JOURNAL ASMAC - No 4 août 2017

PERSPECTIVES
Plus d’organes pour les
transplantations
Dans le monde entier, le nombre de dons d’organe baisse, en Suisse aussi. Il s’agira de l’un des
principaux sujets de discussion lors du «European Day for Organ Donation and Transplantation»
(EODD), qui se déroulera le 9 septembre 2017 sur la place Fédérale à Berne. De quels concepts
disposons-nous pour générer davantage d’organes pour les transplantations?
D r méd. Franz F. Immer, privat-docent, spécialiste en chirurgie cardiaque et vasculaire thoracique FMH et CEO Swisstransplant
La question de savoir comment générer un
plus grand nombre d’organes pour les
transplantations est hautement complexe
et personne n’a de solution toute faite. A
l’instar d’autres domaines du socio-marketing,
qui ne veut pas vendre des produits,
mais obtenir des changements de
comportement, les campagnes d’information
sur le don d’organe tentent d’agir sur
des facteurs sociaux difficilement influençables.
On peut se demander si Internet et
les réseaux sociaux rendent les gens plus
égoïstes et donc moins disposés au don
d’organe. Cela peut être une explication.
Hélas, elle ne nous permet pas d’avancer.
Swisstransplant a donc décidé de ne pas
spéculer, mais de propager cette année son
message sur les réseaux sociaux.
Trois étapes vers le succès
Pour que l’individu puisse se faire une
opinion sur le don d’organe, il faut d’abord
qu’il puisse prendre conscience du
sujet: les campagnes de l’OFSP et de
Swisstransplant consacrées au don d’organe,
les reportages à la télévision et les
articles dans les médias imprimés s’en
chargent. L’objectif est d’inciter la population
à débattre du sujet et à prendre une
décision pour faciliter la tâche aux
proches au moment critique. Pour répondre
aux questions que la population
se pose, Swisstransplant propose des informations
plus détaillées pour approfondir
le sujet. Par exemple avec notre projet
«On se décide» pour les écoles: nous mettons
du matériel d’information à disposition
et avons élaboré des supports de cours
pour les enseignants de biologie, d’allemand,
de philosophie, de psychologie et
de sociologie. Par ailleurs, nous mettons
en relation les écoles avec des personnes
concernées pour des visites et organisons
des manifestations d’information. Par ces
efforts, nous voulons que davantage d’individus
prennent une décision quant au
don d’organe. Cela augmente également
le nombre de donneurs. Pour que ces personnes
ne passent pas inaperçues dans les
hôpitaux et que leur volonté se transforme
en don d’organe, Swisstransplant
a développé le Blended Learning, notre
plate-forme d’apprentissage en trois langues
pour le personnel médical que de
nombreuses sociétés de discipline récompensent
par des crédits. La formation
spécifique n’a pas seulement pour objectif
d’identifier tous les donneurs potentiels en
Suisse dans les services de médecine intensive
et d’urgence. Nous voulons aussi
que le processus de don puisse dans son
ensemble se dérouler et être accompagné
de façon uniforme et selon des standards
de qualité définis.
Aborder les réticences
de manière ciblée
Grâce à notre travail proche de la pratique,
nous avons directement connaissance des
réticences qui sont encore exprimées par
rapport au don d’organe. Nous connaissons
aussi les préjugés et opinions erronées
qui demeurent hélas vivaces. Les dissiper
représente une partie importante de notre
travail de communication, un travail de
Sisyphe, car il faut toujours recommencer.
C’est pourquoi nous avons développé un
concept pour les réseaux sociaux nous
permettant de virtualiser notre présence et
nos manifestations d’information: des documentaires
de deux à trois minutes
dressent le portrait de personnalités du don
d’organe: receveurs d’organes, proches de
donneurs, personnes souhaitant donner
leurs organes, responsables médicaux des
réseaux de don suisses, spécialistes en médecine
intensive ainsi qu’une chirurgienne
spécialisée dans la transplantation. Par
exemple les amis Matthias et Gianni qui
se sont rencontrés au travers de leur destin
commun de receveur d’organe. Aujourd’hui,
ils jouent à la pétanque et se
préparent au championnat pour transplantés.
Il y a aussi Michelle, qui est pleine
d’énergie et d’initiative. Personne ne penserait
qu’elle est transplantée du cœur. Ou
Baavalan, qui a été transplantée comme
enfant, qui étudie aujourd’hui la médecine
et qui va se présenter pour un stage chez le
médecin qu’il l’avait suivie à l’époque. Et
Sébastien, moniteur d’auto-école et pilote
de course. Son hobby dangereux et un cas
de maladie dans la famille l’ont motivé à
devenir donneur. Quant à Barbara, elle a
perdu son mari et été contrainte de prendre
elle-même la décision du don d’organe
dans cette situation difficile, parce que la
famille n’avait pas discuté de cette question
du vivant de son mari. Ces histoires émouvantes
montrent qu’il est important de
discuter du don d’organe, de prendre une
décision et ainsi de soulager les proches.
Vous trouverez ces documentaires et toutes
les informations concernant l’EODD sur
www.eodd2017.ch. Nous nous réjouissons
de votre visite.
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N o 4 Août 2017
VSAO JOURNAL ASMAC
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