JOURNAL ASMAC - No 4 août 2017

POINT DE MIRE ▶ IDENTITÉ
La gestion de l’identité,
une tâche essentielle
A l’époque des réseaux sociaux, la question philosophique «Qui suis-je?» doit être formulée
différemment: «Où suis-je qui?» Quelles informations sur ma personne suis-je disposé à partager?
Qui peut savoir quoi sur moi? Une gestion irréfléchie des données personnelles peut avoir des
conséquences fâcheuses. Les systèmes de gestion de l’identité ont pour but d’optimiser l’autoreprésentation.
GDI-Research (Bettina Höchli, Karin Frick, Mirjam Hauser)*
Le monde se diversifie. Nos identités sociales
aussi. Concilier les différentes identités
sociales représente un énorme défi.
La numérisation et la société des réseaux
rendent la gestion des identités de plus en
plus difficile. Pour le surmonter, le réseau
propose de nouvelles options et outils techniques
et sociaux.
Les conflits de rôle
potentiels augmentent ...
Chaque identité sociale est liée à certaines
normes comportementales. Eu égard aux
nombreuses identités différentes, il est tout
à fait possible que certaines normes comportementales
soient incompatibles. Entre
amis, une bière et une cigarette font partie
de la fête, dans le rôle de mère par contre,
le tabagisme est proscrit.
Si les normes comportementales de différentes
identités sont contradictoires, cela
engendre un conflit de rôles. Dans ce
contexte, ce n’est pas le nombre des identités
sociales qui est déterminant, mais la
compatibilité entre les normes comportementales
qu’elles impliquent. Si un joueur
de baseball veut vivre ouvertement son
homosexualité dans le domaine sportif,
où l’homophobie reste très marquée, il
suffit de deux identités pour déclencher un
conflit.
Concilier les différentes identités sociales
et minimiser le potentiel pour des conflits
de rôles devient un défi de plus en plus
grand. La situation de départ est complexe:
le nombre des relations sociales
augmente (voir illustration 1); les interactions
avec d’autres cultures, nations et
religions sont de plus en plus fréquentes.
Illustration 1: Map of Identities, étude «We-Dentity» de l’Institut Gottlieb Duttweiler, 2015
A cela s’ajoute une volatilité croissante de
nos identités. A chaque changement, les
identités interdépendantes doivent être
réajustées pour réduire le potentiel de
conflit éventuel. La conciliation des identités
se transforme en rocher de Sisyphe
au quotidien.
... et sont plus difficiles
à gérer
La gestion des identités aussi devient plus
fastidieuse: en raison de la transparence
croissante, les différentes identités sociales
d’une personne deviennent plus visibles
pour le public. Garder une identité secrète
ou ne la dévoiler qu’à un cercle de personnes
déterminé devient de plus en plus
difficile.
La transparence accrue s’accompagne
aussi d’une augmentation de la perception
du contrôle social. L’exigence de conformité
augmente et l’écart par rapport aux
normes sociales devient donc plus coûteux
au sens économique. Cela a pour conséquence
que toute volonté de se libérer des
identités sociales existantes est associée à
un énorme effort et à de nombreuses incertitudes.
Un échappatoire possible souvent observé
est la neutralisation des identités. Sur les
réseaux sociaux, on évite les déclarations
spectaculaires qui pourraient être en
contradiction avec une autre identité sociale.
On communique de façon à ne
froisser personne et à plus ou moins éviter
les conflits de rôles. L’identité d’une école
ou d’une entreprise peut être formulée de
manière tellement floue que les normes
auxquelles elle est associée ne dérangeront
ni les élèves, les enseignants ou les
collaborateurs. Cette stratégie ne fonctionne
cependant que jusqu’à un certain
degré: pour appartenir à un groupe, il faut
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