JOURNAL ASMAC - No 4 août 2017

POINT DE MIRE ▶ IDENTITÉ
De drôles d’oiseaux
et d’autres bestioles
Les animaux possèdent un caractère individuel, comme l’être humain. Et pas seulement les
mammifères. Au zoo, le caractère de l’individu se manifeste évidemment par un comportement
spécifique. Les gardiens connaissent leurs protégés et savent tout de suite comment ils se portent.
Certains animaux présentent d’ailleurs parfois un comportement très particulier.
Robert Zingg, Senior Curator, Zoo de Zurich
L’enclos réservé aux oiseaux est l’habitat
d’un groupe de canards et oies, dont des
oies naines. Une de ces oies naines a
connu une histoire particulière. En 2008,
elle est arrivée à Zurich d’un éleveur privé.
Ici, cette oie très confiante a vite accordé
son attention au gardien responsable,
malgré la présence de congénères dans
l’enclos. Libellée comme femelle à son
arrivée, on découvrit rapidement qu’il
s’agissait en fait d’un jars. On lui donna
donc le nom de Sven. Lorsque le gardien
entrait dans l’enclos, Sven lui faisait la fête
et ne le lâchait pas d’une semelle, veillant
bien à ce que d’autres oiseaux ne s’approchent
pas trop. En été, le gardien avait
l’habitude de faire une petite sieste au bord
de l’enclos, toujours accompagné par Sven
qui s’accordait aussi une pause à ses côtés.
Plusieurs fois, des collègues de travail tentèrent
de jouer un mauvais tour au gardien
pendant sa sieste, mais échouèrent à
chaque fois, car Sven se manifestait immédiatement.
Ce «partenariat» a duré
quelques années, jusqu’à l’arrivée, en
2013, d’une oie naine de Cologne. Elle
s’attira de plus en plus les bonnes grâces
de Sven. Pendant la saison de nidification
2015, il lui accorda toute son attention.
Pour la première fois, ils couvèrent ensemble.
En 2016, ce couple éleva à nouveau
quatre petits. Cette année aussi, ils
sont sur le point de couver. Tout cela pour
le plus grand plaisir du gardien, qui aurait
préféré que Sven accorde dès le départ son
attention à une femelle. Mais Sven n’a pas
complètement oublié son ami gardien, car
il le reconnaît à sa voix et lui répond poliment
en jacassant.
Les manchots royaux
La colonie des manchots royaux compte
18 animaux au Zoo de Zurich. Lorsque ces
oiseaux se dandinent au pas cadencé à
travers le zoo, on ne penserait pas qu’ils
Oies naines (les parents avec un cercle jaune autour des yeux, devant à gauche Sven,
ensuite son oie de Cologne)
présentent d’importantes différences de
caractère. Elles se manifestent notamment
lorsqu’ils reçoivent à manger.
Une dame manchot du nom de Julia, mais
surnommée La Sorcière, exige toute l’attention
pour elle. Si d’autres manchots
sont nourris, elle aime porter une attaque
latérale sur la main nourrissante. Quant
à Carina, elle est très timide et méfiante.
A l’âge de 2 ans, alors que les autres manchots
étaient depuis longtemps autonomes,
elle mendiait de la nourriture
auprès de ses parents. Lorsque nous nourrissons
les manchots, il y a toujours
quelques spectateurs présents. Elle ne
s’approche en aucun cas de ces étrangers
et ne veut pas non plus être nourrie par des
inconnus. Nils est le dernier arrivé de la
colonie. Il vient des Pays-Bas où il a vécu
dans une installation fermée. Dès le début,
Nils s’est montré très ouvert, confiant
et curieux. Lors des promenades hivernales
dans le zoo, il tenait absolument à
découvrir les environs. Parfois, il partait
en explorateur, grimpait sur des tas de
neige ou inspectait en détail les visiteurs
postés au bord du chemin. Une autre
dame manchot est considérée comme
paresseuse. Au lieu d’attraper les poissons
que nous lui offrons, elle se laisse véritablement
bourrer le bec de poissons. La
même chose vaut aussi pour deux manchots
de Humboldt. Alors que d’autres
manchots de Humboldt vont dans l’eau
pendant qu’ils reçoivent leur nourriture et
se battent contre la concurrence pour attraper
des poissons, les deux flemmards
restent à terre et espèrent que le gardien
laissera tomber un poisson ou aura pitié
d’eux et leur tendra un poisson. Si leur
action reste sans résultat, ils plongent
dans le bassin. Car ils savent très bien
nager.
N o 4 Août 2017
VSAO JOURNAL ASMAC
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