitale<br />
La STRATÉGIESNEWS (215 n°),<br />
chaque matin l’essentiel du business<br />
dans votre boite mail<br />
Le SITE web, l’info, l’actualité<br />
et l’analyse à tout moment<br />
L’APPLI iOS-Android, <strong>Stratégies</strong><br />
partout à tout moment<br />
À RETROUVER SUR strategies.fr<br />
BUSINESS<br />
Les compétitions & les transferts, les appels<br />
d’offres et les données des agences<br />
RECOS<br />
Les archives, l’historique des marques<br />
et les études du secteur avec le data center<br />
INSPIRATION<br />
La Chaîne Création, 20 000 campagnes<br />
et les Cases Studies indexés<br />
EMPLOI : des remises sur les offres<br />
d’emploi et un espace spécial<br />
« stages et alternances »<br />
ÉVÉNEMENTS<br />
1 invitation à un Grand Prix<br />
+ remises sur les conférences<br />
FORMATION : des remises<br />
sur les formations <strong>Stratégies</strong><br />
GUIDES : une remise exclusive<br />
aux abonnés sur tous les guides<br />
BULLETIN D’ABONNEMENT<br />
À compléter et à renvoyer à : <strong>Stratégies</strong> Service Abonnements - 4 rue de Mouchy - 60438 NOAILLES CEDEX<br />
Tél. : 01 70 37 31 75 / E- mail : abonne@strategies.fr ou abonnez - vous en ligne sur www.strategies.fr<br />
❏ OUI, je m’abonne à la formule intégrale de <strong>Stratégies</strong> pendant 1 an au prix de 249 €, au lieu de 420 € soit plus de 40 % d’économie<br />
MES COORDONNÉES : Société : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />
Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />
Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />
E-mail (pour recevoir la <strong>Stratégies</strong>News) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />
MON ACTIVITÉ : ❏ Agences ❏ Médias ❏ Régies ❏ Prestataires ❏ Annonceurs privés ❏ Annonceurs secteur public ❏ Autres Code NAF : . . . . . . . . . . .<br />
RÈGLEMENT :<br />
❏ Chèque bancaire joint à l’ordre de S2C/<strong>Stratégies</strong><br />
❏ Carte bancaire (CB, Visa, Matsercard)<br />
N° Expire le Cryptogramme*<br />
❏ À réception de facture. Je recevrai une facture acquittée après enregistrement de mon règlement<br />
*(bloc de 3 chiffres au dos de votre carte)<br />
Date et signature<br />
ASTG1704<br />
Tarifs TTC (TVA : 2,1 % sur l’abonnement). Tarifs réservés à la France Métropolitaine, pour l’étranger et les DOM-TOM : 64 € de frais de port en sus. Conformément à loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978,<br />
vous disposez d’un droit d’accès et de rectification des données vous concernant. Il vous suffit de nous écrire en nous indiquant vos coordonnées. Offres valables jusqu’au 30/06/2018. S2C – RCS Nanterre<br />
813 649 571 – SIRET 813 649 571 00011 – TVA intracommunautaire FR 82 813 649 571. *Offre réservée aux professionnels uniquement
portrait<br />
Christophe Caurret<br />
À la vitesse du son<br />
publicité Le directeur de création de BETC, référence du secteur en matière de musique,<br />
semble avoir découvert le moyen d’arrêter le temps afin de vivre dix vies... sans précipitation.<br />
clémence Duranton<br />
@clemkduranton<br />
Voix grave, cheveux<br />
noir ébène, Christophe<br />
Caurret a tout<br />
du musicos qu’on<br />
trouve affalé au creux<br />
d’un fauteuil usé, dans les coulisses<br />
d’un concert, gratte à la<br />
main et clope au bec. Pourtant, à<br />
l’origine, celui dont le quotidien<br />
gravite autour de la musique se<br />
destinait à une carrière de juriste,<br />
désireux de défendre la veuve et<br />
l’orphelin… « Sauf que j’ai réalisé<br />
que le droit n’était pas une question<br />
d’équité et j’ai cherché des métiers<br />
qui pourraient concilier musique<br />
et droit », raconte l’intéressé.<br />
Rave paRties & babies. À la fin de son<br />
master, il envoie des CV pour un<br />
stage en négociation de droits dans<br />
une maison de disque et entre chez<br />
Virgin. « C’était l’époque où l’on<br />
vendait encore des CD… » Il intègre<br />
ensuite une association où il reste<br />
un an « à batailler pour le moindre<br />
stylo », faute de moyens. « C’était<br />
enrichissant mais j’avais besoin de<br />
voir autre chose, j’ai postulé chez<br />
BETC. Fabrice Brovelli venait d’arriver.<br />
Ce qui lui a plu sur mon CV<br />
c’est que j’organisais des rave parties<br />
! Il m’a proposé de monter le département<br />
son. »<br />
Christophe Caurret débarque à<br />
l’agence en 1999, année où est<br />
lancé « Le Passage » réalisé par<br />
Michel Gondry pour Air France.<br />
Première bande-son publicitaire<br />
de la longue série orchestrée par<br />
le duo Caurret-Brovelli… « Il y a<br />
eu un avant et un après. Avant, la<br />
musique de pub n’était pas considérée.<br />
Mais sur ce film, la mélodie<br />
© Damien Grenon pour <strong>Stratégies</strong><br />
était centrale. Mon rôle a été de<br />
coordonner ce joyeux bordel sans<br />
budget. » Leur plus gros « coup » ?<br />
Le choix de We will rock you version<br />
bébé pour Evian : la version<br />
longue sera disque de platine.<br />
Music-pop. Fidèle à BETC, il lâche<br />
la partie négociation de droits<br />
pour se consacrer à la musique en<br />
2003, moment où il est aussi approché<br />
par l’Elysée Montmartre<br />
pour organiser des soirées avec<br />
des artistes variés, pour le grand<br />
public. Naissent alors les soirées<br />
Panik. Mythiques. «C’est devenu<br />
une institution et les publicitaires,<br />
qui n’ont pas forcément cette appétence<br />
pour la musique, ont fini par<br />
chRistophe cauRRet :<br />
« Il y a eu un avant<br />
et un après “le passage”<br />
[réalisé par michel<br />
Gondry pour air France].<br />
Sur ce film, la mélodie était<br />
centrale. »<br />
venir aussi. » Il est nommé « music<br />
manager » en 2010 et lance alors<br />
BETC Music, devenu BETC Pop,<br />
agence qui mêle entertainment et<br />
création.<br />
Les autres projets de Christophe<br />
Caurret, désormais directeur<br />
de création ? Bande originale de<br />
longs-métrages, playlists pour<br />
Air France, UGC et le Festival de<br />
Cannes, création de son groupe,<br />
management de groupes comme<br />
Yuksek et les Naive New Beaters.<br />
Sans oublier ses passions du moment<br />
: le cinéma et le fooding, qu’il<br />
consomme sans modération. Et le<br />
temps qu’il consacre à sa famille<br />
évidemment. Quand et comment ?<br />
Mystère… ◊<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
51 StratéGieS N° 1915
Tribunes<br />
opinions<br />
InversIon hIérarchIque<br />
Médias et politique Après avoir été journaliste pendant presque 30 ans,<br />
Bruno Roger-Petit est le porte-parole de l’Élysée depuis le 1 er septembre.<br />
On sentait cette rentrée monter en<br />
température, tendance fricotage<br />
avec l’absurde. On la voyait aussi potentiellement<br />
« complotiste ». Là où<br />
le web est un écrin, au sein duquel distinguer le<br />
réel du virtuel relève d’un combat identique à celui<br />
d’affronter le PSG avec une équipe de CFA2.<br />
Un sujet parmi tant d’autres aurait pu faire sourire<br />
s’il n’avait pas été aussi à revers de l’essentiel.<br />
Empli qu’il fut, de surcroît, de naïveté, de<br />
prétention ou d’un zeste d’envie mal dissimulée.<br />
Il est celui de la collusion, du mélange des genres<br />
et du retournement de veste. Bruno Roger-Petit<br />
aurait commis l’irréparable en entrant à<br />
l’Élysée après avoir été journaliste politique<br />
pendant près de 30 ans. Immédiatement après<br />
l’annonce, les médias sociaux se sont rués sur<br />
la bête. Tout (ou presque) y est passé… « con<br />
stratosphérique », « un désastre pour le journalisme<br />
», « lèche-cul », « nouveau chien de<br />
Macron », « opportuniste », ou encore<br />
« aboyeur ». Bref, la médiasphère a sorti ce<br />
qu’elle avait de meilleur. Ou de pire.<br />
Monnaie courante. Car de quoi parle-t-on ? D’un<br />
changement de voie professionnelle qui, de nos<br />
jours et dans les années qui viennent, deviendra<br />
monnaie courante. Qui peut en effet prétendre<br />
qu’il fera le même métier, au même endroit, pendant<br />
43 ans ? Personne. Et de qui parle-t-on ?<br />
D’un journaliste à la culture politique épaisse<br />
qui, en sus, a toujours permis à ses lecteurs de<br />
comprendre que politique et communication<br />
étaient intimement et définitivement liés. Alors ?<br />
Où est le problème… s’il y en a un ?<br />
De journaliste aux ors du pouvoir politique ou<br />
économique, Bruno Roger-Petit est-il le premier<br />
? Évidemment non. En vrac… Anne Brucy,<br />
passée de France Inter à Havas, Yves Messarovitch<br />
passé du Figaro au groupe BPCE, Pierre-<br />
Henry Brandet passé de France 2 au ministère<br />
de l’Intérieur puis, récemment, à la Fédération<br />
Française de Tennis, Claude Sérillon passé de<br />
France Télévisions à l’Élysée, Françoise Degois<br />
passée de France Inter à Ségolène Royal, Catherine<br />
Pégard ou Nathalie Iannetta passées du<br />
Point et de Canal+ à l’Élysée… Bref, arrêtonsnous<br />
là et creusons derrière ce Who’s Who.<br />
Bruno Roger-Petit a – beaucoup – écrit sur le ministre<br />
puis sur le candidat Macron pour Challenges.fr.<br />
Comme la plupart de ses confrères, le<br />
journaliste a pu être critique mais, surtout, curieux<br />
de l’ascension fulgurante de l’actuel locataire<br />
de l’Élysée : politique d’un genre nouveau<br />
qui bousculait les hiérarques, Emmanuel Macron<br />
assumait sa transgression sur l’autel de<br />
vérités, jonglait entre clarté et transparence indiquant,<br />
là, qu’il avait compris la nouvelle mécanique<br />
médiatique, ses commentaires et sa propagation<br />
immédiate. Le sujet était d’or car faisait<br />
vendre, mais agaça la SDJ [société des journalistes]<br />
de Challenges qui s’était émue, au mois<br />
de mars dernier, du nombre considérable de papiers<br />
consacrés au futur président.<br />
Puis vint la victoire du 7 mai, les législatives, l’été<br />
et… la rentrée. Abandonnant la plume pour porter<br />
la parole, Bruno Roger-Petit commettait l’irréparable<br />
en franchissant le Rubicon, admettant<br />
ne plus pouvoir faire machine arrière pour redevenir,<br />
un jour, journaliste.<br />
Concomitamment à cet épisode que l’histoire<br />
considérera, sans doute assez vite, comme ridicule,<br />
Raquel Garrido, elle, continue à être porteparole<br />
de la France Insoumise tout en étant chroniqueuse<br />
sur C8. Dans le même temps, François<br />
Ruffin et Jean-Luc Mélenchon poursuivent leur<br />
escalade sémantique quotidienne admettant taper<br />
à tous les coins de dossiers pendant que l’audience<br />
des quotidiens et des news, elle, ne cesse<br />
de décroître.<br />
déconstruction déMocratique. Alors où est<br />
le – véritable – problème ? Dans la nomination<br />
d’un journaliste politique comme porte-parole<br />
de la présidence de la République ? Ou dans un<br />
dangereux, et avéré, mélange des genres quand<br />
Raquel Garrido pose une question à Matignon<br />
en tant que chroniqueuse puis, le lendemain,<br />
répond à des questions de journalistes en tant<br />
que porte-parole de la France Insoumise. Ou encore<br />
dans le fait que médias et politiques continuent<br />
leur descente aux enfers dans le cœur des<br />
Français poursuivant, ainsi, avec la régularité<br />
d’un métronome, une lente déconstruction démocratique.<br />
La pseudo-polémique concernant Bruno Roger-<br />
Petit est une comète. En revanche, l’opacité des<br />
rôles d’un responsable politique ou la détestation<br />
que les Français semblent nourrir à l’endroit des<br />
médias et de la politique sont d’une toute autre<br />
nature. Infiniment plus importante. À régler<br />
d’urgence. Celle-là. ◊<br />
<strong>Stratégies</strong> N° 1915 52<br />
07/09/<strong>2017</strong>
CHRONIQUES<br />
STORYTELLING<br />
L’ATTENTION : LE SAINT GRAAL<br />
DU RÉCIT DES MARQUES<br />
En ce temps de rentrée scolaire, les questions<br />
sur l’apprentissage et ses méthodes<br />
reprennent vigueur. Une nouvelle<br />
fois, celle de la capacité des élèves<br />
à rester concentrés et à développer leur attention,<br />
s’invite dans le débat. Enseignants et parents<br />
sont tous concernés par cet enjeu qui reste<br />
à explorer.<br />
L’ATTENTION D’UN POISSON ROUGE. Pou r les<br />
marques, le défi de l’attention devient également<br />
la première question des communicants.<br />
En 2016, le temps moyen d’attention ne<br />
dépassait pas les huit secondes, il s’élevait à<br />
douze secondes en 2015. Il est de neuf secondes<br />
pour un poisson rouge (source : The Associated<br />
Press, juillet 2016). Au-delà de ce chiffre, la<br />
lecture multimodale vient questionner la nature<br />
même des contenus que les entreprises et<br />
les institutions souhaitent partager avec leurs<br />
publics.<br />
Les réseaux sociaux et le numérique sont venus<br />
transformer la donne des modes de lecture.<br />
Aujourd’hui, nous sommes capables de<br />
mesurer les temps de connexion, le nombre de<br />
like, l’audience pour nombre de médias, etc.<br />
Mais qu’en est-il de la trace laissée ? Que retiennent<br />
in fine les publics lorsque la marque<br />
prend la parole, qu’il s’agisse, par exemple,<br />
d’un live tweet d’un dirigeant ou d’une opération<br />
Facebook ?<br />
BONNES RÉSOLUTIONS. En cette rentrée, puisque<br />
nous sommes dans la période des bonnes résolutions,<br />
prenons juste un peu de recul sur ce que<br />
nous sommes amenés à dire et à écrire. Autrement<br />
dit, comment réconcilier les enjeux stratégiques<br />
des entreprises avec la capacité qu’ont<br />
les publics à prendre part aux conversations<br />
des marques. C’est la question majeure à laquelle<br />
il nous appartient tous, communicants<br />
et agences, de répondre.<br />
Comment faire ? En premier lieu, répondre<br />
aux attentes exprimées des publics : 72 % des<br />
Français attendent des marques et des entreprises<br />
qu’elles soient responsables et transparentes.<br />
[source : Enquête Ipsos-Sopra Steria<br />
parue en avril 2016].<br />
Cela doit nous amener à reconsidérer la façon<br />
dont nous appréhendons les faits. Ouvrir<br />
le dialogue, inclure les publics, accepter le dé-<br />
LUC THABOUREY<br />
@LThabourey<br />
DGA editorial et content<br />
chez W & CIE<br />
bat, autant de façons constructives pour faire<br />
évoluer nos pratiques éditoriales. Dans cette<br />
optique, nous devons changer de regard sur les<br />
publics et les considérer comme de véritables<br />
acteurs du récit de la marque à même d’interagir<br />
et de cocréer.<br />
DES CONTENUS CONSIDÉRÉS COMME PAUVRES. Autre<br />
attente majeure : le fond. 60 % du contenu produit<br />
par les marques est considéré par les publics<br />
comme pauvre, sans intérêt ou hors sujet<br />
[source : Étude <strong>2017</strong> Meaningful Brands by Havas].<br />
Ce constat est à mettre en parallèle avec le<br />
fait que 74 % des Français veulent être entendus<br />
des marques (Étude Ipsos 2016).<br />
Alors que faire ? Le pragmatisme est, une fois<br />
encore, de rigueur. Prendre du recul, c’est se poser<br />
la question du récit, de l’histoire à raconter.<br />
En quoi prend-il en compte les publics, leurs<br />
aspirations, leurs usages, leur capacité à s’engager<br />
? En quoi le récit est-il utile : de quelle<br />
façon rend-il service, comment est-il nourri de<br />
preuves, d’exemples, de datas ?<br />
De quelle façon le récit transforme-t-il la relation<br />
: est-il porteur d’attention, joue-t-il avec<br />
les registres de l’émotion, de la raison, du partage<br />
et des usages plus largement ? Et enfin<br />
comment le récit s’évalue-t-il ?<br />
REVENIR AUX EXIGENCES PREMIÈRES. En répondant<br />
à ces questions, nous pourrons intégrer<br />
les nouveaux défis de l’attention. Il s’agit-là de<br />
revenir aux fondamentaux de l’éditorial en<br />
s’inspirant des meilleures pratiques du journalisme.<br />
Engager un travail d’investigation dans le patrimoine,<br />
l’actualité et l’univers des marques. Rechercher<br />
le bon angle, choisir la tonalité la plus<br />
juste et retenir les formats les plus adéquats,<br />
nous permettra de renouer le contact avec les<br />
publics.<br />
Toutes les formes d’écriture peuvent être mobilisées<br />
: de l’écriture social-média en passant par<br />
la narration par l’image. Toutes ces conditions<br />
permettent de répondre aux exigences de transparence<br />
des publics.<br />
Le Saint Graal de l’attention n’est peut-être<br />
pas si loin de nous. Revenir aux exigences premières<br />
du métier pourra sans doute transformer<br />
la puissance de nos récits.<br />
Bonne rentrée à tous, bonne résolution. ◊<br />
07/09/<strong>2017</strong><br />
53 STRATÉGIES N° 1915
La rédac a<br />
... admiré la réactivité de Delphine<br />
Remy-Boutang. La fondatrice de la Femme digitale<br />
a répondu à Capital qui avait publié le 29 août une<br />
photo de onze hommes en chemise sous le titre<br />
« Devialet, Actility, Algolia... nos start-up sont<br />
enfin prêtes à jouer dans la cour des grands ».<br />
« L’image de la “start-up nation” sans la moindre<br />
femme ! », comme l’écrit Challenges qui relate une<br />
levée de boucliers sur les réseaux sociaux,<br />
a inspiré une photo de 14 startuppeuses<br />
en chemise blanche devant la même tour Eiffel.<br />
© Soazig de la Moissonniere<br />
le billet de...<br />
AmAuRy DE RoChEgonDE<br />
@derochegonde<br />
© Stéphane Burlot<br />
opinions<br />
... changé le mode<br />
d’expédition de ses e-mails au<br />
cours de l’été, afin d’améliorer la<br />
qualité de son service. De ce fait,<br />
il se peut que les newsletters<br />
(StratNews, Le 13H) et e-mailings<br />
en provenance de <strong>Stratégies</strong> ne<br />
vous parviennent plus selon les<br />
modalités précédentes. Que faire ?<br />
Dans un premier temps, vérifiez s’ils<br />
se trouvent dans le dossier « Spam »,<br />
« Courriers indésirables » ou « pêlemêle<br />
» de votre messagerie. Dans ce<br />
cas, cliquez dans le mail pour être<br />
identifié comme lecteur actif, puis<br />
enregistrez l’adresse expéditeur<br />
dans votre carnet d’adresses. Votre<br />
boîte mail nous reconnaîtra comme<br />
avant. Si cette étape est insuffisante,<br />
prenez contact avec votre service<br />
informatique et demandez-lui<br />
d’autoriser les domaines<br />
spécifiques de <strong>Stratégies</strong>. Vous<br />
trouverez ces infos détaillées sur<br />
www.strategies.fr.<br />
Si vous ne recevez toujours pas les<br />
mails en provenance de <strong>Stratégies</strong>,<br />
n’hésitez pas à prendre contact avec<br />
notre service abonné en écrivant à :<br />
abonne@strategies.fr.<br />
... écouté tout l’été<br />
Spoiler arrière SaS 153, un podcast<br />
hilarant qui dissèque Ramenez-les<br />
vivants, opus 153 des aventures du<br />
héros de gérard de Villiers. animé<br />
par Henry Michel, créateur de la<br />
non moins irrésistible émission<br />
Riviera Détente, le programme se<br />
penche, chapitre après chapitre,<br />
sur les tribulations de l’espion<br />
racisto-sexiste Malko Linge dans<br />
l’enfer colombien. Sans pour autant<br />
prendre à la rigolade les dérapages<br />
de l’auteur, comme le viol d’une<br />
accorte Colombienne par le héros,<br />
traité avec tact et finesse.<br />
un régal, qui s’est hissé dans<br />
le top 20 des classements itunes<br />
pendant les vacances.<br />
ChAquE sAmEDi, à 8 h 20,<br />
REtRouvEz LA ChRoniquE méDiAs<br />
D’AmAuRy DE RoChEgonDE<br />
(89 FM à Paris)<br />
Miroir inversé . L’un reproche à des journalistes<br />
de France 2, qui l’interrogent sur sa stratégie<br />
de communication, de « s’intéresser trop à euxmêmes<br />
et pas assez au pays » et fustige dans Le<br />
Point la « consanguinité » entre « une partie des<br />
industriels de la défense » et la presse. L’autre<br />
défend une femme issue de ses rangs, devenue<br />
chroniqueuse appointée sur C8, la chaîne de<br />
Vincent Bolloré, en précisant qu’elle n’est « pas<br />
mandatée et libre ». Soyons honnête, il y a encore<br />
quelques mois, bien malin qui eût pu déceler<br />
chez Macron une critique ouverte du système<br />
médiatique qui lui a globalement toujours<br />
souri jusqu’à cet été. À l’inverse, les charges<br />
contre la « caste » journalistique avaient fait de<br />
Mélenchon un parangon de la vertu en matière<br />
de collusion avec les grands médias « mainstream<br />
». C’est comme si l’un et l’autre avaient<br />
échangé leur rôle. Mélenchon a besoin de<br />
continuer à exister dans l’opinion par tous les<br />
moyens. Et Macron, de moins en moins populaire,<br />
ne se prête plus facilement au jeu du décodage<br />
formel. Il a d’ailleurs pris un porte-parole<br />
journaliste, Bruno Roger-Petit, pour parler à la<br />
presse. À l’ancienne.◊<br />
CHaQue DiMaNCHe,<br />
à 21 H 10 et 22 H 40,<br />
retrouVez L’éMiSSioN StoryteLLiNg Sur FraNCe iNFo<br />
(105,5 FM à PariS), eN ParteNariat aVeC<br />
23 bis, rue Barthélemy<br />
Danjou – CS<br />
40116 – 92517 Boulogne-Billancourt<br />
Cedex. éditrice : Sandrine Matichard.<br />
rédAction. rédactrice en chef : Marie-Juliette Levin.<br />
rédacteurs en chef adjoints : amaury de rochegonde<br />
(01.75.60.40.79) et gilles Wybo (01.75.60.40.77). grand<br />
reporter : Cathy Leitus (01.75.60.40.85). rédacteurs :<br />
Cécilia Di Quinzio (01.78.16.31.10), Clémence Duranton<br />
(01.75.60.40.72), emmanuel gavard (01.75.60.40.71), Delphine<br />
Le goff (01.75.60.40.76), Delphine Soulas-gesson<br />
(01.75.60.40.73) et thomas Pontiroli (01.75.60.40.82).<br />
Chargée d’édition web et social media manager : Caroline<br />
ricard (01.75.60.64.67). ont collaboré à ce numéro :<br />
Houda Benjelloune, Caroline Bonacossa, Vanina Prélat<br />
L’Herminier, Stéphanie Meyniel, Marie-Caroline royet et<br />
Didier Si ammour. rédAction tecHniQUe. Secrétaires de<br />
rédaction-maquettistes : Patrick Bled et Maja Marinkovic.<br />
Maquettiste : Vincent Mourain. responsable iconographe<br />
: Laurent rutigliano. diFFUsion. Chef de produits :<br />
Lamine Larfaoui. ABonneMents. France métropolitaine :<br />
Formule intégrale 1 an : le magazine version papier et<br />
numérique + <strong>Stratégies</strong> News + le site en illimité + l’appli<br />
= 249 €. Formule 100 % Digitale 1 an : le magazine version<br />
numérique + <strong>Stratégies</strong> News + le site en illimité + l’appli<br />
= 210 €. outre-mer/étranger : nous consulter. tél. : +33. (0)<br />
1. 70 37 31 75. vente AU nUMero. Service abonnement,<br />
4, rue de Mouchy, 60438 Noailles Cedex ; abonne@strategies.fr.<br />
tél : 01 70 37 31 75. BAse de données. responsable :<br />
audray Billault. direction coMMerciALe, PUBLicité. Directrice<br />
commerciale : Ludivine Saint-yves (01.78.16.31.21).<br />
Chef de publicité : Marion Dessus (01.78.16.31.14). Directrice<br />
de clientèle : gwënola de Villeblanche (01.78.16.31.16).<br />
assistante : Patricia Demuynck. GUides. Directrice de<br />
publicité : Nadia Ben Moussa (01.78.16.31.18). Chefs de<br />
publicité : Salima eddich (01.78.16.31.07) et edgar Pensy<br />
(01.78.16.31.08). MArketinG réGie. Chargé de marketing<br />
régie : Jordan Dufour. AdMinistrAtion des ventes,<br />
trAFFic. responsable : Laure Mery. Coordination des<br />
ventes : Carine guez. traffic manager : Laurent zaplana.<br />
réGie coMMerciALe Annonces cLAssées eMPLoi : ProFiL,<br />
134 bis, rue du Point du jour, 92100 Boulogne-Billancourt<br />
– Directeur commercial : thierry rémond (tremond@<br />
profil-1830.com ou tél. : 01.46.94.84.24). ProMotion, PArtenAriAts.<br />
Directrice : Sabrine Karmaoui. coMMUnicAtion<br />
et événeMents. Directrice : Sophie Bédé-Carroué.<br />
Coordinatrice promotion : Cécile rubben (01.78.16.31.17).<br />
Chargée de promotion : Negar Moshrefi (01.78.16.31.09).<br />
organisation événementielle : Julie Beytout (01.78.16.31.15).<br />
responsable des opérations spéciales : Céline reine<br />
(01.78.16.31.20). FABricAtion. Directeur : Bernard Verger<br />
(01.78.16.30.91). imprimé en France par l’imprimerie de<br />
Compiègne (groupe Morault), avenue Berthelot, 60205<br />
Compiègne. origine du papier : autriche. taux de fibres<br />
recyclées : 0 %. Certification : PeFC 75 %. eutrophisation<br />
Ptot : 0,007 kg/t. ressoUrces HUMAines. responsable :<br />
Camille Plainfossé. directeUr AdMinistrAtiF et FinAncier :<br />
Julien robert-Mercier. resPonsABLe MArketinG : émilie<br />
Sanchez. déPÔt LéGAL : avril <strong>2017</strong>. iSSN 0180-6424.<br />
N° de commission paritaire : 0321 t 79914.<br />
stRAtégiEs est édité par la société s2C, sAsu au capital de<br />
10 000 e. Directeur de la publication : marc Laufer. RC nanterre<br />
813649571. Directeur général : Pierre sacksteder.<br />
L’éditeur décline toute responsabilité en cas de perte, de détérioration ou de<br />
non-retour des documents qui lui sont confiés. il se réserve le droit de refuser<br />
toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. La citation de<br />
marques, noms de firmes… est faite sans aucun but publicitaire et ne signifie<br />
en aucun cas que les procédés soient tombés dans le domaine public<br />
StratégieS N° 1915<br />
54 07/09/<strong>2017</strong>
ISSN 0180-6424<br />
AU CŒUR DE TOUTES LES STRATÉGIES<br />
SUPPLÉMENT AU N° 1852 DU 24 MARS 2016 - NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT<br />
MARQUES : COMMENT DURER. P.18 – MÉDIAS : CANAL + RÉINVENTE LE CHEVAL DE TROIE. P.28 – DOSSIER ET GRAND PRIX<br />
BRAND CONTENT. P.34 – INSPIRATIONS : HERGÉ, OBJECTIF PUB. P.48 – DIGITAL MANAGER : ERIK-MARIE BION (AOL FRANCE). P.58<br />
AU CŒUR DE TOUTES LES STRATÉGIES N° 1876 - 20 OCTOBRE 2016 - 5,80¤<br />
TECH & CRÉA<br />
UN MARIAGE<br />
DE RAISON<br />
À l’occasion du <strong>Stratégies</strong> Summit, qui s’est tenu ce 19 octobre,<br />
preuve a été faite de la force de frappe de cette union sacrée ! Lire p.8<br />
M 06323 - 1876S - F: 5,80 E - RD<br />
3’:HIKQNC=XUZ]U^:?b@s@h@g@q";<br />
© Emmanuel Romeuf/Illustrissimo pour <strong>Stratégies</strong><br />
Digital<br />
RENDEZ-VOUS<br />
<strong>2017</strong><br />
OCTOBRE<br />
5 OCTOBRE<br />
12 OCTOBRE<br />
19 OCTOBRE<br />
26 OCTOBRE<br />
MILLENIALS<br />
Parution : 05 octobre – Bouclage : 22 septembre<br />
SURDIFFUSION : CONFERENCE MILLENIALS + GP MARKETING CLIENT +<br />
HUB FORUM<br />
100% DIGITAL<br />
Parution : 12 octobre – Bouclage : 29 septembre<br />
CONTENT MARKETING<br />
Parution : 19 octobre – Bouclage : 06 octobre<br />
SURDIFFUSIONS : STRATEGIES SUMMIT + GP STRATEGIES DU<br />
BRAND CONTENT<br />
LES 10 MÉTIERS LES PLUS DEMANDÉS<br />
Parution : 26 octobre – Bouclage : 13 octobre<br />
RÉSERVEZ DÈS À PRÉSENT VOTRE ESPACE<br />
Contact commercial :<br />
Ludivine Saint-Yves – lsaint-yves@strategies.fr – 01 78 16 31 21<br />
.
Premium First<br />
Le progammatique s’enrichit<br />
de nouveaux formats * sur<br />
Orange Ad Market<br />
* HP Orange desktop : 300x600 et 970x250 (Masthead)<br />
HP Orange mobile : 320x180 (Masthead, Parallax), 320x100, 320x50<br />
Premium First = D’abord Premium<br />
Orange SA au capital de 10 640 226 396 € - RCS Paris 380 129 866